Elév. Semaine XXII
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XXIIe SEMAINE.
LE BAPTÊME DE JÉSUS.

 

 XXIIe SEMAINE.  LE BAPTÊME DE JÉSUS.

PREMIÈRE ÉLÉVATION.  Premier abord de Jésus et de saint Jean.

IIe ÉLÉVATION.  Jésus-Christ commande à saint Jean de le baptiser.

IIIe ÉLÉVATION.  Jésus-Christ est plongé dans le Jourdain.

IVe ÉLÉVATION.  Manifestation  de Jésus-Christ.

Ve ÉLÉVATION.  La manifestation de la Trinité et la consécration de notre baptême.

VIe ÉLÉVATION.  La généalogie de Jésus-Christ par saint Luc.

 

 

PREMIÈRE ÉLÉVATION.
Premier abord de Jésus et de saint Jean.

 

Pendant que saint Jean-Baptiste faisait retentir les rives du Jourdain et toute la contrée d'alentour, de la prédication de la pénitence, et qu'on accourait de tous côtés à son baptême, où il en faisait attendre un autre plus efficace de la part du Sauveur qu'il annonçait, le Sauveur « vint lui-même de Galilée pour être baptisé de la main de Jean (1). »

Ce fut donc alors qu'arriva ce que Jean raconte ailleurs aux Juifs : « Je ne le connaissais pas (2). » Il parle manifestement du temps qui avait précédé le baptême de Jésus-Christ : car il l'avait trop connu dans son baptême et par des marques trop éclatantes, pour en perdre jamais l'idée. Mais ce fut lorsqu'il l'aborda la première fois que saint Jean-Baptiste pouvait dire : « Je ne le connaissais pas; mais je suis venu donnant le baptême d'eau, afin qu'il fût manifesté en Israël (3). » Car outre qu'en baptisant le peuple, Jean annonçait, comme on a vu, un meilleur baptême, il devait encore arriver que Jésus-Christ en se présentant au baptême avec les autres, serait distingué par la manifestation que nous allons voir. « Ce fut donc alors que Jean rendit ce témoignage : lai vu le Saint-Esprit descendant du ciel et demeurant sur lui : et je ne le connaissais pas ; mais celui qui m'a envoyé baptiser dans l’eau m'a dit : Celui sur qui vous verrez descendre le Saint-Esprit et demeurer sur lui, c'est celui qui baptise dans le Saint-Esprit : et je l'ai vu : et je lui rends ce témoignage que c'est le Fils de Dieu (4). »

Ainsi le Saint-Esprit descendu du ciel et se reposant sur Jésus-Christ, devait être la marque pour le reconnaître. Cette marque fut donnée a tout le peuple au baptême de Jésus-Christ : mais

 

1 Matth., III, 13. — 2 Joan., I, 31. — 3 Ibid. — 4 Ibid., 32-34.

 

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saint Jean, qui était l'ami de l'époux, la vit avant tous les autres; et reconnaissant Jésus-Christ dont il se trouvait indigne de toucher les pieds, « il ne voulait pas le baptiser (1). »

Un des caractères de saint Jean, c'est l'humilité, qui paraît dans toutes ses actions et dans toutes ses paroles : mais Jésus le devait surpasser en cette vertu comme en tout le reste : et on ne peut voir sans étonnement que sa première sortie soit pour se faire baptiser par son serviteur. Et nous rougissons de la pénitence, pendant que Jésus, l'innocence même, se va initier à ce mystère, et ne sort de l'obscurité de son travail mécanique que pour se mettre par le baptême, ne craignons point de le dire, au rang des pécheurs.

 

IIe ÉLÉVATION.
Jésus-Christ commande à saint Jean de le baptiser.

 

Jésus-Christ venant au baptême avec tout le reste du peuple, « Jean l'en empêchait lui disant : C'est vous qui nie devez baptiser, et vous venez à moi (2) ! » Ce qu'on ressent à cette parole d'humilité et d'étonnement est inexplicable. Répétons-la avec componction : « Et vous venez à moi ! » et vous venez me soumettre cette tête sur laquelle je vois le Saint-Esprit reposé ! Non, non : donnez-moi vos pieds dont encore je ne suis pas digne, et puisque c'est au baptême de votre sang que je dois tout, laissez-moi vous reconnaître. Mais Jésus lui dit : « Laissez-moi faire maintenant : car il faut qu'en cette sorte nous accomplissions toute justice (3). » L'ordre du ciel le demande, et la bienséance le veut : Decet ; « il est à propos, » il est bienséant.

C'était donc l'ordre d'en haut, que Jésus, la victime du péché, et qui devait l'ôter en le portant, se mît volontairement au rang des pécheurs : c'est là cette justice qu'il lui fallait accomplir; et comme Jean en cela lui devait obéissance, le Fils de Dieu la devait aux ordres de son Père. « Alors Jean ne lui résista plus (4), » et ainsi toute la justice fut accomplie dans une entière soumission aux ordres de Dieu.

 

1 Matth., III, 14. — 2 Ibid., 13,  14. — 3 Ibid., 15. — 4 Ibid., 16

 

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Accomplissons aussi toute justice : ne laissons rien échapper des ordres de Dieu : allons à la suite de Jésus nous dévouera la pénitence : souvenons-nous de notre baptême, qui nous y a consacrés; et puisqu'on effaçant le péché, il n'en éteint pas les désirs, préparons-nous à un combat éternel : entrons en lice avec le démon  et ne craignons rien, puisque Jésus-Christ est à notre tête.

 

IIIe ÉLÉVATION.
Jésus-Christ est plongé dans le Jourdain.

 

Jésus-Christ est donc caché dans les eaux, et sa tête y est plongée sous la main de Jean. Il porte l'état du pécheur : il ne paraît plus : le pécheur doit être noyé, et c'est pour lui qu'étaient faites les eaux du déluge. Mais si les eaux montrent la justice divine par cette vertu ravageante et abîmante, elles ont une autre vertu, et c'est celle de purifier et de laver. Le déluge lava le monde, et les eaux purifièrent et sauvèrent les restes du genre humain. Jésus-Christ plongé dans les eaux leur inspire une nouvelle vertu, qui est celle de laver les âmes. L'eau du baptême est un sépulcre, « où nous sommes jetés » tout vivants « avec Jésus-Christ, mais pour y ressusciter avec lui (1) : » entrons : subissons la mort que notre péché mérite : mais n'y demeurons pas, puisque Jésus-Christ l'a expié en se baptisant pour nous : sortons de ce mystique tombeau, et ressuscitons avec le Sauveur pour ne mourir plus.

N'oublions jamais notre baptême, où ensevelis dans les eaux nous devions périr; mais au contraire nous en sortons purs comme du sein d'une nouvelle mère : toutes les fois que nous retombons dans le péché, nous nous noyons, nous nous abimons : toutes les fois que par le recours à la pénitence nous ressuscitons notre baptême, nous commençons de nouveau à ne pécher plus. Où retournez-vous, malheureux ? Ne vous lavez-vous que pour voua souiller davantage? La miséricorde d'un Dieu qui pardonne vous sera-t-elle un scandale; et perdrez-vous la crainte d'offenser Dieu à cause qu'il est bon? Quoique la pénitence soit laborieuse,

 

1 Rom., VI, 2-4 ; Coloss., II, 12.

 

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et qu'on ne revienne pas à la sainteté perdue avec la même facilité qu'on l'a reçue la première fois, néanmoins les rigueurs mêmes de la pénitence sont pleines de douceur. Ces rigueurs tiennent encore plus de la précaution que de la punition. Faites donc pénitence de bonne foi, et songez qu'en vous soumettant aux clefs de l'Eglise, vous vous soumettez en même temps à toutes les précautions qu'on vous prescrira pour votre salut.

 

IVe ÉLÉVATION.
Manifestation  de Jésus-Christ.

 

Vraiment il est véritable que « celui qui s'humilie sera exalté (1). » Jean s'humilie, et un Dieu l'exalte en le faisant pour ainsi dire son consécrateur pour se dévouer sous sa main à la pénitence. Mais Jésus s'humilie beaucoup davantage, puisqu'il se met aux pieds de Jean plus que Jean ne voulait être au-dessous des siens, et qu'il le choisit pour le baptiser. Il est donc temps, ô Père éternel, que vous glorifiiez votre Fils : et voilà que Jésus « s'élevant de l'eau » où il s'était enseveli, « le ciel s'ouvre : le Saint-Esprit, » qui n'avait encore été vu que de Jean-Baptiste, « descend publiquement sur le Sauveur, sous la figure d'une colombe, et se repose sur lui (2) : » en même temps une voix part d'en haut comme un tonnerre, et on entendit ces mots hautement et distinctement : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui je me plais. » C’est par là qu'était désigné le Fils unique : « C'est mon serviteur, disait Isaïe ; c'est celui que j'ai choisi, et en qui mon âme se plait (3). » Mais ce serviteur est en même temps le Fils unique, à qui il est dit : « Vous êtes mon Fils, je vous ai engendré aujourd'hui ; » et encore : « Je vous ai engendré de mon sein devant l'aurore (4). » Mais ce qui était séparé dans la prophétie, se réunit aujourd'hui dans la déclaration du Père céleste : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui je me plais (5) : » je m'y plais uniquement, comme dans celui qui est mon unique : je me plais dans ses membres qu'il a choisis, parce que je me plais en lui, et je n'aime plus rien

 

1 Matth., XXIII, 12. — 2 Ibid., III, 16, 17. — 3 Isa., XLII; 1. — 4 Psal., II, 7. — 5 Matth., III, 17.                                                              '   '

 

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sur la terre que dans cet unique objet de ma complaisance.

Il nous vaut mieux être aimés de cette sorte que si nous l'étions en nous-mêmes, puisque quelque vertueux que nous puissions être nos mérites bornés ne nous attireraient jamais du coté de Dieu qu'un amour fini : mais Dieu nous regardant en Jésus-Christ, L'amour qu'il a pour son Fils s'étend sur nous, ainsi que le Fils le dit lui-même : « Mon Père, je suis en eux, et vous en moi, afin que l'amour que vous avez pour moi soit en eux, ainsi que je suis en eux moi-même (1). »

 

Ve ÉLÉVATION.
La manifestation de la Trinité et la consécration de notre baptême.

 

Le Père céleste a paru sur la montagne où Jésus-Christ s'est transfiguré ; mais le Saint-Esprit ne s'y montra pas : le Saint-Esprit a paru dans celle où il descendit en forme de langue ; mais on n'y vit pas le Père : partout ailleurs le Fils parait, mais seul : au baptême de Jésus-Christ qui donne naissance au nôtre, où la Trinité devait être invoquée, le Père paraît dans la voix, le Fils en sa chair, le Saint-Esprit comme une colombe. Les eaux sont sanctifiées par cette présence : en la personne de Jésus-Christ toute l'Eglise est baptisée, et le nouvel Adam consacré dans ses trois puissances où consiste l'image de Dieu; ou, si l'on veut, dans ses trois actes principaux, la mémoire, l'intelligence et l'amour. La mémoire ou le souvenir est comme le trésor, la source et le réservoir des pensées : l'intelligence est la pensée intellectuelle elle-même : l'amour est l'union de notre âme avec la vérité qui est Bon objet. La vérité, c'est Dieu même. Disons avec le prophète : «  Je me suis souvenu de Dieu, et j'en ai été dans la joie (2) : » ne nous contentons pas de nous souvenir de ce que Dieu nous a déjà mis dans l'esprit : si par la foi il nous fait venir à l'intelligence, qui en est le fruit et qu'il daigne ouvrir nos yeux spirituels pour pénétrer ses mystères, suivons cette impression et épanchons-nous en amour et actions de grâces. «J'entrerai dans le sanctuaire

 

1 Joan., XVII, 23, 26. — 2 Psal., LXXVI, 3.

 

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du Seigneur ; » dans mon intérieur qui est son temple. « O Dieu ! je me souviendrai de votre seule justice (1) : » recevez toutes les pensées qui seront le fruit de ce souvenir : que votre justice et votre vérité reluisent partout : que j'aime votre justice, et que je vous serve avec un chaste amour, c'est-à-dire non par la crainte de la peine, mais par l'amour de votre justice. Père, je vous consacre tout mon souvenir : Fils, je vous consacre toute ma pensée : Esprit-Saint, tout mon amour se repose en vous : donnez-moi le feu de la charité, et que ce soit là le feu dans lequel je serai baptisé par la grâce de Jésus-Christ.

 

 

VIe ÉLÉVATION.
La généalogie de Jésus-Christ par saint Luc.

 

Il y en a qui prétendent qu'à l'âge d'environ trente ans, avant que de commencer le ministère public d'enseigner le peuple, on était obligé de donner sa généalogie et de la consigner dans le temple ; et que c'est ce qui a donné lieu à saint Luc marquant l'âge de Notre-Seigneur, de rapporter en même temps sa généalogie à l'endroit de son baptême ; par où il se disposait à commencer son ministère. Quoi qu'il en soit, il faut toujours se souvenir qu'il n'était fils de Joseph qu'en apparence, ut putabatur, comme le remarque saint Luc (2); et que de tous les côtés, en quelque sorte qu'on prît sa généalogie, ou selon la nature, ou selon la loi, il était toujours fils de David. Que s'il est vrai qu'il fallût ainsi rapporter sa race pour être admis au ministère d'enseigner ; que ce soit un témoignage pour les Juifs, mais non pas une loi pour les chrétiens qui ne comptent point d'autre race ni d'autre naissance que celle du baptême où ils sont tout d'un coup enfants de Dieu. Jésus-Christ a montré sa race pour lui et pour nous; il fallait qu'il vînt de David, d'Abraham et du peuple saint : mais nous qui sommes sortis de la gentilité, nous héritons des promesses, comme enfants d'Abraham et de David, par Jésus-Christ à qui nous nous sommes incorporés par la foi (3).

 

1 Psal., LXX, 16. — 2 Luc., III, 25. — 3 Rom., XII, 5; Galat., III, 26-29.

 

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