Accueil Remonter Remarques I Toussaint I I Toussaint II II Toussaint III Toussaint Toussaint Esq. Exorde Charité Jour des Morts I Avent I Ière S. Avent Abgr. I Avent II Exorde Avent I Avent III II Avent I Scd Ex. II Dim. Av. II Avent II III Avent I III Avent Frg. III Avent Abr. I Noël II Noël III Noël Exorde Noël Octave Noël I Circoncision II Circoncision III Circoncision IV Circoncision V Circoncision Pér. Circoncision Epiphanie IIe Epiphanie IIe Frg. Epiphanie IIIe Epiphanie Ve Dim. Septuagésime Dim. Septuag. Abr. Dim. Quinq. I Dim. Quinq. II II Exorde Dim. Q. II Jubilé Vendredi Cendres Samedi Cendres
| |
SERMON
POUR
LE DIMANCHE DE LA SEPTUAGÉSIME (a).
Erunt novissimi primi, et primi novissimi. Matth.,
XX, 16.
Parcet pauperi et inopi, et animas pauperum salvos
faciet.
Il pardonnera au pauvre et à l'indigent, et il sauvera les
âmes des pauvres. Psal. LXXI , 23.
Encore que ce qu'a dit le
Sauveur Jésus, que les premiers seront les derniers et que les derniers seront
les premiers, n'ait son entier accomplissement que dans la résurrection générale
où les justes, que le monde avait méprisés, rempliront les premières places,
pendant que les méchants et les impies, qui ont eu leur règne sur la terre,
seront honteusement relégués aux ténèbres extérieures ; toutefois ce
renversement admirable des conditions humaines est déjà commencé (b) dès
cette vie, et nous en voyons les premiers traits (c) dans l'institution
de l'Eglise. Cette cité merveilleuse dont Dieu même a jeté les fondements, a ses
lois et sa police, par laquelle elle est gouvernée. Mais comme Jésus-Christ
(a) Prêché dans le mois de février 1659, aux
Filles de la Providence, devant Vincent de Paul et les fondatrices de
l'ordre, la princesse de Condé, les duchesses d'Orléans, d'Aiguillon, de
Vendôme, mesdames de Brienne, de Séguier, etc.
Une sainte veuve, Marie de Lumague, après avoir quitté la
Cour, renvoyé sa suite et vendu ses parures, recueillait dans sa maison les
filles repentantes. Quand ses ressources furent épuisées, Vincent de Paul vint à
son aide ; et bientôt l'on vit s'élever près du Val-de-Grâce, par les
libéralités de la reine mère, de vastes butinions pour les pauvres orphelines.
C'est là que Bossuet, à la prière de Vincent de Paul,
prononça notre sermon. La péroraison, qui commence par ces mots : « Ouvrez les
yeux sur cette maison indigente, » justifie la plupart des indications
précédentes; et tout le discours réfute d'une manière éclatante l'accusation
portée contre l'orateur, que «jamais la pauvreté ne lui arracha un seul cri.»
Ajoutons rapidement que l'auteur a écrit deux papes de ce
sermon sur le dos. de deux lettres adressées, l'une « à Monsieur l'abbé de
Bossuet, à Paris ; » l'autre «à Monsieur Bossuet, grand archidiacre de la
cathédrale de Metz, à Paris. »
(b) Var. : Ebauché. — (c) Un
commencement.
426
on instituteur est venu au monde pour renverser l'ordre que
l'orgueil y a établi, de là vient que sa politique est directement opposée à
celle du siècle, et je remarque cette opposition principalement en trois choses.
Premièrement, dans le monde les riches ont tout l'avantage et tiennent les
premiers rangs : dans le royaume de Jésus-Christ la prééminence appartient aux
pauvres, qui sont les premiers-nés de l'Eglise et ses véritables enfants.
Secondement , dans le monde les pauvres sont soumis aux riches et ne semblent
nés que pour les servir ; au contraire, dans la sainte Eglise, les riches n'y
sont admis qu'à condition de servir les pauvres. Troisièmement, dans le monde
les grâces et les privilèges sont pour les puissants et les riches, les pauvres
n'y ont de part que par leur appui : au lieu que dans l'Eglise de Jésus-Christ
les grâces et les bénédictions sont pour les pauvres, et les riches n'ont de
privilèges que par leur moyen. Ainsi cette parole de l'Evangile que j'ai choisie
pour mon texte, s'accomplit déjà dès la vie présente : «Les derniers sont les
premiers, et les premiers sont les derniers, » puisque les pauvres qui sont les
derniers dans le monde sont les premiers dans l'Eglise ; puisque les riches qui
s'imaginent que tout leur est dû, et qui foulent aux pieds les pauvres, ne sont
dans l'Eglise que pour les servir; puisque les grâces du Nouveau Testament
appartiennent de droit aux pauvres, et que les riches ne les reçoivent que par
leurs mains. Vérités certainement importantes et qui vous doivent apprendre , ô
riches du siècle, ce que vous devez faire à l'égard des pauvres, c'est-à-dire
honorer leur condition, soulager leurs nécessités, prendre part à leurs
privilèges. C'est ce que je me propose de vous faire entendre avec le secours de
la grâce.
PREMIER POINT.
Le docte et éloquent saint Jean
Chrysostome nous propose une belle idée pour connaître les avantages de la
pauvreté sur les richesses ; il nous représente deux villes, dont l'une n'est
composée que de riches, l'autre n'a que des pauvres (a) dans son
enceinte,
(a) Var. : Dont l'une ne soit composée que de
riches, l'antre n'ait que des pauvres.
427
et il examine ensuite laquelle des deux est la plus
puissante. Si nous consultions la plupart des hommes sur cette proposition, je
ne doute pas, chrétiens, que les riches ne l'emportassent ; mais le grand saint
Chrysostome conclut pour les pauvres (1), et il se fonde sur cette raison que
cette ville de riches aurait beaucoup d'éclat et de pompe, mais qu'elle serait
sans force et sans fondement assuré. L'abondance ennemie du travail, incapable
de se contraindre, et par conséquent toujours emportée dans la recherche des
voluptés , corromprait tous les esprits et amollirait tous les courages par le
luxe, par l'orgueil, par l'oisiveté. Ainsi les arts seraient négligés, la terre
peu cultivée (a), les ouvrages laborieux par lesquels le genre humain se
conserve entièrement délaissés; et cette ville pompeuse, sans avoir besoin
d'autres ennemis, tomberait enfin par elle-même, ruinée par son opulence. Au
contraire dans l'autre ville où il n'y aurait que des pauvres, la nécessité
industrieuse , féconde en inventions et mère des arts profitables, appliquerait
les esprits par le besoin, les aiguiserait par l'étude, leur inspirerait une
vigueur mâle par l'exercice de la patience ; et n'épargnant pas les sueurs, elle
achèverait les grands ouvrages qui exigent nécessairement un grand travail.
C'est à peu près ce que nous dit saint Jean Chrysostome au sujet de ces deux
villes différentes. Il se sert de cette pensée pour adjuger (b) la
préférence à la pauvreté.
Mais à parler des choses
véritablement, nous savons que la distinction de ces deux villes n'est qu'une
fiction agréable. Les villes, qui sont des corps politiques, demandent, aussi
bien que les naturels , le tempérament et le mélange : tellement que selon la
police humaine cette ville de pauvres de saint Chrysostome ne peut subsister
qu'en idée. Il n'appartenait qu'au Sauveur et à la politique du ciel de nous
bâtir une ville qui fût véritablement la ville des pauvres : cette ville c'est
la sainte Eglise ; et si vous me demandez, chrétiens, pourquoi je l'appelle la
ville des pauvres, je vous en dirai la raison par cette proposition que
j'avance, que l'Eglise dans son premier plan n'a été bâtie que pour les pauvres,
et qu'ils
1 Homil. XI De Divit. et paup., tom. XII, p.505,
506.
(a) Var. : La terre mal cultivée , la terre
inculte et abandonnée. — (b) Donner.
428
sont les véritables citoyens de cette bienheureuse cité que
l'Ecriture a nommée la cité de Dieu. Encore que cette doctrine vous paraisse
peut-être extraordinaire, elle ne laisse pas d'être véritable ; et afin de vous
en convaincre, remarquez, s'il vous plait, Messieurs, qu'il y a cette différence
entre la Synagogue et l'Eglise, que Dieu a promis à la Synagogue des
bénédictions temporelles, au lieu que, comme dit le divin Psalmiste, « toute la
gloire de la sainte Eglise est cachée et intérieure : » Omnis gloria ejus
fîliœ regis ab intus (1). « Dieu te donne , disait Isaac à son fds Jacob »,
la rosée du ciel et la graisse de la terre. » C'est la bénédiction de la
Synagogue. Et qui ne sait que dans les Ecritures anciennes, Dieu ne promet à ses
serviteurs que de prolonger leurs jours, que d'enrichir leurs familles, que de
multiplier leurs troupeaux, que de bénir leurs terres et leurs héritages ? Selon
ces promesses, Messieurs, il est bien aisé de comprendre que les richesses et
l'abondance étant le partage de la Synagogue, dans sa propre institution elle
devait avoir des hommes puissants et des maisons opulentes. Mais il n'en est pas
ainsi de l'Eglise. Dans les promesses de l'Evangile, il ne se parle plus des
biens temporels par lesquels l'on attirait ces grossiers ou l'on amusait ces
enfants. Jésus-Christ a substitué en leur place les afflictions et les croix ;
et par ce merveilleux changement, les derniers sont devenus les premiers, et les
premiers sont devenus les derniers, parce que les riches qui étaient les
premiers dans la Synagogue n'ont plus aucun rang dans l'Eglise, et que les
pauvres et les indigents sont ses véritables citoyens.
Quoique ces différentes
conduites de Dieu dans l'ancienne et dans la nouvelle alliance soient fondées
sur de grandes raisons qu'il serait trop long de rapporter, nous en pouvons dire
ce mot en passant, que dans le Vieux Testament Dieu se plaisant à se faire voir
avec un appareil majestueux, il était convenable que la Synagogue son épouse eût
des marques de grandeur extérieure : et au contraire que dans le Nouveau, dans
lequel Dieu a caché toute sa puissance sous une forme servile, l'Eglise son
corps mystique devait être une image de sa bassesse et porter sur elle
1 Psal. XLIV, 14.— 2
Genes., XXVII, 39.
429
la marque de son anéantissement volontaire. Et n'est-ce pas
pour cela, mes frères, que ce même Dieu humilié « voulant, dit-il, remplir sa
maison, » ut impleatur domus mea (1), ordonne à ses serviteurs de lui
aller chercher tous les misérables ? Voyez comme il en fait lui-même le
dénombrement: «Allez-vous-en, dit-il, dans les coins des rues, Exi citò,
et amenez-moi promptement, qui ? les pauvres et les infirmes ; qui encore ? les
aveugles et les impotents : » Pauperes ac debiles, cœcos et claudos introduc
huc (2). C'est de quoi il prétend remplir sa maison; il n'y veut rien voir
qui ne soit faible, parce qu'il n'y veut rien voir qui n'y porte son caractère,
c'est-à-dire la croix et l'infirmité. Donc l'Eglise de Jésus-Christ est
véritablement la ville des pauvres. Les riches, je ne crains point de le dire,
en cette qualité de riches, car il faut parler correctement, étant de la suite
du monde, étant pour ainsi dire marqués à son coin, n'y sont soufferts que par
tolérance, et c'est aux pauvres et aux indigents, qui portent la marque du Fils
de Dieu, qu'il appartient proprement d'y être reçus. C'est pourquoi le divin
Psalmiste les appelle « les pauvres de Dieu : » pauperes tuos (3).
Pourquoi les pauvres de Dieu? Il les nomme ainsi en esprit, parce que dans la
nouvelle alliance il lui a plu de les adopter avec une prérogative particulière
(a).
En effet, n'est-ce pas à eux
qu'a été envoyé le Sauveur ? « Dieu m'a envoyé, nous dit-il, pour annoncer
l'Evangile aux pauvres : » Evangelizare pauperibus misit me (4). Ensuite
n'est-ce pas aux pauvres qu'il adresse la parole, lorsque faisant son premier
sermon sur cette montagne mystérieuse, où ne daignant parler aux riches sinon
pour foudroyer leur orgueil, il porte, la parole aux pauvres comme à ceux qu'il
devait évangéliser ? « O pauvres, que vous êtes heureux, parte qu'à vous
appartient le royaume de Dieu (5) ! » Si donc c'est à eux qu'appartient le ciel
qui est le royaume de Dieu dans l'éternité, c'est à eux aussi qu'appartient
l'Eglise qui est le royaume de Dieu dans le temps. Aussi comme c'est à eux
qu'elle appartenait, ce sont eux qui y sont entrés les premiers.
1 Luc., XIV, 23. — 2 Ibid.,
21. — 3 Psal., LXXI, 2. — 4 Luc., IV, 18. — 5 Ibid., VI,
20.
(a) Var.: Parce qu'il les adopte avec une
prérogative particulière.
430
« Voyez, disait le divin Apôtre, qu'il n'y a pas dans
l'Eglise plusieurs sages selon le monde, il n'y a pas plusieurs puissants, il
n'y a pas plusieurs nobles ; mais Dieu a voulu choisir ce qu'il y avait de plus
méprisable (1) : » d'où il est aisé de conclure que l'Eglise de Jésus-Christ
était une assemblée de pauvres. Et dans sa première fondation, si les riches y
étaient reçus, dès l'entrée ils se dépouillaient de leurs biens et les jetaient
aux pieds des apôtres, afin de venir à l'Eglise, qui était la ville des pauvres,
avec le caractère de la pauvreté : tant le Saint-Esprit avait résolu d'établir dans l'origine du christianisme la prérogative éminente des pauvres membres de
Jésus-Christ.
Je pourrais encore, mes frères,
établir la prééminence des pauvres sur d'autres raisons convaincantes, par
lesquelles vous reconnaîtriez qu'ils sont les vrais enfants de l'Eglise et que
c'est pour eux principalement que cette cité spirituelle a été bâtie. Mais il
vaut mieux tirer quelque instruction et recueillir quelque fruit de cette
doctrine salutaire. Elle nous doit apprendre, Messieurs, à respecter les pauvres
et les indigents comme ceux qui sont nos aînés dans la famille de Jésus-Christ,
et que son Père céleste a choisis pour être les citoyens de son Eglise, qui
portant ses marques les plus assurées, sont aussi ses membres les plus précieux.
C'est de l'apôtre saint Jacques que j'ai appris cette excellente morale.
«Ecoutez, nous dit-il, mes très-chers frères : » Audite, patres mei
dilectissimi (2) ; sans doute il a dessein de nous proposer quelque chose de
bien remarquable : quelle âme assez endurcie refusera son attention, à laquelle
il est excité par l'organe d'un si grand apôtre, qui est honoré dans les saintes
Lettres de la qualité glorieuse de frère de Notre-Seigneur ? Mais entendons ce
qu'il veut dire; voici ses propres paroles : « N'est-il pas vrai que Dieu a
choisi les pauvres afin qu'ils fussent riches dans la foi et les héritiers du
royaume qu'il a promis à ceux qui l'aiment? Et après cela, poursuit-il, vous
osez mépriser les pauvres ! » Cet apôtre, comme vous voyez, nous veut faire
considérer en ce lieu rémittente dignité des pauvres, et cette prérogative de
leur vocation que j'ai tâché de vous expliquer. Dieu, dit-il, les a choisis
1 I Cor., I, 26, 28. — 2 Jacob.,
II, 5.
431
spécialement pour être riches selon la foi et les héritiers
de son royaume ; n'est-ce pas mes frères, ce que j'ai prêché, qu'ils sont
appelés à l'Eglise avec l'honneur et la préférence d'un choix particulier? Et de
là que conclurons-nous, sinon ce qu'a conclu le même saint Jacques, que c'est un
aveuglement déplorable de ne pas honorer les pauvres, auxquels Dieu a fait tant
d'honneur pu cette grâce de prééminence qu'il leur donne dans son Eglise?
Chrétiens, rendez-leur respect, honorez leur condition.
Saint Paul nous en donne l'exemple. Ecrivant aux Romains
d'une aumône qu'il allait porter aux fidèles de Jérusalem, il leur parle en ces
termes : « Je vous conjure, mes frères, par notre Seigneur Jésus-Christ et par
la charité du Saint-Esprit, que vous m'aidiez par vos prières auprès de Dieu,
afin que les saints qui sont en Jérusalem agréent le présent que j'ai à leur
faire : » Obsecro vos, patres, per Dominum nostrum Jesum Christum et per
charitatem sancti Spiritùs,ut adjuvetis me in orationibus vestris pro me ad
Deum, ut... obsequii mei oblatio accepta fiât in Jérusalem sanctis (1). Qui
n'admirerait, chrétiens, comme il traite les pauvres honorablement ! Il ne dit
pas l'aumône que j'ai à leur faire, ni l'assistance que j'ai à leur donner, mais
le service que j'ai à leur rendre. Il fait quelque chose de plus, et je vous
prie de méditer ce qu'il ajoute : « Priez Dieu, dit-il, mes chers frères, que
mon service leur soit agréable. » Que veut dire le saint Apôtre, et faut-il tant
de précautions pour faire agréer une aumône ? Ce qui le fait parler de la sorte,
c'est la haute dignité des pauvres. On peut donner pour deux motifs : ou pour
gagner l'affection, ou pour soulager la nécessité ; ou par un effet d'estime (a),
ou par un sentiment de pitié : l'un est un présent, et l'autre une aumône. Dans
l'aumône , on croit ordinairement que c'est assez de donner : on apporte plus de
soin dans le présent, et il y a un certain art d'en relever le prix par la
manière de l'offrir (b). C'est en cette dernière façon que saint Paul
assiste les pauvres ; il ne les regarde pas
1 Rom., XV, 30, 31. — A la suite du latin, vient
dans le manuscrit : Ina è diakonia mou è eis Ierousaleme, euprosdektos
genetai tois agiois.
(a) Var. : Ou par une marque d'estime. — (b)
Et il y'a un certain art innocent de relever le prix de ce que l’on donne, par
la manière et les circonstances de l’offrir.
432
seulement comme des malheureux qu'il faut assister, mais il
regarde que dans leur misère ils sont les principaux membres de Jésus-Christ et
les premiers-nés de l'Eglise. En cette qualité glorieuse il les considère comme
des personnes auxquelles il fait la cour, si je puis parler de la sorte. C'est
pourquoi il n'estime pas que ce soit assez que son présent les soulage, mais il
souhaite que son service leur agrée; et pour obtenir cette grâce, il met toute
l'Eglise en prières. Tant les pauvres sont considérables dans l'Eglise de
Jésus-Christ, que saint Paul semble établir sa félicité dans l'honneur de les
servir et dans le bonheur de leur plaire : Ut obsequii mei oblatio accepta
fiat in Jerusalem sanctis.
Mesdames, revêtez-vous de ces
sentiments apostoliques ; et dans les soins que vous prenez de cette maison,
regardez avec respect les pauvres qui la composent. Méditez sérieusement en la
charité de Notre-Seigneur que, si les honneurs du siècle vous mettent au-dessus
d'eux, le caractère de Jésus-Christ qu'ils ont l'honneur de porter les élève
au-dessus de vous ; honorez, en les servant, la mystérieuse conduite de la
Providence divine, qui leur donne les premiers rangs dans l'Eglise avec une
telle prérogative que les riches n'y sont reçus que pour les servir.
SECOND POINT.
C'est la seconde vérité que je
me suis obligé de vous expliquer, et qui suit si évidemment de celle que j'ai
déjà établie, qu'il ne sera pas nécessaire de m'étendre beaucoup sur la preuve.
Et certainement, chrétiens, comme il a déjà été dit, Jésus qui ne promet dans
son Evangile que des afflictions et des croix, n'a pas besoin de riches dans sa
sainte Eglise ; et leur faste n'ayant rien de commun avec la profonde
humiliation de ce Dieu anéanti jusqu'à la croix, il est bien aisé de juger,
Messieurs, qu'il ne les recherche pas pour eux-mêmes (a). Car à quoi lui
sont-ils bons dans son royaume, sinon pour lui ériger des temples superbes ou
pour orner ses autels d'or et de pierreries ? Ne vous persuadez pas qu'il se
plaise dans ces ornements ; il les reçoit de la main des hommes comme
(a) Var.: Leur faste n'ayant rien de commun
avec l'anéantissement de ce Dieu pauvre, il est bien visible, Messieurs, qu'il
ne les recherche pas pour eux-mêmes.
433
des marques de leur piété, comme des hommages de leur
religion. Mais bien loin d'exiger ces grandes dépenses, ne voyez-vous pas au
contraire qu'il n'est rien de plus commun ni de plus bas prix que ce qui est
nécessaire à son culte? Il demande seulement de l'eau la plus simple pour
régénérer ses enfants; il ne faut qu'un peu de pain et de vin pour consacrer ses
mystères, où réside la source de toutes ses grâces ; jamais il ne s'est tenu
mieux servi que lorsqu'on lui sacrifiait dans des cachots et que l'humilité et
la foi faisaient tout l'ornement de ses temples. Autrefois dans l'ancienne loi
il voulait de la pompe dans son service; mais cette simplicité qu'il affecte, si
je puis parler de la sorte, dans le culte de la nouvelle alliance, c'est pour
faire voir aux riches du monde qu'il n'a plus besoin d'eux ni de leurs trésors,
si ce n'est pour le service de ses pauvres.
Mais pour les pauvres,
Messieurs, il confesse qu'il en a besoin, et il implore leur secours : Ecce
mysterium vobis dico (1) : « Voici un mystère admirable. » Jésus n'a besoin
de rien, et Jésus a besoin de tout ; Jésus n'a besoin de rien selon sa puissance
; mais Jésus a besoin de tout selon sa compassion : Ecce mysterium vobis dico
: « Voici un grand mystère que j'ai à vous dire ; » c'est le mystère du Nouveau
Testament. Cette même miséricorde qui a obligé Jésus innocent à se charger de
tous les crimes, oblige encore Jésus, tout heureux qu'il est, à se charger de
toutes les misères. Car comme le plus innocent est celui qui a porté le plus de
péchés, aussi le plus abondant est celui qui porte le plus de besoins. Ici il a
faim, et là il a soif ; là il gémit sous des chaînes, ici il est travaillé par
des maladies : il souffre en même temps le froid et le chaud, et les extrémités
opposées. Pauvre véritablement, et le plus pauvre de tous les pauvres, parce que
tous les autres pauvres ne souffrent que pour eux-mêmes, et « qu'il n'y a que
Jésus-Christ qui pâtisse dans toute l'universalité des misérables : » Unus
tantummodo Christus est qui in omnium pauperum universitate mendicet (2). Ce
sont donc les besoins pressants de ses pauvres membres qui l'obligent de se
relâcher en faveur des riches.
Il ne voudrait voir dans son
Eglise que ceux qui portent sa
1 I Cor., XV, 51. — 2 Salvian.,
Advers. Avarit., lib. IV, n. 4.
434
marque, que des pauvres, que des indigents, que des
affligés, que des misérables. Mais s'il n'y a que des malheureux, qui soulagera
les malheureux? que deviendront les pauvres dans lesquels il souffre et dont il
ressent tous les besoins? Il pourrait leur envoyer ses saints anges, mais il est
plus juste qu'ils soient assistés par des hommes qui sont leurs semblables.
Venez donc, ô riches, dans son Eglise ; la porte enfin vous en est ouverte ;
mais elle vous est ouverte en faveur des pauvres et à condition de les servir.
C'est pour l'amour de ses enfants qu'il permet l'entrée à ces étrangers. Voyez
le miracle de la pauvreté ! Oui, les riches étaient étrangers ; mais le service
des pauvres les naturalise et leur sert à expier la contagion qu'ils contractent
parmi leurs richesses; par conséquent, ô riches du siècle , prenez tant qu'il
vous plaira des titres superbes, vous les pouvez porter dans le monde : dans
l'Eglise de Jésus-Christ vous êtes seulement serviteurs des pauvres. Ne vous
offensez pas de ce titre : le patriarche Abraham l'a tenu à gloire ; lui qui
avait tant de serviteurs et une si nombreuse famille, prenait néanmoins pour son
partage le soin et l'obligation de servir les nécessiteux. Aussitôt qu'ils
approchent de sa maison, lui-même s'avance pour les recevoir ; lui-même va
choisir dans son troupeau ce qu'il y a de plus délicat et de plus tendre -,
lui-même se donne la peine de servir leur table (1). Ainsi, dit l'éloquent
Pierre Chrysologue, « Abraham sentant arriver les pauvres, ne se souvient plus
qu'il est maître, » et il fait toutes les fonctions d'un serviteur : Abraham,
viso peregrino, dominum se esse nescivit (2). Mais d'où lui vient cet
empressement à servir les pauvres? C'est que ce père des croyants voyait déjà en
esprit le rang qu'ils devaient tenir dans l'Eglise; il considère déjà
Jésus-Christ en eux; il oublie sa dignité dans la vue de celle des pauvres, et
il montre aux riches par son exemple l'obligation qu'ils ont de les servir.
Mais quel service leur
devons-nous rendre ? en quoi sommes-nous tenus de les assister? Vous le voyez
déjà, chrétiens, dans l'exemple du patriarche Abraham. Mais l'admirable saint
Augustin vous va donner encore sur ce sujet-là une instruction plus
particulière. « Le service que vous devez aux nécessiteux, c'est de
1 Genes., XVIII, 8. — 2 Serm. CXXI De Divit. et
Lazar.
435
porter avec eux une partie du fardeau qui les accable (1).
» L'apôtre saint Paul ordonne aux fidèles de « porter les fardeaux les uns des
autres : » Alter alterius onera portate (2). Les pauvres ont leur
fardeau. et les riches aussi ont le leur. Les pauvres ont leur fardeau ; qui ne
le sait pas? Quand nous les voyons suer et gémir, pouvons-nous ne pas
reconnaître que tant de misères pressantes sont un fardeau très-pesant, dont
leurs épaules sont accablées ? Mais encore que les riches marchent à leur aise
et semblent n'avoir rien qui leur pèse, sachez qu'ils ont aussi leur fardeau. Et
quel est ce fardeau des riches? chrétiens, le pourrez-vous croire? Ce sont leurs
propres richesses. Quel est le fardeau des pauvres ? C'est le besoin. Quel est
le fardeau des riches? C'est l'abondance. «Le fardeau des pauvres, dit saint
Augustin, c'est de n'avoir pas ce qu'il faut ; et le fardeau des riches, c'est
d'avoir plus qu'il ne faut : » Omis paupertatis non habere, divitiarum onus
plus quàm opus est habere (3). Quoi donc ! est-ce un fardeau incommode que
d'avoir trop de biens? Ah! que j'entends de mondains qui désirent un tel fardeau
dans le secret de leurs cœurs ! Mais qu'ils arrêtent ces désirs inconsidérés. Si
les injustes préjugés du siècle les empêchent de concevoir en ce monde combien
l'abondance pèse, quand ils viendront en ce pays où il nuira d'être trop riches,
quand ils comparaîtront à ce tribunal où il faudra rendre compte non-seulement
des talents dispensés, mais encore des talents enfouis, et répondre à ce juge
inexorable non-seulement de la dépense, mais encore de l'épargne et du ménage,
alors, Messieurs, ils reconnaîtront que les richesses sont un grand poids, et
ils se repentiront vainement de ne s'en être pas déchargés.
Mais n'attendons pas cette heure
fatale, et pendant que le temps le permet, pratiquons ce conseil de saint Paul :
Alter alterius onera portate : « Portez vos fardeaux les uns les autres.
» Riche, portez le fardeau du pauvre, soulagez sa nécessité, aidez-le à soutenir
les afflictions sous le poids desquelles il gémit; mais sachez qu'en le
déchargeant vous travaillez à votre décharge : lorsque vous lui donnez, vous
diminuez son fardeau, et il diminue le vôtre ; vous portez le besoin qui le
presse, il porte l'abondance qui vous
1 Serm. CLXIV, n. 9.
— 2 Galat., VI, 2.
— 3 Ubi suprà.
436
charge. Communiquez outre vous mutuellement vos fardeaux, «
afin que les charges deviennent égales : » ut fiat œqualitas, dit saint
Paul (1). Car quelle injustice, nies frères, que les pauvres portent tout le
fardeau, et que tout le poids des misères aille fondre sur leurs épaules ! S'ils
s'en plaignent et s'ils en murmurent contre la Providence divine, Seigneur,
permettez-moi de le dire, c'est avec quelque couleur de justice. Car étant tous
pétris d'une même niasse et ne pouvant pas y avoir grande différence entre de la
boue et de la boue , pourquoi verrons-nous d'un côté la joie, la faveur,
l'affluence; et de l'autre la tristesse, et le désespoir, et l'extrême
nécessité, et encore le mépris et la servitude? Pourquoi cet homme si fortuné
vivrait-il dans une telle abondance et pourrait-il contenter jusqu'aux désirs
les plus inutiles d'une curiosité étudiée, pendant que ce misérable, homme
toutefois aussi bien que lui, ne pourra soutenir sa pauvre famille, ni soulager
la faim qui le presse? Dans cette étrange inégalité, pourrait-on justifier la
Providence de mal ménager les trésors que Dieu met entre des égaux, si par un
autre moyen elle n'avait pourvu au besoin des pauvres et remis quelque égalité
entre les hommes ? C'est pour cela, chrétiens, qu'il a établi son Eglise, où il
reçoit les riches, mais à condition de servir les pauvres ; où il ordonne que
l'abondance supplée au défaut, et donne des assignations aux nécessiteux sur le
superflu des opulents. Entrez, mes frères, dans cette pensée : si vous ne portez
le fardeau des pauvres, le vôtre vous accablera ; le poids de vos richesses mal
dispensées vous fera tomber dans l'abîme : au lieu que si vous partagez avec les
pauvres le poids de leur pauvreté, en prenant part à leur misère, vous mériterez
tout ensemble de participer à leurs privilèges.
TROISIÈME POINT.
Sans cette participation des
privilèges des pauvres il n'y a aucun salut pour les riches ; et il me sera aisé
de vous en convaincre, en insistant toujours aux mêmes principes. Car s'il est
vrai, comme je l'ai dit, que l'Eglise est la ville des pauvres, s'ils y tiennent
les premiers rangs, si c'est pour eux principalement que
1 II Cor., VIII, 14.
437
cette cité bienheureuse a été bâtie, il est bien aisé de
conclure que tés privilèges leur appartiennent. Dans tous les royaumes, dans
tous les empires, il y a des privilégiés, c'est-à-dire des personnes éminentes
qui ont des droits extraordinaires ; et la source de ces privilèges, c'est
qu'ils touchent de plus près ou par leur naissance ou par leurs emplois à la
personne du prince. Cela est de la majesté, de l'état et de la grandeur du
souverain, que l'éclat qui rejaillit de sa couronne se répande en quelque sorte
sur ceux qui l'approchent. Puisque nous apprenons par les saintes Lettres que
l'Eglise est un royaume si bien ordonné, ne doutez pas, mes frères, qu'elle
n'ait aussi ses privilégiés. Et d'où se prendront ces privilèges, sinon de la
société avec son prince, c'est-à-dire avec Jésus-Christ? Que s'il faut être uni
avec le Sauveur, chrétiens, ne cherchons pas dans les riches les privilèges de
la sainte Eglise. La couronne de notre monarque est une couronne d'épines :
l'éclat qui en rejaillit, ce sont les afflictions et les souffrances. C'est dans
les pauvres, c'est dans ceux qui souffrent, que réside la majesté de ce royaume
spirituel. Jésus étant lui-même pauvre et indigent, il était de la bienséance
qu'il liât société avec ses semblables et qu'il répandit ses faveurs sur ses
compagnons de fortune.
Qu'on ne méprise plus la
pauvreté et qu'on ne la traite plus de roturière. Il est vrai qu'elle était de
la lie du peuple : mais le Roi de gloire l'ayant épousée, il l'a ennoblie par
cette alliance, et ensuite il accorde aux pauvres tous les privilèges de son
empire. Il promet le royaume aux pauvres, la consolation à ceux qui pleurent, la
nourriture à ceux qui ont faim, la joie éternelle à ceux qui souffrent. Si tous
les droits, si toutes les grâces, si tous les privilèges de l'Evangile sont aux
pauvres de Jésus-Christ, ô riches, que vous reste-t-il, et quelle part
aurez-vous dans son royaume ? Il ne parle de vous dans son Evangile que pour
foudroyer votre orgueil : Vœ vobis divitibus (1)! « Malheur à vous,
riches! » Qui ne tremblerait à cette sentence? Qui ne serait saisi de frayeur ?
Contre cette terrible malédiction, voici votre unique espérance. Il est vrai,
ces privilèges sont donnés aux pauvres; mais vous pouvez les obtenir d'eux et
les recevoir de leurs mains :
1 Luc., VI, 24.
438
c'est là que le Saint-Esprit vous renvoie pour obtenir les
grâces du ciel. Voulez-vous que vos iniquités vous soient pardonnées? «
Rachetez-les, dit-il, par aumônes : » Peccata tua eleemosynis redime (1).
Demandez-vous à Dieu sa miséricorde ? cherchez-la dans les mains des pauvres en
l'exerçant envers eux : Beati misericordes (2); Enfin, voulez-vous entrer
au royaume? Les portes, dit Jésus-Christ, vous seront ouvertes, pourvu que les
pauvres vous introduisent : « Faites-vous, dit-il, des amis qui vous reçoivent
dans les tabernacles éternels (3). » Ainsi la grâce, la miséricorde, la
rémission des péchés, le royaume même est entre leurs mains; et les riches n'y
peuvent entrer, si les pauvres ne les y reçoivent.
Donc, ô pauvres, que vous êtes
riches! mais, ô riches, que vous êtes pauvres ! Si vous vous tenez à vos propres
biens, vous serez privés pour jamais des biens du Nouveau Testament; et il ne
vous restera pour votre partage que ce Vœ terrible de l'Evangile. Ah !
pour détourner ce coup de foudre, pour vous mettre heureusement à couvert de
cette malédiction inévitable, jetez-vous sous l'aile de la pauvreté ; entrez en
commerce avec les pauvres ; donnez, et vous recevrez ; donnez les biens
temporels, et recueillez les bénédictions spirituelles ; prenez part aux misères
des affligés, et Dieu vous donnera part à leurs privilèges.
C'est ce que j'avais à vous dire
touchant les avantages de la pauvreté et la nécessité de la secourir. Après quoi
il ne me reste plus autre chose à faire, sinon de m'écrier avec le prophète :
Beatus qui intelligit super egenum et pauperem (4) ; « Heureux celui qui
entend sur l'indigent et sur le pauvre ! » Il ne suffit pas, chrétiens, d'ouvrir
sur les pauvres les yeux de la chair ; mais il faut les considérer par les yeux
de l'intelligence : Beatus qui intelligit. Ceux qui les regardent des
yeux corporels, ils n'y voient rien que de bas, et ils les méprisent. Ceux qui
ouvrent sur eux l'œil intérieur, je veux dire l'intelligence guidée par la foi,
ils remarquent en eux Jésus-Christ; ils y voient les images de sa pauvreté, les
citoyens de son royaume, les héritiers de ses promesses, les distributeurs de
ses grâces, les enfants véritables de son Eglise, les premiers membres de son
corps mystique. C'est ce
1 Dan., IV. 24. — 2 Matth., V, 7.
— 3 Luc., XVI, 9 — 4 Psal. XL, 2.
439
qui les porte à les assister avec un empressement
charitable. Mais encore n'est-ce pas assez de les secourir dans leurs besoins.
Tel assiste le pauvre, qui n'est pas intelligent sur le pauvre. Celui qui leur
distribue quelque aumône, ou contraint par leurs pressantes importunités, ou
touché par quelque compassion naturelle, soulage la misère du pauvre ; mais
néanmoins il est véritable qu'il n'est pas intelligent sur le pauvre. Celui-là
entend véritablement le mystère de la charité, qui considère les pauvres comme
les premiers enfants de l'Eglise ; qui honorant cette qualité, se croit obligé
de les servir ; qui n'espère de participer aux bénédictions de l'Evangile que
par le moyen de la charité et de la communication fraternelle.
Donc, mes frères, ouvrez les
yeux sur cette maison indigente, et soyez intelligents sur ses pauvres. Si je
demandais vos aumônes pour une seule personne, tant de grandes et importantes
raisons qui vous obligent à la charité, devraient émouvoir vos cœurs. Maintenant
j'élève ma voix au nom d'une maison tout entière, et encore d'une maison chargée
d'une multitude nombreuse de pauvres filles entièrement délaissées. Faut-il vous
représenter et le péril de ce sexe, et les suites dangereuses de sa pauvreté,
l'écueil le plus ordinaire où sa pudeur fait naufrage ? Que serviront les
paroles, si la chose même ne vous touche pas ? Entrez dans cette maison, prenez
connaissance de ses besoins ; et si vous n'êtes pas touchés de l'extrémité où
elle est réduite, je ne sais plus, mes frères, ce qui sera capable de vous
attendrir. Il est vrai, des dames pieuses ont ouvert les yeux sur cette maison,
elles ont entendu sur les pauvres ; parce qu'elles connaissent leur dignité,
elles se tiennent honorées de les servir ; parce qu'elles sont chrétiennes,
elles se croient obligées de les assister; parce qu'elles savent le poids des
richesses mal employées, elles se déchargent entre leurs mains d'une partie de
leur fardeau, et en répandant les biens temporels, elles viennent recevoir en
échange les grâces spirituelles.
|