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TROISIÈME SERMON
POUR LA
FÊTE DE LA CONCEPTION
DE LA SAINTE VIERGE (a).
Fecit mihi magna qui potens est.
Le Tout-Puissant a fait en moi de grandes choses. Luc,
I, 49.
Dans le dessein que je me
propose de vous donner aujourd'hui une instruction chrétienne touchant la
dévotion envers la Vierge bienheureuse, et de vous découvrir à fond les utilités
infinies que vous en pouvez tirer, aussi bien que les divers abus qui en
corrompent la pratique, j'entrerai d'abord en matière ; et sans vous ennuyer par
un long exorde, je partagerai mon discours en deux parties. La première établira
les solides et inébranlables fondements de cette dévotion ; la seconde vous fera
voir les règles invariables qui doivent en diriger l'exercice. Cette doctrine
nous servira à honorer chrétiennement la très-sainte Vierge, non-seulement dans
la fête de sa conception, mais encore dans toutes celles que la sainte
succession de l'année ecclésiastique ramène de temps en temps à la piété des
fidèles. La conception de Marie étant le premier moment dans lequel nous
commençons de nous attacher à cette divine Mère pour de là l'accompagner
persévéramment dans tous les mystères qui s'accomplissent en elle, je veux
tâcher de vous inspirer dès ce premier pas des sentiments convenables à la piété
chrétienne, et de former vos dévotions sur les maximes de l'Evangile.
(a) Prêché dans l’Avent de 1669, à Saint-Germain,
devant le roi, la reine, le duc d'Orléans, etc.
La Gazette de France nomme les orateurs sacrés qui
ont prêché à la Cour la bienheureuse conception : l’évêque de Rodez, l’évêque de
Dax, l'abbé Fromentières, dom Cosme, Mascaron, enfin Bossuet en 1669.
On verra que l'habile théologien justifie contre les
protestants le culte de la sainte Vierge : il avait probablement eu vue Turenne
qui, converti à la foi catholique, suivait assidûment ses prédications.
Bossuet a intitulé ce sermon : « Sur la dévotion à la
sainte Vierge. »
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Ne me dites pas, chrétiens, que
cette idée est trop générale, et que vous attendiez quelque chose qui fut plus
propre et plus convenable à une si grande solennité. L'utilité des enfants de
Dieu est la loi suprême de la chaire ; et je vous accorderai sans peine que je
pouvais prendre un sujet plus propre à la fête que nous célébrons , pourvu aussi
que vous m'accordiez qu'il n'y en a point de plus salutaire ni de plus propre à
l'instruction de ce royal auditoire (a). Ecoutez donc attentivement ce
que j'ai à vous exposer touchant la dévotion pour la sainte Vierge. Voyez quel
en est le fondement, et quel en est l'exercice.
PREMIER POINT.
« Personne, dit le saint Apôtre
(1), ne peut poser d'autre fondement que celui qui a été mis, c'est-à-dire
Jésus-Christ (b). » Soit donc ce divin Sauveur le fondement immuable de
notre dévotion pour la sainte Vierge , parce qu'en effet tout le genre humain ne
peut assez honorer cette Vierge Mère , depuis qu'il a reçu Jésus-Christ par sa
fécondité bienheureuse (c). Elevez vos esprits, mes Frères, et considérez
attentivement combien grande, combien éminente est la vocation de Marie , que
Dieu a prédestinée avant tous les temps pour donner par elle Jésus-Christ au
monde. Mais il faut encore ajouter que Dieu l'ayant appelée à ce glorieux
ministère , il ne veut pas qu'elle soit un simple canal d'une telle grâce , mais
un instrument volontaire qui contribue à ce grand ouvrage (d),
non-seulement par ses excellentes dispositions, mais encore par un mouvement de
sa volonté. C'est pourquoi le Père éternel envoie un ange pour lui proposer le
mystère, qui ne s'achèvera pas tant que Marie sera incertaine (e) ; si
bien que ce grand ouvrage de l'incarnation , qui tient depuis tant de siècles
toute la nature en attente, lorsque Dieu est résolu de l'accomplir demeure
encore en suspens jusqu'à ce que la divine Vierge y ait consenti : tant il a été
nécessaire aux hommes que Marie ait désiré leur salut. Aussitôt qu'elle a donné
ce consentement, les cieux
1 I Cor., III, 11.
(a) Var. : De mes auditeurs. — (b) Qui
est Jésus-Christ. — (c) Par sa bienheureuse entremise. — (d) Mais
un instrument volontaire. Il veut qu'elle coopère à ce grand ouvrage... — (e)
Ne sera pas résolue.
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sont ouverts, le Fils de Dieu est fait homme et les hommes
ont un Sauveur. La charité de Marie a donc été en quelque sorte la source
féconde, d'où la grâce a pris son cours, et s'est répandue avec abondance sur
toute la nature humaine. Et comme dit saint Ambroise, et après lui saint Thomas
: « C'est de ses bénites entrailles qu'est sorti avec abondance cet Esprit de
sainte ferveur, qui étant premièrement survenu en elle, a inondé toute la terre
: » Uterus Mariœ, Spiritu ferventi qui supervenit in eam, replevit orbem
terrarum, cùm peperit Salvatorem (1). — Tantam gratiae obtinuit
plenitudinem, ut esset propinquissima auctori gratiœ; ita quod eum qui est
plenus omni gratià, in se reciperet, et eum pariendo, quodammodù gratiam ad
omnes derivaret (2).
Il a donc fallu, chrétiens, que
Marie ait concouru par sa charité à donner au monde son libérateur. Comme cette
vérité est connue, je ne m'étends pas à vous l'expliquer; mais je ne vous tairai
pas une conséquence que peut-être vous n'avez pas assez méditée : c'est que Dieu
ayant une fois voulu nous donner Jésus-Christ par la sainte Vierge, cet ordre ne
se change plus (a) ; et « les dons de Dieu sont sans repentance (3). » Il
est et sera toujours véritable qu'ayant reçu par elle une fois le principe
universel de la grâce, nous en recevions encore par son entremise les diverses
applications dans tous les états différons qui composent la vie chrétienne. Sa
charité maternelle ayant tant contribué à notre salut dans le mystère de
l'incarnation, qui est le principe universel de la grâce, elle y contribuera
éternellement dans toutes les autres opérations qui n'en sont que des
dépendances.
La théologie reconnaît trois
opérations principales de la grâce de Jésus-Christ. Dieu nous appelle, Dieu nous
justifie, Dieu nous donne la persévérance. La vocation, c'est le premier pas; la
justification fait notre progrès; la persévérance conclut le voyage et unit dans
la patrie, ce qui ne se trouve pas sur la terre, le repos et la gloire (b).
1 S. Ambros., de Inst. Virg., cap.
XII. — 2 S. Thom., III part., quaest. XXVII, art. 5,
ad. 1. — 3 Rom., XI, 29.
(a) Var. : La Sagesse divine ayant une foi?
résolu de nous donner Jésus-Christ par la sainte Vierge, ce décret ne se change
plus. — (b) Conclut le voyage, et assure dans la patrie la couronne et le
repos.
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Vous savez qu'en ces trois états
l'influence de Jésus-Christ nous est nécessaire ; mais il faut vous faire voir
par les Ecritures que la charité de Marie est associée à ces trois ouvrages; et
peut-être ne croyez-vous pas que ces vérités soient si claires dans l'Evangile,
que j'espère de les y montrer en peu de paroles.
La grâce de la vocation nous est
figurée par la soudaine illumination que reçoit le saint Précurseur dans les
entrailles de sa mère. Considérez ce miracle, vous y verrez une image des
pécheurs que la grâce appelle. Jean est ici dans l'obscurité des entrailles
maternelles : où êtes-vous, ô pécheurs ? dans quelle nuit ? dans quelles
ténèbres? Jean ne peut ni voir ni entendre : pécheurs, quelle surdité semblable
(a) à la vôtre, et quel aveuglement égal (b), puisque le ciel
tonne en vain sur vous par tant de menaces terribles , et que la vérité
elle-même qui vous luit si manifestement dans l'Evangile, n'est pas capable de
vous éclairer? Jésus vient à Jean sans qu'il y pense, il le prévient, il parle à
son cœur, il éveille et il attire ce cœur endormi et auparavant insensible :
pensiez-vous à Dieu, ô pécheurs, quand il a été vous émouvoir par une secrète
touche de son Saint-Esprit (c) ? Vous ne le cherchiez pas, et il vous
appelait à la pénitence; vous fuyiez, et il a bien su vous trouver, (d)
Mais s'il nous montre dans le tressaillement de saint Jean l'image des pécheurs
prévenus, il nous fait voir aussi que Marie concourt avec lui à ce grand
ouvrage. Si Jean-Baptiste ainsi prévenu semble s'efforcer pour sortir de la
prison qui l'enserre, c'est à la voix de Marie qu'il est excité. « Votre voix
n'a pas plutôt frappé mon oreille, lorsque vous m'avez saluée, que mon enfant a
tressailli de joie dans mon sein (1). » « C'est Marie, dit saint Ambroise, qui a
élevé Jean-Baptiste au-dessus de la nature ; et cet enfant touché de sa voix,
avant que d'avoir respiré l'air, a attiré l'esprit de la piété, (e) »
1 Luc., I, 44.
(a) Var. : Pareille. — (b) Pareil. — (c)
Quand cette soudaine lumière vous apparut tout à coup comme un éclair, quand
cette secrète touche du Saint-Esprit vous a donné un nouvel instinct. — (d)
Note marg. : Dégoûts secrets, ces amertumes cachées, qui vous font
regretter la paix et vous rappellent à la pénitence. — (e) Levavit
(Maria) Joannem in utero constitutum, qui ad vocem ejus exsilivit,...
priùs sensu devotionis quàm spiritùs infusione vitalis animatus. (S. Ambr.,
de Inst. Virg., cap. XIII.) Cujus tanta gratia, ut non solùm in se
virginitatis gratiam reservaret ; sed etiam his quos viseret
, integritatis insigne conferret... Ad vocem Maria exultavit infantulus,
obsecutus antequàm genitus. Nec immerite mansit integer corpore, quem oleo
quodam suœ prœsentiœ et integritatis unguento Domini Mater exercuit.
(S. Ambr., de Inst. Virg., cap. VII.)
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La justification est représentée
dans les noces de Cana en la personne des apôtres. Car écoutez les paroles de
l'évangéliste : Jésus changea l'eau en vin : « Ce fut là le premier des miracles
de Jésus, qui fut fait à Cana en Galilée; et il fit paraître sa gloire, et ses
disciples crurent en lui (1) ». (a) Vous savez que « la justification est
attribuée à la foi (2) ; » non qu'elle suffise toute seule, mais parce qu'elle
est le premier principe et, comme dit le saint concile de Trente (3), « la
racine de toute grâce. » Ainsi le texte sacré ne pouvait nous exprimer en termes
plus clairs la grâce justifiante ; mais il ne pouvait non plus nous mieux
expliquer la part qu'a eue la divine Vierge à ce merveilleux ouvrage.
Car qui ne sait que ce grand
miracle sur lequel a été fondée la foi des apôtres, fut l'effet de la charité et
des prières de Marie ? Lorsqu'elle demanda cette grâce, il semble qu'elle ait
été rebutée : « Femme, lui dit le Sauveur, qu'y a-t-il entre vous et moi? Mon
heure n'est pas encore venue (4). » Quoique ces paroles paraissent rudes, et
qu'elles aient un air de refus bien sec, Marie ne se croit pas (b)
refusée. Elle connaît les délais miséricordieux, les favorables refus, les
fuites mystérieuses de l'Epoux sacré. Elle sait tous les secrets (c) par
lesquels son amour ingénieux éprouve les âmes fidèles, et sait qu'il nous rebute
souvent, afin que nous apprenions à emporter par l'humilité et par une confiance
persévérante ce que la première demande (d) n'a pas obtenu. Marie ne fut
pas trompée dans son attente. Que ne peut obtenir une telle Mère à qui son Fils
accorde tout, lors même qu'il semble qu'il la traite le plus rudement ? Et que
ne lui donnera-t-il pas, quand l'heure sera venue de la glorifier avec lui par
toute la terre, puisqu'il avance en Sa faveur, comme dit saint Jean Chrysostome
(5), l'heure qu'il avait résolue ? Jésus, qui semblait l'avoir refusée, fait
néanmoins ce qu'elle demande.
1 Joan., II, 11. — 2
Rom., IV, 5. — 3 Sess. VI, cap.
VIII. — 4 Joan., II, 4. — 5 In Joan.,
hom. XXII.
(a) Note marg.: Les apôtres étaient déjà appelés,
mais ils ne croyaient pas encore assez vivement pour être justifiés. — (b)
Var. : Ne se tient pas. — (c) Artifices. — (d) Instance.
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Mais, Messieurs, qui n'admirera
que Jésus n'ait voulu faire son premier miracle qu'à la prière de la sainte
Vierge , ce miracle en cela différent des autres, miracle pour une chose non
nécessaire ? Quelle grande nécessité qu'il y eût du vin dans ce banquet? Marie
le désire, c'est assez. Qui ne sera étonné devoir qu'elle n'intervient que dans
celui-ci, qui est suivi aussitôt d'une image si expresse de la justification des
pécheurs ? Cela s'est-il fait par une rencontre fortuite ? Ou plutôt ne
voyez-vous pas que le Saint-Esprit a eu dessein de nous faire entendre ce que
remarque saint Augustin en interprétant ce mystère , « que la Vierge
incomparable (a) étant Mère de notre Chef selon la chair, a dû être selon
l'esprit la Mère de tous ses membres, en coopérant par sa charité à la naissance
spirituelle des enfants de Dieu : » Carne mater capitis nostri, spiritu mater
membrorum ejus, quia cooperata est charitate ut filii Dei nascerentur in
Ecclesià (1). Vous voyez que nous entendons ce mystère comme l'ont entendu
dès les premiers siècles ceux qui ont traité avant nous les Ecritures divines.
Mais, mes Frères, ce n'est pas assez qu'elle contribue à la naissance des
enfants de Dieu (b) ; voyons la part que Jésus lui donne dans leur fidèle
persévérance.
Paraissez donc, enfants de
miséricorde et de grâce, d'adoption et de prédestination éternelle, fidèles
compagnons du Sauveur Jésus, qui persévérez avec lui jusqu'à la fin ; accourez à
la sainte Vierge, et venez vous ranger avec les autres sous les ailes de sa
charité maternelle. Chrétiens, je les vois paraître, et le disciple chéri de
notre Sauveur nous les représente au Calvaire. Puisqu'il suit avec Marie
Jésus-Christ (c) jusqu'à la croix, pendant que les autres disciples
prennent la fuite, puisqu'il s'attache constamment à ce bois mystique, qu'il
vient généreusement mourir avec lui, il est la figure des fidèles persévérons;
et vous voyez aussi que Jésus-Christ le donne à sa Mère : (d) « Femme, lui
dit-il, voilà votre Fils (2). »
1 De sancta Virg., n. 6. — 2 Joan., XIX, 26.
(a) Var. : Que la bienheureuse Marie. — (b)
A faire naître les enfants de Dieu. — (c) Puisqu'il suit Jésus-Christ
avec Marie. — (d) Note marg. : « Femme, lui dit-il, voilà votre
Fils. » « Elle est, dit saint Ambroise, confiée à Jean l'évangéliste, qui ne
connaît point le mariage. Aussi je ne m'étonne pas qu'il nous ait révélé plus de
mystères que tous les autres, lui à qui le trésor des secrets célestes était
toujours ouvert : Eademque posteà Joanni evangelistœ est tradita conjugium
nescienti. Undè non miror prœ cœteris locutum mysteria
divinu, cui prœsto erat aula cœlestium sacramentorum.
(S. Amb. de Inst. Virg., cap. VII.)
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Chrétiens, j'ai tenu parole.
Ceux qui savent considérer combien l'Ecriture est mystérieuse connaîtront par
ces trois exemples que Marie est par ses pieuses intercessions la mère des
appelés, des justifiés, des persévérons; et que sa charité féconde est un
instrument général des opérations de la grâce. Par conséquent réjouissons-nous
de sa conception bienheureuse ; le ciel nous forme aujourd'hui une protectrice,
(a) Car quelle autre peut parler pour nous, plus utilement que cette
divine Mère ? C'est à elle qu'il appartient de parler au cœur de son Fils, où
elle trouve une si fidèle correspondance. Les sentiments de la nature sont
relevés et perfectionnés, mais non éteints dans la gloire ; ainsi elle ne
craindra pas d'être refusée. « L'amour du Fils parle pour les vœux de la Mère ;
la nature elle-même le sollicite en sa faveur : on cède facilement aux prières,
quand on est déjà gagné par son amour même : » Affectus ipse pro te orat,
natura ipsa tibi postulat:... cito annuunt qui suo ipsi amore superantur
(1).
Par conséquent, mes Frères, nous
avons appuyé la dévotion envers la Vierge bienheureuse, sur un fondement solide
et inébranlable. Puisqu'elle est si bien fondée, anathème à qui la nie, il ôte
aux chrétiens un si grand secours. Anathème à qui la diminue, il affaiblit les
sentiments de la piété. Dirai-je anathème à qui en abuse? Non, mes Frères, ils
sont enfants de l'Eglise; soumis à ses décrets, quoiqu'ignorants de ses maximes
: ne les soumettons pas à nos anathèmes, mais instruisons-les de ses règles. Car
quel serait notre aveuglement, si après avoir posé un fondement si solide, nous
bâtissions dessus de vaines et superstitieuses pratiques? Après donc que nous
avons fondé nos dévotions, apprenons à les rectifier, et réglons-en l'exercice
par les maximes de l'Eglise. Je
1 Salv., epist. IV, p. 199.
(a) Note marg. : Je veux croire avec vous,
Messieurs, qu'elle n'a jamais eu de péché, elle qui, comme dit Pierre
Chrysologue, était engagée au Sauveur Jésus et marquée pour lui par le
Saint-Esprit, dès le premier moment de son être. Provolat ad sponsam festinus
interpres, ut humanœ desponsationis arceat et suspendat effectum ; neque auferat
ab Joseph virginem, sed reddat Christo cui est pignorata cum fieret. Petr.
Chrysol., serm. CXL, de Annuntiat.
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vous dirai, chrétiens, en peu de paroles quel culte nous
devons à Dieu, à la sainte Vierge, à tous les Esprits bienheureux ; et c'est ma
seconde partie.
SECOND POINT.
La règle fondamentale de
l'honneur que nous rendons à la sainte "Vierge et aux bienheureux Esprits, c'est
que nous le devons rapporter tout entier à Dieu et à notre salut éternel. Car
s'il n'était rapporté à Dieu, ce serait un acte purement humain, et non un acte
de religion. Et nous savons que les Saints étant pleins de Dieu et de sa gloire,
ne reçoivent pas (a) des civilités purement humaines. La religion nous
unit à Dieu ; c'est de là qu'elle prend son nom, comme dit saint Augustin, et
c'est par là qu'elle est définie : Religio, quod nos religet omnipotenti
Deo (1). Ainsi toute notre dévotion pour la sainte Vierge est inutile et
superstitieuse, si elle ne nous conduit à Dieu pour le posséder éternellement et
jouir de l'héritage céleste. Voilà la règle générale du culte religieux, c'est
qu'il dérive de Dieu et qu'il y retourne en se répandant sur ses Saints sans se
séparer de lui.
Mais pour descendre à des
instructions plus particulières, je remarquerai quelques différences entre le
culte des chrétiens et celui des idolâtres ; et quoiqu'il semble peu nécessaire
de combattre les anciennes erreurs de l'idolâtrie dans cette grande lumière du
christianisme, toutefois la vérité paraîtra plus claire par cette opposition.
Donc, mes Frères, pour toucher d'abord le principe de tout le mal, les anciens
ne connaissant pas la force du nom de Dieu, qui ne conserve sa grandeur et sa
majesté que dans l'unité seule, ont divisé la divinité par ses attributs et par
ses fonctions différentes, et ensuite par les éléments et les autres parties du
monde, dont ils ont fait un partage entre les aînés et les cadets comme d'une
terre et d'un héritage : le ciel comme le plus noble et le principal domicile
étant demeuré à leur Jupiter et le reste étant échu à ses frères et à sa sœur ;
comme si la possession du monde pouvait être séparée en lots, et n'était pas
solidaire et indivisible ;
1 De ver. Rel., n. 113; De Civit. Dei, lib.
X, cap. III.
(a) Var. : Ne souffrent pas.
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ou que Dieu eût été obligé d'aliéner son domaine, et d'en
laisser à d'autres le gouvernement et la jouissance. Après qu'on eut commencé de
violer la sainte unité de Dieu par l'injurieuse communication de ce nom
incommunicable, on en vint successivement à une multiplication sans ordre et
sans bornes, jusqu'à reléguer plusieurs dieux aux foyers, aux cheminées et aux
écuries, ainsi que saint Augustin le reproche aux Romains et aux Grecs. On en
mit trois à la seule porte; et « au lieu, dit ce saint évoque, qu'un seul homme
suffit pour garder la porte d'une maison, les Grecs ont voulu qu'il y eût trois
dieux (a). » Unum quisque domui suœ ponit ostiarium, et quia homo est,
omnino sufficit; tres deos isti posuerunt ». A quel dessein tant de dieux,
sinon pour déshonorer ce grand nom et en avilir la majesté? Ne pensez pas,
chrétiens, que ce soit une inutile curiosité qui me fasse remarquer ces choses.
Considérez combien le genre humain, qui a pu donner créance durant tant de
siècles à ces erreurs insensées, était livré avant Jésus-Christ à la puissance
des ténèbres et de quel prodigieux aveuglement nous a tirés le Sauveur par la
lumière de son Evangile. « Rendons grâces à Dieu pour son ineffable don : »
Gratias Deo super inenarrabili dono ejus (2).
Pour nous, nous n'adorons qu'un
seul Dieu tout-puissant, Créateur et Dispensateur de toutes choses, au nom
duquel nous avons été consacrés par le saint baptême, (b) et en qui seul
nous reconnaissons une souveraineté absolue, une bonté sans mesure et la
plénitude de l'être. Nous honorons les Saints et la bienheureuse Vierge, non par
un culte de servitude et de sujétion (car nous sommes libres pour tout autre, et
ne sommes assujettis qu'à Dieu seul dans l'ordre de la religion); mais « nous
les honorons, dit saint Ambroise (3), d'un honneur de charité et de société
fraternelle : » Honoramus eos charitate, non servitute, comme dit saint
Augustin (4); et nous révérons en eux les miracles de la main du Très-Haut, la
communication de sa grâce, l'épanchement de sa gloire, et la sainte et glorieuse
dépendance par laquelle ils demeurent
1 De Civit. Dei, lib. IV, cap. VIII. — 2 II Cor.,
IX, 15. — 3 Lib. De Vid. — 4 De Ver. Relig., n. 110; Cont.
Faust, lib. XX, cap. XXI.
(a) Var. : Les bommes ont voulu qu'il y ait
trois dieux. — (b) Note marg. : O grâce mal conservée! ô foi
violée trop facilement!
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éternellement assujettis à ce premier Etre, auquel seul
nous rapportons tout notre culte comme au seul principe de tout notre bien et au
terme unique de tous nos désirs. Ne soyons donc pas de ceux qui pensent diminuer
la gloire de Dieu et de Jésus-Christ, quand ils prennent de hauts sentiments de
la sainte Vierge et des Saints.
Telle est la vaine appréhension
des ennemis de l'Eglise. Mais certes, c'est attribuer à Dieu une faiblesse
déplorable que de le rendre jaloux de ses propres dons et des lumières qu'il
répand sur ses créatures. Car que sont les saints et la Sainte Vierge, que
l'ouvrage de sa main et de sa grâce? Si le soleil était animé, il n'aurait point
de jalousie en voyant « la lune qui préside à la nuit, » comme dit Moïse (1),
par une lumière si claire , parce que toute sa clarté dérive de lui, et que
c'est lui-même qui nous luit et qui nous éclaire par la réflexion de ses rayons.
Quelque haute perfection que nous reconnaissions en Marie, Jésus-Christ
pourrait-il en être jaloux, puisque c'est de lui qu'elle est découlée, et que
c'est à sa seule gloire qu'elle se rapporte? C'est une erreur misérable. Mais
ils sont beaucoup plus dignes de compassion, lorsqu'ils nous accusent
d'idolâtrie dans la pureté de notre culte, et qu'ils en accusent avec nous les
Ambroises, les Augustins et les Chrysostomes, dont ils confessent eux-mêmes, je
n'impose pas, que nous suivons la doctrine, la pratique et les exemples. Il ne
faut pas que des reproches si déraisonnables, qu'ils font avec tant d'aigreur à
l'Eglise catholique, nous aigrissent nous-mêmes contre eux ; mais qu'ils nous
fassent déplorer les excès où sont emportés les esprits opiniâtres et
contredisants, et nous inspirent par la charité un désir sincère de les ramener
et de les instruire.
Comme nous n'avons qu'un seul
Dieu, aussi n'avons-nous qu'un Médiateur universel, et c'est celui qui nous a
sauvés par son sang. Quelques philosophes païens estimaient que la nature divine
était inaccessible aux mortels ; qu'elle ne se mêlait pas immédiatement et par
elle-même dans les affaires humaines, où sa pureté, disaient-ils, se serait
souillée ; et que ne voulant pas que des créatures si faibles que nous pussent
aborder son trône, elle avait disposé des
1 Genes., I, 16.
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médiateurs entre elle et nous, qu'ils appelaient pour cela
des dieux mitoyens. Nous rejetons cette doctrine, puisque le Dieu que nous
servons nous a créés de sa propre main à son image et ressemblance. Nous croyons
qu'il nous avait faits dans notre première institution pour converser avec lui;
et si nous sommes exclus de sa bienheureuse présence et d'une si douce
communication, c'est parce que nous sommes devenus pécheurs. Le sang de
Jésus-Christ nous a réconciliés, et ce n'est qu'au nom de Jésus que nous pouvons
désormais approcher de Dieu. C'est en ce nom que nous prions pour nous-mêmes,
c'est en ce nom que nous prions pour tous les fidèles; et Dieu, qui aime la
charité et la concorde des frères, nous écoute favorablement les uns pour les
autres. Ainsi nous ne doutons pas que les Saints qui règnent avec Jésus-Christ,
ne soient des intercesseurs agréables, qui s'intéressent pour nous. Parce que
nous sommes chers à Dieu, tous ceux qui sont avec Dieu sont des nôtres; oui,
tous les Esprits bienheureux sont nos amis et nos frères, nous leur parlons avec
confiance ; et quoiqu'ils ne paraissent pas à nos yeux, notre foi nous les rend
présents; leur charité aussi en même temps nous les rend propices, et ils
concourent à tous les vœux que la piété nous inspire. Mais écoutez, chrétiens, «
une doctrine plus utile et plus excellente : » Adhuc excellentiorem viam
vobis demonstro (1).
Les idolâtres adoraient des
dieux coupables de mille crimes. On ne pouvait les honorer sans profanation (a),
parce qu'on ne pouvait les imiter sans honte. Mais voici la règle du
christianisme, que je vous prie de graver en votre mémoire. Le chrétien doit
imiter tout ce qu'il honore. Tout ce qui est l'objet de notre culte doit être le
modèle de notre vie (2).
Le Psalmiste, après avoir
témoigné son zèle contre les idoles muettes et insensibles que les païens
adoraient, conclut enfin en ces termes : « Puissent leur ressembler ceux qui les
servent et qui mettent en elles leur confiance (b) : » Similes eis
fiant qui faciunt ea (4). Il voulait dire, Messieurs, que l'homme se doit
1 I Cor., XII, 31.— 2
August., De Civ. Dei, lib. VIII, cap. XVII.— 4 Psal. CXIII, 16.
(a) Var. : Sans sacrilège. — (b) Que ceux qui
les adorent leur soient semblables; — que ceux qui les servent et qui mettent en
elles leur confiance, dit-il, leur soient semblables !
53
conformer à ce qu'il adore, et ainsi que les adorateurs des
idoles méritent de devenir sourds et aveugles comme elles. Mais nous qui adorons
un Dieu vivant, nous devons être vivants comme lui d'une véritable vie. Il faut
que « nous soyons saints, parce que le Dieu que nous servons est saint (1). » Il
faut que « nous soyons miséricordieux , parce que notre Père céleste est
miséricordieux (2) ; » et « que nous pardonnions comme il nous pardonne (3). » (a)
Il faut que « nous soyons des adorateurs spirituels et que nous adorions en
esprit, parce que Dieu est Esprit (4). » Enfin « nous devons nous rendre
parfaits, dit le Fils de Dieu, parce que celui que nous adorons est parfait (5).
»
Quand nous célébrons les Saints,
est-ce pour augmenter leur gloire ? Ils sont pleins, ils sont comblés : c'est
pour nous inciter à les suivre. Ainsi à proportion, quand nous les honorons pour
l'amour de Dieu, nous nous engageons à les imiter. C'est le dessein de l'Eglise
dans les fêtes qu'elle célèbre à leur honneur ; et elle déclare son intention
par cette belle prière : « O Seigneur , donnez-nous la grâce d'imiter ce que
nous honorons (6). » « Autant de fêtes que nous célébrons, dit saint Basile de
Séleucie , autant de tableaux nous sont proposés pour nous servir de modèles. »
« Les solennités des martyrs, dit saint Augustin (7), sont des exhortations au
martyre. » « Les martyrs, dit le même Père (8), ne se portent pas volontiers à
prier pour nous, s'ils n'y reconnaissent quelques-unes de leurs vertus. » C'est
donc la tradition et la doctrine constante de l'Eglise catholique, que la partie
la plus essentielle de l'honneur des Saints, c'est de savoir profiter de leurs
bons exemples. En vain nous célébrons les martyrs, si nous ne tâchons de nous
conformer à leur patience, il faut être pénitent et mortifié comme les saints
confesseurs, quand on célèbre la solennité des saints confesseurs ; il faut être
humble, pudique et modeste comme les vierges, quand on honore les vierges, mais
surtout quand on honore la Vierge des vierges.
1 Levit., XI, 44. — 2 Luc.,
VI, 36. — 3 Matth., VI, 14. — 4 Joan., IV, 24. — 5 Matth.,
V, 48. — 6 Collect. in die S. Steph.— 7 Append., Serm., CCXXV, n.
1. — 8 Ibid., Serm. CCXCII, n. 1.
(a) Note marg. : Son soleil sur les bons et
sur les mauvais; nous, notre charité sur nos amis et sur nos ennemis.
54
Vous donc, ô enfants de Dieu, qui désirez être heureusement
adoptés par la Mère de notre Sauveur (a), soyez ses fidèles imitateurs ,
si vous voulez être ses dévots. Vous récitez tous les jours cet admirable
cantique que la sainte Vierge a commencé en ces termes : Magnificat (1) :
« Mon âme glorifie le Seigneur, et mon esprit est ravi de joie en Dieu mon
Sauveur. » Quand nous récitons son cantique, imitons sa piété, dit excellemment
saint Ambroise. « Que l’âme de Marie soit en nous tous pour glorifier le
Seigneur ; que l'esprit de Marie soit en nous pour nous réjouir en Dieu. » (b)
Nous admirons tous les jours cette pureté virginale qui l'a rendue si
heureusement féconde, qu'elle a conçu le Verbe de Dieu en ses entrailles. »
Sachez, dit le même Père, que toute âme chaste et pudique qui conserve sa pureté
et son innocence, conçoit la Sagesse éternelle en elle-même, et qu'elle est
remplie de Dieu et de sa grâce à l'imitation de Marie. » (c)
Souffrez, Mesdames, que je vous
propose comme le modèle de votre sexe celle qui en est la gloire. On aime à voir
les portraits et les caractères des personnes illustres. Qui me donnera des
traits assez délicats pour vous représenter aujourd'hui les grâces pudiques, les
chastes et immortelles beautés de la divine Marie? Les peintres hasardent tous
les jours des images de la sainte Vierge, qui ressemblent à leurs idées, et non
à elle. Le tableau que j'ai tracé aujourd'hui et que je vous invite, Messieurs,
et vous principalement, Mesdames, de copier dans votre vie, est tiré sur
l'Evangile ; et il est fait, si je l'ose dire , après le Saint-Esprit même. Mais
remarquez que cette Ecriture ne s'occupe pas à nous faire voir les hautes
communications de la sainte Vierge avec Dieu, mais les vertus ordinaires, afin
qu'elle puisse être un modèle d'un usage commun et familier. Donc le caractère
essentiel de la bienheureuse Vierge (d), c'est la modestie et la pudeur.
Elle ne songeait ni à se faire voir quoique belle, ni à se parer
1 Luc, I, 46, 47.
(a) Var. : Qui désirez être enfants de Marie.
— (b) Note marg. : Sit in singulis Maria anima, ut magnificet
Dominum; sit in singulis spiritus Maria, ut exultet in Deo (S. Ambr., lib.
II, n. 26, in Luc. Evang., cap. I). — (c) Omnis enim anima
concipit Dei Verbum, si tamen immaculata et immunis à vitiis, intemerato
castimoniam pudore custodiat ( Ibid.). — (d) Var. : De la
Vierge bienheureuse.
55
quoique jeune, ni à s'agrandir quoique noble , ni à
s'enrichir quoique pauvre. Dieu seul lui suffit et fait tout son bien. Combien
est-elle éloignée de celles dont on voit errer de tous côtés les regards hardis
(a), et qui se veulent aussi faire regarder par leurs mines et leurs
façons affectées ? Marie trouve ses délices dans sa retraite, et est si peu
accoutumée à la vue des hommes, qu'elle est même troublée à l'aspect d'un ange.
« Elle fut donc troublée, dit l'historien sacré (1), à la parole de l'ange, et
elle pensait en elle-même quelle pouvait être cette salutation. » Mais remarquez
ces paroles : Elle est troublée , et elle pense : elle est toujours sur ses
gardes, et la surprise n'étouffe pas (b) en son âme, mais plutôt elle y
éveille la réflexion. « Ainsi sont faites les âmes pudiques ; on les voit
toujours craintives, jamais assurées ; elles tremblent (c) où il n'y a
rien à appréhender, afin de trouver la sûreté dans le péril même : elles
soupçonnent partout des embûches, et craignent moins les injures que les
complaisances, moins ce qui choque que ce qui plaît, (d) moins ce qui
rebute que ce qui attire. »
Mais admirez qu'elle pense et
qu'elle ne parle pas. Elle n'engage pas la conversation, elle ne s'épanche pas
en discours et en questions curieuses (e). Où sont celles qui se piquent
de tirer le plus intime secret des cœurs, et de pénétrer ce qu'il y a de plus
caché (f) ? Qu'elles apprennent de Marie à être attentives , et non
inquiètes (g) ; à veiller au dedans, plutôt qu'à se répandre au dehors.
Elle parle toutefois quand la nécessité l'y oblige, quand le soin de sa chasteté
le demande (h). On lui propose d'être Mère du Fils du Très-Haut; quelle
femme ne serait point flattée (i) d'une fécondité si glorieuse? «
Comment, dit-elle, serai-je mère, si j'ai résolu d'être toujours vierge (2) ? »
Elle est prête à refuser des offres
1 Luc., I, 29.— 2 Ibid., 34.
(a) Var. : Avides. — (b) N'éteint pas.
— (c) Elles craignent. — (d) Note marg. : Solent virgines, quœ
verè virgines sunt, semper pavidœ et nunquam esse securœ; et ut caveant timenda,
etiam tuta pertimescere... Quidquid novum, quidquid subitum ortum fuerit,
suspectas habent insidias, totum contra se œstimant machinatum (S. Bern.,
super Missus est homil. III.) Tendent des pièges où elles sont prises. — (e)
Var. : Inutiles. — (f) Qui veulent tirer le secret des cœurs et
pénétrer le fond des âmes, — et pénétrer dans le fond de tous les secrets. — (g)
Et non curieuses. — (h) La presse. — (i) Touchée.
56
si précieuses (a) et si magnifiques que l'ange lui
fait de la part de Dieu. Elle n'est point flattée de cette gloire ; et plus
touchée de son devoir que de sa grandeur, elle commence à craindre pour sa
chasteté. O amour de la chasteté, qui n'est pas seulement au-dessus de toutes
les promesses des hommes, mais qui est pour ainsi dire à l'épreuve de toutes les
promesses de Dieu même ! L'ange lui explique le divin mystère et le secret inouï
de sa miraculeuse maternité. Elle parle une seconde fois pour céder à la volonté
divine : «Voici, dit-elle, la servante du Seigneur; qu'il me soit fait selon
votre parole (1). » Heureuse de n'avoir parlé que pour conserver sa virginité et
pour témoigner son obéissance ! Mais admirez sa modestie (b) : dans un
état de gloire qui surprend les hommes et les anges, elle ne se remplit pas
d'elle-même ni des pensées de sa grandeur ; renfermée dans sa bassesse profonde,
elle s'étonne que Dieu ait pu arrêter les yeux sur elle. « Il a, dit-elle,
regardé la bassesse de sa servante (2). » Bien loin de se regarder comme la
merveille du monde, auprès de qui chacun se doit empresser, elle va chercher
elle-même sa cousine sainte Elisabeth; et plus soigneuse de se réjouir des
avantages des autres que de considérer les siens, elle prend part aux grâces
dont le Ciel avait honoré la maison de sa parente. Elle célèbre avec elle les
miracles qui se sont accomplis en elle-même , parce qu'elle l'en trouve
instruite par le Saint-Esprit. Partout ailleurs elle écoute, et garde un humble
silence (c). « Elle conserve tout en son cœur (3). » Ainsi elle condamne
tous ceux qui ne se sentent pas plutôt le moindre avantage, qu'ils fatiguent
toutes les oreilles de ce qu'ils ont dit, de ce qu'ils ont fait, de ce qu'ils
ont mérité (d); elle fait voir à toute la terre, par son incomparable
modestie qu'on peut être grand sans éclat, qu'on peut être bienheureux sans
bruit, et qu'on peut trouver la vraie gloire sans le secours de la renommée dans
le simple témoignage de sa conscience.
Telle est, Messieurs, cette Vierge, dont je vous dis encore
une fois que vous ne serez jamais les dévots, si vous n'en êtes les
1 Luc, I, 38. — 2 Ibid.,
48. — 3 Luc, n, 19.
(a) Var. — Glorieuses. — (b) Son
humilité. — (c) Elle écoute, elle conserve tout eu son cœur, elle garde
un humble silence. — (d) De leurs faits et dits.
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imitateurs. Dressez aujourd'hui à son honneur une image
sainte. Soyez vous-mêmes son image. « Chacun, dit saint Grégoire de Nysse », est
le peintre et le sculpteur de sa vie. » Formez la vôtre sur la sainte Vierge, et
soyez de fidèles copies d'un si parfait original. Réglez donc votre conduite sur
ce beau modèle. Soyez humbles, soyez pudiques, soyez modestes ; méprisez les
vanités du monde (a) et toutes les modes ennemies de l'honnêteté. Que les
habits officieux envers la pudeur cachent fidèlement ce qu'elle ne doit pas
laisser paraître ; si vous plaisez moins , par là vous plairez à qui il faut
plaire. Que le visage, qui (b) doit seul être découvert, parce que c'est
là que reluit l'image de Dieu, ait encore sa couverture convenable, et comme un
voile divin par la simplicité et la modestie. Marie avouera que vous l'honorez,
quand vous imiterez ses vertus ; elle priera pour vous, quand vous serez
soigneuses de plaire à son Fils ; et vous plairez à son Fils, quand il vous
verra semblables à la Mère qu'il a choisie.
Jusqu'ici, chrétiens, j'ai tâché
de vous faire voir que la véritable dévotion pour la sainte Vierge et pour, les
Saints, c'est celle qui nous persuade de nous soumettre à Dieu à leur exemple,
et de chercher avec eux le bien véritable, c'est-à-dire notre salut éternel, par
la pratique des vertus chrétiennes, dont ils ont été un parfait modèle.
Maintenant il sera aisé de condamner par la règle que nous avons établie, toutes
les fausses dévotions qui déshonorent le christianisme (c). Et
premièrement, chrétiens, ce qui corrompt nos dévotions jusqu'à la racine , c'est
que bien loin de les rapporter à notre salut, nous prétendons les faire servir à
nos intérêts temporels. Démentez-moi, mes Frères, si je ne dis pas la vérité.
Qui s'avise de faire des vœux, et de demander du secours aux Saints contre ses
péchés et ses vices, leurs prières pour obtenir sa conversion ? Ces affaires
importantes qu'on recommande de tous côtés dans nos sacristies (d), ne
sont-elles pas des affaires du monde ? Et plût à Dieu du moins qu'elles fussent
justes ; et que si nous ne craignons pas de rendre Dieu et ses
1 De Perf. Christiani formà.
(a) Var. : Les pompes. — (b) Que les
habits soient faits pour couvrir, et non pour montrer le corps ; et que le
visage, qui... — (c) De condamner toutes les fausses dévotions par la
règle que nous avons établie. — (d) Dans les sacristies.
58
Saints les ministres et les partisans de nos intérêts, nous
appréhendions du moins de les faire complices de nos crimes ! Nous voyons régner
en nous sans inquiétude des passions qui nous tuent, et jamais nous ne prions
Dieu (a) qu'il nous en délivre. S'il nous arrive quelque maladie ou
quelque affaire fâcheuse dans notre famille, c'est alors que nous commençons à
faire des neuvaines à tous les autels et à tous les Saints, et à charger (b)
véritablement le ciel de nos vœux. Car est-il rien qui le fatigue davantage et
qui lui soit plus à charge que des vœux et des dévotions basses et intéressées?
Alors on commence à se souvenir qu'il y a des malheureux qui gémissent dans les
prisons, et des pauvres délaissés qui meurent de faim et de maladie dans quelque
coin ténébreux. Alors charitables par intérêt et pitoyables par force, nous
donnons peu à Dieu pour avoir beaucoup ; et très-contents de notre zèle, qui
n'est qu'un empressement pour nos intérêts, nous croyons que Dieu nous doit tout
jusqu'à des miracles, pour satisfaire aux désirs de notre amour-propre. O
Eternel, tels sont les adorateurs qui remplissent vos églises! Sainte Vierge,
Esprits bienheureux, tels sont ceux qui vous veulent faire leurs intercesseurs !
Ils vous chargent de la sollicitation de leurs affaires, ils prétendent vous
engager dans les intrigues qu'ils méditent pour élever leur fortune, et ils
veulent que vous oubliiez que vous avez méprisé le monde dans lequel ils vous
prient de les établir. O Jésus, telles sont les dispositions de ceux qui se
nomment vos disciples ! O que vous pourriez dire avec raison ce que vous disiez
autrefois (c) : « La foule m'accable : » Turbœ me comprimunt (1) !
Tous vous pressent, aucun ne vous touche ; cette troupe qui environne vos saints
tabernacles est une troupe de Juifs mercenaires , qui ne vous demande qu'une
terre grasse et des rivières coulantes de lait et de miel, c'est-à-dire des
biens temporels ; comme si nous étions encore dans les déserts de Sina et sur
les bords du Jourdain, et parmi les ombres de Moïse, et non dans les lumières et
sous l'Evangile de celui qui a prononcé que « son
1 Luc., VIII, 45.
(a) Var. — Sans jamais prier Dieu. — (b)
Et à fatiguer, (c) C'est salut Pierre et les autres disciples qui disent
à Jésus-Christ : Prœceptor, turbœ te comprimunt. (Edit. de Déforis.)
59
royaume n'est pas de ce monde : » Regnum meum non est de
hoc
mundo (1).
Je ne veux pas dire toutefois
qu’il nous soit défendu d'employer (a) les Saints pour nos besoins
temporels, puisque Jésus-Christ nous a enseigné de demander à son Père notre
nourriture, et que la sainte Vierge n'a pas dédaigné de représenter à son Fils
que le vin manquait dans les noces de Cana. Demandons donc avec confiance notre
pain de tous les jours (b) ; et entendons par ce mot, si vous le voulez,
non-seulement les nécessités, mais encore, puisque nous sommes si faibles, les
commodités temporelles; je n'y résiste pas : mais du moins n'oublions pas que
nous sommes chrétiens et que nous attendons une vie meilleure. Considérez en
quel rang est placée cette demande : elle est placée au milieu de l'Oraison
Dominicale, au milieu de sept demandes ; tout ce qui précède et tout ce qui suit
est spirituel (c). Devant, nous sanctifions le nom de Dieu, nous
souhaitons l'avènement de son règne, nous nous conformons à sa volonté. Après,
nous demandons humblement la rémission des péchés, la protection divine contre
le malin, et la délivrance du mal. Au milieu est un soin passager des nécessités
temporelles, qui est pour ainsi dire tout absorbé par les demandes de l'Esprit.
Encore ce pain de tous les jours que nous demandons, a-t-il une double
signification. Il signifie la nourriture des corps, et il signifie encore la
nourriture de l'âme, c'est-à-dire l'Eucharistie, qui est le pain véritable des
en fans de Dieu; tant Jésus a appréhendé que le soin de ce corps mortel et de
cette vie malheureuse ne nous occupât tout seul un moment, tant il a voulu nous
tenir toujours suspendus dans l'attente des biens futurs et de la vie éternelle.
Nous au contraire, nous venons prier quand les besoins humains nous en pressent.
A force de recommander à Dieu nos malheureuses affaires, l'effort que nous
faisons, pour l'engager avec tous ses Saints (d) dans nos intérêts, fait
que nous nous échauffons nous-mêmes dans l'attachement que nous y avons. Ainsi
nous sortons de la prière, non
1 Joan., XVIII, 36.
(a) Var. : Que nous ne puissions pas
employer. — (b) Notre pain quotidien.— (c) Elle est placée au milieu de
l'Oraison Dominicale, et devant et après tout est plein de dons spirituels. — (d)
Et ses Saints.
60
plus tranquilles ni plus résignés à la volonté de Dieu, ni
plus fervents pour sa sainte loi, mais plus ardents et plus échauffés pour les
choses de la terre. Aussi vous voit-on revenir, quand les affaires réussissent
mal, non avec ces plaintes respectueuses qu'une douleur soumise répand devant
Dieu pour les faire mourir à ses pieds, mais avec de secrets murmures et avec un
dégoût qui tient du dédain.
Chrétiens, vous vous oubliez; le
Dieu que vous priez est-il une idole dont vous prétendez faire ce que vous
voulez, et non le Dieu véritable qui doit faire de vous ce qu'il veut? Je sais
qu'il est écrit que « Dieu fait la volonté de ceux qui le craignent (1) ; » mais
il faut donc qu'ils le craignent et qu'ils se soumettent à lui dans le fond du
cœur. « L'oraison, dit saint Thomas, est une élévation de l'esprit à Dieu : »
Ascensio mentis in Deum (2). Par conséquent il est manifeste, conclut le
Docteur angélique, que celui-là ne prie pas, qui bien loin de s'élever à Dieu,
demande que Dieu s'abaisse à lui, et qui vient à l'oraison non point pour
exciter l'homme à vouloir ce que Dieu veut, mais seulement pour persuader à Dieu
de vouloir ce que veut l'homme. Qui pourrait supporter cette irrévérence? Aussi
nous, hommes charnels, nous avisons-nous d'un autre artifice : si nous n'osons
espérer de tourner Dieu à notre mode, nous croyons pouvoir fléchir plus
facilement la sainte Vierge et les Saints, et les faire venir à notre point à
force de les flatter par nos louanges ou à force de les fatiguer par nos prières
empressées. Ne croyez pas que j'exagère : nous traitons avec les Saints comme
avec des hommes ordinaires, que nous croyons gagner aisément par une certaine
ponctualité et par quelque assiduité de petits services; et nous ne considérons
pas que ce sont des hommes divins, « qui sont entrés, comme dit David (3), dans
les puissances du Seigneur, » dans les intérêts de sa gloire, dans les
sentiments de sa justice et de sa jalousie contre les pécheurs, aussi bien que
dans ceux de sa bonté et de sa miséricorde.
O Dieu! les hommes ingrats
abuseront-ils toujours des bienfaits divins, et les verrons-nous toujours si
aveugles que d'aigrir leurs maux par les remèdes? Car quelle est cette dévotion
pour la
1 Psal. CXLIV, 17. — 2 IIa II
Quaest. LXXXIII, art. 1, ad 2. — 3 Psal. LXX, 17.
61
sainte Vierge, que je vois pratiquée par les chrétiens? Ils
se font des lois, et ils les suivent ; ils s'imposent des obligations, et ils y
sont ponctuels. Cependant ils méprisent celles que Dieu leur impose, et violent
hardiment ses lois les plus saintes; dignes certes de cette terrible malédiction
que Dieu prononce par la bouche de son Prophète (1) : Malheur à vous « qui
cherchez dans vos dévotions, non ma volonté, mais la vôtre. C'est pourquoi, dit
le Seigneur, je déteste vos observances ; vos oraisons me font mal au cœur; j'ai
peine à les supporter : » Laboravi sustinens. En effet quelle religion !
Nous croyons avoir tout fait pour la sainte Vierge, quand nous avons élevé sa
gloire au-dessus de tous les chœurs des anges, et porté sa sainteté jusqu'au
moment de sa conception. Mes Frères, je loue votre zèle, et je sais que sa
dignité surpasse encore de bien loin toutes vos pensées. Mais si la tache
originelle vous fait tant d'horreur, que vous ne pouvez la souffrir en la sainte
Vierge, que ne combattez-vous en vous-mêmes l'avarice, l'ambition, la
sensualité, qui en sont les malheureux restes? Celui-là est inquiété, s'il n'a
pas dit son chapelet et ses autres prières réglées, ou s'il manque quelque
Ave Maria à la dizaine; je ne le blâme pas, à Dieu ne plaise! je loue dans
les exercices de piété une exactitude religieuse. Mais qui pourrait supporter
qu'il arrache tous les jours sans peine quatre ou cinq préceptes à l'observance
du saint Décalogue, et qu'il foule aux pieds sans scrupule les plus saints
devoirs du christianisme ? Etrange illusion, dont l'ennemi du genre humain nous
fascine! Il ne peut arracher du cœur de l'homme le principe de religion qu'il y
voit trop profondément gravé. Il lui donne, non son emploi légitime, mais un
dangereux amusement, afin que déçus par cette apparence, nous croyions avoir
satisfa.it par nos petits soins aux obligations sérieuses que la religion nous
impose. Détrompez-vous, chrétiens. Priez la sainte Vierge, je vous y exhorte.
Elle nous fortifiera dans les tentations; elle nous impétrera la chasteté qui
nous est si nécessaire ; elle nous obtiendra du vin pour notre banquet,
c'est-à-dire ou de la charité dans notre conduite, ou du courage parmi nos
langueurs. Mais écoutez comme elle parle dans les noces de
1 Isa., LVIII, 3; I, 13, 14.
62
Cana à ceux pour lesquels elle a tant prié : « Faites ce
que mon Fils vous ordonnera : » Quodcumque dixerit vobis, facite (1).
J'ai prié, j'ai intercédé; mais faites ce qu'il vous dira; c'est à cette
condition que vous verrez le miracle et l'efiet de mes prières. Ainsi je vous
dis, mes Frères, attendez tout de Marie, si vous êtes bien résolus de faire ce
que Jésus vous commandera ; c'est la loi qu'elle vous prescrit elle-même.
Mais vous me dites : Où me
poussez-vous? quitterai-je donc toutes mes prières, jusqu'à ce que j'aie résolu
de me convertir tout à fait à Dieu, et vivrai-je, en attendant, comme un
infidèle? — Non, mes Frères, à Dieu ne plaise ! Dites toujours vos prières ;
j'aime mieux vous voir pratiquer des dévotions imparfaites que de vous voir
mépriser toute dévotion, et oublier que vous êtes chrétiens. Le médecin, qui
vous traite d'une maladie dangereuse et habituelle, vous ordonne des remèdes
forts; mais il ordonne aussi des fomentations et d'autres remèdes des plus doux
(a). Vous pratiquez les derniers, et vous n'avez pas le courage de
souffrir les autres. Il vous avertit sagement que vous n'achèverez pas votre
guérison. Vous vous irritez contre lui ou plutôt contre vous-mêmes; et vous lui
dites que vous quitterez tout régime, et que vous laisserez à l'abandon votre
santé et votre vie (b). Et il vous répond : Ne le faites pas; prenez
toujours ces remèdes, qui du moins ne vous peuvent nuire et qui peut-être
soutiendront un peu la nature accablée. Mais à la fin vous périrez sans
ressource, si vous ne faites de plus grands efforts pour votre santé. Ainsi je
vous dis, mes Frères : pratiquez ces dévotions, faites ces prières; j'aime mieux
cela qu'un oubli total et de Dieu et de vous-mêmes. Mais ne vous appuyez pas sur
ces légères pratiques; elles empêchent peut-être un plus grand malheur,,
c'est-à-dire l'impiété toute déclarée, et le mépris tout manifeste de Dieu; et
c'est pour cela (c) qu'on vous les souffre; mais sachez qu'elles
n'avancent pas votre guérison et que si vous y mettez votre appui, elles en
seront bien plutôt un perpétuel obstacle. Car écoutez ce que le
1 Joan., II, 5.
(a) Var. : Plus bénins, (b) Note
marg. : Il ne s'aigrit pas contre vous, et il regarde votre chagrin comme
une suite fâcheuse ou plutôt comme une partie de votre mal. — (c) C'est
pourquoi.
63
Saint-Esprit a dit de vos œuvres et de vos dévotions
superstitieuses : « Ils ne cherchent pas la justice et ne jugent pas droitement.
Ils mettent leur confiance dans des choses de néant, et ils s'amusent à des
vanités. La toile qu'ils ont tissue est une toile d'araignée ; et pour cela, dit
le Seigneur, leur toile ne sera pas propre à les revêtir, et ils ne seront point
couverts de leurs œuvres. Car leurs œuvres sont des œuvres inutiles, et leurs
pensées sont des pensées vaines. Ils marchent dans un chemin de désolation et de
ruine (a). »
Telle est la juste sentence que
le Saint-Esprit a prononcée contre ceux qui mettent leur dévotion dans des
pratiques si minces, permettez-moi la liberté de ce mot, et qui négligent
cependant de faire des fruits dignes de pénitence selon le précepte de
l'Evangile. Leur piété superficielle ne sera pas capable de les couvrir ; leur
iniquité sera révélée, et leur pauvreté leur fera honte, lisseront jugés par
leur bouche, ces mauvais serviteurs; et les Saints qu'ils auront loués les
condamneront par leurs exemples. Voulez-vous donc être dévots à la sainte
Vierge, en sorte que cette dévotion vous soit profitable, soyez chastes, soyez
droits, soyez charitables ; faites justice à la veuve et à l'orphelin, protégez
l'oppressé, soulagez le pauvre et le misérable. En faisant des œuvres de
surabondance, gardez-vous bien d'oublier celles qui sont de nécessité.
Attachez-vous à la loi; suivez le précepte de Jésus-Christ : Quœcumque
dixerit facite : « Faites ce qu'il ordonne, » et vous obtiendrez ce qu'il
promet. Amen.
(a) Note marg. : Non est qui invocet justitiam,
nec qui judicet verè : confidunt in nihilo et loquuntur vanitates... Telas
araneae texuerunt... Telœ eorum non erunt in vestimentum, neque operientur
operibus suis; opéra eorum opera inutilia..... cogitationes eorum cogitationes
inutiles : vastitas et contritio in viis eorum. (Isai., LIX, 4, 6, 7.)
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