Nativ. Marie précis
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Unité de l'Eglise

 

PRÉCIS D'UN SERMON
POUR
LA FÊTE DE LA NATIVITÉ DE LA SAINTE VIERGE (a).

 

Parmi tant de solennités par lesquelles la sainte Eglise rend hommage à la dignité de la très-heureuse Marie, les deux principales de toutes sont sa Nativité bienheureuse et son Assomption triomphante. La première la donne à la terre ; la seconde la donne

 

(a) Appartenant à la grande époque. Reproduit d'après la première édition; seulement on a supprimé les nombreux commentaires de Déforis, et plusieurs traductions qui sortent évidemment de sa plume.

 

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au ciel. C'est pourquoi nous honorons ces deux jours d'une dévotion particulière ; et l'estime que nous faisons d'un si grand présent, nous oblige à nous réjouir, soit que le ciel la donne à la terre, soit que la terre la rende au ciel. Mais ce dernier jour, ce jour de triomphe est plutôt la fête des anges, et la sainte Nativité est la fête des hommes : et quoique la société bienheureuse qui unit l'Eglise, qui voyage en terre, avec les citoyens immortels de la céleste Jérusalem..., néanmoins nous devons, ce semble, sentir plus de joie de la Nativité de Marie, puisque c'est véritablement notre fête. Célébrons donc... et implorons... Ave.

 

Encore que les hommes enflés par la vanité, tâchent de se séparer les uns des autres, il ne laisse pas d'être véritable que la nature les a faits égaux, en les formant tous d'une même boue. Quelque inégalité qu'il paroisse entre les conditions, il ne peut pas y avoir grande différence entre de la boue et de la boue, entre pourriture et pourriture, mortalité et mortalité. Les hommes combattent autant qu'ils peuvent cette égalité et tachent d'emporter le dessus et la préséance par les honneurs, par les charges, par les richesses ou par le crédit; et ces choses ont acquis tant d'estime parmi les hommes, qu'elles leur font oublier cette égalité naturelle de leur commune mortalité, et font qu'ils regardent les hommes leurs semblables comme s'ils étaient d'un autre ordre inférieur au leur. Mais la nature, pour conserver ses droits et pour dompter l'arrogance humaine, a voulu imprimer deux marques par lesquelles tous les hommes fussent contraints de reconnaître leur égalité ; l'une en la naissance et l'autre en la mort, l'une au berceau et l'autre au sépulcre, l'une au commencement et l'autre à la fin : afin que l'homme, soit qu'il regarde devant, soit qu'il se retourne en arrière, voie toujours de quoi modérer son ambition par ces marques de sa faiblesse et de son néant, et que cette infirmité du commencement et de la fin rendît le milieu plus modéré et plus équitable. Nudus egressus sum de utero matris meœ, et nudus revertar illùc (1). »

 

1 Job.,1, 21.

 

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C'est pourquoi l'Ecriture nous compare à des eaux coulantes : Omnes quasi aqua dilabimur in terram (1). Comme les fleuves, quelque inégalité qu'il y ait dans leur course, sont en cela tous égaux qu'ils viennent tous d'une source petite, de quelque rocher ou de quelque motte déterre, et qu'ils perdent enfin tous leur nom et leurs eaux dans l'Océan ; là on ne distingue plus ni le Rhin ni le Danube d'avec les plus petites rivières et les plus inconnues : ainsi les hommes commencent de même ; et après avoir achevé leur course, après avoir fait comme des fleuves un peu plus de bruit les uns que les autres, ils se vont tous enfin perdre et confondre dans ce gouffre infini de la mort ou du néant, où l'on ne trouve plus ni César, ni Alexandre, ni tous ces augustes noms qui nous séparent, mais la corruption et les vers, la cendre et la pourriture qui nous égalent.

Impossibilité à la nature de se discerner dans la vie et dans la mort. La seule puissance de Dieu le peut faire, comme Maître de la nature; il l'a fait pour Marie: en sa mort par amour, conservant son corps ; en sa naissance par les avantages qui nous y paraissent, et que j'ai à vous expliquer.

Deux choses discernent les hommes : le bien qu'ils reçoivent, et le bien qu'ils font; le premier honore leur abondance, le second leur libéralité. Reconnaissons donc la naissance de la sainte Vierge miraculeusement discernée des autres, par les biens qu'elle y a reçus et par ceux qu'elle nous apporte.

 

PREMIER POINT.

 

Comme l'homme est composé de deux parties, il y a aussi deux sources générales de tous les biens qu'il peut recevoir en sa naissance : l'une, ce sont les parents ; et l'autre, c'est Dieu. Car nous ne recevons que nos corps par le ministère de nos parents ; mais l’âme est d'un ordre supérieur, et elle a cet avantage, qu'aucune cause naturelle ne la peut produire. Elle demande les mains de Dieu, et ne souffre pas un autre ouvrier : si bien que les causes secondes ne font que préparer la demeure à cette âme d'une origine céleste ; et après qu'elles ont disposé cette boue du corps,

 

1 II Reg., XIV, 14.

 

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Dieu inspire le souffle de vie, c'est-à-dire l’âme faite à son image pour conduire et pour animer cette masse : de là donc ces deux sources. Voyons ce que Marie tire de l'une et de l'autre.

Pour cela il faut entendre avant toutes choses quels étaient les parents de Marie. Pieux, chastes, charitables, vivant sans reproche dans la voie de Dieu. Il semble que cette sainteté s'arrête en ceux qui la possèdent, et qu'elle ne coule pas en leurs descendants : néanmoins il faut avouer que ce leur est un grand avantage. Saint Paul dit que « les enfants des fidèles sont saints (1), parce que, comme dit Tertullien, ils sont destinés à la sainteté, et par là au salut ; » Quia sanctitati designati ac per hoc etiam saluti (2). Dieu favorise les enfants à cause des pères : Salomon à cause de David, les Israélites à cause d'Abraham, Isaac et Jacob. C'est un grand avantage d'être consacré à Dieu, en naissant, par des mains saintes et innocentes. Mais il y a quelque chose de singulier en la nativité de Marie. Car elle est la fille des prières de ses parents : l'union spirituelle de leurs âmes a impétré la bénédiction que Dieu a donnée à la chaste union de leur mariage ; et il était juste que Marie fût un fruit non tant de la nature que de la grâce, qu'elle vînt plutôt du ciel que de la terre et plutôt de Dieu que des hommes. Mais cela peut être commun à Marie avec beaucoup d'autres; Samuel, saint Jean-Baptiste, etc. : à Samuel, Anne seule pria ; à saint Jean-Baptiste, Zacharie fut incrédule ; à Isaac, Sara se prit à rire. Ici concours des deux parents ; Marie commence à les sanctifier et à les unir dans la charité.

Que dirons-nous donc de particulier? Elle tire de ses parents cette noblesse ancienne, qui la fait descendre des rois et des patriarches. La noblesse semble être un bien naturel, parce que nous l'apportons en naissant, non pas comme les richesses : il est de la nature de ceux qui sont plus précieux et plus estimés, en ce qu'on ne les peut acquérir. C'est le seul des avantages humains que le Fils de Dieu n'a pas voulu dédaigner, et c'est là ce qui la relève : car la noblesse dans les autres hommes n'est ordinairement qu'un titre inutile, qui ne sert de rien à ceux qui le portent, mais qui marque seulement la vertu de leurs ancêtres. Mais elle

 

1 I Cor., VII, 14. — 2 De Anim., n. 39.

 

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était nécessaire au Fils de Dieu, pour accomplir le mystère pour lequel il est envoyé du Père. Il fallait qu'il vînt des patriarches comme leur héritier, pour accomplir les promesses qui leur avaient été faites. Il fallait qu'il vînt des rois de Juda, afin de rendre à David la perpétuité de son trône, que tant d'oracles lui avaient promise. L'alliance sacerdotale, parce qu'il devait être grand-prêtre.

La noblesse de Jésus vient de Marie ; mais Marie a cela de commun avec beaucoup d'autres, et nous tâchons de la distinguer. Elle a en elle le sang des rois et des patriarches avec une dignité particulière, parce qu'elle l'a pour le verser immédiatement en la personne de Jésus-Christ, et pour l'unir à celui pour lequel il a été tant de fois consacré et conservé entier et incorruptible parmi tant de désolations et une si longue suite d'années. De même que dans une fontaine tous les tuyaux contiennent la même eau; mais le dernier par lequel elle rejaillit la contient, ce semble, d'une manière plus noble, parce qu'il la contient pour la jeter bien haut au milieu des airs et pour la verser dans le bassin de marbre ou de porphyre qu'on lui a richement orné et préparé avec tant de soin : ainsi ce sang des rois et des patriarches se rencontre dans la sainte Vierge comme dans le sacré canal d'où il doit rejaillir plus haut même que sa source, puisqu'il doit être uni à Dieu même, par où il doit être reçu en la personne du Fils de Dieu comme dans un bassin sacré, où il doit recevoir sa dernière perfection ; où étant consacré et purifié, il répandra sa pureté et sa noblesse par toute la terre et dans toute la race des enfants d'Adam : noblesse divine et spirituelle, qui au lieu d'être les enfants des hommes, nous fera devenir les enfants de Dieu.

Les biens qui viennent à Marie de la seconde source, qui est Dieu, sont l'avantage de la sanctification, qui lui est commun avec saint Jean-Baptiste, mais qui lui est aussi personnel en ce que cette grâce est plus parfaite en elle que dans saint Jean : grâce singulière pour Marie, comme en Jésus la grâce de Chef, à cause de sa qualité singulière. La grâce de l'apostolat, la grâce de précurseur, celle de prophète. Les caractères particuliers de la grâce de Mère de Dieu ; de quelle dignité, par

 

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l'union très-particulière. Le mystère de l'incarnation, grâce inexplicable.

 

SECOND  POINT.

 

Les avantages que Marie nous apporte sont l'espérance de voir bientôt Jésus-Christ, et de plus l'espérance particulière d'obtenir par l'intercession de cette Mère très-charitable de Jésus-Christ et de ses enfants.

Une nuit épouvantable avant la venue du Sauveur des âmes. Nox prœcessit, dies autem appropinquavit (1). Aussi l'état de l'Evangile est-il comparé à la lumière : Ut filii lucis ambulate (2). Jusque-là on ne rencontroit de toutes parts que des ténèbres : ténèbres d'ignorance et d'infidélité parmi les gentils; ténèbres de figures, ombres épaisses parmi les Juifs : on ne connaissait pas la vie ni la félicité éternelle. Jésus était la voie pour nous y conduire. La nuit, sans repos, parce que le repos ne se trouve qu'en Jésus-Christ : Et ego reficiam vos (3). De là vient que , comme des malades à qui la nuit ne donne pas le repos et dont elle accroît le chagrin, les hommes s'écriaient : O si vous vouliez ouvrir les cieux et en descendre ! Utinàm dirumperes cœlos et descenderes (4) ! O lumière, quand vous verrons-nous, et quand viendrez-vous dissiper toutes ces ombres qui nous environnent ?

Marie vient pour nous apporter un commencement de lumière : ce n'est pas encore le jour; mais le jour sortira de son chaste sein. Nous ne voyons pas encore Jésus-Christ; mais nous voyons déjà en Marie ces grâces, ces vertus et ces dons qui le doivent attirer au monde. C'est le premier rayon qui commence à poindre, c'est le premier commencement du jour chrétien en la naissance de la sainte Vierge : Sicut in die, honestè ambulemus (5). Bientôt, bientôt ce divin Soleil s'avancera à pas de géant, comme parle le divin Psalmiste, pour fournir sa carrière : Exultavit ut gigas ad currendam viam (6) ; et sortant comme de son lit du sein virginal de Marie, il portera sa lumière et sa chaleur du levant jusqu'au couchant.

 

1 Rom., XIII, 12. — 2 Ephes., V, 8. — 3 Matth., XI, 28. — 4 Isa., LXIV, 1. — 5 Rom., XIII, 13. — 6 Psal. XVIII, 6.

 

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Mais la bienheureuse Marie vient encore nous luire à propos contre l'obscurité du péché. Un homme et une femme nous avaient précipités dans le péché et dans la mort éternelle : Dieu veut que nous soyons délivrés; et pour cela il destine une nouvelle Eve, aussi bien qu'un nouvel Adam, afin que les deux sexes... Réjouissons-nous donc, chrétiens; nous voyons déjà paraître au monde la moitié de notre espérance, la nouvelle Eve : il viendra bientôt ce nouvel Adam, pour accomplir avec Marie la chaste et divine génération des enfants de la nouvelle alliance.

Le caractère de la grâce maternelle est inexplicable : il commence dès la nativité de Marie. Le Fils éternel de Dieu n'eut pas plutôt vu au sein de son Père celle d'où il devait prendre sa chair, qu'aussitôt il envoie son divin Esprit pour prendre possession de ce divin temple qui lui est préparé dès l'éternité, pour le consacrer de ses grâces, pour le rendre digne de lui dès ce premier moment. Il est à croire que les cieux s'ouvrirent et que les anges coururent en foule pour honorer cette sainte Vierge, qui était choisie pour être leur Reine, et dont ils reconnurent la grandeur future par un caractère de gloire qui leur marquait la faveur de Dieu. L'ange qui fut destiné pour sa conduite fut envoyé avec des ordres tout singuliers : quelques-uns veulent qu'il ait été d'un ordre supérieur. Mais n'entrons point dans ce secret; accourons seulement pour honorer. Ici deux écueils sont à éviter, l'impiété et la superstition.

Je sais bien, sainte Vierge, que votre grandeur n'a point empêché les bouches sacrilèges des hérétiques de s'élever contre vous. Après avoir déchiré les entrailles de l'Eglise qui était leur mère, ils se sont attaqués à la Mère de leur Rédempteur ; ils ont bien osé blasphémer contre lui, en niant votre perpétuelle virginité : et à présent que nous sommes assemblés pour admirer en vous les merveilles du Créateur, ils qualifient nos dévotions du titre d'idolâtrie : comme si vous étiez une idole sourde à nos vœux, ou si c'était mépriser la Divinité que de vous prier de nous la rendre propice par vos intercessions, ou bien si votre Fils se tenait déshonoré des soumissions que nous vous rendons à cause de lui. Mais quoi que l'enfer puisse entreprendre, nous ne cesserons

 

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jamais de célébrer vos louanges; et toutes les fois que la suite des années nous ramènera vos saintes solennités, l'Eglise catholique répandue par toute la terre s'assemblera dans les temples du Très-Haut, pour vous offrir en unité d'esprit les respects de tous les fidèles. Toujours nous vous sentirons propice à nos vœux ; et quelque part du ciel où vous puissiez être élevée par-dessus tous les chœurs des anges, nos prières pénétreront jusqu'à vous, non point par la force des cris, mais par l'ardeur de la charité.

C'est à quoi je vous exhorte, peuples chrétiens : élevons d'un commun accord nos cœurs et nos voix pour lui chanter un cantique de louanges. C'est vous qui êtes le refuge des pécheurs et la consolation des affligés. Lorsque Dieu touché des misères du genre humain, envoya son Fils au monde, ce fut dans vos entrailles qu'il opéra cet ouvrage incompréhensible. Il donna Jésus-Christ aux hommes par votre moyen, mais s'il le leur donna comme Maître et comme Sauveur, l'amour éternel qu'il avait pour vous, lui fit concevoir bien d'autres desseins en votre faveur. Il a ordonné qu'il fût à vous en la même qualité qu'il lui appartient, que vous engendrassiez dans le temps celui qu'il engendre continuellement dans l'éternité : et pour contracter avec vous une alliance immortelle, il a voulu que vous fussiez la Mère de son Fils unique et être le Père du vôtre. O prodige ! ô abîme de charité! qui nous donnera des conceptions assez hautes pour représenter quelles amours, quelles complaisances il a eues pour vous, depuis que vous lui touchez de si près par ce nœud inviolable de votre sainte alliance, par ce commun Fils, le gage de vos affections mutuelles, que vous vous êtes donnés amoureusement l'un à l'autre : lui, plein d'une divinité impassible ; vous, revêtue pour lui obéir d'une chair mortelle. C'est vous que le Saint-Esprit a remplie d'un germe céleste par de chastes embrassements ; et se coulant d'une manière ineffable sur votre corps virginal, il y forma celui qui était l'espérance d'Israël et l'attente des nations ; qui étant entré dans vos entrailles comme une douce rosée, en sortit comme une fleur de sa tige, ou comme un jeune arbrisseau d'une terre vierge, sans laisser de façon ni d'autre de vestige de son passage, pour accomplir ainsi cette prophétie de David : « Il descendra comme une

 

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pluie et comme la rosée qui dégouttera sur la terre (1) ; » et cette autre d'Isaïe : « Il s'élèvera comme une fleur et comme une racine d'une terre desséchée (2). »

Ainsi le Verbe divin voulant racheter les hommes, emprunta de vous de quoi payer la justice de son Père; et ne voyant point au monde de source plus belle, il puisa dans vos chastes flancs ce sang qui a lavé nos iniquités. C'est vous qui nous l'avez conservé dans sa tendre enfance : vous avez gouverné celui dont la sagesse administre tout l'univers ; et lorsqu'il fut arrivé à sa dernière heure, la Providence vous amena au pied de sa croix pour participer de plus près à ce sacrifice. Ce fut là que le voyant déchiré de plaies, étendant ses bras à un peuple incrédule, pleurant et gémissant pour nous comme une pauvre victime ; et d'autre part levant au ciel ses mains innocentes, priant avec ardeur et surmontant par ses cris la colère de son Père, ainsi que le prêtre, vous sentîtes émouvoir vos compassions maternelles ;   et lui aussitôt, pour consoler vos douleurs, vous laisse en la personne de son cher disciple ses fidèles pour enfants.

O Vierge incomparable, secourez l'Eglise catholique, qui vous loue avec tant de sincérité, et abattez le pouvoir de ses ennemis. Nous ne vous demandons pas que vous armiez contre eux la colère du Tout-Puissant : non; l'Eglise ne peut avoir des sentiments si cruels. Apaisez plutôt sur eux l'ire formidable de Dieu, de peur qu'il ne venge ses temples profanés et la fureur qui leur a fait abolir, partout où ils ont passé, les marques de la piété de nos ancêtres; mais encore plus la perte de tant d'ames, qu'ils ont arrachées à l'Eglise dans son propre sein. Ah ! Vierge sainte, priez Dieu qu'il touche leurs cœurs ; que sa grâce surmonte la dureté de ceux que leur orgueil et leurs intérêts ont abandonnés au sens réprouvé ; qu'elle éclaire les simples et les ignorants, qui ont été séduits par le beau prétexte d'une feinte réformation : afin que les forces du christianisme étant réunies, nous réformions ensemble nos mœurs selon l'Evangile, et allions faire adorer par toute la terre Jésus-Christ crucifié, par qui, et en qui, et avec qui nous espérons régner éternellement dans le ciel, où nous conduise, etc.

 

1 Psal. LXXI, 6. — 2 Isa., LIII, 2.

 

 

 

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