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ŒUVRES DE SAINT AUGUSTIN

ŒUVRES POLÉMIQUES

 

CHANT POPULAIRE. Contre la secte des Donatistes.

Traduction de M. l'abbé BURLERAUX.

 

Vous tous qui goûtez les douceurs de la paix, ouvrez enfin les yeux à la lumière de la vérité !

D'ordinaire la multitude des péchés jette le trouble dans le coeur de nos frères.

C'est pour nous rassurer contre ce scandale que le Seigneur a prononcé cette belle parabole,

Dans laquelle il compare le royaume des cieux à un filet lancé dans les eaux de la mer.

Il enveloppe dans ses plis une multitude de poissons de tout genre et de toute grandeur. Les pêcheurs le traînent sur le rivage, et séparent les poissons.

Les bons sont placés dans des vases, les mauvais, rejetés à la mer.

Tout homme qui comprend cette parabole, en est saisi de crainte.

Le filet est pour lui la figure de l'Église, et la mer, celle du monde que nous habitons.

Les poissons se présentent d'abord mêlés et confondus, comme ici-bas les justes sont confondus avec les pécheurs.

Vienne le rivage, c'est-à-dire la fin du monde, c'est l'heure solennelle de la séparation.

Les filets se rompent, parce que la mer a pour les poissons des attraits trop puissants.

Les vases figurent les trônes où siègent les saints, sur lesquels les méchants ne pourront jamais s'asseoir (1).

Vous tous qui goûtez les douceurs de la paix, ouvrez enfin les yeux à la lumière de la vérité !

L'auditeur pieux me demande peut-être par qui le filet a été rompu?

Par ces hommes gonflés d'orgueil qui se décernent à eux-mêmes le titre de justes. Voilà pourquoi ils ont fait schisme et dressé autel contre autel.

En faisant de la tradition des manuscrits leur cri de guerre, ils se sont livrés au démon.

Et ils veulent faire retomber sur d'autres le crime qu'ils ont eux-mêmes commis.

 

Matt. XIII, 47-50.

 

2

 

Ce sont eux qui ont livré les saints livres, et ils osent nous accuser de ce sacrilège. Voulaient-ils donc, à leur premier crime, en ajouter un plus grand encore?

Peut-être chercheront-ils dans la crainte une excuse à leur trahison;

Peut-être allègueront-ils que Pierre a renié son Maître sous le coup des terreurs de la mort !

Mais comment donc s'excuseront-ils d'avoir érigé autel contre autel?

Comment s'excuseront-ils de briser la paix de Jésus-Christ, pour placer dans l'homme toute leur espérance?

Ce que la persécution n'avait pas fait, ils l'ont eux-mêmes réalisé pendant la paix. Vous tous qui goûtez les douceurs de la paix, ouvrez enfin les yeux à la lumière de la vérité !

 

Dieu tout-puissant, notre égide assurée, vous pouvez seul nous délivrer

De ces faux prophètes qui cherchent à nous dévorer.

Sous la peau de brebis ils cachent le coeur du loup rapace.

Ils poursuivent sans relâche ceux qui s'attachent à la connaissance de vos Ecritures.

Ils croient à la parole des traîtres, et ils ignorent ce qui s'est fait avant eux.

Si je leur demande des preuves, ils ne savent plus que répondre.

Ils disent qu'ils ont foi à la parole de leurs pères, et moi j'affirme que ce sont des menteurs.

Nous aussi nous croyons à nos ancêtres quand ils nous disent que les Donatistes ont livré les Ecritures.

Voulez-vous savoir quels sont ceux qui mentent? Ce sont ceux qui ne sont plus dans l'unité.

La cause est jugée depuis longtemps, c'est-à-dire depuis le jour où vous n'êtes plus dans la paix de l'unité.

Vous tous qui goûtez les douceurs de la paix, ouvrez enfin les yeux à la lumière de la vérité !

Nous avons les témoignages de nos ancêtres, tels qu'ils les ont consignés dans leurs livres.

Les faits se sont passés sous leurs yeux, ils ont pu les connaître et nous en laisser des preuves.

Ceux qui ont livré les saints livres de la loi,

Ce sont des évêques de Numidie, et non de simples fidèles.     .

Ils étaient venus pour ordonner un évêque de Carthage;

Mais ils trouvèrent Cécilianus déjà ordonné et en possession de son siège.

Toute ordination leur devenait impossible; et de là leur colère.

Parmi les ennemis déclarés de Cécilianus on comptait Botrus et Célestius,

Des impies, des furieux, des orgueilleux, dont il serait trop long d'énumérer les crimes. Tous se sont ligués pour accuser Cécilianus.

Ils soutiennent que celui qui l'a ordonné avait livré les livres saints.

Et pour cette raison ils ont rompu les filets de la paix, et maintenant ils errent à l'aventure dans le sein de la mer.

Vous tous qui goûtez les douceurs de la paix, ouvrez enfin les yeux à la lumière de la vérité !

« Qu'il est bon, qu'il est agréable pour des frères d'habiter sous un même toit (1) ». Ecoutez la voix du Prophète et rentrez dans l'unité.

A-t-on jamais pu nous prouver ce crime de trahison dont on nous accuse depuis si longtemps?

A quel tribunal avons-nous été appelés? Quels furent les juges désignés pour rendre la sentence?

Quels furent les témoins qui devaient nous confondre? Qui d'entre eux a osé déposer?

            Je le dis sans hésiter, le crime dont ils se sentaient coupables, ils l'ont volontiers attribué à d'autres.

Pour mieux accréditer leur calomnie, ne pouvaient-ils pas invoquer la renommée qui parlait de la tradition des livres sacrés?

Quant aux coupables, ils se cachaient sous ce cri de réprobation.

Pour mieux se déguiser, ils n'ont pas craint d'accuser des innocents.

Il n'en fallut pas davantage pour tromper les autres chefs de la secte ;

Car ils se fussent reproché comme un crime de ne pas croire à la parole de leurs collègues.

Frères, dissipons cette erreur, et soyons unis.

 

1. Ps. CXXXIII, 1.

 

3

 

Vous tous qui goûtez les douceurs de la paix, ouvrez enfin les yeux à la lumière de la vérité !

 

Plongés dans leur aveuglement, ils ont fait ce qu'ils ont voulu.

Des juges, il n'y en eut point; encore moins confièrent-ils cette mission à des prêtres que l'on convoque toujours dans des affaires de cette importance.

On n'entendit sur la question ni accusateur ni accusé;

Ni témoins, ni preuves à l'aide desquels on pût constater le crime.

Mais l'erreur y était avec tous les excès qu'elle produit, la fureur, la ruse et le tumulte.

Qu'ils produisent sous nos yeux les Actes dans lesquels tout concile enregistre ses débats et ses conclusions;

Et nous verrons ce qui a pu les mettre en demeure d'ériger autel contre autel.

Si Cécilianus était un prêtre criminel, on devait d'abord le déposer;

Si la déposition n'était pas possible, on devait le tolérer dans l'intérieur du filet.

Ne tolérez-vous pas aujourd'hui dans vos rangs une multitude de prêtres dont la perversité est manifeste?

Vous les tolérez pour attiser sans cesse vos fureurs, et vous ne pouvez tolérer un coupable pour conserver la paix !

Vous tous qui goûtez les douceurs de la paix, ouvrez enfin les yeux à la lumière de la vérité !

Grande serait aujourd'hui notre joie, si alors vous aviez reculé devant le spectre de l'erreur.

Mais supposons qu'alors la vérité ne vous soit point apparue; aujourd'hui qu'on la déroule devant vous, ouvrez les yeux et voyez.

Vous comptez dans vos rangs un grand nombre de pécheurs dont la présence vous déplaît;

Et cependant vous ne les rejetez pas de votre communion.

Je ne parle pas de ces péchés, que vous pourriez nier;

Je parle de ces violences que vos adeptes commettent en plein jour, des coups qu'ils portent, des incendies qu'ils allument, et du sang qu'ils versent.

Et cependant vous les tolérez, soit par erreur, soit par crainte.

Convenez donc que par respect pour l'unité, vos pères pouvaient bien tolérer un seul coupable ;

Si le tumulte populaire était tel qu'il leur fût impossible de punir le coupable par la dégradation.

J'ajoute que Cécilianus était innocent, et qu'ils n'ont jamais pu prouver sa culpabilité.

Mais il n'eût pas été prudent d'examiner de trop près le crime dont ils se sentaient coupables ;

Le mieux était pour eux de se décerner un brevet de parfaite justice, afin de jeter la perturbation dans tous les esprits.

Vous tous qui goûtez les douceurs de la paix, ouvrez enfin les yeux à la lumière de la vérité !

 

Celui qui cherche de vains honneurs, renonce par là même à régner avec Jésus-Christ. Il imite le chef de cette secte dont ils sont les malheureuses victimes.

Donat voulait soumettre à ses lois l'Afrique tout entière.

C'est alors qu'il demanda à l'empereur des juges d'outre-mer.

Une demande aussi injuste ne pouvait être inspirée par la charité.

C'est ce qu'atteste hautement la vérité dont je veux vous faire sentir l'évidence.

L'empereur consentit et envoya, pour siéger à Rome,

Des prêtres qui pouvaient alors entendre Cécilianus et Donat.

La plainte fut entendue, mais elle ne parut appuyée sur aucune preuve; Donat eut l'audace d'en appeler;

Et après.avoir plaidé devant ses collègues, il voulut porter sa cause devant l'empereur lui-même.

Il est évident qu'une telle demande n'était pas inspirée par la charité.

Enfin, se voyant confondu devant tous les tribunaux, il prit le parti de réitérer le baptême aux chrétiens.

Vous tous qui goûtez les douceurs de la paix, ouvrez enfin les yeux à la lumière de la vérité !

Si vous voulez être justes, embrassez d'un regard la cause tout entière.

Ce qu'il a fait depuis, pourquoi ne pas l'avoir fait auparavant?

4

 

Sur toute l'Afrique l'opposition régnait entre les prêtres;

C'était des prêtres d'outre-mer qui pouvaient se prononcer.

Pourquoi donc courez-vous au schisme? pourquoi ériger autel contre autel?

Vous rejetez la sentence qui fut rendue par la suite;

Vous vous croyez obligés d'en appeler du jugement rendu par vos propres juges.

N'est-ce pas vouloir user de tous les moyens possibles pour affermir l'empire de l'erreur?

Et maintenant tous ces faits vous sont entièrement inconnus, ou du moins vous feignez de les ignorer.

Et quand vous vous voyez confondus par l'évidence de la vérité, vous dites que vos pères se sont trompés

Est-ce donc que quelqu'un vous empêche aujourd'hui de sortir de l'erreur?

Je le sais, l'orgueil vous a enchaînés à la chaire de pestilence.

Vous tous qui goûtez les douceurs de la paix, ouvrez enfin les yeux à la lumière de la vérité !

Celui qui a la charité de Jésus-Christ ne saurait haïr la paix.

Peuples qui n'occupez pas la chaire pour laquelle vous combattez injustement,

Prêtez enfin l'oreille et rentrez en paix avec nous.

Si vos évêques de telle ou telle contrée.

Engageaient les uns contre les autres une discussion que vous voudriez dirimer,

Vous prendriez pour juges des évêques d'une autre contrée et qui ne fussent pas engagés dans la lutte.

Puis, quand la discussion serait épuisée et la sentence rendue,

Vous refuseriez de vous mettre en communion avec ceux qui refuseraient d'accepter la sentence.

Pourquoi donc restez-vous en communion avec les Donatistes, puisqu'ils ont eux-mêmes tenu la conduite dont je parle ?

En effet, ils ont refusé de se soumettre au jugement rendu par les évêques d'outre-mer,           

Sans doute parce que ces évêques nous ont donné gain de cause et qu'ils sont restés en communion avec nous.

Si le Christ souverain Juge vous propose un jour cette question, qu'aurez-vous à répondre?

Vous tous qui goûtez les douceurs de la paix, ouvrez enfin les yeux à la lumière de la vérité !

 

Si la lumière du coeur est en vous, vous pouvez discerner la vérité.

Nous avons les prières de Donat et les Actes; vérifiez tout ce qui y est contenu.

Si vous refusez d'y croire, présentez-nous d'autres témoignages.

Et si à notre tour nous refusons d'y croire, nous n'aurons plus qu'à éterniser le débat.

Jetons-nous donc dans le sein de la paix; que nous importe tout ce qui s'est fait précédemment?

Vous nous objectez la tradition des livres sacrés; nous vous répondons que c'est vous qui les avez livrés.

Vous nous opposez Macarius, et nous vous opposons les Circoncellions.

Il n'est plus question de ce qui nous concerne; quant à vos adeptes, rien jusqu'ici n'est changé pour eux.

Que votre aire conserve ses pailles, puisque vous ne voulez être que cela.

En effet, vous ne voulez pas la paix; et vos chefs menacent du bâton.

Ce ne serait rien de leurs menaces, si chaque jour ils ne se faisaient pas un devoir de les réaliser.

Vos évêques chasseront-ils ces boxeurs mais alors il ne leur restera plus personne pour établir leur empire.

Vous tous qui goûtez les douceurs de la paix, ouvrez enfin les yeux à la lumière de la vérité !

Il se peut que Macarius, inscrit dans la loi chrétienne, ait dépassé les bornes de la modération, et se soit appuyé sur un décret impérial pour s'autoriser à combattre en faveur de l'unité.

Je ne dis pas qu'il n'est point coupable, mais j'affirme que les vôtres le sont bien plus encore. Qui donc leur a ordonné d'exercer tant de cruautés sur le sol africain ?

Il est prouvé que ni Jésus-Christ ni l'empereur ne leur ont permis d'user, contre toutes les lois, du bâton, des incendies ou des autres excès de la barbarie.

Parce qu'il est écrit : « Remettez le glaive dans le fourreau (1) », ils concluent qu'il est permis d'user du bâton,

 

1. Matt. XXVI, 52.

 

5

 

Non pas jusqu'à ôter directement la vie à son ennemi, mais de manière à l'accabler de telle sorte qu'il succombe à sa langueur et rende tôt ou tard le dernier soupir.

Eprouvent-ils quelque sentiment de commisération, alors ils frappent tellement que le premier coup produit la mort.

Ils appellent frapper à la façon juive, quand ils déploient plus d'acharnement contre le nom lui-même que contre le corps de la victime.

Vous tous qui goûtez les douceurs de la paix, ouvrez enfin les yeux à la lumière de la vérité !

Frères, ne nous imputez plus les excès de Macarius.

Si tout ce que l'on en dit est véritable, nous ne les regrettons qu'avec plus d'amertume.

Si on les exagère, Dieu en sera le juge. Pour nous, aimons la paix de Jésus-Christ, réjouissons-nous dans l'unité.

Qu'il y ait des méchants dans l'Eglise, c'est un malheur, mais ils ne sauraient nous nuire.

S'ils ne peuvent être en communion avec nous, qu'ils en soient exclus, mais sans que la paix ait à en souffrir.

S'ils ne peuvent être exclus de fait, qu'ils le soient de coeur.

Le prophète Ezéchiel a dit que le sceau divin a marqué au front ceux qui gémissent des péchés de leurs frères, sans toutefois se séparer de l'unité (1).

Ainsi donc, parce que nous avons quelques mauvais frères, gardons-nous de nous séparer de notre mère.

C'est là cependant ce qu'ont fait les impies, en érigeant autel contre autel;

De cette manière ils sont devenus pires que ceux qu'ils affectent de fuir.

Vous tous qui goûtez les douceurs de la paix, ouvrez enfin les yeux à la lumière de la vérité !

Quiconque lit les saintes Ecritures, sait quelle idée je veux exprimer.

Jean le Précurseur n'a pas craint de dire ouvertement aux Juifs,

Que le Christ pouvait les vanner, comme le moissonneur ses récoltes.

Il a envoyé ses disciples pour travailler à la moisson, avec la mission de prêcher (2).

Ce sont eux qui ont recueilli la moisson et qui l'ont vannée au souffle de la croix.

 

1. Ezéch. IX, 4. — 2. Matt. III, 12; III, 9-37.

 

Alors les justes, comme un pur froment, ont rempli les églises,

Vendant ce qu'ils possédaient et disant adieu au monde.

Ils étaient en quelque sorte la semence qui a été jetée sur la surface du monde tout entier,

Afin d'y faire croître une autre moisson qui serait vannée à la fin du monde.

Cette moisson croît mêlée à la zizanie, parce qu'il y a des hérésies partout.

Les pécheurs, qui ne sont pas dans l'unité, en sont la paille.

Supposez que Macarius ait été de ce nombre ; suit-il de là que vous deviez nous rebaptiser ?

Vous tous qui goûtez les douceurs de la paix, ouvrez enfin les yeux à la lumière de la vérité !

 

Imaginez deux aires différentes, afin que vous puissiez mieux saisir dans votre coeur le sens de mes paroles.

Dans la première il y avait assurément des saints, comme nous le prouvent les Ecritures.

En effet, le Seigneur nous dit qu'il s'était réservé sept mille hommes (1),

Parmi lesquels on comptait des prêtres, des rois et un grand nombre de justes.

Si l'on y trouve de grands prophètes, la multitude ne laisse pas d'être formée par le simple peuple.

Dites-moi si, parmi ces justes, il yen eut qui érigèrent autel contre autel?

Bien des crimes furent commis par ce peuple juif.

Souvent ils sacrifièrent aux idoles; plusieurs fois ils immolèrent les Prophètes.

Et cependant jamais on ne vit un seul juste se séparer de l'unité.

Les bons supportaient les méchants, en attendant la purification dernière.

Ils étaient tous confondus dans un seul temple, mais ils étaient séparés par le coeur.

Aux pécheurs ils reprochaient ouvertement leurs crimes, et cependant ils n'avaient tous qu'un même autel.

Vous tous qui goûtez les douceurs de la paix, ouvrez enfin les yeux à la lumière de la vérité !

Que vous semble de ces observations? La seconde moisson de l'Eglise, laquelle croit  

 

1. III Rois, XIX, 18; Rom. XI, 4.

 

6

 

            dans le monde tout entier, est réservée à de nombreuses épreuves;

Car elle a sous les yeux l'exemple du Seigneur et l'histoire du traître Judas (1).

Jésus le conservait dans le collège des justes, et lui confia la mission de prêcher.

Ce méchant serviteur prêchait, mais c'était Jésus-Christ qui inspirait et soutenait la foi. Et en effet, ceux qui croyaient au juge n'avaient pas à s'occuper du héraut.

Quand le Sauveur célébra la sainte Cène, il n'en chassa point Judas;

Et du reste, celui-ci, eût-il été chassé, pouvait encore le trahir.

Le Sauveur, par son exemple, nous apprenait donc à tolérer nos frères;

Quand nous ne pouvons les chasser de nos rangs, il nous suffit de nous séparer d'eux par les dispositions du cœur.

Vous tous qui goûtez les douceurs de la paix, ouvrez enfin les yeux à la lumière de la vérité !

Je vous en prie, dites-nous donc pourquoi voulez-vous réitérer le baptême?

Vous repoussez de votre communion ceux de vos prêtres qui tombent dans le crime;

Et cependant il n'arrive à personne de rebaptiser après eux;

Vous acceptez dans votre communion tous ceux qui ont reçu le baptême de la main de ces prêtres.

Qu'ont-ils donc reçu d'eux, si ceux-ci n'avaient rien à donner?

Lisez, dans les Ecritures, les châtiments dont la loi frappe les adultères.

Ils ne peuvent pas dire qu'ils ont péché sous la pression de la crainte.

S'il n'y a que les saints qui puissent conférer le baptême, rebaptisez donc après vos mauvais prêtres.

Pourquoi nous faire un crime d'être restés dans l'unité;

A l'époque de la persécution, nous n'étions pas encore.

Il est écrit que les enfants ne sont pas responsables du crime même de leurs pères (2). Cependant personne ne produit de bons fruits, s'il a été retranché de la vigne.

Vous tous qui goûtez les douceurs de la paix, ouvrez enfin les yeux à la lumière de la vérité !

 

1. Matt. X, 4. — 2. Deut. XXIV, 16.

 

Vous savez ce que c'est que d'appartenir à l'Eglise catholique, et ce que c'est que d'être retranché du cep de vigne.

S'il est parmi vous des hommes sages et prudents, qu'ils viennent et qu'ils vivent des sucs de la racine;

Avant qu'ils soient entièrement desséchés, qu'ils s'arrachent à la voracité des flammes.

Nous ne réitérons pas le baptême, parce que nous croyons à l'unité de signe dans la foi.

Du reste nous ne croyons pas à votre sainteté, nous n'en voyons en vous que la forme. Le sarment, lui aussi, a la forme de la vigne, parce qu'il a été retranché de la vigne.

Mais, cette forme, à quoi peut-elle lui servir, s'il ne vit pas de la racine ?

Revenez, mes frères, si vous voulez être entés sur la vigne.

Nous sommes saisis de douleur quand nous vous voyons gisants et sans vie.

Comptez les pontifes qui se sont succédé sur la chaire de Pierre,

Et voyez si cette succession ne prouve pas une intervention divine et constante.

C'est bien là le rocher que n'ébranleront jamais les portes orgueilleuses de l'enfer (1).

Vous tous qui goûtez les douceurs de la paix, ouvrez enfin les yeux à la lumière de la vérité !

Je suppose qu'un homme tout rempli de la foi catholique,

Un de ces hommes comme étaient ces saints dont nous entendons parler,

Je suppose qu'il vous dise : Frère, pourquoi voulez-vous me réitérer le baptême?

Ce qui s'est fait avant moi, je l'ignore; mais toujours est-il que maintenant je suis dans la foi de Jésus-Christ.

Si un crime que j'ignore peut me souiller, montrez-moi du moins ce que vous êtes.

Je contemple votre visage, mais j'ignore les secrets de votre coeur.

Si ce que j'ignore peut me souiller, peut-être me souillez-vous vous-même?

Supposé même que je vous regarde comme un saint, du moins voyez avec qui vous êtes en communion.

Si ce que nous ignorons nous souille, vous ne pouvez être saint,

 

1. Matt. XXI, 18.

 

7

 

Car vous êtes souillé par tous les crimes que vos sectaires commettent en secret.

D'un autre côté, si vous ne prenez aucun souci de ce que vous ignorez, n'ai-je pas également le droit de ne pas m'inquiéter de ce qui s'est fait avant moi ?

Et cependant c'est à ce chrétien que vous osez réitérer le baptême.

Vous tous qui goûtez les douceurs de la paix, ouvrez enfin les yeux à la lumière de la vérité !

 

Malheur à vous qui livrez ces combats injustes pour conserver vos sièges !

Vous criez à haute voix qu'il n'y a de saints que vous, mais votre coeur vous rend un tout autre témoignage;

Car vous voyez vous-mêmes que le mal abonde partout parmi vos frères.

Direz-vous : Nous sommes mêlés dans les plis du filet?

On vous répond que ce filet, vous l'avez rompu.

Direz-vous que vous tolérez la paille avec le bon grain?

Nous vous répondons également: Pourquoi ne le faisiez-vous pas auparavant?

Nos ancêtres n'étaient pas plus criminels que ce traître Judas,

Avec lequel les Apôtres ont participé pour la première fois à la cène,

Quoiqu'ils sussent qu'il était coupable du crime de trahison.

Cependant ils n'ont pas été souillés du crime que Judas nourrissait dans son coeur.

Pour vous, vous osez rebaptiser nos frères déjà chrétiens.

Vous tous qui goûtez les douceurs de la paix, ouvrez enfin les yeux à la lumière de la vérité !

 

Frères, prêtez l'oreille à mes paroles, et ne vous irritez point contre moi !

Ce ne sont point des mensonges que vous entendez, vous pouvez en juger vous-mêmes.

Si l'Eglise en personne vous parlait le langage de la paix;

Si elle vous disait : O mes enfants, quelle plainte pouvez-vous porter contre votre mère? Je veux savoir de vous le motif pour lequel vous m'avez quittée.

Vous accusez vos frères, et vous ne craignez pas de déchirer mon sein.

Quand les Gentils me persécutaient, j'ai supporté de cruelles douleurs;

Beaucoup m'ont abandonnée, mais c'était sous la pression de la crainte.

Et personne ne vous a contraints à vous révolter contre moi.

Vous dites que vous êtes avec moi, mais vous voyez vous-mêmes que vous mentez.

Je suis l'Eglise catholique, et vous appartenez à la secte de Donat.

L'Apôtre m'a ordonné de prier pour les rois de la terre.

Et vous vous irritez qu'il y ait des rois dans la foi chrétienne.

Si vous êtes mes fils, pourquoi vous irriter d'entendre mes prières?

Quand ils vous ont fait des présents, vous avez refusé de les accepter.

Vous avez donc oublié que longtemps avant vous les Prophètes ont annoncé

Que de puissants rois des nations enverraient des présents à l'Eglise (1) ?

En refusant ces présents, vous avez prouvé que vous n'êtes pas les enfants de l'Eglise. Et vous avez placé Macarius dans la nécessité de venger sa douleur.

Et que vous ai-je donc fait, moi votre mère, répandue sur toute la face de la terre?

Je rejette les méchants quand je le puis, et je supporte ceux que je ne puis renvoyer.

Je les tolère jusqu'à leur conversion ou jusqu'à la séparation dernière.

Pourquoi m'avez-vous abandonnée et contrainte de supporter tous les déchirements de votre mort?

Si c'est parce que vous aviez une haine profonde pour les méchants, voyez donc ceux que vous comptez parmi vous.

Et si vous tolérez les méchants, pourquoi ne pas les tolérer dans l'unité,

Où l'on ne réitère jamais le baptême, où l'on n'érige jamais autel contre autel?

Vous tolérez ces grands pécheurs, et en cela pourtant vous ne méritez aucune récompense.

Car ce que vous devriez faire pour le Christ, vous le faites pour Donat.

Mes frères, nous vous chantons l'hymne de la paix, si vous voulez la recevoir et nous entendre.

Notre Juge viendra; ce que nous donnons, il l'exige rigoureusement.

 

1. Ps. LXXI, 10.

 

Traduction de M. l'abbé BURLERAUX.

 

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