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CHRONOLOGIE DE SAINT BERNARD.

Tome IV, pages 647-662

L'an 1091 de Notre-Seigneur, quatrième année du pontificat du pape Urbain II, trente-cinquième du règne de l'empereur Henri IV, et trente et unième de celui de Philippe I, roi de France, naquit Bernard, à Fontaines, près de Dijon, en Bourgogne. Son père, Tescelin Sore, était seigneur de Fontaines, et sa mère Aleth était fille du seigneur de Montbar. Le château de ses pères a été donné aux religieux Feuillants et changé en monastère. On peut lire sur la famille de saint Bernard l'Avis placé en tète de sa Vie, ainsi que Jean l'Ermite dans sa quatrième vie de notre saint, où, dit-on, il fait descendre saint Bernard de l'ancienne famille des dites de Bourgogne, par son père.

L'an 1098. Le bienheureux Robert, abbé de Molesmes, prend avec lui douze religieux de ce monastère et se retire dans le désert de Cîteaux, où il construit un nouveau monastère dans le diocèse de Châlons-sur-Saône, environ à trois lieues de Dijon, avec l'aide et l'approbation de Gautier, évêque de Châlons-sur-Saône, et de Hugues, archevêque de Lyon. Eudes, duc de Bourgogne, lui donna l'endroit où il devait, avec ses compagnons, pratiquer, dans toute sa pureté, la règle de saint Benoît; c'est le jour de la tète de ce saint, qui tombait cette année-là le dimanche des Rameaux, que Robert jeta les premiers fondements de son œuvre. Parmi ses premiers compagnons, on compte Aubry, Eudes, Jean, Étienne, Latour et Pierre.

L'an 1099, quarante-troisième aimée du règne de l’empereur Henri IV, trente-neuvième de celui de Philippe I, roi de France, le 29 juillet, Pascal, II qui avait été moine à Cluny, succède à Urbain II, mort dans la onzième année de son pontificat.

Le bienheureux Robert, sur les réclamations des religieux de Molesmes dans le concile de Rome, et sur l'ordre du souverain pontife, revient à Molesmes. Aubry, qui était prieur de Cîteaux, lui succède dans cette maison avec le titre d'abbé. L'église de ce monastère est dédiée à la Sainte Vierge dans le courant de cette même année.

En 1100, Aubry envoie Jean et Ilbod, deux de ses religieux, à Rome, avec des lettres de recommandation des cardinaux Jean et Benoît, de Hugues, archevêque et de Lyon,de Gautier, évêque de Châlons-sur-Saône. C'est à leur prière que le pape Pascal II confirme l'institut de Cîteaux par un privilège particulier donné à Troja, le 18 avril, indiction VIII, seconde année de son pontificat. On peut voir ce privilège dans Baronius et dans Manrique.

En 1101, l'abbé Aubry établit, dans le nouveau monastère, 1a stricte observance de la règle de saint Benoît, et réforme tout ce qui est contraire à cette règle.

La même année, meurt le bienheureux Bruno, fondateur des chartreux. Cet ordre prit naissance en 1086. Bruno était originaire de Cologne; ce fut un homme non moins remarquable par sa sainteté que par son savoir.

1102. Mort d'Eudes, duc de Bourgogne, fondateur de Cîteaux. Il est inhumé dans l'église de ce monastère. La même année, Henri son fils prend l'habit religieux à Cîteaux.

1103. On place généralement cette année-là la substitution de l'habit blanc au noir chez les Cisterciens. On croit aussi que c'est alors qu'ils se mirent à réciter l'office de la Sainte Vierge.

1105. C'est le 1er septembre de cette année, suivant le nécrologe de saint Bénigne de Dijon, où elle fut inhumée, qu'on place en général la mort d'Aleth, mère de saint Bernard. Soit corps fut transféré à Clairvaux cent quarante-cinq ans plus tard. Guillaume a décrit sa mort au livre I de la Vie de saint Bernard, chapitre II.

L'an 1106, septième année du pontificat de Pascal II, quarante-sixième du règne de Philippe I, roi de France, Henri IV finit, par une mort malheureuse, un règne de quarante-neuf ans. Il eut pour successeur Henri V sur le trône impérial comme dans sa haine pour l'église. Il alla à Rome et porta les mains sur le pape Pascal, à qui il extorqua de force les investitures ecclésiastiques, ainsi que la couronne impériale, en 1111.

L'an 1108, le 30 juillet, neuvième année du pontificat de Pascal II, deuxième année du règne de Henri V, mort de Philippe I, roi de France, à Meudon. Louis son Fils surnommé le Gros, lui succède.

1109. Le 25 janvier, mort du bienheureux Aubry, second abbé du Cîteaux, après neuf ans et demi de prélature. Il a pour successeur le bienheureux Etienne Harding, d'une famille d'Angleterre. Il avait rempli auparavant les fonctions de prieur, et il était un de ceux (lui avaient quitté Molesmes pour aller à Cîteaux mener une vie plus austère.

1110. Le 29 avril, mort du bienheureux Robert, abbé de Molesmes, premier fondateur de Cîteaux. C'est à tort que quelques-uns ont placé sa mort en 1098.

1113.Quatorzième année du pontificat de Pascal II, la huitième du règne de Henri V, et la sixième de celui de Louis VI. Cette aimée est devenue bien célèbre par la conversion de Bernard. Il avait environ vingt-trois ans quand il alla se mettre avec trente autres jeunes gens, ses compagnons, sous la conduite d'Etienne, abbé de Cîteaux. C'est à partir de ce montent-là que l’ordre de Cîteaux commença à se répandre d'une manière extraordinaire.

La même année, fondation de l'abbaye de la Ferté, première fille de Cîteaux, au diocèse de Chalons-sur-Saône , sur la Grône, par les seigneurs de Vergy, Savaric et Guillaume son fils, comtes de Châlons-sur-Saône. Le premier abbé de cette maison fut Bertrand.

1114. Saint Bernard obtient du ciel la force et le Talent de faire la moisson, ce qu'il n'avait pu faire jusqu'alors, à cause de son extrême délicatesse voir sa Vie, livre I, chapitre IV.

Fondation de Pontigny, secundo fille de Cîteaux, à quatre lieues d'Autun, dans la terre allodiale de Héribert, chanoine d'Autun, avec le concours de Hervée, comte de Nevers, sous l’épiscopat de Humbault. Plus tard, Thibaut comte de Champagne, construisit la basilique de ce monastère et mérita ainsi d'en être appelé le fondateur. Le premier abbé de Pontigny fut Hugues de Mâcon, qui devint ensuite évêque d'Autan. Saint Bernard lui écrivit plusieurs lettres.

1115. Fondation de Clairvaux et Morimond, troisième et quatrième filles de Cîteaux. Clairvaux, sur l'Aube en Champagne, au diocèse de Langres, fut fondé le 25 juin, non point par Thibaut, comme l'ont cru à tort ceux qui confondent la translation du monastère de Clairvaux en 1035 avec sa fondation, mais par Rogues, comte de Troyes, ainsi qu'il est dit dans les notes de la lettre XXXI. Bernard, premier abbé de ce monastère qui fut béni, en cette qualité, par Guillaume de Champeaux, évêque de Châlons-sur-Marne, en l'absence de Josceran, évêque de Langres, était alors âgé de vingt-quatre ans. Voir sa Vie, livre I, chapitre VII.

Quant à Morimond, il fut fondé dans lu même diocèse, par Odolric d'Aigremont et Adeline sa femme, seigneurs de Choiseul. Son premier abbé fut Arnold, à qui est adressée la lettre IV de saint Bernard.

Ces quatre abbayes sont comme les quatre filles aînées de Cîteaux, dont sont sorties toutes les autres.

La même année mourut Ives, évêque de Chartres, c’était un homme très-instruit. Il eût pour successeur Geoffroy, qui fut honoré du titre de légat du saint siège. Il était très-cher à saint Bernard. Il est parlé de lui dans les lettres XV, XLV et LV dans le livre IV de la Considération, chapitre V, ainsi que dans la Vie de saint Bernard, livre II chapitre I et VI, et livre IV, Chapitre IV.

1116. Premier chapitre général de Cîteaux, tenu par l'abbé Etienne. Il est décidé dans ce chapitre qu'il se réunira désormais tous les ans le 13 septembre, selon ce que rapporte Jean de Vitry, dans son histoire d'Occident, chapitre XIV.

1117. Saint. Bernard,atteint d'une maladie grave, est confié aux soins d'un médecin de la campagne, que lui procure Guillaume, évêque de Châons-sur-Marne. Livre I de sa Vie, chapitre VII.

On place vers cette même année la conversion de Tescelin, père de saint Bernard. Il mourut peu de temps après en très-grande odeur de sainteté, le 11 avril, selon ce qui est rapporté dans le nécrologe de saint Benigne de Dijon.

L'an 1118, douzième année du règne de Henri V, et dixième de celui de Louis VI, Pascal II meurt après onze ans et cinq mois de pontificat. Gélase II lui succède; il avait été comme lui moine à Cluny. Henri lui opposa Maurice Bourdin, archevêque de Prague qui prit le nom de Grégoire.

La même année est fondé l'ordre militaire du Temple, dont les premiers chevaliers furent Hugues du Païens, Geoffroy de Saint-Omer, au rapport de Guillaume de Tyr, dans son livre XII de la guerre sainte. Selon le même auteur, cet ordre fut confirmé au concile de Troyes, en 1128, ainsi que le rapporte aussi Michel, secrétaire du concile. Il devait être aboli plus tard, en 1313, par Clément V, sous Philippe IV, roi de France, au concile de Vienne.

Fondation du monastère de Trois-Fontaines, première fille de Clairvaux, au diocèse de Châlons-sur- Saône. Son premier abbé fut Roger; le second fût Guy, à qui sont adressées les lettres LXIX et LXX de saint Bernard.

Fondation aussi de Fontenay, seconde fille de. Clairvaux, au diocèse d'Autun. Son premier abbé fut Geoffroy, frère de saint Bernard. Cet abbé, selon le livre des sépultures de Clairvaux, revint à son cher premier monastère, après avoir fondé et parfaitement organisé celui de Fontenay. Il fut le troisième prieur de Clairvaux, et devint évêque de Langres.

L'an 1119, treizième année du règne de Henri V, onzième de celui de Louis VI, le Pape Gélase Il meurt à Cluny ; il a pour successeur, sous le nom de Calliste II, Guy, évêque de Vienne, qui célébra cette même année, le 31 octobre, un concile à Reims, et eut le bonheur de mettre fin au schisme de Bourdin.

C'est cette même année que le bienheureux Étienne, abbé de Cîteaux, assisté de plusieurs autres abbés, établit la charte de la Charité, comme on l'appelle ordinairement, en trente articles ou chapitres, pour assurer la paix et la tranquillité dans l'ordre de Cîteaux. Elle fut approuvée par le pape Calliste II. On la trouve dans Manrique.

1120. Saint Norbert, que saint Bernard appelle la Trompette du Saint-Esprit, dans la lettre LVI, fonda l'ordre de Prémontré, dans le Laonnais. Voir la lettre CCLV de saint Bernard et les notes.

1121. Concile de Soissons contre Abélard, sous la présidence de Conan, évêque de Palestrine, légat du saint siège. Ce concile force Abélard à livrer de ses propres mains aux flammes son livre de la Trinité.

C'est au commencement de cette même année que mourut Guillaume de Champeaux évêque de Châlons-sur-Marne. Voir à son sujet les notes de la lettre III.

Fondation de Foigny, au diocèse de Laon. C'est à son premier abbé Rainaud que Bernard a adressé ses lettres LXXII, LXXIII, et LXXIV.

1122. Pierre Maurice, originaire de l'Auvergne, surnommé le vénérable, que saint Bernard aimait d'une affection singulière, devient abbé de Cluny pendant l'octave de l'Assomption. Voir les notes de la lettre I de saint Bernard.

1123. C'est vers cette année que Pierre, abbé de la Ferté, est élu évêque de la Tarentaise. C'est le premier évêque sorti de la famille de Clairvaux; il a pour successeur, à la Ferté, Barthélémy, frère de saint Bernard.

La même année, Adam, abbé de saint Denys, a pour successeur, d'un commun accord de tous les religieux, l'abbé Suger, à qui saint Bernard écrivit plusieurs fois.

L'an 1124, dix-huitième année du règne de Henri V, seizième de celui de Louis VI, roi de France, le pape Calliste Il meurt dans la sixième année de son pontificat. Il a pour successeur, la même année, l'évêque d'Ostie, Laurent, gniprit le nom de Honorius II.

1125. Mort de Henri V à Utrecht sur le Rhin, après dix-neuf ans de règne. Comme il ne laissait pas d'enfant, il s'éleva, à sa mort, une longue et funeste division que saint Bernard sera appelé plus tard à apaiser, entre Lothaire, duc de Saxe, et Conrad, neveu de Henri par sa sœur. Ce dernier avait été proclamé roi par Frédéric son frère et par d'autres seigneurs. Après avoir franchi les Alpes, il fut repu à bras ouverts par les Milanais, dont l'archevêque, nommé Anselme, le sacra roi à Modène, capitale du royaume d'Italie, selon ce que rapporte Othon de Freinsingen dans le livre VII de ses chroniques, chapitre XVII. Plus tard, comme on le verra, saint Bernard dut se donner bien du mal pour réconcilier les Milanais avec le pape Innocent et Lothaire II, qui fut élu empereur.

La même année, une grande famine désole particulièrement la France et la Bourgogne, et donne à saint Bernard l'occasion d'exercer sa charité, comme on le voit dans sa Vie, livre I chapitre X. Cette année-là aussi, saint Bernard fait une maladie qui met ses jours en danger; il rien revient que par la protection de la Sainte Vierge, de saint Benoit et de saint Laurent. Dès cette époque, sa réputation de sainteté singulière et de science se répand par la ville et par le monde entier.

1126. Othon, qui devint plus tard évêque de Freisengen, historiographe célèbre, prend l'habit de Morimond. Radevig, son ami intime, nous apprend qu'il était arrière petit-fils de l'empereur Henri IV, neveu par sa mère de Henri V ; frère utérin de Conrad et oncle de Frédéric par son père, le pieux et illustre prince Léopold, margrave d'Autriche; sa mère était Agnès, fille de Henri IV.

1127. C'est vers cette année que Étienne qui, de chancelier de France était devenu évêque de Paris, s'éloigna de la cour sur les avis de Bernard, pour mener une vie plus régulière, et se vit persécuté par I,nuis VI, qui finit par le recevoir en grâce, sur les instances des Cisterciens et surtout de saint Bernard.

Henri, archevêque de Sens, fut peu de temps après, et pour des motifs semblables, traité par le roi de France de la même manière que l'avait ït4 celui de Paris; Il eut auprès du roi le même avocat et le même défenseur. On peut voir à ce sujet la lettre XLV et ses notes.

Fondation d'Igny, quatrième fille de Clairvaux, dans le diocèse de Reims, par Raynaud Després, archevêque de Reims. Son premier abbé est Humbert, qui de religieux de la Case-Dieu, devint religieux de Clairvaux Peu de temps après, par amour du repos, il se démit de sa prélature et reçut à Clairvaux. Bernard, qui était alors retenu en Italie pour les affaires du schisme, le blâme beaucoup de cette résolution dans sa lettre CXLI, ce qui ne l'empêcha point de persévérer dans sa retraite jusqu'à sa mort. Saint Bernard fit, à ses funérailles, l'éloge de ses excellentes vertus. Il eut pour successeur à Igny l'abbé Guerri, célèbre par sa piété et par ses écrits. Ou a ses discours à la suite de ceux de saint Bernard.

1128. Le jour de la fête de saint Hilaire, concile de Troyes, qu'on place à tort en 1129, comme il ressort des témoignages de Michel, qui en fut le secrétaire. Il fut présidé par Mathieu, évêque d'Albano, légat du Saint siège. On v compta parmi les assistants, Étienne de Cîteaux, Bernard de Clairvaux et d'autres abbés du même ordre. C'est dans ce concile qu'on détermina les couleurs blanches ries habits à donner aux Templiers, et la règle qu'ils devaient suivre. Ce n'est que plus tard, que le pape Eugène III. leur fit placer la croix rouge sur leurs habita.

Fondation de Régny, au diocèse d'Autun.

1129. Le jour de la purification de la sainte Vierge, tenue d'un concile à Châlons-sur-Marne, par Mathieu d'Albano, légat du pape, ancien religieux de Cluny. Dans ce concile, sur l'avis de saint Bernard, Henri, évêque de Verdun, donne sa démission; un certain abbé de Saint Denys de Reims, lui succède pendant deux ans.

Fondation du monastère d'Ours-Camps, au diocèse de Noyons, par l'évêque Simon.

L'an 1131, cinquième année du règne de Lothaire II, vingt-deuxième de celui de Louis VI, ronde France, le pape Honorius meurt, le 16 janvier, dans la sixième année de sort pontificat. Un schisme très-grave règne dans l'Église de Dieu, Grègroire, élit canoniquement sous le nom d'Innocent II le 17 février, se vit disputer le trône par Pierre, fils de Pierre de Léon, appuyé par la violence de ses amis qui étaient tout-puissants à Rome, et par Roger, roi usurpateur de Sicile. Pendant huit ans entiers, Bernard défendit avec courage la cause d'Innocent. Voir la lettre CXXIV et les suivantes. En effet, entre autres choses, dans le concile tenu à ce sujet, cette même année, à Étampes, il fut choisi tout d'une voix, par les pères du concile, comme arbitre du différend, et se déclara pour innocent contre Anaclet. Il amena le roi d'Angleterre Henri à le reconnaître également. Voir sa Vie, livre II, chapitre I et notre préface générale au tome I.

La même année, Bernard, avec une humilité admirable, refusa l'évêché de Gênes, devenu vacant l’année précédente par la mort de Sigefroy. Ce fut cette année-là aussi que Baudoin fut le premier des Cisterciens promu au cardinalat dans le concile de Clermont, ainsi, du moins on le croit, que Martin, cet homme si saint, dont Bernard fait mention dans le livre IV de la Considération, chapitre V. Au sujet de Baudouin, on peut consulter les lettres CXLIV et CCXLIV de saisit Bernard.

1131. Innocent, après avoir été reçu avec magnificence à Liége, était revenu en France à la fin de l'armée précédente. Saint Bernard reprit l'empereur Lothaire qui réclamait les investitures ecclésiastiques. Innocent le couronna roi de Germanie étant encore en France, se réservant de lui donner la couronne impériale deux ans après à Rome. Il passa le carême de cette année à Liège, et de retour en France il se rendit, au mois d'octobre, à Reims au concile assemblé dans cette ville contre Annelet, et sacra roi Louis-le-Jeune, à là place de Philippe son frère, qui avait péri misérablement, d’une chute de cheval. Après le concile, dit Suger dans sa Vie de Louis-le-Gros, lu seigneur pape fixa sa résidence à Autun tout le reste de la présente année, après avoir visité Cluny, dont il consacra l'église, puis Clairvaux et quelques autres communautés, accompagné, dans tontes ces courses, par Bernard. Ernald, dans sa vie de saint Bernard, livre II chapitre 1, place le concile de Reims avant le voyage d'innocent à Liège, contrairement à ce que dit Suger.

La seconde année, selon la grande chronique de Belgique, Bernard refusa l'évêché de Châlons-sur-Marne, où il avait été élu, et fit élever à sa place, Geoffroy, qui était abbé de saint Médard de Soissons. Aubry rapporte la même chose, et ajoute de plus que le pape Innocent consacra l'église de Médard, le 15 octobre, avant de se rendre au concile de Reims, selon ce que rapporte la chronique de ce même monastère.

La même année encore, Thomas, prieur de Saint Victor de Paris, homme d'une grande verte, est cruellement assassiné pour la justice, par les neveux de Thibaut de Nottières, archidiacre de Foix, qui le haïssait à cause des reproches qu'il en avait reçus pour ses exactions envers les ecclésiastiques. Peu du temps après, Archambault, sous-diacre d'Orléans, mourut pour la même cause, et de la même manière, sur les instigations de Jean, également archidiacre de l'église de Sainte-Croix. Bernard écrivit pour ce prieur de Saint-Victor ses lettres CLVIII, CLIX, CLX, et CLXII, et sa lettre LXI pour le sous-diacre d'Orléans. Les deux causes furent évoquées et agitées au concile de Jouarre, au diocèse de Meaux.

Fondation de Moreruela en Castille, dans le pays de Zarnora; du monastère de, Saint-Jean de Tarouca, en Lusitanie, diocèse de Lamigo; de Longpont, au diocèse de Soissons; de Cherlieu, au diocèse, de Besançon; de Bonnemont, en Savoie, diocèse de Genève ; de Ridal, en Angleterre, diocèse d’York.

1132. Départ du pape Innocent de France, pour l'Italie, Bernard l'accompagne. Il réconcilie les Pisans et les Génois. L’évêché de Gênes lui est offert pour la seconde fois, avant que Syrus y soit nommé, et même après la nomination de Syrus qui veut se démettre. II refuse avec la même persévérance et la même humilité qu'auparavant.

Grande controverse entre les Clunistes et les Cisterciens, à l'occasion d'un privilège par lequel le pape Innocent dispense ces derniers de payer la dîme. Voir la lettre CCLXXXIII.

Fondation du monastère de Paucelles, au diocèse de Cambrai. Voir la lettre CLXXXVI, et de Trois-Fonts en Angleterre, diocèse d'Yorek. Voir les lettres XCII, XCIV et suivantes.

1133. Saint Bernard, qui était allé en Italie avec Innocent, l'année précédente, écrit la lettre CXXVIII à Henri, roi d'Angleterre, pour lui demander des subsides en faveur du pape, qui ne pouvait occuper Rome, avec le peu de troupes dont il disposait; car l'empereur Lothaire ne lui avait donné que deux mille hommes d'armes. Cependant, Innocent finit par entrer dans la ville, et remet la couronne impériale sur la tête de Lothaire, dans la basilique de Latran. Mais, après le départ de l'empereur, Anaclet reprit le dessus à Rome, et Innocent, obligé de s'éloigner encore, se retira à Pise. De cette dernière ville, Bernard est envoyé en Germanie , pour réconcilier Conrad avec Lothaire. Profitant de cette occasion, Roger, tyran de Sicile, décoré du nom de roi par l'antipape Anaclet, s'efforce de retirer les Pisans de l'obédience du pape Innocent. Mais ils tinrent bon dans leurs sentiments de fidélité, et Bernard leur écrivit sa lettre CXXX, pour les en féliciter.

C'est à l'époque de ce voyage que se place la conversion de Mascenli, dont il est parlé au livre IV de la vie de saint Bernard, chapitre III, ainsi que celle de la duchesse de Lorraine, dont il est question au même endroit.

1134. Concile de Pise. Pendant que Bernard, sur l'ordre du pape Innocent, s'y rendait en traversant la Lombardie, après avoir réconcilié ensemble Lothaire et Conrad, il reçoit des Milanais, excommuniés et privés de la dignité de Métropole, pour avoir, à la suite d'Anselme, leur archevêque, embrassé le parti de Conrad et d'Anaclet, une lettre où ils le prient de les faire rentrer en grâce avec Lothaire et Innocent. Il leur promet, par ses lettres CXXXII et CXXXIII, de se rendre au milieu d'eux, aussitôt due le concile sera terminé.

En effet, à peine, grâce à sa prudence, le concile fat-il clos, qu'il partit pour Milan, avec les cardinaux Matthieu, évêque d'Albano, et Guy, évêque de Pise, afin de travailler à la réconciliation de cette ville. Il fut reçu par tons les habitants avec de grandes démonstrations de joie et une très-grande vénération ; on lui offrit la dignité archiépiscopale, et ce n'est pas sans peine qu'il lit agrîer aux Milanais son refus constant de la recevoir. Il lit beaucoup de conversions parmi eux, comme on le voit par la lettre CXXXV, et fonda, dans leur ville, la première colonie da son ordre, Ciaravalle, qu'on a souvent, mais à tort, désigné aussi sons le nom de Clairvaux. Après cela, sur l'ordre du pape Innocent, selon ce que rapporte Sigonio dans son histoire d'Italie, livre II, il se rendit dans plusieurs villes de Lombardie pour rétablir la paix entre elles, et particulièrement à Pavie et à Crémone. Ayant complètement échoué auprès des Crémonais, dans sa mission, il fit part de leur obstination au pape Innocent dans sa lettre CCCXVIII.

Cependant après le concile de Pise, Norbert, fondateur de l'ordre de Prémontré est rappelé de la terre aux cieux, de même que Etienne, abbé de Cîteaux, qui mourut le 28 mars. Guy, qui avait été élu à sa place avant même qu'il eût rendu le dernier soupir et qui retint en ses mains la houlette pastorale pendant six mois, se vit enfin rejeté et laissa la place à Rainaud, fils de Milon comte de Bar-sur-Seine, selon ce que rapporte Ordéric, moine de Clairvaux, dans son livre VIII. Ce fut cet abbé qui, dans un chapitre général de l'ordre, renferma dans quatre-vingt-sept chapitres les beaux instituts de Cîteaux, qu'on peut lire dans les annales de Manrique.

Fondation de Ciaravalle de Milan; d'Hermerode, au diocèse de Trèves; de Vauclair, au diocèse de Laon.

Le premier abbé de cette maison fut Murdach, à qui est adressée la lettre CCCXXI.

1135. Bernard passe par Milan en revenant d'Italie, et revientà Clairvaux, dont on transfère les bâtiments dans un lieu plus commode, ainsi qu'il est rapporté au livre II de sa Vie, chapitre IV et V. Il eut à peine le temps de poser à son monastère, car il reçut presque aussitôt l'ordre de se rendre en Aquitaine, avec Geoffroy de Chartres, pour ramener Guillaume, comte de Poitiers et plusieurs autres seigneurs que Gérard, évêque d'Angoulême, avait entraînés dans le schisme, comme on le voit dans le livre II de sa Vie, chapitre VI. Cela fait, et rendu un peu à lui-même, il entreprit, à la prière d'un autre Bernard Desportes, prieur des chartreux l'explication du Cantique des cantiques, ainsi qu'il est dit dans les lettres CLII1 et CLIV.

Fondation de Buzay, au diocèse de Nantes, par Ermengarde, comtesse de Bretagne, qu'il avait, dans son voyage d'Aquitaine, retirée des vanités du monde. Voir les lettres CXVI et CXVII. Le premier abbé de cette maison fut Jean, à qui est adressée la lettre CCXXXVII. Fondation aussi de Hautecombe, au diocèse de Genève, de la Gràce-de-Dieu, diocèse de Saintes, et d'Éberbach, diocèse de Mayence.

1136. Guy, l'aîné des frères de saint Bernard., meurt à Pontigny, hors de Clairvaux, comme le saint le lui avait prédit, ainsi qu'il est dit an livre il de sa Vie, chapitre XII.

Fondation de Balerne, au diocèse de Besançon ; son premier abbé est Burchard, à qui est adressée la lettre CXLVI; de la Maison-Dieu, sur le Cher, diocèse de Bourges; son premier abbé fut Robert, cousin de Bernard; c'est à lui qu'est adressée la lettre I, et d'Auberine, diocèse de Langres.

Adoption de l'Abbaye des Alpes, diocèse de Genève, sur la proposition de son abbé Guérin, qui devint plus tard évêque de Sion. Voir la lettre CCLII.

L'an 1137, huitième du pontificat d’Innocent, douzième du règne de l'empereur Lothaire, Louis VI meurt à Paris le 1er août, dans la vingt-neuvième année de son règne. Il a pour successeur Louis VII, son fils, surnommé le Jeune, pour le distinguer de son père, du vivant de qui il fut associé au trône.

La même année, Bernard, appelé par le pape Innocent, repasse une troisième fois les Alpes pour retourner en Italie, qui gémissait sous Anaclet, des vexation de Roger de Sicile. Ce prince, vaincu grâce aux prières de Bernard, par le duc Rainoulphe, voyant qu'il ne pouvait l'emporter par la force des armes, eut recours à la force de l'éloquence et confia la défense de la cause d'Anaclet à Pierre de Pise, homme d'un rare talent pour la parole ; mais le voyant vaincu et ramené du schisme par Bernard, il n'en revint pas lui-même à de meilleurs sentiments.

Fondation de l'abbaye de Colomba, en Italie, diocèse de Plaisance; de Boccon en Hongrie, diocèse de Vesprin. Plusieurs auteurs rapportent, mais à tort, cette fondation à l'année 1153.

Adoption de l'abbaye de Belfont, appelé depuis Valparayso, en Espagne au diocèse de Zamora.

1138. le 3 décembre, Lothaire II cesse de porter la couronne, après treize ans de règne. Il a pour successeur Conrad, duc de Franconie, qui avait été autrefois son rival.

La même année, mort malheureuse de l'antipape Anaclet, à qui la fraction de Roger donna pour successeur le cardinal Grégoire, qui prit le nom de Victor et qui se dépouilla des insignes du pontificat entre les mains de Bernard. Le schisme se trouva donc ainsi terminé, grâce au zèle et à la prudence de Bernard, après avoir duré sept ans. Voir la lettre CCCXVII. Cet heureux résultat obtenu, le saint abbé quitta sans retard la cour de Rome, n'emportant d'Italie, pour tout présent de route, qu'une dent de saint Césaire et quelques autres reliques de saints. Voir le livre IV de sa Vie, chapitre I. Informé en route qu'il avait été procédé à l'élection de l'évêque de Langres, par l'archevêque de Lyon, nonobstant la promesse que ce dernier avait faite à Rome, Bernard écrit sa lettre CLXV et les suivantes. Mais une douleur plus grande devait s'ajouter à celle-là, c'est celle qu'il ressentit de la perte de Gérard son frère. Il avait obtenu de Dieu en Italie, où il l'avait accompagné, un répit à cette mort. Il lui fit une oraison funèbre dans son sermon XXVI sur le Cantique des cantiques, en reprenant le cours interrompu de ce commentaire.

La même année, mort de Rainaud, archevêque de Reims, selon l'Aucnaire de Gembloux. Deux ans après, c’est-à-dire en 1140, Samson, évêque de Chartres, est promus à la dignité d’archevêque de Reims, à la place et au refus de Bernard d’accepter ce titre.

Fondation de Bénissons-Dieu, diocèse de Lyon; cette abbaye a pour premier abbé Aubry, à qui est écrite la lettre CLXXIII.

Adoption de l'abbaye des Dunes, diocèse de Bruges; son premier abbé fut Robert, à qui est écrite la lettre CCCXXIV, le même qui devait un jour succéder à Bernard à Clairvaux.

1139. Concile de près de mille évêques assemblés à Rome dans l'église de Latran : il condamne de nouveau les partisans de Pierre de Léon, et annule ses ordinations; il interdit les tournois , et condamne Arnault de Brescia, comme hérétique, à sortir de l'Italie. Bernard S'efforce de soustraire à la sévérité du décret porté contre les fauteurs de Pierre de Léon, le cardinal Pierre de Pise, qu'il avait réussi à réconcilier auparavant avec le pape Innocent, comme on le voit par la lettre CCXIII.

Peu de temps après, Innocent est fait prisonnier par Roger, duc de Sicile, qui s'empare de lui par la ruse. Cet événement hâte la conclusion de la paix si longtemps désirée entre le pape et Roger.

La même année, l'archevêque Malachie, primat d'Irlande, entreprend lui voyage à Rome. C'est à tort que Baronius place ce voyage à la date de 1137, puisque saint Bernard lu:-même noirs apprend, dans sa Vie de saint Malachie, que ce dernier ne survécut que neuf ans à ce voyage : or il mourut en 1148. C'est pendant ce voyage que Malachie vint à Clairvaux, où il laissa six de ses compagnons de route, pour s'y former à l'institut de Cîteaux, afin de l'établir ensuite en Irlande.

1140. Concile de Sens contre Abélard, qui en appela au Saint-Siège de la condamnation de ses principales erreurs; mais, sur le conseil de Pierre-le-Vénérable, il renonça à donner suite à cet appel et se fixa à Cluny. Pierre-le-Vénérable le réconcilia avec l'Église. Après avoir passé deux ans d'une manière exemplaire à Cluny, il se rendit au monastère de Saint-Marcel de Châlons-sur-Saône, pour y soigner sa santé devenue mauvaise : il y mourut. Voir les lettres CXCVII et suivantes et leurs notes.

Fondation de Clair-Morets, au diocèse de Saint- Omer; de Blanckeland en Angleterre, dans la province de Galles, diocèse de Man ; de l'Oursière, dans le royaume de Galice, diocèse d'Aureuse; de Larivoir, diocèse de Troyes, ayant pour premier abbé Alain, qui devint plus tard archevêque d'Autun, et compila une Vie de saint Bernard.

La même année, Innocent donna le monastère de Trois-Fontaines de Saint-Anastase, aux religieux de Clairvaux, après l'avoir rétabli avec un disciple de saint Bernard, nommé également Bernard, originaire de Pise, lequel devint pape, dans la suite, sous le nom, d'Eugène III.

Adoption du monastère de Benchor, cédé à saint Bernard par Malachie, primat d'Irlande, et de Casamario, à Vérulo en Italie.

1141. Le pape Innocent, au rapport. de Robert du Mont, jette l'interdit sur les terres du roi Louis, parce qu'il ne voulait pas recevoir l'archevêque de Bourges, qu'il reçut pourtant plus tard, et qu'il délia d'un serment qu'il avait fait contre toutes les lois de la raison. Voir les lettres CCXVIII et suivantes.

La même année, le roi Louis, toujours au dire du même auteur, tomba avec toutes ses troupes sur le comte Thibaut, dévasta ses possessions, et particulièrement la Champagne, où il brûla Vitry. Dans cet incendie, treize cents âmes périrent, toujours selon Robert, dans son supplément à Sigebert, qui place ces événements à l'année 1143. Voir les lettres CCXVII, CCXX, CCXXII, CCXXIII.

Vers la même époque, se place la mort de Humbeline, sœur de saint Bernard, dont il est parlé au livre I de sa Vie, chapitre VI.

Fondation de Mellifont, en Irlande, au diocèse d'Armagh, par les soins de Malachie qui y plaça les compagnons de voyage qu'il avait laissés à Clairvaux, pour s'y former à la règle, et qui eurent Chrétien pour abbé. Voir les lettres CCCXXXV, et CCCLVII.

1142. Yves, qui de chanoine régulier de Saint Victor près Paris, était devenu cardinal prêtre, est envoyé en France pour prononcer la sentence d'excommunication qui frappait Rainoulphe, comte de Saint-Quentin, pour avoir répudié sa femme Pétronille, sœur du comte Thibaut, et avoir épousé ensuite une fille de Guillaume, duc d'Aquitaine, sœur de la reine de France. Dans le même anathème se trouvaient enveloppés Barthélémy, évêque de Laon, Simon, évêque de Noyon, et Pierre, évêque de Senlis, auteurs du divorce du comte. Voir les lettres CCXVI, CCXX, CXXI.

La même année, Alphonse, roi de Portugal, se fait tributaire ainsi que son royaume de l'abbaye de Clairvaux, à laquelle il assigne une rente de cinquante doublons d'or fin.

Cette même année encore, toujours d'après Robert du Mont, ou du moins vers la fin de l'année précédente, comme le rapporte Ortelius, dans Anselme de Gembloux, chez le Mire, mort de Hugues de Saint-Victor, ami et grand admirateur de saint Bernard , l'Augustin de son siècle. Voir la lettre LXX.

Fondation des monastères de Melon en Galice, diocèse de Tuy; de Sobrado, à peu près à la même époque, dans le diocèse de Compostelle; de Haute-Creste en Savoie, diocèse de Lausanne.

L'an 1143, cinquième de Conrad III, sixième de Louis VII roi de France, mort du pape Innocent, le 25 septembre, après un pontificat de quatorze ans. Il eut pour successeur Guy de Castel, qui prit le nom de Célestin II : c'est à lui que sont adressées les lettres CCXXXIV et CCXXXV.

Fondation d'Alvastem, en Suède, diocèse de Lincoping; de Nidal, au même pays. Quelques auteurs placent la fondation du dernier monastère quatre ans plus tard. Fondation de Belle-Perche, diocèse de Montauban; de Meyra en Galice, diocèse de Lugo.

1144. Mort du pape Célestin, qui ne siégea pas même six mois. Il a pour successeur Gérard le Camérier qui, de chanoine régulier, était devenu cardinal prêtre, du litre de sainte croix de Jérusalem. Il prit le nom de Lucius II. A la même époque, Bernard rétablit la bonne intelligence mire le roi de France, Louis VII, et le comte Thibaut. Lire à ce sujet ses lettres CCXX et suivantes.

La même année, mort de Barthélemy, abbé de la Ferté, frère de saint Bernard; et d'Étienne de Châlons, cardinal évêque de Palestrine, de l'ordre de Cîteaux, homme d'une grande sainteté, à qui Bernard écrivit plusieurs lettres.

Fondation de Beaulieu, diocèse de Rhodez.

L'an 1145, septième du règne de l'empereur Conrad III, huitième, de celui de louis VII, roi de France, le pape Lucius II meurt le 25 février. Il a pour successeur Eugène III, abbé de Saint-Anastase aux Trois-Fontaines. C'est l'abbé Bernard, dont il a été parlé à l'année 1140. Voir les lettres CCXXXVII et suivantes.

A la même époque, saint Bernard, consulté parle roi Louis sur la croisade, renvoya la décision de cette affaire au jugement du pape, comme nous l'avons dit dans notre préface générale, à l'article VII.

Fondation de la Prée, au diocèse de Bourges.

1146. Concile de Chartres assemblé à l'occasion de la guerre sainte. Pierre le Vénérable est invité à y assister par la lettre CCLXIV de saint Bernard; il ne put s'y rendre, ainsi qu'on le voit par sa réponse à saint Bernard. Sa lettre est la XVIII du livre VI. Bernard, élu généralissime des troupes, exhorte, sur l'ordre du pape Eugène, par ses lettres et par ses prédications qu'il appuyait de miracles, les peuples de la Germanie, les Francs orientaux, les Bavarois, les Anglais et d'autres encore, à prendre la croix. Voir ses lettres CCCLXIII et CCCLXV, ainsi que le livre de ses Miracles.

La même année, l'Église de Tournai, qui avait pendant cinq cents ans et plus été gouvernée par les évêques de Noyon, eut un évêque propre, du nom d'Anselme, qui avait été abbé de saint Vincent de Laon. Cette ville reçut son évêque de la main du pape Eugène, qui le lui donna à la recommandation de plusieurs personnages, mais entre autre de saint Bernard.

Fondation de Boxley en Angleterre, diocèse de Cantorbéry; de Villers en Brabant, diocèse de Namur. L'Auctaire de Gembloux, dans le Mire, p'ace cette fondation à l'année suivante, et s'exprime en ces termes : « Douze moines avec l'abbé Laurent, et cinq convers, envoyés en Brabant par Bernard de Clairvaux, fondèrent le monastère de Villers.»

1147. Eugène, chassé de Rome, l'année précédente par la faction d'Arnaud qui avait soulevé les Romains contre lui, comme on le voit dans la lettre CCXIII, s'était réfugié en France. Il est reçu en 1147 à Paris avec beaucoup d’honneur, par le roi Louis, qui, le dimanche des Rameaux de l'année précédente, selon ce que rapporte Robert du Mont dans son Appendice à Sigebert, avait pris la croix avec son frère Geoffroy, comte de Meulan et plusieurs autres soigneurs, lesquels quittèrent Paris cette même année, selon la chronique de Cluny, pour aller combattre les Sarrazins en Syrie.

Cette année-là vit plusieurs synodes se réunir en différents endroits ; le premier à Étampes : il y fut, pris, en présence de Bernard, des arrangements pour l'expédition de la terre sainte, et pour l'administration du royaume, qui fut confiée à Suger, abbé de Saint-Denis, comme il est dit au tome II du Spicilège, dans la chronique de Saint-Denis, et dans le livre des Miracles de saint Bernard, chapitre XVI. Le second est celui d'Autun, sous la présidence du pape Eugène. Le troisième à Paris, selon Othon de Freissingen, dans son histoire de Frédéric, livre I, chapitre L. La cause de Gilbert de la Porrée, appelée à ce concile, fut renvoyée à l'examen de celui qui devait se tenir l'année suivante à Reims. Voir notre préface générale.

La même année, Bernard va combattre l'hérétique Henri en Aquitaine, avec Aubry cardinal évêque d'Ostie et légat du saint siège, et Geoffroy, évêque de Chartres. Il est question de cet Henri dans notre préface générale et dans la lettre CCXLI de saint Bernard.

La même année, Alphonse, roi de Portugal, s'étant emparé de la ville de Santaren par la vertu des prières de saint Bernant, demande par lettres des moines de Cîteaux, pour établir un monastère de cet ordre dans son royaume.

Fondation d'Alcobaza parle même roi de Portugal dans le diocèse de Lisbonne; de Vauricher, au diocèse de Bayeux ; de Morgan, dans le pays de Galle; de Spina, au diocèse de Valeritia en Castille, par Sanche, sœur du roi Alphonse. Voir la lettre ceci de saint Bernard.

Adoption de Grandselve, de l'ordre de saint Benoit, au diocèse de Toulouse. Son abbé nommé Bernard se donna lui et tous ses religieux à l'ordre de Cîteaux. Voir la lettre CCXLII.

1148. Concile de Reims le 19 mars, sous la présidence du pape Eugène. Eon, un fou hérétique, est condamné à la prison; Gluant à Gilbert de la Porrée, évêque de Poitiers, convaincu d'être tombé dans l'erreur, par saint Bernard, il rétracte ce qu'il avait enseigné. Peu après le pape Eugène, sur les instances du saint abbé, approuve les écrits d'Hildegarde, dans le concile de Trèves; mais avant de se rendre à ce concile, il avait fait la dédicace de l'église de Toul; saint Bernard assistait à cette cérémonie. La même année, le pape Eugène assista au chapitre général de Cîteaux, bénit de nouveau le cimetière de cette abbaye, et, après avoir pris congé des religieux qui fondaient en larmes, il reprit le chemin de l'Italie.

Eugène venait de quitter la France, lorsque saint Malachie, primat d'Irlande entreprit un second voyage à Rome pour y aller recevoir le pallium; mais il mourut à Clairvaux le jour et à l'endroit qu'il avait désirés, c'est-à-dire le jour de la commémoration des morts. Sa mémoire devint célèbre dès les premiers temps qui suivirent sa mort. Voir la lettre que saint Bernard écrivit aux Irlandais pour les consoler, c'est la CCCLXXIV; voir aussi sa Vie dans le tome II et deux sermons de saint Bernard prononcés le jour de ses funérailles, tome III. Saint Malachie touchait à ses derniers moments quand les bâtiments du nouveau Clairvaux étant terminés, on fit la translation des restes des vénérable pères qui étaient morts dans le premier monastère, de l'ancien cimetière dans le nouveau, le jour de la Toussaint, comme on le voit par le sermon r sur Malachie, n. 2. Sa canonisation, d'après la Chronique de Clairvaux, est rapportée par Chifflet, à l'année 1192.

Fondation de Cambron, an diocèse de Cambrai, avec Fastrad de Clairvaux pour premier abbé, lequel devint plus tard, après Robert, abbé de Clairvaux.

Adoption de l'abbaye d'Alne, qui. fat d'abord une abbaye de Bénédictins, puis de chanoines réguliers, au diocèse de Liège. La même année, dans un chapitre général de Cîteaux, Serbon, abbé de Savigny, se soumet à Clairvaux, lui et trente bénédictins du monastère de Savigny, situé dans le diocèse d'Avranches. En même temps, Etienne, père et instituteur de la congrégation d'Obasine, diocèse de Limoges, soumet quatre maisons à celle de Clairvaux.

1149. Funeste issue de la guerre sainte; Louis revient en France. (Voir la lettre CCCLXXXVI, le livre II, de la Considération, cap. I, et la Vie de saint Bernard, livre III, chapitre IV). Le roi de France se prépare à une seconde expédition; il est arrêté dans ses préparatifs par les Cisterciens selon ce que rapporte l'abbé Robert dans sa Chronique, à l'année 1150.

La même année, Henri, frère de Louis VII, roi de France, selon ce que rapporte la Chronique de Tours, après avoir été trésorier de saint Martin de Tours, et avoir pris l'habit religieux à Clairvaux, est promu à l'évêché de Beauvais. La Chronique de Saint-Pierre-Vif de Sens place ces faits à l'année suivante. Lire sur ce sujet à la lettre CCCVII, et ses notes.

Fondation de Font-Morigny, dans le diocèse de Bourges; d'Aubepierre, dans celui de Limoges ; de Longuay dans celui de Langres, et de Loz dans celui de Tournai.

Adoption de Boullancourt, monastère de chanoines réguliers, du diocèse de Troyes.

1150. Eugène, après bien des traverses, ayant fini par rentrer en possession de Rome et de son siège, saint Bernard lui envoie son livre II de la Considération, en tête duquel il avait placé une justification de la seconde croisade. Il reçoit une lettre de consolation de Jean, abbé de Casamario, monastère situé dans la ville de Verulo. Cette lettre est maintenant la CCCLXXXVI de la collection de celles de saint Bernard.

1151. Vers la fin de l'année précédente, le 1er décembre, l'abbé Rainaud était mort, il eut pour successeur Gosvin, abbé de Bonneval de Vienne. Voir la lettre CCLXX.

Mort de Hugues, évêque d'Auxerre, que la Chronique de Pierre-Vif appelle un homme de bonne mémoire. Voir pour ce qui concerne l'élection de son successeur, les lettres CCLXI, CCLXXIV, et suivantes. Mort de Suger, abbé de Saint-Denis, homme d'une grande sainteté. Bernard lui écrivit, dans ses derniers moments, une lettre qui est sa CCLVI. Louis Vil et Éléonore, selon ce que rapporte Robert du Mont, ayan affirmé par serment, pendant le carême de cette même année, à Beaugency, devant une assemblée d'évêques et d'archevêques, qu'ils étaient parents, furent séparés canoniquement.

Fondation du monastère d'Esron, diocèse de Roschilt.

L'an 1152, huitième du pontificat du pape Eugène, quinzième du règne de Louis VII, roi de France, mort de Conrad, qui laissa la pourpre impériale à son neveu de frère.

Le 8 janvier de la même année, mort de Thibaut, comte de Champagne, homme d'une insigne piété; il est inhumé dans le monastère de Lagny-sur-Marne, dont il avait été l'avocat. Saint Bernard lui avait écrit peu de temps avant sa mort une lettre qui est la CCLXXI.

Adoption de Marolles, diocèse de Mallezès.

Fondation de l'abbaye de Clermont, diocèse du Mans.

Vers la même époque, adoption d'Armintéra, en Galice, diocèse de Compostelle.

L'an 1153, deuxième du règne de l'empereur Frédéric I, seizième du règne de Louis VII, roi de France, le 10 juillet, mort du pape Eugène, après un pontificat de huit ans, quatre mois et treize jours. Il a pour successeur Conrad qui, de chanoine régulier, était devenu évêque de Palerme. Il prit le nom d'Anastase IV. Peu de temps après, notre très-saint docteur Bernard, après avoir travaillé pour l'Église de Dieu, malade depuis le milieu de l'hiver précèdent, ainsi qu'il le dit lui-même dans ses lettres CCLXXXVIII, CCCIII, et CCCVIII, meurt en paix, après avoir rétabli la paix entre les habitants de Metz, le 20 août à neuf heures du matin, dans la soixante-troisième année de son âge, la quarantième de sa profession religieuse, et la trente-huitième de sa prélature.

Dans la même semaine, la ville très-forte d'Ascalon, en Palestine, lut prise parles Chrétiens, selon que le saint l'avait prédit à plusieurs reprises, comme l'atteste Geoffroy dans le livre III de sa Vie de saint Bernard, chapitre IV.

Bernard eut pour successeur à Clairvaux, Robert, qui était abbé des Dunes.

Fondation du monastère de la Pérouse, diocèse de Périgueux, et de Mores, diocèse de Langres.

Adoption de l'abbaye de Monte-Ramo, diocèse d'Orense en Galice.

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