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CHANT PARÉNÉTIQUE.

AVERTISSEMENT SUR LES VERS SUIVANTS.

CHANT PARÉNÉTIQUE. A RAINAUD.

CHANT SUR LE MÉPRIS DU MONDE.

CHANT DE JOIE SUR LE NOM DE JÉSUS.

CHANT PARÉNÉTIQUE.

AVERTISSEMENT SUR LES VERS SUIVANTS.

Bérenger le Scholastique, dans son apologie pour Abélard contre saint Bernard, est le premier à avancer que le saint docteur, presque dès les premiers temps de son adolescence, s'essaya à faire des chansons comiques (ainsi parle cet auteur selon sa hardiesse naturelle), des pièces plus relevées et qu'il lutta avec ses frères dans des compositions rythmiques. Je ne crois néanmoins pas qu'il faille attribuer à saint Bernard les vers et les rimes qui suivent. Les Cisterciens, en effet, n'admettaient aucune prière soumise aux lois de la mesure. Aussi, saint Bernard, en composant l'office de saint Victor a-t-il totalement négligé, non-seulement les règles du mètre, mais encore celle de la rime. Je ne crois donc pas qu'il ait composé le chant d'exhortation morale à Rainaud, que Pierre Possin, de la compagnie de Jésus a tiré de la Bibliothèque Chigi et publié à Nome en MDCLXIII, pas plus que le morceau suivant, édité par Charles de Visch, moine de Dun. Nous n'avons rien de plus certain sur l'hymne rimée en l'honneur du nom de Jésus, qui lui a été déjà attribuée et qui, dans un certain manuscrit de Vaux-Cernai, de l'ordre de Cîteaux, porte ce titre: Méditation d'une sainte âme, sur l'amour de Jésus-Christ. II en est qui attribuent au même saint docteur l'hymne Ave Maris scella, mais elle est d'un auteur plus ancien, comme cela résulte évidemment soit d'un vieux manuscrit de notre abbaye de saint Germain, soit du Bréviaire du mont Cassin, qui est actuellement conservé dans la maison des Pères de l'Oratoire, à Paris, c'est du temps de l'abbé Odéris, premier du nom, qui mourut en MCV, livres qui renferment cette hymne.

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CHANT PARÉNÉTIQUE. A RAINAUD.

Notre papier, Rainaud, vous porte nos saluts; que de leçons vous y verrez , si vous ne repoussez nos dons, les consolations que je vous adresse sont douces; mais elles ne vous seront d'aucune utilité, si vous ne pratiquez les leçons que je vous donne. Ne livrez point au vent les leçons renfermées dans mes paroles; qu'elles résonnent à l'oreille de votre cœur, et ne. les livrez pas à l'oubli. Que nos avis vous procurent un grand bien, et que, par la grâce de Dieu, le royaume des cieux vous soit préparé. Ces paroles peuvent plaire à une âme pure ; elles montrent la route : ce sont des paroles d'encouragement, non de blâme.

La parole de Dieu retentit, et nous dit que nul ne doit placer son espérance dans les biens du monde qui nous fournissent l’occasion de nous perdre. Quiconque aime le Christ, n'aime pas le monde, il repousse comme une horreur tout ce qu'il aime, et tient pour impur tout ce qu'il a d'agréable. Tout ce qui brille dans le monde est pour lui sans valeur. Il fuit comme un poison mortel la beauté terrestre, et, rejetant loin de lui la souillure de l'amour charnel, il soupire, dans son cœur fidèle, après le royaume des cieux, et dans une foi parfaite, il attend les douceurs du paradis.

Vous aussi, mon frère, évitez la contagion de la chair, pour plaire au Christ, tant que vous vivez en ce monde, ne vous mettez pas en peine des biens qui passent vite, qu'on n'acquiert qu'au prix de grands travaux, et qui retomberont dans le néant; ne vous réjouissez point aujourd'hui, demain peut-être vous mourrez ; car il n'y a pas moyen de conjurer la mort. Pourquoi la chair se livre-t-elle à la joie, quand elle est destinée à devenir la pâture des vers ? C'est ici le lieu de pleurer, le lieu d'expier ses péchés. Plus tard, celui qui pleure maintenant, sera dans la joie, il peut même déjà se livrer à l'allégresse, puisqu'il a mérité les joies suprêmes. La joie des insensés augmente leurs maux. Ceux qui sont prudents les fuient avec dédain.

Pourquoi ne méprisez-vous pas au plus vite, ce que vous voyez devoir passer si tôt? Ne voyez-vous pas ce monde infirme et moribond, languir et périr sous le glaive de la cruelle mort? Elle divise, elle fait mourir ce que la chair a créé, elle renverse les petits et les grands; elle triomphe de tous; pour les chefs et les princes, elle est le sort commun, elle exerce un empire suprême et ne respecte personne. Elle entraîne le jeune homme et le vieillard, elle n'a de compassion pour qui que ce soit, elle frémit et tout ce qui se meut sur l'univers est saisi de frayeur; elle frappe, toute chair périt; foulé sous le pied de la mort, l'homme puissant ne peut se soustraire à elle. Pourquoi veut-il se glorifier celui qui meurt ainsi? Pourquoi veut-il amasser d'excessives richesses? Nous sommes changeants et fragiles, de mille côtés nous tombons en ruine, et nous sommes entraînés à notre fin; tout ce qui est mortel passe et ne revient jamais. La vie est courte, elle ne reste jamais suspendue, mais nuit et jour, elle disparaît comme une ombre légère, ainsi s'échappe-t-elle et s'affaisse-t-elle soudain lorsqu'on la croit solide. Qui se rachète du trépas, lorsqu'il frappe, qui fait jamais alliance avec lui? service ou rançon, elle ne connaît rien. Mais pourquoi insister? Dans son courroux elle ne fait grâce à personne. Ni l'indigent ni celui dont la bourse est remplie, n'évitent ses rigueurs. Ne cessez donc point de faire le bien ; car ni le jour ni la nuit, elle ne suspend ses menaces.

            N'espérez pas plus longtemps dans les choses caduques. mais que votre âme désire les jours de l'éternelle lumière ; l'insensé est trompé par l'amour de la vie présente : mais le sage sait de combien de douleurs elle est pleine. Tout ce que le monde offre de précieux et de beau est comme la fleur qui colore la nature; à peine est-elle desséchée, tout son éclat disparaît et adieu, dès lors, tout éclat, toute odeur. La majesté des rois, toute la puissance de la terre, la prospérité et la longue suite des jours, tout passe en un clin d'œil, quand sonne l'heure de la mort. Nous en ignorons le moment, bien que nous sachions qu'elle arrivera. Il n'y a que la renommée qui ne sache pas mourir, il n'y a pas de trépas pour l'honneur.

Ecoutez ce qu'est l'honneur. Mais je ne veux point le décrire vous le connaissez. assez, vous savez qu'il n'est d'aucune utilité. Les vastes domaines, la possession des richesses, la construction des murs et des hautes maisons, les tables splendides et chargées de mets exquis, les lits parés, les vers et les coupes brillantes, les habits recherchés, ennemis des saintes mœurs, les troupeaux nombreux, la culture d'immenses campagnes, les coteaux fertiles garnis de vignes fécondes, la gloire des enfants, le tendre attachement qu'ils inspirent, on laisse tout, après elle on ne trouve plus rien. Quel homme prudent se met en peine de ce qui se passe? La mort cruelle, qui n'a pas peur de l'homme, mettra fin aux choses du monde, à ces choses trompeuses et malsaines.

La source de tant de maux, l'amour coupable des femmes prendra fin aussi : leurs discours sont un poison amer, qui présente le fiel par la douceur du miel, et leur beauté est le lacet trompeur qui prend les âmes. Avec de douces paroles, par des propos enchanteurs et coupables, les femmes s'emparent des sots et plongent bien des hommes en enfer. Le temps passera et les vaines joies périront et donneront pour triste fruit un deuil éternel.

Je le dis à tous, que nul ne se soumette à l'ennemi, de crainte que renversé, il ne soit pris dans ses filets. Que la misérable douceur du monde ne vous confonde pas, elle passe et s'écoule honteusement, mais elle trompe, en caressant, les esprits tièdes, amis de la mollesse, et en flattant la chair : elle finit ensuite et perd à jamais toute sa douceur: elle devient horriblement amère, et rend les derniers jours bien différents des premiers ; elle pique avec violence ceux que d'abord, elle oignait de parfums. Ceux qu'elle a remplis d'illusions et qui ont toujours vécu dans la mollesse, damnés après la mort, souffrent par elle les tourments du feu : lu volupté s'est changée en angoisse, elle devient une flamme furieuse qui les brû1e jusqu'à la fin. Tels sont les fruits que recueilleront ceux qui s'attachent à ces vanités.

Quant à celui qui veut se sauver et être éternellement heureux, qu'il s'attache à se donner tout entier à Jésus-Christ. Quiconque s'attachera à ses préceptes, pratiquera les leçons que donnent les saintes Écritures, et voudra observer ces règles, obtiendra, au séjour de la joie, les dons de l'éternel repos, accordés à tous ceux qui servent Dieu du fond du cœur. Là se reposent, là vivent les serviteurs du Christ. Nulle tribulation n'altère le bonheur que cette félicité accorde. Pour eux, une joie parfaite et une paix sans terme, les attendent; constamment elle comble de gloire et de bonheur ceux qu'elle accueille avec elle; bien que ses jugements soient équitables, elle donne aux saints plus qu'ils, ne méritent.

La source de la divine bonté accorde tout gratuitement, pour un court travail, elle assure les biens de l'éternelle vie. C'est ainsi que de grandes récompenses sont préparées à ceux qui se sauvent, comme la mort terrible prépare aux méchants de grands tourments. Les uns se réjouiront, les autres gémiront sans fin. Nul ne peut dire, voir, ni concevoir les allégresses des bons, ou les souffrances des méchants. Comme ils se trompent d'une effroyable manière, ceux qui se laissent sottement jouer ainsi, les insensés qui, pour une fleur vaine de ce monde et un fragile éclat, brillent d'abord comme la rose, puis, aussitôt se dessèchent, se flétrissent et tombent dans l'enfer, en perdant le diadème sublime que le Seigneur accorde à tous ceux qu'il couronne!

Il se trompe bien celui qui, pouvant obtenir de grands biens, s'expose de son plein gré aux peines et aux chaînes de l'enfer. L'amour de ce monde creuse le puits profond de l'abîme : quiconque s'y trouve plongé s'y étend à l'instant, toujours il tombe au fond, toujours la mort marche devant lui, et l'âge en prenant le développement le plus considérable n'atteint jamais le jour du trépas. Ne sachant pas finir, sa vie semble, commencer à chaque instant, toujours le tourmentant, sans, cesse renouvelant ses gémissements, elle leur fait sentir des ardeurs et des douleurs infinies. Là sont des serpents qui vomissent des flammes, ils sont horribles, noirs, toujours prompts à tourmenter jamais ils ne se reposent, ils recommencent, toujours avec des forces nouvelles, et, dans leur ferveur cruelle, ils sont toujours prêts à recommencer les tortures; toujours courroucés, toujours portés à blesser, ils brûlent sans cesse, et ne s'arrêtent ni ne se reposent ; ainsi tourmentent-ils, ils n'épargnent jamais, ils ne font nulle grâce. Quelle condamnation terrible il subit, quels tourments affreux il endure celui qui est livré à des supplices si atroces !

De quoi vous serviront les trésors et les monceaux d'or , quand les pécheurs seront plongés dans les profonds abîmes de l'enfer, pour y souffrir en même temps le feu et les ténèbres, sans pouvoir en sortir jamais ? Il est triste et il pleure celui qui est livré à ces tourments , il aimerait mieux avoir été pauvre durant toute sa vie passée, que d'avoir eu des richesses. Il est bien mal assis, celui qui est sur le point de tomber, et ce n'est pas une joie de bon aloi quand on court au châtiment et à la douleur. N'ayez donc point souci d'amasser beaucoup de trésors, des richesses incertaines et fugitives; ils ne s'entassent qu'en provoquant de nouveaux désirs, et ne. rassasient. jamais le cour qui aspire toujours à posséder davantage. De telles richesses sont dangereuses pour tous. Elles rendent indigents et malheureux ceux, qui se fient à elles; après une vie nourrie dans les, délicatesses, elles les précipitent dans l'abîme de la perdition, dépouillés du bien suprême.

Que nul ne croie pourtant que celui qui a du bien en propre, ou qui ramasse des trésors ira, en sortant de cette vie, brûler dans l'enfer, cause de ses richesses. Bien que ce soit chose rare , celui qui les possède pourra se sauver s'il fuit l'avarice, s'il vit prudemment, s'il possède sagement son argent, sans le cacher, s'il le distribue aux pauvres. On sait assez qu'il vaut mieux lâcher le tout, que de retenir imprudemment l'incertain. Il est plus sûr de fuir la morsure en prenant la fuite, que de coucher près des serpents à la dent pleine de poison.

Si maintenant vous avez horreur du monde, je vous conseille de le mépriser et de vous attacher, d'un cœur joyeux, au service de Jésus-Christ, à qui vous avez été livré. Il vous- donnera un royaume qui n'aura pas de fin; si vous vous consacrez à. lui, vous posséderez les trésors des cieux que les voleurs ne peuvent enlever, et que les rats ne peuvent ronger. Ramassez un trésor qui surpasse les pierres précieuses et l'or, et qui entasse dans votre âme le bien des saintes mœurs. L'honnêteté du cœur l'emporte sur tous les trésors.

Il est et sera misérable, celui qui court après la prospérité de ce monde. C'est être vraiment riche que de ne s'en point mettre en peine. Celui qui est bon est entouré intérieurement de la cuirasse de la foi, et s'applique toujours à la pratique de la probité et de l'honnêteté. Quand on fait le bien, on s'orne de vertus. Si aucune tache ne souille le cœur, le Seigneur, qui en sonde le fond, y trouve ses délices. C'est là le trésor précieux, spirituel qui achète la vie éternelle et la patrie d'en haut. Chaque fidèle entasse des trésors dans les cieux, et, par les bonnes mœurs il s'élève aux honneurs suprêmes. Il ne veut point en ce monde passer pour riche ou pour grand : mais être toujours le plus petit, toujours dédaigné, toujours le dernier; il aime la pauvreté plus que la prospérité. S'il souffre tout cela, c'est qu'il espère les joies du paradis.

Le pauvre aimable et vénérable est béni; mais on maudit tout riche inutile et misérable. Quiconque néglige le bien et aime le mal, tombe dans l'abîme. Nulle puissance, nulle somme d'argent ne le délivre. Le gouffre qui l'engloutit est sans compassion, il est insatiable, il présente un horrible tableau. L'homme malheureux et Eve sa triste compagne ont mérité, à cause de leurs crimes, ces horribles tourments. S'ils avaient observé les ordres du Seigneur, ordres salutaires et bons, ni Adam, ni Eve, ni leur prospérité n'auraient connu la mort. Mais parce qu'ils n'ont pas craint de les enfreindre, la mort redoutable fondit sur eux, ils méritèrent ce sort et périrent. Leur péché est la porte de la mort, c'est une blessure cruelle, il a attiré sur l'univers le principe de la maladie et, d'un grand nombre de maux. Cette fau te accable nos premiers parents, et leur prospérité et leur a enlevé de douces et pieuses délices. Triste événement qui a été pour nous la cause de la souffrance et de la douleur, qui nous a mérité ces rigueurs, nous a fait perdre l'amour du roi véritable, nous fait périr par une fin si digne de larmes et si rigoureuse, et nous emprisonne dans le cachot de l'enfer! la cruelle Eve nous a causé ce malheur; en espérant les honneurs plus élevés que le dragon lui promit, en ajoutant à ses paroles une foi coupable, elle nous a blessés nous-mêmes par son péché, elle a soumis, en croyant un triste oracle, tout l'univers à la peine: la postérité qui s'est élevée après elle est pleine de lamentables douleurs.

Sous le coup de ces malheurs, elle pleura pendant bien des années. Alors, le Dieu tout-puissant qui a tout créé d'un mot, ne pouvant plus souffrir de voir ainsi tomber l'homme qu'il avait aimé, envoya lui-même son Verbe dans la boue de ce monde inférieur, pour ouvrir à de malheureux exilés le chemin du retour. Le Fils du Seigneur descend donc du haut des cieux, sans s'éloigner en rien de la majesté de son Père , il prend un corps animé, sans altération de la divinité, il naît du sein d'une vierge sacrée , vrai homme et vrai Dieu, bon et miséricordieux, vraiment sauveur et désireux d'opérer notre salut. Voulant nous laisser un modèle de vie, il se donne en tout comme un exemple irréprochable. Il voulut, de plus, supporter beaucoup de souffrances, et, par ses douleurs, mettre fin à toutes nos douleurs. Il meurt de son plein gré, son trépas fait mourir la mort, et délivre ainsi des malheureux de la mort éternelle. Source de bonté, il paie ce qu'il ne doit pas, il vient au secours des hommes que mine une maladie mortelle. Il se charge de notre fardeau, dont il nous décharge complètement et nous rend tout ce que le crime antique nous avait enlevé. Car, tout en sortant des bras de la mort comme un lion puissant, il nous rend la vie, après avoir terrassé le prince de la mort. Voilà comment la bonté du Seigneur ne souffrit point que le monde pérît et nous fit entrer dans nos premières joies.

Nous vous avons suffisamment dit, mon frère, que la grâce du Christ a ainsi sauvé et rétabli notre race. Si vous êtes sage, vous croyez ces vérités et vous ne vous écartez en rien de ces dogmes. Mais que gagne celui qui croit sans pratiquer ? Il se frappe cruellement; s'il vit mal, il ne croit pas bien. Croyez-moi, cette foi-là se fait plus de mal que si elle avait ignoré que ce fût un dogme. Elle gagne la mort à cela, et c'est avec raison qu'on l’appelle foi morte. Elle attire sur l'homme, au jour de son trépas, un jugement plus sévère. Ce que je dis est utile à ceux qui le croient en entier. Mon frère, entendez mes paroles, bien des avantages vous arriveront, si vous voulez les pratiquer, parce que, en le faisant, vous serez fidèle. Par cette vertu vous pourrez obtenir le salut et vous serez bienheureux si vous pratiquez le bien. Souvenez-vous donc toujours de ces enseignements. Si vous voulez aller au ciel, attachez-vous à imiter la vie dés justes, et à fuir les exemples des pécheurs. Vous vous réunissez à ceux dont vous suivez les traces. Préférez la compagnie des saints à celle des réprouvés. O qu'ils sont riches ceux à qui est préparé le royaume des cieux. C'est ainsi que sont exaltés ceux qui sont placés dans la société des élus; ils vivront heureux, pour avoir méprisé les oies du monde, et pour avoir su éviter les vices d'une chair misérable, et mis sous les pieds l’ennemi vaincu : il leur sera donné de posséder véritablement le Seigneur sans fin, d'être admis dans les chœurs des anges qui font résonner les louanges de Dieu, et avec qui ils jouiront, sous l'œil du maître céleste, d'un triomphe plein d'acclamations. Si vous conservez dans un cœur pur ce que je vous dis aujourd'hui, vous vivrez dans la joie au delà des temps et en toute sûreté; mais les malheureux damnés pleureront parce qu'ils ne verront jamais la joie. Que jamais notre part ne soit avec les réprouvés. Ils iront aux supplices, et ils périront sans fin, loin de vous, Seigneur.

C'est de ce côté qui le monde est entraîné par les artifices du démon, tel est le sort réservé à ceux qui se plongent dans ces souillures. Touché de nos avertissements si souvent répétés, évitez avec prévoyance ce qui doit vous être nuisible. Méditez l’avenir avec un soin vigilant. Combien cruel, combien puissant sera le coup de la mort, quelle route s'ouvrira pour l'âme quand elle sortira du corps, que fera-t-elle, quels compagnons de route aura-t-elle, combien triste et misérable est l'enfer, combien harmonieux est le céleste séjour, que de maux attendent les damnés, quelles jouissances sont réservées aux bienheureux! combien se réjouiront ceux que remplira la souveraine allégresse ! La vue sainte du Seigneur et la splendeur de sa face les éclairera et les réjouira sans relâche. Telles sont les joies nouvelles que trouvera l'âme qui les cherche. Votre esprit se nourrira de cette douceur spirituelle, s'il médite constamment ces pensées.

Ce désir rend les âmes agréables à Dieu. Il bannit entièrement les soucis terrestres qui sont pleins de tourments, et arrache le germe des vices. Ainsi, dans la crainte des châtiments éternels, l'esprit abandonne l'encens et repousse l'amour du monde. Il s'enflamme ensuite de l'amour des biens d'en haut. C'est un don merveilleux du Seigneur qui nous assure ce bien. Car lorsque un cœur mauvais se change, il n'y a que Dieu qui produise cet effet et qui donne cette vertu, car il n'y a que lui qui instruise ainsi intérieurement le cœur de ceux de ses serviteurs qui font, disent ou méditent ce qui est bien. C'est ainsi que ce divin maître élève à une conduite meilleure ceux qu'il voit s'élancer et solliciter son secours. Appliquez-vous donc à vous soumettre avec une foi pure à Jésus-Christ, dont le secours vous fera échapper aux maux de cette vie. Les parvis des cieux sont ouverts aux vrais fidèles, vous y vivrez toujours enrichis des dons de Dieu, si vous voulez sincèrement pratiquer les commandements du Christ. Car on lui est uni quand on accomplit ses ordres. Une beauté et une royauté éternelles leur seront accordées, la gloire céleste et les joies du paradis les rendront heureux, et la paix éternelle assurera leur tranquillité. Vous sentez déjà ces délices en les méditant d'avance : vous écoutez avec plaisir ces paroles et vous applaudissez à ces joies. Sachez pourtant qu'on ne remonte pas à ce bonheur par hasard, puisqu'on l'obtient seulement par de grands travaux. Bien que Dieu l'accorde gratuitement aux bienheureux, les lâches cependant n'obtiennent point le don de la vie éternelle, à moins que devenus meilleurs ils méprisent leur conduite passée. Dieu veut que le serviteur qu'il rend digne de ce don soit bien disposé, prompt et fervent, et qu'il ne soit point attaché à la poursuite des vanités. L'insensé, l'homme mou et sans vigueur ne tend pas d'un esprit fidèle, au royaume des cieux : vous devez ajouter foi à la parole de Jésus-Christ : ce sont ceux qui se font violence qui les ravissent, c'est-à-dire; ceux qui sont austères, qui sont sévères dans le discernement qu'ils font, qui méprisent la mollesse et font souffrir la chair ; ceux qui sont toujours appliqués à faire la volonté de Dieu. Cela est assez connu, ce n'est point chose nouvelle, l'esprit périt quand le corps cherche les douceurs. Au contraire, quand la chair est en souffrance, l'esprit est soulagé, et 'lorsqu'elle prend quelque relâche, l'esprit est mortellement atteint.

Tout ce que je vous découvre, vous pouvez le voir; en lisant, à la lumière de l'Ecriture : vous pouvez acquérir bien des connaissances ; sa lecture sacrée montre la route à ceux qui cherchent la vie. Recevez à ce sujet les enseignements de mes écrits; ce que je vous ai fait voir, ce que je vous ai doucement inculqué, gravez-le, non dans un cœur lourd et pesant, mais dans un esprit docile et complaisant. Ce que je vous ai écrit vous sera fort utile, si la route de la vertu vous plaît, 'ainsi que le chemin du salut. Car le roi du ciel, à qui rien n'est caché, m'est témoin que je ne vous ai rien dit que ce que j'ai cru devoir vous être utile. Le vrai ne doit point vous paraître dur : je vous ai dit que le juste suit des sentiers étroits, l'homme de bien monte en gravissant toujours des rampes ardues : c'est la route que vous vous fournirez si vous voulez porter en haut vos pas.

Peut-être, car vous êtes jeune encore, ai-je tenté en vain de vous faire. entendre cette exhortation, et n'en saisissez-vous point la portée. Mais que le Père infini vous donne un sens parfait. Qu'il fortifie votre âge et vous donne de plus la sainteté. Que le Fils de Dieu; l'espoir de notre race, la source de toute vertu, le principe de l'éternelle bonté, vous accorde les fleurs des saintes œuvres et des mœurs irréprochables; que l'Esprit du Père et du Fils, qui touche le cœur des siens, et les instruit sans bruit de paroles, conduise votre âme et vous rende sage, vous fasse croire comme il faut, et grave dans votre esprit les saints avertissements, afin que vivant pieusement et selon les commandements sacrés, vous méritiez de posséder la joie de la lumière véritable. Ce que daigne vous accorder celui qui ne connaît point de ténèbres, qui brille d'un éclat inouï et qui béatifie sans fin ceux à qui il prodigué ses faveurs, et qui règne en trois personnes. Amen.

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CHANT SUR LE MÉPRIS DU MONDE.

O vanité étonnante! ô lamentable amour des richesses! A venin amer! Pourquoi infectes-tu tant d'âmes, en rendant cher ce qui passe plus vite que la flamme d'un feu d'étoupe ?

Homme misérable; réfléchis donc; la mort arrête tous les humains. Qu'est-il dès lé principe, celui qui ne connaît pas encore le trépas? La créature ignore quand viendra le moment de sa fin; celui qui vit aujourd'hui sera peut-être livré demain à la pourriture.

J'admire que, pensant à la mort, on puisse se réjouir; le genre humain est tellement livré à la mort, qu'il ne sait quel chemin chacun suit après son départ; aussi un gagé tient à son propre sujet ce langage

Quand je pense à la mort, je suis triste et je pleure; il est certain que je mourrai, j'en ignore le jour; ce qui m'échappe aussi, c'est le choeur auquel je serai uni; je supplie le Seigneur de me placer dans la société des saints.

Pourquoi le monde combat-il sous l'étendard de la vaine gloire ? Sa prospérité passe bien vite, sa puissance se brise aussi rapidement que l'œuvre du potier, que le vase fait d'une argile fragile.

Ayez plus de confiance dans les lettres tracées sur la vitre qu'à l'apparence trompeuse de ce monde malheureux; ses récompenses ne satisfont jamais, il n'a de la vertu que l’apparence, jamais il n'eut un jour qui pût inspirer la confiance.

Mieux vaut croire là hommes véridiques que se fier aux prospérités misérables de ce monde, à ses songes vains et à ses vanités, à ses goûts trompeurs et à ses voluptés.

Dites-moi, où est Salomon, autrefois si brillant ? Que sont devenus Samson, ce chef invincible, le bel Abraham, au visage éclatant de beauté, et le doux Jonathas, autrefois si amiable?

Où s'en sont allés César, si élevé en pouvoir, le riche fameux, avec ses splendides festins, Tullius, avec son éloquence, Aristote, avec son puissant génie?

Toutes ces illustrations, toutes ces grandeurs, tous ces chefs, tous ces empires célèbres, tous ces princes, toute cette puissance, tout est tombé en un clin-d'œil.

Quelle fête rapide que cette gloire. du monde ! les joies sont comme l'ombre de l'homme, elles dérobent toujours les récompenses éternelles et jettent les humains dans les plus durs écarts.

Nature de vices! ô tas de poussière! ô vaine rosée, pourquoi t'élever ainsi ! Tu rie sais si demain tu seras en vie? Fais du bien à tous, tant que tu le pourras.

Cette gloire de la chair, si fort estimée, les saintes Ecritures l'appellent la fleur de l'herbe; c'est une feuille légère qu'enlève le vent. Voilà comment la vie de l'homme est arrachée à la lumière.

N'appelez pas vôtre ce que vous pouvez perdre; ce que le monde vous donne, il entend le ravir; pensez aux biens d'en haut, que votre cœur soit dans le ciel, heureux qui a pu mépriser le monde.

Le même Bernard.

Homme, dis-moi pourquoi tu abuses de la grâce du discernement, pourquoi tu abandonnes te chemin de la vie, et tu diriges tes pas vers les supplices? Au salut tu préfères l'oisiveté, et ce qui est vil à ce qui est précieux. La crainte du châtiment ne t'émeut jamais; l'espoir du salut ne t'ébranle point, ne te porte point à la recherche des joies suprêmes. Dis-moi, ô homme, pourquoi tu abuses du don de discrétion ?

Considère ce que vaut la gloire du monde que tu embrasses avec tant d'ardeur, bien des indices te montrent que tu te trompes à plaisir ; tu te mets à la poursuite d'un monde qui te fuit, il tombe, tu tombes avec lui; tu poursuis des choses qui passent. Voilà comment l'oreille bouchée, tu passes outre les dons qui restent. Homme, dis-moi pourquoi tu abuses du don du discernement ?

Certainement, tu n'es point excusable pour faire comme si tu ne savais point cela, car si tu t'échappes par ce moyen, il te reste ta conscience qui ne tait point les choses secrètes; et tu ne pourras éviter le jugement de Dieu; et si tu es convaincu, ta sentence de mort est assurée. Dis-moi, ô homme, pourquoi tu abuses du don de discernement?

Ne compte point sur le pardon, si ta pénitence est tardive. Le jour est arrêté, si tu ne le préviens par des œuvres, si tu ne purifies tes souillures, la misère fondra sur toi, sans nulle miséricorde, et tu seras à jamais avec les réprouvés. Dis-moi, ô homme, pourquoi tu abuses du don de discernement?

Considère donc, que lorsque tu paraîtras en présence du juge, il te traitera selon tes œuvres. Que tes vices ne te fassent point perdre la glorieuse patrie. Si tu te présentes sans tache, tu auras part aux joies éternelles avec les justes. Dis-moi, etc.

O longanimité et trop longue patience du Christ! ô surprenante bonté et miséricorde excessive ! ô endurcissement du cœur, et vol rapide de la mort ! Pourquoi diffères-tu, pourquoi ne réfléchis-tu pas ! Examine donc, quelle est la brièveté de la vie, quel fut notre premier état.

Vanité des vanités, ô soucis abondants, pourquoi ambitionner les dignités, pourquoi entasser les trésors ? Où aboutit cet amas; de quoi sert la cupidité? si le dehors du sépulcre est éclatant de blancheur, le dedans n'est que pourriture. Méditez et considérez ce que nous fûmes d'abord.

Combien cruelle est la mort, et combien grand l'effroi qu'elle cause ! lorsqu'elle sépare de tout, de quoi servent la joie et les plaisirs ? Que demandes- tu maintenant en retour de la vie? O cruel souvenir! que la méditation examine quel fut notre premier état.

O esclave, que penses-tu quand tu comparais au tribunal! ô puissante et cruelle accusation de l'ennemi! ô douleur et confusion! ô horreur et ténèbres! ô éternité des châtiments ! ô incendies dévorants! que notre méditation examine ce que nous fûmes d'abord.

O homme, pourquoi ne te hâtes-tu point d'obtenir le séjour de l'immuable félicité, le séjour d'où la terreur est bannie, où règne l'éternelle allégresse, où se trouvent les saints dans une félicité parfaite et dans la vision de Dieu. Que notre méditation, etc.

O homme, puisque tu n'es que terre et que boue infecte, pourquoi t'élèves-tu? Vois ce que tu es, ce que tu seras. Aujourd'hui fleur, et demain cendre.

L'âme en croissant, ou plutôt en décroissant, l'entraîne vers le néant. Pareille à l'ombre qui décline, la vie s'élève, se hâte et S'éteint derrière le trépas.

Homme, ton nom vient d'humus; tu passes vite parce que tu ressembles à la fumée. Jamais tu ne gardes le même état dans le mouvement de la vie qui coule et l'entraîne.

O triste sort! ô dure destinée! ô loi cruelle, que la nature a portée sur de pauvres malheureux! Naissant dans le chagrin, tu traînes, ô homme, la vie avec fatigue, et tu meurs dans la crainte.

Aussi, puisque tu connais ta condition, pourquoi poursuis-tu les voluptés charnelles? Souviens-toi que tu mourras et que, après ton trépas, tu récolteras ce que tu auras semé.

Tu foules la terre, tu portes la terre, et tu retourneras au sein de la terre, dont tu as été tiré. Regarde ce que tu es et ce que tu seras; fleur aujourd'hui, demain tu seras cendre et poussière.

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CHANT DE JOIE SUR LE NOM DE JÉSUS.

Jésus, ô douce pensée, elle donne au cœur une vraie joie; mais plus douce que le miel, plus agréable que tout, est sa douce présence.

Il n'y a pas, de, chant plus doux, point de parole plus agréable, point de pensée plus charmante que Jésus, Fils de Dieu.

Jésus, espoir des pénitents, vous êtes bon à ceux qui vous cherchent, mais, que n'êtes-vous pas pour celui qui vous trouve ?

Jésus, charme des cœurs, fontaine vive, lumière des esprits, vous êtes au dessus de toute joie, au dessus de tout désir.

La langue ne peut le dire, ni la lettré ne peut l'exprimer, celui qui l'a goûtée peut seul croire ce que c'est que d'aimer Jésus.

Je chercherai Jésus dans ma couché, après avoir fermé la chambre de mon cœur; en secret et en public, je le chercherai avec un ardent amour.

Dès le point du jour, avec Marie, je chercherai Jésus au tombeau, je le chercherai avec gémissement de cœur, du regard de l'âme, non de l'œil du corps.

J'arroserai de larmes son sépulcre, je remplirai le jardin de mes gémissements, je me jetterai aux pieds de Jésus et l'étreindrai de mes embrassements.

Jésus, roi admirable, noble triomphateur, douceur ineffable, unique objet de nos désirs.

            Seigneur, restez avec nous, éclairez-nous de votre lumière, chassez les ténèbres de notre âme, remplissez le monde de votre douceur. Quand vous visitez notre âme, la lumière brille pour elle, la vanité du monde lui devient vile, et la charité s'enflamme au dedans d'elle. L'amour de Jésus est très-doux, il est vraiment délicieux, il est mille fois plus charmant que nous ne saurions l'exprimer.

Sa passion nous le montre ainsi que l'effusion de son sang, qui nous rachète et nous, procure la vision de, Dieu.

O, vous tous, connaissez Jésus, demandez son amour, cherchez Jésus avec ardeur, enflammez-vous de charité en allant à sa recherche. Aimez celui qui vous aime si ardemment, rendez-lui amour pour amour, courez à l'odeur de ses parfums et offrez-lui sentiments pour sentiments.

Jésus, auteur de la clémence, espérance de toute joie, source de grâce et de beauté, véritables délices du cœur.

Mon bon Jésus, que je sente en moi l'abondance de votre amour, donnez-moi de voir en face votre gloire.

Quoique je ne puisse parler dignement de vous, je ne veux point garder le silence; l'amour me donné de la hardiesse, je ne trouve de joie qu'en vous.

Votre amour, ô Jésus, est un aliment sacré qui nourrit mon âme, sans lui causer la fatigue de la société, il entretient la faim et le désir. Ceux qui vous goûtent sont encore affamés ; ceux qui vous boivent ont encore soif et ne soupirent qu'après Jésus, l'objet de leur amour.

Celui que votre amour enivre connaît combien vous êtes doux, ô Jésus; heureux celui qu'il rassasie, il n'a rien à désirer au delà. Jésus, gloire des anges, vous êtes un doux cantique à l'oreille, un miel merveilleux à la bouche, un nectar céleste pour le cœur.

Mille fois je vous désire, mon Jésus, quand viendrez-vous? Quand me rendrez-vous heureux? Quand me rassasierez-vous de votre présence ?

Votre amour incessant est ma continuelle langueur, c'est pour moi un fruit de vie délicieux comme le miel, c'est le perpétuel fruit de vie. Jésus, bonté souveraine, merveilleux charme du cœur, bouté incompréhensible, que votre charité me presse.

Il m'est bon d'aimer Jésus, de ne rien chercher, hors de lui, de mourir entièrement à moi pour ne vivre que pour lui.

O mon très-doux Jésus, espoir de l'âme gémissante, c'est vous que mes pieuses larmes et que le cri intime de mon âme réclament.

En quelque lieu que je sois, je veux avoir mon Jésus avec moi. Quelle joie, quand je l'aurai trouvé! quelle fortune, quand je le tiendrai !

Quels embrassements alors, quels baisers plus délicieux, que mille coupes remplies de miel, quelle union pleine de bonheur avec Jésus-Christ, mais que ces délices durent peu !

J'aperçois ce que j'ai cherché, je tiens ce que j'ai désiré, je languis d'amour pour Jésus, et je suis tout enflammé des feux qui consument mon cœur.

Quand Jésus est aimé de la sorte, cet amour ne s'éteint pas, il ne languit ni ne meurt, il s'accroît et s'embrase et devient plus ardent. Cet amour brûle constamment, il fait éprouver une douceur merveilleuse, un goût délicieux, un bonheur charmant.

Tombé du haut des cieux, il s'attache à mes entrailles, il enflamme mon âme tout entière, mon esprit y trouve ses délices.

O heureux incendie ! O désir brûlant ! O doux rafraîchissement que d'aimer le Fils de Dieu !

Jésus, fleur épanouie de la Vierge mère, notre doux amour, à vous les louanges et l'honneur de la divinité, à vous le royaume de la béatitude !

Venez, venez, Roi excellent, Père de la gloire infinie, brillez plus clairement à mon âme, vous qui avez été si souvent attendu.

Jésus plus brillant que le soleil, plus suave que le baume, plus doux que toute saveur agréable, vous êtes plus aimable que tout.

Son goût cause une telle impression, son parfum un tel plaisir, que mon âme se sent défaillir tant il suffit à ceux qui l'aiment.

Vous êtes la jouissance du cœur, consommation de l'amour; vous êtes ma gloire, Jésus, salut du monde.

Revenez, mon bien-aimé, vous qui partagez la gloire du Père, et qui êtes assis à sa droite; vous avez heureusement triomphé de l'ennemi; jouissez maintenant du royaume des cieux.

Je vous suivrai partout où vous irez, vous ne pourrez m'être ravi, puisque vous avez enlevé mon cœur, ô Jésus, la gloire de notre race.

Citoyens des cieux, accourez, ouvrez les portes de votre palais, criez au vainqueur salut, Jésus, roi puissant!

Roi des vertus, roi de gloire, roi de l'insigne victoire, Jésus qui donnez le pardon, vous êtes l'honneur de la céleste patrie.

Fontaine de miséricorde, lumière de la patrie véritable, chassez les nuages de la tristesse, donnez-nous la splendeur de la gloire.

Les chœurs du ciel vous exaltent, et redoublent vos louanges. Jésus est la joie de l'univers, il nous réconcilie avec Dieu.

Jésus règne dans une paix qui surpasse tout sentiment, c'est cette paix que mon âme désire, c'est d'elle qu'elle a hâte de jouir.

Jésus est retourné à son Père, il est entré dans le royaume des cieux, mon cœur est sorti de moi et s'en est allé avec Jésus. Accompagnons-le de nos chants de louanges, de nos vœux, de nos hymnes et de nos prières : qu'il nous accorde de jouir avec lui du séjour des cieux. Amen.

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