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OEUVRES COMPLÈTES DE BOURDALOUE

 

PUBLIÉES PAR DES PRÊTRES
DE L'IMMACULÉE-CONCEPTION DE SAINT-DIZIER (Haute-Marne).

 

TOME TROISÈME

 

MYSTÈRES. -  PANÉGYRIQUES. — VÊTURES.  - ORAISONS   FUNÈBRES.

 

TOURS,

CATTIER, LIBRAIRE-ÉDITEUR, RUE DE LA SCELLERIE.

LOUIS GUÉRIN , IMPRIMEUR-ÉDITEUR A BAR-LE-DUC.

1864

 

ŒUVRES DE BOURDALOUE.

 

MYSTÈRES.

 

AVERTISSEMENT.

 

On s'était bien attendu que les sermons du père Bourdaloue seraient aussi favorablement reçus qu'ils l'ont été. En voici la suite, qui semble devoir soutenir toute l'estime que le public a conçue des premiers. Quiconque même a du goût pour les sermons, et en sait Paire le discernement, trouvera dans ceux-ci cet avantage qu'étant d'un genre où il est plus rare de réussir, l'auteur en a pris le vrai caractère, et s'y est tracé une méthode qui, pour être devenue commune, ne lui en est pas moins propre, puisque c'est lui qui en a donné le modèle, ou, du moins, qui l'a beaucoup perfectionnée.

Avant le père Bourdaloue, les prédicateurs traitaient les mystères de la religion d'une manière abstraite et Bêche; et si quelques-uns les tournaient à la pratique et à la morale, ce n'était qu'en peu de mots et qu'assez superficiellement. Ils expliquaient le fond de chaque mystère, ils en établissaient la vérité, ils en montraient les convenances; et, du reste, autant pour remplir leur sujet et ne pas manquer de matière, que pour donner du jour et de la force à leurs pensées, ils avaient recours à de longues citations, soit de l'Ecriture et des Pères, soit même des auteurs profanes. Voilà ce que faisaient les plus habiles, et ils en demeuraient là; de sorte que leurs discours étaient plutôt, à le bien prendre, des leçons de théologie que des prédications.

D'autres, moins solides, quoique plus diserts, s'en tenaient à une simple exposition des mystères, et s'appliquaient d'ailleurs à la relever par tous les agréments d'une élocution ou vive et brillante, ou seulement exacte et polie, mais souvent plus recherchée que naturelle. Certaines applications de l'Ecriture, assez ingénieuses, quelques comparaisons et quelques figures, quelques sentiments même dévots et affectueux, beaucoup de fleurs, mais peu de substance et peu de suc : c'était là que se réduisait toute leur étude, et l'idée qu'ils se formaient de ce qu'il y a dans la religion de plus saint et de plus auguste.

Le père Bourdaloue vit le défaut de cette spéculation, trop vague pour arrêter les esprits, et pour faire sur les cœurs des impressions capables de les remuer et de les toucher. Il comprit qu'il fallait ramener à lui-même l'auditeur; et que, s'il n'est réveillé de temps en temps par une peinture de ses mœurs, qui le pique et qui l'intéresse, il laisse bientôt son attention s'égarer, ou s'affectionne peu à ce qu'il entend : tellement que le prédicateur doit à peu près se comporter dans la chaire, à l'égard des autres, comme il se comporte à son égard, et pour son édification propre, au pied d'un oratoire et dans la méditation. Un homme qui médite sur un mystère se le retrace d'abord dans l'esprit, et en considère toutes les circonstances : mais, après cette première vue, faisant un retour sur soi-même, et se comparant avec le modèle qu'il a devant les yeux, il s'instruit, il se confond, il s'anime, il prend des résolutions, et sort de la prière en disposition de les exécuter.

Tel fut le plan que le père Bourdaloue crut devoir suivre ; et c'est par là môme encore qu'il se garantit d'un autre excès. Car il est vrai que les prédicateurs donnent quelquefois là-dessus dans une extrémité tout opposée. Ce ne sont plus proprement les mystères qu'ils traitent, mais, à l'occasion des mystères, de purs sermons de morale qu'ils font. Une vertu qui éclate dans le mystère dont ils ont à parler, et qui le distingue, c'est à quoi ils s'attachent ; et en cela il n'y a rien qu'on puisse reprendre, et qui ne soit selon les règles. Mais, après avoir proposé cette vertu comme le point capital du mystère, et comme le fruit qu'il en faut retirer, l'envisager seule dans toute la suite du discours, et perdre absolument le mystère de vue, sans y revenir jamais, si ce n'est peut-être dans une courte conclusion, il parait que c'est manquer à un des devoirs les plus essentiels du ministère évangélique. Le ministre de L'Evangile doit, avant toutes choses, instruire ses auditeurs de leur religion ; et ils n'en peuvent avoir qu'une connaissance très-imparfaite , si l'on ne prend soin de leur en expliquer les premiers principes et les vérités fondamentales, qui sont les mystères.

Au milieu de ces deux extrémités, il y a un tempérament dont le père Bourdaloue ne s'est guère écarté. Il donne à un mystère tout l'éclaircissement

 

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convenable ; mais il y joint ensuite une morale toute fondée sur le mystère môme ; et par le parfait rapport qu'il sait trouver entre l'un et l'autre, il les assortit si bien ensemble, que le mystère sert de preuve à la morale, et que la morale est la plus juste conséquence du mystère. Il fait plus : outre la première division de son discours, tantôt en deux et tantôt en trois propositions générales, souvent il subdivise encore chaque partie ; et ces subdivisions, qui sont autant de circonstances du mystère, s'étendent également et sur le mystère et sur la morale : d'où il arrive qu'au même temps qu'il développe par ordre tout son mystère, il expose dans le même ordre et développe toute la morale qui y répond.

On a pu voir, par quelques-uns des sermons de cet excellent prédicateur qui ont déjà paru, comment il entrait dans le véritable esprit des mystères, et sous quels traits il les savait représenter : mais on le verra encore mieux ici. Il est difficile d'en concevoir des idées plus justes, et d'en faire de plus grandes images. Non qu'il use pour cela de termes pompeux et d'amplifications, ni qu'il ait besoin de ces ornements que l'art fournit à l'orateur comme des secours pour le soutenir : toute sa grandeur est dans les choses mêmes qu'il dit, et qu'il tire de son sujet. Sans s'arrêter à certaines pensées, ou toutes mystiques, ou seulement pieuses, et sans les rejeter aussi, ni les affaiblir eu aucune manière, il n'avance rien qui ne lui paraisse solidement établi dans la religion. C'est là qu'il se renferme, et qu'en prédicateur habile et maître de son expression et de ses tours, il accommode, par un don qui lui était particulier, au style et à la dignité de l'éloquence chrétienne ce que la théologie a de plus profond sur nos mystères, et ce qu'elle exprime même dans le langage le plus obscur, et, si on l'ose dire, le plus barbare. La fin de chaque mystère, les desseins que Dieu s'y est proposés, les adorables perfections qu'on y découvre, les avantages qui nous en reviennent, les dispositions nécessaires pour le célébrer dignement et utilement, enfin les effets de grâce et de salut qu'il doit opérer en nous, voilà sur quoi roule tout son discours, mais avec une solidité qui convainc, et avec une majesté qui inspire de la vénération pour notre foi.

L'esprit, prévenu de la sorte, n'a plus de peine à se rendre ; et le cœur, pénétré de ce sentiment de respect pour le mystère de Dieu, se porte de lui-même aux conséquences où le prédicateur le veut conduire. C'est ce qu'on éprouvera en lisant ces sermons. Le père Bourdaloue les a remplis d'instructions propres à tous les états. Comme il cherchait moins à plaire qu'à se rendre utile, et que son zèle était universel, il avait soin de proportionner sa morale à toutes les conditions des hommes; et ce qu'il y a même d'assez remarquable, c'est qu'il ne parle presque jamais en particulier à ceux que la Providence a distingués ou par leur naissance, ou par leur rang, sans adresser ensuite la parole aux autres que Dieu n'a pas ainsi élevés ; et que, par une merveilleuse diversité de vues, il trouve tout à la fois dans le même mystère, et

pour les grands, et pour les petits, selon leurs situations différentes, des règles de conduite et des motifs de sanctification.

Ce qui ne fait pas moins connaître l'étendue et la fécondité de son génie, ce sont les divers discours qu'il a composés sur les mêmes sujets. Il y en a sur certains mystères jusques à quatre; et sur les autres, communément deux ou trois : tous si complets, qu'à prendre chacun séparément, il semble qu'il y ait épuisé toute sa matière. Ce n'est pas, au reste, qu'il ne fût quelquefois obligé de rentrer dans les mêmes pensées, car les sujets ne sont pas infinis : mais ces pensées, mises sous d'autres jours, et diversement exprimées, sans avoir le dégoût delà répétition, ont, au contraire , une force et une grâce toujours nouvelle.

Il faut, après tout, convenir que, sur le mystère de l'Ascension de Notre-Seigneur, le père Bourdaloue n'a pas tout à fait observé la méthode qu'il s'était prescrite. Ce sermon est tout moral; et, hors l'exorde et quelques endroits très-courts qui regardent le mystère, il n'y est parlé que de la gloire du ciel, et du mérite requis pour l'obtenir. Mais un des mystères où les prédicateurs se donnent plus aisément cette liberté, c'est, ce semble, celui-ci. L'auditeur y est assez accoutumé ; et nul à cette fête n'est surpris qu'on l'entretienne du souverain bonheur où Jésus-Christ nous a précédés, et qui est le terme de notre espérance. Quoi qu'il en soit, un seul discours, quelque beau qu'il puisse être, ni un exemple particulier, ne peut prévaloir contre une maxime générale.

On doit dire à peu près la même chose du second sermon de l'Assomption de la Vierge : et parce qu'il a rapport à un fait dont tout le monde n'est pas instruit, ou dont la mémoire commence peut-être à s'effacer, il est bon, pour rendre ce sermon plus intelligible, d'ajouter à quelle occasion le père Bourdaloue le composa. Il y a plusieurs années qu'il parut un petit ouvrage intitulé : Avis salutaire de la bienheureuse Vierge à ses dévots indiscrets, avec ces paroles de saint Paul au bas du titre : Que votre culte soit raisonnable. Il semblait que l'auteur n'eût eu en vue que de régler le culte de la Vierge : mais ce libelle tendait à le détruire. C'est ce qu'aperçurent d'abord toutes les personnes bien intentionnées qui prirent soin de l'examiner, et ce qui alluma le zèle des vrais catholiques en France, en Italie, en Allemagne, en Espagne et ailleurs. L'ouvrage donc, très-injurieux à la Mère de Dieu, et capable de troubler la piété des fidèles, fut déféré de toutes parts au saint Siège, et authentiquement condamné. Le père Bourdaloue entreprit de le combattre dans un sermon sur la dévotion de la Vierge, qui est celui même dont il s'agit. Ce n'est ni une controverse de l'école, ni une longue déclamation de la chaire, mais un discours solide, ou ces avis prétendus salutaires sont réfutés avec autant de modération et de brièveté, que d'ordre et de précision.

On a délibéré si l'on mettrait le sermon du lundi de Pâques au rang des autres, parce qu'il est imparfait ; mais on a conclu qu'il ne fallait pas

 

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l'omettre ni le dépincer ; et l'on a jugé même que le public serait bien aise d'avoir cette preuve de la fidélité avec laquelle on lui donne les sermons du père Bourdaloue.

 

 

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