Pluie de Roses III

1912

De février à décembre inclusivement

 

« Je veux passer mon Ciel à faire du bien sur la terre. Après ma mort je ferai tomber une pluie de roses. »

(Thérèse de l’Enfant-Jésus.)

 

« Je ferai  tomber  un  torrent  de roses. »

11 décembre 1911

Voir pluie de Roses II, page 107

 

Pluie de Roses III

Avertissement

LIVRE PREMIER

PREMIÈRE PARTIE  Faveurs spirituelles

CHAPITRE PREMIER — Conversions

1 — Sœur Thérèse offre elle-même son intercession pour la conversion d'un pécheur.

2 — Conversion particulièrement remarquable.

3 — Conversion à l'article de la mort.

4 — Conversion d'une famille protestante.

5 — Conversion d'un jeune homme adonné à la boisson.

6 — Conversion d'une femme du monde et de son mari.

7 — Conversion d'un pécheur adonné au spiritisme.

8 — Conversion d'une jeune athée.

9 — Conversion d'un père de famille adonné à la boisson.

10 — Conversion in extremis d'un impie résolu à mourir dans l'impénitence finale.

11 — Conversion d'une pécheresse publique.

12 — Retour d'un catholique influent à la pratique religieuse et à ses devoirs d'état.

13 — Conversion d'une jeune incroyante.

14 — Retour d'une enfant prodigue à la maison paternelle.

15 — Sœur Thérèse obtient à un pécheur trop timide le courage de se confesser.

16 — Conversion d'un voltairien octogénaire.

17 — Conversion d'un schismatique.

18 — Conversion d'un pécheur scandaleux.

19 — Conversion d'un libre-penseur matérialiste.

20. — Conversion d'une luthérienne.

21 — Conversion d'un jeune moderniste.

22 — Conversion remarquable.

23 — Conversion d'une âme abandonnée au désespoir.

24 — Conversion et délivrance de tentations.

25 — Conversion et vocation religieuse d'une jeune protestante.

26 — Conversion d'une religieuse protestante anglicane.

27 — Conversion d'une grande pécheresse.

28 — Conversion remarquable d'un alcoolique.

29 — Touchante conversion.

30 — Conversion d'un savant.

31 — Conversion d'une actrice.

32 — Union régularisée.

33 — Conversion d'un franc-maçon à l'article de la mort.

34 — Touchante conversion d'une famille protestante.

35 — Conversion et vocation sacerdotale d'un nouvel Augustin.

36 — Conversion d'un ouvrier imprimeur.

 

 

Permis d'imprimer.

Etretat. 25 mars 1913.

+ Thomas, èvêque de Bayeux et Lisieux.

 

I

 

Conformément au décret du Pape Urbain VIII, nous rappelons au lecteur que les mots suivants : miracle, relique, pèlerinage, vision, apparition, sainte... ont été imprimés dans ces récits pour respecter le texte des lettres reçues, sans aucune intention de devancer et de préjuger la décision de l'Eglise.

 

II

 

Les faits rapportés d^ins cet opuscule n'ont pas été tous contrôlés scientifiquement ou canoniquement ; nous les publions néanmoins, afin de montrer combien est générale la confiance des fidèles en l'intercession de Sœur Thérèse de l'Enfant-Jésus.

 

Avertissement

 

La « Pluie de Roses » 1911 a publié des lettres d'actions de grâces datées des premiers jours de février 1912. Par conséquent, c'est à partir de février que la liste close va se rouvrir, pour se fermer de nouveau à la fin de décembre 1912.

Les « roses ». dont le lecteur est invité à respirer le parfum, ont donc été effeuillées ou relatées dans l'espace d'un peu plus de dix mois.

Il nous semble que ce recueil de quelques-unes des grâces et guérisons obtenues par l'intercession de Sr Thérèse de l'Enfant Jésus, est le dernier offert au public.

Le pauvre esprit humain, en effet, se lasse de tout, même de l'extraordinaire, il s'habitue à tout, même aux miracles; et l'on dirait que les plus gracieuses merveilles perdent leur charme lorsqu'elles sont trop souvent répétées.

C'est sous l'influence de cette pensée que nous avons choisi un nombre de grâces bien plus considérable que pour les précédentes éditions, afin de donner au lecteur une idée à peu près juste de la puissance d'intercession de la Servante de Dieu.

Dans « Pluie de Roses II », nous avions simplement indiqué, au cours de la préface, les faveurs diverses au sujet desquelles nous ne donnions pas de relations détaillées. L'expérience de l'année qui s'achève nous a démontré que beaucoup de lecteurs impatients ne lisent pas cette préface et vont droit au récit des grâces accordées. Il en résulte qu'ils

 

IV

 

trouvent assez rarement, dans ces récits, des situations semblables à la leur ; ils n'y puisent donc pas le réconfort que donne la vue d'un compagnon d'infortune, tiré de la nécessité ou du danger où l'on se trouve soi-même.

Cette considération nous a porté à choisir des relations de faveurs de tout ordre et nous a suggéré de les grouper en différentes parties et en chapitres, afin qu'un simple coup d'oeil, jeté à la table des matières, puisse révéler au lecteur pressé la page précise qui ranimera son espoir ou augmentera sa confiance.

Ce classement aura aussi l'avantage de rendre moins fastidieuse la lecture de si nombreuses pages.

C'est encore pour rendre cette lecture plus intéressante que les grâces n'ont pas été rangées scrupuleusement par ordre de dates : cependant, autant que possible, cet ordre a été respecté.

Les personnes qui ne veulent pas signer les relations adressées au Carmel de Lisieux font une démarche inutile en les lui envoyant. Un récit anonyme est sans valeur, car il est sans garanties ; tout en étant parfaitement vraisemblable, on ne peut être assuré qu'il soit vrai et il est impossible de le faire servir, d'aucune manière, à la glorification de la Servante de Dieu.

 

 

LIVRE PREMIER

 

PREMIÈRE PARTIE
Faveurs spirituelles

 

CHAPITRE PREMIER — Conversions

 

1 — Sœur Thérèse offre elle-même son intercession pour la conversion d'un pécheur.

 

Baltimore (Etats-Unis), 12 juin 1912.

 

Une religieuse d'une communauté dont je suis le confesseur me prie de vous communiquer les faits suivants qui sont tout à l'honneur de celle qu'on appelle ici : « The little Flower of Jésus. »

Le père de cette religieuse n'avait pas perdu la foi; il allait souvent à la messe, il avait une réelle dévotion envers Marie; mais il ne s'était pas approché des Sacrements depuis un très grand nombre d'années.

Pendant plus de vingt ans, sa fille avait persévéré dans la prière pour la conversion de son père. Au mois de février dernier, elle faisait une neuvaine d'action de grâces à la chère petite Sœur Thérèse pour une autre faveur reçue, quand il lui sembla que Sœur Thérèse était souvent près d'elle, lui suggérant de la prier pour la conversion de son père.

« Si vous obtenez de la sainte Vierge la conversion de mon père, lui dit la religieuse, je publierai cette grâce en votre honneur. » Elle crut entendre cette réponse : « Oui, bientôt ! car je suis puissante auprès de Jésus. »

De fait, cette faveur lui fut bientôt accordée.

Vers la fin du mois, son père tomba dangereusement malade. Pendant sa maladie, on prêcha une mission dans la paroisse; un des missionnaires alla le visiter, entendit sa confession, et le lendemain, lui porta la sainte Communion.

Avec la santé de l'âme revint aussi la santé du corps, et, dans une lettre du 5 avril, l'heureux père écrivait à sa fille sa joie d'avoir fait sa paix avec Dieu et d'avoir recouvré la santé.

 

Rd P. X.

Professeur au Grand Séminaire.

 

2 — Conversion particulièrement remarquable.

 

X. (France),. Il mai 1912.

 

Je soussigné, pour la plus grande gloire de Jésus, pour la glorification aussi de son angélique épouse, Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, de Lisieux, certifie (et certifierai au besoin par serment) que, depuis près d'un an, je suis le témoin ravi d'une soudaine, merveilleuse et persistante transformation spirituelle qui doit être un vrai miracle de l'ordre moral.

Une pauvre âme était esclave, depuis environ 40 ans, des plus coupables et des plus tyranniques habitudes. A de nombreuses reprises, elle avait fait des efforts courageux pour briser ses chaînes, mais toujours en vain; au bout de quelques semaines au plus, les rechutes revenaient plus nombreuses, plus violentes : elles étaient très souvent accompagnées d'actes de désespoir, de haine de Dieu qu'elle rendait responsable de ses fautes, et quelquefois d'outrages au Christ et d'horribles sacrilèges que la malice du démon peut seule imaginer et inspirer à une âme qu'il s'est asservie.

En juillet 1911, je fis connaître à cette personne l’ « Histoire d'une âme » et lui racontai quelques-unes des faveurs obtenues de Dieu par l'intercession si puissante de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus.

A partir de ce jour, elle s'est sentie remplie d'une paix immense, d'une joie profonde, a évité toute faute grave, et n'a plus que deux amours au cœur : Jésus et Sœur Thérèse. Elle désire ressembler en tout à l'Ange de Lisieux, aimer Jésus comme elle à la folie, s'unir à Lui par l'oraison habituelle et aussi par le vœu de chasteté perpétuelle; elle ne redoute aucune pénitence, et, bien que très orgueilleuse et très volontaire jusque-là, elle obéit généreusement et avec joie, et reçoit bien les humiliations.

C'est sur son désir et par reconnaissance envers sa bien-aimée libératrice, que j'ai écrit cette courte relation.

 

J. R., prêtre. Curé de X.

 

3 — Conversion à l'article de la mort.

 

X. (Haute-Vienne), 10 septembre 1911,

 

Mme C., en danger de mort depuis plusieurs mois, refusait obstinément et en termes injurieux la visite du prêtre. Depuis sa première Communion peut-être, elle avait abandonné toute pratique religieuse et avait passé une vie assez longue dans le mépris de Dieu. Son fils, dont les sentiments antireligieux sont notoires, entretenait sa mère dans ces horribles dispositions et l'avait amenée à accepter, à désirer même des obsèques civiles.

Aux mois de mai et de juin, plusieurs personnes pieuses, redoutant la gravité du mal, essayèrent de lui faire accepter les secours religieux : tout fut inutile. Le 19 septembre, l'état de la malade devenait de plus en plus inquiétant, et personne n'osait lui

 

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faire de nouvelles avances, tant on redoutait l'influence du fils et l'obstination de la mère.

Le 20 septembre, une dame pieuse, ayant pris à dessein sur elle une relique de Sœur Thérèse, pénétra auprès de la malade, et doucement, avec affection, lui proposa de recevoir au moins la bénédiction d'un prêtre, afin de retrouver un peu de courage pour supporter ses souffrances. Elle refusa. Le soir môme, elle fut recommandée instamment à Sœur Thérèse et, le 23, on promettait de faire insérer cette conversion dans « Pluie de roses », si elle était obtenue d'une façon bien sensible.

Or, le 24 au soir, la malade réclamait d'elle-même et avec instance la bénédiction d'un prêtre. Elle fut alors préparée à la confession et, le lendemain matin 25, elle recevait dans les meilleurs sentiments les Sacrements de Pénitence et d'Extrême-Onction, à l'insu de son fils dont la fureur était à redouter.

Et, comme pour affirmer sa spéciale protection, Sœur Thérèse a continué sa victoire jusque dans les obsèques qui ont été religieuses et furent célébrées le 30 septembre, jour anniversaire de sa mort.

Sr M. B.

 

4 — Conversion d'une famille protestante.

 

Couvent du St-Sépulcre, New Hall, Chelmsford (Angleterre), 1912.

 

J'ai fait une neuvaine en l'honneur de Sœur Thérèse pour obtenir la conversion de ma sœur qui était séparée de l'Eglise catholique depuis 16 ans. Pendant la neuvaine, on me donna l’« Appel aux petites âmes ». Je l'envoyai aussitôt à ma sœur, lui demandant de le lire.

Quelques jours après, je recevais une lettre d'elle me disant : « J'ai lu le livre de la « petite Fleur », et mon mari en fait autant. Nous l'aimons beaucoup; mon mari dit que partout où il va, la « petite Fleur » le poursuit. Maintenant il a passé la brochure à son frère qui la lit à son tour. Pour moi, j'ai hâte de rentrer dans l'Eglise le plus promptement possible ; demandez donc aux religieuses de prier à mon intention. »

Je continuai mes supplications et, dans sa lettre suivante, ma sœur me disait son bonheur d'être redevenue catholique !

Son enfant nouveau-né a été baptisé par un prêtre de notre sainte Religion, et ses six autres enfants le seront durant ce mois de mai.

Sr G.

 

5 — Conversion d'un jeune homme adonné à la boisson.

 

X. (Valais. — Suisse), 20 mars 1912.

 

J'ai un frère sourd et muet, mais très intelligent et qui a reçu l'instruction par la méthode moderne. Ce jeune homme, désolé de son infirmité et de la mort de notre mère, s'était mis à boire d'une

 

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façon constante et refusait chaque année de faire son devoir pascal, d'assister à la messe ou de voir un prêtre. L'année dernière, de Pâques à la Pentecôte, il s'enivrait chaque jour.

Vous pouvez penser, ma Rde Mère, quelle était notre angoisse au sujet de ce pauvre enfant !

La veille de la Pentecôte, ayant beaucoup prié la petite Sœur Thérèse, je résolus de tenter un dernier effort. Prenant la relique, je l'épinglai à son habit sans qu'il s'en aperçût, et j'appelai votre «. Ange» à mon secours, avec tout l'élan de mon cœur. Puis, je dis à mon frère : « Viens avec moi, prenons nos bicyclettes, allons chez M. le Curé de V., et tu te confesseras aujourd'hui. »

J'attendais son cri de révolte, mais une lutte se fit en lui... il arpentait sa chambre, l'air sombre, et ne me répondait pas. Alors je criai intérieurement : « A moi, mon Amie du ciel !... »

Je pus lui passer son habit, l'embarquer, et nous nous mîmes en route. Il n'avait pas l'air de comprendre ce qui se passait en lui. |.e long du chemin, il se tut; mais, arrivé à la cure, il se confessa et il fit ses Pâques le lendemain.

Depuis, il s'est corrigé et ne boit plus, son gentil caractère est revenu aussi.

J'ai bien l'impression d'avoir assisté,ce jour-là à un miracle moral!

X.

 

6 — Conversion d'une femme du monde et de son mari.

 

Paris, 5 septembre 1912.

 

Je viens avec une joie bien profonde acquitter ma dette de reconnaissance envers votre ineffable petite Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, en vous faisant connaître, suivant ma promesse, tout le bonheur dont je lui suis redevable.

Elevée très chrétiennement, j'avais, depuis de longues années, délaissé toutes mes habitudes de piété et même cessé de remplir les devoirs essentiels de la vie chrétienne. Ma foi n'était pas morte, et j'étais par là même d'autant plus coupable ; mais le monde m'entraînait dans une voie tout opposée à celle du devoir, et si la façade de mon existence semblait exempte de reproches, j'avais, hélas ! à déplorer des fautes bien graves et nombreuses. Il me semble que cet aveu très sincère ne peut que servir à la gloire de ma chère bienfaitrice, en faisant mieux comprendre l'importance de l'œuvre de salut qu'elle vient d'accomplir en moi.

Vers le mois de janvier, une sainte religieuse de ma famille qui, du reste, ignorait le triste état de mon âme et me croyait restée une bonne chrétienne, joignait à sa lettre, qui m'apportait ses souhaits, une image de votre cher Ange. Je la mis bien en vue dans ma chambre et fus prise peu à peu du désir de changer de vie et de revenir à Dieu. Chaque soir, avant de me coucher, je faisais une courte prière, ce que j'avais négligé depuis bien longtemps, et je récitais avec ferveur celle qui demande la béatification

 

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de votre chère petite Sœur, la suppliant de m'obtenir une sincère conversion.

Dès le commencement du Carême, poussée par une force toute surnaturelle, je me confesse et trouve dans les conseils et la direction d'un religieux Lazariste, la force et le courage d'oublier ma vie passée et de reprendre mes chères habitudes d'autrefois. J'avais prié Sœur Thérèse de diriger elle-même mes pas, et je suis entrée dans cette chapelle des Lazaristes où j'ai retrouvé aux pieds du ministre de Dieu la paix et le bonheur... Mais là ne s'arrêtent pas ses bienfaits à mon égard.

Après ma conversion, je ne cessais de lui demander celle de mon cher mari, me considérant comme très coupable envers lui. et persuadée que je devais obtenir par mes prières et mes supplications son retour à Dieu. Ma Rde Mère, aidée par votre Ange, j'ai obtenu cette grâce bien plus tôt que je ne l'espérais! Le mois dernier, mon mari s'est confessé, s'est approché de la sainte Table... Et ce bonheur, je le dois à ma chère petite Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, devenue la gardienne et la meilleure amie de notre foyer. Chaque soir, nous faisons notre prière devant son image.

Mon mari et moi avons fait notre pèlerinage au Carmel, aux Buissonnets, à la tombe de votre sainte. Je l'ai priée de toute mon âme avec des larmes de reconnaissance...

Mme X.

 

7 — Conversion d'un pécheur adonné au spiritisme.

 

Notre-Dame de X. (Sarthe), 7 novembre 1912.

 

Dans notre paroisse, depuis de longues années (presque toute sa vie), un homme vivait sans pratique religieuse, donnant de mauvais exemples, et s'occupant de spiritisme. Son âme préoccupait beaucoup M. le Curé, qui priait avec foi et ferveur la petite Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, afin d'obtenir sa conversion.

Lorsque je fus en pèlerinage à Lisieux, il y a quelques mois, M. le Curé voulut bien me confier ses intentions pour les porter sur la tombe de la petite sainte. Il m'a avoué depuis, que celle-là était la première de toutes.

Il y a quelques semaines, cet homme qui ne peut plus marcher se lamentait et appelait la mort, devant la religieuse qui s'occupe de nos malades. Celle-ci lui dit : « C'est très bien de désirer mourir, mais il faut bien mourir. Pour cela il faut prendre le bon chemin et voir M. le Curé. »

Elle s'attendait à entendre un sarcasme, comme ceux dont il était prodigue lorsqu'on lui parlait de la sorte; mais la « petite Thérèse » avait opéré une merveille de plus, et lui, de répondre simplement : * Qu'on aille le chercher ! »

Cela fut tait immédiatement, mais on négligea d'avertir M. le Curé du changement miraculeux qui s'était produit; si bien qu'en arrivant il s'attendait, comme la religieuse, à entendre les tristes

 

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propos du pauvre incrédule; mais il était en face d'une âme touchée par la grâce, cherchant avec lui pendant une heure les péchés de sa longue existence, répétant sans cesse : « Je me suis trompé ! »

Cet homme a reçu les Sacrements avec toi et repentir, avec reconnaissance et bonheur. Sa conversion se maintient sous les veux de ses anciens amis, à la grande joie de ceux qui ont prié pour ce pauvre pécheur, à celle surtout de M. le Curé qui avait averti Sœur Thérèse que, si elle n'opérait pas cette conversion, il serait découragé de sa paroisse. Notre bon pasteur est maintenant plus que jamais confiant en la petite sainte et il a remis dans ses mains toutes les âmes dont il a la charge.

Mme G. de H.

Suivent les signatures de M. le Curé et de M.     Maire do X.

 

8 — Conversion d'une jeune athée.

 

Paris-Montmartre, 1912.

 

Une jeune fille de 23 ans, complètement athée, venait nous voir depuis plusieurs mois pour l'affection et l'intérêt qu'elle trouvait ici ; mais l'œuvre de sa conversion n'avançait pas, son esprit sceptique et railleur étant fort difficile à saisir. Sur ces entrefaites, elle se trouva dans une situation très dangereuse ; elle ne l'avoua pas d'abord, mais son trouble et la diminution des visites ne tardèrent pas à la trahir; l'aveu fut fait, mais quant à réagir, elle estimait la chose impossible et ne voulait même pas essayer...

Désolée de voir cette âme courir ainsi à sa perte, comme dernière ressource, je commençai une neuvaine à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus. De multiples événements, qu'il serait trop long de relater, se produisirent alors; mais quand la jeune fille revint me voir, voici quel fut son langage : « Ma Mère, j'ai la foi, je crois, je veux faire ma première Communion.»... Ce jour-là, c'est moi qui manquai de foi... et qui essayai de toutes façons de découvrir si un intérêt quelconque ne la poussait pas... Mais non, la suite devait bien prouver qu'elle était sincère.

Chaque jour, sans jamais y manquer, elle se levait à cinq heures afin de pouvoir, avant son travail, venir apprendre son catéchisme. Elle nous avoua ensuite qu'il lui avait été impossible de ne pas se rendre, car elle avait senti intérieurement quelque chose de plus fort qu'elle qui l'avait contrainte d'agir et de se dégager du danger.

La première Communion fut faite avec ferveur et, depuis, la communion hebdomadaire est sa plus grande joie.

Sr M.

 

9 — Conversion d'un père de famille adonné à la boisson.

 

Monastère des Ursulines, X. (Canada), 24 novembre 1912.

 

Un citoyen des plus distingués de la ville, occupant une position honorable, sans être descendu au rang des ivrognes, se livrait à la boisson et à ses tristes conséquences.

Dans ses moments de loisir, au lieu de venir faire la joie du

 

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foyer, il n'y apparaissait que rarement, et encore y apportait-il la tristesse par les mauvais traitements qu'il faisait subir à sa femme. Il n'était jamais content de ce qu'elle faisait et disait. Les choses en étaient rendues à un tel point que Mme V. voulait laisser son mari... Quelle affliction de part et d'autre !

L'aînée des enfants, confidente des peines de sa mère, vint, le 23 septembre dernier, nous demander des prières à Jésus-Hostie et à la « petite Thérèse », en disant : « Il faut que j'obtienne une grande grâce, aujourd'hui même !... » Sa foi fut récompensée.

En effet, le soir du 23 septembre, l'aimable petite Sainte de Lisieux avait fait l'œuvre du Seigneur dans l'âme de cet homme.

De retour d'un voyage, il rentrait ce jour-là même au foyer et, dès son arrivée, on s'aperçut qu'il était transformé. Comme autrefois, il se montra aimable pour sa femme, bon et paternel pour ses enfants. Depuis ce moment, il est heureusement resté le père chrétien et l'époux fidèle... Sr X.

 

10 — Conversion in extremis d'un impie résolu à mourir dans l'impénitence finale.

 

Miane (Italie), 19 décembre 1912.

 

Dans notre hôpital de Bovolone (prov. de Vérone), se trouvait déjà depuis quelque temps un pauvre homme malade de phtisie intestinale et d'une affection de la moelle épinière; mais il était, de plus, malade spirituellement, rempli de vices et si hostile à la religion qu'il ne voulait même pas voir un prêtre. A grand'peine la Sœur infirmière pouvait s'approcher de lui pour le soigner; mais malheur à elle, si elle avait ouvert la bouche pour lui parler de religion ! Les prières incessantes faites au pied du Tabernacle par les bonnes religieuses semblaient inutiles; Jésus-Eucharistie voulait opérer cette conversion par le moyen de sa bien-aimée petite épouse du Carmel.

Déjà depuis sept jours, le malheureux était en lutte et se trouvait face à face avec la mort; il connaissait son état et avait pris ouvertement la sacrilège résolution de passer en l'autre vie sans Sacrements, sans Crucifix, sans la consolante assistance d'un ministre de Dieu. L'agonie commença et cet obstiné usait ses derniers souilles à insulter ceux qui le conjuraient de penser à la terrible éternité qui l'attendait.

La Rév. Mère Supérieure de l'hôpital se souvint alors que je garde une relique de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus; elle m'envoie chercher, et de suite je me rends au chevet du moribond. Il me reconnaît, mais ne me parle pas; je le regarde et lui dis une parole de réconfort tandis que, soulevant légèrement l'oreiller sur lequel il appuyait sa tête, je pose dessous, en cachette, la précieuse-relique.

O prodige ! A l'instant même, le mourant jette autour de lui un regard, appelle une Sœur et demande le Prêtre. On ne savait que

 

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croire, et l'on se demandait s'il ne voulait pas insulter le ministre du Seigneur. Mais non, il renouvelle sa demande qui fut tout de suite exaucée... Le prêtre est à son chevet, il bénit le moribond, lequel, sans que personne le lui suggère, manifeste le désir de se confesser.

Il fait une confession pleine de soin et de repentir; il reçoit le saint Viatique, il veut l'Extrême-Onction et, au milieu des larmes d'une sainte joie, après quelques instants, il expire et son âme s'envole dans le sein de Dieu !...

La grâce prodigieuse était obtenue, l'admirable Sœur Thérèse avait instantanément triomphé. Combien de personnes qui connaissaient l'obstiné pécheur affirmèrent le prodige et se sentirent remplies d'une dévotion toute confiante envers la blanche « Fleur du Carmel !... »

Sr P. M.

 

11 — Conversion d'une pécheresse publique.

 

Dublin (Irlande), 10 mai 1912.

 

Votre chère petite Reine vient de faire une merveilleuse conversion. La convertie est une jeune fille de 17 ans qui demeurait dans une maison de péché. Elle était bien déterminée à continuer sa malheureuse vie de plaisir, même après que j'eus parlé et raisonné avec elle. Alors j'ai épingle une image de la « petite Fleur » dans sa robe, elle me promit de la porter et, en effet, elle la porta.

Avant que trois semaines fussent écoulées, elle était complètement changée. Elle s'est confessée, et maintenant elle reçoit la sainte communion journellement.

Sr M. S.

 

12 — Retour d'un catholique influent à la pratique religieuse et à ses devoirs d'état.

 

T. (Ariège),. Il décembre 1912.

 

Depuis quatre ans, M. X. faisait la désolation de sa très chrétienne famille, par son inconduite et l'abandon de ses devoirs religieux.

Prières, larmes, sacrifices, tout semblait inutile. Les gens de bien en étaient d'autant plus peines que les ennemis de la religion s'en réjouissaient ouvertement.

Après nous êtes adressés au Sacré-Cœur, par l'intercession de tous les saints en qui nous avons confiance, et n'obtenant jamais la conversion de cet homme si influent dans la région, nous nous sommes tournés vers votre gracieuse « petite Reine », la suppliant de faire cesser un tel désordre, de ramener dans la bonne voie ce pécheur égaré, et promettant de publier cette faveur pour sa gloire.

Nous n'avons pas attendu longtemps : bientôt, ce malheureux a brisé sa chaîne et repris ses habitudes au sein de sa famille étonnée et heureuse, et depuis il ne manque plus la Messe.

Sr X.

 

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13 — Conversion d'une jeune incroyante.

 

Bruxelles (Belgique), 1912.

 

Je me fais un plaisir de vous apprendre qu'une conversion miraculeuse vient de s'opérer à L., par l'intercession de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus.

Une jeune fille, appartenant à une famille très incrédule, entendit parler des conversions et des miracles que Sœur Thérèse a déjà faits. Elle demanda à une religieuse de lui donner la Vie de la petite Sainte.

Elle lut ce livre, et voilà qu'au bout de sa lecture elle se convertit et demanda le Baptême! Elle l'a reçu il y a déjà quelques jours; d'une incrédule, Sœur Thérèse en a fait une croyante convaincue et pieuse !

 

Abbé Jean E., prêtre.

 

14 — Retour d'une enfant prodigue à la maison paternelle.

 

Sheffield (Angleterre), 9 octobre 1912.

 

Il y a quelques mois, une jeune fille, la fille cadette d'une famille très honorable, s'est éprise d'un jeune homme qui menait une vie peu édifiante. Elle quitta la maison de son père, malgré ses remords (car elle était jusqu'à ce moment une jeune fille pieuse), et elle se maria civilement. Son pauvre père, ne sachant plus où elle était ni ce qu'elle était devenue, était obligé, en conséquence de sa conduite, de fermer sa maison (sa femme étant morte) et d'aller habiter chez son autre fille, mariée.

Etant tombé malade pendant des semaines, il demanda à me voir, car c'était moi qui visitais les pauvres et les malades de ce quartier. Quand je le visitai le 29 septembre, dans l'après-midi, il me dit que son cœur se brisait à la pensée de cette enfant perverse. J'essayai de le consoler et lui dis d'avoir confiance, que sa fille reviendrait à lui et à son devoir. Il me raconta tristement qu'une lettre envoyée à l'adresse où il croyait la trouver avait été rapportée par la poste.

Alors, je pensai à la « petite Fleur», car nos enfants avaient offert des neuvaines de communions qui devaient finir le lendemain 30 septembre, anniversaire de sa mort. Je me mis à genoux près du lit, et nous priâmes ensemble, promettant que si la pauvre égarée revenait à son père le lendemain, je vous écrirais pour publier cette grâce.

Le lendemain, lundi 30 septembre, avant 10 heures du matin, la malheureuse enfant arrivait chez son père, implorant son pardon et promettant de se faire marier par un prêtre !

Grâce à Dieu et à la « petite Fleur », après s'être réconciliée ainsi avec son père, elle a également fait sa paix avec Dieu.

Sr X., Fille de la Charité.

 

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15 — Sœur Thérèse obtient à un pécheur trop timide le courage de se confesser.

 

X. (Seine), 21 octobre 1912.

 

Un homme encore croyant, mais qui depuis plus de quinze ans ne s'était pas approché des Sacrements, ayant un trop lourd passé à avouer et reculant devant la confession, entend un prêtre conseiller d'invoquer Soeur Thérèse dans les circonstances difficiles. Cet homme avait dit bien des fois :« Je ne voudrais pas mourir dans l'impénitence, mais je ne me confesserai pas avant mon dernier jour : je n'ose pas ! »

Dans la journée — il l'a avoué depuis — après avoir prié votre chère Sainte, il se dit en songeant à sa confession : « Après tout, c'est difficile, mais non impossible !» ; — le lundi : « Je le ferai » ; — le mardi : « Mon Dieu ! que je voudrais bien être à samedi ! »

Il raconte qu'il était « comme poussé par une force invisible et que, s'il avait voulu résister, il n'aurait pas pu ». Il a, parait-il. pleuré au confessionnal, et hier, dimanche 20 octobre, il a communié et n'a cessé tout le jour de répéter : « Mon Dieu ! que je suis content ! »

J'affirme, sous le sceau du serment, la véracité de ce fait.

X.

 

16 — Conversion d'un voltairien octogénaire.

 

Hôpital des Frères de Saint-Jean de Dieu,

 

Marseille (B. du R.), 8 décembre 1912.

 

Arrivé dans cette vaste maison au début du printemps, je ne lardai pas à y faire la connaissance d'un vieillard dont l'impiété légendaire avait déjoué toutes les tentatives faites, autour de son âme, pour le remettre en bons termes avec son Créateur. C'était le voltairien parfait; non pas le voltairien haineux, genre Paul Bert ou Brisson, mais le voltairien bon enfant, plein d'indifférence pour l'Auteur de tout bien, riant et se moquant de tout. Ce pauvre Adrien pourtant appartenait à une famille « remplie de sainteté dans le monde comme dans le cloître ». II avait assidûment fréquenté le palais archiépiscopal de son oncle, décédé en grande réputation, non loin d'ici. Il avait reçu une éducation soignée au pieux collège des Minimes; mais, sorti du collège, il avait pris l'existence en taille-douce; et, comme il ne s'était jamais marié, il avait mené la vie, mais pas celle d'anachorète ! Au demeurant, c'était une tache, et une grosse pour sa famille, à la charge exclusive de laquelle il resta pendant quatre-vingt-huit ans et quelques jours, puisque, de son propre aveu, il ne fit jamais œuvre de ses dix doigts.

 

Au mois de juin, la Providence trouva bon de me faire douloureusement et pour une semaine son voisin d'infirmerie. Séparé de lui par l'épaisseur d'un rideau, je pus à ses abondantes paroles —

 

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car il était bavard comme toute une basoche — sonder la profondeur de l'abîme qui le séparait de son Dieu.

Au bout de quelques jours donc, je réintégrais ma chambre, mais l'esprit fort obsédé par la pensée de ce vieillard endurci. Une idée, que je crus lumineuse, me vint subitement :« Si je l'entreprenais?» ce qui dans mon esprit voulait dire : « Si je le faisais entreprendre? Pourquoi Thérèse, qui opère partout, n'opérerait-elle pas ici ? Pourquoi cette chère et pauvre âme ne serait-elle pas emportée par le « torrent de roses (1) » dont il fut question le. Il décembre dernier ? date à laquelle je fus moi-même envahi par un parfum suave et mystérieux... Et je me vois encore, armé d'une image de Sœur Thérèse et d'une épingle, me dirigeant vers l'alcôve du malheureux voltairien pour attacher le portrait, de façon qu'il l'eût continuellement sous les yeux, me disant : « Le sort en est jeté ! Nous verrons maintenant qui aura le dernier mot, de la chère sainte ou du pauvre renégat. »

 

Vous n'attendez pas, ma bonne Mère, que je vous raconte, par le menu, les alternatives d'espoir et de désespérance où nous Ht passer le pauvre obstiné. Quelques citations néanmoins sont nécessaires pour mettre les choses au point.

Afin de légitimer à ses yeux l'invocation à la Sœur Thérèse, dont il n'avait jamais entendu parler, je lui vantai sa puissance d'intercession. Je voulus en outre qu'il fixât des yeux, en l'invoquant, son image attachée dans les rideaux. « Elle est si puissante que cela, me dit-il, votre Thérèse?— Mais oui! et la terre entière publie ses bienfaits. » — « Alors, s'écria-t-il très fort, en s'agitant violemment dans son lit, et la fixant d'un air goguenard, alors... Mademoiselle la Sainte... priez pour nous!... »

Comme c'était encourageant!... Mais « Mademoiselle la Sainte » se piqua au jeu. Elle avait jadis pratiqué le pardon des injures, et elle devait, en réponse à ces aménités, bouleverser ce vieux cœur jusqu'alors irréductible et changer ces sarcasmes en larmes de repentir et d'amour...

Un jour, je lui parlai de la mort : « Quand on a votre âge, on ne peut plus espérer vivre longtemps; il ne faut donc pas tarder à mettre son administration en règle. — Je suis bien de votre avis ; à mon âge, on peut même partir subitement... Quand je serai dans la tombe, je me dirai : Mon pauvre vieux, ce n'est pas de ta faute si tu es là, tu as reculé l'échéance tant que tu as pu ; il faut bien te résigner à ton coquin de sort! » C'était à pleurer et parfois à rire: car il avait énormément d'esprit, et je n'en finirais pas s'il fallait citer les saillies dont il saupoudrait son impiété.

Une autre fois, je lui rappelai son éducation aux Minimes : « Ah! oui, j'étais bien fervent aux Minimes! parlons-en ! Je faisais ce qu'il fallait faire, parce qu'il fallait le faire; et à ma sortie j'ai tout

 

(1) Voir Pluie de Roses, II. page 107.

 

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envoyé promener ! » Soit donc un modeste arriéré de plus de trois quarts de siècle, puisque, de son propre aveu, les quelques pratiques religieuses de son enfance n'avaient presque aucune valeur!

Enfin, j'abordai l'épineux sujet de la confession, mais il ne fit que ricaner. « Ah! oui, la confession! que voulez-vous que cela produise chez quelqu'un qui ne croit pas à son efficacité? »

Cependant, la grâce ne lui laissait pas un instant de répit et le torturait plus profondément à mesure qu'il professait pour Soeur Thérèse une admiration dont ses paroles, de plus en plus expressives, étaient le plus sûr garant...

 

Le. Il novembre, rien d'anormal ne s'était manifesté chez le vieillard; mais le 12 au matin, ses traits paraissant fatigués et son estomac ne voulant rien garder, mon collègue, qui passait par l'infirmerie, lui dit sans préambule que, vu son grand âge et son état, il fallait mettre en règle son passeport pour l'éternité. « Alors, répond le moribond — car il l'était déjà — je vais me confesser. » Le grand mot, le mot terrible était lâché, et lâché par lui ! Le Père Norbert, qui se trouvait à merveille dans notre maison, s'approcha. Le voltairien de tout à l'heure se confessa comme un moine, reçut le saint Viatique et le Sacrement des mourants.

Il vécut encore huit jours, et, par une attention délicate de la Providence qui voulait sans doute nous faire voir combien son retour était sincère et réfléchi, lui qui divaguait de temps à autre, recouvra la parfaite possession de ses facultés et ne cessa de nous édifier tout le temps qu'il resta parmi nous, continuellement occupé de son « terrible voyage de la terre au ciel », comme il disait lui-même.

Le lendemain, le Père Norbert retourna le voir : « Que vous êtes heureux, lui dit-il, vous avez déjà un pied dans le ciel! — Oui... mais, hier, je me suis peut-être confessé un peu vite?... » Il était prêt à renouveler un acte dont le simple nom, précédemment, le faisait bondir! — Si votre vie était à recommencer, vous agiriez autrement, sans doute? — Ah! certes! — Divin Jésus, lui suggéra le Père, je vous aime de tout mon cœur. — Mais non, ce n'est pas cela ! vous savez bien que je ne peux pas dire cela ! » — Comprenant alors sa touchante pensée, le religieux changea la formule : « Divin Jésus, je désire vous aimer de tout mon cœur. — Oh ! oui, oui ! c'est cela. » Le cher ami se reprochait maintenant de ne pas assez aimer Dieu. Et ce fut ainsi toute la semaine! Dans la nuit du 18 au 19, il ne cessa de prier tout haut. Vers 4 heures du matin, le 19, il perdit la parole ; et pendant la messe de communauté, vers 7 heures, la victoire devenait éternelle...

 

Vous ne serez pas étonnée, ma bonne Mère, si j'ai le cœur et les yeux remplis de larmes en vous adressant ces lignes : je m'étais tant attaché à ce vieil enfant, et la victoire de Thérèse est si belle ! Elle s'était emparée de lui d'une manière ineffable.

 

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Un jour, au commencement de nos négociations, je déroulai subitement à dessein, devant ses yeux, le portrait grand format de notre sainte. Il jeta un cri, et, pendant quelques minutes, ne tarit pas d'éloges sur la pureté qui s'exhale de l'angélique physionomie.

Il en était arrivé, à la prière du soir, à ne plus pouvoir faire sans émoi l'invocation : « Petite Thérèse, priez pour nous !» — « Oh ! oui, la petite Thérèse, priez pour nous! Elle est si belle, si jeune, si puissante et si bonne! C'est encore elle que j'aime le plus!!!»

C'était à recommencer tous les soirs, et, je le répète, la grâce fondait cet iceberg à mesure qu'en son cœur augmentait le culte de la sainte enfant. Lorsque, dans sa dernière semaine d'agonie, je m'approchais de sa couche douloureuse pour lui suggérer des aspirations auxquelles il s'unissait de son mieux, quand le nom de Thérèse frappait son oreille, il sortait aussitôt de sa torpeur, et, de ses veux presque éteints, me lançait un regard d'une ineffable et souriante tendresse...

H. T., prêtre.

 

17 — Conversion d'un schismatique.

 

Collège français de Philippopoli (Bulgarie), 3 août 1912.

 

La semaine dernière, apprenant qu'un malade de notre connaissance allait bientôt mourir, un de nos Pères se rendit auprès de lui. Ce malade avait renié notre sainte Religion.

Le Père glissa sous son oreiller une image de Sœur Thérèse que je lui avais donnée et demanda à la « Fleur » bénie de votre Carmel d'opérer cette conversion.

La petite sainte ne perdit pas de temps. Le malade ayant trouvé l'image, la regarda plusieurs fois avec émotion, et à ce moment, Sœur Thérèse mit sans doute la dernière main à son œuvre.

En effet, le moribond fit son abjuration, reçut les Sacrements de Pénitence, d'Eucharistie et d'Extrême-Onction, et mourut dans le sein de l'Eglise romaine. Il rendit le dernier soupir en baisant le Crucifix et édifiant tous ceux qui l'entouraient.

Frère Léon.

 

18 — Conversion d'un pécheur scandaleux.

 

P. (Dordogne), 25 avril 1912.

 

La vie privée de M. X., depuis de longues années, était scandaleuse et connue de toute la ville.

Dans ses égarements, il n'avait pas perdu la foi ; pourtant, on ne sait si, depuis sa première Communion, il avait pratiqué; c'est douteux.

L'année dernière, dans une première maladie, on avait bien prié pour lui et tenté, mais vainement, de le ramener ; l'heure de la grâce ne devait sonner que sur les instances de notre toute-puissante Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus.

Cette année, il retombe malade. Une relique cachée sous son

 

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oreiller, des prières réitérées à la petite sainte en faveur de ce malheureux ont obtenu son retour à Dieu.

Le soir de sa conversion, 15 avril 1912, Sœur P. fut pressée intérieurement, d'une manière irrésistible, dit-elle, d'aller au domicile de ce monsieur. C'était contre ses habitudes, à cette heure un peu tardive; la Supérieure, surprise, le lui permit pourtant.

En arrivant, elle le voit calme, et se sent poussée à lui demander s'il voulait faire ses Pâques. Au grand étonnement de la Sœur, il répond : « Je le veux bien ! » Croyant avoir mal compris, elle lui dit : « Voulez-»vous vous confesser ce soir? » Sur sa réponse affirmative, la Sœur s'empresse de faire venir le prêtre qui le confesse dans les meilleurs sentiments. Le lendemain, il recevait le saint Viatique, puis l'Extrême-Onction.

Vous devinez, ma Révérende Mère, notre gratitude envers Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus !

Sr X.

 

19 — Conversion d'un libre-penseur matérialiste.

 

Paris, 30 novembre 1912.

 

Mon père fut élevé par des parents absolument ennemis de toute idée religieuse, et fatalement il suivit ce dangereux courant, rejetant Dieu, l'Eglise, les livres saints, ne voulant admettre à aucun prix le surnaturel. Pour lui, tout était dû à l'évolution naturelle, sans l'intervention d'un Etre suprême.

Il n'était cependant pas hostile, mais il vécut dans l'indifférence religieuse jusqu'à l'âge de 47 ans.

C'est alors qu'une de mes amies me fit connaître Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus. Confiante en sa puissante intercession, je commençai à la prier, trois semaines environ avant de demander à mon père de bien vouloir s'approcher avec moi de la Table sainte. Ma prière était hardie, car ce bien-aimé père n'avait pas fait sa première Communion !

Le jour si désiré et si redouté à la fois vint enfin où je me décidai à lui confier mon désir. Non seulement aucune objection ne me fut faite, mais encore j'appris, à mon grand étonnement, qu'il n'attendait que ma demande. Le soir même, j'eus la joie de l'accompagner au saint Tribunal : une indicible émotion nous étreignit tous deux.

Je renonce à exprimer ce que fut pour mon père chéri et pour moi cet inoubliable et incomparable lendemain où il reçut son Dieu pour la première fois...

Puissent tous ceux qui liront ces lignes et qui désespèrent de ramener à Dieu une âme chère, s'adresser à celle qui, selon sa promesse, passe vraiment son Ciel à faire du bien sur la terre et à y faire tomber une pluie de roses !

 

M. B.

 

Suit l'attestation du confesseur, vicaire à Saint-Sulpice.

 

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20. — Conversion d'une luthérienne.

 

Couvent de la Merci, Lilydale (Australie), 6 octobre 1912.

 

Il y a à peu près dix-huit mois, nous avons pris ici une institutrice allemande, une luthérienne qui souvent nous demandait des renseignements sur la religion catholique. Nous commencions donc à prier pour elle afin qu'elle reçoive le grand don de la foi. C'est une personne d'un caractère très sérieux, très droit, et une femme très instruite qui a examiné toutes les religions qu'elle a eu l'occasion d'observer.

Nous lui avons offert l'édition française de la vie de la « petite Fleur ».

Elle l'accepta et promit de la lire...

Elle nous avoua plus tard que, tandis qu'elle la lisait, tous les doutes dont elle était tourmentée la quittèrent. Les ténèbres qui enveloppaient son âme firent place soudain à une si pleine lumière qu'elle ne pouvait plus comprendre comment elle avait jamais pu douter de la vérité des dogmes de notre sainte religion. Elle ne pouvait plus les discuter comme autrefois.

Avant la fin de la semaine, elle annonça son intention de se faire catholique, et, après une sérieuse préparation, elle fut baptisée et fit sa première communion.

Elle est aujourd'hui très heureuse et très dévouée à Sœur Thérèse à qui elle a confié toutes ses affaires, tant spirituelles que temporelles, qui, les unes et les autres, réussissent au delà de son attente.

Sr X.

 

21 — Conversion d'un jeune moderniste.

 

X. (Lorraine), 24 novembre 1912.

 

Je suis redevable à Sr Thérèse de l’Enfant-Jésus d'une bien grande grâce ; si ma santé corporelle est loin d'être améliorée, il n'en est point de même de la santé de mon âme, — j'allais dire : je suis converti !

Je vous dois un mot d'explication.

Sans être devenu sectaire, sans avoir perdu la foi, je la laissais cependant dormir tout au fond de mon cœur ; la question religieuse ne m'intéressait plus ; je ne recherchais que le plaisir, j'étais moderniste. Si le péché de Madeleine ne me souilla pas, je dois sans doute cette faveur à la maladie qui, me terrassant de temps à autre, me faisait trembler devant la pensée du Jugement.

Aujourd'hui, je le crains encore ce Jugement, mais non plus de la même manière, puisque Sœur Thérèse m'apprend à aimer Dieu, tandis qu'autrefois j'en avais peur seulement. Je ne veux rien vous cacher, je brûle même de vous confier mon délicieux secret : je ne rêve plus que le Carmel, j'y pense sans cesse, tous mes désirs m'y portent. Oh ! si vous connaissiez mon bonheur !...

Non, ma vie ne peut s'éteindre au moment même où elle s'éveille à de si douces espérances... non, mon cœur ne peut point cesser de battre à l'heure où il commence à comprendre l'Amour !... Oh ! je

 

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ne demande pas à vivre longtemps, quelques années seulement, et quand Sœur Thérèse m'aura fait aimer le bon Dieu comme elle l'a aimé, alors la mort n'aura plus rien d'effrayant pour moi.

M. X., 23 ans.

 

22 — Conversion remarquable.

 

G. (S.-et-O.), 25 novembre 1912.

 

L'offrande que je vous envoie aujourd'hui est pour remercier Sœur Thérèse d'une conversion qu'on pourrait appeler miraculeuse, et que je crois devoir lui attribuer.

Il serait trop long de dire toute l'économie si miséricordieuse de cette conversion. Il s'agit d'une personne entièrement éloignée de Dieu depuis 14 ans et entièrement plongée dans le vice. Je lui envoyai une relique de Sœur Thérèse; elle consentit à la porter et à dire matin et soir trois Ave Maria...

Maintenant cette personne est sur le chemin de la vie religieuse et d'un Ordre austère entre tous ! X.

 

23 — Conversion d'une âme abandonnée au désespoir.

 

Paris, 9 octobre 1912.

 

Une Sœur de Saint-Vincent-de-Paul me charge de vous faire le récit suivant :

Elle avait depuis longtemps l'occasion de voir souvent une âme découragée, prête à tomber dans le désespoir, doutant de la miséricorde de Dieu et ne goûtant aucune paix à son service. Cette chère Sœur multipliait ses prières, ses conseils, mais en vain : la pauvre jeune fille se mourait de chagrin en pensant à ses fautes, et ne comptait plus sur la bonté de Dieu.

Le 30 septembre dernier, ma Sœur X. sollicita de votre petite sainte, au jour heureux de l'anniversaire de sa mort, la guérison de cette âme que le démon du découragement possédait depuis des années et elle fit faire à cette intention une neuvaine à ses malades.

Le cinquième jour, premier vendredi du mois d'octobre, entre deux et trois heures de l'après-midi, la jeune personne fut terrassée comme saint Paul, par une lumière extraordinaire, et elle comprit soudain ce que personne n'avait pu lui faire entendre jusqu'à ce jour.

La paix et la joie entrèrent alors dans cette âme. Fille fait maintenant la communion quotidienne; elle a compris que « c'est par la confiance qu'on arrive à l'amour », et elle veut suivre Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus dans sa voie d'abandon.

Le confesseur de la jeune fille considère cette transformation comme miraculeuse.

M. P.

 

24 — Conversion et délivrance de tentations.

 

X. (Canada), 18 février 1912.

 

J'ai à cœur de publier à la gloire de la Servante de Dieu, Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, un miracle éclatant opéré par elle en ma faveur.

 

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Depuis l'âge de 14 ans (j'ai 40 ans) jusqu'à deux mois passés ou, pour être plus juste, jusqu'à un mois et 18 jours, j'étais comme possédé du démon de l'impureté, obsédé continuellement, jour et nuit, de pensées et de désirs affreux.

A. Il ans, j'étais entré dans un lycée; j'y avais puisé de mauvais enseignements qui firent éclore en moi, à 14 ans, des passions terribles. Ma vie tout entière fut ruinée. Je devins le déshonneur des miens sous tous les rapports ; mais surtout sous le rapport de l'impureté : je dépassai de beaucoup saint Augustin.

A de nombreux intervalles, j'essayai de différents remèdes, de différentes prières. La communion fréquente m'aidait quand j'en usais, mais elle m'était insipide ; tout m'ennuyait, excepté le mal !

Ces deux dernières années, le démon, sentant probablement approcher le temps où une plus puissante que lui le vaincrait, réunit tous ses efforts pour me jeter dans des écarts irrémédiables et dans l'abîme du désespoir. J'avais été consulter en vain le Rév. Frère André, faiseur de miracles et réputé pour sa sainteté. De quelque côté que je me tournasse, l'horizon était sombre, tourmenté par une épouvantable tempête.

Près de sombrer à tout jamais, j'invoquai Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus pour laquelle j'avais une certaine affection et beaucoup de confiance ; je me recommandai aux prières de votre communauté, et, depuis, mes obsessions ont cessé entièrement et comme subitement !

Pour l'honneur de ma famille, ma Rde Mère, je vous demande de ne pas signer mon nom pour le moment ; mais je vous prie de vouloir bien publier le miracle, selon que vous le jugerez bon, en temps et lieu qu'il vous plaira.

J'ai lu dans des livres sérieux et j'ai entendu dire bien souvent qu'une habitude ancienne était impossible à corriger; qu'une fois pris dans la boisson, l'impureté, le jeu, etc., il n'y avait plus de remède, et qu'une âme ainsi liée ne se relevait moralement jamais.. Il me semble que c'est une erreur, et je tiens à faire triompher la vérité et la miséricorde de Celui qui a dit : « Si vous ne renaissez de nouveau et ne devenez semblables à de petits enfants, vous n'entrerez pas dans le royaume des Cieux. » Je veux persévérer dans ma conversion et devenir un exemple de cette seconde naissance, afin de contribuer à la plus grande gloire de Dieu et à la gloire du Carmel ; aidez-moi, continuez à m'aider, s'il vous plaît, du secours de vos prières.

X.

 

25 — Conversion et vocation religieuse d'une jeune protestante.

 

Monastère de X., Milan (Italie), novembre 1912.

 

Le 11 juin de cette année, on nous amena une jeune fille américaine de 21 ans qui n'avait pas encore reçu le Baptême et qui ne savait rien de notre sainte religion. Nous commençâmes à l'instruire, mais la pauvre enfant était si ignorante et semblait si indifférente pour les choses saintes, qu'il me paraissait vraiment impossible de

 

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pouvoir réussir à la faire devenir une bonne chrétienne, surtout parce qu'elle avait un caractère entêté et opiniâtre. Alors je commençai à lui faire prier Sœur Thérèse, et moi-même je suppliai ma céleste bienfaitrice de convertir cette pauvre âme.

En quelques jours, la chère enfant subit une véritable transformation : elle commença à aimer la prière, à dompter son caractère, à chérir notre couvent, l'église, à goûter les cérémonies religieuses, à bien étudier son catéchisme, et enfin elle changea si bien que. n'étant pas encore baptisée, elle avait déjà un vif désir, non seulement d'être chrétienne fervente, mais aussi de devenir religieuse.

Bref, cette jeune fille, qui paraissait d'abord une véritable sauvage, devint si bonne et si pieuse, se mit à rechercher la perfection avec tant d'ardeur que nous aurions voulu pouvoir l'introduire dans notre noviciat, tant on pouvait être sûr de sa vertu et de sa vocation.

Sa dévotion envers sa bien-aimée protectrice grandissait chaque jour avec celle de la Sainte Vierge, et l'âme de la pauvre enfant achevait de se transformer.

Enfin, le 23 octobre, elle recevait le Baptême avec le nom de Marie-Thérèse, en l'honneur de la chère sainte qui l'avait convertie et dont elle voulait s'assurer la continuelle protection. Elle lit, dans ce même jour, avec une ferveur d'ange, sa première Communion et reçut le sacrement de Confirmation ; elle obtint aussi la permission de communier tous les jours, ce qu'elle a continué de faire jusqu'à présent.

Le lendemain, elle prononça (avec l'autorisation de son confesseur) le vœu de virginité, « pour assurer, disait-elle, sa vocation ! » Voilà donc une nouvelle conquête de Sœur Thérèse!...    

Sr X.

 

26 — Conversion d'une religieuse protestante anglicane.

Londres, 6 décembre 1912.

 

Je viens vous annoncer une faveur obtenue par l'intercession de Sœur Thérèse.

Ce n'est rien moins qu'une des trois conversions sollicitées, et entre celles-ci, la moins probable : celle de la religieuse anglicane que je vous avais recommandée!

Elle était tellement opposée à l'Eglise catholique que sa conversion semblait, humainement parlant, presque impossible.

Si vous vous rappelez, ma Rde Mère, nous avons fait trois neuvaines pour ces trois conversions pendant le mois de septembre; or, c'est précisément durant ce mois qu'elle a commencé à se troubler.

Le 20 novembre, ses sœurs ont reçu une lettre d'elle qui leur fit comprendre que le triomphe était proche; une semaine plus tard, elle demandait à être reçue enfant de la sainte Eglise !

En ce moment, elle s'y prépare par une étude sérieuse; elle sera baptisée à Noël.

Cette conversion,vraiment extraordinaire, ne peut être attribuée qu'à l'influence de Sœur Thérèse.

R. P. X., prêtre de l'Oratoire.

 

27 — Conversion d'une grande pécheresse.

 

X. (France), novembre 1912.

 

Je disais à une veuve déjà avancée en âge, qui venait en villégiature dans ma paroisse : « Vous venez ici refaire votre santé ; vous pourriez tout aussi bien, si vous le vouliez, y refaire votre âme. —« Ah! si c'était possible ! — Pour vous aider, je vais vous prêter la Vie d'une petite sainte ; vous la prierez, voulez-vous ? — Je le veux bien. »

Thérèse travailla fort. Quelques jours après le commencement de la lecture de sa Vie, cette pauvre âme, prise depuis plus de trente ans dans toute une série de péchés graves et de sacrilèges réitérés, brisait ses liens par une confession de toute sa vie.

Dieu parlait fort dans sa conscience. « Il faut, dit-elle, que je renonce à la lecture des romans, parce qu'elle me rappelle tout le passé. Dieu me le demande. Mais j'ai un si grand besoin d'affection ! Prêtez-moi de nouveau la Vie de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, pour que je sois moins seule. »

Abbé L., curé.

 

28 — Conversion remarquable d'un alcoolique.

 

X. (Etats-Unis), août 1912.

 

Vous avez hâte, ma Rde Mère, d'apprendre la grande faveur que Mme G. a encore obtenue de l'Ange de Lisieux dans la première semaine de juillet 1912.

M. G. se trouvait chez lui le jour où sa femme, après sa communion des Pâques, s'est trouvée tout à fait bien et en état de s'occuper des soins du ménage. Cette guérison (1) qui le rendait bien heureux le surprit... peut-être ne la croyait-il pas entière ? Je ne sais... Deux jours après, il fut obligé de partir pour le Canada, et son absence dura deux semaines. Pendant ce temps, Mme G. restait en bonne santé, et surtout allait à la Messe et communiait tous les matins. Grande fut donc la joie de son mari, la trouvant au retour pleine de vie, d'activité et d'entrain. Il ne pouvait encore croire à la réalité. Mme G., qui cherchait le moyen de le convertir, jugea l'occasion favorable.

Je vous dirai, ma Rde Mère, que cet homme s'adonnait depuis 10 ans à la boisson. Un an après son mariage, il s'était laissé entraîner et, depuis cette époque, la misère s'accentuait dans la famille... Cependant, il ne blasphémait jamais comme le font d'ordinaire les malheureux et nombreux ivrognes de ces pays.

Il fut donc entendu que Mme G. proposerait à son mari de faire en famille une neuvaine d'action de grâces à Sœur Thérèse, mais que la neuvaine — sans le lui dire — serait aussi pour demander sa conversion. Déjà une relique avait été attachée à ses vêtements.

C'était le 2 juillet. M. G. accepta de grand cœur de faire la neuvaine. « Mais, dit-il à sa femme, ne la commençons que vendredi

 

(1) Voir Septième Partie, chap. IV. p. 219

 

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(le surlendemain), car je voudrais aller a confesse et communier...» Grande joie déjà au cœur de la pauvre femme!

Et voilà que le deuxième jour de la neuvaine, qui était un samedi, jour particulièrement redouté, il ne quitta pas la maison et se montra tout joyeux. Le lendemain et les jours suivants, il se rendit à la Messe.

Ce qui montrait bien que la petite Thérèse le gagnait, c'est qu'il ne cessait de parler d'elle, de son grand pouvoir, de sa bonté, témoignée par la guérison de sa femme.

Le troisième jour de la neuvaine, qui était un dimanche, M. le Curé annonce à l'église la réunion de la Société Lacordaire (Société de tempérance aux Etats-Unis); Mme G. se disait en elle-même : «Si seulement mon mari allait donner son nom ! » désir qu'elle se gardait bien de lui exprimer.

Mais l'angélique sainte lui avait parlé et l'y avait conduit. A 1 heure, M. G. rentre à la maison et dit à sa femme : « Tiens, voilà mon insigne, je viens de l'assemblée et j'ai donné mon nom! »

Je dois ajouter que cette Société Lacordaire est la plus sévère des Sociétés de tempérance des Etats-Unis. Non seulement ceux qui en font partie s'engagent à ne plus s'enivrer, mais même à ne plus prendre de vin, ce qui les met au régime de l'eau.

Pour déterminer cet homme à accomplir un tel acte de volonté, il fallait la force d'action de la Servante de Dieu. Personne autre qu'elle ne le conseillait, il ne savait pas que la neuvaine était pour lui, il ignorait même qu'il portait une relique de Sœur Thérèse dans ses vêtements.

Ce qui est encore extraordinaire, c'est que maintenant il aime la solitude; il ne veut plus sortir qu'avec sa famille, ou bien il cherche à s'occuper chez lui.. Il dit même à ceux qui lui en font la remarque : « Que voulez-vous, c'est la petite Sœur Thérèse qui me dirige! »

Sa femme me disait il y a quelques jours : « Ma Sœur, que nous sommes heureux! c'est la paix, c'est le bonheur chez nous ! Ah! que ne ferais-je pas pour remercier notre céleste bienfaitrice ! »

Enfin, ma Rde Mère, ce miracle spirituel surprend plus encore l'entourage que le miracle, si grand pourtant, de la guérison de Mme G. Aussi les pauvres femmes, affligées de cette plaie dans leur ménage, vont la prier de leur faire connaître la petite sainte, si puissante pour convertir les pécheurs. Et elle leur conseille de faire boire à leurs maris de l'eau où a séjourné un peu de la terre de la tombe de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, ainsi qu'elle l'avait fait elle-même sans que son mari s'en doutât.

Sr X.

 

29 — Touchante conversion.

 

Paris, 27 décembre.

 

J'ai reçu par S Thérèse de l'Enfant-Jésus les grâces les plus grandes que l'on puisse désirer sur la terre. Je ne me rappelle pas lui avoir rien demandé qu'elle  ne  me  l'ait obtenu. Elle m'a obtenu, avant tout, la grâce d'aimer Dieu !

 

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Après la maladie de ma fille — qui a été guérie par votre petite sainte — j'ai eu en main des images de Sœur Thérèse : et, sur l'une d'elles, j'ai vu la grande confiance qu'elle avait en Dieu, j'ai lu le passage où elle dit que, quand même elle serait une grande pécheresse, elle penserait que tous ses péchés pourraient disparaître dans le feu de l'amour miséricordieux du bon Dieu, comme une goutte d'eau jetée dans un brasier ardent. Et là-dessus je me suis bien examinée. Je me suis trouvé l'âme remplie de péchés, et j'ai été au Sacré-Cœur de Montmartre faire une confession générale ; je l'ai faite à l'un des chapelains, M. l'abbé Durantel. C'était le 22 septembre 1912.

Depuis cette confession je fais la Communion quotidienne, et s'il fallait que je passe un seul jour sans recevoir la sainte Eucharistie, je serais bien malheureuse. Et je suis si heureuse que je ne demande à Jésus que de pouvoir l'aimer de plus en plus ! Je vais répéter les paroles de Sœur Thérèse : « O Jésus je voudrais tant l'aimer, l'aimer comme jamais il n'a été aimé ! » Je voudrais aussi que tout le monde le connaisse et l'aime, lui qui est si bon et si miséricordieux!

M. S.

 

Suit le témoignage de M. l'abbé Durantel.

 

30 — Conversion d'un savant.

 

L. (Angleterre).

 

Pendant des années mon mari, qui était un savant chimiste et un penseur profond, fut très troublé par des doutes contre la religion. Il avait été élevé dans un collège catholique ; mais plus tard, dans son adolescence, il se laissa gagner par le scepticisme d'hommes de science, d'hommes très intelligents dont il faisait sa société, et qui ne croyaient plus à rien. Souvent je lui reprochais son manque de foi, mais sa réponse était toujours la même : « C'est déplorable, il est vrai, mais je ne puis pas faire autrement ! Vous devriez plutôt me plaindre ! »

Pendant quelque temps, il sembla être plus ferme dans ses opinions, puis les ténèbres l'enveloppèrent de nouveau, suivies de l'abandon de ses devoirs religieux.

Au mois de novembre 1911, j'apportai à la maison le livre intitulé : « Appel aux petites âmes »; j'en étais ravie, et je le lisais près de lui. Un soir, après l'avoir lu, je le posai sur la table et mon mari le prit pour l'examiner: bientôt il me parut tout à fait absorbé, et il continua de le lire, sans s'arrêter, jusqu'à ce qu'il l'eût fini. line m'en parla guère, cependant il me pria de lui permettre de le garder.

Depuis ce moment, il fut transformé.

Il m'a dit un jour : « Rien ne m'a jamais autant frappé que la simple confiance et la foi de la petite Thérèse. Aucune autre preuve de l'existence d'une autre vie ne m'est nécessaire à présent ; ce que j'ai lu dans ce livre me surfit ! » Il déclara que cela l'avait plus aidé à croire que tous les sermons qu'il avait jamais entendus.

 

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Grâce à notre chère petite sainte, mon mari demeura fidèle à sa foi jusqu'à sa mort subite qui arriva six mois plus tard.

Mrs. S.

 

31 — Conversion d'une actrice.

 

En pèlerinage d'action de grâces à Lisieux. 8 mai 1912.

 

Une jeune actrice, originaire de Gènes, orpheline et abandonnée à elle-même, gisait, atteinte de turberculose, à l'hôpital d'Albengo, ville de la Ligurie italienne. Depuis plusieurs années, non seulement elle ne fréquentait plus l'église et les Sacrements, mais, après l'indifférence, elle en était arrivée au mépris de toute chose sacrée. En vain les religieuses infirmières, ses amies, les prêtres avaient mis tout en œuvre pour lui faire remplir son devoir pascal, son état physique allant toujours en s'aggravant. La pauvre jeune fille ne répondait que par des sarcasmes, ou par cette phrase : « Je ne le puis. »

On arriva ainsi au 18 avril de cette année, lorsqu'une personne très dévote à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus passa par hasard dans cet hôpital. Elle donna à cette malheureuse une image de la petite sainte.

Prodige inexplicable de cette image ! Cinq minutes après, notre pauvre actrice faisait sa confession au milieu d'un torrent de larmes de repentir et de joie; et, le jour suivant, elle s'approchait de nouveau du banquet Eucharistique, remerciant Jésus et Sœur Thérèse qui l'avait convertie.

Avec prière que cette grâce soit publiée.

P. Luigi Dominiani,

mission, apost. de l'Afrique  Centrale
(témoin oculaire).

 

La pauvre jeune fille a avoué que, pendant ces cinq minutes, l'image de S Thérèse « lui parlait au coeur ».

 

32 — Union régularisée.

 

Un ménage, ayant trois enfants, vivait dans une situation irrégulière. Impossible de décider l'homme à se marier : il maltraitait ceux qui lui en parlaient et particulièrement sa compagne.

A bout de ressources, une personne qui s'intéresse à eux et avait tenté tous les moyens sans fléchir l'obstiné pécheur, commença une neuvaine à Sœur Thérèse ; la femme, de meilleure volonté, y prit part. Durant le cours de la neuvaine, la pieuse personne renouvela, à plusieurs reprises, ses démarches auprès du malheureux. Peine perdue !

Mais voici que le neuvième jour, tout à coup, il demande lui-même à sa femme de s'occuper des papiers nécessaires au mariage.

Ce dernier s'est accompli pieusement; le fait s'est passé en 1912.

 

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33 — Conversion d'un franc-maçon à l'article de la mort.

 

Couvent de X. (Jamaïque), 15 septembre 1912.

 

Un franc-maçon, père d'une de nos élèves et qui est mort au mois de mars dernier, a eu une attaque le jour même où il avait reçu les plus hauts grades des loges. Il demeura sans connaissance pendant plusieurs heures. Quant il revint à lui, sa femme lui demanda s'il ne voulait pas voir un prêtre. Il refusa net, et de nouveau perdit connaissance.

Sa fille unique est venue toute navrée me demander des prières. Je venais de recevoir quelques reliques de la « petite Fleur », et je lui en donnai une à mettre sous l'oreiller du malade. En même temps, je promettais de publier cette faveur s'il se convertissait.

Le lendemain, le docteur venant le visiter, dit que dans quelques minutes tout serait fini et qu'il ne reprendrait pas connaissance.

Mais voici que tout à coup le mourant ouvre les yeux et appelle sa femme. Elle lui demande s'il désire un prêtre... Il la conjure de le faire venir aussitôt !

Il donne alors de nouveaux ordres pour que son enterrement, qui devait être fait par les francs-maçons, ait lieu à l'église et au cimetière catholique.

Le prêtre arrive, lui donne les derniers sacrements et, la nuit suivante, le malade expire paisiblement.

Sr C.

 

34 — Touchante conversion d'une famille protestante.

 

Couvent de N.-D. de la Merci, Scheffield (Angleterre), août 1912.

 

Dans les derniers jours de septembre 1911, je résolus, avec une e mes catéchumènes, Mme Horan, de demander à la « petite Fleur », pour l'anniversaire de sa mort, la conversion de Mme Ligthwood, sœur de Mme Horan.

Mme Ligthwood, protestante, très prévenue et malveillante à l'égard de la religion catholique, était mariée depuis dix ans avec un protestant aussi hostile qu'elle à la vraie foi. Cet homme, s'adonnant à la boisson, rendait son épouse très malheureuse.

Mme Horan se mit donc à prier avec ferveur, et elle engagea sa sœur et son beau-frère à suivre une mission que l'on prêchait alors dans la ville. Ils consentirent à venir écouter plusieurs instructions. Ils voulurent bien également porter sur eux deux petites photographies de Sœur Thérèse et lire l’« Appel aux petites âmes » que je leur avais envoyé.

Pendant l'instruction du 29 septembre au soir, Mr Ligthwood, qui avait déjà entendu le même prédicateur traiter de la Principauté et de l'Infaillibilité Papales, fut touché de la grâce en l'entendant expliquer ce même sujet. Il eut la lumière et il crut. Cependant le démon lui représenta qu'il était trop vieux pour changer de religion

 

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(il a 34 ans !) et il demeura dans une douloureuse perplexité jusqu'au lendemain.

En ce jour béni de l'anniversaire de son entrée au Ciel, Sœur Thérèse mit fin à son hésitation. Il osa avouer à sa femme le trouble angoissant dont il souffrait ; alors elle lui avoua à son tour que la grâce de la foi venait de lui être accordée et qu'elle voulait se faire catholique !...

Tous deux attendirent au lendemain, 1er octobre, pour déclarer leur résolution d'embrasser notre sainte Religion. Mme Horan était confondue en voyant sa prière déjà exaucée. Elle ne cesse depuis de remercier la délicieuse « charmeuse des cœurs » de cette immense grâce, et elle dit qu'elle ne pourra jamais assez travailler à la faire connaître et aimer.

Mr Ligthwood, en abjurant le protestantisme, a non seulement renoncé à sa triste habitude, mais lui, qui remplissait si mal ses devoirs à l'égard de sa femme et de ses enfants, est devenu un modèle d'époux et de père, et ses regrets au sujet de sa vie passée sont admirables. Sa contrition est si parfaite qu'il désire ne plus servir Dieu que par amour. Lui et sa femme ont la plus grande vénération et la plus tendre confiance en la « petite Fleur » à qui ils doivent tout leur bonheur. Ils ne cessent de la prier, et je suis émerveillée de son action sur leurs âmes.

Mr Ligthwood m'a avoué qu'il lui avait demandé de ne penser qu'au bon Dieu, et il a été exaucé car, depuis le moment où il ouvre les yeux le matin jusqu'au moment où il s'endort le soir, la pensée de Dieu ne le quitte pas. Il fait la communion quotidienne, ainsi que les trois aînées de ses enfants.

En effet, ce n'est pas seulement de Mr et Mme Ligthwood que Sœur Thérèse a fait la conquête ; elle a en même temps fait entrer dans la sainte Eglise leurs quatre fillettes dont trois ont reçu au baptême un des noms de la « petite Fleur » : Marie, Françoise, Thérèse...

 

Sr Catherine, religieuse de la Merci.

Harry Ligthwood,

Clara Ligthwood, Horan,

Ada Horan.

Mary Ligthwood (aînée des enfants).

 

Mr Ligthwood, pour mieux réparer la mauvaise édification donnée par sa vie passée, a demandé que son nom soit publié.

 

Une lettre de la Rde Mère Catherine, écrite en décembre 1912, rapporte les détails suivants :

Quand les enfants Ligthwood se disputent en jouant, il suffit d'un mot de leur mère : « Que faites-vous ? la petite Thérèse vous regarde ! » pour que tout rentre dans l'ordre immédiatement. La pieuse convertie — qui elle aussi communie chaque jour, lorsqu'elle le peut — avoue que son foyer est devenu « un vrai ciel où l'on sent que Thérèse est vivante ».

 

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35 — Conversion et vocation sacerdotale d'un nouvel Augustin.

D. (Irlande), 28 novembre 1912.

 

J'ai été très frappé par ces paroles que j'ai lues dans la préface de la « Pluie de roses 1911 » : « La Servante de Dieu est contente de voir publier les merveilles qu'elle opère. » Je viens donc, aujourd'hui offrir le témoignage de ma reconnaissance à celle qui a tant fait pour moi et pour la gloire de laquelle je veux, désormais, faire tout ce qui est en mon pouvoir.

Pendant cinq ans j'ai été étudiant en médecine à X. ; et, durant ces longues années, j'ai mené la vie la plus dépravée et la plus impie qu'on puisse voir. Non seulement j'offensais Dieu, mais la pensée de son existence excitait presque en mon cœur un sentiment de mépris.

Ma pauvre mère était très inquiète au sujet de mon salut, connaissant la débauche où je vivais. Comme sainte Monique elle priait nuit et jour pour la conversion de son fils prodigue. Je lui avais dépensé plus d'argent que tous mes frères ensemble et, comme résultat, j'avais beaucoup de dettes.

C'est dans cette situation que j'entrai à l'hôpital de Y., afin d'y préparer mon examen de doctorat.

J'y trouvai, parmi les malades, un homme qui ne s'était pas confessé depuis quarante ans et qui allait mourir. J'avoue que la pensée de son éternité ne me préoccupait nullement et j'allais simplement m'efforcer de lui sauver la vie temporelle, quand la religieuse qui le soignait fit changer mes dispositions.

Cette Sœur, qui ne savait rien de ma vie, me parla de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus avec tant de simplicité, m'engageant à la prier pour la conversion de ce malheureux, que mon cœur en fut touché. Je ne lui répondis rien ; mais, en la quittant, mon âme était comme adoucie et, la nuit suivante, je priai avec ferveur pour mon malade... et pour moi !...

 

Avant d'aller plus loin, je dois noter que non seulement ce malade s'est confessé, mais encore qu'il a guéri et très rapidement.

 

Dans la journée qui suivit cette nuit où pour la première fois ) invoquai Sœur Thérèse, vers le soir — le saisissant souvenir en demeure vivant dans ma mémoire — je me sentis pris et guidé comme par une main invisible jusque dans la chapelle de l'hôpital ou se faisaient, à ce moment, les exercices du mois du rosaire.

Je restai là un quart d'heure environ, je me sentais heureux et je suppliai encore la petite Sainte d'intercéder pour moi.

Cependant je terminai ma journée au théâtre où un ami m'avait invité à aller avec lui. C'était mon dernier hommage au démon ! La, j'oubliai un moment, dans la société de mes compagnons, le doux instant goûté à la chapelle ; mais une fois seul dans le tramway qui me ramenait chez moi, un rayon de lumière vint illuminer

 

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les ténèbres de mes passions aveugles. J'éprouvais un bonheur étrange ; il me semblait être au commencement d'une nouvelle vie.

Le lendemain je retournai au salut. Jamais je ne pourrai oublier ce soir-là !

Toute la journée la lumière avait brillé dans mon âme ; je me sentais fortifié spirituellement et je pris l'énergique résolution de ne pas sortir de l'hôpital pendant la soirée.

Je venais de formuler intérieurement cette résolution lorsque, subitement, un éclair illumina mon esprit et mon cœur : je sentis que je devais me faire prêtre !

Etait-ce une illusion ? ou devenais-je fou ? Ou bien Notre-Seigneur, par l'intercession de la « petite Fleur », m'appelait-il réellement à tout abandonner pour le suivre ?

Durant plusieurs jours je goûtai une joie incompréhensible, tout en souffrant beaucoup de tentations. Je priai Thérèse et je demandai à la bonne Sœur de la prier pour moi.

Bientôt, enfin, le doute ne tut plus possible. L'appel de Dieu était certain et ma résolution fut prise. Un soir, pendant le salut, je consacrai à Dieu mon avenir par les mains de la « petite Fleur ».

Après avoir bien supplié ma chère Sainte de veiller sur mon âme, je la priai aussi de m'envoyer de l'argent ; car, avant d'entrer au service de Notre-Seigneur, il fallait que je paie mes dettes.

La bénédiction donnée, je sortis de la chapelle. A la porte je rencontrai ma mère : nos regards se croisèrent et elle devina tout !

Cependant je ne lui avais rien dit, je n'avais ouvert mon âme renouvelée qu'à Jésus, à Marie et à la « petite Fleur ! »

Je l'ouvris bientôt après, le même jour, à la religieuse qui m'avait fait connaître Thérèse. Je lui fis part de ma volonté d'être prêtre. Jamais de ma vie je n'avais été aussi heureux ! La bonne Sœur me persuada de tout écrire, sur l'heure même, à ma mère. Je le fis, et le lendemain matin on vint m'avertir que cette mère bien-aimée demandait à me voir. Je lui retrouvai le regard de céleste allégresse qu'elle avait eu la veille à la chapelle. Ce fut avec joie qu'elle me promit de payer mes dettes.

Quelques mois plus tard, je commençai mes études pour la prêtrise et, bien que ce travail fût si différent de celui auquel je m'étais livré jusqu'alors, je fus assez vite préparé à mon premier examen. L'année prochaine je commencerai mes études théologiques et, dans cinq ans d'ici, j'espère, par l'intercession de Sœur Thérèse, pouvoir célébrer la sainte Messe à Lisieux. Inutile de dire combien je soupire après cet heureux jour!

X.

 

36 — Conversion d'un ouvrier imprimeur.

 

Philadelphie (Etats-Unis), décembre 1912.

 

L'histoire de ma conversion d'une vie de péché est écrite à la demande de ma tante et de ma mère, et elle montre la grande puissance et l'influence exercées par la « petite Fleur de Jésus ».

 

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Depuis l'âge de 14 ans jusqu'à un certain jour du mois de novembre 1911, de mauvaises influences dirigeaient toutes les actions de ma vie, et c'est un miracle que la colère de Dieu ne se soit pas excitée contre moi pour mes nombreuses infractions à sa loi.

Cependant, ma mère n'a jamais perdu l'espoir qu'un jour je reviendrais à Dieu et à la maison paternelle.

En effet, l'année dernière, au mois de novembre, je rentrai à Philadelphie, résolu d'essayer à vivre en honnête homme, sans toutefois vouloir revenir à Dieu.

A cette époque, ma mère reçut une image de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus du Carmel de Lisieux. Elle conçut alors une grande dévotion envers la sainte religieuse et me plaça sous sa protection. Peu de temps après mon retour à la maison, j'allai travailler à l'Imprimerie de X., où l'on me donna à faire la composition d'une Vie abrégée de « la petite Fleur ». C'était un résumé si touchant que, sans m'en apercevoir, les larmes commencèrent à couler le long de mes joues, et l'un de mes compagnons ouvriers me demanda pourquoi je pleurais.

Je ne répondis pas à sa question, tant de pensées confuses agitaient mon esprit !

Mais ce soir-là, je racontai à ma mère combien grande était l'influence exercée sur moi par cette histoire; elle y vit avec émotion une réponse à ses ardentes prières.

Dès lors, j'ai cessé ma vie de débauches et toutes mes mauvaises habitudes; je fis une bonne confession et reçus la sainte Communion. A partir de ce moment, je me suis senti rempli d'enthousiasme pour le bien ; et je me serais trouvé heureux de vivre longtemps pour réparer mon triste passé.

Dieu en a jugé autrement.

Je suis atteint de la tuberculose: mes jours sont comptés, mais mon âme a trouvé la paix...

X.

 

Cette relation a été communiquée, à la demande du jeune homme, par le Carmel de Philadelphie.