ONZIÈME PARTIE — Faveurs extraordinaires

 

 ONZIÈME PARTIE — Faveurs extraordinaires

CHAPITRE PREMIER — Parfums

378 — Gracieux soulagement.

379 — Soeur Thérèse favorise un évêque missionnaire en pèlerinage sur sa tombe.

380 — « Neuvaine de parfums. »

381 — Sœur Thérèse visite un malade qu'elle s'apprête à convertir.

382 — Phénomène produit par la terre recueillie sous le cercueil de la Servante de Dieu.

383 — Témoignage d'un facteur.

384— Un portrait de Sœur Thérèse... Visite au Saint Sacrement.

385 — Parfum révélateur.

386 — Suave rappel à la charité.

387 — Encore un témoignage de facteur.

388 — Sœur Thérèse visite une école.

CHAPITRE DEUXIÈME — Diverses grâces extraordinaires

389 — Un facteur privilégié de Sœur Thérèse.

390 — Avertissement surnaturel et gracieux bouquet de fête.

391 — Salutaire avertissement.

392 — Encore un avertissement salutaire.

393 — Sœur Thérèse appelle une affligée sur sa tombe et la console.

394 — Céleste poignée de mains.

395 — Consolante réponse de l'au delà.

396 — Céleste visite.

397 — Etoile merveilleuse.

398 — Sourires et parfums.

399 — Chants et sourires.

400 — Consolante prophétie.

401 — Gage d'éternel salut.

402 — Grâce pacifiante.

CHAPITRE TROISIÈME — Apparitions (1)

403 — Paix rendue à une famille. — Conversion d'une pécheresse publique. — Heureuse mort. — Apparition et guérison. — Disparition d'une tumeur tuberculeuse à la main. — Sœur Thérèse apparaît à la religieuse qui l'a fait prier pour obtenir toutes ces grâces et l'invite à profiter, elle aussi, de son pouvoir.

404 — Grâces et « leçon spirituelle ».

405 — Visite à un Carmel exilé.

406 — Apparition de Sœur Thérèse avec l'Enfant Jésus.

407 — Gracieuse et pacifiante visite.

408 — Un marin visité par Sœur Thérèse.

409 — Un Rd Père Trappiste favorisé d'apparitions et de parfums.

410 — « Confesse-toi ! »

411 — « Voici ta maîtresse; imite-la ! »

412 — Apparition à un prédicateur de retraite.

413 — Apparition à une fondatrice d'oeuvres.

414 — Apparition peu désirée et bien inattendue.

 

 

CHAPITRE PREMIER — Parfums

 

378 — Gracieux soulagement.

 

Paris, 12 février 1912.

 

Obligée de faire un travail de chiffres et enfermée dans une pièce sans air, avec une cinquantaine d'individus qui allaient, venaient et causaient, je dis à la « petite Reine » : « Si vous ne venez à mon aide, je crois que je vais me trouver mal, autant par la mauvaise odeur que par le bruit, et je ne pourrai compter. »

Je n'avais pas achevé ma plainte que je sentis, au lieu du malaise qui commençait à me gagner, un bien-être subit, et je dis à un garçonnet de 14 ans qui m'aidait à classer des chiffres : « Sans doute qu'un encaisseur vient de brûler du papier d'Arménie, je sens comme une odeur d'encens ? » Et bientôt vint s'ajouter un si délicieux parfum de roses, que je humais l'air sans me lasser. Mais le pauvre petit, loin de jouir de la même faveur, ne put tenir en place, tandis que j'eus le bien-être, pendant les deux heures que dura mon travail. J. J.

 

379 — Soeur Thérèse favorise un évêque missionnaire en pèlerinage sur sa tombe.

 

26 juillet 1912.

 

Je viens vous dire, ma R,le Mère, ce qui s'est passé mardi matin, sur la tombe de votre petite Thérèse, en faveur de Sa Grandeur Monseigneur Hermel, évêque de Casium, Vicaire Apostolique de Taiti. J'ai eu l'honneur de le conduire au cimetière et aux « Buissonnets » : c'est une nouvelle prévenance de votre petite sainte, une bénédiction de plus qui me vient d'elle.

Sur la tombe, il y avait des pèlerins de tous les âges et de toutes les conditions. Une jeune fille infirme et sa famille priaient avec ferveur. Quels instants bénis ! On était enveloppé dans une atmosphère de prière... Quelque chose de céleste planait sur tous!

 

294

 

Monseigneur avait pris son chapelet et tandis que les grains glissaient dans ses doigts, il paraissait, du regard, explorer autour de lui. Il y avait, dans son expression, de la surprise et de l'attendrissement. Au retour du cimetière, pendant le trajet, Sa Grandeur me dit : « Je vous avoue que j'étais un peu prévenu contre les parfums de la petite sainte. Dans sa cellule, je me suis demandé si je les sentirais ? Il n'en a rien été ; mais tout à l'heure, sur sa tombe, il m'est venu comme un effluve embaumé et très suave. J'ai cherché à me rendre compte d'où pouvait bien venir ce parfum, mais je n'ai pu me l'expliquer... Veuillez, je vous prie, en faire part à la Mère Prieure des Carmélites. »

Je venais de recueillir quelques pétales des roses qui s'étaient effeuillées près de la croix du tombeau ; je les présentai alors à Monseigneur, afin qu'il puisse établir une comparaison entre les deux parfums. Les ayant respires, Sa Grandeur me dit : « Oh ! non, ce n'est pas ce parfum ! celui de tout à l'heure, c'était la « petite Thérèse! »

Certifié exact.

 

Papeete Tahiti, le 3 novembre 1912.

 

+ Athanase Hermel,
évêque titulaire de Casium,
Vic. ap. de Tahiti
.

 

380 — « Neuvaine de parfums. »

 

Carmel de Valez-Malaga (Espagne), 21 août 1912.

 

Le jour où vous avez commencé pour nous la neuvaine à votre angélique Thérèse, nous commençâmes à percevoir une odeur de violettes extraordinaire et si forte que c'était admirable. Elle prenait naissance dans un endroit du monastère où est représenté le mystère de la Nativité ; et, de là, elle se répandait dans les couloirs et cellules. Elle dominait toute mauvaise odeur, si forte fût-elle; elle commençait en parfum de violettes et se changeait ensuite en toutes sortes d'aromes.

Cela dura tout le temps de la neuvaine que vous fîtes pour nous et cessa le jour même de la clôture.

 

Rde Mère X., prieure.

 

381 — Sœur Thérèse visite un malade qu'elle s'apprête à convertir.

 

Bordeaux, 17 octobre 1912.

 

Le jour où je reçus l'image de la petite Sœur Thérèse, je la mis sur la cheminée de la chambre de mon mari et commençai une neuvaine.

Un soir, en rentrant dans cette chambre, mon malade m'accueillit par ces mots : « Tout à l'heure, cette pièce sentait très fortement la violette; ce parfum est déjà un peu dissipé; je ne sais ce que tu

 

295

 

avais apporté ici. » Il ne savait pas la présence de l'image et n'avait jamais lu la Vie et les miracles de la petite Sœur.

J'avais demandé à votre Carmel de prier pour sa guérison physique et morale. Il portait, cousue à ses vêtements, une relique de la chère sainte. Depuis quelque temps, ma dernière neuvaine était terminée, sans aucune amélioration, et je croyais que Sœur Thérèse n'avait pas pitié de nous, lorsque, le 14 octobre, c'est-à-dire lundi dernier, sans m'avoir avertie de son désir subit, mon mari se confessa à un prêtre qui était venu le voir. Il communia et reçut l'Extrême-Onction, le lendemain. X.

 

382 — Phénomène produit par la terre recueillie sous le cercueil de la Servante de Dieu.

 

L. (Calvados), octobre 1912.

 

J'avais confectionné un petit sachet contenant de la terre du premier tombeau de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus. Bien qu'ayant fait grande attention, une toute petite parcelle était tombée sur ma feuille de papier. Je l'écrasai avec mon dé et je la mis sur ma langue. Je le faisais par respect, mais avec répulsion, ayant dans l'esprit le souvenir d'un cercueil, d'ossements de morts qui avaient pu toucher cette terre. Je pensais qu'elle pouvait être malsaine, enfin mon cœur se souleva... Puis, bien vite, je regrettai ce manque de foi.

Au même moment, j'éprouvai dans ma bouche quelque chose que je ne saurai définir : j'avais la sensation très vire de manger une violette, d'un parfum exquis, parfum tellement suave et réel que j'en restai dans le plus grand étonnement.

J'ai gardé de ce fait une très douce impression. Ma confiance en Sœur Thérèse est telle qu'elle est devenue mon « indispensable » près du bon Dieu; il me semble que, par son intercession, je ne puis être déçue.

 

X.

 

383 — Témoignage d'un facteur.

 

Rennes (Ille-et-Vilaine), 18 octobre 1912.

 

J'ai reçu tous vos envois, ma Rde Mère, et je vous remercie bien sincèrement. En apportant le premier envoi d'images, le facteur dit : « Je ne sais pas ce qu'il y a dans cette lettre, mais elle sent rudement bon, ma boîte en est toute parfumée! » Voilà un témoignage bien sincère !

A mon tour, j'ai été embaumée de l'odeur de roses que répandaient les images de votre céleste petite Sœur et, toute l'après-midi, ainsi que le jour de la fête de Ste Thérèse, ces images ont exhalé des parfums.

 

M. R.

 

296

 

384— Un portrait de Sœur Thérèse... Visite au Saint Sacrement.

 

Sr-F. (Loire-Inférieure), 29 octobre 1912.

 

Le 28 juillet dernier, l'image de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus avait présidé la distribution solennelle des prix. Mr le Maire l'ayant trouvée trop petite, a chargé un artiste de nous faire un plus grand portrait pour la rentrée des classes. La petite sainte a paru satisfaite car, plusieurs fois déjà, des parfums de réséda et d'héliotrope se sont dégagés de ce tableau. J'ai senti encore ces parfums dans une autre circonstance : Ma compagne, empêchée de faire sa visite au Saint Sacrement, chargea la petite Sœur Thérèse de la remplacer. Au moment même où elle exprimait ce désir, me trouvant à l'église, pour faire ma visite, je sentis auprès de moi un délicieux parfum que nulle cause naturelle ne pouvait expliquer.

 

A. M., Institutrice libre.

 

385 — Parfum révélateur.

 

Rouen, 17, rue Stanislas Girardin, 6 décembre 1912.

 

Je suis allée hier en pèlerinage sur la tombe de votre sainte petite Sœur Thérèse.

Là, j'ai dit mon chapelet, après quoi j'ai fait toucher mon rosaire à sa croix et l'ai remis dans mon sac de voyage. Il y avait déjà dans ce sac un second chapelet, exactement semblable au premier, si bien qu'en rentrant chez moi, je les trouvai tous deux mélangés!

Mais l'un d'eux exhalait une suave odeur d'église, pas seulement d'encens, c'était un mélange d'une extrême douceur. Ne voulant pas me fier à ma seule observation, je le fis sentir à tour de rôle, sans dire pourquoi, à ma fille et à ma bonne qui poussèrent des exclamations. Puis je racontai le prodige à mon mari ; il me demanda mes chapelets ; je lui donnai d'abord l'autre, et comme je lui tendais le second, il me dit : « C'est celui-là ! je sens le parfum à distance, mais ce n'est pas l'encens, c'est un plus fin panum d'église. »

 

Elisabeth Juneau.

 

386 — Suave rappel à la charité.

 

Nantes (Loire-Inf), 16 décembre 1912.

 

Une demoiselle de nos amies a senti très vivement un parfum de fleurs, comme un gros bouquet de roses qui serait dans une chambre fermée.

Voici comment le fait s'est passé :

Mme Marie P. n'avait jamais senti les parfums de la petite sainte, et connaissait d'autres personnes qui en sont favorisées. Elle était en train de parler de ces personnes, et elle disait : « Elles mettent

 

297

 

sans doute quelque chose sur les sachets de reliques pour sentir ces parfums ! »

A peine avait-elle fini de parler qu elle fut enveloppée d'une forte odeur de roses, au point d'en être suffoquée et elle s'écria : « N'est-ce pas une punition que la petite Soeur Thérèse m'envoie ? »

 

A-.M. N.

 

Je certifie la vérité de ce que Mlle A.-M. N. vient d'écrire ; je n'ai pas voulu le faire moi-même, car je crois que Soeur Thérèse a moins voulu me faire une faveur, que m'apprendre à ne plus juger témérairement. J'en ai été bien pieusement impressionnée.

 

Marie P.

 

 

387 — Encore un témoignage de facteur.

 

Une religieuse alsacienne était malade, et sa famille désirait vivement la soigner. Cependant, comme elle n'avait plus ni père ni mère, les Constitutions de l'Institut ne permettaient pas qu'elle fût confiée aux seuls soins de ses frères et sœurs.

Ceux-ci tentèrent cependant plusieurs démarches, espérant une exception ; ils ne reçurent chaque fois qu'un refus formel. Enfin ils se mirent tous, avec leurs enfants, à invoquer Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus. Celle-ci ne tarda pas à leur répondre.

La religieuse écrivit pour donner de ses nouvelles ; le facteur, en remettant la carte postale à sa sœur et à son beau-frère, leur dit : « Je vous apporte quelque chose d'extraordinaire : depuis de si longues années que je suis facteur, je n'ai pas eu la chance de porter pareille chose dans mon sac ! » Cette carte, en effet, répandait un parfum de violettes extrêmement suave. La religieuse pourtant l'avait prise dans la pauvre cellule de la sœur économe où ne se trouvait rien de parfumé. Pendant près d'un mois la carte demeura embaumée.

Ce parfum fut pour parents et enfants un signe assuré que Sœur Thérèse exauçait leurs prières et que la tante religieuse arriverait bientôt auprès d'eux. Leur confiance ne fut pas vaine ; la grâce tant désirée fut obtenue peu après.

 

X.

 

388 — Sœur Thérèse visite une école.

 

Le mardi, n juin 1912, vers cinq heures et demie du soir, une institutrice de Sr-F. arrivait à l'école libre de C, dans la Loire-Inférieure. Elle venait rendre visite aux demoiselles E., directrices de l'école.

La classe avait pris fin à quatre heures, et il restait seulement à l'école une quinzaine d'élèves qui s'exerçaient à répéter une pièce pour la distribution des prix.

Au bout d'un moment d'entretien avec sa visiteuse, une des directrices revint trouver les enfants et, les appelant auprès d'elle,

 

298

 

leur présenta, sans leur faire aucune réflexion, des porte-plumes achetés à Lisieux et contenant une vue de la tombe de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus et son portrait. Une enfant s'écria : « Je sens un parfum ! » Les autres dirent de même ; une seule précisa : elle sentait la violette.

Pensant trouver des savons parfumés dans le fond de la boîte, les fillettes retirent les porte-plumes ; mais rien autre chose ne fut trouvé dans cette boîte, et celle-ci n'exhale absolument aucune odeur; seuls les porte-plumes répandent un parfum, et ce parfum sort du petit verre où se trouve le portrait de Sœur Thérèse ; le fer et l'os sont inodores.

Alors le mystère est découvert par les enfants : ces parfums viennent du Ciel, c'est la petite sainte de Lisieux qui les leur envoie !

Bientôt des cris retentissent : c'est une odeur de roses fraîches cueillies qui embaume la grande classe ; elle est si forte qu'il est impossible de douter; maîtresse et élèves changent de visage.

Mais l'émotion est rapidement suivie de transports de joie chez hs écolières; elles écrivent au tableau noir : «Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, oh! merci! convertissez-nous! » — « Nous ferons notre prière, disent-elles bien haut, nous ferons des sacrifices ! » Elles vont d'une classe à l'autre, respirant partout les parfums du Ciel. A l'odeur de roses succède celle des lis et de l'encens.

Les enfants privilégiées n'avaient rien dit à leurs compagnes. Or, le lendemain vers midi, comme la classe allait prendre fin, un parfum de roses fraîches se répandit soudain dans toute l'école. Alors les fillettes déjà favorisées dirent aux autres : « C'est la petite Sœur Thérèse qui nous visite. » Les enfants vont et viennent dans la cour et dans les classes ; partout elles respirent un parfum enivrant ; il semble que des champs de fleurs les environnent : les unes sentent les roses, d'autres les lis, d'autres encore l'acacia, le chèvrefeuille, les violettes et d'autres parfums sans nom.

Mais parmi les quatre-vingt-dix enfants de l'école, deux restaient bien tristes car elles ne sentaient rien ! Toutes leurs compagnes, émues de pitié, se mirent à genoux avec elles, et supplièrent la Servante de Dieu de les laisser jouir aussi du même privilège qui les rendait si heureuses.

Elles furent exaucées. A ce moment elles ne respirèrent plus que le parfum des lis et celui de l'encens. La poussière qu'elles soulevaient dans leurs allées et venues était elle-même comme changée en fumée d'encens.

Les jours suivants le prodige se renouvela par intervalles, mais beaucoup moins intense.

D'après le témoignage des institutrices, cette « descente » de Sœur Thérèse dans leur école n'a pas été vaine. Les petites filles avaient un réel besoin de cette visite bienfaisante; elle a opéré dans leurs âmes une véritable et très nécessaire transformation.....

 

CHAPITRE DEUXIÈME — Diverses grâces extraordinaires

 

389 — Un facteur privilégié de Sœur Thérèse.

 

X. (France), 21 juin 1912.

 

Ce qui se passe pour notre bon facteur est presque incroyable : et pourtant il est incapable de mentir!

Ce garçon avait offert sa vie pour le Pape et croyait mourir à la fin de 1911 ; à cause de cela il avait réglé toutes ses affaires d'intérêt ; il ne lui reste donc plus un sou de disponible ; il vit de ce qu'il gagne journellement.

Son grand cœur voudrait pourtant soulager toutes les misères. Or, chaque fois qu'il veut faire une aumône, il trouve de l'argent; il n'a qu'à dire : « Ma petite Sœur Thérèse, j'aurais besoin de cela immédiatement. » De suite, il trouve l'argent ou même on le lui apporte. C'est charmant. Vraiment Sœur Thérèse aime les simples !

Il m'a dit aussi que de temps en temps il éprouve une si grande joie intérieure, que les choses de la terre ne lui sont plus rien ; il goûte une paix inconnue au monde. Il attribue cette grâce à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus ; il lui attribue aussi sa résignation à la volonté de Dieu qui le laisse ici-bas, alors qu'il a fait le sacrifice de sa vie pour le Saint-Père. Ce lui est une pénible épreuve.

Je sais qu'il reçoit encore d'autres faveurs...

 

Sr X., supérieure de l'hôpital de X.

 

390 — Avertissement surnaturel et gracieux bouquet de fête.

 

17 avril 1912.

 

Au mois de mai 1910, Mr et Mme X. de C. (Calvados), recevaient de M. le Supérieur du Grand Séminaire l'avertissement que leur fils, à la veille d'être appelé aux saints Ordres, allait en être écarté par un obstacle absolument insurmontable.

 

300

 

La douleur des pauvres parents était grande ; tous deux avaient peiné durant de longues années, ne reculant devant aucun sacrifice, heureux et fiers de travailler pour permettre à leur fils d'être prêtre ! Et voici qu'à la veille de posséder le bonheur rêvé, leurs espérances s'effondraient !...

Emu de leur chagrin, un prêtre leur conseilla de prier Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus et de lui confier leurs inquiétudes.

Le matin du jour où la décision irrévocable allait être prise, le père du jeune abbé se rendit à l'église pour entendre la sainte Messe. Au moment de la Consécration, comme il s'inclinait pour adorer le Très Saint Sacrement, il entendit une voix intérieure, mais cependant très réelle, lui dire : « Ne vous inquiétez pas, votre fils sera prêtre, je vous l'assure ! »

Le brave homme fut bien surpris, mais plus heureux encore !

Ne doutant pas un seul instant d'où lui venait cette assurance, il remercia aussitôt la petite Sœur Thérèse et courut annoncer à sa femme la bonne nouvelle.

La réception ne fut pas ce qu'il attendait : il s'entendit traiter de fou, et Mme X. l'envoya rudement à son travail. Le bon homme n'eut qu'une réponse : « Je suis sûr de ce que je te dis, Louis va être appelé au sous-diaconat ; d'ailleurs, tu verras demain ! »

Le lendemain, en effet, apporta une lettre du séminariste. Ce fut précisément Mr X. qui reçut cette lettre. Sachant d'avance ce qu'elle contenait, il ne l'ouvrit pas, la mit tranquillement dans sa poche et la porta à sa femme : « Tiens, dit-il, voici la lettre de Louis ; tu vas voir ! »

La pauvre femme était si peu rassurée qu'elle n'osait même pas ouvrir la lettre. Ce fut Mme N., chez qui elle travaillait, qui dut en faire la lecture.

L'abbé écrivait à ses parents que dans un mois il serait sous-diacre, et prêtre quatre mois plus tard !... Tandis que la mère pleurait de joie, son mari, triomphant, lui reprochait son incrédulité...

Quand Mr X. m'eut achevé son récit, je lui dis que, peut-être, il avait été le jouet de son imagination lorsqu'il crut entendre la voix de Sœur   Thérèse : « Oh ! non, non, Monsieur le Curé, me répondit-il, ne croyez pas cela ; je ne suis pas une femme, moi, pour avoir la berlue tout éveillé! — Vous la connaissez donc bien, Sœur Thérèse, pour la prier avec tant de confiance ? — Je sais que c'est une petite sainte de Lisieux qui est bien bonne ; j'ai son image, mais je n'ai pas lu son histoire. — Je vous la prêterai. Mais si je vous demandais, d'affirmer devant Monseigneur l'Evêque ce que vous m'avez raconté, le feriez-vous ? — Je le dirais bien au Pape ! et même si vous vous voulez, M. le Curé, je vous le jurerai... sur le Saint Sacrement ! »

Tel est, ma Rde Mère, ce que j'ai appris, et, plus que toutes ses paroles, l'air loyal et candide de mon interlocuteur m'a convaincu.

 

Abbé L., curé de X.

 

301

 

Le séminariste dont il vient d'être question dans la lettre qui précède fut ordonné sous-diacre le 29 juin, et vint au mois de juillet 1912 faire un pèlerinage d'action de grâces à la tombe de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus.

Il en rapporta deux boutures de géranium qu'il planta à son retour, s'en réservant une pour lui et offrant l'autre à sa mère. Celle-ci se chargea de les cultiver. La bouture du séminariste reprit très vite; trois rejetons poussèrent à son pied puis elle perdit ses feuilles et sécha complètement; cependant, sans savoir pourquoi, Mme X. ne pouvait se résoudre à la couper.

Le 18 septembre le jeune diacre, devenu prêtre, célébra sa première Messe. Lorsqu'il rentra de l'église il vit, sur la tige desséchée de son géranium, deux petites feuilles bien vertes et deux fleurs blanches, l'une épanouie et l'autre en bouton.

« Tous les invités avaient fait leur cadeau de première Messe, écrit le curé de sa paroisse natale ; Sœur Thérèse voulait être aussi du nombre en donnant au jeune prêtre un bouquet de fleurs au matin du grand jour de joie qui était pour lui le Thabor après le Calvaire. »

Les petites fleurs manquant de sève se fanèrent assez vite et Mme X. se décida enfin à couper leur tige ; elle la conserve pieusement, avec l'une des petites rieurs merveilleuses, comme souvenir et comme preuve du gracieux prodige.

 

391 — Salutaire avertissement.

 

Carmel de Troyes (Aube), 27 juin 1912.

 

Nous étions au réfectoire où lecture nous était faite de la « Pluie de roses II », lorsqu'une de nos Sœurs du voile blanc entendit bien distinctement : « Ne mange pas cela ! » — c'était de la salade.

Assez impressionnée, elle ne savait ce que cette parole voulait dire et s'apprêtait à passer outre, quand de nouveau la voix répète avec insistance : « Se mange pas celai » Elle examine alors avec attention le contenu de son assiette et aperçoit de petits débris de plomb, comme ceux qui se détachent lorsqu'on fait une soudure — ce qui justement avait eu lieu à la pompe de la cuisine.

Sans cet avertissement de notre petite Sœur Thérèse, ma Sr S.-B., ne mastiquant jamais sa salade, aurait certainement avalé le plomb! Et vous savez, ma Rde Mère, quel dangereux poison est l'oxyde qui se dégage de ce métal ; aussi, vous comprenez notre reconnaissance !

 

Sr X.

 

392 — Encore un avertissement salutaire.

 

M. (Cher), 17 mai 1912.

 

J'ai une grande dévotion à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, j'ai fait encadrer sa photographie et je l'ai placée près du lit de mes enfants,

 

302

 

pour qu'elle les protège. Or, un soir, je priais devant l'image de ma petite sainte et je lui disais : « Oh ! je vous en prie, obtenez-moi la grâce de savoir diriger mes enfants, comme vous dirigiez vos novices. » Aussitôt une voix intérieure, la voix de Sr Thérèse sans doute, me répondit : « Veille! » Je compris la leçon et, peut-être une heure après, j'arrivais assez à temps pour tirer ma fillette de sept ans d'un mauvais pas...

Comme j'ai remercié la chère petite sainte! et comme je la remercie encore, en lui demandant de m'aider toujours à veiller sur mes enfants !

 

T.

 

393 — Sœur Thérèse appelle une affligée sur sa tombe et la console.

 

Paris, 7 février 1912.

 

Voilà bientôt un mois que j'ai entendu, dans un moment de peine, la voix, bien forte au dedans de moi, de la petite sainte de Lisieux. Elle me disait : « Ne pleure pas, va prier sur mon tombeau, je te détacherai des créatures, tu ne souffriras plus tant. »

Ma vie a été bien orageuse; j'ai été préservée d'une façon presque miraculeuse, pendant les huit ans que j'ai passés toute seule dans ce Paris, où j'étais arrivée à ne plus jamais prier! Que de fois, en regardant la Seine, j'ai pensé à en finir; et je l'aurais fait si, au fond du cœur, je n'avais eu un reste de foi. C'est vous dire, ma Mère, combien je souffrais !

Et je suis allée sur cette tombe... J'en ai emporté l'affection la plus grande pour cette petite sainte que je ne connaissais que de nom et en qui j'ai maintenant une si grande confiance.

Partout, chez moi, elle a la place d'honneur; son portrait est entouré de fleurs ; je l'ai collé à ma machine à coudre, afin de travailler sous ses yeux. A chaque instant, je sens son appui. J'acquiers de l'empire sur moi-même; elle m'apprend à supporter le mépris, sans rien laisser paraître de ce que j'éprouve. Enfin, elle détache mon cœur des créatures, et je ne vois plus les choses qu'au point de vue de l'éternité...

 

X.

 

394 — Céleste poignée de mains.

 

Lyon, 28 novembre 1912.

 

Au mois de juin 1912, j'ai éprouvé, moi aussi, la protection de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus. J’étais dans un terrible découragement, par suite de grandes peines... Alors j'ai prié la chère petite Sœur et, un jour, en montant l'escalier, j'ai senti ma main gauche prise et serrée doucement par une main invisible. A partir de ce moment, mon découragement s'évanouit, et depuis, l'image de Sœur Thérèse ne me quitte plus...

Elle m'a aussi soulagée et guérie dans des malaises physiques...

 

Sr M.-E.

 

303

 

395 — Consolante réponse de l'au delà.

 

Poitiers (Vienne), 25 octobre 1912.

 

J'appris, il y a peu de jours, qu'une jeune personne, à laquelle je porte un sincère intérêt, était mourante. J'allai, le 14 octobre, la recommander aux prières des religieuses Carmélites et demander, pour la lui envoyer, une relique de votre chère Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus.

Elle n'eut pas le temps de la recevoir; elle mourait le matin même de la fête de sainte Thérèse.

Informations prises, je sus qu'elle était morte sans avoir reçu les Sacrements. Très inquiète depuis lors, j'allai demander une Messe pour elle et, au retour, je suppliai la petite sainte de me faire connaître si la défunte était sauvée.

Ne sachant quelle preuve lui désigner, je lui dis dans mon angoisse : « Sœur Thérèse, faites-moi connaître par un signe quelconque, si Fl. est sauvée ; quand ce ne serait que par un seul mot. » Je passai ma soirée dans la prière et différentes occupations, ne pensant plus à ma demande. C'était le samedi, 19 octobre.

Le dimanche matin, je m'éveillai plus tôt que de coutume, mais sans songer à rien. Ce n'était plus la nuit noire, mais pas encore le jour. J'entendis bientôt sonner 5 heures, et soudain j'eus le sentiment qu'il se passait, près de moi, quelque chose d'extraordinaire.

Couchée sur le côté droit, vers le mur, j'éprouvai subitement comme une incitation à me tourner de l'autre côté. Je résistai d'abord, puis je fis un mouvement qui, sans me tourner complètement, me mit un peu sur la gauche, dégageant ma tête.

Aussitôt, de ce côté-là, à mon grand étonnement, ma couverture fut vivement remuée, j'eus l'impression qu'une personne, s'appuyant sur le lit, se penchait vers moi, et j'entendis distinctement prononcer tout haut, d'une voix grave, ce simple mot : « Pardon ! »

C'est étrange, me dis-je toute saisie. — J'avais reconnu la voix de FL, la pauvre mortel — De quoi pouvait-elle bien me demander pardon ?...

Alors, me souvenant de ma prière : « Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus ! » pensai-je avec admiration et reconnaissance. Et je restai sous une impression de calme solennel, n'ayant même pas l'idée d'ouvrir les yeux.

J'étais en paix; Fl. était sauvée! Elle avait imploré son pardon et obtenu miséricorde.

Quel signe, quel mot plus précis aurais-je pu souhaiter que ce mot unique, mot béni fait de repentir et de confiance, et que les damnés ne sauraient prononcer avec un pareil accent!

J'ajouterai que je ne suis plus jeune et que j'habite seule un appartement où personne ne peut s'introduire ; que mon lit n'a ni rideau, ni draperie. Mais je porte, attaché à mon scapulaire, un

 

304

 

sachet contenant un menu fragment du rideau du lit d'infirmerie de Sœur Thérèse, sous la protection de laquelle je me suis placée.

 

X.

 

Je puis attester que la signataire de ces lignes est une personne pieuse, de foi sincère et d'une intégrité de vie irréprochable.

 

Rd Père X. (religieux dominicain, directeur de Mlle X).

 

396 — Céleste visite.

 

Toulouse (Haute-Garonne), 6 novembre 1912.

 

Dans la nuit qui a terminé la neuvaine que vous avez bien voulu faire avec moi, j'ai passé un long temps éveillée. Ma pendule était arrêtée, je ne sais pas quelle heure il pouvait être, peut-être deux ou trois heures du matin. J'ai vu ma chambre se remplir d'une clarté qui, d'abord faible, a augmenté et est devenue, malgré sa douceur et son ton argenté, brillante et d'un aspect délicieux que je n'avais jamais ni vu, ni imaginé.

Je restai immobile, en proie à un étonnement extrême, et faisant tout mon possible pour savoir si j'étais endormie ou éveillée. La clarté s'atténua par degrés et finit par s'éteindre.

J'avais lu avec émotion, dans la « Pluie de roses », que ce fait s'était produit plusieurs fois ; mais jamais, au grand jamais, il ne m'était venu un seul instant à la pensée que cela pût arriver pour moi, j'en suis bien trop indigne !

Madame la Supérieure, l'aviez-vous demandé à votre angélique sainte ? Ayez la bonté de me le dire. Alors cela expliquerait cette visite divine.

Enfin, depuis, je me répète : « Elle est venue, je l'ai vue ! elle est venue pour me faire du bien, comme elle l'a promis ! Elle sera mon bouclier et me protégera ! » Et j'éprouve un sentiment de sérénité, de confiance, d'espoir que je ne connaissais plus...

Je veux travailler toute ma vie à la faire connaître et aimer.

 

Mme de C.

 

397 — Etoile merveilleuse.

 

Carmel de C. (France),. Il avril 1912.

 

Jamais peut-être je n'avais fait une retraite à la fois si paisible et si fructueuse que celle dont je viens de sortir et que j'avais placée sous la protection de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus. Le dernier jour, j'osai lui demander un petit signe m'assurant que toutes mes bonnes impressions me venaient bien d'elle, et que c'était son désir et celui de Notre-Seigneur de me voir marcher dans sa petite voie d'enfance spirituelle, telle qu'elle me l'avait montrée.

J'avais l'âme dans une paix si profonde que cela seul suffisait déjà à me convaincre de sa présence et de son influence sur moi,

 

305

 

lorsque, le dernier jour de ma retraite, pendant la messe, au moment du Pater, je vis, du côté de l'évangile et prés du tabernacle une blanche étoile très nette qui projetait dans le chœur de lumineux rayons. Aussitôt, je joignis les mains et invoquai Sœur Thérèse, comprenant bien que c'était elle l'étoile brillante qui me conduirait à Jésus. Bien des fois depuis, lorsque la grille est ouverte, j'ai vu que le soleil a beau refléter sur l'autel, jamais ses rayons n'arrivent jusqu'au point où se trouvait ma belle étoile, ni jamais, non plus, une telle clarté ne se projette à travers nos grilles.

 

Rde Mère X...

 

398 — Sourires et parfums.

 

Hospice de C. (Seine), 15 décembre 1912.

 

J'ai toujours eu confiance en la « petite Thérèse », comme j'aime à l'appeler. Et, sans doute, voulant me prouver que je suis dans le vrai, elle se plaît à m'accorder ce que je lui demande.

Cette année, au mois de mars, elle m'a obtenu la grâce d'une bonne mort pour une de mes parentes qui, tout en étant chrétienne, n'aurait pas donné un si bel exemple de résignation sans l'intervention de ma petite sainte.

Le 13 avril suivant, alors que je m'humiliais intérieurement, reconnaissant avec regret une faute involontaire, elle me fit sentir un parfum de violettes incomparable.

Le 17 mai, alors que je faisais une neuvaine devant son portrait en première communiante (c'était le troisième jour de la neuvaine, il était 8 heures et demie du soir), son beau visage eut une expression que je ne puis définir : il me souriait... Je restai interdite; puis, émue, les larmes me gagnèrent... Et la petite Thérèse souriait toujours! Cela dura cinq minutes.

Le lendemain soir, priant à la même heure, elle me sourit encore. Le 7 juin, toujours devant cette image, je la suppliai de demander à Notre-Seigneur du beau temps afin de pouvoir tout apprêter pour la procession de la Fête-Dieu. Un ravissant sourire fut la réponse; et ce dimanche, malgré les craintes, le temps fut favorable.

Le 18 de ce même mois, priant aux intentions de notre bon aumônier, que je savais à Lisieux, je demandais à Sœur Thérèse de lui accorder toutes les grâces qu'il désirait. J'avais grande confiance, car je voyais ma petite Thérèse me sourire ; j'étais si heureuse que je suis restée dix minutes à genoux, croyant qu'il n'y avait qu'un instant. Et à son retour, M. l'Aumônier nous a dit que la petite sainte était intervenue pour lui obtenir une grâce qu'il désirait pardessus tout.

 

M. D.

 

 

Moi, G. D., aumônier de l'hospice de C, ai tout lieu de croire à l'authenticité des faits ci-dessus relatés, que j'ai du reste constatés moi-même en partie. La personne qui les rapporte n'est nullement nerveuse, mais très pieuse.

 

306

 

J'atteste encore que les relations envoyées par mes soins ne peuvent donner qu'une faible idée des grâces ou faveurs accordées par la petite sainte de Lisieux, soit à moi, son humble et reconnaissant serviteur, soit à toutes les personnes, sans exception, que j'ai engagées à la prier. Et je ne cesse de répéter que cet ange a dit à bon droit : « On ne m'invoque jamais en vain (1). »

 

G. D., prêtre.

 

399 — Chants et sourires.

 

X. (Vendée), juillet 1912.

 

Un jour où je priais Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus devant l'image qui la représente serrant l'Evangile sur son cœur, son visage changea ; elle leva les yeux au ciel, puis elle me sourit. A cet instant, mon cœur fut rempli du désir d'aimer Dieu et de le faire aimer.

Lundi dernier, vers 2 heures du matin, je fus réveillée par un chant qui me semblait venir du ciel ; ma chambre était tout illuminée, mais une main mystérieuse m'empêchait d'ouvrir les yeux et de me rendre compte de ce qui se passait ; je devinais la clarté à travers mes paupières fermées. Le chant peu à peu s'est éloigné, mais la pensée de ma chère petite Thérèse, et en même temps celle de Notre-Seigneur, ne me quittent plus.

Pensant que la première grâce au sujet du portrait était peut-être une illusion, j'allai trouver Mme X. en lui demandant de bien vouloir considérer ce portrait pendant quelques instants. Elle me répondit d'abord : « Sa figure ne change pas. » A peine venait-elle de prononcer cette parole que je la vois prête à perdre connaissance, disant : « Elle vient de lever les yeux au ciel ! »

 

M. M.

 

(La personne qui écrit la lettre suivante n'est pas celle dont il est question dans la lettre qui précède, mais une troisième privilégiée, en relation avec les deux premières.)

 

X. (Vendée), juillet 1912.

 

Je suis une nouvelle convertie, et le bon Dieu me comble de ses grâces. Par l'intermédiaire de Mlle M. M., j'ai connu Sœur Thérèse.

Samedi soir, pendant ma prière, j'ouvris le petit album contenant la série des portraits de la petite sainte, juste à l'endroit où elle est représentée sur son lit de mort, et je lui dis de toute mon âme : « O chère Sœur Thérèse, vous qui avez tant de puissance sur le Cœur du bon Dieu, demandez-lui le pardon de mes fautes, je les regrette amèrement. »

Au même instant, elle ouvrit ses beaux yeux et les tint élevés vers le ciel, avec un sourire angélique.

Quelle ne fut pas ma joie ! J'étais bien un peu tremblante, mais à

 

(1) Voir Pluie de roses II, n° 100.

 

307

 

partir de cet instant, j'ai compris que puisque j'étais revenue au bon Dieu, lui aussi revenait à moi.

 

A. B.

400 — Consolante prophétie.

 

H. (Pas-de-Calais), 3 novembre 1912.

 

La grande faveur que je sollicitais depuis tant d'années vient de m'étre accordée, par l'intercession de votre petite sainte. Après avoir vécu éloigné des sacrements pendant vingt ans et à la veille de mourir, mon mari s'est converti.

J'ai été, à ce sujet, l'objet d'un privilège tout spécial de la part de Sœur Thérèse.

Après avoir placé une de ses reliques sous l'oreiller de mon malade, je lui fis successivement trois neuvaines ; je commençai la seconde le 21 septembre pour qu'elle se terminât le 30, jour anniversaire de sa mort. Le 30, je fis la sainte Communion et, le soir, je la priai avec ferveur.

A minuit, je m'éveillai et, au moment où j'ouvrais les yeux, j'entendis une voix intérieure me dire : « Il y viendra ! » Alors j'aperçus quelqu'un, mais sans trop distinguer de forme ; ce fut l'espace d'une seconde. Je répétais en même temps : « Il y viendra!... Il y viendra!... », mais sans trop comprendre le sens de cette phrase. Chose étonnante, plus je la répétais, plus je sentais une joie, un bonheur intime inonder mon âme. Je me levai pour donner à mon malade les soins qu'il réclamait, puis je me recouchai, ayant toujours sur les lèvres ces paroles : « Il y viendra ! » Tout à coup, un trait de lumière jaillit, et je compris !.... «. Il y viendra... à la conversion ! »

Et, en effet, depuis ce moment, jusqu'au jour heureux où mon mari se réconcilia avec le bon Dieu, je fus dans une quiétude parfaite au sujet de son éternité, moi qui, la veille, étais si tourmentée !

Je ne puis me tromper, c'est bien Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus qui, le dernier jour de ma neuvaine, à la dernière minute (il était exactement minuit), m'a fait cette révélation. Combien je lui en suis reconnaissante !...

 

Mme D.

 

Suit l’attestation de M. le curé de H., témoignant que Mme D. est tout à fait digne de foi.

 

401 — Gage d'éternel salut.

 

Dinan (C.-du-N.), 21 novembre 1912.

 

Nous avions, ma mère et moi, de grandes inquiétudes pour l'âme d'un de mes frères, mort presque subitement le mois dernier, car, depuis de longues années, il négligeait ses devoirs religieux. Nous nous désolions d'autant plus que le cerveau de mon pauvre frère s'étant pris soudainement, il n'avait pu se confesser ; il avait

 

308

 

eu seulement connaissance d'une prière faite par nous à Thérèse de l'Enfant-Jésus, prière à laquelle il se joignit de tout son cœur, après avoir pris avec empressement l'image de la Servante de Dieu.

Le lendemain de l'enterrement de mon frère, pendant mon sommeil, je le vis et il me répéta par trois fois : « Je suis sauvé l » Comme il le disait pour la dernière fois, je m'éveillai : un frôlement léger s'était fait près de mon visage.

Je regardai : une lueur pénétrait à travers mes vitres, c'était l'aurore; et le frôlement discret n'était autre que l'image de Sœur Thérèse qui s'était échappée de mon rideau et avait glissé jusqu'à moi, sans qu'aucune secousse eût provoqué sa chute.

Je compris tout ! Elle venait nous retirer notre cruel doute : mon frère était sauvé par la « grande missionnaire » Thérèse !

 

F. L.

 

402 — Grâce pacifiante.

 

D. (Creuse), 6 novembre 1912.

 

Pour la glorification de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus et en reconnaissance des nombreuses grâces obtenues par son intercession, je viens, ma Rde Mère, vous en faire connaître deux nouvelles ; car, malgré mon indignité, votre céleste Sœur me comble de ses bienfaits.

Je commence par la seconde dont je suis encore tout impressionnée.

Jeudi 7 novembre, se terminait la neuvaine pour Mlle X.; quoique un peu mieux, ce n'était pas la guérison espérée. Voyant la famille déçue, j'en éprouvais de l'ennui et regrettais presque d'avoir fait connaître Sœur Thérèse dans un milieu où l'on a si peu de foi ; je craignais d'avoir fait plus de mal que de bien, et surtout de n'avoir pas été agréable à notre bien-aimée petite sainte. Mon trouble était inexprimable, je ne savais si je devais demander à Lisieux la seconde neuvaine que la mère désirait pourtant.

Je me couchai dans cet état d'âme. A 5 heures et demie, je fus subitement éveillée et vis aussitôt le portrait de Sœur Thérèse, qui est au pied de mon lit, lumineux et très agrandi.

Je ne pouvais détacher les yeux de la douce image ; la lumière blanche qui l'illuminait se répandait un peu sur la tapisserie dont je voyais le dessin et les nuances ; le reste de la chambre était dans l'obscurité la plus complète. Cela dura un moment, puis s'évanouit.

Dans mon grand saisissement, je n'eus pas l'idée de prier, mais je sentis que le trouble de mon âme n'existait plus.

Je soussigné, curé-doyen de D., connaissant la dévotion sérieuse de ma paroissienne, Mme D., envers Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, ne doutant pas du tout de sa reconnaissance sans bornes pour les faveurs très grandes qu'elle a reçues par l'intermédiaire de cette admirable petite sainte, n'hésite pas à croire que ce que Mme D. raconte

 

309

 

à propos de la clarté extraordinaire qu'elle a vue ici, dans sa maison, sur l'image de la petite Sœur Thérèse, placée au pied de son lit, ne soit une grâce particulière accordée à Mme D., comme récompense de son zèle à glorifier cette chère sainte en toute occasion et à lui gagner des admirateurs et des dévots.

 

Sceau de la paroisse.

 

L. T., curé-doyen de D.,
le 5 décembre 1912.

 

 

CHAPITRE TROISIÈME — Apparitions (1)

 

403 — Paix rendue à une famille. — Conversion d'une pécheresse publique. — Heureuse mort. — Apparition et guérison. — Disparition d'une tumeur tuberculeuse à la main. — Sœur Thérèse apparaît à la religieuse qui l'a fait prier pour obtenir toutes ces grâces et l'invite à profiter, elle aussi, de son pouvoir.

 

X. (Espagne), février 1912.

 

Au mois de décembre dernier, 1911, nous avons lu pour la première fois la Vie de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus traduite en espagnol. J'ai éprouvé aussitôt une grande confiance en elle et, l'ayant fait prier par différentes personnes, j'ai eu la joie de leur voir en obtenir un merveilleux secours :

Une de nos Sœurs a vu, à la fin d'une neuvaine à la petite sainte, la paix se rétablir dans sa famille et l'un de ses frères, cause de tout le trouble, abandonner le mauvais parti politique qu'il avait embrassé.

Une autre religieuse était très affligée au sujet de sa sœur qui vivait depuis douze ans loin de sa famille, sans jamais lui écrire, et menait une vie de pécheresse publique. La religieuse fit une neuvaine à Sœur Thérèse et, le dernier jour, sa mère reçut une lettre de l'enfant prodigue; celle-ci était complètement transformée, pleine de regrets et de contrition et résolue à changer de vie !

Tandis que toutes nos malades s'enthousiasmaient et demandaient leur guérison à la Servante de Dieu, l'une d'elles, atteinte d'épi-lepsie, lui demanda la grâce de mourir : elle voulait « s'endormir et se réveiller au ciel ». Peu de jours après, en effet, elle resta comme

 

(1) Se reporter à la note de la page 238.

 

311

 

endormie au fort d'une terrible crise, et son visage paisible et reflétant la joie nous fit croire qu'elle avait dû se réveiller au Ciel.

 

Une jeune fille qui avait consulté cinq médecins et suivi en vain toutes leurs prescriptions pour se guérir d'une hémorragie, commença avec nous une neuvaine à Sœur Thérèse. En même temps, nous suspendions à son cou une de ses reliques. Aussitôt, elle se sentit mieux et, dans la nuit, la petite sainte lui apparut en songe et lui dit : « Continue à m'avoir en dévotion, et je te promets que, dès aujourd'hui, ta guérison va commencer. » Le jour même, en effet, l'amélioration commença.

 

La mère d'une de nos Sœurs était atteinte de la tuberculose des os. Elle avait à la main une protubérance de la grosseur d'un œuf. J'appliquai une relique sur la main malade, nous fîmes en même temps une première neuvaine, et la grosseur diminua de moitié ; nous en recommençâmes une seconde, et la main fut complètement guérie, à la grande surprise de tous les témoins.

 

Je faisais ainsi prier Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus et m'unissais aux demandes des autres, sans jamais en faire aucune pour moi. Cependant, je souffrais depuis deux ans d'une terrible épreuve d'âme, épreuve dont, une fois, je crus mourir, tant sa violence était extrême. J'avais beaucoup prié pour en être délivrée, mais je n'avais obtenu aucun soulagement ; l'idée d'invoquer Sœur Thérèse ne m'était pas venue.

Un jour, je me rendis à la chapelle pour un exercice de communauté, avant qu'il fût sonné. J'étais très fatiguée, et je m'assis sans rien penser, ni rien dire, avec la simple intention de tenir compagnie à Notre-Seigneur.

J'étais là, depuis un instant seulement, lorsque soudain (était-ce des yeux du corps ou de l'âme? je ne sais!) je vis apparaître la petite sainte, et j'entendis ces paroles : « Tu pries pour tous; mais pour toi, ne désires-tu rien ? » — « Vous savez que j'ai besoin de santé, lui répondis-je; si vous voulez me guérir, je serai contente de travailler davantage ; mais si vous ne le voulez pas, je suis tout à fait abandonnée à la volonté du bon Dieu. » Elle reprit avec insistance : « Ne te manque-t-il rien ? car je te l'accorderai... »

Alors, il me vint à la pensée de lui demander la délivrance de ma terrible peine intérieure, et, au même instant, je me sentis entièrement changée...

Autrefois, tout me faisait souffrir, et maintenant je jouis de tout, j ai même de l'attrait pour ce qui, jadis, me donnait le plus de répugnance ! Aussi, je me fais un devoir de recommander la dévotion envers cet ange qui daigna descendre vers moi, pour m'offrir une grâce que je ne songeais même pas à lui demander !

 

Sr X.

 

312

 

404 — Grâces et « leçon spirituelle ».

 

X. (Belgique), juin 1912.

 

Au mois de février 1912, la Communauté dont j'ai le bonheur de m'occuper sollicitait, depuis de longs mois, la rentrée d'une dette, modeste pour le débiteur, très grosse pour la Communauté. Un mercredi matin, je me mis à genoux devant l'image de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, et je lui dis sur un ton d'aimable reproche : « Quoi ! Sœur Thérèse, vous ne ferez pas rentrer cette petite somme ! » Je compris intérieurement que j'étais exaucé. A midi, je me rendis vaillamment chez le débiteur : « Ah ! Monsieur l'Abbé, s'écria-t-il en m'apercevant, je vais vous payer ce que je vous dois, et même ce que je vous devrai plus tard !» Et il me tendit 300 fr. — 230 étaient dus, les 70 étaient un paiement anticipé !

 

En juin 1911, quelques membres de ma famille se trouvaient dans une situation gênée, et je demandais instamment à Sœur Thérèse le moyen à prendre pour les soulager. Un matin, avant la sainte Messe, je vis distinctement— plutôt avec les yeux de l'âme qu'avec les yeux du corps — la chère petite sainte qui me dit : « Il faut agir immédiatement de telle et telle manière. » La façon de procéder était clairement indiquée. Après la Messe, je la revis encore qui me répétait les mêmes indications.

J'eus le malheur de ne pas me hâter suffisamment et, quand je voulus agir huit jours plus tard, on me répondit : « Si vous étiez venu huit jours plus tôt, vous étiez sorti d'embarras », et on m'en donna les preuves !

Bien attristé, mais bien reconnaissant quand même, je promis à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus d'être plus docile une autre fois.

Quelques fours avant Noël de la même année 1911, je demandai à Sœur Thérèse la grâce dont j'avais le plus grand besoin pour mon âme. Un soir, au commencement de mon sommeil, je me trouvai tout d'un coup dans un état de pleine conscience et je vis très distinctement, au-dessus de mon lit, la sainte petite Sœur, telle qu'elle est représentée dans le volume : « Articles pour la Cause de Béatification de la Servante de Dieu. » 

Je sentis alors, mieux que je ne l'aurais fait dans un parfait état de veille, que Sœur Thérèse exerçait sur mon esprit l'influence qu'un maître puissant exerce sur l'esprit d'un disciple, et — comment dirais-je ? — j'entendis, je lus, je vis qu'elle me disait à plusieurs reprises : « Sursum ! sursum ! toujours sursum !» Le temps de cette leçon spirituelle fut d'une demi-heure au moins, sinon de trois quarts d'heure, autant qu'on peut en juger dans ces états supranaturels où l'on n'a guère la notion du temps. Je vivrais bien mille ans que je n'oublierais pas cette grâce !

 

X., prêtre.

 

313

 

405 — Visite à un Carmel exilé.

 

Carmel français d'Amiens, exilé à Rochefort (Prov. de Namur), Belgique, juillet 1912.

 

L'été dernier (1911), je me souvins, au début de la Messe, que j'avais oublié de préparer un papier important qui devait m'étre nécessaire dans un instant. Je sortis aussitôt pour réparer mon inadvertance, et j'eus la pensée que la « petite Thérèse », à ma place, fût peut-être restée au chœur; mais j'étais déjà dans le cloître et ne m'arrêtai pas à cette impression.

Etant dans le dépôt, j'entendis un coup de sonnette très mesuré que je crus être celle du tour, et me hâtai davantage pour que la portière n'ait point à me chercher lorsqu'elle voudrait me rendre compte de ce message.

Au moment précis où je débouchai sous le cloître qui mène à l'avant-chœur, j'aperçus une religieuse qui y marchait d'un pas rapide, mais non empressé. Sa démarche était souple, sa silhouette gracieuse, avec un mélange de dignité impressionnante; et, chose étrange, quoique n'étant plus derrière elle, puisque j'avais pris un passage qui abrégeait le chemin, je la voyais toujours, la suivant des yeux, comme si le double mur, placé entre elle et moi, était devenu transparent.

Avec une lucidité de regard à laquelle aucun détail n'échappait, je remarquai qu'elle était sans manteau, j'analysai son allure et je trouvai une notable différence entre sa démarche et son port, et la démarche et le port de la Sœur chargée du tour. Mais comme rien d'extraordinaire n'atteignait alors ma pensée, je croyais très simplement que c'était cette dernière qui était là, à ma recherche.

Au seuil du chœur, alors que j'allais l'atteindre, la jeune Carmélite disparut.

J'entrai au chœur très calme; je vis la portière agenouillée à sa place, revêtue de son manteau ; elle n'avait point entendu ce coup de sonnette qui m'avait frappée et que quelques-unes de nos Sœurs seulement avaient perçu. Un sentiment indéfinissable de paix surnaturelle envahissait mon âme, puis une joie profonde s'y mêla avec la conviction que c'était Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus que je venais de rencontrer, parcourant la voie que je devais suivre, me conduisant où Dieu m'attendait !

L'après-midi, d'une voix émue, je fis part à mes chères filles de cette grâce. Pourquoi aurais-je douté ? Tout avait été si simple et si vrai !...

Souvent, on avait parlé en Communauté de la joie que l'on aurait si la sainte « petite Sœur » venait dans notre Carmel. Elle était ailleurs si condescendante, si bonne ; pourquoi ne se rendrait-elle pas à nos désirs Et si elle daignait venir, sûrement ce serait près de son massif de roses, de cette grande corbeille dont les fleurs sont exclusivement réservées à son image. — Tant de fois on avait ainsi

 

314

 

parlé, que les larmes nous venaient aux yeux en pensant qu'elle était passée, en effet, dans le cloître qui longe ses roses, à l'endroit même qui porte désormais son nom !...

Quinze fours environ après cette journée inoubliable, le baron del X. se présente au parloir. Il vient d'une ville belge assez éloignée. Depuis longtemps il désire aller à Lisieux et ne peut réaliser son rêve.

Il me raconte qu'il en parlait quinze fours auparavant en wagon, lorsqu'une personne qui avait pris place dans le même compartiment lui dit de ne point regretter ce voyage et lui conseille d'aller « à Rochefort, car le Carmel de cette ville possède, en ce moment même, une religieuse de Lisieux, et la Rde Mère lui parlera de la sainte qu'il aime ».

Je ne puis vous dire mon émotion en entendant ces paroles qui confirmaient, d'une manière si inattendue, la réalité de l'apparition de notre céleste petite Sœur.

 

Rde Mère Marie de Sr-Jean de la Croix, prieure.

 

406 — Apparition de Sœur Thérèse avec l'Enfant Jésus.

 

Abbaye des Bénédictins. S. (Angleterre), 13 octobre 1912.

 

Je vous serai très reconnaissant, ma Rde Mère, si vous pouvez m'envoyer 250 exemplaires d'une image de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus que l'on pourrait employer comme souvenirs de première Messe.

Ces images sont pour un jeune prêtre qui vient de célébrer sa première Messe, grâce qu'il doit, selon lui, à l'intercession de votre petite sainte.

Il y a un an et demi, il était très gravement malade. On pensait que sa maladie l'empêcherait d'être ordonné prêtre. Un jour, Sœur Thérèse est venue le visiter ; elle portait dans ses bras l'Enfant Jésus, et lui dit : « Vous serez prêtre, votre maladie n'est pas l’épilepsie » (on le craignait alors).

Je ne sais si cette vision était un rêve ou une extase, mais en tout cas il la croyait bien réelle, et le fait est arrivé comme la petite sainte l'a dit.

Il s'appelle G. P., et il est prêtre séculier du diocèse de X., en Angleterre. Il a été ordonné dimanche dernier, 6 octobre, fête du St Rosaire. J'ai assisté à son Ordination ainsi qu'à sa première Messe, le lendemain.

C'est en reconnaissance de la grâce reçue, qu'il désire offrir comme souvenirs de son sacerdoce des images de la petite sainte.

 

Rd P. Dom X., O. S. B.

 

315

 

407 — Gracieuse et pacifiante visite.

 

Carmel de X. (Chili), 3i juillet 1912.

 

C'est avec un vif plaisir que je viens vous dire, ma Rde Mère, les grâces nombreuses que j'ai obtenues par l'intercession de la « petite Fleur de Lisieux », de si suave parfum.

Je dois vous avouer avant tout que, lorsqu'on nous lut ici, pour la première fois, un extrait de la Vie de Teresita qu'une revue avait publié, je ne m'en formai pas l'idée comme d'une sainte, mais plutôt d'une créature tout à fait angélique et poétique, et néanmoins fort loin d'être une figure d'une sainteté extraordinaire et digne d'être offerte en exemple. C'est seulement quelques années plus tard que la « petite Fleur » me fit sentir de près son influence de sainte.

Un jour que j'entrais dans notre cellule, je respirai une odeur délicieuse, semblable au parfum de l'encens, mais d'une suavité et d'un arôme supérieurs aux parfums les plus délicats que j'aie jamais sentis. En face d'un fait si extraordinaire, je me mis aussitôt à réfléchir d'où pouvait bien provenir cette odeur, lorsque je découvris, sur notre petite table, une image et une relique de Sœur Thérèse que m'envoyait la Mère Sous-Prieure du Carmel de X.

Je compris et tombai à genoux, car je sentais près de moi un être céleste et, convaincue que c'était Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, mon émotion fut si grande que j'éclatai en sanglots.

Evoquant à ce moment le souvenir des longues et profondes souffrances physiques et morales qui me torturaient depuis 20 ans, et remplie d'une confiance sans bornes en l'aimable et douce petite sainte qui venait à mon secours, me semblait-il, je lui adressai la parole à peu près en ces termes : « O Térésita, combien je souffre !... je n'en puis plus !... »

Alors, se rendant visible, elle me sourit, et je l'entendis me dire : « Je te protégerai toujours !... » Puis la céleste apparition me quitta, me laissant dans une paix ineffable.

Un prêtre, qui connaît les peines dont je souffrais depuis de si longues années et dont la petite Thérèse m'a délivrée en cet instant béni, m'assure que cette grâce est une des plus surnaturelles et des plus signalées que les grands Saints accordent à leurs dévots...

Pendant toute ma vie, j'ai demandé à Notre-Seigneur de me faire connaître une sainte qui s'adaptât à ma petitesse extrême, afin de pouvoir l'imiter; et s'il est vrai que je l'avais trouvée en Ste Madeleine, comme grande pécheresse que je suis, toutefois j'attendais encore quelqu'un pour allumer dans mon âme la flamme de l'espérance et de l'amour. Et c'est ce qu'a fait, d'une manière splendide, la Servante de Dieu, Thérèse de Lisieux!...

 

Sr X.

 

316

 

408 — Un marin visité par Sœur Thérèse.

 

X. (France), 16 novembre 1912.

 

Joyeuse nouvelle ! j'en exulte de joie et de reconnaissance. Cette fois, ce n'est pas un simple « sourire » de votre Sœur du Ciel que vous signale ma lettre, c'est une

« Apparition de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus ».

Et si j'en suis heureux, c'est que cette apparition est un « sourire » de ma céleste protectrice à son indigne miraculé de X.

Un de mes arrière-neveux, après son congé dans la marine de guerre d'Allemagne, s'était engagé dans la marine marchande de Hombourg. J'avais de graves motifs de craindre pour son salut éternel. Vous savez quels nids de perdition sont les steamers de la protestante Prusse, surtout pour les jeunes gens catholiques. Je le recommandais donc instamment à notre Ange et j'insistais près du jeune homme, pour qu'il l'invoque et porte religieusement sur lui une relique, que je lui avais envoyée dans une lettre.

Or voici textuellement la lettre qu'il vient de m'écrire. Ce n'est pas un littérateur, c'est un rude marin qui écrit, sans fard et sans arrière-pensée, simplement, franchement, presque sans ordre, mais sincèrement. Je traduis mot à mot :

 

« Mon cher Oncle, il est une chose que je ne dois pas omettre de t'écrire. Depuis quelque temps, je suis très occupé, dans mes songes, d'une pieuse Sœur que, par toi, j'ai appris à connaître. Il ne te sera pas difficile de deviner juste : Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus.

« Le dernier songe était à peu près ainsi : je vis une jeune et aristocratique apparition, sous la forme des Sœurs infirmières de la Croix-Rouge, portant des secours aux malades dans un lazaret et soignant les blessés. J'étais moi-même blessé et gisais là depuis plusieurs jours, sans secours. Il me semblait que j'avais de tout temps connu cette Sœur. Je lui demandai donc si elle était Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus. Elle me répondit affirmativement et ajouta ensuite : « Eugène, moi aussi je te connais, et j'aurai bientôt fait de te guérir. Mais tu ne devras plus voyager sur mer; cela nuit au salut de ton âme. Je te remettrai en de meilleures mains. » Ce qui arriva alors, mon cher Oncle, tu ne le devinerais pas! Elle me conduisit près de toi, et je fus vite rétabli. J'ai déjà eu plusieurs songes analogues, toujours la Sœur infirmière au premier plan... »

 

J'arrête ici la traduction. Ce qui suit touche à des questions de conscience trop intimes, mais constitue pour moi une preuve évidente de la réalité et du caractère surnaturel de l'apparition.

Ah ! qu'on ne vienne pas me dire : « Ce ne sont que des songes ! » Oui, oui, ce sont des songes, et le jeune homme lui-même en parle comme de songes ; mais la teneur de sa lettre et les effets que ces

 

317

 

songes ont produits sur lui prouvent qu'il y voit l'intervention d'En Haut. Ne l'appelle-t-il pas lui-même : « une jeune et aristocratique apparition »? Et cette apparition, il la nomme par son nom : « Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus » ; et elle lui défend de continuer à voyager sur mer, « parce que cela nuit à son salut éternel ». Ainsi l'Archange Gabriel apparut à Joseph et lui dit de fuir en Egypte, avec l'Enfant Jésus et sa Mère.

Je puis faire remarquer que je m'étais soigneusement abstenu d'engager le jeune homme à quitter sa position dans la marine, n'en ayant pas d'autre à lui offrir. Je remettais, avec pleine confiance, toute cette affaire entre les mains de ma céleste petite sainte. Il ignorait donc le désir de son oncle, et c'est pour cela que l'injonction qu'elle lui fit : « Mais tu ne devras plus voyager sur mer », est pour moi une preuve évidente de l'intervention réelle de votre angélique Sœur.

Cette dernière apparition eut lieu en pleine mer, dans le voyage qu'il fait en Australie. Ce ne sera donc qu'à son retour de là-bas qu'il pourra quitter la marine. Mais, d'ici-là, j'ai de bons motifs pour être pleinement rassuré sur son sort.

Aidez-moi, ma Rde Mère, à remercier Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus de son œuvre si heureusement ébauchée, et à la prier de parfaire cette œuvre, en ramenant et en attachant irrévocablement mon cher neveu au bon Dieu. De la lettre du jeune homme, il ressort que cette dernière apparition l'a profondément remué et totalement changé. Je demande maintenant à ma Thérèse d'en faire un saint. Elle lui a dit : « J'aurai vite fait de te guérir. » Or, le jeune homme, un solide et robuste gaillard, se portait alors à merveille. Il ne s'agit donc pas de la guérison de son corps, il s'agit uniquement de celle de son âme, de sa sanctification. Mais, vous le savez mieux que moi, ma Rde Mère, votre angélique Sœur a l'habitude de faire tout à la perfection. Si donc nous le lui demandons, elle « aura vite fait » de le conduire à la sainteté ! Fiat ! Fiat !

 

Abbé X., prêtre.

 

 

409 — Un Rd Père Trappiste favorisé d'apparitions et de parfums.

 

Abbaye de l'Ordre de Citeaux, X. (France), 7 novembre 1912.

 

Pour la glorification de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus et pour me mettre de plus en plus sous sa protection, je viens vous exposer bien simplement quelques faveurs que je crois avoir reçues de sa part.

Il y a quelques mois de cela, le soir, alors que j'étais parfaitement éveillé, j'eus la visite de Sœur Thérèse. Elle ressemblait exactement à la première gravure de sa grande Vie, elle me souriait d'un sourire céleste. J'ai vu aussi plusieurs fois une troupe d'anges et, au milieu de ces anges, j'apercevais la petite sainte tout environnée d'une blanche clarté aux reflets d'argent.

 

318

 

Comme ces choses se renouvelaient chaque soir, et cela depuis cinq ou six jours, j'ai commencé à prendre peur, peu habitué que je suis à me trouver en face du surnaturel. Me voyant donc de nouveau en présence de Sœur Thérèse, je me suis mis tout de suite en prières, demandant à l'aimable sainte, non pas précisément de s'éloigner, mais de venir à mon secours, d'avoir compassion de ma faiblesse. Alors la vision a disparu ! Thérèse ne s'est plus montrée depuis. J'en ai eu du regret... Malgré cela, elle n'a pas laissé de me faire sentir encore plusieurs fois sa présence.

Une nuit, mais alors dans un songe, j'ai vu tomber devant moi une pluie de roses. Le lendemain j'étais un peu impressionné par ce rêve. Me trouvant à la salle de lecture et devant une image de notre petite sainte, je la priai de tout mon cœur, lui demandant ce que cela pouvait bien signifier. J'entendis alors intérieurement ces mots : « Vous le saurez bientôt. » Je n'eus plus alors la moindre hésitation ; je compris clairement que, dans la journée, je recevrais une grande nouvelle. En effet, ce jour-là même, on me remit une lettre où l'on m'annonçait une grande et heureuse nouvelle.

Le 6 septembre j'ai osé demander à Sœur Thérèse de vouloir bien me faire sentir ses parfums célestes. La nuit suivante j'ai été réveillé par une odeur suave et très pénétrante, mais cela n'a duré qu'un instant.

Le 16 du même mois j'ai eu la visite d'un ami à qui j'ai beaucoup parlé de la « petite Fleur » du Carmel ; le soir j'ai été encore réveillé par les mêmes parfums.

Le 2 octobre, avant minuit, les parfums mystérieux m'ont réveillé de nouveau. Ce jour-là, dans une lettre, j'avais écrit que Sœur Thérèse m'avait accordé plusieurs grâces. Par ces parfums a-t-elle voulu me dire un nouveau merci pour mon humble dévouement à propager son culte?

Jusqu'à ce jour elle continue à me favoriser ainsi ; surtout elle me fait largement part de sa voie de confiance et d'abandon ; aussi la Trappe me devient de plus en plus le vestibule du Ciel !

Notre Révérend Père Abbé est au courant de toutes ces faveurs.. Il vous envoie la plus paternelle de ses bénédictions...

Je vous bénis.

 

Rd P. X.

 

410 — « Confesse-toi ! »

 

Le jeune homme dont il est parlé dans la « Pluie de roses I, n° 109 », et qui fit régulariser son mariage à la suite de prières adressées pour lui à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, avait négligé, depuis cette époque, de s'approcher des sacrements.

Or, vers le 4 ou 5 décembre, revenant de son travail et passant dans un bois désert, il s'assit un instant pour se reposer. C'était à la tombée du jour, il était cinq heures du soir. Tout à coup une ombre humaine se dessine près de lui ; il tressaille, car il se croyait

 

319

 

seul, et, levant les yeux, il regarde qui s'approche... Personne ! mais dans la direction d'où était venue l'ombre, il voit une vive lumière, puis une religieuse lui apparait. Il croit rêver, se frotte les yeux : de nouveau la lumière resplendit et la religieuse se montre ; le jeune ouvrier ne distingue pas ses traits, mais il croit sans hésiter qu'il est en présence de Sœur Thérèse.

A côté de l'apparition un précipice insondable se creuse soudain : puis tout s'efface, et l'homme, profondément ému, demeure dans le saisissement.

Alors une douce voix retentit à son oreille et lui dit à deux reprises : « Confesse-toi ! »

Très troublé et poursuivi par le souvenir de cette apparition, l'homme voit, trois jours plus tard, un membre de sa famille frappé d'un mal foudroyant. Il songe alors que lui aussi pourrait être frappé de même, et tomber dans le précipice effrayant entrevu l'autre jour...

Cependant il diffère de se réconcilier avec Dieu. Il compte d'abord s'approcher du saint tribunal pour Noël ; mais Noël passe et il ne s'est pas décidé! Il arrive au 31 décembre... Va-t-il donc commencer l'année nouvelle sans avoir renouvelé son âme en la baignant dans les eaux de la Pénitence Sœur Thérèse veille ; et, de nouveau, au déclin du jour, sa voix, qu'il reconnait bien, retentit à son oreille ; elle dit et répète encore : « Confesse-toi ! »

Cette fois le jeune homme est vaincu. Levé à cinq heures, le lendemain matin, il se confesse et communie.

Pendant ce temps sa pieuse mère, anxieuse, priait sa céleste protectrice de lui donner le courage de faire le pas décisif. Un suave parfum de roses fraîches lui répond, et aussitôt elle a la certitude que son cher enfant est rentré en grâces avec Dieu.

 

411 — « Voici ta maîtresse; imite-la ! »

 

Carmel de M. (Espagne), 25 septembre 1912.

 

« Je désirais, depuis des années, prendre une sainte pour ma « Maîtresse », et étudier sa Vie afin de mieux l'imiter. Dans ce but, je lus les chroniques de notre Saint Ordre et, pour nombreuses que les vies de saintes s'y trouvassent, je ne rencontrai pas ce après quoi mon cœur soupirait.

« Voyant cela, je me mis entre les mains de Notre Sainte Mère Thérèse et lui demandai, puisque je ne pouvais imiter, avec mon peu de vertu, ses grandes œuvres, qu'elle me cherchât elle-même une sainte, pour être mon modèle.

« Il se passa quelque temps et, dans cet intervalle, j'entendis parler un peu de la sainte petite Sœur Thérèse, mais sans y attacher grande importance. »

Nous interrompons ici la relation de la carmélite espagnole, afin

 

320

 

de l'abréger. Voici le résumé de la grâce extraordinaire dont Dieu la favorisa.

C'est en 1910, comme elle vient de le dire, qu'elle entendit parler, pour la première fois, de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus. Elle ne savait pas alors qu'il pouvait être question d'exhumer la dépouille mortelle de la Servante de Dieu. Sa Communauté et elle-même ne devaient apprendre cet événement qu'en décembre 1911, c'est-à-dire un an et demi après son accomplissement. La Rde Mère Prieure ajoute pleine foi à ce qu'on va lire et le regarde comme un gage de l'affection de Soeur Thérèse à l'égard de son monastère :

 

L'exhumation eut lieu le 6 septembre 1910. Or, la nuit du 6 au 7, la Carmélite qui souhaitait si vivement trouver une céleste patronne, eut un songe mystérieux :

Elle aperçut un cercueil où une jeune religieuse était étendue. Elle sentit à la fois une double et étrange impression de mort et de vie intense. Comme elle approchait, la morte, dont la dépouille lui semblait prête à tomber en poussière, ouvrit les yeux... Elle dirigea vers elle un regard d'une céleste et inexprimable douceur qui la remua profondément. Des anges l'entouraient, la couvrant de leurs ailes et l'un d'eux, se tournant vers la Sœur, lui dit : « Voici ta Maîtresse ; imite-la! »

 

« Je me réveillai avec une joie très vive, raconte la Sœur, mais aussi avec une grande préoccupation de savoir le nom de cette sainte qui, par son habit, me semblait Carmélite, bien que ses vêtements fussent si abîmés que je ne pouvais m'en rendre très bien compte.

« Cette pensée ne me sortait pas de l'esprit, et quelquefois je m'étonnais moi-même du peu de diligence que je faisais pour savoir quelle était cette sainte, car je savais bien que c'était une sainte !

« Cela dura un an, jusqu'au moment où mon confesseur m'envoya la Vie de Sœur Thérèse. Sa lecture m'émut à l'extrême, et je me convainquis que c'était elle que j'avais vue en songe, et cela de plus en plus à lire sa Vie, à voir son portrait (1) et à constater que c'est une sainte comme mon cœur la désirait.

« A partir de ce jour, je la pris pour ma Maîtresse, je la suppliai de me conseiller et de me guider toute ma vie; et, depuis, je n'ai jamais cessé de sentir sa protection continuelle sur mon âme.

« J'ai une image d'elle dans ma cellule et, chaque fois que je la regarde, j'éprouve une joie intérieure. Aussi dans toutes mes peines, je porte les yeux vers elle, et elle est ma consolation ! »

 

Sr M. del S. C.

 

(1) Le portrait où la Servante de Dieu est représentée sur son lit de mort.

 

321

 

412 — Apparition à un prédicateur de retraite.

 

X. (France), 26 décembre 1912.

 

Depuis que j'ai lu la Vie de votre chère sainte, je l'invoque chaque jour et lui recommande tous mes travaux. Mais pendant la retraite que j'ai prêchée à X., je l'ai particulièrement suppliée de m'aider à faire du bien aux âmes.

Je la priais beaucoup en préparant mes instructions et, au moment de monter en chaire, je lui disais : « Allons, petite Sœur Thérèse, vous parlerez et je ferai les gestes ! » Et vraiment je sentais qu'elle m'inspirait. Tous les jours, dans la conférence que je faisais à 1 heure, son nom revenait souvent sur mes lèvres, et j'excitais les âmes à l'imiter, à marcher sur ses traces.

Or, un soir, après l'avoir longtemps priée, je m'endormis rempli de confiance en constatant les excellentes dispositions des retraitantes.

Pendant mon sommeil, je vis une figure d'une ravissante beauté se présenter à moi, beauté toute céleste dont rien sur la terre ne peut donner une idée.

Son front était d'une pureté merveilleuse; le visage était comme diaphane. Fondez ensemble la blancheur du lis, l'éclat d'une belle étoile, les fines nuances d'une aurore, présage d'une splendide journée, et vous aurez à peine une idée de la beauté qui rayonnait sur ce visage plein de vie, animé d'un sourire tout angélique.

Je ne me lassais pas de contempler cette tête, mais je ne demandais point le nom de la vision, sachant bien que c'était la petite Sœur Thérèse !... Elle me souriait comme pour me dire : « Le bon Dieu exauce nos prières ! »

Je ne me souviens d'aucun autre détail. Ce visage que je vois encore se dégageait de certains nuages qui lui servaient de cadre, nuages qui vont s'illuminer, je pense, quand l'Eglise aura béatifié cette angélique sainte !...

 

X., prêtre lazariste.

 

413 — Apparition à une fondatrice d'oeuvres.

 

Le récit qu'on va lire, daté de décembre 1912, après avoir été fait verbalement par un Rév. Père Jésuite, a été écrit ensuite sous la dictée de sa pénitente et le Rév. Père l'a envoyé lui-même au Carmel de Lisieux, en l'annotant de sa main.

 

La personne privilégiée raconte d'abord que, trois ans auparavant, elle a fait une grave maladie et est restée cinq mois dans un état désespéré. A ce moment, elle ne connaissait point Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus et ne comprenait pas quelle sainte daignait la favoriser de ses apparitions.

En effet , elle recevait « fréquemment » la visite toute céleste

 

322

 

« d'une jeune religieuse qui l'aidait, l'encourageait, se montrant à elle d'une façon sensible ».

 

Après sa guérison, elle consacra sa vie aux oeuvres et conçut le projet d'organiser une maison de préservation pour les jeunes ouvrières.

Durant l'hiver 1911-1912, elle fit un séjour à Rome, et là elle eut l'occasion de lire la Vie de la Servante de Dieu, qu'elle reconnut alors pour être la jeune religieuse qui l'avait visitée pendant sa maladie; et elle se mit à la prier, à lui confier son pieux projet.

« Un soir, raconte-t-elle, au moment où je venais d'éteindre ma lampe, j'eus la vision très nette de la grande avenue de la propriété où j'installe mon oeuvre. Je voyais arriver des centaines de jeunes filles, joyeuses, en chantant... Une forme surplombait la masse de cette jeunesse et, en approchant, je reconnus ma gracieuse petite sainte... »

Soeur Thérèse vint jusqu'à elle, lui sourit et lui dit : « Voilà tes conquêtes de l'avenir, va confiante, je t'aiderai. »

 

Cette promesse n'a pas été vaine. La personne en question avait besoin, pour une certaine échéance, d'une somme considérable. Ne sachant comment se la procurer et le temps pressant (on était au 5 novembre et le versement devait se faire le 11), la privilégiée de Sœur Thérèse lui commença un triduum. Dès le surlendemain, 7 novembre, un télégramme l'appelait chez des amis qui lui « remirent avec plaisir tout ce qui lui manquait ».

 

(Relaté en décembre 1912.)

 

414 — Apparition peu désirée et bien inattendue.

 

Monastère de la Visitation de X. (Suisse), décembre 1912.

 

Je connus Sœur Thérèse au mois de mai 1903, et, jusqu'en mai 1910, elle me fut absolument antipathique. Elle le serait demeurée toujours, probablement, sans une grâce qui changea absolument mon cœur.

Je ne pensais jamais à la petite sainte ; les personnes antipathioues ne me viennent pas même à l'esprit. La dernière fois que j'entendis son nom, ce fut le deuxième ou troisième dimanche de Carême, où ma sœur K. demanda et obtint la permission de nous lire quelques faveurs obtenues par l'intercession de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus.

J'étais hors des gonds ce jour-là, et intérieurement j'adressais une verte apostrophe à cette... « espèce d'eau sucrée ! » (c'est ainsi que je nommais toujours la chère petite sainte!!...)

Après quoi je pris un livre, j'essayai de m'y enfoncer et y réussis si bien que je n'entendis plus même la voix de la lectrice.

A partir de ce moment, jusqu'au fait que je vais raconter, je n'ai jamais pensé à la petite sainte :

 

323

 

C'était le 5 ou le 8 mai 1910, je faisais mon action de grâces, très tranquille à notre place, les yeux baissés, mais pas fermés et même assez ouverts pour voir un peu du plancher, des stalles et les robes de quelques sœurs agenouillées près de moi.

Tout à coup, j'aperçois très nettement Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus ! Elle ressemble au portrait que j'ai vu d'elle autrefois (1).

Elle me regarde... Et moi, stupéfaite, croyant me tromper, je la regarde aussi. Bientôt deux choses me fascinent : l'expression de ses yeux... ces yeux si doux, si profonds, d'une tendresse inexprimable. Je n'y lis pas une plainte, pas un reproche, rien que bonté et tendresse ! Son sourire aussi me frappe, je vois sur ses lèvres quelque chose de fin, de spirituel, de malicieux, je dirai presque... une douce ironie ! Tout comme si elle voulait me dire : « Te voilà bien prise ! » Nous nous regardâmes longuement, j'ai fini par sourire moi-même et elle disparut !

J'étais « prise », oui, bien prise !

Et depuis, ma douce petite Thérèse est devenue ma maîtresse. Quelle excellente maîtresse ! Elle a vite tait d'apprendre aux élèves les plus rebelles des leçons d'une profondeur étonnante. Elle obtient de moi tout ce qu'elle veut, et, en retour, se plaît à me combler !

 

Sr X.

 

(1) L'image frontispice de l'Histoire d'une âme.