DOUZIÈME PARTIE — Guérisons particulièrement remarquables

 

 DOUZIÈME PARTIE — Guérisons particulièrement remarquables

CHAPITRE PREMIER — Guérisons diverses

415 — Guérison d'une grave entérite muco-membraneuse.

416 — Guérison subite d'une jeune fille mourante.

417 — Guérison subite d'un très grave mal de gorge provoquant l'asphyxie.

418 — Guérison d'une grave maladie d'estomac et de foie, compliquée d'entérite.

419 — Guérison d'entérite chronique.

420 — Guérison de rhumatismes articulaires aigus, compliqués d'une maladie de cœur.

421 — Guérison d'appendicite chronique, atrophie musculaire et névrite.

422 — Guérison de grave dyspepsie.

423 — Le « lait religieux d'Equeurdreville (1) ».

CHAPITRE DEUXIÈME — Pour les pécheurs

424 — Double et complète guérison d'âme et de corps.

425 — Guérison complète et instantanée de plaies incurables.

CHAPITRE TROISIÈME — Guérisons accompagnées d'apparitions

426 — Guérison d'un ulcère gastrique.

427 — Guérison subite d'une plaie.

CHAPITRE QUATRIÈME — Guérisons, sans intervention chirurgicale, de maladies incurables à moins d'opération.

428 — Disparition d'une tumeur aux reins.

429— Guérison d'otite purulente aiguë avec endomastoïdite.

430 — Disparition d'une tumeur cancéreuse à la poitrine.

431 — Disparition d'un goitre.

432 — Disparition d'un squirre à la poitrine.

433 — Guérison de mastoïdite.

434 — Guérison de tuberculose du rein.

435 — Guérison d'une brûlure aux yeux.

436 — Guérison d'une tumeur intérieure.

437 — Guérison subite d'une hernie.

438 — Guérison d'un ulcère de l'estomac.

CHAPITRE CINQUIÈME — Guérisons de diverses maladies incurables

439 — Guérison d'une maladie des reins.

440 — Disparition subite d'une tumeur variqueuse et de phtisie pulmonaire.

441 — Guérison d'un mal intérieur.

442 — Réveil heureux et subite guérison.

443 — Guérison de Mme Aline Monnette, Vve Poirson, atteinte d'une affection incurable du foie.

444 — Guérison de Mlle Bigot, demeurant à Domfront (Orne), atteinte de la maladie d'Addison ou tuberculose des capsules surrénales.

CHAPITRE SIXIÈME — Guérisons d'ulcères gangreneux et variqueux

445 — Guérison subite d'une jambe entièrement gangrenée.

446 — Guérison d'une infirme, atteinte depuis dix ans d'ulcères variqueux.

447 — Guérison d'un ulcère gangreneux.

448 — Guérison d'une mère de famille atteinte depuis dix ans de plaie variqueuse.

449 — Guérison d'un ulcère variqueux, obtenue à la suite de la lecture d'un article, écrit par Monseigneur de Teil dans « la Croix de Paris ».

450 — Guérison subite d'un ulcère variqueux datant de 37 années.

 

 

CHAPITRE PREMIER — Guérisons diverses

 

415 — Guérison d'une grave entérite muco-membraneuse.

 

X. (Seine-et-Oise), 24 avril 1912.

 

Depuis deux ans, je ne pouvais plus me nourrir qu'avec du lait et quelques petits potages de temps à autre. A partir du milieu de décembre 1911, jusqu'au 14 mars 1912, j'en avais même été réduite à ne pouvoir prendre qu'une toute petite quantité de lait, additionnée d'eau de Vais, que je digérais encore très difficilement. J'étais à bout de forces et croyais bientôt mourir, ce qui me désolait, car j'ai toujours appréhendé la mort.

Pendant et après deux neuvaines à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, je devins de plus en plus malade. C'est alors que toute la communauté et le pensionnat firent, du 4 au 12 mars, une troisième neuvaine, en union avec les Carmélites de Lisieux. Le lendemain de la clôture, je me suis trouvée plus mal encore, ainsi que la nuit suivante; mais le surlendemain, 14. mars, j'ai senti et constaté que j'étais guérie. J'ai pu, à midi, partager le régime de la communauté sans en éprouver le moindre malaise; j'ai continué depuis, je m'en trouve très bien, et mes forces sont revenues.

Je crois devoir signaler qu'une fois, pendant la dernière neuvaine, j'ai ressenti un bien-être comme si quelqu'un m'avait frictionné doucement les membres. J'ai eu la même impression sur l'estomac à deux reprises différentes. Une nuit encore, il m'a semblé voir tomber sur mon lit une pluie de roses...

 

Sr M., religieuse de S.-D. du Calvaire.

 

Je certifie exact le rapport ci-dessus, et je constate, avec action de grâces, que notre chère Soeur M. nous semble même plus forte qu'avant sa maladie, car elle a toujours eu une santé délicate.

 

Sr M.-A., Supérieure.

 

En ma qualité d'Aumônier de la Maison, j'ai assisté Sr M. durant sa longue maladie; je certifie exact dans tous ses détails le rapport

 

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qu'elle en a fait ci-dessus. Je regarde comme surnaturelle cette guérison, qui a été subite, radicale, et qui persévère depuis quatre mois.

 

X., prêtre aumônier.

 

 

Suivent une vingtaine de signatures et le certificat médical légalisé à la mairie.

 

416 — Guérison subite d'une jeune fille mourante.

 

Montréal (Canada), 28 juin 1912.

 

Le 6 juin dernier, j'étais appelé auprès d'une jeune fille, Mlle Florence Parent, dangereusement atteinte d'un mal intérieur et qui souffrait beaucoup. Je lui conseillai de faire une neuvaine à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus. Le lendemain, je lui apportai la sainte Communion ; mais la maladie s'aggravait tous les jours. Le dimanche matin 9, le médecin déclara Mlle Parent en danger de mort; il y avait une complication très sérieuse. On m'avertit, et je me rendis de nouveau auprès de la mourante. Elle était dans des souffrances aiguës. Je lui donnai immédiatement l'Extrême-Onction et le Saint Viatique. Puis, je me mis à genoux avec les personnes présentes, afin de prier Sœur Thérèse pour elle, et je lui dis de s'unir à nous.

O merveille! lorsque j'eus terminé ma prière, la malade me déclara qu'elle était guérie! Elle n'éprouvait plus de douleurs, mais au contraire un bien-être général.

Je retournai à l'église.

Le médecin vient une heure après; il s'informe auprès de la malade, elle lui répond qu'elle est bien. Tout surpris, il l'examine: elle déclare qu'elle ne ressent plus aucune souffrance, aucun malaise. « Je ne comprends pas ce changement, dit-il au père : ou elle est guérie, ou c'est un effet momentané de la sensibilité. »

Il revint les jours suivants; elle était toujours bien. Le vendredi, fin de la neuvaine, elle se leva en bonne santé et, depuis ce jour, cette santé ne s'est point démentie; elle travaille et vaque à toutes ses occupations, elle est le soutien de ses parents, qui remercient Dieu et la petite Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus.

 

Abbé Clément Berthaume, prêtre vicaire.

 

Certificat médical.

 

Je soussigné certifie que j'ai eu sous mes soins Mlle Florence Parent, que j'ai dû recommander l'Extrème-Onction, vu son état désespéré, et que, le Sacrement administré (1), ma malade fut très bien portante, et elle continue de l'être.

Pour moi, je reconnais une intervention surnaturelle.

 

Docteur X.

 

(1) « Le sacrement administré », par ces mots, le docteur entend dire que, revenant une heure après le sacrement administré, il trouva sa malade guérie. Quant au moment précis de la guérison, c'est au prêtre qui en a été témoin, de le déterminer. Or, ce n'est ni après la réception de l'Extrême-Onction, ni même après celle du Saint Viatique, mais une fois la prière à la Servante de Dieu terminée que la malade s'est déclarée guérie.

 

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417 — Guérison subite d'un très grave mal de gorge provoquant l'asphyxie.

 

Herck-la-Ville i Belgique), 19 août 1912.

 

Au mois d'avril 1912, au moment où se terminait ma journée de travail, je fus pris de grands frissons dans tous les membres. La nuit qui suivit fut pour moi pleine d'angoisses, de cauchemars, même de délire, je n'eus aucun repos; j'endurais un vrai martyre, et j'appelai bientôt pour me secourir le docteur Van W. J'étais dans ce triste état, lorsque me survinrent de grandes douleurs dans la tête, puis dans la gorge, laquelle semblait serrée comme par un étau. Je ne pouvais plus prendre que du liquide.

Le 2 juillet, le mal augmenta, je me sentis étouffer, plus rien ne passait dans ma gorge. Je demandai à ma sœur Berthe de retourner chercher le docteur. En route, elle rencontra M. de P., qui lui conseilla d'aller chez lui et d'y demander du miel pour essayer de me soulager. En donnant le miel, Mme de P. dit à Berthe : « Voici un remède plus sûr; prenez cette eau dans laquelle on a mis de la précieuse terre extraite de la tombe d'une sainte Carmélite, Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, et commencez une neuvaine. »

Je déclare en vérité que, sitôt l'eau arrivée, j'en ai avalé une gorgée et me suis trouvé radicalement guéri.

 

Joseph Franssens (32 ans) ;
Bertha Franssens (sœur) ;
Joannes Franssens (père);
Emérance Wanten (belle-sœur) ;
+ (mère).

 

Complément de détails, donné par Sr B. et la Rde Mère Prieure des Dominicaines, qui les ont recueillis de la bouche même de Joseph Franssens et de sa mère :

 

Témoignage du jeune homme.

 

« Le gargarisme et les cataplasmes ordonnés par le docteur n'avaient produit aucun effet. Le 2 juillet, je ne pouvais plus articuler un mot, ni desserrer les dents, ni avaler une goutte d'eau : mais dès que ma mère eut laissé infiltrer l'eau de Sœur Thérèse, elle passa instantanément et ouvrit ma gorge qui était complètement fermée. A ce moment je râlais, mais j'avais ma pleine connaissance. J'aurais voulu précédemment que le docteur me fit une incision pour pouvoir respirer; il me semblait que j'en aurais été soulagé:

 

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c'est pour cette raison que nous avions fait appeler le docteur, mais il ne put venir que l'après-midi et me trouva guéri.

« Après l'impression soudaine de l'ouverture de ma gorge, je n'ai rien expectoré; je me sentais tout à fait bien et j'ai demandé à manger. »

 

Témoignage de la mère.

 

« A peine eut-il avalé la première gorgée d'eau qu'il se trouva guéri; c'était comme si, à deux mains, on lui avait subitement enlevé le mal, et cela sans expectorer le moindre pus, sans rien rejeter ; du même coup, la bouche était désenflée, le cou revenu à l'état normal. A midi, il mangeait à table avec nous... Ah ! c'est bien un miracle, ou il n'y en a pas!... »

Certifié conforme à la vérité.

 

Sr M. B., r. d.

 

Sr M. J.,

Prieure des Dominicaines de Het-Hot,
par Herck-la-Ville (Belgique).

 

418 — Guérison d'une grave maladie d'estomac et de foie, compliquée d'entérite.

 

Maison Sr-Sauveur, Angers, 16 août 1912.

 

Je viens avec joie et en toute simplicité vous faire connaître la guérison que j'ai obtenue, après m'être adressée à votre admirable petite Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus.

Mais avant de vous écrire ces faveurs, je crois utile de vous faire humblement ma confession.

Dès l'année 1900, un des docteurs qui me prodiguaient leurs soins me dit qu'il avait offert à sa femme, pour ses étrennes, la Vie de Sr Thérèse de Lisieux : « C'est extraordinaire, ajouta-t-il, cette petite sainte guérit plus de malades que nous ! » Une personne nous envoya un exemplaire de la première édition de l’ « Histoire d'une âme »; je lus quelques passages et j'en conclus que cette vie n'était pas un exemple à donner à nos Sœurs; je leur dis même que notre vie religieuse, liturgique et apostolique, demandait de nous plus de virilité ! Le livre fut mis à la bibliothèque. Il y serait encore si la petite brochure « Pluie de roses » ne nous était tombée sous les yeux, pour nous réveiller de notre indifférence. Comme vous allez le voir, ma Rde Mère, votre aimable « petite Reine » sait se venger, en multipliant ses bienfaits.

A la suite de fatigues, occasionnées par un surmenage et des événements qu'il serait trop long de raconter ici, je fus prise de crises du foie. Les docteurs jugèrent qu'une saison à Vichy s'imposait. Je partis, avec l'autorisation de Monseigneur, le 16 août 1899, accompagnée d'une Sœur. Je me sentais si mal que je ne pensais pas revenir dans ma chère Communauté. Tout l'appareil digestif était atteint, je ne pouvais me nourrir. De plus, les médecins avaient

 

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déclaré que j'avais un rein flouant. Ils prescrivirent un régime qui consistait à prendre des œufs à la coque, des laitages et un peu de viande blanche ; je ne pouvais boire que du lait chaud. Malgré ce régime que le bon Dieu me donna le courage de suivre pendant douze ans, l'entérite ne céda point. Bien des fois, j'ai essayé de prendre autre chose ; j'en étais quitte pour trois ou quatre jours de souffrances, qui me rendaient très pénibles mes devoirs de chaque jour.

En 1905, ayant éprouvé une grande peine, à cause d'un malheur arrivé à quelqu'un qui avait rendu de grands services à la Congrégation, la maladie de cœur que j'avais déjà se développa ; je fus en même temps prise d'urémie. Le médecin me prescrivit un repos absolu, pendant deux mois. On me fit des injections de caféine pour me remonter. Désormais je dus prendre à tour de rôle de l'iodure de sodium et des gouttes d'amamélice pour aider la circulation du sang, empêchée par l'hypertrophie du cœur. Malgré ces remèdes que je prenais par obéissance, chaque jour, pour m'aider à respirer, je ne pouvais marcher sans me fatiguer beaucoup.

Depuis six ans, je tâchais de me tenir debout par ce moyen, lorsque se passa un fait qui reste pour moi tout mystérieux.

Ainsi que je vous le dis plus haut, ma R,le Mére, nous lisions, au mois de décembre dernier, votre brochure « Pluie de roses ». Dans l'intérêt de nos chers malades pauvres, je vous écrivis pour vous demander des reliques et des images. Au reçu de votre envoi, je fis le partage entre les Sœurs qui se rendaient prés de leurs malades. Or, par deux fois, j'ai senti l'odeur d'un parfum de roses et de violettes ; je cherchai d'où s'exhalait cette odeur si suave ; je me suis aperçue qu'elle émanait des reliques et des images restées sur notre bureau.

Il ne me venait pas à la pensée de demander ma guérison à cette puissante et universelle petite sainte. Je la priais seulement de tout mon cœur, pour qu'elle nous obtienne un grand amour du bon Dieu et une confiance sans mesure dans la bonté de Notre-Seigneur. Cependant, vers la fin du mois de janvier dernier, un soir où je me sentais plus fatiguée qu'à l'ordinaire, voici ce qui eut lieu au commencement du souper.

J'écoutais la lecture qui se faisait au réfectoire et comptais les gouttes d'amamélice. Soudain, je pensai en moi-même que la petite Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus pourrait bien me retirer l'obligation de prendre ce remède et me délivrer de l'assujettissement à un régime. Je fus alors poussée à lui faire simplement et intérieurement cette prière : « Chère petite Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, vous qui avez dit : « Je veux passer mon Ciel à faire du bien sur la terre », quel bien vous me feriez, si vous daigniez m'obtenir de Notre-Seigneur que je n'aie plus besoin de remède et que je puisse suivre le régime de la Communauté ! Vous qui avez été religieuse, vous savez tout ce qu'il y a de pénible à ne pouvoir faire comme tout le monde ! »Je ne dis ni ne fis autre chose.

 

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Le lendemain matin, je me trouvai bien, je ne pris pas de remède ; quelques jours se passèrent, je ne me sentis pas incommodée. Or, je ne pouvais rester plus de 48 heures, sans prendre de gouttes d'amamélice! Je demandai à la Mère Assistante de bien vouloir me faire servir les mêmes aliments que ceux de nos Sœurs : rien ne me gêna, j'étais guérie !

Vous comprenez mon bonheur et ma profonde reconnaissance! Il y avait douze ans que j'étais privée de la satisfaction de suivre le régime de la Communauté.

Depuis ce jour, c'est-à-dire depuis la dernière semaine de janvier 1912, je mange comme tout le monde, y compris les fruits et les salades crues. Je marche sans fatigue; j'ai beaucoup diminué, car j'étais devenue énorme, étant très enflée par suite de toutes les misères qui étaient devenues les compagnes de ma vie.

Aussi mon âme est toute à la reconnaissance, et chaque jour, je félicite mon « céleste médecin ». J'aime à réciter le Magnificat, pour remercier Dieu des grâces qu'il hui a prodiguées et qu'il accorde aux âmes par son entremise.

 

Sr M.-C,

de la Congrégation des Oblates régulières de l'Ordre de St-Benoit. dites Servantes des Pauvres d'Angers.

 

Certificat du docteur.

 

Angers, 24 août 1912.

 

Le soussigné X., docteur en médecine de la Faculté de Pans, certifie avoir soigné du mois de juillet 1899, au mois de janvier 1912, la Rde Mère M. C, âgée actuellement de 5g ans, atteinte de la maladie de rein flottant, compliqué de gastro-hépatite avec ictère et vertiges d'estomac, maladie causée par le surmenage physique et moral.

Gravité de la maladie : extrême. Pronostic autorisant toutes les craintes, malgré le traitement le plus rigoureux, thermal et pharmaceutique.

Etat actuel : satisfaisant de toutes façons, le rein déplacé n'est plus douloureux.

 

Dr X.

 

Concordat veritati :

L. Brunet, Aumônier du noviciat des Servantes des Pauvres.

 

419 — Guérison d'entérite chronique.

 

Laval (Mayenne), 1er septembre 1912.

 

Je suis heureuse de vous faire part de ma guérison, due à l'intercession de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus.

Comme l'atteste le certificat du médecin, j'étais atteinte depuis ma

 

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naissance d'une entérite chronique. Pendant cinq ans, j'ai suivi un égime très sévère ; je me portais bien, à condition de ne pas m'en carter.

Au mois de novembre 1910, ayant pris pendant plusieurs jours une nourriture qui m'était contraire, je fus reprise d'une crise d'entérite que les remèdes les plus énergiques ne purent faire passer. Au bout de trois semaines, je me trouvais d'une extrême faiblesse et ne pouvais plus me nourrir que de blancs d'œufs.

C'est alors que nous avons pensé à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus. Après avoir demandé et reçu une relique, nous avons commencé une neuvaine, à laquelle toute la maison prit part. Dès le premier jour, il se produisit un mieux sensible, et le troisième jour, la crise était complètement passée.

A partir de ce jour, espérant une guérison complète, au lieu de reprendre le régime que je suivais précédemment, je me nourris d'une nourriture ordinaire, d'aliments les plus contraires à ce régime, et cela sans la moindre altération de ma santé.

Le médecin voulut s'assurer si la guérison persisterait et ne consentit à me délivrer un certificat qu'un an et demi après ; il y aura donc deux ans, au mois de décembre, que je suis radicalement guérie.

 

M. C.

 

Je suis heureuse d'ajouter mon attestation à la lettre de ma fille. Nous ne serons jamais assez reconnaissantes envers Sœur Thérèse ; aussi je vous envoie comme gage de notre gratitude et pour servir à la béatification l'alliance de mon mari, décédé il y a trois ans.

 

Vve C.

 

Certificat médical.

 

Je soussigné, Dr M., docteur en médecine de la Faculté de Paris, certifie avoir visité ce jour, la nommée M. C, âgée de 17 ans, habitant à Craon, domiciliée à Laval (Mayenne).

Cette personne a reçu mes soins pour une entérite muco-membraneuse, de février 1906 à décembre 1910. Actuellement, depuis 21 mois, Mlle C. peut supporter la nourriture la plus variée, faire les plus grands écarts de régime, ne prendre en résumé aucune précaution au point de vue alimentaire, et ce, sans inconvénient pour sa santé.

 

Dr M.

 

Craon, 19 juin 1912.

 

Je soussigné, E. J., curé-doyen de Craon, certifie l'authenticité de la signature du docteur M., non moins que la parfaite honorabilité de la famille C.

 

E. J., curé-doyen.

 

Craon, le 7 septembre 1912.

 

Sceau de la paroisse.

 

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420 — Guérison de rhumatismes articulaires aigus, compliqués d'une maladie de cœur.

 

Nancy (M.-et-Mos.), 20, rue Palissot, 26 novembre 1912.

 

Le 8 septembre dernier, j'avais le plaisir de vous écrire pour vous exprimer ma gratitude envers la chère petite Sœur Thérèse : deux grâces nous avaient été accordées, et je vous demandais le concours de vos prières pour une troisième, plus importante encore.. Il s'agissait d'obtenir la guérison de notre fils aîné. Je vous disais, ma R'1'' Mère, que cette guérison serait très belle, et que j'avais la confiance que Dieu exaucerait nos prières pour la glorification de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus.

Aujourd'hui, je viens chanter le Magnificat de la reconnaissance !

Mon fils, Joseph Georges, est âgé de 18 ans. Lorsqu'il tomba malade, il était élève à l'Institution Saint-Joseph, de Nancy, et il demeure rue Palissot, n° 20.

Dès les premiers jours de juin, il fut pris de rhumatismes articulaires aigus, de névralgies intercostales qui le faisaient horriblement souffrir, au point qu'il était devenu difforme, avec une petite déviation à la colonne vertébrale. Il avait encore une angine au coeur et il ne pouvait ni se baisser, ni se chausser, ni s'habiller seul.

Pendant quinze jours, il resta debout nuit et jour. Il lui était impossible de se mettre au lit ; dès qu'il était couché, les douleurs devenaient si fortes qu'il fallait de suite l'habiller. Il resta donc 15 jours ainsi, avec les jambes enflées par la fatigue et par le mal ; il passait la moitié des nuits à genoux pour ménager ses jambes qui ne pouvaient plus supporter son corps.

Le docteur vint le voir et me dit qu'il n'y avait rien à faire, cela provenait du cœur qui était descendu, qu'il le confiait à mes bons soins.

C'est alors que je reçus votre lettre, le 12 septembre, ma Rde Mère : elle contenait des reliques de Sœur Thérèse et me disait que les Carmélites de Lisieux priaient pour l'intention recommandée. De suite, je commençai avec mon fils une neuvaine à la chère sainte : je mis une relique au cou de mon malade et l'engageai à se coucher, étant pleine de confiance et persuadée qu'il dormirait. Il était environ 5 heures du soir.

O prodige ! il ne se plaignit pas, il put rester couché et il dormit toute la nuit ; son père en était émerveillé ; nous ne pouvions assez remercier la « petite Fleur » si puissante et si bonne.

A partir de ce jour, Joseph put se coucher et dormir. Moins d'un mois après, il ne se ressentait plus de rien, la colonne vertébrale et le dos étaient droits, sans aucune trace de difformité. Le cœur seul restait faible.

Le 25 octobre, nous allâmes à Lisieux pour remercier la chère petite sainte. Deux fois nous fîmes le trajet de la ville au cimetière, et la deuxième fois, en quittant la tombe de votre ange, à quelques

 

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mètres de cette tombe bénie, Joseph ressentit une commotion au cœur qui l'obligea à s'arrêter; il poussa un petit cri en nous disant : « Arrêtez, je ne puis plus marcher, c'est comme si une flèche avait traversé mon cœur. » J'eus l'intuition que Sœur Thérèse avait achevé l'œuvre commencée, mon mari aussi, mon fils également.

Nous ne nous sommes pas trompés, ma Rde Mère, notre entant était bien guéri ! Le docteur, qui l'a ausculté depuis, reconnaît qu'il va très bien, que son cœur est remonté, en un mot, qu'il n'est plus malade !

Gloire et reconnaissance à Dieu et à votre cher ange ! Depuis, nous sentons la protection de Sœur Thérèse sur nous tous, je lui ai confié la garde de mes enfants, la garde de leur innocence, et je sens, nous sentons réellement qu'elle est notre protectrice, que, selon sa promesse, elle effeuille ses roses sur nos âmes reconnaissantes. Nous l'aimons et nous la prierons toujours.

 

Mme Georges, mère de Joseph Georges.

 

Suivent les signatures du jeune homme, de son père, de son frère, de sa tante et de trois autres témoins, et les attestations de M. l'Aumônier de l'Institution Saint-Joseph de Nancy et de M. le Curé du Sacré-Cœur, dont M. et Mme Georges sont les paroissiens.

 

421 — Guérison d'appendicite chronique, atrophie musculaire et névrite.

 

La Prade, par Largentiére (Ardèche), 5 décembre 1912.

 

J'étais malade depuis deux ans et considérablement affaiblie, lorsque je dus subir à Lyon l'opération de l'appendicite. A la suite de ces crises et de l'opération, je suis restée environ six mois sans pouvoir marcher. J'avais d'horribles douleurs dans les jambes, et celles-ci étaient comme paralysées. Les docteurs me disaient atteinte de névrite et m'avertissaient que je serais très longtemps avant de pouvoir marcher. L'un d'eux avait même parlé de deux ou trois ans.

Nous fîmes alors une neuvaine à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus et, le jour où les prières finissaient, je commençai à très bien marcher.

Depuis ce moment, je suis entièrement remise. Le chirurgien qui m'a opérée a constaté la guérison complète de mes jambes.

Ma reconnaissance pour la petite sainte est bien grande.

Je vous autorise donc, Madame la Supérieure, à insérer cette miraculeuse guérison dans la prochaine « Pluie de roses ».

 

Mme Marie-Christine Blachère-Tailhand,
âgée de 24 ans.

 

P.-S. — J'ai oublié de vous dire que ma mère fut très émue, la nuit précédant mon opération, d'entendre, en priant votre petite sainte, une voix douce qui disait : « Je guérirai votre fille. »

 

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Je certifie, avec une immense reconnaissance, la guérison miraculeuse de ma bien-aimée fille.

 

A. Blachère-Tailhand.

 

L. Moreau,

Aumônier de la polyclinique Saint-Charles, à Lyon.

(Suivent les signatures de trois religieuses gardes-malades.)

 

Certificat médical.

 

10 janvier 1913.

 

Je soussigné, docteur en médecine, certifie avoir soigné, du mois de juillet 1911 au mois de juin 1912, Mlle Christine Blachère, atteinte d'appendicite chronique, avec atrophie musculaire et névrite des membres inférieurs.

Pronostic au point culminant de la maladie : Ne pourra marcher avant deux ans.

Etat actuel de la malade : a été guérie miraculeusement et soudainement, à la suite d'une neuvaine à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus.

 

Docteur L.

 

L. Moreau,

Aumônier de la polyclinique Saint-Charles, à Lyon.

 

422 — Guérison de grave dyspepsie.

 

Aix-en-Provence (B.-du-R.), 48, rue Espariat, 25 décembre 1912.

 

Je ne sais comment, ma Rde Mère, vous exprimer assez ma reconnaissance pour m'avoir fait parvenir une relique de votre chère sainte, Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus.

La neuvaine que vous avez faite pour ma guérison a porté ses fruits. J'étais atteinte de dyspepsie depuis huit mois. Ma faiblesse ne faisait que s'accentuer et j'étais très découragée quand j'ai eu le bonheur d'apprendre que l'intervention de votre glorieuse sainte pourrait me ramener à la santé. Elle devint alors mon seul espoir.

Par votre lettre du 23 novembre, vous m'annonciez, pour le surlendemain 25, le commencement de la neuvaine.

Le sixième jour, 30 novembre, j'ai commencé à manger du pain.

Le septième jour, 1er décembre, je prenais mon premier repas et faisais honneur à tous les mets, sans ressentir aucun malaise; fêtais complètement guérie !

Je garde, ainsi que toute la famille, une profonde reconnaissance à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus.

 

Vv Berry.

 

Certificat médical.

 

Aix-en-Provence, 12 décembre 1912.

 

Mme VvBerry (62 ans) était atteinte depuis 8 mois d'une dyspepsie grave, ne permettant que quelques bouillies à l'eau. Le régime

 

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sévère et quelques médicaments appropriés n'amélioraient pas la situation. Les craintes de néoplasme gastrique s'affirmaient.

Le 25 novembre, l'amélioration s'est produite, elle a été rapide. Dès le 1er décembre, la malade qui, depuis 8 mois, ne vivait que de bouillies, s'est mise à manger la nourriture de sa famille, elle a consommé une large portion de soupe à l'ail (aïoli) sans nul trouble digestif ; elle était complètement guérie.

Cette guérison rapide est survenue sans nulle cause appréciable à nos moyens d'investigation.

 

Dr L.

423 — Le « lait religieux d'Equeurdreville (1) ».

 

Equeurdreville (Manche), dimanche 22 décembre 1912.

 

Sur votre demande je m'empresse de vous relater, dans tous ses détails, la maladie dont ma femme vient d'être guérie miraculeusement, par Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus.

Le 1er juin 1909, ma femme, Louise Enguehard, fille Cousin, âgée de vingt-quatre ans et demi, demeurant à Equeurdreville, près de Cherbourg, donna naissance à une petite fille du nom d'Alice. Quelques jours après, le docteur M. Husseinstein la déclara atteinte de phlébite. Après deux mois de traitement cette maladie fut enrayée ; mais, le 20 août exactement, une nouvelle maladie survint : la paraplégie avec maladie de la moelle épinière. Ma femme était incapable de faire un mouvement de ses jambes, principalement de la gauche.

Le docteur venait tous les deux jours à la maison pour soigner la malade ; au bout de quatre à cinq mois il se produisit une légère amélioration : elle put, avec deux béquilles, faire quelques pas dans la maison. Dans l'intervalle une pérityphlite s'était déclarée, mais fut guérie au bout de quelque temps. Malgré tout ma femme n'avait aucune sensibilité ; il lui était même impossible de prendre-un objet, si petit fût-il, et de le déplacer sans le laisser presque-toujours tomber à terre.

Le mieux venait pourtant, mais très doucement, et le docteur nous dit plusieurs fois qu'il ne désespérait pas de voir marcher notre pauvre infirme; toutefois qu'il lui faudrait se servir, au moins, d'une béquille, car, pour la remettre à son état normal, cela lui était impossible. Cette année encore il ne pensait pas que l'amélioration se produirait avant deux ans au minimum.

Le vendredi, 22 novembre 1912, la malade, lisant le livre qui relatait les miracles opérés par l'intervention de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, demanda à une de ses amies, qui était venue la voir, si elle avait entendu parler de Sœur Thérèse. Cette amie lui répondit que oui et, de plus, qu'elle en possédait une relique. Ma femme la lui demanda et elle lui fut donnée aussitôt.

 

(1) Dont divers journaux ont déjà donné un récit succinct.

 

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Le jour même il lui vint à l'idée de faire une neuvaine à Sœur Thérèse pour obtenir sa guérison. Elle en parla à sa mère et à la mienne et, le soir, en rentrant de mon travail, je fus mis au courant de son désir. Je ne pus que l'encourager à en conférer avec M. le curé d'Equeurdreville, l'abbé Pillet, auquel le dimanche suivant sa mère en parla. Il fut décidé que la neuvaine commencerait le lendemain, lundi 25 novembre. Une personne pieuse. Mlle Lepetit, à qui appartenait le livre relatant la vie de Sœur Thérèse, se joignit à nous pour la neuvaine. De plus cette personne écrivit au Carmel de Lisieux, et il lui fut répondu que les Carmélites feraient une neuvaine à l'intention de la malade, et qu'elles la commenceraient le mercredi 27 novembre.

Ce même jour, à sept heures un quart du matin, ma belle-mère revenait de la messe. Elle pensait à sa pauvre fille et demandait au bon Dieu de faire qu'elle puisse, au moins, elle aussi, aller à la messe avec sa petite fille.

Aussitôt une voix lui répondit : « Oui, elle ira. » Interloquée elle regarde de tous côtés sur la route, mais ne voit personne. Elle arrive chez nous tout émue et ne peut s'empêcher de nous dire ce qu'elle a entendu. Je lui fis observer qu'elle avait cru entendre, mais que peut-être aucune parole n'avait été prononcée ; cependant elle fut si catégorique dans son récit que je ne voulus pas insister. Durant la neuvaine nous récitions les prières de Sœur Thérèse et nous disions notre chapelet. Notre petite fille Alice, à qui nous avions appris ces prières, les récitait continuellement ; c'est probablement surtout à la prière de ce petit ange que nous devons notre bonheur.

Le lundi, 2 décembre, vers sept heures et demie du soir, ma femme, se levant de son fauteuil, ressentit un craquement dans le genou gauche ; elle n'en dit rien à sa mère et prit ses deux béquilles pour venir se coucher ; mais, à chaque pas qu'elle faisait, le même craquement se reproduisait.

Quand je revins de mon travail, le soir à neuf heures, et après que son père et sa mère furent partis, elle me fit part de ce qui lui était arrivé. Je regardai sa jambe : celle-ci qui, auparavant, était toute courbée, était maintenant allongée et aussi droite que l'autre!

Toute la nuit se passa dans la même position et elle n'en ressentit aucune fatigue.

Nous n'avions parlé de rien au docteur; il vint le mercredi matin pour la soigner comme d'habitude. Ma femme, à ce moment, lui donna connaissance de ce que nous faisions et lui fit constater le mieux qui s'était produit.

En se levant elle remarqua que la piqûre que le docteur venait de lui faire n'était pas douloureuse ; pourtant les précédentes la faisaient beaucoup souffrir.

A midi, en déjeunant, elle s'aperçut que son buste, toujours penché jusque-là, commençait à se redresser; avant la fin du repas elle était redevenue aussi droite qu'avant sa maladie. Elle en fit

 

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la remarque à sa mère qui s'en était bien aperçue ; elle se leva et éprouva moins de difficulté à marcher avec ses béquilles.

Le jeudi matin, 5 décembre, elle fut prise d'un violent mal de tête qui dura environ dix minutes, et toute la matinée elle n'eut que des malaises.

Le même jour, à cinq heures du soir, se trouvant seule à la maison (sa mère venait de sortir), elle faisait quelques pas dans la chambre avec ses béquilles quand, soudain, il lui sembla éprouver un grand soulagement.

Instinctivement elle lève ses deux béquilles en l'air et reste debout ; auparavant elle serait tombée aussitôt. Elle fait un pas, deux pas, et continue à marcher, toujours en tenant ses béquilles à la main.

Sa mère revient quelque temps après : elle lui raconte ce qui lui arrive et, devant elle, refait quelques pas sans béquilles... Ma femme était guérie ! et juste à la fin de la neuvaine que les Carmélites avaient faite à Sœur Thérèse à son intention.

En revenant de mon travail je fus, comme d'habitude, pour entrer dans sa chambre ; mais j'entends ces paroles : « Ne va pas plus loin, c'est moi qui vais au-devant de toi ce soir ! »

Et voilà qu'elle se lève de sa chaise longue, pose ses béquilles dans un coin et vient vers moi. Je ne savais comment exprimer ma joie et je ne pus que pleurer !...

Il y avait en ce moment deux amies, des voisines, que ma belle-mère avait été chercher pour servir de témoins. J'en fis part à M. le Curé le soir même.

Le lendemain le docteur vint, et quelle ne fut pas sa surprise en voyant la paralysée de la veille qui l'attendait à la porte sans béquilles 1 II n'en pouvait croire ses yeux et déclara aussitôt qu'elle ne pouvait avoir été guérie que par un miracle.

Depuis elle reprend des forces tous les jours ; sa marche devient plus régulière, elle s'occupe un peu de son ménage, et n'est presque pas fatiguée.

Nous ne savons comment exprimer notre joie et notre reconnaissance à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, et nous ne saurons jamais trop la faire connaître.

Dimanche dernier, 15 décembre, nous avons été tous à la grand'-messe remercier Dieu de la grâce qu'il nous a faite. Ma femme est allée à l'église et revenue à pied ; elle n'en a été nullement fatiguée ; il y a environ 600 mètres de trajet pour s'y rendre, et toujours en montant.

 

J. A. Enguehard.

 

Le Curé d'Equeurdreville atteste que le récit de M. Enguehard lui paraît être l'expression exacte de la vérité, et se déclare prêt à en témoigner s'il en était utile.

 

Auguste Pillet,

curé d'Equeurdreville.

 

+ Sceau de la paroisse.

 

A la suite de la relation de M. Enguehard, vient le témoignage de la famille Enguehard-Cousin, que père, mère, beau-père, belle-mère, sœur, oncle, tantes, cousin, cousines, en tout quinze personnes ont signé ; puis le témoignage de Mme Léonie Pignot, un des premiers témoins de la guérison ; celui de Mlle A. Lepctit qui visita la malade le matin du 5 décembre ; celui de Mme Lefranc et Mlle Caillet, amies et voisines qui furent appelées de suite, par la mère de Mme Enguehard, pour voir les premiers pas de l'infirme : puis la relation collective de témoins divers qui ont donné trente-neuf signatures ; enfin le témoignage de Mme Enguehard, affirmant que tout ce qui a été écrit d'elle est bien conforme à la vérité et résumant, à son tour, brièvement, les faits. M. le Curé d Equeurdreville légalise toutes les signatures. De plus il a voulu faire un rapport spécial et très détaillé de toutes les circonstances qui ont précédé et accompagné la guérison ; de sorte que celle-ci se trouve mise en pleine lumière. Malheureusement il est impossible de donner ici ce document, fort intéressant mais long de vingt-quatre grandes pages, format papier écolier. En voici seulement la conclusion :

 

« Rien ne me semble humain dans cette guérison, tout, au contraire, s'y montre divin ; rien ne s'y fait brusquement ni dans le trouble, et pourtant tout y est instantané et arrive inopinément comme à l'heure voulue par la Providence. C'est, du moins, l'impression que j'éprouve au fur et à mesure que j'approfondis tout ce qui se rapporte à cette guérison merveilleuse. Sous quelque rapport que je la considère, elle m'apparaît comme une œuvre du Ciel ; et. à chaque instant, je me vois contraint de dire : « Le doigt de Dieu est là !»

 

Auguste Pillet,

curé d'Equeurdreville

 

Equeurdreville, 17 janvier 1913.

 

Rapport médical

 

M. le docteur Hussenstein, de Cherbourg, a fait un rapport détaillé de la maladie et de la guérison de Mme Enguehard ; en voici la conclusion :

En résumé, Mme Enguehard était atteinte de paraplégie des deux membres inférieurs, sans dégénérescence de la moelle (étant donné l'état normal des réflexes), donc paraplégie curable, mais qui durait depuis si longtemps qu'une guérison prochaine ne pouvait encore être envisagée.

Il y a donc eu, dans cette guérison rapide et presque instantanée, un phénomène surnaturel, qui ne peut être attribué à l'intervention médicale inefficace jusqu'alors, mais bien à une intervention de la Providence.

 

Dr Hussenstein.

 

A Cherbourg, le 23 janvier 1913.

 

 

 

CHAPITRE DEUXIÈME — Pour les pécheurs

 

424 — Double et complète guérison d'âme et de corps.

 

Le Caire (Egypte), 19 novembre 1912.

 

Béni, loué et remercié soit Dieu dans sa servante, Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus et de la Sainte Face!

Je suis un converti, mais j'ai été un, grand pécheur. J'ai commis l'affreux péché contre la sainte vertu... O ma Mère, comme c'est triste ce que je vous dis là !... Le bon Dieu, dans sa justice, me punit en m'envoyant une maladie qui était la conséquence de ma faute. J'étais désespéré...

En lisant un court aperçu de la Vie et les oeuvres de la glorieuse Sœur de Lisieux, l'idée me vint de l'invoquer. Dès le lendemain, je commençai une neuvaine, je fis le récit de mon existence à un prêtre et, vendredi dernier, je communiai...

Et, après mon âme, mon corps est maintenant guéri, complètement guéri !

En reconnaissance de ce miracle dont j'ai été l'objet, j'ai promis solennellement à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus de prier pour sa prompte canonisation et de ne plus retomber dans le péché d'où elle m'a retiré.

Je vous prie de disposer de ma communication comme vous le jugerez bon, pour la plus grande gloire de la Servante de Dieu.

 

X.

 

425 — Guérison complète et instantanée de plaies incurables.

 

X. (Italie), 16 décembre 1912.

 

Un jeune homme, Mr X., tomba malade à la suite de grands désordres. Des spécialistes l'avaient soigné, mais leurs traitements ne le guérissaient pas.

Rentré dans sa famille, son mal empira. Il avait les jambes toutes couvertes de plaies qui lui causaient des douleurs atroces : il n'avait

 

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point de repos, et il poussait des cris lamentables. Il était au désespoir et voulait se tuer.

A son insu, on avait fait des prières à la sainte Vierge et à saint Antoine de Padoue sans obtenir le moindre soulagement.

Des religieuses qui s'intéressaient beaucoup au sort de ce malheureux, sur la demande d'une de ses parentes effrayée de son désespoir, commencèrent une neuvaine à l'Ange de Lisieux.

Ce fut le jeudi, 1er juin 1911, que l'on commença la neuvaine. Or, au soir de ce même jour, à la tombée de la nuit, on vit ce jeune homme aller à l'église. Il recommença les deux jours suivants, à la même heure. Cependant il avait dit, peu auparavant, à une jeune parente, qui l'exhortait à se rendre à l'église et à y prier, pour obtenir sa guérison : « A l'église, j'irai après ma mort ! »

Le 4 juin, cette parente alla chez lui ; elle voulait lui donner une image de Sœur Thérèse; mais il était absent. Elle confia alors le but de sa visite à la mère du jeune homme, et celle-ci de s'écrier : « Eh ! bien, en effet, il s'est passé quelque chose de merveilleux ! X. est guéri subitement, et toute trace de plaies a disparu ! »

Quelques jours après, la jeune fille put voir son parent et lui parla de la reconnaissance qu'il devait à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus. Il accepta son image, la mit près de son lit et donna à entendre qu'il n'avait pas tout à fait perdu la foi, mais qu'il avait une grande répugnance à aller se confesser. Depuis, cependant, il y est allé mais dans un autre pays...

Cette guérison est aussi incontestable que merveilleuse et j'espère qu'elle donnera à l'angélique Sœur Thérèse toute la gloire que nous lui désirons.

 

U. de C.

 

Ma mère ne pouvant pas écrire, me charge de déclarer que la guérison de son fils X., qui arriva le 3 juin 1911, fut instantanée, complète, et ne laissa nulle trace des plaies.

Depuis ce jour, il a toujours joui d'une santé florissante.

En foi de quoi je signe pour ma mère et pour moi.

 

Suivent les signatures de la mère et de la sœur du jeune homme.

 

Le malade guéri aurait voulu signer aussi la relation, mais il n'a pas osé le faire... Cependant il a accepté, avec reconnaissance, un portefeuille ayant le portrait de Sœur Thérèse et il a promis de le porter toujours sur lui.

 

U. de C.

 

CHAPITRE TROISIÈME — Guérisons accompagnées d'apparitions

 

426 — Guérison d'un ulcère gastrique.

 

Hastings (Angleterre), 4 avril 1912.

 

Après une semaine de postulat dans la Communauté de Notre-Dame, je tombai malade d'un ulcère à l'estomac : je commençai à vomir le sang et à avoir des maux de cœur. Les médecins furent appelés et jugèrent le cas très grave, si grave même qu'une opération serait nécessaire.

La Rde Mère Supérieure, sachant que j'avais une grande dévotion et confiance en ma céleste amie Sœur Thérèse, suggéra à la Communauté de lui faire une neuvaine, en union avec le Carmel de Lisieux. Elle me donna aussi une relique de la petite sainte, et je la gardai jour et nuit sur la partie malade.

J'eus des alternatives de mieux et de plus mal; plusieurs fois je crus mourir, et je reçus l'Extrême-Onction. Mais ma confiance en Sœur Thérèse ne diminuait pas, et je continuai à la prier avec ferveur.

Cependant je dus me résigner à quitter le Couvent et à retourner dans ma famille.

Mon chagrin fut si grand que Dieu seul en connut la profondeur; mais je gardai l'espérance et la conviction que Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus me guérirait.

La nuit qui précéda mon départ, je souffris des douleurs aiguës ; ce devaient être les dernières. Je dois noter aussi que, depuis huit jours, je ne faisais plus aucun remède et me contentais de prier.

Le matin, je reçus la sainte Communion et commençai une quatrième neuvaine à ma petite sainte. Après avoir reçu Notre-Seigneur, je me sentis des forces nouvelles, mais je n'en parlai pas, bien que je fusse persuadée que Sœur Thérèse m'avait guérie. Je voulais aller chez moi et faire constater la guérison ; je voulais aussi obéir,

 

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sachant que le bon Dieu m'en donnerait une plus grande récompense.

Mon frère et ma sœur vinrent me chercher avec leur voiture, et je supportai très bien le voyage (une heure environ). J'arrivai à la maison, sans me trouver plus mal de cette fatigue. Je pris souper et thé avec ma sœur, et nous passâmes l'après-midi ensemble. Je me couchai vers 7 heures et demie, n'ayant ressenti aucune douleur depuis ma communion du matin (7 heures).

Je continuai à regagner des forces chaque jour et je poursuivis ma neuvaine à la chère « petite Fleur ». Avant que la semaine fût terminée, je partageai la nourriture de la famille : bœuf, porc, etc.

Le dernier jour de la neuvaine, dans la nuit du 28 au 29 mars 1912, vers une heure du matin, je fus tirée de mon sommeil par une très brillante lumière. J'ouvris les yeux et ne vis d'abord qu'une blanche et vive clarté que je pris pour un clair de lune. Je fermai de nouveau les yeux et me tournai du côté opposé, en essayant de me rendormir.

Vain effort! la lumière que j'entrevoyais à travers mes paupières fermées me força à les rouvrir. Le spectacle que je vis alors me frappa de stupeur : Sœur Thérèse était debout près de mon lit, revêtue de son manteau blanc et tenant une rose épanouie dans sa main droite, tandis que, sur un papier qu'elle portait roulé dans sa main gauche, je lisais ces mots : « Vous êtes guérie ! » J'eus le temps de contempler son beau visage, car elle resta un long moment à me sourire, me pénétrant de son regard tendre et profond...

La vision disparut, et je remerciai Dieu en murmurant : « Oui, c'est ma petite Sœur Thérèse, et je suis guérie ! » Mon cœur débordait de gratitude, et je sentais une paix infinie qui m'enveloppait tout entière.

Depuis cet heureux jour, le mal n'a pas reparu. Je mange, dors, marche et travaille comme les personnes qui m'entourent. Ma vie intérieure est un perpétuel hymne de joie. Thérèse m'a choisie pour manifester sa puissance parmi les protestants ; je lui demande encore de me faire devenir un vivant témoignage de sa sainteté, en me communiquant ses vertus.

 

Miss M.

 

La relation ci-dessus a été envoyée au Carmel de Lisieux par le confesseur de Miss M., aumônier du couvent de Notre-Dame.

 

Certificat médical.

 

Hastings, 4 avril 1912.

 

Ceci est pour certifier que j'ai examiné aujourd'hui Miss M. et que je la trouve tout à fait guérie. D' W.-B.-P.

 

Second certificat médical.

 

27 avril 1912.

 

Ceci est pour certifier que j'ai soigné Miss M. pour un ulcère gastrique dont elle guérit admirablement   Elle paraît maintenant

 

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avoir recouvré ses forces et capable de suivre un régime ordinaire de nourriture. La maladie était sérieuse et pénible et, à un moment donné, elle semblait ne pas devoir guérir, ce qui rend la guérison plus remarquable encore.

 

Dr W. B.-P.

 

Miss M. a fait le pèlerinage de Lisieux le 14 décembre 1912. demeure parfaitement guérie de son ulcère.

 

427 — Guérison subite d'une plaie.

 

Amiens (Somme), 23 décembre 1912.

 

Au commencement de septembre 1912, Mme Berthe Godin, demeurant à Amiens, route de Rouen, n° 265, dut subir une opération excessivement grave. On dut toucher à tous les organes plus ou moins malades ; le péritoine étant déchiré, on eut peine à le recoudre. La couture resserra tellement l'intérieur de l'abdomen que la peau devint trop large, et les chirurgiens durent en couper une bande avant de faire le point de suture.

Il se produisit alors un écart au milieu de l'abdomen, ce qui formait une plaie de 5 centimètres de long sur 3 centimètres de large. Le docteur ne cacha pas à la malade que cette plaie serait très longue à guérir. Quatre semaines s'étaient écoulées, et la plaie, loin de diminuer, se creusait davantage ; un trou s'était formé d'où s'écoulait du pus.

Le docteur lui dit alors qu'il viendrait brûler la plaie deux fois par semaine et, craignant que l'infection ne s'étendit et ne gagnât le péritoine, il lui donna une pommade dans le but de désinfecter la plaie...

La malade s'affecta beaucoup de cette déclaration. Cependant, depuis quelques jours, sa tante, Mlle Marie Becquin, couturière à Picquigny (Somme), lui avait fait connaître Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus : elle lui avait remis son image, un opuscule intitulé « Pluie de roses » et une petite relique, que Mme Godin avait mise de suite sur la partie malade.

Depuis ce moment, Mme Godin n'avait cessé de prier la petite sainte ; mais le jour où le docteur lui fit la déclaration que nous venons de dire, elle l'invoqua avec l'ardeur que donne le désespoir. Mettant en elle toute sa confiance, elle ne voulut pas se servir de la pommade prescrite par le médecin et qui devait, en la désinfectant, préparer la plaie pour le thermo-cautère. Toute la nuit qui suivit la visite du docteur, elle supplia Sœur Thérèse de la guérir, sans le remède brutal dont elle était menacée ; elle lui représentait ce qu'elle avait déjà souffert et la conjurait d'avoir pitié d'elle.

Le matin, elle put constater une amélioration. Encouragée, elle continua à prier avec ferveur.

La nuit suivante, la Servante de Dieu lui apparut au milieu d'une

 

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grande clarté, son visage avait la plus parfaite ressemblance avec le portrait qui la représente sur son lit de mort ; elle était habillée en Carmélite, extrêmement belle. Souriante, elle dit à l'heureuse privilégiée : « Levez-vous, vous êtes guérie », puis elle disparut.

Aussitôt, Mme Godin qui, jusqu'ici, ne pouvait se lever sans aide, descendit de son lit et se jeta à genoux pour remercier sa céleste bienfaitrice, ne songeant même pas à mettre la ceinture dont on lui avait dit qu'elle ne pouvait se passer sans commettre une grave imprudence. Ensuite, regardant sa plaie, elle s'aperçut avec bonheur qu'elle était complètement cicatrisée, et si bien qu'il n'en restait plus le moindre vestige, tandis qu'à côté se voyaient les cicatrices des coutures causées par l'opération. Sœur Thérèse avait mieux travaillé que les médecins !...

Dès le matin, Mme Godin se leva, s'occupa de son ménage et se mit à faire la lessive.

Le médecin ne vint point ce jour-là, mais seulement le lendemain. « Je suis guérie », lui dit Mme Godin. — « En effet, dit le docteur, vous avez une bonne mine, même meilleure que dans votre lit : vous pouvez maintenant rester levée et travailler. — Cela a été vite, n'est-ce pas, docteur ? — Oui, en effet !» Il avouait, quelques jours après, qu'il avait été surpris d'une guérison aussi rapide.

Après cette visite, Mme Godin partit pour Picquigny, rendre visite à sa tante. Lorsqu'elle entra dans la maison, celle-ci s'écria : « Oh ! comme voilà une personne qui ressemble à ma nièce ! — Mais c'est moi, ma tante ! — Ah ! quel bonheur ! s'écria Mlle Becquin en pleurant de joie ; je savais bien que Sœur Thérèse te guérirait !... »

A Picquigny, cette guérison fit une vive impression sur les nombreuses personnes qui connaissaient le triste état de Mme Godin. Depuis, de nombreuses images de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus sont demandées dans ce pays. A Amiens, plusieurs personnes qui avaient abandonné les pratiques religieuses sont revenues au bon Dieu.

La vision que la miraculée avait eue de Sœur Thérèse l'avait remplie d'un tel bonheur qu'elle la supplia de se montrer de nouveau à elle.

Elle fut exaucée et la revit comme la première fois.

Depuis, à plusieurs reprises, elle a été parfumée par l'odeur des roses ; un jour, elle en a vu une pluie s'effeuiller devant elle. Une autre fois, le soir, entrant dans sa chambre, elle l'a trouvée tout illuminée.

L'heureuse privilégiée de la petite sainte lui prouve sa gratitude en publiant, autant qu'elle le peut, la grande faveur dont elle a été l'objet.

 

Je soussigné, Polycarpe Damerval, prêtre, directeur des retraites à Amiens, certifie que, dans la relation ci-dessus, j'ai reproduit aussi exactement que possible le récit que m'a fait Mme Godin de sa guérison et des circonstances qui l'ont accompagnée. J'ajoute que

 

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je crois Mme Godin tout à fait digne de foi et qu'elle jouit de l'estime de ceux qui la connaissent.

 

P. Damerval, prêtre.

Directeur des retraites à Amiens, rue Jules Bavin, 146.

 

Je soussignée, Berthe Godin, atteste que la relation ci-dessus est en tous points conforme à la vérité.

 

Berthe Godin.

 

Suit une attestation semblable signée par M. Godin. mari de Mme Godin. puis l'attestation de son beau-père, celle de son fils, de sa cousine, et enfin de deux autres personnes, témoins oculaires de la maladie et de la guérison. Mlle Marie Becquin a été la première à donner son témoignage, en annonçant l’heureuse nouvelle de la guérison.

 

 CHAPITRE QUATRIÈME — Guérisons, sans intervention chirurgicale, de maladies incurables à moins d'opération.

 

428 — Disparition d'une tumeur aux reins.

 

Carmel de D. (Angleterre), 15 février 1912.

 

Un prêtre, M. l'abbé X., grand ami de notre communauté, était dangereusement atteint d'un mal interne. Les médecins et les chirurgiens le condamnaient ; cependant, ils proposaient une opération très dangereuse et qui offrait bien peu d'espoir de réussite. Le mal affectait les reins, une grosse excroissance était perceptible sur l'un d'eux.

Une neuvaine fut alors commencée à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus pour obtenir la guérison sans opération. Cependant, le jeudi 30 novembre 1911, le malade était si mal qu'il fut décidé que l'opération se ferait le lendemain, premier vendredi de décembre.

Vers midi, on suspendit une relique de la petite sainte au cou du patient qui, aussitôt, se sentit beaucoup mieux. L'amélioration continua tout le reste du jour et, le soir, lorsque les chirurgiens et les médecins examinèrent le malade, à leur grand étonnement, ils trouvèrent presque toute trace de l'excroissance et de la maladie disparue, et par conséquent l'opération devenue inutile. Tous, médecins, chirurgiens et gardes-malades, déclarèrent la guérison complètement miraculeuse.

Grâce à Dieu, le malade est maintenant parfaitement bien ; il remplit les devoirs de son ministère, dit sa messe tous les matins à 6 heures et demie, et reste plein de reconnaissance envers la « petite Fleur ».

 

Rde Mère I., prieure.

Abbé X., malade guéri.

Dr X., son médecin.

L., sa garde-malade.

 

 

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429— Guérison d'otite purulente aiguë avec endomastoïdite.

 

Institut des Sts de la Miséricorde, Combai (Italie), 1er mars 1912.

 

J'avais à peine commencé à lire avec mes Sœurs l'Histoire d'une ame lorsque, le 26 décembre de l'année dernière, je dus me mettre au lit avec la fièvre. J'étais atteinte d'un très fort rhume, et je souffrais de la mâchoire, au point de ne pouvoir la remuer qu'avec difficulté. Quelques jours après, je fus prise de douleurs si fortes à l'oreille droite, que je ne pouvais reposer ni le jour, ni la nuit; je me sentais lasse, à bout de forces ; je parlais avec peine, et après avoir dit seulement quelques paroles, j'éprouvais de tels spasmes que, seule, la pensée des souffrances de Notre-Seigneur pouvait me donner la force de supporter les miennes.

Ma Rde Mère Supérieure pensa alors à me procurer une relique de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus et, avec une foi vive, elle me l'appliqua sur la partie malade, m'assurant qu'elle m'apportait le remède le plus efficace.

Sur ces entrefaites, je reçus la visite du docteur qui me pressa d'aller consulter de suite un spécialiste, m'avertissant que le cas était grave et qu'il faudrait sans doute recourir à une opération. Ma bonne supérieure sentit alors se raviver encore sa foi en la petite « grande sainte », et elle promit que si, en quinze jours, j'étais guérie sans être réduite à supporter la douloureuse opération du trépan, elle publierait cette grâce.

Sans perdre de temps, je fus conduite à Padoue, à la maison de santé dirigée par l'éminent professeur A., lequel, dès la première visite, confirma le diagnostic du premier médecin. Il déclara que j'avais une otite profonde et purulente, avec complication de mastoïdite ; que, sans doute, incessamment, il faudrait faire l'opération, et que je pouvais prendre patience, car la guérison se ferait attendre d'autant plus longtemps que j'étais dans un état d'excessive faiblesse.

La première nuit, humainement parlant, fut très mauvaise ; je crus devenir folle ; je ne pouvais rester en aucune position et, pendant un bon moment, il me fut impossible de bouger mon cou et d'ouvrir la bouche. La relique cependant était toujours sur moi.

Le jour suivant, je me sentis un peu mieux; la nuit d'après, je pus reposer, et mon état s'améliora si rapidement et si bien que, le jour de l'Epiphanie, le professeur, durant sa visite, s'écria stupéfait : « Mais, ma Sœur, vous devez avoir beaucoup prié saint Antoine ; vous êtes bien mieux, et vous n'avez plus à craindre d'opération ! » Pour éviter toute discussion, je me tus; mais il était à peine sorti que, remplie de joie, je répétai plusieurs fois à la Sœur infirmière : « Non vraiment, cette fois, ce n'est pas saint Antoine qui m'a guérie, mais ma chère sainte, Sœur Thérèse ! »

L'ouïe me revenait, le bourdonnement qui me fatiguait tant cessa, et, en peu de jours, je recouvrai mes forces. Le 12, avant

 

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même l'expiration des quinze jours, fixés par nous pour obtenir ma guérison, le spécialiste déclara que j'étais parfaitement guérie et que, sans crainte, je pouvais retourner dans mon couvent.

Je dois aussi ajouter, ma Rde Mère, que depuis un an je souffrais de douleurs aux articulations, douleurs qui, parfois, allaient jusqu'à m'empêcher de remuer ou de marcher. Or, en même temps que de mon otite, je fus entièrement délivrée de ces douleurs. Maintenant, je vais très bien et je remplis allègrement et sans fatigue mon office de maîtresse d'école.

Je ne puis vous exprimer ma reconnaissance pour mon insigne et céleste bienfaitrice. Ayez la charité de vous unir à moi pour la remercier.

 

 

Sr Innocente, religieuse de la Miséricorde.

Giuseppe Cicarelli, chanoine, Supérieur des Sœurs de la Miséricorde.

Don Francesco Zaros, curé de Combai.

 

+

Cachets de la paroisse et du couvent.
Suit l'attestation de la Rde Mère Supérieure.

 

Certificat médical.

 

Je soussigné, médecin spécialiste, certifie avoir soigné, en janvier 1912, Sr Innocente Boifava, âgée de 23 ans, demeurant à Combai (Treviso), atteinte d'otite purulente aiguë avec endomastoïdite.

Cette maladie grave nécessitait une opération et la malade s'est trouvée guérie sans intervention chirurgicale.

Fait à Padoue, le 17 mars 1912.

 

Dr G. P.

Légalisation de la paroisse.

 

430 — Disparition d'une tumeur cancéreuse à la poitrine.

 

Morestel (Isère), 12 mars 1912.

 

Mlle J. P. souffrait d'une tumeur cancéreuse, avec ganglions, au sein gauche. Le mal en était arrivé à tel point que le Dr Chabalier, de Lyon, et les Sœurs de Sainte-Marthe, dirigeant l'hôpital de ce nom dans la même ville, jugèrent l'opération urgente et voulaient qu'elle eût lieu sans délai. Mais la malade refusa de se laisser opérer, aimant mieux finir ses jours tranquillement chez elle, plutôt que de mourir à l'hôpital des suites d'une opération très délicate et très chanceuse.

Après cette décision, elle commença une neuvaine à la petite Thérèse dont elle avait lu la Vie.

Une nuit où elle souffrait beaucoup, elle ne cessa de répéter : « O ma Sœur Thérèse ! puisque vous avez dit que vous vouliez passer votre Ciel à faire du bien sur la terre, c'est le moment de le montrer... » Puis un paisible sommeil survint.

 

351

 

Au réveil, instinctivement, la malade porte la main à son mal..., mais, ù surprise l est-ce bien vrai?... Elle tâte, elle regarde... La tumeur, grosse comme une très grosse boule à jouer, avait disparu, et les douleurs aussi !

Toutes les personnes qui avaient vu cette grosseur ne furent pas moins surprises et n'hésitèrent point à attribuer à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus ce fait extraordinaire.

 

M. V.

 

Cette lettre est accompagnée d'un certificat médical du 22 mai 1911 — antérieur à la guérison par conséquent — et reconnaissant Mlle P. « atteinte d'une tumeur au sein avec gros ganglion axillaire ».

 

431 — Disparition d'un goitre.

 

Palerme (Italie), 28 avril 1912.

 

Je, soussignée, déclare avoir obtenu, par l'intercession de la Servante de Dieu, Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, la guérison d'un mal dont j'étais affligée; et pour lui montrer ma reconnaissance, je veux donner relation complète du fait.

En septembre de l'année 1910, j'eus l'occasion de visiter un prêtre, ancien ami de ma famille et qui m'avait baptisée. Il me fit remarquer une grosseur un peu évidente que j'avais à la gorge, et me demanda si j'en souffrais. Je ne m'en étais pas aperçue, mais je pensai de suite que cette grosseur n'était pas naturelle ; quelques jours après, sur les instances de ma famille et de ce prêtre, je me décidai à consulter un docteur spécialiste, lequel, à peine eut-il examiné ma gorge, déclara que j'avais un goitre qui s'était produit depuis au moins quatre années (j'avais alors 18 ans) et que, pour m'en débarrasser, il fallait faire des injections, traitement qui aurait entraîné à une dépense de 300 fr. Je ne pouvais faire cette dépense; et, remettant la chose entre les mains du bon Dieu, je me disposai à entrer au couvent de Sainte-Agathe alla Guillia, pour y prendre le saint Habit du Carmel, malgré mon mal qui me faisait déjà souffrir dans la respiration et le mouvement de déglutition. J'espérais en être débarrassée avec le temps.

Après quelques mois passés dans la maison de Dieu, c'est-à-dire en juin 1911, ma famille, voyant que mon état ne s'améliorait pas, me fit visiter par le docteur Salvatore Miniore (celui qui a délivré le certificat joint à cette relation). Il déclara, lui aussi, que j'étais affligée d'un goître cystique et que, pour en être entièrement débarrassée, il me fallait subir une opération.

Cette nouvelle m'effraya quelque peu et, ne voulant pas me résigner à cette solution, sur le conseil du même docteur, je commençai des injections qui ne devaient pas me délivrer de mon mal, mais seulement en arrêter les progrès.

Bientôt, je renonçai à ces injections, à cause des douleurs qu'elles

 

352

 

me causaient ; j'en fis donc, en tout, dix, alors que je devais en faire une longue cure.

Le mal persistait, mais moi, confiante dans l'aide et dans la protection du Ciel, je ne m'en tourmentais point.

A ce moment, par une permission divine, on lisait en communauté la Vie de la chère Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus. Entendant parler des nombreux miracles obtenus par son intercession, la Rde Mère Supérieure se chargea de me procurer une de ses reliques qu'elle demanda au Carmel de Lisieux. Je l'eus à peine reçue que je l'appliquai sur mon mal et l'y laissai, tandis que je commençai avec confiance une neuvaine, récitant 5 Pater, Ave et Gloria. Celte neuvaine terminée, j'en fis une deuxième, puis une troisième, y ajoutant une promesse pour le cas où j'obtiendrais ma guérison.

A la fin de la troisième neuvaine, toute grosseur avait disparu, on ne voyait plus aucune trace du mal.

La communauté entière attribua cette guérison à une intervention céleste et nous remerciâmes le Seigneur qui, par l'intercession de sa Servante, m'avait accordé cette grande grâce.

Informée de la chose, ma famille pensa de suite à me faire visiter de nouveau par le docteur Salvatore Miniore, lequel, avec grand étonnement, constata l'entière disparition du mal et attesta, comme il l'écrivit dans le certificat, que j'étais miraculeusement guérie.

Je garde une vive gratitude envers ma bienfaitrice céleste, et j'espère être toujours protégée par elle.

 

Catherine Macaluso Bouta.

 

Catherine Macaluso Bouta a confirmé oralement tout ce qu'elle a écrit dans la présente relation. Palerme, 30 avril 1912.

 

Pour le Curé : Vito Alexi, chapelain, secrétaire.

 

+

(Sceau de la paroisse.)

 

Certificat médical.

 

Palerme, Via Dante, n° 102, 27 février 1912.

 

Je soussigné, médecin-chirurgien, certifie avoir visité dans le mois d'octobre 1910, Mlle Catherine Macaluso di Antonino, âgée de 1 7 ans, domiciliée à Palerme, via Giérolimo Ventaro, 25, et je l'ai trouvée atteinte de goitre esœphtalmique de la grosseur d'un oeuf de poulet. Je la soumis à des soins médicaux, internes et externes, qui n'amenèrent pas d'amélioration, si bien qu'il y a un an, je la traitai par des injections épidermiques d'abord générales, puis locales ; mais ne pouvant les endurer, elle les abandonna elle-même et ne fit plus aucun traitement ; et continuèrent de se produire les phénomènes d'asphyxie.

Appelé à la visiter de nouveau il y a un mois, je ne vis pas avec

 

353

 

peu d'étonnement que le goitre était entièrement disparu ; et puisque la susdite avait abandonné tout traitement, seul un miracle a pu accomplir ce prodige.

 

Ceci pour la vérité :

Dr Salvatore Miniore.

 

Ceci est bien la signature du Dr Miniore. Le curé : Dadolo.

 

432 — Disparition d'un squirre à la poitrine.

 

Monastère du Précieux-Sang, Toronto (Canada), 16 juin 1912.

 

Dernièrement, j'ai fait la promesse que, si j'étais guérie par l'intercession de la « petite Thérèse ». je vous écrirais afin que vous puissiez le publier en son honneur.

Il y a quelque temps, une bosse se montra sur ma poitrine, et le docteur, craignant que cela ne devienne un cancer, voulait m'opérer sans délai. Mais je préférai attendre; et, comme j'ai une grande dévotion à Sœur Thérèse, je résolus de lui faire une neuvaine pour lui demander ma guérison.

Notre chère Rde Mère a une relique de la petite sainte; je l'ai priée de me la prêter pendant la neuvaine. Tous les jours, je la posai sur la bosse, et celle-ci diminua graduellement.

Le docteur devait revenir au bout de trois semaines pour la voir; mais comme elle avait complètement disparu, on le pria de ne pas se déranger.

Je suis convaincue que c'est la petite Sœur Thérèse qui m'a guérie. Je la prie tous les jours, et elle m'obtient beaucoup de grâces.

 

Sr M.-A.

Certificat du docteur.

 

Il y a quelques mois, j'ai examiné une bosse dure sur la poitrine de Sr M.-A., du monastère du Précieux-Sang, à Toronto. Je redoutais tant sa nature, que j'ai conseillé de la faire enlever tout de suite. La bosse était dure et, quand on la touchait, semblait être le commencement d'un squirre.

La Sœur m'a prié de remettre l'opération jusqu'à la fin d'une neuvaine qu'elle voulait faire à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus. Il y a quelques jours, on m'a demandé d'examiner de nouveau la poitrine: mais pas une trace de la bosse n'y restait...

 

Toronto, le 4 octobre 1912.

 

Dr C. Me Kenna, M. D.

 

354

 

433 — Guérison de mastoïdite.

 

Hôpital de N.-D. du Perpétuel-Secours, Levallois-Perret (Seine), 12 septembre 1912.

 

Relation de la Sœur garde-malade.

 

Je vous avais écrit dans le courant du mois de mai, ma Rde Mère, pour demander, par une neuvaine à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, la guérison d'une malade presque mourante de fièvre typhoïde. La malade s'était remise pendant cette neuvaine et allait même assez bien, quand, tout d'un coup, il se déclara une ostéite très grave qui la mettait en danger de mort. Chirurgiens et médecins n'avaient plus d'espoir, vu sa grande faiblesse, causée par des hémorragies intestinales. L'endormir pour l'opérer était risquer de ne plus la voir se réveiller, et l'opérer sans l'endormir était impossible.

Au matin du 13 mai, il fut décidé que, le lendemain soir, il y aurait une dernière consultation, après quoi on agirait ou on laisserait mourir en paix la pauvre patiente.

Dans la soirée, le Dr D. la trouva, pour ainsi dire, mourante, il se demanda même si elle allait passer la nuit. Il téléphona aux trois spécialistes et chefs de venir, dès le lendemain matin, et non le soir comme il était convenu. Chose étrange, aucun des trois docteurs n'entendit le téléphone et n'y répondit!

En même temps, partit pour Lisieux une lettre de l'hôpital, demandant, de la part de la famille, une seconde neuvaine à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus; nous priions la petite sainte pour que la malade n'eût pas de fièvre, le lendemain matin, à l'arrivée du Dr D.

Nous étions exaucés avant même que la lettre arrivât à Lisieux, car, à 8 heures du matin, le docteur déclara Mme Langlois hors de danger, la température était tombée de 40° à 37° dans la nuit. Les spécialistes qui la virent dans la soirée étaient stupéfaits et jugèrent l'opération inutile.

A partir de ce moment, notre malade alla de mieux en mieux et quitta l'hôpital complètement guérie.

Selon sa promesse, Mme Langlois ira avec son mari faire un pèlerinage sur la tombe de Sœur Thérèse pour le 1er novembre (1).

Je rends grâce également à Sœur Thérèse pour la guérison d'une de mes sœurs demeurant en Suisse. Elle était presque à l'agonie, et sa complète guérison, qui se maintient depuis plus d'un an, est attribuée, par tous ceux qui l'ont vue, à un miracle de votre petite sainte.

 

Sr A.

 

(1) Ce pèlerinage s'est accompli en effet.

 

355

 

Certificat du médecin habituel de l'hôpital du Perpétuel-Secours.

 

19 juin 1912.

 

Je soussigné, docteur en médecine, certifie que Mme Langlois, âgée de 24 ans, est soignée à l'hôpital, depuis le 8 mars 1912.

A son entrée, elle était atteinte de fièvre typhoïde; assez rapidement la température diminua et nous espérions voir la malade commencer sa convalescence, lorsqu'elle fait une première rechute de fièvre typhoïde, puis une seconde, avec température très élevée, hémorragies intestinales graves. Elle est une troisième fois en convalescence lorsque, subitement, elle se plaint d'une violente douleur dans l'oreille droite; la température remonte à 39°. Nous constatons une otite suffurée avec mastoïdite; l'ouverture du tympan donne issue à un pus très abondant. Les médecins spécialistes qui nous aident à la soigner conseillent, avec instance, une opération chirurgicale, celle du trépan. Nous patientons quelques jours, mais comme l'état empire, — le pouls devient mauvais, la température se maintient entre 39° et 39°5 ; les douleurs augmentent, la malade est en danger de mort — nous décidons l'opération pour le lendemain.

Or, du soir au matin, l'état de la malade s'est modifié d'une façon considérable ; les douleurs ont disparu, la température est tombée à 36°8, la mastoïde, qui était rouge, gonflée et douloureuse, est redevenue presque normale.

Ce fait est certainement très extraordinaire et a causé une grande surprise aux spécialistes qui pensaient qu'une intervention chirurgicale, seule, pouvait sauver la vie de la malade.

Aujourd'hui, Mme Langlois va aussi bien que possible ; elle quittera l'hôpital d'ici quelques jours, complètement rétablie.

 

Dr D.

 

Vu pour la légalisation de la signature de M. le D' D.

 

Mgr H. Odelin.

 

+

Sceau de l'Archevêché
de Paris.

 

Certificat du docteur adjoint.

 

5 juillet 1912.

 

Je soussigné, docteur en médecine laryngologiste, adjoint de l'hôpital du Perpétuel-Secours, certifie avoir donné mes soins à Mme Langlois, atteinte d'otite aiguë compliquée de mastoïdite. La guérison s'est faite spontanément, de façon anormale, sans qu'il ait été nécessaire d'intervenir.

 

Dr J.

 

Vu pour la légalisation de la signature de M. le Dr E. J.

Mgr H. Odelin.

 

Sceau de l'Archevêché
de Paris.

 

356

 

434 — Guérison de tuberculose du rein.

 

Charles Street, Dublin (Irlande), 31 octobre 1912.

 

Le 25 septembre 1910, je suis entrée au couvent de Stereford, en Angleterre. Après environ quatre mois de postulat, je commençai à ressentir de temps en temps d'assez vives douleurs. Ne voulant pas en parler et, par conséquent, ne prenant aucun remède, je souffrais de plus en plus. Enfin, ce mal de reins fut bientôt accompagné de douleurs aiguës dans le dos et devint presque insupportable ; je me trouvai donc forcée de l'avouer à mes supérieurs.

Le médecin fut appelé, et il me prescrivit une ordonnance que je suivis longtemps, sans éprouver la moindre amélioration, au contraire. Le sommeil m'était presque inconnu, et souvent on était obligé de me veiller, tellement j'étais malade.

Au mois de novembre 1911, j'ai été examinée par deux docteurs qui m'endormirent pour faire cet examen. Leur diagnostic fut que je souffrais d'un rein flottant.

Le 25 juillet 1912, deux ans après mon entrée en Religion, je dus quitter le cher couvent où j'avais pris le saint Habit. Ce me fut une lourde croix, mais néanmoins je me résignai à la volonté de Dieu, qui sait ce qui est le meilleur pour chacun de nous. Je rentrai donc dans ma famille, et, peu de temps après, je consultai un docteur de Dublin, chirurgien éminent, qui me déclara que je devais absolument entrer à l'hôpital.

J'y fus admise, le 9 septembre.

Là, le diagnostic de plusieurs médecins fut que je souffrais de tuberculose du rein. Le médecin qui me soignait me dit qu'une opération était nécessaire, afin d'enlever le rein malade, et il demandait mon consentement. Je le donnai volontiers, ayant un grand désir de guérir. La date fut fixée pour le 24 septembre ; mais ce matin-là, il se trouva une impossibilité, et l'opération fut remise à huitaine.

Ayant une grande dévotion à la petite Fleur de Jésus, et ayant entendu parler de beaucoup de guérisons miraculeuses opérées par son intercession, j'eus alors l'idée de lui commencer une neuvaine, lui rappelant sa promesse de faire tomber sur la terre une pluie de roses, après sa mort.

Le septième jour (qui était le 30 septembre, anniversaire de cette bienheureuse mort), je sentis un grand froid m'envelopper, et, malgré tous mes efforts pour réagir, je me trouvai mal ce soir-là.

Pendant la nuit, la douleur devint si intense qu'on m'appliqua des cataplasmes sur le dos, mais ils ne m'apportèrent guère de soulagement.

Le lendemain, huitième jour de la neuvaine, à mon grand étonnement, la douleur avait complètement disparu, et non seulement la douleur, mais les malaises qui accompagnent les maladies de reins m'avaient quittée.

 

357

 

J'eus alors la conviction immédiate que ma chère petite Sœur Thérèse m'avait guérie.

 

[Le chirurgien arriva auprès de la jeune fille, avec toute sa classe d'étudiants, pour les enseigner sur son cas et fixer le jour de l'opération. Il la trouva habillée et debout. Elle lui annonça sa guérison ; il ne voulut pas y croire et, se fâchant, l'obligea à se recoucher.]

 

On procéda à un nouvel examen, sans trouver aucune trace de tuberculose.

Pour en être bien sûr, on m'a photographiée aux rayons X, le 11 octobre. Le résultat fut que les deux reins étaient parfaitement sains, et les médecins décidèrent que je pouvais quitter l'hôpital, ce que je fis le lendemain.

Je ne puis trouver de paroles pour exprimer ma reconnaissance envers la chère « petite Fleur ». Que l'auréole des bienheureuses rayonne bientôt sur son front si pur : telle est ma prière la plus ardente! Margaret Clarke.

 

Communiqué par le Carmel de X. (Irlande), qui connaît intimement la jeune fille et se porte garant de la sincérité de son récit. Ledit Carmel n'a pas osé demander aux docteurs un certificat médical, hôpital et chirurgiens étant protestants.

 

435 — Guérison d'une brûlure aux yeux.

Hôpital de Guadalajara Jal Mexico, 10 novembre 1911.

 

La profonde reconnaissance que j'ai pour votre angélique petite sainte, ma Rde Mère, me pousse à venir vous annoncer la guérison miraculeuse d'un jeune homme, Francisco Morfin, recueilli dans cet hôpital, lequel était en péril de perdre la vue, à cause d'une étincelle de forge qui lui avait brûlé les yeux. Le docteur proposa une opération, avec l'espoir de sauver au moins un œil; mais, ayant recommandé le bon succès de cette opération à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, elle ne fut même pas nécessaire, et maintenant le jeune homme voit parfaitement des deux yeux.

Le docteur avait avoué qu'humainement parlant, il n'y avait pas d'espoir de sauver la vue de ce jeune homme.

Puisse ce nouveau prodige contribuer à faire connaître davantage la petite Fleur qui embaume déjà notre grande ville de ses délicieux parfums!

 

Dolores Vargas,

Supérieure de l'Hôpital.

 

Certificat médical.

 

Comme médecin que je suis de l'Hôpital de Saint-Joseph, de cette ville, je certifie la guérison miraculeuse du jeune Francisco Morfin, suivant la déclaration détaillée de la Rde Mère Supérieure de cet établissement.

 

Dr Eurique Avalos.

 

Guadalajara Jal Mexico, 10 novembre 1911.

 

358

 

436 — Guérison d'une tumeur intérieure.

 

Baie-Saint-Paul (Province de Québec), Canada, 17 novembre 1912.

 

Une jeune mère de famille, très gravement malade, avait épuisé toutes les ressources de la science médicale, sans éprouver aucun soulagement. A la suite de différentes complications, une protubérance s'était formée à la partie inférieure de l'abdomen, et la malade souffrait atrocement. Une opération chirurgicale semblait urgente, mais cette jeune mère, trop faible pour s'y soumettre, voyait lui échapper une dernière planche de salut. Le médecin déclara lui-même qu'il ne pouvait rien pour elle.

Les choses en étaient à ce point, lorsque nous fûmes mandées auprès de la pauvre malade. Le mari désolé ne pouvait même entrevoir le sacrifice que le bon Dieu allait lui imposer; et le cœur nous faisait mal de l'entendre nous demander avec angoisse ce qu'allaient devenir ses six petits enfants, sans l'appui et l'affection de leur mère.

Nous fîmes entrer « petite Thérèse » avec nous dans ce foyer, afin qu'elle y apportât quelques rayons d'espérance. Nous engageâmes la malade et toute la famille à prier avec confiance la chère petite sainte. On promit de se procurer sa Vie et de publier sa puissance, si la faveur était obtenue. Or, nous avions déjà, dans la foi même de ces pieuses gens, une réponse certaine que la « petite Reine » interviendrait. Son image fut appliquée sur la jeune mère.

Dans la nuit, ses douleurs devinrent si vives qu'elle crut mourir... Puis, soudain, elle éprouva un mieux tellement sensible qu'elle s'écria en appelant sa mère : « Mais, maman, je suis mieux, est-ce le mieux de la mort ? »

Le lendemain, la tumeur avait à peu près disparu et avec elle la nécessité d'une opération.

La jeune femme a recouvré ses forces et elle ne cesse de répéter, avec tous les siens, que c'est la petite Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus qui l'a guérie.

Le médecin lui-même avoue qu'il y a du surnaturel, dans ce retour à la santé.

En foi de quoi, le mari et la femme ont signé :

 

Albertine Tremblay, épouse Gandreault.

V. Gandreault.

 

Suivent les signatures des deux religieuses, Petites Franciscaines de Marie, qui ont visité Mme Gandreault pendant sa maladie et ont rédigé la relation ci-dessus.

 

Certificat médical.

 

Je soussigné, certifie que Mme Albertine Tremblay, épouse Gandreault, dangereusement malade pendant les six derniers mois, est maintenant en parfaite santé. Guérison miraculeuse.

 

Dr Ernest Allard.

 

Baie-Sr-Paul, 17 novembre 1912.

 

359

 

437 — Guérison subite d'une hernie.

 

X. (Seine-et-Oise), i3 décembre 1912.

 

Le mois dernier, mon mari, qui souffrait d'une hernie depuis plusieurs années, se décida à entrer à l'hôpital, afin d'y subir une opération très douloureuse et redoutable, à cause de l'âge et de la faiblesse du malade.

Une de mes tantes me donna l'idée de le recommander à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, ce que je fis, ainsi que toute la famille. Nous demandions la guérison et surtout que l'opération n'ait pas lieu, si elle devait être funeste.

Mon mari souffrait toujours horriblement; il était tellement changé que ceux qui le voyaient restaient convaincus qu'il n'en reviendrait pas.

Bref, le jour de l'opération arriva, je devais aller dans l'après-midi à l'hôpital et j'étais bien anxieuse de savoir ce qui s'était passé.

O surprise ! à midi, je sortais de table avec mon fils, qui voyons-nous entrer ?... Mon mari, ne sentant plus aucun mal et demandant à déjeuner !

Et lui qui ne pouvait plus même supporter un verre de lait pur, il a mangé et bu comme un homme bien portant !... Depuis 15 jours, il a repris son travail.

Voici ce qui avait eu lieu :

Le matin même, à l'heure convenue, les docteurs l'avaient étendu sur la table d'opération ; mais, au moment de commencer, tous s'étaient trouvés d'avis différent. Alors ils décidèrent de réfléchir, huit jours encore, avant de l'opérer.

Aussitôt après leur départ, mon mari sentit qu'il n'était plus malade et il sortit de l'hôpital pour revenir chez nous.

Cette complète guérison, sans opération, est vraiment un miracle. Je vous prie, ma Rde Mère, de bien vouloir vous joindre à nous pour remercier la chère petite sainte.

 

L. B.

 

Le certificat médical

déclare M. B. atteint de « hernie volumineuse » compliquée d'une autre affection.

« Sa maladie remonte à 1904 et est imputable à la faiblesse des muscles abdominaux et à la station debout, nécessitée par le genre de travail. Elle nécessitait impérieusement une opération. Le pronostic était très sérieux, étant donné qu'il y avait à redouter, à chaque instant, un étranglement herniaire.

« Or, sans aucune intervention chirurgicale, la guérison a été obtenue, si bien que la maladie peut être considérée comme entièrement disparue. Il n'existe plus aucune gêne dans l'accomplissement du travail journalier. »

 

Dr X.,

 

23 janvier 1913.

 

360

 

438 — Guérison d'un ulcère de l'estomac.

 

Hospice de X. (Charente), 3i décembre 1912.

 

Le 28 octobre dernier, je fus prise d'un vomissement de sang accompagné de fortes douleurs à l'estomac. Le médecin, appelé en toute hâte, constata un ulcère.

Les vomissements de sang se succédaient assez rapidement ; le 22 novembre le médecin parla d'opération. Notre supérieure lit venir alors un second docteur qui, après un sérieux examen, dit la même chose que son confrère. Mais, avant de m'opérer, ils décidèrent de me laisser au moins cinq jours sans rien prendre absolument, pas même une goutte d'eau.

Notre supérieure promit alors 9 messes aux âmes du Purgatoire, si j'étais guérie au bout de neuf jours ; mais on invoquait surtout Sœur Thérèse. Dans la nuit du 23 au 24 novembre, j'ai beaucoup souffert ; nos Sœurs disaient que j'avais l'air d'une morte.

Le 24, à 6 h. 1/4, la chère Sœur pharmacienne me quitta pour se rendre à la chapelle. Restée seule, je m'adressai à la chère petite sainte : « Ma petite Thérèse, guérissez-moi s'il vous plaît, si ce n'est pas pour moi, au moins que ce soit pour que les âmes du Purgatoire aient leurs messes. »

Après cela, sans m'en apercevoir, je m'endormis paisiblement, et, pendant mon sommeil, je sentis comme une main qui s'appuyait fortement sur mon estomac.

Je m'éveillai à 7 heures sonnant, avec une joie, un bien-être inexprimable.

Alors, je me lève, je vais à la fenêtre, je n'éprouve plus aucune souffrance : j'étais guérie !

Notre Supérieure, nos Sœurs, joyeuses et étonnées, dirent le Magnificat ; pour moi, ma Rde Mère, j'étais si heureuse et si confuse à la fois d'une telle grâce, que je ne pouvais que dire : « Oh merci, mon Dieu ! merci, ma petite Thérèse ! »

Maintenant Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus est devenue la compagne de ma vie ; comme elle, je veux être victime d'amour ; avant ma guérison, je vivais toujours dans la crainte des jugements de Dieu ; maintenant, j'imite la petite sainte, je prends Jésus par des caresses et marche par la voie de la confiance.

 

Sr G., Fille de la Sagesse.

 

Certificat médical.

 

J'ai soigné du 28 octobre 1912 au 24 novembre 1912, Sr G., âgée de vingt-quatre ans, religieuse à l'hospice de X., atteinte d'ulcère de l'estomac.

La malade présentait une douleur atroce de la région épigastrique et un peu à droite, douleur exaspérée par la moindre pression et la prise d'un peu de liquide, prise qui produisait des vomissements

 

361

 

simples et des vomissements de sang ; vomissements qui se produisaient aussi sans aucune cause. La malade ne pouvait supporter aucun aliment.

L'estomac présentait une telle intolérance et la douleur était si vive, que la nécessité d'une intervention chirurgicale se posait. Tous ces symptômes ont disparu subitement, et la malade a pu prendre, sans douleur, sans vomissement, les aliments les plus indigestes.

Depuis cette époque la malade, sans aucun régime ni médicament, jouit d'une excellente santé.

Fait à X., le 12 janvier 1913.

 

Je soussigné, curé de Sr-B., certifie que, le 21 novembre, je n'ai pu porter la sainte Communion à Sr G., parce qu'elle avait eu un vomissement de sang ; le 23, elle n'a pu communier, également pour la même raison, et le 24 novembre 1912, au matin, après avoir prié Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, Sr G. s'est trouvée complètement guérie.

 

X., le 15 janvier 1913.

 

Dr X.

Sr T., Supérieure de l'hôpital.

L. F., curé de Sr-B.

Sr Sr-J. pharmacienne.

 

 

CHAPITRE CINQUIÈME — Guérisons de diverses maladies incurables

 

439 — Guérison d'une maladie des reins.

 

Le Merzer, près Guingamp (Côtes-du-Nord), 23 juin 1912.

 

M. Jean-Marie Le Goux, notre ami et voisin, jeune cultivateur, marié et père d'un enfant, était atteint d'une très grave affection des reins (albuminurie chronique), et dut s'aliter vers le 15 janvier dernier. Le D' R. de L., qui le soignait, était très pessimiste et ne cachait pas son inquiétude, disant que la fonction des reins était à peu près nulle. Afin de savoir s'il restait quelque peu d'espoir, il lui fit prendre un cachet dont je ne connais pas la nature, mais qui devait lui révéler la gravité du cas.

Une réaction se fit alors. Elle ne devait pas se prolonger plus de trente-six heures, sans quoi, au dire du docteur, tout espoir était perdu. Aussi, quand on lui rapporta que la réaction avait duré cinq jours consécutifs, il dit à la belle-sœur du malade, qui lit le rapport, que les reins étaient détruits et qu'il fallait s'attendre à la fin, d'un moment à l'autre. Le pauvre homme, qui sentait approcher son heure dernière, fit venir le prêtre ; il se confessa et reçut les derniers Sacrements.

C'est sur ces entrefaites que j'allai le voir; il était à l'extrémité. Depuis plusieurs semaines son estomac ne pouvait plus supporter aucun aliment, il vomissait toute nourriture, même le lait et l'eau d'Hvian-les-Bains qui, cependant, est très légère.

Je me mis à lui parler de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, à lui expliquer de mon mieux ce qu'avait été sa vie et combien il est facile d'être exaucé par l'intercession de la petite sainte, quand on met toute sa confiance en elle. Je lui offris une image-relique qu'il accepta avec empressement et reconnaissance ; puis, sur mon conseil, il commença, avec foi, une neuvaine, à laquelle s'associèrent bon nombre de ses parents et amis.

 

363

 

Vers le cinquième jour de cette neuvaine, chose étonnante, il eut de l'appétit. Il voulut manger du pain; mais sa femme l'en dissuada, lui rappelant ce que le docteur avait dit, que toute nourriture, même le lait, était pour lui un poison, et qu'il ne pouvait pas la prendre sans danger grave pour sa vie. Trois jours après, n'y tenant plus, il grilla du pain, qu'il mangea avec beaucoup d'appétit et digéra sans la moindre difficulté. Les jours suivants, il s'enhardit jusqu'à prendre du pâté de hure et même de la sardine à l'huile, qu'il digéra encore avec le même succès.

Au bout de quinze jours il était parfaitement rétabli et avait même augmenté de quatre kilos.

Il alla rendre visite au docteur qui demeura interdit en le voyant; il n'en pouvait croire ses yeux : cette guérison si subite avait déjoué toutes ses prévisions !

Dans son entourage tout le monde est émerveillé, et dit bien haut que cette guérison est miraculeuse.

 

Yves le Clec'h.

 

Après avoir lu la relation de ma guérison, faite par mon ami Yves le Clec'h, je la reconnais conforme à la vérité.

 

Le Goux, Jean-Marie.

 

Suivent les signatures de la femme de M. Le Goux, de quatre témoins, et le Certificat médical, portant le sceau de la paroisse.

 

440 — Disparition subite d'une tumeur variqueuse et de phtisie pulmonaire.

 

Saumur, 7, rue du Fort (Maine-et-Loire), 11 octobre 1912.

 

Ma maladie a été occasionnée par le chagrin, les privations et des fatigues trop lourdes pour mes forces. Je commençai par avoir de fréquents vomissements de bile. Je n'allai pas voir le médecin, n'ayant pas d'argent à lui donner. En juillet 1909, il me fallut sevrer mon petit garçon qui avait alors vingt mois. J'eus, à ce moment-là, une hémorragie très forte qui ne cessa jamais complètement, jusqu'à ma guérison miraculeuse.

En même temps je fus prise de douleurs très violentes ; elles étaient tellement aiguës que je crus à des coliques hépatiques.

Au commencement de 1910, des amies me firent aller dans le Midi près de Tarbes. Ces dames, me voyant tant souffrir, me conduisirent à Toulouse ; le docteur me trouva une grosseur du côté droit, au-dessous de la première côte, et qui touchait le foie, ce qui me donnait, disait-il, mes vomissements ; il parla d'une tumeur fibreuse et d'opération. Mais pour m'opérer il fallait que l'hémorragie s'arrêtât ; on me fit prendre un remède dans ce but, mais je dus le laisser bientôt, car le sang se portait à la poitrine et m'étouffait.

Cependant la grosseur augmentait dans des proportions sensibles, on la touchait facilement. J'allai consulter un autre docteur à La

 

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Bastide d'Anjou, près de Castelnaudary, qui me dit : « Cela ne vous fera peut-être pas mourir tout de suite, mais vous allez tellement vous affaiblir, qu'il vous faut prendre beaucoup de précautions : pas de fatigue, une bonne nourriture, pas d'émotions. Il finit par me déclarer que j'avais un amas de varices au-dessus du foie.

Je revins à Saumur où je me remis à travailler, étant seule et n'ayant que mes bras pour nourrir mes deux petits enfants. J'ai versé souvent bien des larmes, me demandant ce que j'allais devenir; mais je mettais ma confiance dans le bon Dieu et acceptais l'épreuve de bon cœur.

Pendant ce temps je souffrais toujours, et ma grosseur avait atteint des proportions bien inquiétantes, 12 centimètres de longueur et épaisse comme mon poignet ! J'avais beaucoup maigri.

L'hiver de 1911 à 1912 fut mauvais pour moi ; je ne pouvais plus rien porter du côté droit, je ne pouvais plus me coucher dessus, tout ce qui y touchait me faisait beaucoup souffrir.

Au mois d'avril 1912, j'eus une congestion pulmonaire qui m'obligea à m'aliter ; c'est alors que je relus l'Histoire d'une âme.

Depuis dix jours je n'absorbais plus aucune nourriture, je prenais seulement un peu de limonade. J'avais une toux qui me faisait beaucoup souffrir, surtout la nuit où les quintes duraient parfois une heure et demie.

Ma mère, qui était venue à Saumur, s'effraya beaucoup de voir l'état de maigreur où j'étais réduite, et le pharmacien, qui me connaissait, lui dit que, d'après son sentiment, je ne passerais pas l'été. Du reste, le docteur F. qui me soignait n'avait pas, non plus, caché ses inquiétudes à mon sujet.

La Communion solennelle de ma petite fille approchait ; je ne croyais certainement pas la voir ; c'était aussi la pensée de toutes les personnes qui me visitaient.

C'est à ce moment que m'arrivèrent les reliques de la chère petite sainte ; je mis le soir même une des images sur le côté malade...

Le lendemain matin la grosseur avait disparu, l'hémorragie était arrêtée, la toux avait pris fin !

On s'aperçut, aussitôt, que je ne toussais plus ; mais je ne dis rien du reste, n'y pouvant croire moi-même !

Le jour de la Communion de ma fillette arrivant, je communiai avec elle, malgré la recommandation que M. le Curé m'avait faite de communier à la Messe de six heures. J'étais bien un peu fatiguée le soir, car la faiblesse n'avait pas disparu ; mais je me trouvais si heureuse d'avoir pu l'accompagner dans les pieux exercices de la journée !

Depuis je n'ai jamais souffert de mon côté et je suis revenue à mon état normal ; j'ai repris du poids, ma santé générale est meilleure qu'elle ne l'a jamais été depuis dix ans. Les personnes qui me voient ne peuvent dissimuler leur étonnement. Je ne cache plus aujourd'hui la grâce que j'ai reçue, car l'épreuve du temps est là pour affirmer ma guérison.

 

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La chère petite Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus ne s'est pas contentée de me guérir, elle ne me laisse jamais dans l'embarras ; je la prie, et elle m'écoute toujours. Je lui ai confié l'âme de mes deux enfants, et je suis sûre qu'elle ne cessera jamais de les protéger.

J'oubliais de vous dire aussi, ma Rde Mère, qu'au mois d'août je suis allée à Fouras, passer un mois au bord de la mer. J'éprouvai, le troisième jour, des douleurs très vives dans le poumon droit, une congestion me prenait, provoquée par le froid très intense qu'il faisait depuis deux jours. Je mis ma relique sur l'endroit malade, et je n'ai plus rien ressenti.

 

Hermine Cesbron, dentellière.

 

Suivent les attestations de quatre personnes, dont une religieuse, qui ont été témoins de la maladie et de la guérison de Mme Cesbron, et plusieurs autres signatures.

Suit encore l'attestation de sa mère ; puis celle de M. X., pharmacien, qui lui a fourni, « sans résultat, beaucoup de remèdes pour la guérison de sa grosseur, et qui l'a vue revenir à la santé en quelques jours ».

Suit également l'attestation de M. le Curé-archiprêtre de Saumur.

 

18 novembre 1912.

 

Je serai heureuse de voir publier ma guérison pour faire connaître la chère petite sainte à qui je dois tant de reconnaissance ! Je suis maintenant capable d'accomplir n'importe quelle besogne ; je fais de très grandes courses, je veille très tard le soir, je n'éprouve aucune fatigue, alors que, depuis deux ans et demi, je ne pouvais faire cent mètres sans souffrir horriblement... J'ai encore peine à croire à mon bonheur!...

 

H. Cesbron.

 

441 — Guérison d'un mal intérieur.

 

Couvent de X. (Belgique), 1er décembre 1912.

 

Le 14 septembre 1911, je vous écrivais, ma Rde Mère, pour vous faire part de la guérison de ma mère, guérison que j'attribue à l'intervention de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus. Je vous priais en même temps, dans le cas où elle serait publiée, de ne spécifier ni le pays, ni le nom, parce que je craignais que la brochure ne tombât sous les yeux de ma mère.

Aussi, dans le courant de cette année, parcourant le livre où sont relatés les prodiges attribués à la Servante de Dieu, je n'y ai rien trouvé nous concernant. J'eus alors du regret d'avoir peut-être, par mes restrictions, empêché que le fait fût porté à la connaissance du public, pour augmenter encore sa confiance en la petite sainte. Et je me promis de réparer.

A cet effet, j'ai demandé au docteur X. qui a soigné ma mère avant la première intervention chirurgicale, et ensuite entre les deux opérations, celui-là même qui a fait les deux cautérisations, de me certifier la chose par écrit. Je viens de recevoir ce document et m'empresse de vous le faire parvenir.

 

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Je l'atteste exact en tous points aux dires du chirurgien. Non seulement j'accepte, mais je désire que la chose soit connue, si un recueil de ces faits prodigieux est encore publié. La guérison en vaut la peine, car ma mère est parfaitement rétablie. C'est un véritable prodige, et je ne puis croire, par moment, avoir été l'objet d'une telle faveur!

 

Sr X.

 

Observation médicale.

 

Mme G. L., à l'âge de 5i ans, avait subi, fin 1909, à Paris, une hystérectomie abdominale subtotale pour gros fibrome; et en même temps la cure radicale d'une hernie ombilicale volumineuse. Son obésité avait notablement gêné l'opération et aggravé les suites opératoires (congestion pulmonaire, etc.).

La malade s'était rétablie cependant, lorsque, en juillet 1910, des hémorragies reparurent. Le docteur M., qui l'avait opérée, conseilla, après examen, la destruction au thermocautère d'un papillome (petite tumeur verruqueuse) qui avait apparu à l'endroit de l'ancien fibrome. Malgré d'énergiques cautérisations, cette petite tumeur progressa rapidement, et au commencement d'octobre, à un nouvel examen, le chirurgien diagnostiqua une tumeur maligne, à marche rapide et envahissante. Une opération fut pratiquée pour enlever le mieux possible cette tumeur; opération purement palliative, au dire du docteur M. qui était convaincu d'une récidive fatale et très prochaine.

Les suites opératoires immédiates furent très pénibles, et la vie de l'opérée en grand danger, surtout à cause de l'infection survenue du côté de la vessie.

C'est alors que la fille de Mme G. L. (aujourd'hui religieuse) demanda à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus sa puissante intercession pour sa pauvre mère.

Et, malgré les prévisions pessimistes, la malade se rétablit ; et, depuis deux ans, sa santé reste parfaite, sans aucune apparence de récidive.

 

Dr X.

 

28 novembre 1912.

 

442 — Réveil heureux et subite guérison.

 

Hospice de Grandvilliers (Oise), 14 juin 1912.

 

Antoinette Hébert fut admise à l'hôpital de Grandvilliers, le 12 juillet 1908, pour être soignée d'un point de pleurésie au côté gauche. Quelques jours plus tard, elle fut prise subitement d'un mal de jambe, partant de la hanche et se continuant jusqu'à l'extrémité du pied.

Le 20 mai 1909, j'entrai moi-même dans cet établissement comme religieuse hospitalière ; c'est alors que cette jeune fille, entrée dix mois plus tôt, fut confiée à mes soins personnels.

Voici dans quel état je trouvai Antoinette : elle était dans l'impossibilité

 

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absolue de marcher sans le secours de deux béquilles, la raideur de sa hanche l'empêchait en même temps de se coucher et de se lever seule. Pour le même motif, elle ne pouvait pas davantage bander sa jambe, ni se chausser, ni s'asseoir dans son lit.

Je remarquai de plus que, trois ou quatre fois la semaine, elle avait des crises de douleurs atroces, criant continuellement pendant des heures entières ; une fois entre autres, la crise a commencé vers 5 h. 10 de l'après-midi, pour ne se terminer qu'à une heure du matin ! C'est alors qu'épuisée par la violence du mal, à bout de force, elle perdait connaissance.

Le docteur qui prit son service à l'hospice le 1er juillet 1909 prescrivit d'abord, dans l'espoir de la calmer, 36 piqûres de sérum hysotonique, sans obtenir de résultat; il lui fit prendre ensuite deux glaçons de Valérianate de Pierlot, également sans succès.

Ne sachant quoi lui ordonner, ce médecin décida de l'envoyer à Beauvais consulter un confrère qui lui ferait subir une opération, dans le cas où il en serait encore temps. Le docteur, exerçant alors les fonctions de chirurgien à l'Hôtel-Dieu de cette ville, l'endormit et, avec l'aide de neuf personnes, essaya de redresser sa jambe, sans grand succès, car, huit jours plus tard, elle reprenait ses deux béquilles, dont l'une avait été abandonnée et remplacée par un bâton durant ce court espace de temps.

Avant de quitter Beauvais, elle fut mise en extension du mardi au samedi. Cette pauvre jeune fille souffrit tellement qu'elle demanda la permission de rentrer à Grandvilliers. Comme le médecin avait reconnu son cas incurable, il n'y mit aucune opposition.

 

Pour la contenter, les deux docteurs du pays essayèrent encore de la mettre dans le plâtre, toujours sans obtenir d'amélioration.

Pendant son séjour à l'hôpital, Antoinette a diminué de 36l ivres; depuis trois ans que je la soigne, j'ai observé que sa jambe malade maigrissait et se raccourcissait de plus en plus. Au moment de ses crises, elle était au moins de 14 à 15 centimètres plus courte que l'autre, tandis qu'en temps ordinaire, elle avait 8 à 9 centimètres de moins.

La jeune fille en souffrait toujours beaucoup; il m'était impossible d'y toucher, même très légèrement, sans lui arracher des plaintes. Les os s'étaient disjoints, celui de la hanche était remonté d'au moins 5 centimètres au-dessus de la ceinture. Au foyer du mal, il existait toujours de l'enflure qui augmentait bien davantage pendant ses crises. Comme, depuis trois ans, elle n'appuyait jamais sur sa jambe, le genou s'était ankylosé, le pied s'était déformé et retourné en dedans, de sorte qu'elle ne pouvait pas faire remuer un seul doigt ; en un mot, tout le membre était absolument inerte.

Antoinette, voyant la science humaine impuissante à la guérir, tomba dans un profond découragement. C'est à ce moment qu'émue de pitié à la vue de son désespoir, je l'engageai à recourir au Ciel, lui conseillant de demander sa guérison par l'intercession de la petite Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus. Elle y consentit avec bonheur.

 

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Immédiatement, je fus trouver ma Mère Supérieure et la mis au courant de ce qui se passait. Elle me donna, pour la pauvre infirme, une image et une relique du rideau du lit d'infirmerie de la Servante de Dieu.

Revenue près d'elle, je lui dis que, pour obtenir une si grande grâce, il fallait promettre au bon Dieu quelque chose qui lui coûtât beaucoup, parce qu'une simple prière ne suffisait pas. Elle le fit et poussa même la générosité jusqu'à dire que, si Dieu ne la jugeait pas capable de tenir sa promesse, elle le priait de guérir à sa place une autre jeune fille affligée de la même maladie, s'offrant de prendre la souffrance de cette amie en plus de la sienne, plutôt que d'être infidèle.

C'est animée de ces dispositions que, le soir, elle commença la neuvaine que je fis avec elle.

Depuis onze mois, Antoinette était déclarée incurable et ne suivait plus aucun traitement; on lui faisait seulement 3 piqûres de morphine par jour, au 1/5o, pour calmer un peu ses cuisantes douleurs.

Nous étions au sixième jour de la neuvaine, et rien d'extraordinaire ne s'était produit, lorsque le septième, à deux heures du matin, alors qu'elle dormait profondément, contre son habitude, elle entendit une petite voix très douce lui dire : « Réveillez-vous réveillez-vous ! » Surprise, elle se dit : « Mais je rêve !... » et essaya de se rendormir. De nouveau la même voix reprit : « Réveillez-vous !... réveillez-vous ! »

Entr'ouvrant les yeux, la jeune fille n'aperçoit qu'une enfant malade, dormant non loin d'elle. Mais voilà que pour la troisième fois, la même voix mystérieuse répète encore : « Réveillez-vous ! »

Se dressant alors sur son lit, presque effrayée, elle regarde autour de la pièce. Elle ne voit personne, mais elle entend aussitôt de très forts craquements dans sa jambe, sans ressentir la moindre douleur. Elle la découvre et voit, avec stupeur, son pied immobile et ankylosé se mettre en mouvement et, comme entraîné par une main invisible, se porter sur l'autre, puis se soulever en l'air.

Antoinette comprit qu'il se passait quelque chose de surnaturel; elle ne put se rendormir, mais resta jusqu'au matin dans le plus grand calme, sans éprouver aucune souffrance.

Ne sachant rien, je fus, comme d'habitude, à 7 heures moins un quart, lui faire sa piqûre de morphine, la bander et la chausser; elle ne me dit rien.

En mon absence, elle descendit de son lit ; puis, machinalement, secoua son jupon et l'envoya au loin avec son pied malade.

Quand je fus rentrée de la messe, elle m'appela : « Ma Sœur, j'ai quelque chose à vous dire » ; mais elle n'était pas sûre de sa guérison et n'osa finir sa phrase. Je n'y prêtai nulle attention et, ne me doutant de rien, je retournai à mes occupations. Je revins quelques minutes plus tard, et elle répéta : « Ma Sœur, j'ai quelque chose à vous dire. » Un peu impatientée, je répondis : « Dites-le moi vite. — Ma Sœur, regardez, j'appuie sur mon pied. »

 

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Je fus si surprise que j'eus un mouvement de recul, je lui dis : « Marchez ! » Au comble de l'étonnement, je la vis faire plusieurs pas... Elle-même, transportée de joie, se mit à sauter...

Personne de la maison ne savait rien ; le saisissement des autres malades fut donc immense en la voyant marcher, tout le long de nos corridors qui ont 85 mètres de longueur.

Bientôt, dans l'établissement, ce ne fut qu'un cri : « Antoinette marche !... Antoinette est guérie !... »

« Qu'est-ce qu'on t'a fait ? » lui demandait-on; et Antoinette de répondre : « C'est la petite Sœur Thérèse qui m'a guérie ! » Alors les uns pleuraient, les autres riaient d'émotion, d'autres enfin demeuraient la bouche ouverte, les deux mains dans leurs poches...

Et Antoinette marchait à la recherche de notre Mère Supérieure, absente à ce moment. Quelle ne fut pas la surprise de cette bonne Mère, à son retour, de trouver toute la maison bouleversée, car religieuses, vieillards, malades, tous avaient suivi la miraculée !

Notre Mère était au bas du perron de la porte d'entrée, quand elle vit arriver Antoinette qui descendit les marches sans difficulté, pour aller à sa rencontre.

Et non seulement la jeune fille marchait, mais son pied s'était redressé, les os de la hanche s'étaient remis en place, le genou avait repris sa souplesse et la jambe s'était allongée.

Depuis le 20 mai, jour du miracle, la guérison se maintient, la jambe se développe et se fortifie. La première semaine qui a suivi son retour à la santé, Antoinette a engraissé de cinq livres.

Sa reconnaissance à l'égard de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus ne peut s'exprimer. Ce que la petite sainte a opéré dans son âme est encore plus admirable que sa guérison physique ; il faut l'avoir connue avant sa guérison pour se rendre compte aujourd'hui de la merveilleuse transformation qui s'est produite en elle.

 

Sr Marie du Sacré-Cœur.

Sr Marie-Madeleine, Supérieure.

Antoinette Hébert.

Sr St-Alphonse de Liguori.

 

Opinion des médecins.

 

La radiographie de la hanche et du membre autrefois malade ne laisse voir aucune trace de la coxalgie. Le docteur qui en a tiré le cliché, après avoir entendu le récit de la maladie et de la guérison de Mlle Hébert, s'est écrié : « Si j'avais une radiographie faite avant la guérison, je m'en irais parcourir les rues de Paris, mes deux plaques à la main, en criant : au miracle ! »

M. le docteur Frigaut, de la Faculté de Paris, qui a soigné Mlle Antoinette Hébert, depuis son entrée à l'hôpital de Grandvilliers jusqu'en septembre 1910, a bien voulu donner une observation médicale détaillée de sa maladie et de sa guérison. Après avoir laissé entendre qu'il regardait la jeune fille comme incurable, il continue :

 

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« Au cours de l'année 1912, j'appris, avec un grand étonnement, qu'Antoinette Hébert venait de guérir subitement, et je la revis ne présentant, en effet, ni douleurs, ni contracture, ni attitude vicieuse, et marchant parfaitement. Une radiographie montra alors une intégrité complète des os et de l'articulation de la hanche. »

Le docteur conclut ainsi : « Il m'est impossible d'admettre que la disparition brusque des douleurs, la réduction spontanée, sans aucune manœuvre, de la luxation, aient été produites par une cause naturelle. La suppression instantanée de la morphine, sans troubles consécutifs, après de longs mois d'accoutumance à des doses assez élevées, est également contraire à ce qu'on observe habituellement.

 

Paris, 54, rue de Bourgogne, 8 février 1913.

 

 

443 — Guérison de Mme Aline Monnette, Vve Poirson, atteinte d'une affection incurable du foie.

 

Observation médicale.

 

Je soussigné, Vauthrin Joseph-Henry, docteur en médecine de la Faculté de Nancy, domicilié à Anrosey (Hte-Marne), certifie avoir donné régulièrement mes soins, depuis le 1er août 1907, à Mme veuve Poirson, âgée actuellement de 57 ans, domiciliée à Anrosey (Hte-Marne).

A cette époque : ictère très foncé; foie à cinq travers de doigt au-dessous des fausses-côtes, atteignant l'ombilic ; rate descendant dans la fosse iliaque gauche ; vésicule biliaire, de la grosseur d'un œuf de pigeon; pas d'ascite. Diagnostic : cirrhose hypertrophique biliaire avec splénomégalie.

Mme Poirson accusait des coliques hépatiques se reproduisant régulièrement une fois par mois. Pendant les crises : vomissements abondants de bile : 5 à 10 litres environ et, à la suite, évacuation de nombreux calculs par les voies ordinaires.

Les calmants habituels n'apportaient aucun soulagement, sauf la morphine en injections sous-cutanées : 0 gr. 06 centig. par jour. La crise durait, en moyenne, trois jours, pendant lesquels on continuait la même dose.

Comme unique alimentation : lait en petite quantité et eau de Vichy.

Aggravation en 1908 et en 1909. Crises plus fréquentes : 0 gr. 10 et 0 gr. 12 de morphine pro die ; même alimentation. Traitement : Calomel, glycérine, etc.

Comme stimulants, la malade s'affaiblissant de jour en jour : kola granulée , injections hypodermiques de méthylarsinate de soude, etc.

En 1910 : état général encore plus précaire, amaigrissement,

 

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syncopes fréquentes et de longue durée; crises revenant toutes les trois semaines environ, de 3 à 8 jours chaque; avant et après la crise, absorption d'éther en quantité notable : un litre environ par mois. La faiblesse augmentant toujours, on fait de l'huile camphrée à haute dose en injections sous-cutanées.

En 1911 : même état général, même traitement, mêmes signes physiques et fonctionnels. Les crises augmentent en intensité et en durée, et on est obligé d'atteindre les doses de 0 gr. 20 centigr., et même une fois, de 0 gr. 33 centigr. de morphine par jour. Au début de septembre, troubles mentaux occasionnés par l'abus, rendu nécessaire, de ce calmant; ces accidents durent un mois et demi environ.

A partir du 1er janvier 1912 : souffrances continuelles, crises subintrantes, mais cessation de la morphine, à cause des accidents antérieurs ; d'ailleurs l'état général ne le permettait plus.

A dater de cette époque, j'abandonne la malade presque complètement, je ne la visite que rarement, je ne lui fais plus suivre aucun traitement et je ne lui fais plus de piqûres. Du 1er mars au 22 juin, les syncopes étant presque continuelles, absorption d'éther en grande quantité : 125 grammes par 24 heures, exactement.

 

Nous arrêtons ici la relation de M. le docteur Vauthrin, afin de donner sur la maladie de Mme Poirson quelques détails complémentaires, empruntés au récit fait par la malade elle-même :

 

« Depuis son bas âge, elle a commencé à souffrir » et, à peine mariée, en 1878, le médecin la déclarait atteinte de coliques hépatiques et néphrétiques. Obligée à un travail assidu, la jeune femme souffrait parfois atrocement ; elle n'était plus qu'une ombre, lorsqu'en 1880 elle vint tenir son café-restaurant, à Chaumont. Là, le mal augmenta, elle « ne pouvait supporter la marche, et il lui fallait toujours courir »; elle essayait « de tromper le mal jusqu'à ce qu'il la fît tomber en syncope », par l'excès de sa violence.

En 1893, elle fit une saison à Vichy : « Je demandai au docteur si je pouvais guérir ; il me répondit : « Non, Madame, cela n'est pas possible, il y a quinze ans que vous auriez dû venir à Vichy ; aujourd'hui, votre maladie est chronique ; figurez-vous que votre foie est une véritable carrière, il serait difficile de passer un couteau au travers sans rencontrer des pierres. »

Les douleurs étaient terribles ; aussi, à force d'absorber de la morphine, de l'éther, du laudanum en grande quantité, la malade s'était habituée au poison et pouvait boire, en une seule fois, un demi-verre de laudanum.

Le 16 juin 1912, sur le conseil d'une personne pieuse, Mme Poirson commence une neuvaine à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus ; elle demande du soulagement, n'osant espérer sa guérison.

Il y a 19 ans qu'elle n'a mangé ni pain ni viande, et, depuis plusieurs années, elle ne peut même plus digérer le lait; on la soutient par des piqûres fortifiantes et par des lavements nutritifs. Depuis

 

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cinq ans et demi qu'elle n'a pas quitté le lit, elle ne peut plus dormir et n'a pas cessé de souffrir.

Le soir du jour où commence la neuvaine, les vomissements de bile s'arrêtent ; mais elle souffre des douleurs terribles jusqu'au septième jour (22 juin). Ce jour-là, elle se sent mieux, et l'amélioration persiste les jours suivants.

La personne qui lui a suggéré l'idée de la neuvaine l'engage à en faire une seconde, disant que Sœur Thérèse peut la guérir tout à fait. Cette seconde neuvaine est entreprise le samedi 29 juin, et c'est dans la nuit du 30 au 1er juillet que s'accomplit la guérison. Mme Poirson va en faire elle-même le récit :

« Cette nuit-là, je me suis endormie, moi qui ne dormais jamais, à cause de mes grandes souffrances, et à deux heures, un remuement en moi-même me réveilla. Je ne pouvais plus rester au lit, je ne ressentais plus aucun mal.

« Je rendis de la bile et des graviers en quantité, mais sans douleurs. Je me palpais et me demandais si je ne rêvais pas, ne sentant plus ni grosseurs du foie ni de la rate, ni la moindre souffrance, et retrouvant ma main droite libre, cette main qui, depuis neuf mois, était à peu près paralysée.

« En ce jour donc, 1er juillet, tout m'était rendu! Aussitôt la pensée de Dieu et de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus me vint, je pris mon chapelet, je le récitai plusieurs fois, pour tromper mon impatience. Je croyais m'entendre dire : « Lève-toi, tu es guérie, va remercier le bon Dieu, et après, va voir tes enfants qui ont tant de peine de te voir souffrir, depuis si longtemps... » Cependant je persistai à ne pas me lever; mais à 4 heures du matin, me sentant comme poussée par une main invisible, je me levai, m'habillai seule et fis les préparatifs de mon voyage à Chaumont.

« A 10 heures et demie, je partis pour aller à la messe remercier Dieu et Sœur Thérèse. En chemin, je rencontrai le docteur Vauthrin qui fut bien étonné: il crut sans doute que je perdais la raison.

« A 10 heures et demie, je pris le train pour Chaumont. J'y suis arrivée bien gaie et bien heureuse; mais la surprise de mes enfants ne peut pas s'écrire, ils croient encore rêver...

« J'oubliais de dire que j'ai mangé de la viande, le jour même de ma guérison. »

On a vu plus haut que Mme Poirson rencontra son médecin le matin de la guérison. Mr le docteur Vauthrin le relate à son tour et continue :

 

Fin de l'Observation médicale de M. le docteur Vauthrin.

 

A ce moment, je l'examine : son foie ne dépasse plus les fausses côtes, sa rate n'est perceptible ni à la palpation, ni à la percussion. Mme Poirson se dit guérie. Le jour même, elle boit et mange comme

 

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tout le monde et elle a continué depuis. Le 15 septembre, elle avait augmenté de 22 kilogrammes.

Actuellement son état général est excellent, plus d'ictère, fonctions normales, appétit parfait, digestion facile; de temps à autre, évacuation de quelques calculs, mais sans la moindre douleur. Je ne constate plus aucune lésion du foie et de la rate et je considère la malade comme guérie.

Fait à Anrosey, le 28 novembre 1912.

 

Dr Vauthrin.

 

(Légalisation à la mairie.)

 

Observation médicale de M. le docteur Malaingre.

 

Chaumont, 6 août 1912.

 

J'ai recherché dans mes notes l'histoire médicale de Mme Poirson, et voici le résumé de sa maladie :

« Je l'ai soignée pour la première fois, en novembre 1891, pour une crise de coliques hépatiques, et, depuis cette époque, j'ai eu bien des fois l'occasion de la traiter pour la même maladie. Les crises étaient si violentes qu'elle est restée souvent dans le délire, sans reconnaître personne dans son entourage. Il me semble qu'une fois en particulier, elle est restée 24 heures dans cet état semi-comateux.

« Il a fallu très souvent que je lui fasse des piqûres de morphine, pour calmer des crises trop violentes. Le reste du temps, elle a dû suivre, presque constamment, un régime et un traitement appropriés, capsules d'éther et de térébenthine, teinture de bolda, cachets de bayoate et de salicylate de soude, eau de Vichy, etc. Deux fois, j'ai dû l'envoyer faire une cure à Vichy en 1893 et en 1896, si je ne me trompe. Elle a été soignée dans cette station par mon ami, le docteur Willemin, qui avait jugé son cas incurable.

« En 1896, le 20 septembre, elle a eu une crise très forte à Anrosey, et, comme il n'y avait pas alors de médecin dans ce pays, j'ai dû faire le voyage pour la soigner.

« Après son départ de Chaumont, j'ai dû encore une fois faire le voyage d'Anrosey, le 17 mars 1907.

« Je ne l'avais pas vue depuis longtemps et je l'ai trouvée bien changée : état cachectique, teint jaune noir, foie au moins doublé de volume, vésicule biliaire farcie de calculs, vomissements bilieux continuels. En résumé, son état m'a paru si grave que je ne comptais pas la voir survivre plus de 15 jours. Son foie était bosselé, irrégulier et m'avait fait songer à une tumeur cancéreuse de cet organe. En un mot, je la croyais incurable et destinée à succomber rapidement.

« Je ne sais comment elle a pu vivre 5 ans et demi, après ma dernière visite. D'après ce que j'ai su depuis, son foie avait 4 ou 5 fois le volume normal, repoussait l'estomac et les intestins, en résumé occupait tout l'abdomen.

 

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« Quand je l'ai revue après sa guérison, j'ai constaté que son foie était redevenu normal, son teint éclairci, et sa vésicule biliaire souple et indolore. Son appétit est excellent, et ses digestions faciles. J'estime que son amélioration et sa guérison n'ont pu être obtenues par des moyens médicaux et par les seules forces de la nature. Pour moi, c'est une guérison absolument miraculeuse ».

 

Dr Malaingre.

(Légalisation de M. le Curé-doyen de Chaumont.)

 

Avant la guérison, M. le docteur Vauthrin regardait sa malade « comme un phénomène qu'il faisait voir à tous les confrères qui venaient le visiter. Et tous la condamnaient ».

 

(Témoignage de M. le Curé de X.)

 

Lettre de Mr le Curé d'Anrosey.

 

Anrosey, 15 octobre 1912.

 

Mme Poirson est en santé florissante. Elle est venue huit jours à Anrosey, aux environs du 15 septembre; elle a travaillé comme une mercenaire, tous les jours, levée à 4 heures du matin et ne se couchant qu'à 10 heures du soir, prouvant ainsi à toute la population que la guérison est bien authentique et toujours inexplicable.

 

F. Mourot, curé d'Anrosey.

 

Lettre de Mme Poirson à Mgr de Teil.

 

Anrosey, 22 novembre 1912.

 

Ma santé est restée parfaite, depuis le jour où Sœur Thérèse a bien voulu me guérir. Depuis cette date, je ne trouve pas les heures assez longues pour exprimer ma reconnaissance et demander bien des choses à la petite sainte. Je voudrais que ma guérison puisse servir à ramener des âmes égarées, et je ne désespère pas, avec l'aide de la « petite Fleur » du bon Dieu, de faire du bien à quelques-unes.

Monseigneur, j'ai lu votre article dans la « Croix de Paris » où vous relatiez des guérisons obtenues par l'intermédiaire de Sœur Thérèse ; mais je croyais y lire quelques lignes de plus, me concernant ; le temps n'est donc pas encore arrivé de publier le grand miracle dont j'ai été l'objet ? Bien des personnes en attendent le récit avec impatience !

Je ne pense pas cependant qu'un pareil événement reste inaperçu. Quant à moi, j'attends la publication pour faire tout ce qui me sera possible afin de mieux faire connaître la toute-puissance du bon Dieu, par l'intermédiaire de la petite Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus ; je ne cesse, depuis ma guérison, de distribuer des souvenirs et de parler de ma bienfaitrice, afin que l'oubli ne se fasse pas.

 

375

 

Tant que Dieu voudra me prêter un souffle de vie, je continuerai de proclamer ses bontés pour moi.

 

A.- V. Poirson.

 

 

444 — Guérison de Mlle Bigot, demeurant à Domfront (Orne), atteinte de la maladie d'Addison ou tuberculose des capsules surrénales.

 

La malade a fait elle-même, de sa maladie et de sa guérison, un long et minutieux récit, lequel a été signé par elle, par son père et sa mère, par le vicaire de sa paroisse, la religieuse qui l'a soignée et une autre religieuse garde-malade, et par quarante-cinq autres témoins. M. l'abbé Poupard, curé-archiprêtre de Domfront, a donné sa signature le dernier, déclarant en même temps l'authenticité des signatures précédant la sienne et certifiant « que les personnes que désignent ces noms sont honorables et dignes de foi ».

Le dossier de cette guérison se compose de nombreux documents ; aussi ne pourrons-nous les donner tous en leur entier, de peur de fatiguer le lecteur.

 

Lettre adressée avant la guérison,  le 7 janvier 1911, par M. Bigot à Mlle Chislard, qui avait recommandé à la jeune malade de prier Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus.

 

« Je vous remercie bien sincèrement des prières que vous faites pour ma fille, aujourd'hui abandonnée par la science. On a fini par découvrir qu'elle avait la maladie des capsules surrénales. Ce sont deux petites boules que nous avons au-dessus des reins, lesquelles, ne fonctionnant pas, arrêtent toute la vie, suppriment l'appétit et déterminent une inertie absolue. Rien à faire : la médecine, devant cela, est encore restée impuissante ! Comme perspective la mort ! Ah ! c'est épouvantable !

« Néanmoins elle se lève tous les jours de midi à dix heures du soir; nous la maintenons ainsi le plus longtemps possible. Il faut l'aider en tout, à s'habiller, à marcher ; elle peut à peine se traîner, souffrant de faiblesse, ne vivant que dans l'anéantissement. Elle est desséchée, semblable à un squelette recouvert d'une peau jaune. Pas un sourire, bien entendu, percevant très bien ce qui se passe, ne perdant rien de la vie, se souvenant de tout, de ses études, prenant encore et malgré tout des leçons de peinture, parlant de l'avenir !

« Ce qu'elle absorbe est insignifiant, autant vaut dire, rien. Dans cette maladie, qui est extrêmement rare, jamais le besoin de prendre ne se fait sentir.

 

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« Mardi nous aurons encore deux médecins en consultation ; que vont-ils nous apporter ? Hélas ! nous nous attendons à tout !

« Nous avons beaucoup prié et nous prions encore beaucoup. Je vous demande de continuer avec nous ces instances et vous eh suis bien reconnaissant. Je vous remercie aussi de la petite relique, nous avons tant besoin des secours d'En Haut ; nous sommes bien éprouvés et nous passons de bien mauvais jours. Et dire qu'il faut être gais devant notre malade ! C'est une gaieté bien factice, car nous nous détournons ensuite pour pleurer. »

 

Sœur Saint-Joseph, religieuse garde-malade, qui a soigné Mlle Bigot, a donné une relation de sa maladie et de sa guérison. C'est à cette relation que nous emprunterons le récit, résumé et cependant bien complet, de la maladie :

 

Domfront, 20 décembre 1912.

 

« Etant religieuse garde-malade, je fus appelée auprès de Mlle Bigot, bien longtemps avant la maladie qui devait la mettre aux portes de la tombe. Elle était atteinte de scoliose, ce qui nécessita la position horizontale et un traitement de frictions que je lui fis tous les matins pendant deux ans. Je remarquai, durant ce temps, que cette jeune personne avait un tempérament délicat, mais un état général assez bon, l'humeur gaie.

« Elle se trouva si bien, qu'elle refusa mes soins pendant un an environ. Puis, petit à petit, elle s'affaiblit, devint triste et éprouva des troubles du côté de l'intestin. Je fus appelée de nouveau : il y avait inflammation opiniâtre de l'organe ; mes soins furent impuissants à la combattre. La malade accusait une répulsion de plus en plus grande pour la nourriture, et une maigreur sans pareille en fut le résultat. Je donnais des lavements d'huile, qu'elle finit par ne plus supporter et j'en vins, avec les médecins, à croire tout espoir perdu. Je faisais seulement quelques petites visites, pour consoler les parents qui m'inspiraient la plus grande pitié.

« Je n'avais jamais rencontré un état aussi lamentable : maigreur qui laissait voir la forme de tous les os, œdème des jambes avec purpura, annonçant une cachexie à son point terminal, appétit et sommeil nuls ; la pauvre malade ne pouvait plus faire aucun mouvement, même pas remuer la tête, tellement son corps était dépourvu de vitalité musculaire. Enfin, les derniers jours, elle eut des faiblesses qui me firent prévoir une grande défaillance du cœur qui s'était maintenu jusque-là, et je préparai les parents à une séparation prochaine. »

La malade et ses parents priaient beaucoup pour obtenir la guérison. Ils la demandaient d'une manière toute particulière à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus ; et, afin d'être bien sûre qu'elle lui devrait cette guérison, la jeune tille supplia la Servante de Dieu de lui donner « un signe ».

Or, voici l'incident qui se produisit le mercredi 14 février, jour de la guérison ; c'est la jeune fille qui le raconte dans sa relation :

 

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« Ce mercredi matin, maman reçoit la visite d'une domestique qui vient lui dire : « Madame, vous allez trouver étrange ma visite, ne me connaissant pas... Votre tille va-t-elle mieux ? Avez-vous pensé à prier Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus? Elle fait tant de miracles!... Je devais venir depuis quelques jours, mais j'hésitais, ne vous connaissant pas du tout. Aujourd’hui je me suis sentie poussée, et j'ai dû laisser mon ouvrage pour venir vous trouver. »

Mgr de Teil, vice-postulateur de la Cause de la Servante de Dieu, s'est rendu à Domfront, a interrogé les principaux d'entre les nombreux témoins de cette guérison qui a ému toute la ville. A la suite de cette enquête, il a rédigé le document ci-après, récit clair et précis de la guérison :

« Mlle Bigot, dont on connaît les prières à la Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, éprouva, le 14 février 1912, sans aucune transition, un changement absolu dans son état désespéré, et voici comment il se manifesta :

« Lorsque la cachexie ultime à laquelle elle était arrivée, l'enflure des jambes, marquées de taches de purpura, les yeux éteints, dénotaient l'imminence de la mort, elle désira manger; sur sa demande, ce jour du 14 février 1912, elle prit cinq repas différents qu'elle digéra sans souffrance et sans médicaments. L'aspect du visage, en dépit d'une figure émaciée au dernier degré, n'était plus le même ; le regard avait pris de la vie. La nuit suivante le sommeil fut normal ; et, depuis près de neuf mois, Mlle Bigot dort et s'alimente très régulièrement ; aussi son poids a-t-il augmenté de plus de vingt kilos.

« Elle n'éprouva pas la sensation d'une reprise de la vie qui l'eût amenée à dire : Je suis guérie ; mais avec cette disparition de la maladie, elle a repris progressivement ses forces, sans aucun régime. « Qu'elle mange ce qu'elle voudra », avait dit M. le Dr V., dérouté par ce changement si subit, et qu'il assurait ne pas résulter des remèdes prescrits.

« Mlle J. Bigot a été toute sa vie d'une constitution plutôt faible; son aspect est celui d'une personne délicate, mais son état est meilleur qu'il n'a jamais été. »

 

R. de Teil, vice-postulateur.

 

Domfront, le 24 novembre 1912.

 

« Nous déclarons conformes à la vérité les détails ci-dessus. En foi de quoi nous avons approuvé ce texte.

 

Bigot, père,

R. Bigot, mère,

J. Bigot.

 

Domfront, 24 novembre 1912.

 

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Autre témoignage.

 

Hospice de Domfront, 24 novembre 1912.

 

« Je cite textuellement les paroles de M. le docteur V., médecin-chirurgien de l'hôpital, sur la maladie de Mlle Juliette Bigot, de Domfront :

« Je regardais Mlle Bigot comme désespérée ; je n'attendais plus que sa mort. Je la visitais pour faire plaisir à son père, car ma science médicale était à bout. Le mieux qu'elle éprouve me déroute complètement. Allez donc la voir ! »

Le docteur me tenait ce langage en présence de Madame la Supérieure de l'hospice.

En foi de quoi je signe :

 

A. Pouillot,

chanoine, aumônier de l'hospice de Domfront.

Sr Marie-Amélie, supérieure.

 

Certificat médical.

 

Le soussigné docteur V., docteur en médecine, ancien interne des hôpitaux de Paris, certifie avoir soigné, du mois de janvier 1911 au mois de février 1912, Mlle Bigot Juliette, âgée de dix-sept ans, demeurant à Domfront (Orne), atteinte de la maladie de syndromes addissoniens, purpura cachectique avec œdème escarres coccygiens, cachexie ultime. Gravité de la maladie : extrême. Aucun espoir à mon avis ne pouvait exister. Pronostic : fatal. Etat actuel de la malade: aussi satisfaisant que possible. Guérison absolue.

 

Dr V.

 

Fait à Domfront, le 11 août 1912.

 

(Légalisation à la mairie.)

 

CHAPITRE SIXIÈME — Guérisons d'ulcères gangreneux et variqueux

 

445 — Guérison subite d'une jambe entièrement gangrenée.

 

9 mars 1912.

 

Voici la relation (faite d'après les notes que j'ai prises sous la dictée de la malade et mes propres constatations) de la guérison de la jambe de Mme Sara Pecquet, ancienne couturière, âgée de 62 ans et demeurant avec sa mère, 17, rue des Récollets, à Paris.

En 1899, le certificat du médecin de l'hôpital Saint-Louis, après examen de la jambe droite, laquelle était infiniment moins malade, moins volumineuse qu'en 1911 et 1912, et n'avait que de rares petites plaies, désignait ainsi le mal :

« Affection lupoïde, pouvant s'appeler scrofulose avec éléphantiasis de la jambe. »

Vers 1900, le mal s'étant aggravé, Mlle Sara, incapable de se mouvoir, fut transportée à Lourdes mourante, attachée sur un brancard. Après une immersion dans la piscine, elle fut radicalement guérie, plaies cicatrisées, et se remit instantanément à marcher — inscrite parmi les miraculées — jusqu'en octobre 1910. La malade, n'ayant à la jambe que peu de douleur et sans aucune ulcération ni enflure, put continuer à aller et venir et travailler à la machine pour couture.

En octobre 1910, Mme Pecquet, mère, fut atteinte d'une bronchite et condamnée par les médecins. Mlle Sara, les entendant dire que la malade ne se relèverait pas, fit alors cette prière : « Mon Dieu, rendez-moi toutes mes souffrances, s'il le faut, mais ne me retirez pas ma mère. » Elle fut exaucée.

Mme Pecquet guérit; mais sa fille, la soignant nuit et jour, fut, grâce à ce surmenage, reprise de son ancien mal. Ses jambes enflèrent, la droite se trouva atteinte d'une poussée d'érésipèle.

En janvier 1911, ce malheureux membre devint noir, se gangréna,

 

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et, se déchirant, donna lieu à un écoulement de sérosité continuel. Mlle Sara dut passer ses journées et ses nuits sur son fauteuil, jusqu'au jour où, de plus en plus faible, elle s'alita. Alors, la jambe saine reposa sous les couvertures et la jambe malade pendit dehors, le pied posé sur un tabouret élevé. Cette position, atroce pour la pauvre demoiselle atteinte depuis longtemps de coxalgie et de hernie, précisément du côté droit, elle la conservera jusqu'à sa guérison, c'est-à-dire fin janvier 1912.

Le 14 juin 1911, le docteur F., qui soignait Mlle Pecquet, pour son état général, depuis de longues années, donna le certificat suivant :

 

Certificat médical.

 

(Ici quelques détails, sans intérêt pour notre récit, le docteur parle de l'état général, très mauvais.)

 

Mlle Pecquet est, de plus, affectée d'un œdème chronique des membres inférieurs. Cet œdème est devenu si considérable qu'il a déterminé, au mollet, des surfaces exulcérées, donnant lieu à un écoulement permanent de sérosité, et à des poussées fréquentes et douloureuses de lymphangite. Ces différentes lésions, dont la durée persistante prouve suffisamment l'incurabilité, mettent cette demoiselle dans une incapacité professionnelle absolue.

 

Dr F.

 

A noter : Le docteur mentionne les deux jambes comme étant malades; une seule l'était en réalité, l'autre n'avait que de l'enflure qui disparut petit à petit. Le certificat du docteur de l'assistance publique, délivré à la même époque, porte : « éléphantiasis avec lymphangite et phlébite. »

Le docteur conseilla l'amputation, comme le seul remède efficace.

Pendant l'été, le mal augmenta rapidement.

En juillet, l'état général devint si mauvais, la malade s'empoisonnant de plus en plus par l'infection de la jambe, qu'on dut l'administrer. On mit la jambe malade au lit pour la cérémonie; cette position donna lieu à de tels vomissements et étouffements qu'il fallut, sans tarder, remettre le membre hors du lit.

L'infirme me tint, par écrit, au courant des progrès du mal; sa jambe « n'était qu'une fontaine ».

A la fin de décembre, à mon retour de la campagne, j'allai la voir. Depuis le genou jusqu'au pied, le membre n'était plus qu'une masse volumineuse et informe de chair dure, bosselée, absolument à vif, avec du pus et de la gangrène dans les anfractuosités, et sécrétant un mélange de sérosité et de pus, en telle abondance que, en moyenne trois fois par jour, Mlle Sara était obligée de renouveler tout le pansement et l'enveloppement, pourtant si volumineux (25 à 30 centimètres d'épaisseur), lequel était chaque fois traversé de fond en comble; le tabouret même était souvent trempé. Il s'était formé à l'aine droite une grosseur, ayant les dimensions

 

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d'une grosse tête d'enfant. (L'était la pauvre mère qui, tout le jour, lavait les enveloppements contaminés. Le mal alla encore en augmentant.

Le 3 janvier 1912, les Carmélites de Lisieux, sur ma demande, commencèrent avec nous une neuvaine à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, pour Mlle Pecquet qui mit à son cou une relique de l'angélique Sainte.

Mlle Pecquet nous laissa prier; mais elle offrit sa neuvaine pour deux jeunes filles, dont l'une obtint en partie la grâce que Mlle Pecquet avait demandée pour elle, et l'autre l'obtint providentiellement, le neuvième jour de la neuvaine. Mlle Pecquet se dessaisit même de sa relique pour la mettre sur sa mère qui s'était subitement trouvée souffrante. Le lendemain, la vieille mère était guérie, mais la jambe n'avait fait qu'empirer.

Alors Mlle Sara fit cette naïve prière : « Petite Sœur Thérèse, il serait temps de penser à moi; je ne suis pas bien exigeante, je ne vous demande que deux choses : que je puisse mettre ma jambe au lit et qu'elle soit propre, pour que ma pauvre mère n'ait plus à laver tant de linge. »

Une jeune fille de la maison écrivit au Carmel de Lisieux pour redemander une neuvaine. Celle-ci fut commencée le 25 et Mlle Sara s'y unit.

La Sœur garde-malade lit le pansement ce jeudi 25 janvier; jamais la jambe n'avait été aussi épouvantable. Voici l'état du membre le 26, dans l'après-midi, quand Mlle Pecquet y posa sa relique :

Tour de la jambe, pris directement sur la chair, au milieu du mollet : 93 centimètres ; la jambe, depuis le genou jusqu'à la cheville, a la même circonférence qu'au mollet, c'est-à-dire 93 centimètres ; tour du pied à la base des orteils : 52 centimètres.

La jambe est plus malade qu'elle n'a jamais été, ce n'est que chair à vif, ulcérée sur toute son étendue, mamelonnée ; le membre est informe, coulant de plus en plus abondamment; très mauvaise odeur. La Sœur a dit la veille : « Il faudra rélargir les linges qui tiennent le pansement et en faire deux avec trois. » Autour du pied, il y a une rigole d'un centimètre de profondeur, faisant le cercle, à l'endroit où le pied s'attache à la jambe et donnant à penser que le pied va se détacher. A ce pauvre pied, une profonde plaie de 4 centimètres de long, 2 centimètres de large, 2 centimètres de profondeur, datant d'un mois et s'accroissant de plus en plus. Les souffrances sont devenues intolérables : « on dirait des chiens qui rongent la chair et les os », ceci, depuis près d'un an déjà! Et Mlle Pecquet est obligée, la nuit, de cacher sa tête dans son édredon, pour que ses cris ne réveillent pas sa vieille mère qui dort dans la chambre voisine.

Ce vendredi, 26 janvier, au matin, Mlle Pecquet pose au genou la relique qu'elle vient de recevoir; car, m'a-t-elle dit depuis, elle avait une grande crainte que le mal, remontant toujours, ne gagnât

 

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l'aine ; puis elle renveloppa le pansement. La relique n'était pas directement sur le mal en suppuration, mais entre les linges de ce pansement.

Au bout de quelques instants, la douleur redouble, s'exaspérant, au niveau même de la relique, tout autour du genou. « C'est comme un cordon qui me serre, dit la malade à sa mère, c'est affreux : il me semble qu'on me disloque la jambe et qu'on m'arrache la chair par morceaux. »

Un moment plus tard, la douleur, atrocement vive, quitte le genou et descend un peu plus bas, faisant toujours l'effet d'une jarretière serrant horriblement le membre. Mlle Pecquet, passant la main entre les linges du pansement, glisse alors la relique à l'endroit où vient de se localiser le mal. Peu après, le cordon si douloureux descend plus bas. Mlle Pecquet fait de nouveau descendre la relique. Le mal descend au mollet, et les douleurs sont si vives que, n'y tenant plus, elle défait tout le pansement. Il était à peu près 5 heures et demie.

L'étonnement, alors, terrasse Mlle Sara et sa mère.

La jambe avait désenflé, n'ayant plus à vue d'oeil, me dit la malade, que les 28 centimètres constatés le lendemain, par la Sœur garde-malade. La chair, depuis le genou jusqu'au mollet, était recouverte d'une peau lisse, réelle, fine comme une pelure d'oignon. La profonde plaie de dessous le genou qui coulait chaque jour, comme une fontaine, était complètement cicatrisée. Les profondes plaies du pied, dans la rigole à la jonction du pied et de la jambe, étaient à demi cicatrisées. Au pied (là où la relique n'avait pas été posée), il restait seulement un peu d'enflure et de suintement; mais du genou au bas du mollet, c'était net et guéri.

Les deux femmes voyaient, sous leurs yeux, les lèvres des plaies se rejoindre, les bosselures restantes du mollet, se rapprocher et se niveler. Toutes deux étaient là « comme des bêtes, dit Mlle Pecquet, riant et pleurant à la fois ». Enfin, la mère dit à sa fille : « Recouvre ta jambe, elle va avoir froid. »

En même temps, elles s'aperçurent que le tabouret était trempé par un écoulement considérable. Elles renveloppèrent la jambe, mettant des paquets d'ouate supplémentaires, afin de lui rendre à peu près son volume primitif et voir la surprise de la Sœur.

Celle-ci vint le lendemain, pour le pansement. Elle défit l'ouate, et puis encore l'ouate : «Qu'il y en a donc aujourd'hui ! » dit-elle. Elle arriva enfin à la jambe, fluette et propre, et tomba sur une chaise : « Comment ! et ne me l'avoir pas dit! »

Mlle Sara constata, alors, que les progrès avaient continué pendant la nuit. A l'endroit du mollet, il s'était formé une croûte, comme de l'écorce d'arbre qui se fendillait et s'écaillait. Sous cette croûte, une peau neuve commençait -à se former. Le trou du pied était presque bouché. Toutes les autres profondes plaies étaient cicatrisées, et il n'y avait pas eu le moindre écoulement.

Le lundi 29, quand je vis la malade, la Sœur venait de laver la

 

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jambe et de la bander ; je n'avais que peu de temps à disposer, la Sœur aussi. Je les crus sur parole et ne voulus pas qu'on défît le pansement. Je constatai seulement le volume réduit de la jambe et, la Sœur, glissant le pansement qui se réduisait à presque rien (ouate et bandage), je vis la peau, absolument saine, de tout le haut de la jambe, depuis le genou jusqu'à la hauteur du mollet, c'est-à-dire sur tout ce qu'on put me découvrir de la jambe en glissant le bandage et la ouate. La peau était lisse et rosée comme une peau fraîche d'enfant. La jambe entière avait la même circonférence que l'autre, c'est-à-dire celle d'une jambe de femme, très maigre.

Depuis le vendredi, 26 janvier, la grosseur de l'aine droite (hernie) a diminué pour disparaître complètement, peu de temps après. La douleur s'est réduite à une simple et légère souffrance intermittente, semblable d'ailleurs à celle qui n'avait jamais quitté la jambe gauche. La croûte s'est écaillée, petit à petit, découvrant une peau neuve, rosée, lisse et saine, sur toute la longueur de la jambe.

Il est à noter qu'aucun changement n'avait été fait dans les pansements, qui se bornaient à des lavages d'eau bouillie et vin aromatique, avec quelques attouchements d'iode.

Cependant, Mlle Sara, n'ayant pas demandé la grâce de pouvoir marcher, son pied demeure inerte, sa jambe guérie n'est pas plus capable que l'autre de soutenir le poids de son corps. D'ailleurs, des hémoptysies et suffocations, datant presque du commencement de sa vie, retiennent la malade alitée.

 

Geneviève de Lalain Chomel.
André Zemma,

Vicaire à Saint-Laurent,
qui a visité la malade pendant de longs mois.

 

18 avril 1912.

 

+ Sceau de la paroisse Saint-Laurent.

 

Je remercie le Seigneur d'avoir été témoin d'une grâce si merveilleuse. J'ai vu la jambe pendant plusieurs mois et cette guérison immédiate est, pour moi, un vrai miracle.

 

M. M. Pady de Charentain.

 

22 avril 1912.

 

Mme Doré a vu Mlle Sara journellement, et affirme que sa guérison a été instantanée.

 

Mme Doré, Vve Egrenier.

 

J'ai bien prié Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, car elle avait toute ma confiance; je n'osais pas lui demander ma guérison, cela me semblait trop, mais je lui demandais un soulagement à mes souffrances qui devenaient intolérables. Cependant je lui disais que si Notre-

 

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Seigneur voulait que je souffre toujours, je ne l'en aimerais pas moins. J'ai été exaucée au delà de mon espérance.

 

Mabia-Sara Pecquet.

 

Vv Pecquet, mère de la malade.

 

Viennent encore trois signatures et six attestations de témoins très proches, dont un voyait journellement la malade, et l’autre l'a veillée plusieurs nuits, déclarant tous que la guérison leur parait un miracle.

 

La religieuse garde-malade, qui venait de temps à autre panser Mlle Pecquet, écrit :

« Le docteur me dit pendant l'été 1911 : « Ma Sœur, franchement, aurez-vous assez de courage pour continuer cet effroyable et affreux pansement? Cette jambe est gangrenée, pourrie jusque dans le fin fond de la moelle et des os, il faut absolument la couper ; la saison trop chaude nous y oblige; c'est un acte d'humanité et de charité. »

« En constatant la guérison, il resta anéanti, disant : « C'est un miracle et un grand ! Il n'y a que le bon Dieu et ses saints pour faire de telles choses! Je n'aurais jamais pensé être témoin d'une pareille guérison ! et moi qui ne songeais qu'à me défaire de ce membre infect et gâté, horrible dégoût, pour la malade et ceux qui l'approchaient !... »

 

Suit le certificat du docteur F., délivré en 1911, et cité au cours de la relation.. Il est accompagné d'une observation médicale détaillée du docteur Marin, médecin habituel de Mlle Pecquet, observation en accord avec le récit de Mlle de Lalain-Chomel, et le résumant brièvement.

De nombreuses lettres écrites par Mme Pecquet au cours de sa maladie sont jointes au dossier, ainsi que des lettres de témoins, parlant de sa guérison.

 

Cette guérison n'a pas tardé à se compléter. Enhardie par le miracle obtenu, Mlle Pecquet demanda, par l'intercession de Sœur Thérèse, la grâce de pouvoir marcher, et elle fut exaucée. Cet état se maintient ; témoin ce passage d'une lettre écrite le 18 mars 1913 par la miraculée :

 

« Je continue à marcher et je travaille beaucoup ; je fais le ménage et la cuisine. Ma jambe qui était perdue est maintenant la plus solide... »

 

446 — Guérison d'une infirme, atteinte depuis dix ans d'ulcères variqueux.

 

Institution de Notre-Dame des Missions,
Highgate Hill, Perth (Australie), 26 août 1912.

 

C'est le cœur débordant de joie et de gratitude, ma Rde Mère, que je vous écris aujourd'hui.

Un grand miracle a été obtenu, à deux pas du couvent, après une neuvaine laite à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus.

Il y a quinze jours, en la féte de l'Assomption, je visitais quelques malades de la paroisse et, par hasard, quelqu'un me dit dans le cours de la conversation : « N'est-ce pas une grande épreuve, pour

Guérisons particulièrement remarquables.

 

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Mme O'Driscoll, que d'être ainsi tenue sur un lit de douleur et souffrant si cruellement de sa jambe !... » Je savais que la bonne dame souffrait de varices, depuis nombre d'années, qu'elle avait eu deux opérations, et que les cinq ou six docteurs qu'elle avait consultés disaient qu'elle en souffrirait toute sa vie. Comme je passais en face de chez elle, j'entrai pour la voir.

Elle vint en se traînant et se tenant aux murs, pour ne pas tomber. Après avoir entendu ses plaintes, je lui dis : « Si vous avez de la foi, la petite Sœur Thérèse vous guérira. — Hélas ! répondit-elle, j'ai fait des neuvaines à tous les saints, mainte et mainte fois à la sainte Vierge, avec de l'eau de Lourdes, tout est inutile ! » Elle pleurait à fendre le cœur.

Je me mis à lui parler de ma petite sainte favorite, des miracles qu'elle avait faits ; mais, comme Mme O'Driscoll ne la connaissait point, elle ne semblait pas très désireuse de lui faire une neuvaine. Cependant, j'invoquai Sœur Thérèse avec elle, lui remis une relique et partis.

Le dernier jour de la neuvaine, elle nous fit dire qu'elle était guérie et, le lendemain matin, vint nous voir.

Elle qui, neuf jours auparavant, ne pouvait se tenir sur sa jambe, marchait comme une personne qui n'a jamais souffert de rien. Elle nous dit qu'elle pourrait aller à pied à Fremantle, qui se trouve à 12 kilom. de Penh. Elle pouvait à peine parler, tant son émotion était grande ! Songez, ma Mère, il ne restait plus de trace de sa maladie : plus de douleur, plus de plaie, pas même la croûte qui couvre toute plaie quand elle se ferme !...

Je lui dis que j'étais fâchée qu'elle ne nous ait pas montré sa jambe, le 15 août, quand elle était si malade ; mais elle nous répondit qu'elle n'aurait pu le faire, car nous en aurions été effrayées. Depuis, elle a lavé son linge et ses planchers (dans ce pays, on lave les planchers avec une brosse à main, à genoux par terre), et cela sans aucune fatigue ou difficulté. En un mot, elle est radicalement guérie.

Elle sanglotait, non de douleur, mais de reconnaissance, en me racontant ce qui suit :

Immédiatement après que nous avions quitté sa demeure, elle mit la relique dans un linge (car des quantités de sang et d'humeur sortaient de sa jambe) et l'appliqua sur la plaie. Aussitôt, elle éprouva comme un sentiment de bien-être qui l'envahit et, graduellement, la plaie se ferma.

 

Sr Marie de l’Immaculée-Conception,
religieuse de N.-D. des Missions.

 

Extraits de la relation de la malade guérie.

 

« J'étais atteinte, depuis 10 ans, d'ulcères variqueux, et les médecins me disaient incurable. Depuis le mois de décembre 1911, j'étais presque estropiée et ne pouvais mettre le pied par terre.

 

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« L'amélioration me semble avoir commencé au moment où j'appliquai sur ma jambe la relique de Sœur Thérèse (terre recueillie sous le premier cercueil de la Servante de Dieu). C'était le 15 août; la plaie de la cheville était alors si profonde qu'on aurait pu v mettre un chapelet de grosseur ordinaire. «

Elle commença donc aussitôt à se fermer et elle continua à le faire les jours suivants. Le neuvième jour, ce trou n'avait plus que la surface d'une pointe d'épingle et, le lendemain de la neuvaine, il avait entièrement disparu ; une peau neuve recouvrait la place de la plaie.

Depuis ce jour (25 août) j'ai été délivrée de toute douleur et j'ai pu faire à pied des courses de plusieurs kilomètres, sans en éprouver la moindre fatigue.

 

Mary Ann O'Driscoll.

 

24 septembre 1912, 98, Harold Street, Perth, Australie.

 

Suivent les attestations de plusieurs témoins et celle d'un des vicaires de la paroisse qui les confirme toutes.

 

Nouvelle lettre de Sr Marie de l’Immaculée-Conception.

 

25 octobre 1912.

 

« La semaine dernière, Mme O'Driscoll sortit dans sa cour, sans lumière; il faisait nuit; un fil de fer se trouvait sur son chemin, elle s'y embarrassa, déchira son bas et se fit une énorme égratignure à la jambe autrefois malade, et juste a l'endroit où se trouvait la plaie. Si celle-ci n'avait pas été parfaitement guérie, ne se serait-elle pas rouverte par cet accident?... Or, rien n'en a résulté, rien qu'une simple égratignure ! »

 

447 — Guérison d'un ulcère gangreneux.

 

Maison des Enfants trouvés.
Scranton-Philadelphie, Etats-Unis, oct. 1912.

 

Pour l'honneur et la gloire de Dieu, et avec l'espoir que ma guérison pourra avancer la Cause de la « petite Fleur de Jésus », je suis heureuse de pouvoir attester un miracle obtenu par son intercession.

Au printemps dernier je fus atteinte d'un mal de pied. Les secours médicaux n'apportaient aucun soulagement ; aussi nous réclamâmes l'aide céleste de la petite Sœur Thérèse.

Le 3 mai 1912, la Mère Supérieure et la Communauté de la Maison-Mère, collège de Sainte-Marie, Scranton, Philadelphie, commencèrent une neuvaine à Sœur Thérèse, à laquelle s'unit ma communauté.

Quatre heures après le commencement de notre neuvaine, une amélioration très marquée se produisit.

Le lendemain, 4 mai, la plaie était complètement guérie, et nulle trace de la maladie ne s'est montrée depuis!

 

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Le docteur qui me soignait a déclaré que la guérison était un miracle remarquable.

 

Sr M. Célestine,
Supérieure de l'Hospice des Enfants trouvés
et de la Maternité de Scranton.

R. Joseph A. Bayle, prêtre.
R. Ino. J. O'Neill, prêtre.
Mère M. Cyril.

Mlle Alice Brice, garde-malade diplômée.

 

Observation médicale (1).

 

Le docteur commence par déclarer que, comme médecin habituel de l'hospice, il a été en contact journalier, depuis vingt ans, avec la malade, et qu'il la savait, par ses sœurs, « atteinte depuis plusieurs mois de la maladie ennuyeuse et fatigante, connue sous le nom de pruritus »; il ajoute que la furonculose commença à se déclarer chez elle vers la même époque. Ayant alors pensé que le diabète mellitus pouvait être cause de ces pénibles éruptions, il avait ordonné une analyse qui « révéla une gravité spécifique de 1045 + et une grande quantité de sucre. »

Le docteur continue ainsi :

« La démangeaison et les éruptions douloureuses furent soignées par des lotions sédatives et des onguents calmants; mais tout ceci ne servait qu'à donner un soulagement passager, et le pruritus et la furonculose continuèrent obstinément à se manifester.

« Vers le 8 avril 1912, la Rde Mère Supérieure fut atteinte d'une douleur atroce dans le petit doigt du pied qui, pour la première fois dans sa vie à l'Institut, la rendait incapable de faire aucun travail. Des cataplasmes émollients et des lotions anodines furent employés, avec peu de succès, pour soulager la douleur. Au bout de quelques jours la partie du pied enflammée commença à suppurer, ce dont la malade ressentit beaucoup de soulagement.

« Elle était tout le temps soignée par une garde-malade diplômée, ainsi que par ses deux fidèles assistantes : les sœurs Mary Rose et Mildred. Des lotions antiseptiques furent employées, mais les lésions commencèrent à montrer les symptômes caractéristiques d'un ulcère rongeur, et à envahir les tissus plus profonds dans la plante du pied, sans donner aucun signe qu'elles pourraient guérir avec le traitement qu'on employait. Les parties situées au-dessus et au-dessous de l'ulcère commencèrent à devenir livides et à manifester des symptômes d'une gangrène naissante.

« Croyant qu'on serait peut-être obligé d'avoir recours aux moyens chirurgicaux, j'ai suggéré l'utilité d'une consultation avec un autre docteur. Les bonnes sœurs y consentirent volontiers, et je

 

(1) Cette observation médicale est fort longue, aussi en résumons-nous le commencement.

 

 

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parlai alors du D' Reed Burns, éminent chirurgien de cette ville. Je fis visite au docteur moi-même et, quand je lui eus décrit le cas, il me déclara que son opinion était que nous étions en présence d'un ulcère gangreneux naissant, causé par le diabète mellitus. Il affirma aussi qu'un ulcère montrant une telle virulence pourrait demander l'amputation d'une partie du membre.

« Le docteur fixa une heure où il lui serait commode de faire une consultation avec moi, le lendemain 4 mai 1912.

« En attendant, et dans les dix ou douze heures qui suivirent, on m'a téléphoné pour me prier de retarder la consultation, car l'état de la Supérieure s'était beaucoup amélioré, ainsi que tous les symptômes de son cas.

« J'ai fait visite à l'Institut, le 5 mai 1912, et j'ai trouvé que l'ulcère avait cessé de suppurer, que la démangeaison du pruritus et les lésions qui en résultaient, aussi bien que les masses de furoncles, avaient disparu. » D' John O. Malley.

Le docteur dit encore que « depuis le 4 mai 1912, il n'y a pas eu de retour du mal ni de ses symptômes », et son observation est signée et datée du. Il octobre 1912.

Le diabète, dont on n'avait pas demandé la guérison, a presque disparu lui-même :

« Une analyse faite hier, écrit le docteur en terminant son rapport, montre une gravité spécifique normale de 1020, et il n'y a plus qu'une petite trace de sucre. »

 

448 — Guérison d'une mère de famille atteinte depuis dix ans de plaie variqueuse.

 

Mme Elisabeth Green, âgée de quarante-huit ans, habite à Edimbourg (Ecosse), 55, Albert Street. Depuis dix ans environ, elle souffrait d'une plaie variqueuse qui lui causait de fortes douleurs, l'empêchait de marcher et de tenir son ménage. Plusieurs médecins l'avaient soignée, une garde-malade l'avait pansée pendant très longtemps; mais ni remèdes, ni pansements n'avaient amélioré la plaie.

Mme Green apprit à connaître Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus par un article du Catholic Herald ; et, dans les premiers jours d'avril, elle eut l'idée de lui faire une neuvaine pour obtenir sa guérison.

« Vers le troisième ou quatrième jour de la neuvaine, voyant que le mal diminuait, elle eut l'étrange idée de faire acheter un onguent « pour que cela aille plus vite ! » (Mme Green donne ce détail en riant d'elle-même.) Mais, le lendemain, la plaie avait empiré. Elle enleva alors l'onguent, lava soigneusement pour qu'il n'en restât rien, et continua la neuvaine sans plus rien appliquer sur la plaie.

Dès lors elle vit cette plaie diminuer si rapidement, qu'à la fin de la neuvaine elle était réduite à la grosseur d'une tête d'épingle.

 

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« Ma plaie demeura ainsi environ deux semaines, raconte Mme  Green, mais je ne ressentais plus aucune douleur.

« A la fin de ces deux semaines, un matin, je vis la petite Sœur Thérèse. Elle était très brillante et entourée de lumière. Elle se pencha sur moi et je la sentis qui défaisait mon bandage. Elle était toute souriante et je m'éveillai en lui souriant à mon tour, éprouvant une impression de très grande joie.

Je regardai alors ma plaie ; elle était complètement guérie ! »

Mme Green dit qu'elle « s'éveilla » ; mais elle écrit d'abord que sa plaie ne fut pas complètement guérie avant « le matin de la vision ». Les renseignements, donnés par une religieuse qui l'a interrogée à cet égard, font penser qu'elle se trouvait dans un état surnaturel qui n'était ni la veille ni le sommeil. Elle « avait été parfaitement éveillée » avant de tomber dans ce « demi-sommeil », où elle vit et sentit Sœur Thérèse défaire son bandage.

Les plus jeunes enfants de Mme Green, deux fillettes de onze et de dix ans, avec lesquelles elle avait fait la neuvaine, arrivèrent, comme tous les autres matins, en lui demandant des nouvelles de sa jambe. La mère leur fit alors constater ce qu'elle avait eu la joie de voir elle-même, peu d'instants auparavant.

Il y a plus de neuf mois que cette guérison s'est accomplie et nulle rechute, nul symptôme du retour du mal n'a eu lieu ni ne s'est montré depuis.

La religieuse, dont le témoignage a déjà été invoqué, a écrit ce qui suit, le 13 novembre 1912 :

« Mme Green va et vient, fait son ouvrage comme si elle n'avait jamais eu de mal. J'ai vu sa jambe ; la peau, à la place de l'ancien mal, est tendue et comme cirée ; la couleur rouge et violette trace l'étendue de la plaie qui était assez grande, juste au-dessus du pied. J'ai touché l'endroit assez fortement, sans que le moindre signe de souffrance ait paru. Mme Green, elle-même, a frappé durement, à la place où était le mal, et m'a répété plusieurs fois qu'il n'y avait pas d'autre sensation qu'en tout autre endroit du membre guéri.

 

La relation qui précède est faite, comme on l'a vu, d'après une lettre de Mme Green et le récit écrit par une religieuse de la Merci, du couvent d'Edimbourg.

 

Le Rd Père Taylor de Glascow, témoin au Procès de Béatification de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, s'étant rendu à Edimbourg, pour y donner une conférence sur la Servante de Dieu, a vu également Mme Green et a pu s'assurer de la valeur de son témoignage. Il écrit le 20 janvier 1913 :

 

« J'ai trouvé, en Mme Green, une âme droite et pieuse ; elle est membre de la classe ouvrière, si protégée par Sœur Thérèse. Son rapport m'a convaincu par sa sincérité.

« Il y avait dix ans qu'elle ne marchait qu'en boitant; maintenant sa marche est normale, sans claudication. »

 

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449 — Guérison d'un ulcère variqueux, obtenue à la suite de la lecture d'un article, écrit par Monseigneur de Teil dans « la Croix de Paris ».

 

Mme Anna Rancoule, âgée de 60 ans, demeurant à Carcassonne, rue Barbacanne, n° 117, paroisse de Saint-Gimer, a été atteinte le 10 septembre 1911, sur la face antérieure de la jambe droite, d'un abcès de nature maligne qui détermina, dans la suite, une plaie ulcéreuse

M. le Dr C. dut recourir, dès le début, aux cautérisations au fer rouge, on parla même de l'amputation du membre.

Mme Rancoule ne continua pas moins à s'adresser au Dr C.

Malgré la teinture d'iode, l'eau oxygénée et des lavages avec des solutions au sublimé, la plaie demeurait toujours. Elle était irrégulière, de six centimètres sur cinq environ ; elle était profonde et laissait apercevoir l'os, une suppuration constante, avec écoulements sanguinolents, épuisait la malade ; les douleurs très vives rendaient le sommeil à peu près impossible et provoquaient parfois des syncopes ; la jambe était enflée, de nombreux et gros furoncles surgissaient sur cette jambe.

C'est dans ces conditions de gravité que, le 9 octobre 1912, Mme Rancoule lut, dans le journal « La Croix », un article sur la dévotion à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus ; le journal avait reproduit le portrait de la pieuse Carmélite.

Mme Rancoule en fut frappée, elle découpa l'image et, animée d'une grande confiance, elle la fixa, le soir, au moyen d'une bande, sur son pansement. Elle s'endormit bientôt d'un bon sommeil.

Le matin du 10 octobre, à son réveil, elle trouva l'image couverte d'un dépôt de sang; l'enflure et la douleur avaient disparu, la plaie s'était si sensiblement améliorée qu'elle put reprendre le jour même, et sans fatigue, ses occupations.

Trois ou quatre jours après, la plaie était cicatrisée et entièrement couverte d'une peau fine, qu'il suffisait de protéger par une toile légère, sur laquelle la malade continuait à placer la précieuse image. Tout lui était redevenu facile : marcher, travailler, se mettre à genoux.

Un mois après sa guérison, Mme Rancoule tomba, accidentellement, sur le rebord d'une marche d'escalier de pierre et donna, de tout son poids, sur la partie de la jambe antérieurement guérie. Il n'en est résulté qu'une écorchure superficielle ; elle a pu continuer son travail et, sans qu'il y ait eu aucun traitement, il ne s'est produit aucune récidive du mal ancien.

La guérison si subite d'une plaie invétérée est jugée comme un fait miraculeux, par les personnes qui avaient suivi les progrès du mal et en connaissaient toute la gravité.

 

C'est avec foi et reconnaissance que nous voulons rendre honneur

 

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à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, à qui nous affirmons devoir cette guérison, en signant la présente déclaration dont nous confirmons la parfaite exactitude.

 

Rancoule Louis,
Anna Rancoule,
née Dagnac.

 

Carcassonne, le 17 novembre 1912.

 

Le curé de St-Gimer, Carcassonne, soussigné, certifie que tous les faits relatifs à la guérison miraculeuse de Mme Anna Rancoule, sa paroissienne, sont conformes à la plus scrupuleuse vérité; et il légalise sa signature ci-dessus et celle de son mari.

 

Abbé Pons, curé de Saint-Gimer,
chan. hon.

 

Carcassonne, 1er décembre 1912.

+ Sceau de la paroisse.

 

Une ordonnance de M. le Dr C. de la Bastide d'Anjou (Aude), datée du 22 avril 1912, déclare Mme Rancoule atteinte de phlegmon-eczéma-ulcère.

 

Certificat du médecin ordinaire de Mme Rancoule.

 

La dame Rancoule Anna, âgée de 60 ans, a été soignée par nous, il y a environ un an, pour abcès de la jambe qui détermina par la suite une plaie à tendance ulcéreuse.

 

Docteur C.

 

Carcassonne, le 31 octobre 1912.

Légalisation de l'Evêché.

 

Autre certificat médical.

 

Je soussigné certifie que Mme Rancoule Anna, atteinte d'une large ulcération de la jambe droite, est aujourd'hui complètement guérie.

 

Docteur V.

 

Carcassonne, le 15 novembre 1912.

Légalisation de l'Evêché.

 

Lettre de M. le Curé de la paroisse Saint-Gimer.

 

Carcassonne, 10 décembre 1912.

 

A propos de Mme Rancoule, je tiens à vous faire part, ma Rde Mère, de deux faits qui se sont produits, et dont l'un reste pour ainsi dire permanent. L'heureuse miraculée me les a dits plusieurs fois et, ce soir encore, 10 décembre 1912, me trouvant chez elle, je [m'en suis fait faire le récit. Elle s'est exprimée ainsi :

« Dans la journée du 13 novembre 1912, c'est-à-dire un mois après l'accomplissement de ma guérison, Mme S. reçut un avis lui annonçant l'arrivée de Mgr de Teil, le vice-postulateur. Je n'en savais

 

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rien, je ne l'ai appris que dans la journée du lendemain, 14 novembre. Or, dans la nuit du 13 au 14, je vis ma chambre illuminée. Je crus à un éclair ou à un incendie dans la maison voisine, dont nous ne sommes séparés que par une cloison. Je me levai, j'allai à la fenêtre et je l'ouvris : mais il n'y avait rien, tout était calme et silencieux. »

Pour le second fait, voici comment elle s'est exprimée : « Depuis que j'ai eu le bonheur d'être guérie par Sœur Thérèse, je suis souvent embaumée par un parfum délicieux d'héliotrope. Cela m'arrive plusieurs fois dans la journée, chez moi, aux Halles (1), la nuit, quand je m'éveille. Il dure très peu ; je ne puis mieux le comparer qu'à ce que l'on éprouve quand on se croise avec une personne parfumée.

« J'ai passé trois jours de la semaine dernière (c'étaient les 3, 4 et 5 décembre) sans rien sentir, mais maintenant c'est revenu : ce matin aux Halles, je l'ai éprouvé. Je réponds alors : « Bonjour, ma Reine ! » et je prie pour les âmes du purgatoire, parce que je sais que la Sainte avait pour elles une grande dévotion. »

Elle me parlait ainsi aujourd'hui même, 10 courant, à 4 heures, et nous étions assis dans son petit salon, auprès d'une table, quand tout à coup : « Voilà, dit-elle, je sens pleinement ce parfum ! » Cela a duré une demi-seconde. Son mari et moi, qui étions avec elle, nous n'avons rien perçu.

J'ai voulu, ma Rde Mère, vous faire part de tout cela, au cas où vous jugeriez qu'il fût bon de le relater à la suite de ce qui a été déjà écrit.

 

Abbé Pons,
chan. hon.

 

450 — Guérison subite d'un ulcère variqueux datant de 37 années.

 

Il n'est pas possible, à cause de la discrétion promise à l'un des intéressés, de donner la copie des documents recueillis sur cette magnifique guérison. Mais en voici le récit exact, fait d'après ces documents.

Mr X., âgé de 76 ans en 1912, était atteint d'un ulcère variqueux depuis le mois d'octobre 1875. Dans sa relation, datée du 30 septembre 1912, il écrit que durant ces trente-sept années, il soutint par moments un vrai martyre. Il vit plus de vingt médecins et, sur ce nombre, un seul réussit à le soulager, mais non à le guérir.

Mr X. demeure dans un hospice de vieillards. En juillet 1912, une recrudescence de son mal l'obligea à s'installer à l'infirmerie; à la fin d'août, la plaie commença à suppurer en telle abondance qu'il fallait changer les draps du malade deux et trois fois par jour. Le

 

(1) Mr Rancoule exerce la profession de serrurier, et Mme Rancoule est charcutière aux Halles.

 

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pus était vert et répandait une mauvaise odeur. Le malade pleurait à chaque pansement.

Voici la description du mal faite par la Sœur infirmière :

Toute la peau de la jambe gauche était enlevée ; l'ulcère occupait, à la face interne de cette jambe, une surface égalant à peu près celle de deux pièces de cinq francs ; la plaie était profonde à son centre. Le seul remède employé consistait en des pansements humides.

Emues de pitié devant les souffrances du vieillard, les religieuses l'engagent à prier Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus. Il se rend à leur conseil et commence une neuvaine le jeudi 19 septembre 1912.

Dans la nuit du 22 au 23 septembre, étant parfaitement éveillé, le malade aperçoit dans la demi-obscurité une forme humaine qui passe devant lui.

Le lendemain matin à neuf heures, la Sœur infirmière arrive; elle défait le pansement. Les linges sont absolument secs et dans l'état où elle les a mis la veille; la peau de la jambe est parfaitement reformée et l'ulcère complètement guéri.

 

Le certificat médical, daté de ce même jour, vient renforcer le témoignage du malade et des religieuses :

 

Certificat médical.

 

23 septembre 1912.

 

Je soussigné certifie que Mr X. présente actuellement, à la face interne de la jambe gauche, à 10 centimètres environ au-dessus de la malléole, les trous d'un ancien ulcère variqueux entièrement cicatrisé.

 

Docteur ***

 

Depuis ce jour le vieillard marche facilement et sans éprouver ni fatigue ni douleur.

 

Mais ce miracle, pour remarquable qu'il soit, semble l'être moins aux yeux de M. X. que la grâce spirituelle qui l'a suivi. La discrétion nous empêche encore d'en préciser la nature, mais il l'appelle une guérison d'âme. De fait, aux yeux de ceux qui l'entourent, un admirable progrès dans la piété s'est produit chez lui, puisque maintenant il fait la Communion quotidienne.

L'affectueuse dévotion qu'il témoigne à sa petite sainte a été récompensée par un nouveau miracle, bien petit, comparé au premier, mais bien intéressant quand même :

Ayant voulu faire brûler un cierge pour remercier Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus des grâces qu'il avait obtenues par elle, ce cierge a brûlé toute une journée sans subir aucune diminution.