Air : Petit oiseau, dis, où vas-tu ?
Il est des âmes sur la terre
Qui cherchent en vain le bonheur;
Mais, pour moi, c'est tout le contraire,
La joie habite dans mon coeur.
Cette fleur n'est pas éphémère,
Je la possède sans retour ;
Comme une rose printanière,
Elle me sourit chaque jour.
Vraiment je suis par trop heureuse,
Je fais toujours ma volonté ;
Pourrais-je n'être pas joyeuse
Et ne pas montrer ma gaîté ?
Ma joie est d'aimer la souffrance,
Je souris en versant des pleurs.
J'accepte avec reconnaissance
L'épine au milieu de mes fleurs.
Lorsque le ciel bleu devient sombre,
Et qu'il semble me délaisser,
Ma joie est de rester dans l'ombre,
De me cacher, de m'abaisser.
Ma paix, c'est la volonté sainte
De Jésus, mon unique amour
Ainsi je vis sans nulle crainte ;
J'aime autant la nuit que le jour.
Ma paix, c'est de rester petite ;
Aussi, quand je tombe en chemin,
Je puis me relever bien vite,
Et Jésus me prend par la main.
Alors, le comblant de caresses,
Je lui dis qu'il est tout pour moi...
Et je redouble de tendresses,
Lorsqu'il se dérobe à ma foi.
Ma paix, si je verse des larmes,
C'est de les cacher à mes soeurs.
Oh ! que la souffrance a de charmes,
Quand on sait la voiler de fleurs !
Je veux bien souffrir sans le dire,
Pour que Jésus soit consolé ;
Ma joie est de le voir sourire
Lorsque mon coeur est exilé.
Ma paix, c'est de lutter sans cesse
Afin d'enfanter des élus;
C'est de redire avec tendresse,
Bien souvent, à mon doux Jésus
Pour toi, mon divin petit Frère,
Je suis heureuse de souffrir !
Ma joie unique sur la terre,
C'est de pouvoir te réjouir.
Longtemps encor je veux bien vivre,
Seigneur, si c'est là ton désir.
Dans le ciel je voudrais te suivre,
Si cela te faisait plaisir.
L'amour, ce feu de la patrie.
Ne cesse de me consumer;
Que me fait la mort ou la vie ?
Mon seul bonheur, c'est de t'aimer ...
21 janvier 1897