Composé
par la Bienheureuse en 1894.
Air
: Pitié, mon Dieu.
O Dieu vainqueur ! l'Eglise tout entière
Voudrait bientôt honorer sur l'autel
Une martyre, une vierge guerrière
Dont le doux nom retentit dans le ciel.
Par ta puissance,
O Roi du ciel !
Donne à Jeanne de France
L'auréole et l'autel.
Un conquérant pour la France coupable,
Non, ce n'est pas l'objet de son désir;
De la sauver Jeanne seule est capable
Tous les héros pèsent moins qu'un martyr!
Jeanne, Seigneur, est ton oeuvre splendide.
Un coeur de feu, une âme de guerrier,
Tu les donnas à la vierge timide,
La couronnant de lis et de laurier.
Elle entendit, dans son humble prairie,
Des voix du ciel l'appeler aux combats ;
Partant alors pour sauver la patrie,
Son seul aspect ébranla les soldats.
Des fiers guerriers, Jeanne gagna les âmes
L'éclat divin de cet ange des cieux,
Son pur regard, ses paroles de flammes,
Surent courber les fronts audacieux.
Par un prodige unique dans l'histoire,
On vit alors un monarque tremblant
Reconquérir sa couronne et sa gloire
Par le moyen d'un faible bras d'enfant.
Ce ne sont pas de Jeanne les victoires
Que nous voulons célébrer en ce jour;
Nous appelons ses véritables gloires
La pureté, le martyre et l'amour.
En combattant elle sauva la France,
Mais il fallait à ses grandes vertus
Le sceau divin d'une amère souffrance,
Cachet béni de son Epoux, Jésus.
Sur le bûcher, sacrifiant sa vie,
Jeanne entendit la voix des bienheureux,
Elle quitta l'exil pour la patrie.
L'ange sauveur remonta vers les cieux !...
Enfant, c'est toi notre douce espérance;
Nous t'en prions, daigne entendre nos voix;
Descends vers nous !
Viens convertir la France,
Viens la sauver une seconde fois !
Par la puissance
Du Dieu vainqueur,
Sauve, sauve la France,
Ange libérateur !
Chassant l'Anglais hors du pays de France,
Fille de Dieu, que tes pas étaient beaux !
Mais souviens-toi qu'aux jours de ton enfance,
Tu ne gardais que de faibles agneaux.
Prends la défense
Des impuissants,
Conserve l'innocence
Dans le coeur des enfants.
Douce martyre, à toi nos monastères !
Tu le sais bien, les vierges sont tes soeurs
Et, comme toi, l'objet de leurs prières
C'est de voir Dieu régner dans tous les coeurs.
Sauver les âmes
Est leur désir,
Ah ! donne-leur tes flammes
D'apôtre et de martyr !
Bien loin de nous s'enfuira toute crainte,
Quand nous verrons l'Eglise couronner
Le front si pur de Jeanne notre sainte;
Et c'est alors que nous pourrons chanter
Notre espérance
Repose en vous,
Sainte Jeanne de France,
Priez, priez pour nous !
8 mai 1894.