RÉCRÉATION PIEUSE
à genoux près de la
Crèche, tenant un encensoir et des roses
Air: Tombé du nid.
O Verbe-Dieu! gloire du Père !
Je te contemplais dans le ciel ;
Maintenant je vois sur la terre
Le Très-Haut devenu mortel
Enfant, dont la lumière inonde
Les Anges du brillant séjour,
Jésus, tu viens sauver le monde,
Qui donc comprendra ton amour ?
O Dieu dans les langes,
Tu ravis les Anges !
Verbe fait enfant,
Vers toi, je m'incline en tremblant.
Qui donc comprendra ce mystère
Un Dieu se fait petit enfant ?
Il vient s'exiler sur la terre,
Lui, l'Eternel, le Tout-Puissant !
Divin Jésus, beauté suprême,
Je veux répondre à ton amour
Pour témoigner combien je t'aime,
Je te veillerai nuit et jour.
L'éclat de tes langes
Attire les Anges ;
Verbe fait enfant,
Vers toi, je m'incline en tremblant.
1 Rôle rempli par la Bienheureuse Thérèse de l'Enfant-Jésus.
Depuis que ce séjour de larmes
Possède le Roi des élus,
Pour moi, les cieux n'ont plus de charmes,
Et j'ai volé vers toi, Jésus !
Je veux te couvrir de mes ailes,
Te suivre partout ici-bas;
Et toutes les fleurs les plus belles,
Je les sèmerai sous tes pas.
Je veux d'une étoile brillante,
Enfant, te former un berceau ;
Et, de la neige éblouissante,
Te faire un gracieux rideau.
Je veux, des lointaines montagnes,
Abaisser pour toi les hauteurs ;
Je veux que pour toi les campagnes
Produisent de célestes fleurs.
De Dieu, la fleur est le sourire ;
Elle est l'écho lointain du ciel,
Le son fugitif de la lyre
Que tient en sa main l'Eternel.
Cette note mélodieuse
De la bonté du Créateur
Veut, de sa voix mystérieuse,
Glorifier le Dieu Sauveur.
Douce mélodie,
Suave harmonie,
Silence des fleurs,
D'un Dieu vous chantez les grandeurs!
Je sais que tes chères amies,
Jésus, sont les vivantes fleurs...
Tu viens des célestes prairies
Pour chercher les âmes, tes soeurs.
Une âme est la fleur embaumée,
Enfant, que tu voudrais cueillir;
Ta petite main l'a semée
Et pour elle tu veux mourir !
Mystère ineffable !
Le Verbe adorable
Versera des pleurs
En cueillant sa moisson de fleurs !
tenant le voile de
Véronique. Air: L'encens divin.
Divin Jésus, au matin de ta
vie,
Ton beau Visage est tout baigné de pleurs !
Larmes d'amour, sur la Face bénie,
Vous coulerez jusqu'au soir des douleurs...
Divine Face,
Oui, ta beauté,
Pour l'Ange efface
La céleste clarté !
Je reconnais, de ton divin Visage
Tous les attraits, sur ce voile sanglant;
Je reconnais, Jésus, en cette image,
L'éclat si pur de ta Face d'enfant.
Divin Jésus, la souffrance t'est chère,
Ton doux regard pénètre l'avenir
Tu veux déjà boire la coupe amère;
Dans ton amour, tu rêves de mourir !
Rêve ineffable !
Enfant d'un jour,
Face adorable,
Vous m'embrasez d'amour !
tenant une oriflamme.
Air: Noël! Noël! laeta
voce Noël.
Ne pleurez plus, Anges du Dieu Sauveur,
Je viens du ciel consoler votre coeur.
Ce faible Enfant
Un jour sera puissant;
Il ressuscitera,
Et toujours régnera.
O Dieu caché sous les traits d'un enfant,
Je te vois rayonnant,
Et déjà triomphant !
Je lèverai la pierre du tombeau,
Et, contemplant ton Visage si beau,
Je chanterai
Et me réjouirai,
Te voyant de mes yeux
T'élever glorieux !
Je vois briller des divines splendeurs
Tes yeux d'enfant, ce soir mouillés de pleurs.
Verbe de Dieu,
Ta parole de feu Doit retentir un jour
Consumante d'amour
tenant un Calice
surmonté d'une hostie.
Air; Par les chants les
plus magnifiques.
Contemplez, bel Ange, mon frère,
Notre Roi montant vers le ciel ;
Moi, je descends sur cette terre
Pour l'adorer au saint autel.
Voilé dans son Eucharistie,
Je reconnais le Tout-Puissant,
Je vois le Maître de la vie
Bien plus petit qu'un humble enfant.
Ah ! désormais, au sanctuaire
Je veux établir mon séjour,
Offrant au Très-Haut ma prière,
L'hymne de mon ardent amour.
Sur ma lyre mélodieuse,
Je chanterai le Dieu Sauveur,
Et la Manne délicieuse
Qui nourrit l'âme du pécheur !
Que ne puis-je, par un miracle,
Me nourrir aussi de ce Pain!
Ah ! que ne puis-je au Tabernacle,
Prendre ma part du Sang divin !
Du moins, à l'âme aimante et sainte,
Je communiquerai mes feux,
Afin que, sans la moindre crainte,
Elle approche du Roi des cieux.
tenant des balances et un
glaive.
Air: Noël (d'ADAM).
Bientôt viendra le jour de la vengeance,
Ce monde impur passera par le feu.
Tous les mortels entendront la sentence
Qui sortira de la bouche de Dieu.
Nous le verrons dans l'éclat de sa gloire,
Non plus caché sous les traits d'un enfant,
Nous serons là pour chanter sa victoire,
Et proclamer qu'il est le Tout-Puissant !
Ils brilleront d'un éclat ineffable,
Ces yeux voilés de larmes et de sang.
Nous la verrons cette Face adorable,
Dans la splendeur de son rayonnement !
Sur le nuage, en voyant apparaître
Jésus, portant le sceptre de sa croix
L'impie, alors, pourra le reconnaître
Ce Roi, ce Juge, aux éclats de sa voix !
Vous tremblerez, habitants de la terre ;
Vous tremblerez à votre dernier jour !
Ne pouvant plus soutenir la colère
De cet Enfant, aujourd'hui Dieu d'amour.
Pour vous, mortels, il choisit la souffrance,
Ne réclamant que votre faible coeur ;
Au jugement vous verrez sa puissance,
Vous tremblerez devant le Dieu vengeur !
à genoux, à l'exception
de l'Ange du jugement dernier.
Air : O Coeur de notre
aimable Mère.
Oh ! daigne écouter la prière
De tes Anges, divin Jésus !
Toi qui viens racheter la terre,
Prends la défense des élus.
De ta main, ah ! brise ce glaive,
Apaise cet Ange en courroux !
Bel Enfant, que ta voix s'élève
Pour sauver le coeur humble et doux.
Air : Petit oiseau, dis,
où vas-tu?
Consolez-vous, Anges fidèles ;
Vous seuls, pour la première fois,
Loin des collines éternelles,
Du Verbe, écouterez la voix ;
Je vous chéris, ô pures flammes!
Anges du céleste séjour !
Mais, comme vous, j'aime les âmes,
Je les aime d'un grand amour.
Je les ai faites pour moi-même,
J'ai fait leurs désirs infinis ;
La plus petite âme qui m'aime
Devient pour moi le paradis.
L'Ange de l'Enfant Jésus
lui demande de cueillir sur la terre une abondante moisson d'âmes innocentes, avant
qu'elles soient ternies par le souffle impur du péché.
O bel Ange de mon enfance !
J'exaucerai tes voeux ardents
Je saurai garder l'innocence
En l'âme des petits enfants.
Je les cueillerai dès l'aurore,
Charmants boutons, pleins de fraîcheur ;
Au ciel tu les verras éclore
Sous les purs rayons de mon Coeur.
Leur belle corolle argentée,
Plus brillante que mille feux,
Formera la route lactée
De lazur étoilé des cieux.
Je veux des lis pour ma couronne,
Moi, Jésus, le beau Lis des champs,
Et je veux, pour former mon trône,
Une gerbe de lis brillants.
L'Ange de la Sainte Face demande le pardon des pécheurs.
Toi qui contemples mon Visage
Dans un ravissement d'amour,
Et qui, pour garder mon image,
Quittas le céleste séjour,
Je veux exaucer ta prière
Toute âme obtiendra son pardon,
Je la remplirai de lumière,
Dès qu'elle invoquera mon Nom.
O toi qui voulus sur la terre
Honorer ma croix, ma douleur ;
Bel Ange, écoute ce mystère
Toute âme qui souffre est ta soeur.
Au ciel, l'éclat de sa souffrance
Sur ton front viendra rejaillir ;
Et le rayon de ton essence
Illuminera le martyr.
L'Ange de l'Eucharistie
demande ce qu'il pourra faire pour le consoler de l'ingratitude des hommes.
Ange de mon Eucharistie,
C'est toi qui charmeras mon Coeur;
Oui, c'est ta douce mélodie
Qui consolera ma douleur.
J'ai soif de me donner aux âmes ;
Mais bien des coeurs sont languissants
Séraphin, donne-leur tes flammes,
Attire-les par tes doux chants.
Je voudrais que l'âme du prêtre
Ressemblât à l'Ange du ciel !
Ah ! je voudrais qu'il pût renaître
Avant de monter à l'autel.
Afin d'opérer ce miracle,
Il faut que, brûlantes d'amour,
Des âmes, près du Tabernacle,
S'immolent la nuit et le jour.
L'Ange de la
Résurrection demande ce que deviendront les pauvres exilés de la terre, quand le Sauveur
sera monté aux cieux.
Je remonterai vers mon Père,
Afin d'attirer mes élus;
Après l'exil de cette terre,
Dans mon Coeur ils seront reçus.
Quand sonnera la dernière heure,
Je rassemblerai mon troupeau ;
Et, dans la céleste demeure,
Je lui servirai de flambeau.
Oublieras-tu, Jésus, bonté suprême,
Que le pécheur doit être enfin puni ?
Oublieras-tu, dans ton amour extrême,
Que, des ingrats, le nombre est infini ?
Au jugement je châtierai le crime,
Et ma fureur saura se décharger.
Mon glaive est prêt !... Jésus, douce Victime,
Mon glaive est prêt ; je viendrai te venger !
O bel Ange, abaisse ton glaive,
Ce n'est pas à toi de juger
La nature que je relève
De la paix, je suis Messager.
Celui qui jugera le monde,
C'est moi... que l'on nomme Jésus !
De mon sang, la source féconde
Purifiera tous mes élus.
Sais-tu que les âmes fidèles
Me consoleront chaque jour
Des blasphèmes des infidèles,
Par un simple regard d'amour ?
Aussi, dans la sainte patrie,
Mes élus seront glorieux ;
Et, leur communiquant ma vie,
J'en ferai comme autant de dieux.
en s'agenouillant à son
tour.
Air: Dieu de paix et
d'amour.
Devant toi, doux Enfant, le Chérubin s'incline :
Il admire, éperdu, ton ineffable amour,
Il voudrait, comme toi, sur la sombre colline
Pouvoir mourir un jour !
REFRAIN
Chanté par tous les
Anges.
Qu'il est grand le bonheur de l'humble créature !
Le Séraphin voudrait, dans son ravissement,
Délaisser, ô Jésus, l'angélique nature,
Et devenir enfant...
Noël 1894.