TROISIÈME HOMÉLIE.
Que la méchanceté vient de la lâcheté et la vertu de la
vigilance; que ni les méchants ni le démon lui-même ne peuvent nuire à l'homme
vigilant, la démonstration est tirée des
premières sources, en particulier ce qui arriva à Adam et à Job.
ANALYSE. 1° Il y a deux jours pendant que les uns étaient à
l'Eglise pour entendre parler du démon et de ses ruses, les autres étaient occupés à
regarder au théâtre les pompes du démon. D'où vient cette différence? de la volonté des uns et des autres; donc la volonté seule nous
rend ou vertueux ou vicieux. 2° Ayons bonne volonté et le démon lui-même loin
de nous nuire nous servira. Il en sera de même des pécheurs. Voilà
pourquoi Dieu ne détruit pas le démon et pourquoi il permet le mélange des bons et des
méchants. 3° C'est donc la volonté seule qui rend l'homme coupable, cette
vérité est démontrée par la parabole des dix vierges, et par la pénitence des
Ninivites. 4°, 5° et 6° Par la chute d'Adam et par le triomphe de Job.
7° Exhortation.
1. Avant-hier j'ai entrepris de vous
parler du démon; et ce jour-là même, pendant que nous traitions ici ce sujet, d'autres
allaient prendre place au théâtre et contempler les pompes de Satan ; ceux-là
participaient à des chants de débauche et vous à l'enseignement de la doctrine de
vérité ; ceux-là se repaissaient d'impuretés diaboliques, et vous vous nourrissiez du
parfum spirituel qui est l'aliment de l'âme. Qui donc les a écartés des vrais
pâturages, qui donc les a détournés du bercail sacré?
Est-ce le diable qui les a séduits? Mais alors pourquoi ne vous a-t-il pas séduits
aussi? Ils sont hommes, vous aussi; vous avez les uns et les autres la même nature:
comment donc se fait-il que vous ne soyiez pas les uns et les
autres dans les mêmes dispositions. Pourquoi ? Parce que vous n'avez pas les uns et les
autres la même volonté : ils ont voulu s'engager dans le piège de la séduction, vous
avez voulu rester en dehors. Si je parle ainsi, ce n'est pas que j'aie l'intention
d'innocenter le démon, c'est que je souhaite ardemment vous affranchir de vos péchés.
Le démon est mauvais, je le sais; mais il. l'est pour lui plus que pour nous, si nous
sommes vigilants; la dépravation est de telle nature qu'elle ne nuit qu'à ceux en qui
elle réside ; la vertu au contraire peut devenir utile non-seulement
à ceux qui la possèdent, mais encore à autrui. Pour vous montrer que l'homme mauvais
est mauvais pour lui seul et que l'homme bon est bon pour les autres comme pour lui-même,
je vous rapporterai la sentence proverbiale: Mon fils, si vous êtes mauvais, vous
épuiserez à vous seul la source du mal; si vous êtes sage, vous aurez la sagesse pour
vous et pour votre prochain. (Prov. IX, 12.)
Ils ont cédé à l'attrait séducteur du
théâtre; vous y avez résisté : voilà dans un seul fait la meilleure indication, la
démonstration la plus claire, la preuve péremptoire que partout la (165) volonté est maîtresse. Employez donc à
l'occasion le raisonnement suivant : quand vous voyez un homme qui, vivant dans le péché
et étalant toutes sortes de vices, s'élève contre la Providence, prétend que Dieu a
livré toute notre nature à l'influence fatale du destin et à la tyrannie des démons,
qui se met lui-même complètement hors de cause, qui rejette toute la faute sur le
Créateur et le régulateur de l'univers, fermez-lui la bouche, non par des mots, mais par
des faits; montrez-lui un de ses semblables vivant dans la vertu et dans la tempérance.
Il n'est besoin ni de longs discours, ni d'appareil oratoire, ni de syllogismes des faits,
voilà la bonne démonstration. Dites-lui : tu es serviteur de Dieu, et celui-là l'est
aussi; tu es homme, et celui-là l'est aussi ; tu habites le même mondé que lui, tu te
nourris des mêmes aliments sous le même ciel que lui Pourquoi donc vis-tu dans le mal
pendant que celui-là vit dans la vertu ? Dieu a voulu que les méchants fussent mêlés
parmi les bons, il n'a pas donné un monde aux bons et un autre monde aux méchants; en
les mélangeant les uns avec les autres, il a fort bien fait. Car les bons se montrent de
meilleur aloi au milieu de cette foule qui s'efforce de les écarter du droit chemin et de
les entraîner au mal.; ils s'attachent de plus en plus à la
vertu. Il faut, dit l'Apôtre, qu'il y ait parmi vous des hérésies, afin que
ceux dont la vertu est ci l'épreuve se manifestent. (I Cor. XI, 19.)
Dieu laisse donc les méchants subsister
dans son oeuvre, afin que la vertu des bons acquière un plus vif éclat. Voyez quel
avantage ! Avantage, non pas pour le vice, mais pour la constante énergie des bons Nous admirons Noé, non-seulement
parce qu'il -fut juste et parfait, mais parce qu'au milieu d'une race dépravée et
corrompue, il sauva sa vertu, alors que nul ne lui en donnait l'exemple, alors que tous
l'excitaient au péché ; il marchait à l'encontre de tous, pareil à un voyageur qui, au
travers d'une foule tumultueusement pressée sur sa route, n'en poursuivrait pas moins sa
marche en un sens opposé. C'est pourquoi lEcriture ne
dit pas simplement : Noé fut juste et saint; mais elle ajoute : dans sa
génération, c'est-à-dire au milieu d'une génération pervertie et dégradée où
la vertu n'avait rien à faire, rien à gagner. Les bons ont à tirer quelque profit des
méchants, de la même sorte que l'arbre agité par des vents opposés devient plus
vigoureux. Les méchants eux-mêmes ont à profiter de leur commerce avec les bons ; ils
prennent honte, ils rougissent; s'ils né quittent pas leurs vices, ils n'osent au moins
plus les commettre qu'en cachette. Et ce n'est pas peu de chose que d'ôter à l'iniquité
son effronterie. La vie des justes est le dénonciateur public des méchants : écoutez ce
qu'ils en disent : Il nous pèse, rien qu'à le voir. (Sap.
II, 15.) Et certes c'est pour eux un bon commencement de correction, que de trouver un
tourment dans la seule présence du juste; car ils ne tiendraient pas ce langage, si son
aspect ne leur était pas à charge; c'est aussi une bonne barrière qui les oblige à ne
faire qu'avec réserve l'emploi de leurs vices. Voyez-vous à présent à quoi les
méchants servent aux bons et à quoi les bons servent aux méchants. Eh bien ! c'est pour cela que Dieu, au lieu de lés séparer, les a mêlés les
uns aux autres.
2. Faisons le même raisonnement sur le
démon. Dieu a permis que le démon subsistât en ce monde, afin de vous rendre
vous-mêmes plus forts, afin que l'athlète acquît d'autant plus de gloire que les luttes
seraient plus rudes. Si quelqu'un vous demande pourquoi Dieu a laissé subsister le
démon, répondez : Dieu l'a laissé, parce que, loin de nuire aux hommes attentifs et
vigilants, il leur devient utile, non pas sans doute par le fait de sa volonté qui est
perverse, mais par suite de la courageuse résistance de ceux qui font tourner sa malice
à leur avantage. En effet s'il engagea la lutte contre Job, ce ne fut pas en vue de
rendre celui-ci plus glorieux, mais afin de le renverser : en cela il fut mauvais par le
désir et par l'intention; mais de fait l'homme juste, au lieu de perdre quoi que ce fût,
retira du combat un utile profit, comme nous l'avons montré déjà. Le démon a fait
preuve de méchanceté, et le juste de force. Mais, direz-vous, il en a renversé
beaucoup d'autres. Oui, mais ce fut par suite de la faiblesse de tous ceux-là et
non point par sa puissance propre; je l'ai déjà démontré maintes fois.
Dirigez donc droitement votre coeur, et
loin que vous puissiez être lésés par rien, vous tirerez les plus magnifiques
avantages, je ne dis pas seulement des bons, mais des méchants eux-mêmes. Ainsi donc,
comme je l'ai dit plus haut, Dieu a voulu que les hommes restassent mêlés ensemble, les
bons avec les méchants, afin que les premiers amenassent peu (166) à peu les autres à
leur propre vertu. Ecoutez comment le Christ s'en explique avec ses disciples : Le
royaume des Cieux ressemble à une femme qui prend un peu de levain et le cache dans trois
mesures de farine. (Matth. XIII, 33.) Les justes
possèdent donc l'efficacité du levain pour changer les méchants et les amener à leur
propre état. Les justes sont en petit nombre, comme le levain est en petite quantité son
action sur la masse ne laisse pas pour cela de s'exercer; il lui communique ses propres
qualités et la change tout entière; ainsi les justes ne tirent pas de leur nombre leur
influence, ils puisent toute leur force dans la grâce de l'Esprit-Saint. Les apôtres
n'étaient que douze : quelle petite quantité de levain ! L'univers tout entier
était plongé dans l'impiété : quelle masse immense ! et
pourtant ces douze ont converti à eux seuls la terre entière. Le levain et la masse de
pâte ont la même nature, mais non pas les mêmes qualités : Dieu a laissé les
méchants parmi les justes afin que les premiers, ayant la même nature que les autres,
prissent aussi les mêmes dispositions.
Retenez ces explications, employez-les
pour fermer la bouche à ces négligents, à ces paresseux, à ces lâches qui redoutent
lés labeurs de la vertu et qui calomnient notre commun Maître. Vous avez péché,
dit l'Ecriture, tenez-vous en repos (Gen. IV, 7),
n'augmentez pas votre faute d'une autre qui serait plus grave. Il est moins grave de
pécher que d'accuser Dieu après le péché commis. Cherchez l'auteur du péché vous
n'en trouverez pas d'autre que vous-même qui avez péché; partout vous avez besoin d'une
résolution franchement bonne : je vous l'ai démontré non par mes raisonnements, mais
par l'exemple de ceux qui sont comme vous serviteurs de Dieu, de ceux qui vivent avec vous
en ce monde. Servez-vous aussi de cette démonstration, c'est d'après ce principe que le
Seigneur nous jugera: apprenez-en la forme et nul ne pourra vous donner la réplique.
Celui-ci est-il impudique? Montrez-lui cet autre qui mène une vie chaste. Celui-ci est-il
avare et rapace? Montrez-lui cet autre qui distribue l'aumône. Celui-ci passe-t-il sa vie
à jalouser et à envier son prochain. Montrez-lui cet autre qui s'est affranchi de
pareils vices. Celui-ci est-il sujet à la colère? Montrez-lui cet autre qui se tient
dans une sage réserve. Il ne faut pas se contenter de recourir
aux exemples des temps passés, il faut en prendre dans le présent; aujourd'hui en effet,
aujourd'hui même, par la grâce de Dieu, les belles et bonnes actions ne sont pas plus
rares que jadis. Avez-vous à faire à un incrédule qui traite les Ecritures de fictions
mensongères, qui ne croit pas que Job ait existé tel qu'il nous est dépeint?
Montrez-lui tel autre homme dont la vie rivalise avec celle de ce juste. C'est ainsi que
le Maître nous jugera; il mettra en regard le serviteur avec le serviteur, il ne portera
pas sa sentence d'après son appréciation seule, il veut que nul ne puisse dire encore
comme ce serviteur qui, ayant reçu un talent en dépôt, présenta au lieu d'un talent
d'intérêt cette accusation : Vous êtes trop exigeant. (Matth.
XXV, 24.) Il aurait dû se désoler de n'avoir pas doublé le capital qui lui
était confié; loin de là il commet une seconde faute plus grave que la première, en
ajoutant à sa lâcheté personnelle une calomnie contre son maître. Que dit-il : Je
savais que vous étiez exigeant. O misérable homme ! O ingrat et lâche
serviteur ! C'est ton incurie que tu devais accuser pour atténuer ta première
faute; en incriminant ton maître, tu doubles ton péché et non pas ton argent.
3. C'est pourquoi Dieu met en présence
les serviteurs et les serviteurs, afin que se jugeant les uns les autres
, ils n'aient plus lieu désormais de calomnier le Maître. Il dit donc : le
Fils de l'Homme vient dans la gloire de son Père. (Matth.
XVI, 27.) Voyez l'identité parfaite de gloire : le texte ne dit pas dans une gloire
semblable à la gloire du père, mais dans la gloire du père; et il jugera toutes les
nations. Jugement terrible! terrible pour les pécheurs et les
coupables; mais jugement aimable et gracieux pour ceux qui auront la conscience d'avoir
bien vécu! Il mettra les brebis à sa droite et les chevreaux à sa gauche. (Matth, XXV, 33.) Et ceux-ci et celles-là représentent les hommes.
Pourquoi donc les uns sont brebis et les autres chevreaux? Ces appellations vous indiquent
non pas une différence de nature, mais une différence de dispositions. Pourquoi sont-ils
appelés chevreaux, ceux qui n'ont pas fait l'aumône? parce
que le chevreau est un animal improductif, qui ne peut fournir à ses maîtres ni le lait,
ni le poil, ni la progéniture; il est complètement inutile en raison de l'imperfection
de son âge.
Tel est le motif qui fait nommer chevreaux
les hommes qui ne produisent pas les fruits (167) abondants de l'aumône; ceux au
contraire que le Seigneur place à sa droite sont les brebis; d'elles en effet on retire
abondamment le lait, et la laine et les agneaux. Que leur dit-il: Vous m'avez vu ayant
faim et vous m'avez nourri; vous m'avez vu dans la nudité et vous m'avez vêtu; vous
m'avez vu sans abri et vous m'avez recueilli. (Matth. XXV,
35.) Aux autres il tient un langage tout opposé; et pourtant les uns aussi bien que les
autres étaient hommes; les uns et les autres ont reçu les mêmes promesses, aux uns et
aux autres était proposée la même récompense pour leurs bonnes oeuvres ; pour les uns
comme pour les autres c'est le même Christ qui vint au monde, et il vint dans la même
pauvreté, le même dénuement pour les uns et pour les autres; toutes les conditions
étaient pareilles pour ceux-ci et pour ceux-là. D'où vient donc que la fin dés uns ne
fut pas pareille à la fin des autres ? De ce que les dispositions de la volonté ne l'ont
pas permis. La volonté seule a fait toute la différence; c'est elle qui a mené les uns
à la géhenne et les autres au royaume de Dieu. Si le démon eût été l'auteur de leurs
péchés, ils n'eussent certes pas été frappés de punition, puisqu'un autre eût commis
le péché et les eût entraînés dans sa chute.Voyez-vous ici en présence et ceux qui
ont failli et ceux qui ont marché droit ? Voyez-vous comment les mauvais serviteurs
gardent le silence en face de leurs compagnons ? Mais allons ! arrivons
à parler d'un autre exemple. Il y avait dix vierges (Matth.
XXV), dit l'Evangile. Ici encore nous. trouvons des volontés qui opèrent le bien et
d'autres qui font le mal, de telle sorte que la comparaison fait mieux ressortir pour nous
les péchés des unes et la justification des autres : le parallèle les met en pleine
évidence. Celles-ci et celles-là sont vierges; celles-ci sont cinq, et celles-là sont
cinq les unes et les autres ont leurs lampes; toutes attendent l'Epoux. Comment se fait-il
donc que les unes entrent à la chambre nuptiale et que les autres sont
laissées dehors ? Parce que celles-ci étaient sans coeur et sans charité, et que
celles-là avaient la douceur et la bonté.
Voyez-vous une fois de plus comment leur
propre volonté, et non pas le démon, fut cause de la triste fin qu'eurent ces vierges
folles? Voyez-vous le jugement de Dieu sortir d'une simple comparaison, et sa sentence
portée d'après des conditions analogues? Ce sont les serviteurs qui jugent les
serviteurs Voulez-vous (167) à présent que je vous montre la confrontation faite entre
des accusés de conditions diverses? cela est possible et la
sagesse de la nature en ressort avec plus d'éclat. Les hommes de Ninive, dit
l'Ecriture, se lèveront et condamneront cette génération-ci.(Matth.XII, 41.) Ici il n'y a plus de similitude entre ceux qui sont
mis en cause; les uns sont barbares, les autres juifs; ceux-ci possèdent les
enseignements prophétiques, ceux-là n'ont jamais entendu la parole de Dieu ; ce n'est
pas la seule différence; ici, le serviteur seul est venu prêcher; là, c'est le Maître
en personne ; le serviteur n'est venu que pour annoncer des catastrophes ; le Maître a
prêché le royaume des cieux : qui jugerions-nous le mieux en position de se montrer
dociles? Sont-ce ces barbares, ces ignorants, ces gens qui n'ont jamais eu part aux
instructions divines, ou bien ce peuple qui depuis sa plus tendre enfance se nourrit de la
méditation des livres prophétiques? Personne n'hésiterait à se prononcer pour les
Juifs ! Eh bien, c'est tout le contraire qui arriva ! Les Juifs ne crurent pas
le Seigneur qui leur prêchait le royaume des cieux; les Ninivites crurent le serviteur
qui les menaçait de leur ruine: de la sorte apparaissent plus nettement la docilité des
uns et la folie des autres. N'est-ce pas le démon, n'est-ce pas le diable, n'est-ce pas
le sort, n'est-ce pas le destin, mais plutôt n'est-ce pas chacun qui est pour soi le
principe ou de la dépravation ou de la vertu? Si les Juifs n'eussent pas dû se rendre
coupables, le Christ n'eût pas dit: Les hommes de Ninive condamneront cette
génération-ci; il n'eût pas dit que la Reine du Midi condamnerait les Juifs.
Ce ne sont pas seulement les peuples qui
condamnent les peuples, un seul homme souvent condamne un peuple tout entier, quand ceux
qui paraissaient pouvoir succomber plus aisément à la séduction y échappent et se
tiennent fermes, et que ceux qui devaient vaincre sur tous les points se laissent abattre.
C'est pour cela que nous avons rappelé le souvenir d'Adam et de Job : il nous faut
revenir encore à ce sujet pour compléter notre discours. Adam ne fut attaqué que par
des paroles; Job fut attaqué par, des actes; le démon le dépouilla de toutes ses riches et lui ravit ses enfants; il n'enleva à Adam ni peu, ni
beaucoup, rien de ce qu'il avait. Mais plutôt examinons les paroles elles-mêmes, la
manière dont le piège fut tendu : Le serpent s'approcha et dit à (168) la
femme : pourquoi Dieu vous a-t-il dit Vous ne mangerez pas de tout fruit qui est au
Paradis? (Gen. III, 1.) Ici c'est le serpent qui dresse
l'embûche; là, c'est l'épouse même de Job: il y a donc une grande différence entre
les conseillers du péché. D'un côté ce n'est que l'esclave, de l'autre c'est la
compagne elle-même; celle-ci était l'égale de Joh,
celui-là rampait devant Eve. Voyez combien elle est inexcusable ! c'est un sujet, c'est un esclave qui triomphe d'elle; Job au
contraire reste inébranlable même pour la femme qui a partagé et soutenu sa vie. Mais
voyons ce que dit le serpent : Pourquoi Dieu vous a-t-il dit: Vous ne mangerez pas de
tout arbre du Paradis ? Eh certes ! Dieu n'a pas dit cela, il a dit tout le
contraire. Considérez l'astuce de ce démon; il affirme ce qui n'a pas été dit, afin
d'apprendre ce qui a été dit. Que fait la femme? Au lieu de lui fermer la bouche comme
elle aurait dû, ou de garder le silence, elle lui découvre
sottement la sentence du Maître, elle lui donne ainsi largement prise.
4. Voyez combien il est dangereux de
tendre une main imprudente aux ennemis et aux traitres : c'est
pourquoi le Christ a dit : Ne donnez pas aux chiens les choses saintes; ne jetez pas
les perles devant les pourceaux, de crainte qu'ils ne se tournent contre vous et ne vous
déchirent. (Matth. VII, 6.) Voilà précisément ce qui
arriva à Eve : elle livra les choses saintes à un chien, à un pourceau qui foula aux
pieds la parole sacrée, fit volte-face et dévora la femme. Et remarquez avec quelle
malice il opère son oeuvre :
Vous ne mourrez pas de mort, dit-il. (Gen. III, 4.)
Comprenez bien en cet endroit que la femme pouvait découvrir entièrement le piège; car
au premier mot le démon laissa éclater sa haine et déclara la guerre à Dieu; au
premier mot il se mit en contradiction avec lui. Tout à l'heure, ô femme, tu
répondais à un être qui voulait apprendre la sentence du maître : soit ! mais pourquoi le suis-tu maintenant qu'il parle en un sens tout
opposé? Dieu avait dit : vous mourrez de mort; le démon pose une
affirmation contradictoire et dit: Non! vous ne mourrez pas
de mort. . Qu'y a-t-il de plus net que cette déclaration de guerre? De quelle autre
façon pouvait-on mieux reconnaître l'adversaire et l'ennemi qu'à cette opposition
catégorique à la parole de Dieu? Il fallait donc sur-le-champ fuir le traître, il
fallait s'élancer hors de l'embûche. Non, dit-il, vous ne mourrez pas de mort;
car Dieu sait bien que le jour où vous mangerez le fruit défendu, vos yeux s'ouvriront
et vous serez comme des dieux. (Gen. ibid.)
En lui suggérant l'espoir de plus grands avantages, il lui fit perdre les biens qu'elle
tenait en main; il lui promit, à elle et à son mari, l'honneur de la divinité et il les
jeta sous la tyrannie de la mort. O femme, comment as-tu pu ajouter foi au démon ?
Qu'attendais-tu de bon ? N'était-ce point assez pour te certifier le droit du
législateur à ta foi, qu'il fût Dieu, qu'il fût le Créateur, et l'ouvrier du monde,
tandis que celui-ci n'était que le diable et l'ennemi? Mais je ne devrais pas dire encore
le diable : tu croyais n'avoir affaire qu'à un serpent simplement ! Fallait-il donc,
dis-moi, faire tant d'estime d'un serpent, que tu lui livrasses les paroles du maître?
Comprenez-vous qu'elle eût pu découvrir le piège? mais
elle ne le voulut pas.
Et cependant Dieu avait donné les preuves
suffisantes de sa généreuse munificence, il avait démontré sa providence par ses
oeuvres; en effet cet homme qui n'était que néant, c'est lui-même qui l'avait formé,
qui lui avait communiqué l'âme par son souffle, qui l'avait fait à son image, qui
l'avait établi chef de tout ce qui étai sur la terre, qui lui avait accordé une
compagne, qui avait planté pour lui le paradis, qui après lui avoir concédé l'usage de
tous les fruits, n'en réserva qu'un seul auquel il lui défendit de toucher; et encore
lit-il cette défense dans son intérêt ! Le démon, au contraire, ne pouvait se
prévaloir auprès. de lui d'aucun bienfait, ni grand ni petit;
il séduisit la femme en la flattant de simples paroles, en lui inspirant l'orgueil
d'espérances fallacieuses. Et celle-ci pourtant s'imagina que le démon était plus digne
de foi que ce Dieu qui avait donné par ses oeuvres la preuve de sa bonté; elle crut à
celui qui lui offrait des paroles et rien de plus. Voyez-vous comment elle donna dans le piège , non. point par force, mais par sa
seule sottise et sa faiblesse? Et pour le comprendre plus clairement, écoutez en quels
termes l'Ecriture accuse la femme. Elle ne dit pas « la femme induite en erreur; »
mais elle dit: La femme, ayant regardé cet arbre qui était charmant, mangea de son
fruit. Ainsi l'accusation porte sur ce regard de convoitise intempérante et non pas
seulement sur l'astuce du démon: (169)
la femme en effet succomba, vaincue par sa propre passion plutôt que par la malice de son
ennemi. C'est pourquoi elle ne trouva pas grâce devant Dieu; et, quoiqu'elle prétendît
que le serpent l'eût trompée, elle n'en reçut pas moins le châtiment dans toute sa
rigueur : il dépendait d'elle de ne pas faillir.
Mais, pour donner à cet enseignement plus
de netteté encore, voyons, ramenons notre discours à Job, passons des vaincus au
vainqueur, de la défaite au triomphe. Celui-ci nous donnera un plus grand courage pour
faire face au démon. Là, c'est le serpent qui dressa un piège, et il gagna la victoire;
ici c'est la femme, mais elle ne put l'emporter, bien qu'elle
eût plus de talent pour la. séduction. Ici, c'est après
avoir été dépouillé de sa fortune, de ses fils et de tous ses biens que Job est
assailli par les plus habiles manoeuvres; là, rien de pareil. Adam n'avait perdu ni
richesses ni enfants; au lieu d'être réduit à s'établir sur un fumier, il habitait un
paradis de délices, il employait à son plaisir les fruits de toutes sortes, les ondes de
la source, les fleuves et tous les autres avantages: nul labeur, nulle peine, nulle
tristesse, nul souci, nul outrage, nulle injure, pas un seul des milliers de maux qui
pleuvaient sur Job; et pourtant, quoiqu'il n'eût rien à subir de tout cela, il tomba, il
se laissa renverser. N'est-il pas évident que ce fut par sa lâcheté? Et Job qui, au
milieu de toutes ces calamités qui l'entouraient et le pressaient, resta debout, ferme,
inébranlable, n'est-il pas évident que ce fut par la vigilance de sa volonté? .
5. Des deux côtés vous pouvez, mes bien
chers frères, recueillir un excellent profit prenez garde d'imiter Adam, puisque vous
savez quel mal enfante la lâcheté; prenez garde de ne pas imiter Job, puisque vous avez
appris quels avantages naissent de la vigueur d'âme; rappelez sans cesse à votre pensée
ce vainqueur couronné et vous trouverez dans son souvenir une abondante consolation dans
toutes vos douleurs et dans toutes vos peines. Placé en quelque sorte sur le commun
théâtre du genre humain, ce bienheureux et généreux athlète nous exhorte
tous par les maux qu'il a soufferts à supporter courageusement tous les accidents et à
ne fléchir jamais sous les calamités qui nous surviennent. Il n'est pas une souffrance
humaine, non, pas une seule qui ne puisse puiser en son exemple quelque consolation
car toutes les misères, éparpillées à
travers le (169) monde, se sont ici rassemblées pour fondre ensemble sur le corps d'un
seul homme. Quelle excuse aura donc celui qui ne pourra pas souffrir, en bénissant Dieu,
seulement une petite partie des maux qui lui seront infligés, tandis que Job supporte,
non pas une portion, mais la totalité des souffrances humaines? Et ne taxez pas
d'exagération mes paroles, voyons, passons en revue l'une après l'autre les calamités
qui l'ont frappé, apportons la preuve de nos assertions. Citons d'abord, si vous le
voulez bien, celui de tous les maux qui- se montre le plus redoutable, je dis la pauvreté
avec la gêne douloureuse qu'elle produit: voilà en effet ce dont les hommes gémissent
partout. Qui fut plus pauvre que Job? Il le fut certes davantage que ces gens qui n'ont
d'autre refuge que les bains publics, d'autre couche que la cendre des fourneaux; il fut
le plus pauvre des hommes. Ceux-ci possèdent au moins un lambeau de vêtement; mais lui,
assis tout nu sur son fumier, il n'avait d'autre vêtement que celui qu'il avait reçu de
la nature, le vêtement de sa chair: et encore le diable l'avait-il lacéré dans tous les
sens par des plaies affreuses. En outre, ceux-ci trouvent un abri sous le portique des
bains, ou bien ils se cachent dans quelques coins; mais lui, exposé en plein air, y
demeurait perpétuellement de nuit comme de jour sans avoir le soulagement du plus
misérable toit; et le pire tourment, c'est que les autres pauvres ont la conscience
d'avoir commis nombre de fautes graves, tandis que lui ne sentait rien à se reprocher. Il
faut remarquer dans chacun des accidents qui le frappaient que sa douleur devenait d'autant plus vive, et ses angoisses d'autant plus cruelles
qu'il ne connaissait pas la cause de tous ces malheurs. Les autres pauvres, ai-je dit, ont
à se reconnaître eux-mêmes pour auteurs d'un grand nombre de leurs maux; et certes ce
n'est pas un petit motif de consolation que de s'avouer à soi-même qu'on est puni en
toute justice; mais lui se trouvait privé de cet adoucissement à ses peines, puisque,
après avoir tenu la conduite la plus vertueuse, il se voyait infliger ces derniers
supplices réservés aux plus misérables. Les autres pauvres; ceux qui vivent parmi nous,
sont endurcis à la misère depuis longtemps, depuis le commencement de leur vie; mais
lui, saisi à l'improviste par le bouleversement de sa fortune, tomba dans une indigence
qu'il (170) n'attendait pas. Et de même que c'est un excellent moyen de prendre courage
que de connaître la cause des accidents qui surviennent, de même c'est une ressource
également bonne pour vivre dans la pauvreté que de s'être dès le principe rompu au
régime de la pauvreté. Le juste Job n'eut ni l'un ni l'autre de ces moyens pour soutenir
son énergie et néanmoins il ne fléchit pas. Avez-vous compris qu'il tomba jusqu'à
cette misère extrême au-delà de laquelle on ne peut rien trouver: qu'y a-t-il en effet
de plus misérable qu'un homme sans abri et tout nu? Hélas ! il
n'eut pas même la jouissance pure et simple de sa place sur le sol; car il était assis
sur un fumier et non pas sur la terre. Aussi quand vous considérez la pauvreté qui vous
presse vous-même, pensez aux malheurs de ce juste, relevez vivement votre coeur et
chassez toute idée de découragement. Ce malheur semble être pour les hommes la base de
tous les autres; après lui vient au second rang, je devrais plutôt dire au premier rang,
l'affliction du corps. Or qui fut plus affligé que Job dans sa chair? qui
supporta de pareilles maladies? qui reçut de pareilles plaies
ou connut quelque autre homme les ayant reçues? Personne, certainement ! Son corps
se consumait à la longue, les vers coulaient partout de ses ulcères comme d'une
fontaine; c'était un flux incessant de pourriture; d'infectes odeurs s'exhalaient de
toutes parts; la chair disparaissait peu à peu; et, imprégnée elle-même de corruption,
elle la communiquait aux aliments et les rendait insupportables; une faim étrange,
incroyable, le torturait et il ne pouvait prendre la nourriture qu'on lui donnait: Je
vois, disait-il, que mes aliments ne sont que corruption. (Job, VI, 7.)
C'est pourquoi, lorsque vous tomberez
malade, mon ami, souvenez-vous de ce corps, de cette chair vénérable; elle était
sainte, elle était pure, malgré les ulcères qu'elle portait. Si un soldat, après avoir
accompli son temps de service, se voit ensuite, sans motif juste et raisonnable, attaché
au pilori et se sent déchirer les flancs par le bourreau, qu'il ne prenne pas ce
traitement pour un déshonneur, qu'il ne se laisse point abattre par la douleur, en fixant
sa pensée sur le juste Job. Mais, direz-vous, il trouva un puissant encouragement,
une grande consolation à penser que tous ces maux lui étaient envoyés de Dieu.
Ah ! voilà précisément ce qui le troublait et
l'affligeait davantage : il croyait que ce Dieu juste, ce Dieu qu'il avait servi par
tous les actes de sa vie, lui avait aussi déclaré la guerre. Il ne pouvait découvrir
aucune cause légitime de tous les maux qui lui arrivaient; voyez, dès qu'il l'eut
apprise, quelle pieuse soumission il montre. En effet, lorsque Dieu lui eût dit: Crois-tu
donc que je me suis mêlé de tes affaires autrement que pour te faire donner la preuve de
ta justice? (Job, XL, 8.) Il répondit avec une émotion profonde: Je mettrai ma
main sur mes lèvres: j'ai parlé une fois, mais je n'ajouterai pas un mot de plus.
(Ibid.) Et ailleurs il dit: Jusqu'à présent je ne vous connaissais que par ouï-dire,
par les sons qui frappent l'oreille; mais maintenant mes yeux vous ont vu. C'est pourquoi
je m'humilie, je m'anéantis, je me regarde comme cendre et poussière. (Job, XLII,
6-6.)
6. Si vous pensez que cela suffit pour
consoler, vous pouvez, vous aussi, obtenir cette consolation. En effet, lors même que
vous avez à souffrir quelque mal, non pas à cause de Dieu, mais uniquement par la
méchanceté des hommes, adressez des actions de grâces et non pas des blasphèmes à
celui qui, pouvant sans doute l'empêcher, le permet toutefois , afin de vous éprouver;
et pour lors, de même que ceux qui ont souffert à cause de Dieu reçoivent la couronne,
de même vous obtiendrez aussi de pareilles récompenses, parce que vous avez
généreusement supporté les maux dont les hommes vous ont accablé et que vous avez
rendu un pieux hommage à ce Maître qui pouvait les écarter de vous, mais qui ne l'a pas
voulu.
Voilà donc que vous
avez vu la pauvreté et la maladie assaillir ensemble le juste : voulez-vous que je vous
montre encore la guerre déclarée par la nature elle-même à sa généreuse énergie? Eh
bien 1 il perd ses dix fils, tous les dix à la fois, tous les dix dans la fleur de leur
jeunesse, tous les dix parés des grâces de la vertu; ils périssent, non par les
communes lois de la nature, mais par une mort violente et lamentable. Qui pourrait
exprimer une pareille calamité ? Personne, assurément ! Lors donc que vous aurez
perdu en même temps un fils et une fille, allez vite de. mander
à ce juste la consolation, et vous la trouverez abondante dans son exemple. Et ces
malheurs sont-ils les seuls qui l'atteignirent ! Mais la défection et la trahison de
ses amis, (171) mais les railleries et les injures, mais les dérisions et les outrages,
mais les vexations de tout chacun, tout cela ne lui était-il pas insupportable?
D'ordinaire, nos peines elles-mêmes ne nous mordent pas au coeur aussi cruellement que
les invectives de ceux qui nous les reprochent : Et Job, non-seulement
n'avait personne qui lui dît une parole de consolation, mais
il était entouré d'une troupe de gens qui lui jetaient leurs insultes. L'entendez-vous
se plaindre et leur dire : Mais vous venez donc aussi m'assaillir! (Job, XI, 8.) Il
leur reprochait ainsi leur dureté : Mes proches m'ont renié; mes serviteurs ont
parlé contre moi; j'ai appelé les enfants de mes concubines et ils m'ont tourné le dos.
(Job, XIX, 14-17.) Les autres ont craché sur moi; je suis devenu pour tous un objet de dérision. (Id..
XXXIX, 9-10.) Mon vêtement lui-même m'a pris en horreur. (Id. IX, 31.)
Et ces maux qui semblent insupportables,
rien qu'à les entendre raconter, comment put-il les supporter
dans leur cruelle réalité. La dernière pauvreté; une maladie affreuse, inconnue,
étrange; ses enfants si nombreux et si bons perdus si misérablement ; les outrages, les
injures, les critiques du monde; ceux-ci se raillent de lui; ceux-là l'insultent;
d'autres le méprisent : je ne parle pas seulement de ses ennemis, mais de ses amis; et non-seulement de ses amis, mais des gens de sa maison. Cela ne dura
pas deux jours, ni trois, ni dix, mais des mois tout entiers ,
et, chose singulière qui n'arriva qu'à lui, il ne trouvait pas même dans la nuit
l'heure du soulagement, puisque les fantômes des frayeurs nocturnes venaient s'ajouter à
ses douleurs du jour. Entendez-le nous dire combien il souffrait cruellement dans son
sommeil : Pourquoi m'effrayez-vous dans le sommeil ? pourquoi
m'épouvantez-vous dans les visions? (Job, VII, 14.) N'est-il pas plus solide que
l'acier, que le diamant, l'homme qui a supporté de pareils maux? Si chacun d'eux, pris à
part, nous semble intolérable, imaginez quel tumulte ils soulevaient dans l'âme de Job
en l'assaillant tous à la fois ! Et pourtant il les a supportés tous : en aucun de
ces terribles accidents il n'a péché; pas un mot offensant n'arriva sur ses lèvres.
7. Que ses infortunes deviennent le
remède de nos maux ! que cette tempête formidable soit
pour nous un port de refuge ! Dans chaque événement de notre vie comparons-nous à
ce saint homme; et, en le voyant épuiser à lui seul sur son corps toutes les souffrances
de l'univers, nous accepterons généreusement la part qui nous en sera faite. Recourons
sans cesse à ce livre, comme à une bonne mère qui tend les mains dans toutes les
directions à ses enfants effrayés, qui les attire à elle, qui relève leurs forces;
nous ne le quitterons pas sans y puiser un grand courage dans toutes nos peines, quand
même nous aurions à subir les plus tristes de toutes.
Si vous me dites : « Lui, il était
Job, voilà pourquoi il a résisté aux maux; mais je ne suis pas comme lui, » vous ne
faites que me dicter de plus en plus votre condamnation et célébrer davantage les
louanges de ce juste ; c'est vous en effet, plutôt que lui, qu'il serait convenable de
voir souffrir ces maux. Et pourquoi? Lui, il est venu avant la grâce et même avant la
loi, , en ce temps où l'on ne connaissait pas l'exacte et
complète perfection de la vie, où la grâce de l'Esprit-Saint n'était pas aussi
abondante, où le péché était difficile à vaincre, où la malédiction régnait, où
la mort était effrayante : Mais aujourd'hui, mais après que l'avènement du Christ a
enlevé tous ces obstacles, le combat est facile. Aussi, après tout ce temps écoulé,
après tant de dons accordés par Dieu, si nous ne pouvons pas atteindre à la même
mesure de vertu que Job, nous n'avons pas d'excuse à faire valoir. Méditez donc tout
ceci, que ses malheurs étaient plus grands, que la lutte lui était plus difficile, et
que néanmoins il s'y prépara et s'y engagea; supportons tout ce qui nous arrive avec
générosité, avec actions de grâces, de telle sorte que nous puissions recevoir la
même couronne que lui, par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, avec
lequel gloire soit au Père et à l'Esprit-Saint maintenant et toujours et dans les
siècles des siècles. Ainsi soit-il.
Traduit par M. l'abbé A.
SONNOIS.
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