PRÉFACE

Accueil Remonter Suivante

Accueil
Remonter
PRÉFACE
CHAPITRE I
CHAPITRE II
CHAPITRE III
CHAPITRE IV
CHAPITRE V
CHAPITRE VI
CHAPITRE VII
CHAPITRE VIII

COMMENTAIRE SUR ISAIE.

 

AVERTISSEMENT.

 

Ce commentaire mérite d'être rangé non-seulement parmi les oeuvres authentiques, mais encore parmi les plus remarquables de saint Jean Chrysostome, tant pour le style et l'éloquence que pour les préceptes de morale et de conduite qu'il renferme. — Que ce commentaire ait été écrit et non prêché, c'est ce dont sa forme elle-même ne permet, guère de douter. — Tillemont conjecture avec assez de vraisemblance que saint Chrysostome composa ce commentaire à Antioche, soit dans le désert où il vécut quelque temps parmi les solitaires, soit peut-être après sa promotion au diaconat. — La division en chapitres que présente ce commentaire a été faite par quelque moderne d'après notre Vulgate, parce que la version des Septante que suivait l'auteur était divisée différemment.

 

PRÉFACE.

 

Eloge du prophète Isaïe. — Que les saints et les prophètes sont animés d'un grand amour envers les peupler.

 

Le mérite excellent de ce prophète se voit très-bien dans ses oeuvres, mais ce qui le fait voir non moins parfaitement, c'est le témoignage qu'en rend celui qui, plus que tout autre, était capable d'apprécier ses qualités. Je veux dire saint Paul dont l'Esprit-Saint lui-même dictait les paroles. Le langage franc d'Isaïe, sa pensée toujours libre, ses sentiments élevés, la clarté de ses prophéties sur le Christ, toutes ses qualités, l'Apôtre nous les montre par un seul mot, en disant: «Isaïe ne craint pas de dire. j'ai été trouvé par ceux qui ne me cherchaient pas, je me suis montré à ceux qui ne me demandaient pas. » Sa compassion pour les maux de ses frères est bien grande aussi. il ne s'est pas seulement élevé contre la folie du peuple, il n'a pas seulement, dans un langage libre et avec une pensée élevée, annoncé aux Juifs les châtiments qui les puniraient, mais quand ce qu'il avait prédit est arrivé il souffre, il est tourmenté non moins que ceux que le malheur opprime et il gémit plus douloureusement que ces infortunés. C'est là du reste ce que presque tous les prophètes et les saints ont fait : leur affection pour ceux qu'ils étaient chargés de conduire surpassait la tendresse des pères pour leurs enfants ; la nature est moins forte que n'était leur charité. Il n'est point, non, il n'est point de père qui soit embrasé d'amour pour ses enfants comme ceux-là pour le peuple qu'ils dirigeaient: car pour lui ils étaient disposés à mourir, gémissant, se lamentant, partageant leur captivité et leurs infortunes, faisant et  (338) souffrant tout, pour mettre fin à la colère du ciel et aux malheurs qu'ils éprouvaient. Il n'y a rien qui nous rende plus aptes à commander que d'avoir une âme pleine de sagesse et de miséricorde. Aussi le grand Moïse ne fut placé par Dieu à la tête du peuple juif qu'après avoir manifesté par ses actions combien il aimait ce peuple, et plus tard il lui dit: « Si vous leur pardonnez leur faute, pardonnez-la leur ; sinon, effacez-moi aussi du livre que vous avez écrit. » Et Isaïe lui-même voyant les Juifs périr s'écrie: « Laissez-moi aller, je répandrai des larmes amères ; ne vous mettez pas en peine de me consoler sur la ruine de la fille de mon peuple. » Jérémie fit entendre de longs gémissements, quand la ville eut été renversée. Ezéchiel partit avec les Juifs, regardant comme moins pénible d'habiter sur une terre étrangère que dans sa patrie, et trouvant que le plus grand adoucissement à ses maux c'était d'être auprès des malheureux et de diriger leurs affaires. Et Daniel pour obtenir leur retour resta sans manger pendant vingt jours et plus et montra tout son amour pour eux en suppliant Dieu de les délivrer de cette captivité. C'est par là en un mot que brillent tous les saints. Par exemple, quand David voit la colère du ciel fondre sur le peuple, c'est sur lui-même qu'il veut appeler ce fléau, disant : « C'est moi pasteur qui ai péché, c'est moi pasteur qui ai fait le mal, et ceux-ci, qui sont mon troupeau, qu'ont-ils fait ? Que votre main s'appesantisse sur moi et sur la maison de mon père. » Et Abraham, loin de tout danger, n'ayant pas à craindre de partager la punition des Sodomites, se mit, comme s'il avait été au milieu du péril, à invoquer et à supplier Dieu, et il n'aurait pas cessé d'employer et actions et paroles pour détourner ce terrible embrasement, si Dieu, après l'avoir congédié, n'était enfin parti. Les saints du Nouveau Testament montrèrent encore plus de vertu, parce qu'ils avaient reçu plus de grâces et qu'ils étaient appelés à de plus longs combats. C'est pour ce motif que Pierre, en entendant dire au Christ qu'il est bien difficile aux riches d'entrer dans le royaume des cieux, était dans l'anxiété, et tremblait et adressait cette question: « Qui peut donc être sauvé » ? Et cependant, pour ce qui le concernait, il devait être plein de confiance. C'est que ces saints considéraient moins leur intérêt propre qu'ils ne s'occupaient de toute la terre. Et saint Paul, dans tout le cours de ses épîtres, nous montre la même préoccupation, lui qui à la vision du Christ préférait le salut des hommes : « Mourir et être avec Jésus-Christ est le meilleur, mais rester dans ma chair est plus nécessaire à cause de vous. » (Phil. I, 23, 24.) C'est cette même vertu que montre le Prophète quand il expose les révélations de Dieu avec tant de franchise, quand il adresse ses reproches aux pécheurs, quand, dans des circonstances fréquentes et par de longs discours, il tâche d'apaiser Dieu irrité contre les Juifs: ce que l'on peut voir surtout à la fin de la prophétie. Mais enfin abordons le commencement de la prophétie.

 

 

Haut du document

 

 

Accueil Remonter Suivante