Matthieu 2,16 - 23

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HOMÉLIE IX.

« ALORS HÉRODE VOYANT QUE LES MAGES S’ÉTAIENT MOQUÉS DE LUI, ENTRA EN UNE EXTRÊME COLÈRE, ET ENVOYANT DE SES GENS, IL FIT TUER TOUS LES ENFANTS QUI ÉTAIENT DANS BETHLÉEM ET DANS TOUT LE PAYS D’ALENTOUR, ÂGÉS DE DEUX ANS ET AU-DESSOUS, SELON LE TEMPS QU’IL S’ÉTAIT FAIT MARQUER EXACTEMENT PAR LES MAGES, » ETC. (CHAP II, v. 16, JUSQU’AU CHAP. III.)

ANA LYSE

1. Colère d’Hérode, il massacre les Innocents.

2 L’orateur repousse divers reproches faits à la divine providence, à propos du massacre des jeunes enfants de Bethléem. — Ceux qui supportent courageusement l’injustice n’en sont point lésés, quoiqu’ils paraissent l’être.

3. L’historien Josèphe et le roi Hérode. — Dieu accomplit ses desseins par les efforts que font les hommes pour les entraver et les contrarier.

4. La paix succède à l’épreuve.

5. et 6. Qu’il ne faut point s’enorgueillir des avantages de la naissance et des richesses.


 

1. Hérode ne devait point ainsi entrer en colère. Il devait craindre, s’humilier, et reconnaître la vanité de son entreprise. Mais rien ne l’arrête. Car lorsqu’une âme est une fois devenue impie et désespérément malade, elle rejette tous les remèdes que Dieu lui offre pour la guérir. Considérez donc combien ce prince ajoute à ses premiers crimes , prolonge la chaîne de ses homicides, et se jette de lui-même de précipice en précipice. Sa colère, son envie est comme un démon qui l’agite et qui le transporte, sans que rien puisse l’arrêter.. L’insensé se déclare contre la nature même; et furieux d’avoir été joué par les mages, il tourne sa fureur contre des enfants innocents. II semble qu’il veuille faire dans la Judée, ce que Pharaon fit autrefois dans l’Egypte.

« Hérode envoyant de ses gens,» dit l’Evangile, « fit tuer tout les enfants qui étaient dans Bethléem, et dans tous le pays d’alentour, âgés de deux ans et au-dessous, selon le temps qu’il s’était fait marquer exactement par les mages. » Prêtez-moi ici toute votre attention. Plusieurs parlent bien légèrement de ces enfants, leur sort, à les en croire, accuserait la justice divine. Les plus modérés d’entre eux suspendent seulement leur jugement; mais les autres sont plus hardis et plus emportés. Permettez que nous nous arrêtions un peu sur ce sujet, afin de guérir les uns de leur ignorance et de leur doute, et les autres de leur excès et de leur folie. Si l’on ose accuser Dieu d’avoir laissé tuer ces enfants, qu’on l’accuse donc aussi de la mort du soldat qui gardait saint Pierre. Comme ces petits enfants meurent ici au lieu de l’enfant Jésus, qui se sauve et qu’on voulait perdre; de même lorsque saint Pierre fut délivré par un auge de ses chaînes et de sa prison, le tyran qui ressemblait à celui-ci et de nom et de cruauté, ne l’ayant point trouvé, fit mourir à sa place les soldats qui le gardaient.

Mais à quoi sert cet exemple, me direz-vous? C’est augmenter la difficulté et non pas la résoudre. Je vous le dis aussi à ce dessein, et si je joins une seconde difficulté à la première, c’est afin de répondre en même temps à toutes les deux, Quelle est donc cette réponse; et que (67) pouvons-nous dire de probable sur ce sujet? C’est que ce n’est point l’enfant Jésus qui cause la mort de ces enfants, mais la seule cruauté d’Hérode; comme ce ne fut point saint Pierre qui fit mourir les soldats, mais la brutalité du prince. S’il eût trouvé les portes de la prison brisées, ou les murailles percées, Hérode aurait eu peut-être un juste sujet de condamner la négligence des gardes. Mais puisque tout était dans le même état, les portes toujours fermées, tas soldats encore munis des chaînes dont on les avait liés avec l’Apôtre, il devait conclure, s’il eût pu juger sainement des choses, que ce n’était point là l’ouvrage de la force et de l’artifice des hommes, mais l’effet d’une puissance tout extraordinaire et toute divine. Il devait adorer l’auteur d’un si grand miracle au lieu d’exercer sa cruauté sur les soldats. Dieu, dans l’opération de ce miracle, avait fait ce qu’il fallait, non-seulement pour ne pas exposer les gardes à la mort, mais encore pour amener le prince à la connaissance de la vérité. Si le tyran persista dans son impiété, pourquoi attribuer au sage médecin des âmes, à celui qui est bienfaisant en toutes ses oeuvres, un mal qui n’est arrivé que par le déréglement du malade?

Nous pouvons dire la même chose ici. Pourquoi, ô Hérode, vous mettez-vous en colère, lorsque vous vous croyez trompé par les mages? Ne savez-vous pas que cet enfantement est divin ? N’avez-vous pas assemblé les prêtres et les scribes’? N’ont-ils pas fait voir que le prophète avait jugé par avance de cette affaire, et que longtemps auparavant il avait prophétisé cette naissance? N’avez-vous pas vu cet admirable rapport du présent avec le passé? N’avez-vous pas su qu’une étoile avait conduit les mages? N’avez-vous pas rougi du zèle de ces étrangers ? N’avez-vous pas admiré leur liberté de langage? N’avez-vous pas tremblé à l’oracle du prophète? N’avez-vous pas dû comprendre aisément quelle devait être la suite de tant de merveilles ? Ne jugiez-vous pas de l’avenir par le passé? Pourquoi donc toutes ces choses ne vous faisaient-elles pas conclure en vous-même, que ce n’était point là l’ouvrage de la tromperie des mages, mais de la puissance de Dieu, qui conduisait tout avec une admirable sagesse? Mais quand même les mages se seraient joués de vous, pourquoi vous en prendre à ces enfants, qui ne vous ont fait aucun mal?

2. Fort bien, direz-vous, vous montrez parfaitement qu’Hérode était un homme de sang, et que sa cruauté est inexcusable; mais vous n’avez pas résolu l’objection concernant l’injustice du fait. C’était Hérode qui commettait l’injustice, soit, mais pourquoi Dieu la laissait-il commettre?

Que répondrai-je ici, sinon ce que j’ai coutume de vous représenter souvent, et dans l’église et partout ailleurs, et que je vous prie de bien retenir? Car c’est une règle qui doit vous servir pour d’autres semblables difficultés. Voici donc ce que je vous réponds. Il se trouve beaucoup de personnes qui veulent faire du mal aux autres. Mais je soutiens qu’il n’y a point d’homme qui puisse faire un mal véritable à un autre homme. Et pour ne pas vous tenir en suspens, je dis en un mot, que, qui que ce soit d’entre les hommes qui nous offense, Dieu tourne le mal qu’il nous fait à notre avantage, et s’en sert ou pour nous pardonner ou pour augmenter notre récompense. Afin d’éclaircir ce que je dis, je vous en, donne un exemple. Supposons qu’un serviteur soit redevable d’une somme considérable à son maître, que des hommes injustes le maltraitent, qu’on lui ravisse une partie de ce qu’il a; supposons encore que le maître puisse empêcher le vol, commander la restitution, et qu’au lieu d’agir de la sorte, il prenne sur ses comptes pour dédommager son serviteur, pourrait-on dire que : celui-ci a été lésé? pas le moins du monde. Mais si le maître remet au serviteur plus qu’on ne lui a pris, celui-ci n’aura-t-il pas gagné au lieu de perdre. Evidemment si.

Ayons ces pensées dans les maux dont on nous afflige injustement. Soyons certains que les afflictions ou nous obtiendront la rémission de tous nos péchés, ou que si nos péchés ne sont pas en si grand nombre qu’elles, elles nous mériteront une plus riche couronne. Vous en avez la preuve dans ce que dit saint Paul de celui qui était tombé dans la fornication : « Livrez, » dit-il, « cet homme à Satan pour faire mourir sa chair, afin que son âme soit sauvée. » (I Cor. V, 5.) Vous me direz qu’il s’agit ici des maux que nos ennemis nous font souffrir, et non pas des corrections que nos pasteurs nous imposent avec justice. Mais si vous voulez considérer avec soin les uns et les autres, vous n’y trouverez aucune différence. Notre difficulté était de savoir si le mal qu’on souffre est véritablement un mal pour (68) celui qui Je souffre. Mais je puis vous apporter un exemple qui se rapproche davantage de la question qui nous occupe. Souvenez-vous de David insulté dans son malheur par ce Séméi qui faisait pleuvoir sur lui les plus violentes injures; ses soldats voulaient tuer cet insulteur, mais il les retint, et leur dit : « Laissez-le faire, laissez-le maudire. Peut-être que le Seigneur regardera mon affliction, et qu’il me fera quelque grâce pour ces malédictions que j’endure. » (II Rois, XVI, 40.) C’est ce qu’il dit aussi dans ses psaumes : « Voyez combien mes ennemis se sont multipliés, et combien est injuste la haine qu’ils me portent et remettez-moi tous mes péchés. » (Ps. XXIV, 48, 49.) Le Lazare de même entra dans le repos; parce qu’il avait souffert en cette vie une infinité de maux. Ceux donc à qui on veut faire du mal, n’en reçoivent point en effet, s’ils le souffrent avec patience; au contraire ce mal se change pour eux en un grand bien, soit que Dieu les châtie par l’affliction, ou que le démon les persécute.

Mais quels crimes, me direz-vous, ces enfants avaient-ils fait pour qu’ils dussent les expier par une mort si sanglante? Ce que vous dites peut être vrai pour les personnes avancées en âge, et qui ont commis beaucoup de péchés; mais pour ces innocents qui meurent dans le berceau,’ quel péché avaient-ils pu ‘faire, qui dût être lavé de leur sang? — Souvenez-vous que je vous ai dit, iiue si l’injustice qu’on nous fait, ne trouvait point de péchés à punir en nous, elle nous mériterait une grande récompense. Quel mal est-il donc arrivé à ces enfants, lorsque, mourant pour un tel sujet, ils ont passé par une mort si prompte, comme par une courte tempête, au port éternel d’une heureuse paix?

Ils eussent pu, dites-vous, devenir de grands saints , s’ils eussent longtemps vécu. Mais croyez-vous que leur récompense ait été médiocre, pour avoir été tués à la place de Jésus-Christ? Et nous pouvons dire encore que si Dieu eût prévu que ces enfants eussent dû s’élever un jour à un grand mérite, il n’eût pas permis qu’ils eussent été tués dans le berceau. Car s’il tolère avec une patience si infatigable, ceux même qu’il sait devoir toujours demeurer dans le crime, il aurait bien plutôt empêché la mort de ceux-ci, s’il avait prévu qu’ils dussent un jour parvenir à un haut degré de vertu.

3. Voilà ce que nous pouvons dire sur ce sujet, mais il y a d’autres raisons bien plus secrètes de cette conduite, qui ne sont connues que de Celui qui a réglé ces événements, avec une providence incompréhensible. Remettant donc à Dieu la connaissance exacte et entière de ce secret, passons à la suite et apprenons de l’affliction des autres à souffrir avec courage tous les maux qui pourront nous arriver. Quelle tragique calamité en effet frappa alors Bethléem, où l’on voyait de tous côtés les enfants arrachés du sein de leur mère pour être cruellement immolés à la fureur d’un tyran!

Que, si vous êtes encore faible, si souffrir avec patience et sans se plaindre vous semble une sagesse au-dessus de vos forces, jetez les yeux sur la mort d’Hérode et respirez un peu à cette vue. La justice de Dieu fut prompte à le frapper, elle lui infligea une punition proportionnée à son crime, en lui faisant souffrir une mort cruelle, plus déplorable que tout ce qu’il fait endurer à ces innocents; elle l’accabla de mille maux, que savent ceux qui ont lu son histoire dans Josèphe. Je ne la rapporte point ici pour n’être pas trop long et pour ne pas interrompre la suite de notre Evangile.

« Ce fût alors qu’on vit l’accomplissement de ce qui avait été prédit par le prophète Jérémie. — Un grand bruit a été entendu en Rama, on y a entendu des plaintes, des pleurs et des cris lamentables; Rachel pleurant ses enfants et ne voulant point recevoir de consolation parce qu’ils ne sont plus. » Comme l’évangéliste avait rempli l’esprit du lecteur d’horreur et d’épouvante, en lui représentant un carnage si inhumain, si injuste, si cruel et si barbare, il le console ensuite en disant qu’il n’était point arrivé, ou par l’impuissance, ou par l’ignorance, de Dieu; puisqu’au contraire il l’avait prévu longtemps auparavant et l’avait prédit par son prophète. Relevez donc votre courage, ne craignez plus lorsque vous jetez les yeux sur cette providence de Dieu, qui se montre également et dans ce qu’elle fait elle-même et dans ce qu’elle laisse faire aux hommes.

C’est ce que Jésus-Christ disait autrefois à ses apôtres. Après leur avoir prédit qu’ils seraient traînés devant les tribunaux et menés au supplice ; que toute la terre s’élèverait contre eux et leur ferait une guerre irréconciliable, il ajoute aussitôt pour les consoler : (69) « N’est-il pas vrai qu’on a deux passereaux pour une obole? Et néanmoins il n’en tombe pas un seul sur la terre, sans la volonté de votre Père céleste. » (Matth. X, 29.) Il leur parlait de la sorte, pour leur apprendre que rien ne lui est caché; et qu’il voit tout, quoiqu’il ne fasse pas tout. Ne craignez point, leur dit-il, ne vous troublez point. Celui qui voit ce que vous souffrez et qui le pourrait empêcher s’il le voulait, montre assez que s’il permet que vous souffriez quelque chose, c’est parce qu’il a soin de vous et qu’il vous aime. Ce sont les sentiments que nous devons avoir dans toutes nos afflictions, et nous y trouverons toute la consolation que nous pouvons souhaiter.

Mais quelqu’un dira peut-être : Qu’a de commun Rachel avec Bethléem? Rachel, »dit l’Evangile, « pleure ses enfants. » Qu’a aussi de commun Raina avec Rachel? Rachel, mes frères, était la mère de Benjamin, et elle fut enterrée après sa mort dans un champ près de Bethléem. Comme donc son sépulcre était fort proche, que ce champ était échu à la tribu de Benjamin et que Rama était aussi de cette même tribu, l’Evangile appelle ces petits innocents les enfants de Rachel, à cause du chef de cette tribu et du lieu de sa sépulture. Et pour marquer que cette plaie était cruelle et incurable, il ajoute: «Elle n’a point voulu se consoler parce qu’ils ne sont plus. »

Nous apprenons encore ici ce que j’ai déjà dit, que nous ne devons jamais nous troubler, lorsqu’il nous arrive des choses contraires aux promesses que Dieu nous a faites. Car aussitôt que Celui qui venait pour sauver son peuple, ou plutôt toute la terre, est né, considérez par quelles épreuves il commence un si grand oeuvre. Sa mère s’enfuit, son pays tombe dans la dernière affliction, on fait un carnage d’enfants le plus lamentable qu’on eût jamais vu, et on n’entend de toutes parts que les pleurs, les soupirs et les cris des mères désespérées. Cependant ne vous troublez point. Dieu d’ordinaire accomplit ses desseins par des voies qui leur semblent tout opposées, pour nous faire admirer davantage sa toute-puissance. C’est ainsi qu’il a formé ses disciples, les préparant à de grandes actions par des moyens qui semblent tout contraires à ce dessein, afin que ce miracle parût plus grand. Car en souffrant les fouets, les exils et mille autres maux, ils sont devenus les maîtres de ceux même qui les ont traités de cette sorte.

4. « Depuis, Hérode étant mort, un ange du « Seigneur apparut aussitôt en songe à Joseph qui était en Egypte (19).  Et lui dit : Levez-vous et prenez l’enfant et sa mère et allez dans la terre d’Israël (20).»

« Et Joseph s’étant levé, prit l’enfant et sa mère, et s’en vint en la terre d’Israël (21).» L’ange ne dit plus ici: «Fuyez, » mais, « allez. »Vous voyez encore que le calme succède à l’orage et que l’orage revient après le calme. Car en quittant cette terre étrangère, il retourne dans son pays, où il apprend la mort funeste de ce meurtrier de tant d’enfants. Mais dès qu’il y est arrivé, il trouve encore un reste de ses précédents périls, le fils du tyran était vivant et régnait en Judée. « Mais ayant appris qu’Archélaüs régnait en Judée à la place d’Hérode son père, il appréhenda d’y aller, et ayant été averti en songe de la part de Dieu, il se retira au pays de Galilée (22). » Mais comment Archélaüs régnait-il dans la Judée, puisqu’il est dit dans l’Evangile que Ponce-Pilate en était gouverneur? Il n’y avait pas longtemps qu’Hérode était mort et son royaume n’était pas encore divisé en plusieurs parties. Donc pour un temps Archélaüs régnait au lieu d’Hérode, qui est appelé son père, pour le distinguer d’un autre Hérode, fils de ce premier et frère d’Archélaüs.

Mais, dira quelqu’un, si Joseph craignait d’aller en Judée à cause d’Archélaüs, il devait craindre aussi la Galilée à cause d’Hérode son frère, et fils du tyran. Je réponds que Joseph se mettait suffisamment à couvert de ce qu’il pouvait craindre, en ne demeurant point dans la Judée; parce que toute la fureur d’Hérode était tombée sur Bethléem, et sur le pays d’alentour. Archélaüs croyait qu’après ces sanglantes précautions il n’y avait plus rien à craindre; et que cet enfant qu’on cherchait seul, avait été tué avec les autres. D’ailleurs après avoir vu son père finir sa vie comme il l’avait finie, il devait craindre de continuer ses excès, et de lutter avec lui de cruauté.

« Et il vint demeurer en une ville appelée Nazareth, afin que ce qui avait été dit par le prophète fût accompli : Il sera appelé Nazaréen; » Joseph vient à Nazareth, pour éviter le péril, et pour revoir son pays qui lui était cher; et pour le faire avec plus de sûreté, il en reçoit l’ordre d’un ange. Saint Luc ne dit point que Joseph soit allé là par le commandement de l’ange: mais seulement que la purification (70) de la Vierge ayant été accomplie, ils s’en retournèrent à Nazareth. Que dirons-nous pour concilier ces deux évangélistes, sinon que le retour à Nazareth dont parle saint Luc, précéda la fuite en Egypte: Car Dieu ne leur commanda pas d’aller en Egypte avant la purification, de peur que la loi ne fût violée en quelque chose; mais cette cérémonie une fois accomplie, ils retournèrent d’eux-mêmes à Nazareth, où ils reçurent l’ordre de fuir en Egypte. Et ce fut au retour de ce bannissement que l’ange leur ordonna de demeurer en Nazareth, où ils étaient retournés d’eux-mêmes la première fois, par le plaisir qu’ils avaient de demeurer en leur pays. Comme ils n’étaient venus à Bethléem que pour obéir au commandement de l‘empereur, sans y trouver presque de lieu pour s’y loger : aussitôt ils s’en retournèrent à Nazareth; c’est pourquoi l’ange au retour de l’Egypte pour les mettre plus en repos, les renvoie encore en leur pays. Ce qui ne se fait pas sans une grande raison, puisque les- prophètes l’avaient prédit: « Afin d’accomplir, » dit l’Evangile, « ce qui avait été prédit par les prophètes : Il sera appelé Nazaréen. »

Quel est le prophète qui a dit cela? Ne soyez point en ceci trop curieux ni trop pointilleux. Car il y a beaucoup de prophéties qui se sont perdues, comme on en peut juger par le livre des Paralipomènes. La négligence et la paresse des Juifs a laissé perdre beaucoup de livres saints, comme leur impiété en a brûlé et détruit un grand nombre. Le prophète Jérémie se plaint de leur impiété; et leur négligence est attestée dans le quatrième livre des Rois, où il est marqué qu’après un long temps on eut peine à trouver le livre du Deutéronome, qui avait été caché en terre, et dont les caractères étaient presque effacés. Si lorsque leur pays était en paix, ils ont laissé périr ces livres si saints: combien l’auront-ils fait davantage au milieu de tant d’irruptions des peuples étrangers? Rien n’est plus certain, les prophètes avaient prédit que Jésus-Christ serait appelé Nazaréen, » et c’est pourquoi les apôtres lui donnent souvent ce nom.

Les Juifs étaient donc excusables, me direz-vous, de ne pouvoir comprendre la prophétie de Bethléem? Nullement. C’était au contraire cela même qui devait exciter leur curiosité, ils auraient dû chercher à concilier entre eux des oracles qui paraissaient se combattre. C’est le nom de Nazareth qui détermina Nathanaël à s’enquérir de Jésus, et il vint disant: «Peut-il venir quelque chose de bon de Nazareth? » (Jean, I, 46.) Car ce lieu était petit et méprisable; et non-seulement ce lieu, mais tout le pays de la Gaulée. C’est pourquoi les Pharisiens dirent à Nicodème : « Lisez bien l’Ecriture, et vous trouverez qu’il ne doit point sortir de prophète de la Galilée. » (Jean, VII,12.) Cependant Jésus-Christ ne rougit point d’être appelé de ce nom, pour nous faire voir qu’il n’a nul besoin de tout ce qui paraît grand selon les hommes. Il choisit ses apôtres eu Galilée, pays méprisé des Juifs, pour ôter toute excuse aux personnes lâches, et pour leur apprendre que rien de tout ce qui est extérieur ne leur peut nuire, s’ils s’appliquent sérieusement à la vertu. C’est pourquoi le Fils de Dieu n’a point voulu avoir de maison qui fût à lui : « Le Fils de l’homme, » dit-il, « n’a pas où reposer sa tête. » (Matth. VIII, 20.) C’est pour ce même sujet qu’il s’enfuit lorsqu’Hérode le veut tuer; qu’étant né il est mis dans une crèche; qu’il demeure dans une hôtellerie, et qu’il choisit une mère pauvre pour nous accoutumer à ne point rougir de toutes ces choses; pour nous apprendre, dès son entrée en ce monde, à fouler aux pieds tout l’orgueil du siècle, et à ne rechercher que les biens de l’âme qui sont les vertus?

5. Pourquoi, semble-t-il nous dire, être si fier de votre patrie, puisqu’en quelque lieu de la terre que vous soyez, je vous commande d’y demeurer comme un étranger; puisque si vous m’obéissez, vous pouvez devenir si grand, que tout le monde ensemble ne sera pas digne de vous? Pouvez-vous estimer ces choses, après que les philosophes païens les ont si méprisées, et qu’il les ont considérées comme étant hors de nous, et comme ne devant tenir que le dernier rang dans les biens du monde?

Cependant saint Paul, dites-vous, ne rejette pas ces avantages, lorsqu’il dit : « Quant à l’élection divine Dieu les aime, à cause des « patriarches qui sont leurs pères. » (Rom. XI, 28.) Mais considérez je vous prie, à qui saint Paul parle; et de qui il parle, et en quel temps. Il écrit à des païens, qui, devenus fidèles, s’enorgueillissaient de leur foi, traitaient les Juifs avec mépris , et les voulaient comme retrancher du rang des fidèles. C’est pourquoi saint Paul tâche de réprimer leur orgueil, et d’exciter en même temps les Juifs à la foi, et de les encourager à embrasser le culte de (71) Jésus- Christ. Mais lorsqu’il parle des plus grands hommes de l’Ancien Testament, voyez ce qu’il en dit: « Ceux, » dit-il, « qui parlent de la sorte font bien voir qu’ils cherchent leur patrie. Que s’ils avaient dans l’esprit celle d’où ils étaient sortis, ils auraient eu assez de temps pour y retourner; mais ils en désirent une meilleure, qui est la patrie céleste. » (Hébr. II, 14,15.) Et un peu auparavant: « Tous ceux-ci sont morts dans la foi « n’ayant point reçu les biens que Dieu leur avait promis; mais les voyant et comme les «saluant de loin. » (Ibid. 13.)

Saint Jean dit aussi à ceux qui venaient à son baptême: « Ne dites point: Nous avons Abraham pour père. » (Luc, III, 2.) Et saint Paul: « Tous ceux qui sont d’Israël ne sont pas Israélites, et les enfants de la chair ne sont pas les enfants de Dieu. » (Rom. IX, 6.) Quel avantage ont tiré les fils de Samuel d’avoir été les enfants d’un tel père, sans être les héritiers de sa vertu? De quoi a-t-il servi aux enfants de Moïse de l’avoir eu pour père, puisqu’ils ont dégénéré de son zèle? C’est pourquoi ils ne furent point les successeurs de son autorité après sa mort, parce qu’ils s’étaient contentés d’être ses enfants de nom; et le gouvernement du peuple passa aux mains d’un autre qui était son fils, non par sa naissance, mais par sa vertu. Timothée était fils d’un païen, en quoi son origine lui a-t-elle nui? Quel gain le fils de Noé a-l-il retiré de la vertu de son père, puisque de libre qu’il était, il n’a pas laissé de devenir esclave? Illustre exemple qui prouve que la noblesse du père ne suffit pas toujours à préserver le fils de toute déchéance; le déréglement de la volonté prévalut alors sur la loi de la nature, et non-seulement priva ce fils coupable des avantages de sa naissance, mais lui fit perdre jusqu’à la liberté.

Esaü n’était-il pas aussi fils d’Isaac, et chéri très particulièrement de son père? Isaac ne voulait-il pas lui donner sa bénédiction comme à son aîné; ce qui portait aussi Esau à lui complaire en toutes choses? Cependant parce qu’il était méchant, ces avantages ne lui servirent de rien. Quoique la nature lui eût donné le droit d’aînesse, et que son père voulût le lui conserver, il perdit tout, parce qu’il n’avait pas Dieu pour lui. Mais, pour ne point parler davantage de quelques particuliers, les Juifs ont été les enfants de Dieu, et cependant ce titre si glorieux leur a été inutile. Si donc ceux mêmes qui deviennent enfants de Dieu, à moins que de répondre à la dignité d’une si haute naissance, en sont encore punis davantage: comment pouvez-vous vous vanter de la noblesse de vos pères et de vos ancêtres?

Ce que je dis n’est pas moins vrai dans le Nouveau que dans l’Ancien Testament: « Tous ceux qui l’ont reçu, » dit saint Jean, « ont eu de Dieu la puissance de devenir les enfants de Dieu. » (Jean, I, 12.) Cependant saint Paul déclare que cette divine adoption sera inutile à plusieurs d’entre eux, lorsqu’il dit : « Si vous vous faites circoncire, Jésus-Christ ne vous servira de rien. » (Gal. V, 2.) Que s’il ne sert de rien d’être à Jésus-Christ à ceux qui ne veillent pas à la garde de leurs âmes, de quoi leur pourra-t-il servir d’être nés d’un homme? Ne soyons donc orgueilleux ni de notre naissance, ni de nos richesses, et méprisons ceux qui ont cet orgueil.

Ne soyons pas honteux d’être pauvres, travaillons à devenir riches en bonnes oeuvres. Fuyons cette pauvreté, qui est la compagne des vices, et qui réduisit à une si extrême indigence le riche de l’Evangile. Car il ne put pas seulement obtenir une goutte d’eau, quoiqu’il la demandât avec tant d’instance. Quel est l’homme parmi nous qui soit aussi pauvre que ce riche l’était alors? Ceux-mêmes qui meurent de faim ont au moins de l’eau, et non seulement par gouttes, mais en abondance, sans parler des autres soulagements. Mais ce mauvais riche est pauvre, jusqu’à n’avoir pas même cette goutte qu’il demande; et ce qui est encore plus horrible, jusqu’à n’avoir pas le moindre soulagement dans ses maux.

Pourquoi avons-nous tant d’avidité pour les richesses, puisqu’elles ne peuvent nous faire acquérir le ciel? Si un roi de La terre déclarait que nul d’entre les riches ne serait en honneur dans sa cour, et n’y aurait aucune charge, tout le monde ne renoncerait-il pas aux richesses? Quoi ! le danger d’être mal à la cour d’un prince, nous rendrait les richesses méprisables ; et quand le roi du ciel nous crie tous les jours: « Qu’il est difficile qu’un riche entre dans les cieux, » nous hésitons, et nous ne renonçons pas à tout, pour pouvoir entrer avec confiance dans ce royaume éternel?

6. Après cela serons-nous excusables d’amasser ainsi avec tant d’ardeur ce qui ne peut servir qu’à nous fermer la porte du ciel? Mais (72) nous n’amassons pas seulement cet argent dans nos coffres, nous le cachons encore dans la terre, lorsque nous pourrions le donner à Dieu, qui nous le conserverait pour l’autre vie? N’êtes-vous pas semblables à un laboureur, qui ayant reçu du blé pour le semer dans une terre bien préparée, le jetterait dans un lac où il périrait aussitôt, bien loin d’y pouvoir porter aucun fruit?

Mais que disent ces personnes, lorsque nous leur faisons ce reproche? Ce n’est pas pour nous une petite consolation, disent-elles, de voir chez nous ces trésors en assurance. C’est au contraire une grande consolation de savoir qu’on n’a point de trésor à garder chez soi. Car si vous ne craignez plus la famine, vous ne pouvez néanmoins éviter d’autres craintes plus fâcheuses; la mort, la guerre, et les violences secrètes de vos ennemis. S’il arrive une famine, le peuple, pressé par le besoin, viendra à main armée envahir votre demeure. Ainsi vous contribuez vous-même par votre avarice à affamer toute une ville, et vous exposez votre maison à un plus grand mal que n’est celui que la faim et la pauvreté vous auraient pu faire.

Je n’ai point encore ouï dire de notre temps, que quelque pauvre soit tout à coup mort de faim. Il y a une infinité de remèdes contre ce mal. Mais je puis faire voir combien de personnes ont été tuées, ou en secret ou en public, pour leurs biens et leurs richesses, ou pour des sujets semblables. On en voit mille. exemples dans les rues, dans les places publiques, et dans les, lieux même où l’on exerce la justice. Toute la terre en est pleine. Mais que dis-je, toute la terre? La mer même est très souvent teinte du sang de ceux qui, y vont chercher des richesses. Tel s’expose sur la mer pour chercher de l’or, qui y trouve un pirate qui le tue pour avoir cet or. Ainsi le même désir des richesses, qui fait l’un marchand, fait l’autre pirate et homicide. Qu’y a-t-il donc de plus perfide que l’argent, puisqu’il engage tant de monde, ou à des bannissements volontaires; ou à des périls extrêmes, ou à des morts sanglantes et malheureuses ? « Qui aura compassion, » dit l’Ecclésiaste, «de l’enchanteur qui est mordu d’un serpent? »(EcclXXII, 13.) Il faudrait au moins que la connaissance qu’ont les hommes de la cruelle domination de l’avarice, les empêchât de s’y soumettre, et les délivrât d’une passion si violente et si tyrannique. Mais comment cela se peut-il faire, me dites-vous? Vous le ferez si vous substituez à cet amour de l’or, un autre amour, le désir des choses du ciel. Celui qui soupire après ce royaume, se rit de la passion de l’avarice. Le véritable serviteur de Jésus-Christ ne sera jamais l’esclave, mais le maître de l’argent. Car pour l’ordinaire l’argent poursuit qui le fuit; et fuit qui le cherche. II respecte moins celui qui le souhaite que celui qui le méprise. Il se moque de celui qui court après lui; et non-seulement il s’en moque, mais il le charge de mille chaînes.

Rompons, mes Frères, ces fers si pesants. Pourquoi asservissez-vous une âme raisonnable à une matière morte et sans raison, qui est la mère de mille maux? Mais, ô folie inconcevable des hommes ! nous faisons la guerre à l’avarice en paroles, et elle nous assujétit en effet. Elle nous traîne partout après elle comme des âmes vénales; et comme des esclaves qu’elle a achetés avec de l’argent. Y a-t-il rien au monde de plus honteux et de plus infâme pour des chrétiens? si nous ne pouvons pas nous élever au-dessus d’une matière sans âme et sans mouvement, comment pourrons-nous vaincre ces puissances spirituelles qui nous attaquent? Si nous ne pouvons mépriser un peu de terre, et quelques petites pierres qui ont de l’éclat; comment nous assujétirons-nous les principautés et les puissances? Comment pourrons-nous pratiquer la chasteté, si nous ne pouvons résister à l’avarice? Si l’éclat de l’argent nous fasciné, comment résisterons-nous à l’attrait d’un beau visage? Il y en a même qui sont tellement passionnés pour l’argent, qu’ils ne peuvent le regarder sans en être transportés, et qu’ils disent en plaisantant « que la vue de l’or est la joie des yeux. » Ne faites pas de ces plaisanteries, ô homme. Rien au contraire n’est plus pernicieux pour les yeux du corps et de l’âme, qu’un regard de convoitise jeté sur l’argent. C’est un tel regard qui a éteint les lampes des vierges folles, et qui les a exclues de la chambre de l’époux. Cette vue de l’or que vous dites être si agréable aux yeux, est ce qui a aveuglé Judas, qui lui a fermé le coeur pour ne pas se rendre à la voix de son maître; qui l’a contraint de se tuer et de se perdre lui-même; et qui a fait tomber en même temps ses entrailles sur la terre, et son âme dans l’enfer. (73)

Qu’y a-t-il de plus funeste que cette passion? Qu’y a-t-il de plus dangereux? Je ne parle point de la matière même de l’or, je ne parle que du désir furieux qu’ont les hommes de le posséder. C’est cette , passion qui rougit si souvent la terre du sang des hommes, qui la remplit de meurtres; et qui est plus cruelle que les bêtes les plus farouches. Car elle met en pièces tous ceux qu’elle possède, et ce qui est effroyable, elle les déchire sans qu’ils le sentent. Nous devrions, lorsque nous sommes exposés à ses violences, tendre la main à ceux qui passent, et les appeler à notre secours, et nous nous tenons au contraire heureux de ce qu’elle nous dévore, et nous aimons ses blessures, ce qui est le comble de tous les maux. Pénétrons-nous donc de ces vérités si utiles; fuyons cette maladie incurable ; guérissons ces morsures envenimées; et retirons-nous bien loin d’une peste si dangereuse: afin de pouvoir mener ici une vie tranquille, et obtenir un jour les trésors du ciel par la grâce et par la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, avec qui est au Père, ainsi qu’à l’Esprit-Saint la gloire, la force, et l’honneur maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Amen.

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