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HOMELIES SUR OZIAS OU TOUCHANT LES SÉRAPHINS.

 

AVERTISSEMENT.

 

Savilius regarde les cinq premières des homélies suivantes comme également authentiques. Cepen tant le silence du Catalogus Augustanus laisse place au doute en ce qui concerne la quatrième, et l'on peut affirmer, en tout cas, que c'est mal à propos qu'elle a été intercalée entre la troisième et la cinquième avec lesquelles elle ne forme. pas suite.

L'ordre général dans lequel sont disposées ces six homélies n'est point d'ailleurs l'ordre chronologique. C'est ce q!e le savant Tillemont a parfaitement démontré. La première, loin de se relier à la seconde, parai avoir été prononcée à une époque bien postérieure, dans un temps où l'Empire, livré à de faibles mains, était déjà envahi par les barbares. Saint Jean Chrysostome fait un tableau de ce temps de revers et de désastres qui permet de rapporter celte homélie au règne d'Arcadius, lequel commença en l'an 395. On peut ajouter que, dans cette première homélie, l'histoire d'Ozlas n'arrive qu'incidemment., de sorte que le plan même dit discours lui assigne une date toute différente. D'ailleurs cette date reste incertaine, il en est de même du lieu où l'homélie fat prononcée, on hésite entre Antioche et Constantinople.

L'homélie suivante, qui est la seconde de la série, parait avoir été prononcée à Antioche. On conclut en effet des termes dont Chrysostome se sert pour annoncer qu'il va céder la parole à nu autre orateur, que cet orateur n'était autre que Flavien, l'évêque d'Antioche. D'autre part, la comparaison que fait te Saint entre son inexpérience et l'expérience consommée de celui qui va le remplacer dans la chaire a fait croire à Tillemont que saint Jean Chrysostome débutait alors dans le sacerdoce. Des éditeurs modernes ont jugé que c'était là un indice bien léger, il est clair qu'on ne saurait en tirer une date précise, mais ce n'est pas à dire qu'il ne faille en tenir aucun compte. A cet indice qu'ils rejettent, les mêmes éditeurs en out substitué un autre emprunté à ces mots du prédicateur : mais je parlerai des noms dans un autre temps (il s'agit de l'addition d'une lettre au nom d'Abram), et ils en concluent que la présente homélie dut être prononcée la même année que celle qui a pour sujet, le changement des noms, peut-être aurait-il mieux valu se borner à dire que ce dernier discours est certainement postérieur à celui qui nous occupe et que probablement il le suivit d'assez prés. Il n'y a donc pas lieu, ce semble, de s'arrêter à la date de 388, proposée par les mêmes critiques, d'ailleurs à titre de simple conjecture.

La troisième homélie parait avoir été prononcée peu de temps après la seconde, cette fois encore l'évêque Flavien prit la parole après saint Jean Chrysostome, l'auditoire était donc encore composé des habitants d'Antioche. — Flavien parla des martyrs, avant lui saint Jean Chrysostome avait entretenu les fidèles d'Ozias et des séraphins, ou plutôt encore de l'orgueil du roi Ozias, orgueil qui causa sa perte.

L'homélie qui vient en quatrième lieu ne se relie aucunement à la cinquième, ainsi que nous l'avons déjà fait pressentir plus haut; en effet, bien qu'il y soit question d'Ozias vers le milieu, rien n'indique ni une date commune ni un même lieu ; on peut même croire que cette quatrième homélie fut prononcée à Constantinople, car les termes par lesquels saint Jean Chrysostome caractérise la ville où il parle ne permettent guère de songer à Antioche, en dépit de la conjecture hasardée, timidement d'ailleurs, par Tillemont. Il faudrait donc déplacer ce discours, n'était l'autorité, sinon unanime, au moins générale, des manuscrits. Ajoutons que saint Jean Chrysostome parait l'avoir prononcée dans le fort de l'été.

La cinquième homélie s'adapte exactement à la troisième et parait y faire suite, contrairement à ce que nous avons remarqué au sujet de la quatrième.

La sixième enfin s'enchaîne parfaitement à la cinquième, elle fut prononcée à Antioche à l'approche du Carême.

Erasme a donné des cinq premières homélies une traduction latine qui a été reproduite avec des corrections dans l'édition Migne, la sixième a été mise en latin par Fronton du Duc.

 

 

402

 

PREMIÈRE HOMÉLIE. A LA LOUANGE DES FIDÈLES QUI SE SONT RENDUS A L'ÉGLISE, SUR LE BON ORDRE A OBSERVER DANS LE CULTE DIVIN , ET SUR LE TEXTE : « J'AI VU LE SEIGNEUR ASSIS SUR UN TRONE ÉLEVÉ ET SUBLIME. »

 

ANALYSE.

 

1. Félicitations adressées aux auditeurs sur leur empressement à venir à l'Église.

2. Exhortation morale sur la contenance que l'on doit garder à l'Église. Que l'allégresse doit être mélangée de crainte chez les fidèles. Exemple des anges.

3. Explication du texte d'Isaïe. — Altitude des séraphins en présence de Dieu.

4. Funeste influence des spectacles. Vains subterfuges de ceux qui prétendent y assister sans péril. — Coupable irrévérence de ceux qui s'entretiennent d'affaires mondaines à l'Église, que le malheur des temps n'est point une excuse admissible, que la faute en est d'ailleurs au peuple, plutôt qu'à ses chefs.

5. Exemples relatifs à la proposition précédente, empruntés à l’Ecriture sainte. — Histoire d'Achar.

6. Punition d'Achar. — C'est donc nous-mêmes que nous devons accuser avant tout, même des malheurs publics. Dispositions intérieures et maintien exigés du fidèle présent à l'église:

 

1. Je vois que vous montrez beaucoup de zèle à mettre en pratique les conseils que je vous ai donnés l'autre jour. Aussi est-ce avec ardeur que, de mon côté, je jette la semence de l'instruction , fortifié par les bonnes espérances que font naître en moi ces dispositions. Quand le cultivateur qui s'est fatigué à répandre la graine, voit la terre fécondée se couvrir d'épaisses moissons, il oublie ses récents labeurs ; l'appât du gain l'excite à continuer ses travaux, à pourvoir à la conservation de sa récolte. Et combien plus profitable, combien plus lucrative n'est point la culture qui nous occupe? La culture de la terre, par l'abondance de fruits matériels qu'elle procure, subvient à la nourriture des corps: notre culture, à nous, en semant l'enseignement de la parole, en multipliant les dons de l'esprit, assure des provisions spirituelles, des vivres inépuisables et à l'abri des avaries, des trésors d'abondance garantis contre les ravages du temps, et placés sous la gardé d'une providence ineffable, trésors dont il n'est donné qu'à l'esprit de jouir. Voilà le revenu que je tire de mes travaux, voilà les trésors que je mets en réserve pour votre charité. Lorsque je les vois s'accroître en vous, comment ne me réjouirais-je pas? ce n'est donc pas en vain que je répands la graisse, ce n'est pas en pure perte que j'ai pris de la peine, la terre où je sème est grasse et fertile, et propre à donner des fruits. Mais d'où me vient cette idée, que je fais un gain pareil? qu'est-ce qui me fait juger que mes discours produisent des actes? C'est votre empressement actuel, c'est le zèle avec lequel vous prenez possession de cette église; notre mère à tous; ce sont ces stations nocturnes et prolongées , c'est cette assiduité avec laquelle à l'imitation du choeur angélique, vous offrez au créateur une perpétuelle adoration. O présents du Christ ! Là-haut, des armées d'anges chantent l'hymne de gloire: ici-bas, dans les églises, des hommes pareillement réunis en choeurs chantent le même hymne à leur exemple. Là-haut les séraphins font retentir l'hymne trois fois saint : ici-bas la foule des humains envoie au ciel les mêmes louanges; c'est comme une fête qui réunit ensemble les habitants des cieux et les habitants de la terre: reconnaissance, allégresse, choeurs joyeux, tout est commun. En effet, ce concert, c'est l'ineffable condescendance du Maître qui l'a formé, c'est le Saint-Esprit qui l'a composé; c'est la gloire du Père qui en a combiné (403) l'harmonie: c'est d'en-haut qu'il tient la beauté de ses mélodies; c'est la Trinité qui le fait vibrer, comme l'instrument touché par la verge d'ivoire, et lui fait rendre ces modulations délicieuses et célestes, ces chants angéliques, cette éternelle symphonie. Voilà le résultat de notre empressement à l'Eglise, voilà le fruit de nos réunions? Voilà pourquoi je me réjouis en considérant l'éclat de cette solennité; je me réjouis en voyant ce bonheur qui remplit vos âmes, cette joie spirituelle, cette allégresse selon Dieu. Car rien ne répand autant de charme sur notre vie, que le contentement que nous goûtons à l'église. A l'église se conserve la joie de ceux qui sont dans la joie: à l'église se trouve le bonheur pour les affligés; à l'église la gaîté pour les souffrants; à l'église le rafraîchissement pour ceux qui sont las; à l'église le repos pour ceux qui succombent. « Venez ici près de moi, est-il écrit, vous tous qui êtes fatigués et accablés; et je vous donnerai le repos. » (Matth. II, 28.) Quoi de plus aimable que cette parole? de plus doux que cet appel? C'est à un festin que le Maître vous appelle, en vous appelant à l'église, c'est au repos qu'il vous convie en place de vos fatigues, c'est en récréation qu'il change vos peines, alors qu'il allége le faix de vos péchés ; les délices triomphent de votre chagrin , la gaîté guérit votre douleur d'ineffable sollicitude ! ô appel céleste! Hâtons-nous donc, mes chers frères, de montrer encore un redoublement d'ardeur, et en même temps, de ne point perdre de vue, en contentant notre zèle, les règles de la convenance et le but que nous devons nous proposer. C'est le sujet dont je veux aujourd'hui vous entretenir : sujet déplaisant en apparence, mais utile en réalité bien loin qu'il doive vous paraître importun. Ainsi agissent les pères qui chérissent leurs enfants: ils ne s'occupent pas seulement de leur procurer des plaisirs d'un instant, ils ne craignent pas quelquefois de leur faire de la peine : ils ne se bornent pas à leur recommander les pratiques dont l'utilité est manifeste d'elle-même. celles même qui paraissent gênantes , mais auxquelles il est salutaire de se conformer, ils les leur enseignent avec une grande sollicitude , et exigent d'eux qu'ils les observent exactement. Que si nous prolongeons ce préambule, c'est pour que la peine que nous prenons ici ne soit pas perdue, c'est pour ne pas nous consumer en luttes et en veilles inutiles, c'est pour que nos paroles ne se perdent pas dans l'air après avoir retenti plutôt à notre détriment qu'à notre profit. En effet, le marchand qui part pour de lointains voyages, qui affronte tous les efforts des vents et tous les soulèvements des vagues, ne se résignerait pas à s'exposer en pure perte à de pareilles épreuves : s'il fend les vagues, s'il brave les périls, s'il change de lieu sans cesse, s'il passe toutes ses nuits sans dormir, c'est pour que son trafic l'enrichisse. De telle sorte que si, loin de trouver de l'avantage et de retirer un gain, il est encore menacé de perdre son capital, il est impossible qu'il lève l'ancre et coure se jeter au milieu de ces innombrables périls.

2. Convaincus de ces vérités, entrons ici avec le respect convenable, si nous ne voulons an lieu d'obtenir la rémission de nos péché:. revenir chez nous chargés de péchés nouveaux. — Qu'est-ce donc qui est demandé, exigé tic nous? C'est lorsque nous chantons les hymnes divins, d'offrir cet hommage avec un sentiment de crainte profonde et un extérieur qui respire la piété. En effet, il y a ici des personnes, lesquelles, je le pense, ne sont pas inconnues à votre charité, qui manquent de respect à l'égard de Dieu, et ne voyant dans les paroles de l'Esprit que des propos vulgaires, poussent des cris désordonnés et se conduisent véritablement comme des insensés, à voir l'agitation, les mouvements en tout sens de toute leur personne et dénotent par là des dispositions Lien différentes d'un état vraiment spirituel. Malheureux, infortuné que tu es ! Quand c'est avec crainte et tremblement que tu devrais mêler ta voix aux louanges angéliques, quand c'est en frissonnant que tu devrais faire ta confession au Créateur afin d'obtenir par ce moyen le pardon de tes fautes, voici que tu transportes en ce lieu les postures des mimes et des danseuses, comme eux agitant les bras au mépris des bienséances, trépignant des pieds et disloquant ton corps par mille contorsions. Et comment n'éprouves-tu ni crainte ni effroi en bravant ainsi la sainte parole? ne songes-tu pas que Dieu lui-même est ici, invisible et présent, qu'il surveille les mouvements de chacun, qu'il lit dans sa conscience? Ne songes-tu pas que des anges assistent à ce redoutable banquet, et entourent cette table tout pénétrés de crainte? mais non , tu ne songes point à cela, parce que les propos et les spectacles du théâtre ont fait la nuit dans ta pensée; voilà (404) pourquoi tu mêles ce qui se fait là-bas aux rites de l'église: voilà pourquoi par des cris indistincts tu trahis le désordre de ton âme. Comment donc pourras-tu demander la rémission de tes péchés? comment pourras-tu attirer sur toi la miséricorde du Maître , quand c'est avec une pareille négligence que tu lui présentes ta requête. « Dieu ayez pitié de moi, » dis-tu, et tu montres des dispositions faites pour éloigner la pitié. « Sauvez-moi, » cries-tu, et tu affectes une posture propre à écarter le salut. De quoi servent pour la prière ces mains continuellement élevées en l'air ou balancées indécemment, ces cris violents, ces efforts de voir qui ne font que rendre la parole indistincte? N'est-ce point ainsi que se tiennent les prostituées des carrefours? N'est-ce point ainsi que crient les acteurs dans les théâtres? Comment peux-tu donc à ces angéliques hommages mêler les jeux des démons? Comment ne rougis-tu point lorsque tu t'entends proférer toi-même cette parole : « Servez le Seigneur dans la crainte et célébrez-le avec tremblement. » (Ps. II, 11.) Est-ce le servir avec crainte , que de se laisser ainsi aller à la dissipation, aux mouvements déréglés, que de ne pas savoir toi-même ce que signifient ces éclats désordonnés de ta. voix? C'est là le fait de ce mépris, non de la crainte, de l’arrogance, non de l'humilité; c'est se divertir, plutôt que louer Dieu, qu'est-ce donc que servir Dieu dans la crainte? C'est apporter, fidèle en tout aux recommandations divines, de la crainte et du recueillement à l'exécution de celle-ci, c'est offrir ses prières avec un coeur contrit et une âme humiliée. Et ce n'est pas seulement de le servir dans la crainte, c'est encore de se réjouir en lui, avec tremblement que l'Esprit-Saint nous prescrit par la bouche du Prophète. En effet, comme en général, l'accomplissement d'un devoir produit de la joie chez l'homme vertueux, il a soin de dire que, en ce qui regarde ce devoir particulier, il convient de l'accomplir avec crainte et tremblement, de peur qu'en nous abandonnant au relâchement de la sécurité nous ne perdions le fruit de nos peines, et qu'en même temps nous n'excitions la colère divine. Mais comment faire, dira-t-on, pour se réjouir avec tremblement? Ces deux choses ne sauraient se trouver réunies, tant est grande la différence qui les sépare. On appelle joie la satisfaction des désirs, la jouissance des choses qui plaisent, l'oubli de celles qui chagrinent; crainte, au contraire, cette appréhension des maux prévus, à laquelle est en proie une conscience qui s'accuse. Comment donc peut-on se réjouir avec crainte, et non-seulement avec crainte, mais encore avec tremblement, ce qui est un redoublement de crainte et un signe de mortelles angoisses.

Comment cela se petit-il faire, dites-vous? Les séraphins eux-mêmes vous l'enseignent: car c'est ainsi qu'en fait ils s'acquittent de leur ministère. Ces êtres qui jouissent de l'ineffable gloire du Créateur, qui contemplent son incomparable beauté (non sans doute telle qu'elle est réellement: car nulle créature ne saurait la comprendre, ni la contempler, ni la figurer, et il serait absurde de s'en faire cette idée; mais autant qu'ils en sont capables, autant qu'il leur est donné de percevoir la lumière des rayons éternels); ces êtres donc, continuellement occupés de leur ministère autour du trône royal, vivent dans une joie perpétuelle, dans un éternel contentement, dans une allégresse incessante, toujours tressaillant de plaisir, et chantant les louanges du Très-Haut. Etre en présence d'une telle gloire, être inondés par la splendeur qui en jaillit, voilà leur joie, voilà leur allégresse, leur bonheur, leur gloire. Peut-être cela vous charme-t-il, peut-être le désir de cette gloire s'allume-t-il en vous.

3. Eh bien ! si vous voulez écouter celui qui vous exhorte, et prendre part avec respect aux louanges qui se chantent ici-bas, vous ne serez point privés de cette joie incomparable; car c'est le même Dieu qu'on célèbre sur terre et dans les cieux. « Le ciel et la terre, » dit l'Ecriture, « sont remplis de ses louanges. » (Isaie, VI, 3.) Comment donc ces êtres qui jouissent d'un tel contentement peuvent-ils y mêler de la crainte ? Ecoutez ce que dit le Prophète : « J'ai vu le Seigneur assis sur un trône élevé et sublime. » Pourquoi après avoir dit qu'il est élevé, l'appelle-t-il. encore sublime? Est-ce que le mot « élevé » ne suffisait point pour peindre la chose, et montrer ce qu'a d'éminent une pareille majesté. Pourquoi donc ajouter « sublime. ? » C'est pour montrer ce que ce trône a d'incompréhensible. En effet chez nous le mot « élevé » implique l'idée d'une comparaison avec les objets bas et inférieurs: par exemple, les montagnes sont élevées relativement aux plaines et aux endroits creux, le ciel est élevé puisqu'il domine toutes (405) les choses d'ici-bas : au contraire, ce qui est sublime, éminent, n'appartient qu'à cette incompréhensible nature, qu'il n'est possible ni d'entendre ni d'expliquer: de là ces mots « J'ai vu le Seigneur assis sur un trône élevé et sublime. » Et qu'avez-vous vu encore, ô Prophète? Qu'avez-vous aperçu autour de lui? « Et les séraphins, » continue-t-il, « étaient debout autour de lui. » Que faisaient-ils? Que disaient-ils? Quelle confiance montraient-ils? Aucune confiance, répond le Prophète, mais une crainte, un saisissement extrême, une terreur indicible qui se manifestait par leur maintien même. De leurs deux ailes ils se cachaient le visage, à la fois pour se protéger contre les rayons que lançait le trône, et dont ils ne pouvaient supporter l'éclat irrésistible, et d'autre part, de manière à laisser voir le respect qu'ils ont eux-mêmes pour le Maître.

J'ai dit quelle est leur joie, quel est leur contentement, et néanmoins ils cachent non-seulement leur visage , mais jusqu'à leurs pieds. Et pourquoi cela? Quant aux yeux, cela s'explique par l'objet redoutable qui est devant eux, par l'impossibilité de soutenir l'éclat de la gloire inaccessible; mais pourquoi se couvrir les pieds? J'aurais voulu vous laisser cette question à examiner, afin d'occuper vos esprits à la résoudre, et de les animer à la recherche des vérités spirituelles; mais je crains, en laissant votre pensée préoccupée de ce sujet, de vous distraire de l'exhortation, en sorte qu'il faut bien vous expliquer l'énigme. Pourquoi donc se oeuvrent-ils les pieds? C'est une suite de leur empressement à montrer leur piété vis-à-vis du Créateur; de là ces angoisses qu'ils s'efforcent de manifester par leur attitude, leur voix, la direction de leurs regards, comme aussi en restant debout. Et comme en dépit de tout cela ils ne peuvent réussir à réaliser leur désir, ni à faire leur devoir, ils dissimulent leur incapacité en se voilant de toutes parts. Avez-vous compris mon explication, ou faut-il que je la reprenne? Pour la rendre plus claire, j'aurai recours aux exemples qui sont sous nos yeux. Quelqu'un se fait-il présenter à un monarque terrestre, il cherche tous les moyens de lui témoigner un grand respect, afin de s'attirer par là une faveur plus signalée. Dans cette vue, il combine et les mouvements de sa tête et lés inflexions de sa voix, il a soin de tenir ses mains jointes et ses pieds rapprochés, en un mot de composer toute son attitude, de manière à exprimer cette vénération. Il en est ainsi de ces puissances incorporelles. Dans leur vif désir d'attester leur respect envers le Créateur, dans leurs efforts de tout genre pour y parvenir, ne pouvant y réussir néanmoins, ils cachent sous un voile leur impuissance à réaliser leur désir. Voilà pourquoi l'on dit qu'ils se cachent et le visage et les pieds. Ces paroles se prêtent d'ailleurs à une autre considération appartenant à l'ordre mystique : il ne faut pas entendre par là que les anges aient des pieds, un visage (ils sont incorporels ainsi que la Divinité). Le Prophètes voulu indiquer par ce langage, qu'ils se recueillent de toutes parts sur eux-mêmes, qu'ils servent le Maître avec crainte et avec une pieuse retenue. C'est ainsi que nous devons nous présenter nous-mêmes devant lui, quand nous lui offrons de semblables hommages; nous devons craindre, trembler, nous figurant que nous le voyons lui-même avec les yeux de l'esprit. Et n'est-il pas présent ici, en effet, Celui qu'aucun lieu ne renferme, ne prend-il pas note des paroles que chacun profère? C'est donc avec cette contrition, dans cette humilité du coeur, que nous devons chanter ses louanges, afin de les rendre agréables et d'envoyer au ciel comme le parfum d'un encens odorant. « Dieu, » dit l'Ecriture, « ne méprisera point un cœur contrit, et humilié. » (Ps. L, 19.) Cependant, dira-t-on, le Prophète nous exhorte à célébrer Dieu avec jubilation : que «toute la « terre célèbre le Seigneur avec jubilation. » (PS., LXV, 4.) Mais ce que nous proscrivons, ce n'est point une pareille jubilation, ce sont les cris indistincts; ce n'est point la voix de la glorification, c'est la voix du tumulte, ce sont les disputes, les mains agitées en l'air hors de propos, les piétinements, les attitudes molles ou indécentes, où se complaisent les désoeuvrés au théâtre et dans les hippodromes. De là nous viennent ces enseignements funestes, de là ces vociférations irrévérencieuses et déplacées, de là ces gestes désordonnés, ces querelles, ces disputes, ces attitudes malséantes.

4. En effet rien ne dispose autant au mépris de la parole divine que les divertissements qu'on va chercher dans ces spectacles. C'est pour cette raison que j'ai exhorté plus d'une fois quiconque entre ici, quiconque jouit de l'enseignement divin, quiconque participe au redoutable et mystérieux sacrifice, à ne point porter ses pas dans ces théâtres, à ne point (406) mêler les mystères de Dieu aux mystères des démons. Mais il y a des hommes si insensés que, même revêtus des apparences de la sagesse, même avancés en âge, ils ne craignent pas de déserter l'Eglise pour ces lieux, sans égard à nos paroles, sans respect pour leur propre extérieur. Si nous venons à leur alléguer cette considération, à les exhorter au respect de leurs cheveux blancs et de la sagesse, quelle est leur sotte et ridicule réponse? Ces spectacles, disent-ils, offrent l'image de la victoire et des couronnes de la vie future, et nous en retirons la plus grande utilité. — Que dis-tu là, mon ami ? Ce n'est qu'une vieillerie spécieuse et funeste. D'où pourrait provenir cette utilité? De tant de querelles, de tant de serments prodigués à la légère pour le malheur de ceux qui les prononcent, ou bien de ces injures, de ces invectives, de ces quolibets dont les spectateurs de ces jeux s'éclaboussent mutuellement? Mais ce n'est point de ces choses-là: c'est donc de ces cris désordonnés, de ces éclats de voix inarticulés, de ces nuages de poussière, de cette cohue, de ces violences, de ces minauderies à l'adresse des femmes, c'est de là que tu retires de l'utilité? Ici c'est le Maître des anges lui-même qui nous est montré par tous nos prophètes et nos instituteurs assis sur un trône élevé et sublime, et distribuant à ceux qui en sont dignes les prix et les couronnes, à ceux qui en sont indignes assignant en partage la géhenne et le feu; c'est le Seigneur lui-même qui nous en assure. Eh bien ! tu ne tiens nul compte de tout cela; tu ne tiens compte ni des alarmes de la conscience, ni de la révélation de tes crimes, ni des angoisses du jugement, ni de l'irrévocable sévérité de la punition ; et pour parer ta curiosité d'un absurde prétexte, tu prétends trouver un profit là où tu encours un irréparable dommage? Ah ! je vous en prie, je vous en conjure, ne cherchons point d'excuses à nos péchés. ce sont là des faux-fuyants, des subterfuges qui ne peuvent que causer notre malheur. — Mais en voilà assez sur ce sujet: il est temps de revenir maintenant à notre première exhortation, et de la conclure en quelques mots, afin de terminer ce propos comme il convient. En effet ce n'est pas seulement l'indiscipline qui règne en ce lieu, c'est encore une autre maladie pernicieuse. En quoi consiste-t-elle ?En ce que, venus ici pour converser avec Dieu, et pour lui adresser nos hommages, nous l'oublions pour prendre à part notre voisin, pour régler nos affaires, pour causer des affaires de la place publique, de celles de l'Etat, du théâtre, de l'armée, dire comment telle chose a été conduite, comment telle autre a été négligée, ce qui excède la mesure, ce qui reste en deçà; en un mot, pour nous entretenir ici de toutes nos affaires, soit publiques, soit privées. — Et comment excuser une pareille conduite? S'il nous arrive d'avoir audience d'un des rois de la terre, nous lui parlons seulement des choses dont il veut nous entretenir et au sujet desquelles il nous interroge : et quiconque oserait entamer une autre matière sans y être autorisé encourrait le plus terrible châtiment : et vous, quand vous abordez le Roi des rois, celui que les anges ne servent qu'en tremblant, vous interrompez votre dialogue avec lui, pour parler de boue, de poussière, de toiles d'araignée? Car voilà justement les affaires d'ici-bas. Et comment porterez-vous la peine de ce mépris? Et qui vous sauvera du châtiment réservé à une faute pareille ?

Mais, dira-t-on, les affaires vont mal, l'Etat de même. et c'est pour nous un grand sujet d'entretiens et de discussions. Et quel en est le motif? L'incapacité de ceux qui nous gouvernent, répondra-t-on? Non, ce n'est point l'incapacité de ceux qui gouvernent, ce sont nos fautes, c'est le châtiment mérité par nos prévarications. Voilà ce qui a tout bouleversé, voilà ce qui a causé tous nos maux, voilà ce qui a armé nos ennemis, voilà ce qui a provoqué notre défaite. Si l'essaim des tribulations s'est répandu sur nous, la seule raison est celle que je viens de dire. En sorte que, eussions-nous à notre tête un Abraham, un Moïse, un David, un Salomon, le plus sage des hommes, fissions-nous gouvernés par le plus juste des mortels, si nous nous conduisons mal, c'est tout un quant au principe des maux qui nous accablent. Comment, de quelle façon ? En effet, avons-nous pour chef un transgresseur des lois, un homme sans prudence et sans esprit de conduite: c'est que notre imprudence à nous et notre indiscipline nous ont valu un pareil guide, c'est que nous avons mérité par nos fautes d'être ainsi frappés. — C'est là, en effet, ce qu'il faut entendre par l'expression, avoir des chefs selon son coeur: cela signifie qu'en expiation de nos fautes antérieures nous sommes tombés sous la direction d'un pareil (407) maître, que ce soit un prêtre, ou un homme préposé aux affaires du monde. Mais fût-il un juste dans toute la force du terme, fût-il en justice l'égal de Moïse lui-même, son équité personnelle n'aura pas le pouvoir de voiler les innombrables excès de ses subordonnés. Et c'est ce dont on peut juger parfaitement par l'exemple de Moïse, de cet homme qui souffrit tant d'épreuves pour Israël, qui adressa pour ce peuple tant de supplications à Dieu, afin qu'il le mît en possession de la terre promise mais attendu qu'Israël par ses propres infractions avait détourné de lui l'effet de cette promesse, la prière de Moïse ne put obtenir de Dieu l'abrogation du juste arrêt prononcé contre ce peuple qui, tout entier, fut terrassé dans le désert. Et cependant qui fut plus juste que Moïse? Qui put parler à Dieu,plus librement? Sans doute on dit que la prière du juste est puissante, mais c'est quand elle est rendue efficace, c'est-à-dire corroborée par le repentir et la conversion de ceux qu'elle concerne. Quant à ceux qui sont incorrigibles et incapables de conversion, comment pourrait-elle leur venir en aide, quand eux-mêmes y mettent opposition par leur conduite ?

5. Et pourquoi rappeler ce qui arrive d'un peuple abandonné tout entier au crime, quand on voit la faute d'un petit nombre de sujets, souvent même d'un seul, prévaloir sur le crédit des justes qui gouvernent? - Et c'est ce que montre encore l'exemple d'Israël, qui, dirigé par Moïse, ne fut pas plus tôt arrivé sur la terre étrangère, et n'eut pas plutôt engagé le combat, que quelques-uns d'entre eux s'éprirent d'une folle passion pour les femmes de ce peuple ennemi, et appelèrent par là surtout le peuple la fameuse calamité qui causa sa perte.

Pour la faute d'un seul homme le châtiment fut pareil: souvenez-vous d'Achar, qui dépouilla l'offrande de la robe brodée, et par là enflamma la colère de Dieu contre le peuple. Mais peut-être quelques-uns des assistants ignorent les détails de cette histoire. Il faut donc la résumer en peu de mots, afin de la rappeler à ceux qui la connaissent, et de l'apprendre à ceux qui l'ignorent. Achar donc, cet Achar dont je parle, était un de ceux qui passèrent le Jourdain avec Jésus, fils de Navé , ce Jésus qu'un arrêt de Dieu élut comme successeur de Moïse, ce Jésus qui présentait une image, une figure de notre vrai Sauveur Jésus-Christ. En effet, de même que le fils de Navé fit passer le peuple, en traversant avec lui le Jourdain, du désert dans la terre de promesse, ainsi notre Sauveur, du désert de l'ignorance et de l'idolâtrie, nous a transportés par la voie sainte et salutaire du baptême dans la Jérusalem céleste, vers la mère des premiers-nés, aux lieux où sont préparées les stations de l'éternel repos, aux lieux où règne une paix que ne trouble aucune discorde. Jésus donc après avoir fait passer le peuple avec le secours de Celui qui lui donnait ses ordres, Jésus arriva sous les murs de Jéricho. Il s'occupait de ce siège d'une espèce nouvelle, et déjà les remparts allaient tomber, quand il s'adresse à son peuple; en quels termes? « Cette ville sera une offrande, avec tout ce qu'elle renferme, pour le Seigneur Sabaoth, à l'exception de Raab la prostituée; n'y touchez pas. — Abstenez-vous donc de l'offrande, de peur que vous n'ayez l'idée d'en rien dérober, et que vous ne causiez notre ruine. » Il veut dire que tout ce qui est dans la ville est consacré: car c'est ce qu'il entend par offrande. — Que personne, par conséquent, ne dérobe rien de ce qui est réservé au Seigneur Dieu, et par là, ne nous efface du nombre des vivants. La prescription était d'une exécution difficile, elle supposait une attention bien vigilante, et chez Dieu qui donnait cet ordre, et chez Jésus qui l'érigeait en loi. En effet, comment était-il possible qu'entre tant d'hommes cette loi ne rencontrât pas un infracteur, et cela, quand il y avait tant de motifs pour la transgresser? — L'irréflexion du peuple, sa convoitise, l'ignorance même où quelques-uns pouvaient être à l'égard de l'édit, la richesse des dépouilles exposées comme un appât à leurs regards, pour tenter la cupidité, tout était de nature à les pousser à l'infraction. Néanmoins la loi fut promulguée, et le péril attaché à l'infraction fut suspendu sur les têtes. Qu'arriva-t-il après cela? Les remparts tombèrent, et tout ce qui était dans la ville devint la proie des assiégeants. Ainsi, bien que tout le peuple observât fidèlement cet édit, il suffit de l'infraction d'un seul pour allumer contre tout le monde la colère de Dieu. « Les fils d'Israël, » dit l'Ecriture, « commirent un grand péché, ils dérobèrent, ils touchèrent à l'offrande, et Achar fils de Charmi toucha à l'offrande, et le Seigneur fut enflammé de courroux contre les fils d'Israël. » (Jos. VII, 1.) Et cependant il (408) n'y avait qu'un seul coupable. Comment donc les fils d'Israël furent-ils coupables, comment le Seigneur fut-il irrité contre les fils d'Israël? Voyez-vous comme le péché d'un seul attira le châtiment sur le peuple tout entier? Voyez-vous comment cette faute arma Dieu contre la multitude ? Lorsque l'infraction eut été commise, sans que personne fût dans le secret, à l'exception de Dieu seul pour qui il n'y a point de mystères, le châtiment se fit d'abord attendre, et le coupable, bien qu'il se crût ignoré, n'était pas moins consumé par sa conscience, comme par un feu caché. Enfin arriva le temps d'accomplir la menace, le temps où la faute devait être révélée. « Jésus envoya des hommes de Jéricho en Gaï. Et là montèrent environ trois raille hommes, et ils fuirent loin de la présence des hommes de Gaï ; et ils tuèrent trente-six hommes d'entre eux, et ils les poursuivirent, et ils les exterminèrent : et le coeur du peuple fut épouvanté, et il devint comme l'eau.» (Jos. VII, 2, 4, 5.)

6. Considérez ce châtiment d'une faute unique, considérez cet irréparable désastre. Un homme a péché, et sur tout le peuple s'abat la mort et la terreur. Qu'est-ce à dire, ô Dieu de bonté? Vous seul, vous êtes juste, et vos jugements sont droits. Vous faites justice à chacun d'après ses propres actes. Vous avez dit, Dieu miséricordieux, que chacun périra par son propre péché, et que l'on ne sera point puni l'un pour l'autre. Que penser dès lors de cet arrêt de votre justice? En vous tout est bien, Seigneur, tout est excellent, et disposé pour notre intérêt. Le Seigneur répond : c'est une souillure que le péché; qu'il soit donc flétri publiquement par un châtiment général, afin qu'il ne gagne pas tout le monde, afin qu'en voyant la menace terrible produite par une seule transgression, on fuie le châtiment sans fin auquel on s'exposerait par des fautes nouvelles. Jésus donc, en voyant cette déroute inconcevable, déchire ses vêtements, il tombe la face contre terre, en poussant ses tragiques lamentations que rapporte la divine Ecriture. Et le Maître, que lui répond-il? « Lève-toi pourquoi es-tu prosterné de la sorte? Ton peuple a péché, il a transgressé ma loi, et les fils d'Israël ne pourront se tenir en face « de leurs ennemis, jusqu'à ce que volis ayez « ôté l'offrande du milieu de vous. » (Jos. VII, 10, 12.) Cela fut donc proclamé parmi le peuple; et le coupable eut Dieu pour dénonciateur: il avoua sa faute. Achar, est-il écrit, répondit à Jésus: « J'ai péché véritablement en présence du Seigneur Dieu d'Israël. voici comment j'ai fait. Je vis dans le butin une robe fine, brodée, parfaitement belle, et deux cents sicles d'argent, et une lame d'or de cinquante sicles : tenté, je m'en emparai, et ces choses sont enfouies dans ma tente. » (Ibid. V, 20, 21.) Dès lors il révèle tout, voyant l'infaillible véracité du dénonciateur, et confondu par cet irréfragable témoignage. Considérez maintenant sa mort ignominieuse et terrible : « Jésus l'emmena dans le ravin d'Achor, avec ses fils et ses filles, ses veaux, ses bêtes de somme, et tous ses troupeaux, et sa tente, et tout ce qu'il possédait; et tout fut lapidé par les pierres de tout Israël. » (Jos. VII, 24, 25.) Voilà le prix de la prévarication ; voilà l'incorruptible justice de Dieu. Instruits par cet exemple, considérons donc la venue des malheurs comme la punition de nos propres péchés, et attentifs à examiner chaque jour les fautes que nous avons commises, imputons-les, non aux autres, mais à nous-mêmes. En effet, les maux qui nous ont assaillis ne proviennent pas seulement de la négligence de nos magistrats, mais bien plutôt de nos égarements. Venons donc en ce lieu, réfléchissons chacun pour notre compte à nos prévarications , et au lieu d'accuser autrui, acquittons-nous avec la décence obligatoire du tribut d'hommages que nous devons ici-bas. Or voici en quoi consiste cette décence exigée : d'abord, s'approcher de Dieu avec un coeur contrit, ensuite manifester dans son extérieur les dispositions de son âme, par son attitude, par la manière de tenir ses mains, par le ton recueilli et les inflexions douces de la voix. C'est chose facile, et possible à quiconque le veut. Comment donc y déterminerons-nous tout le monde? Prescrivons-nous une loi à nous-mêmes, et disons que c'est un précepte d'utilité générale, et que nous devons participer tous à cette utilité. En conséquence, étouffons les éclats de voix désordonnés, réprimons les gestes malséants: présentons à Dieu nos mains jointes, au lieu de les élever avec des mouvements déplacés. Car Dieu a ces choses en horreur et en aversion, autant qu'il a d'affection et de tendresse pour l'homme recueilli : « Sur qui jetterai-je les yeux, » dit l'Ecriture , « sinon sur l'homme doux et paisible, sur celui qui tremble devant ma parole? » (Isaïe, LXVI, 2.) (409) Disons-nous les uns aux autres, qu'il ne nous permet pas, quand nous venons lui parler, de converser ensemble, et interrompre notre dialogue avec lui, pour nous entretenir avec les assistants, pour jeter du fumier sur des perles. Car il considère une telle conduite comme une injure pour lui, et non comme un tribut d'hommages. Et si quelqu'un veut transgresser ce précepte , fermons-lui la bouche, chassons-le comme un ennemi de notre salut, rejetons-le hors de l'enceinte sacrée de l'Eglise. Si nous agissons de la sorte, nous n'aurons point de peine à nous purifier de nos fautes précédentes, et nous aurons au milieu de nous Dieu lui-même prenant part à nos fêtes avec les saints anges, et distribuant à chacun les couronnes de l'obéissance. En effet, c'est parce qu'il est bon et libéral, c'est parce qu'il se complaît dans notre salut, qu'heureux de notre bonheur, il nous a promis le royaume des cieux et la jouissance d'une vie éternelle, et qu'il nous a préparé tous les biens au sein de cette félicité, à laquelle puissions-nous tous parvenir, par la grâce et la charité de Notre-Seigneur Jésus-Christ, avec qui gloire, puissance, honneur et adoration au Père et au Saint-Esprit, maintenant et toujours, et dans tous les siècles des siècles ! Ainsi soit-il.

 

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