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DOUZIÈME HOMÉLIE.

 

ANALYSE. Action de grâces pour le pardon des injures faites à l'Empereur. — Que Dieu se montre dans la création. — Que Dieu en créant l'homme a gravé dans son coeur les préceptes de la loi naturelle. — Qu'il faut éviter le jurement avec beaucoup de soin.

 

1. Je commencerai encore aujourd'hui comme hier, et je m'écrierai : béni soit Dieu ! Si le péril est passé, que la mémoire nous en reste pour faire éclater non pas notre douleur, mais notre reconnaissance. Le souvenir de nos maux soigneusement conservé nous préservera de la douloureuse expérience de calamités nouvelles. A quoi bon l'épreuve, si, pour nous rendre sages, un simple souvenir suffit? Dieu ne nous a pas laissés sombrer au fort de la tempête; à nous maintenant, que le danger n'existe plus, à nous de ne pas laisser dégénérer nos bons sentiments. Il nous a consolés dans notre angoisse, rendons-lui grâces dans notre joie; il nous a soulagés dans notre détresse, il ne nous a pas abandonnés, ne nous abandonnons pas nous-mêmes dans la prospérité, en tombant dans la négligence. Souviens-toi de la disette, est-il écrit, au jour de l'abondance (Eccli. XVIII, 25). Souvenons-nous de l'épreuve au temps de la paix. Faisons de même pour nos péchés. Vous avez péché: Dieu vous a pardonné; récevez le pardon avec reconnaissance et action de grâces, mais toutefois sans oublier votre péché, non pour vous consumer vous-mêmes inutilement dans cette pensée, mais afin que votre âme, toujours en garde contre un laisser-aller trompeur, ne retombe plus dans les mêmes fautes.

C'est l'exemple que vous donne saint Paul, qui, après avoir dit : Jésus-Christ m'a jugé fidèle en m'établissant dans son ministère , se hâte d'ajouter : moi qui étais auparavant un blasphémateur, un persécuteur et un ennemi acharné. (I Tim. I, 12, 13.) Exposons au' grand jour, semble-t-il dire, la vie du serviteur, pour faire mieux paraître la miséricorde du Maître; j'ai reçu la rémission de mes péchés, mais je ne bannis pas néanmoins le souvenir de mes péchés. Oui, cet aveu fait déjà ressortir la bonté du Seigneur, et de plus il honore l'apôtre ; en effet, la vue de ce qu'était auparavant saint Paul, augmente votre admiration pour ce qu'il est devenu; et fussiez-vous un grand pécheur, une si prodigieuse conversion vous fait concevoir pour vous-même les meilleures espérances. Quel désespoir ne s'évanouirait devant un exemple si éclatant !

Notre ville va donner au monde un exemple semblable. Les événements que nous venons de traverser ont fait briller votre vertu, vous qui avez su, à force de repentir, conjurer une (52) si terrible colère; ils proclament en outre la bonté de Dieu qui, apaisé par votre prompte conversion, a dissipé ce gros nuage un instant suspendu sur vos têtes; ils sont aussi de nature, ces mêmes événements, à relever les courages abattus par le désespoir, puisqu'ils offrent la preuve qu'il n'y à pas de tempête assez forte pour faire périr l'homme qui sait élever son regard vers le ciel et implorer le secours de Dieu. Vit-on jamais une situation pareille à celle où nous nous sommes trouvés? Nous allions voir notre ville détruite de fond en comble, et ses habitants ensevelis sous les ruines; nous nous y attendions tous les jours. Au moment même où le démon comptait, submerger notre navire, c'est alors que Dieu rétablit le calme le plus parfait. N'oublions donc pas, je le répète, ce grand péril, afin que nous ne perdions pas la mémoire des grands bienfaits de Dieu à notre égard. Qui ne connaît pas la nature de la maladie, n'appréciera jamais bien l'art du médecin. Racontons ces choses à nos enfants, afin que la mémoire s'en perpétue d'âge en âge jusqu'à la postérité la plus reculée ; il faut que tous sachent les efforts qu'a faits le démon pour effacer cette ville de dessus la terre, et comment Dieu a daigné, lorsqu'elle était déjà pour ainsi dire tombée et expirante, la relever et la rappeler à la vie, sans permettre qu'elle souffrit le moindre mal, et en dissipant même toutes nos alarmes, par un prompt éloignement du danger. La semaine passée nous nous attendions à la confiscation de nos biens, nous ne rêvions que pillages et soldats déchaînés ; mais tout s'est évanoui comme un nuage, comme une ombre qui passe : l'appréhension du danger a été notre seul châtiment, ou pour mieux dire notre seule leçon; car de châtiment, il n'y en a pas eu, il n'y a eu qu'une leçon qui â servi à nous rendre meilleurs: nous le devons à Dieu qui a apaisé le courroux du prince. Répétons donc sans cesse, et tout le jour: béni soit Dieu ! ayons plus de zèle pour prendre part à l'assemblée, accourons à l'église d'où nous est venu notre salut. Attachons-nous à l'ancre sacrée; l'Eglise ne nous a pas délaissés dans le moment du danger, ne l'abandonnons pas non plus, nous, maintenant, pendant que règne la tranquillité et la paix; demeurons-lui fidèlement attachés; fréquentons les réunions des fidèles, les prières, la prédication chaque jour: et ce zèle que nous dépensons d'habitude pour satisfaire une vaine curiosité, entourant les soldats qui reviennent de l'armée, et nous inquiétant du danger de l'Etat, consacrons-le tout entier à l'audition des lois de Dieu, et non à des occupations frivoles et stériles, pour ne pas nous réduire de nouveau à la fâcheuse extrémité d'où nous sortons.

            2. Dans les trois instructions 'précédentes, nous avons traité de la connaissance de Dieu, suivant un seul mode et une même voie, nous sommes parvenu à la conclusion finale à laquelle nous tendions en montrant comment les cieux racontent la gloire de Dieu (Ps. XVIII, 2), et en interprétant cette parole de saint Paul : Les perfections invisibles de Dieu sont devenues visibles depuis, la création du monde par tout ce qui a été fait (Rom. I, 20); et nous avons démontré comment, depuis la création du monde, le ciel, la terre et la mer glorifient le Dieu créateur. Aujourd'hui, après quelques réflexions sur la même matière, nous passerons a un autre sujet : Il a fait plus que de donner l'existence à cette grande machine du monde, il en a réglé le travail et la fonction. L'immobilité y règne et aussi le mouvement; d'une part le ciel demeure immobile selon cette parole du Prophète : Il a établi le ciel comme une voûte solide, il l'a étendu comme un pavillon sur lai terre. (Isa XL, 22.) D'autre part le soleil se meut constamment ainsi que tous les astres puis la terré est fixe et stable, tandis qu'au contraire les eaux sont toujours en mouvement, ainsi que les nuages et les pluies plus ou moins fréquentes, selon les saisons. La nature des pluies est une, mais les productions qu'elles alimentent sont très-variées. Dans la vigne,, la pluie se change en vin., et en huile, dans l'olivier, et ainsi des autres plantes. Pareillement le sein de la terre est un, et les fruits qu'il porte sont très-divers; la chaleur qui émane du soleil est une; néanmoins elle agit diversement sur la maturité qu'elle amène ici plus vite, là plus lentement. Qui resterait insensible devant ces merveilles? C'est moins encore cette prodigieuse variété dans l'unité du monde qui doit nous inspirer de l'admiration que la libéralité avec laquelle, le Dieu bon distribue ses biens à tous, aux riches et aux pauvres, aux pécheurs et aux justes. Aussi Jésus-Christ nous dit-il qu'il fait lever son soleil sur les méchants comme sur les bons, et qu'il fait pleuvoir sur les justes et les injustes. (Matth. V, 45.)

Il a encore rempli la création de milliers d'animaux, et assigné à chaque espèce ses (53) moeurs et ses instincts, nous ordonnant d'imiter les uns et d'éviter de ressembler aux autres. Par exemple: la fourmi aime le travail, elle est sans cesse occupée et active; vous n'avez qu'à la regarder pour recevoir d'une petite bête la plus utile leçon. Son exemple vous dit: fuyez la mollesse, ne craignez pas les travaux et les fatigues. C'est pourquoi la sainte Ecriture renvoie l'indolent à cet insecte: Va voir la fourmi, paresseux, dit-elle, imite son activité, et sois plus sage qu'elle. (Prov. VI, 6.) C'est comme si elle disait : Tu ne veux pas en croire les Ecritures qui t'enseignent qu'il est bon de travailler, et que celui qui ne travaille pas, ne doit pas non plus manger. Tu restes sourd à la voix (les docteurs, va t'instruire à l'école des bêtes. C'est une manière d'instruire dont nous usons familièrement tous les jours. En effet, lorsque dans nos maisons nous voyons quelqu'un des nôtres tenir une conduite peu en rapport avec son âge ou la considération dont il jouit, nous l'exhortons à jeter les yeux sur de plus jeunes que lui qui agissent mieux: Regarde, lui disons-nous, un tel qui est plus petit que toi, comme il est intelligent et laborieux! Qu'il en soit ainsi de vous, que la vue de cet insecte excite votre zèle pour le travail; admirez votre Dieu et louez-le non-seulement d'avoir créé le soleil, mais encore d'avoir fait la fourmi. Si petit que soit cet animal, il démontre néanmoins amplement la grandeur et la sagesse de Dieu. Songez combien la fourmi est prudente, et demandez-vous avec admiration comment Dieu a su mettre dans un si petit. corps un si grand amour du travail.

L'abeille vous enseignera également l'amour du travail, plus l'amour du beau et de l'honnête, et l'amour du prochain. Oui, l’abeille travaille et se donne de la peine, et c'est moins pour elle que pour nous: or, c'est surtout le propre du chrétien de rechercher l'intérêt des autres plutôt que le sien. L'abeille parcourt les prés, voltige tout le jour sur les fleurs pour composer un aliment qui n'est pas pour elle; fais de même, ô homme! Si tu amasses de l'argent, que ce soit pour en faire part â ton prochain; si tu possèdes les trésors de la doctrine, n'enfouis pas tes talents, mais fais-en profiter les indigents; en un mot, mes frères, quelque avantage que vous possédiez en propre, faites en profiter ceux qui en sont privés par eux-mêmes. Pourquoi l'abeille jouit-elle d'une estime plus grande que d'autres animaux? ne le voyez-vous pas? c'est moins parce qu'elle travaille que parce qu'elle travaille pour les autres. L'araignée aussi travaille, et file délicatement, et les toiles dont elle tapisse nos murailles surpassent l'art de la femme la plus adroite; néanmoins, c'est un insecte peu noble, parce que son ouvrage n'est d'aucune utilité pour nous. Tels sont tous ceux qui ne travaillent que pour eux-mêmes. Imitez la simplicité de la colombe, imitez l'attachement de l'âne et du boeuf pour leur maître, imitez la sécurité et la confiance des oiseaux. Oui, il y a beaucoup à gagner aux exemples des animaux pour la correction des moeurs. Jésus-Christ s'en sert pour nous instruire : Soyez prudents, nous dit-il, comme le serpent, et simples comme la colombe. (Matth. X, 16.) Et encore : Regardez les oiseaux du ciel, ils ne sèment ni ne moissonnent; et votre Père céleste les nourrit. (Matth. VI, 26.) Et le Prophète, pour couvrir de honte les Israélites ingrats, leur dit: Le boeuf a reconnu son possesseur, et l'âne l'étable de son maître; et Israël ne m'a pas reconnu. (Isaïe, I, 3.) Et Jérémie s'exprime presque dans les mêmes termes : La tourterelle et l'hirondelle, et les petits oiseaux connaissent le temps du retour; et mon peuple n'a pas connu les jugements du Seigneur son Dieu. (Jérém. VIII, 7.)

Apprenez de ces animaux à pratiquer la vertu, apprenez de certains autres à fuir le vice. Autant l'abeille est bienfaisante, autant l'aspic est nuisible. Détournez-vous donc de la malice, si vous ne voulez pas que ces paroles s'adressent à vous : le venin des aspics est sous leurs lèvres. (Ps. CXXXIX, 4.) L'impudence caractérise le chien ; haïssez aussi ce vice. Le renard est fourbe et trompeur; gardez-vous de ce défaut. Lorsque l'abeille parcourt les prairies, elle ne suce pas le suc de toutes les fleurs; ce qu'elle voit d'utile, elle s'en empare, et laisse de côté tout le reste : faites de même en parcourant les différentes espèces d'animaux; tout ce que vous apercevez de bon en eux, appropriez-le-vous : toutes les bonnes qualités qu'ils tiennent de la nature, acquérez-les par le choix libre de la volonté. C'est encore un honneur que Dieu vous a octroyé, de faire dépendre de votre libre arbitre ce qui chez les bêtes est soumis à la nature et à la fatalité; il l'a fait pour avoir le droit de vous récompenser. Dans les bêtes, les bonnes qualités n'émanent pas de. la source du libre arbitre et de la (54)  raison, mais de celle de la nature uniquement. Par exemple l'abeille compose son miel; ce n'est pas la raison et la réflexion qui dirigent ses opérations, elle n'obéit qu'à l'instinct de la nature. En effet, si son art n'était pas instinctif et inné à son espèce, on verrait nécessairement des abeilles ne sachant pas travailler; mais au contraire depuis que le monde existe, jusqu'aujourd'hui nul n'a vu d'abeilles ne rien faire, ne pas composer de miel. C'est un travail naturel et commun à toute l'espèce. Mais ce qui dépend de la volonté libre est nécessairement individuel; on n'y arrive que par l'effort et l'attention.

3. Ainsi donc, ô homme ! prends dans toute la création ce qu'elle renferme de plus beau pour en composer la parure de vertus qui doit orner ton âme; car tu es le roi des animaux; or tout ce qui est réputé bon et beau chez les sujets, tel que l'or, l'argent, les pierres précieuses, les riches étoffes, les rois tiennent à honneur d'en être abondamment pourvus. Servez-vous, mes frères, de la création pour vous élever à l'admiration que mérite votre souverain Seigneur. Que s'il se rencontre, dans cet univers visible, quelque chose qui surpasse votre entendement, et dont vous ne puissiez découvrir la raison, glorifiez-en le Créateur dont la sagesse a fait des oeuvres que votre intelligence est incapable de comprendre. Ne dites pas: pourquoi ceci? à quoi bon cela? Tout ce que Dieu fait est utile, bien que cette utilité nous échappe à nous, parfois. Lorsque vous entrez dans le laboratoire d'un chirurgien, la vue de la multitude d'instruments de toute forme qui sont étalés vous frappe d'étonnement, et cependant l'usage auquel la plupart sont employés vous est inconnu : faites de même à l'égard de la création, et envoyant ces animaux, ces végétaux et ces autres objets si nombreux dont vous ne saisissez pas l'utilité et la raison d'être, admirez-en l'infinie variété, soyez en extase devant Dieu, l'Artiste suprême, et rendez-lui grâces de ce qu'il ne vous a pas tout montré ni tout caché.

Il ne vous a pas tout caché, afin que vous ne disiez pas que rien de ce qui existe ne porte l'empreinte d'une Providence; il ne vous a pas non plus révélé tous les secrets de la création, de peur qu'une si grande science ne vous précipitât dans le péché d'orgueil. C'est ainsi que le génie du mal, le démon, causa la chute du premier homme; en faisant luire à ses yeux l'espérance d'une science plus haute, il le fit déchoir de celle qu'il possédait. Voilà pourquoi le Sage nous donne le conseil de ne pas rechercher ce qui est plus fort que nous, de ne pas scruter des profondeurs auxquelles ne peut atteindre notre intelligence trop courte; et d'exercer notre esprit sur ce qui est à notre portée (Eccl. III, 21, 22) ; car la plupart des oeuvres de Dieu restent pour nous des mystères; puis l'écrivain sacré ajoute : Sache que des choses qui surpassent la sagesse humaine t'ont été révélées à toi. (Ibid. 23.) Parole bien propre à consoler quiconque s'indigne et se désole de ne pas tout savoir. N'oubliez pas, nous dit par là l'Ecriture, que ce qu'il vous a été donné de connaître surpasse de beaucoup votre intelligence, que c'est non de votre fond que vous l'avez tiré, mais de Dieu que vous l'avez appris. Contents de la richesse qui vous a été donnée, n'en cherchez pas davantage; rendez grâce, pour ce que vous avez reçu; ne vous indignez pas au sujet de ce que vous n'avez pas reçu; rendez gloire pour ce que vous savez, et ne vous scandalisez pas de ce que vous ignorez. Ignorance et savoir ont leur raison d'être et leur utilité dans les desseins de Dieu; dans ce qu'il vous cache, comme dans ce qu'il vous révèle, c'est toujours votre salut qu'il a en vue.

Comme je l'ai déjà dit, ce mode de connaissance de Dieu par la création suffirait seul pour nous occuper plusieurs jours. Pour n'exposer que la conformation de l'homme d'une manière exacte, j'entends d'une exactitude relative à la faiblesse humaine, mais non complète et absolue (car si nous avons, dans les précédents entretiens, expliqué les causes de beaucoup de phénomènes, il en reste d'autres en beaucoup plus grand nombre, dont le Dieu créateur possède seul les mystérieuses raisons); pour n'exposer, dis-je, que la conformation du corps humain, dans la mesure restreinte de perfection accessible à l'homme, pour découvrir tout ce qu'il y a d'art et de sagesse dans chacun de nos membres, la distribution et l'économie des nerfs, des veines, des artères, la place, la forme et le jeu de tous les organes, une année tout entière ne suffirait pas. Arrêtons donc ici le développement de ce sujet; qu'il nous suffise d'avoir indiqué la voie; les esprits laborieux et avides de s'instruire pourront facilement parcourir seuls toutes les parties de la création; passons à une autre matière (55) pour y trouver une nouvelle démonstration de la Providence divine.

En deux mots voici mon second sujet: Dieu en créant l'homme au commencement, a déposé la loi naturelle au fond de son coeur. Et qu'est-ce que la loi naturelle? C'est une loi qui trouve son expression dans la conscience, cette voix mystérieuse, mais claire et distincte, qui, des profondeurs de notre nature où Dieu l'a mise, s'élève d'elle-même comme un maître domestique, pour nous enseigner le bien et le mal. Pour savoir que la luxure est un mal, et la chasteté un bien, nous n'avons pas besoin qu'on nous l'apprenne, nous le savons par nous-mêmes, c'est une connaissance originelle. En voulez-vous une preuve? Quand le législateur voulut plus tard donner ses lois par écrit, il s'énonça simplement en disant : Tu ne tueras point; il n'ajouta pas sous forme de motif: car le meurtre est mal: non, il défend le péché, il n'enseigne pas qu'il est péché; il dit simplement: Tu ne tueras point. (Exod. XX,13.) Pourquoi donc, après avoir dit : Tu ne tueras point, n'a-t-il pas ajouté : car le meurtre est mal , parce que la conscience nous l'a enseigné d'avance; Dieu sous-entend ce motif parce que ceux à qui il parle le savent et le connaissent. Lorsqu'il promulgue quelqu'autre commandement dont le principe échappe à la conscience, il ne se contente pas de défendre, il donne encore la raison de la défense. Par exemple lorsqu'il établit la loi du sabbat, après avoir dit : Le septième jour tu ne feras aucune oeuvre, il a soin de motiver le repos qu'il commande, et d'ajouter : Parce que le septième jour Dieu s'est reposé de toutes les oeuvres qu'il avait entreprises (Exod. XX, 10) ; il donne même un second motif : parce que tu as été esclave dans la terre d'Egypte. Pourquoi donc donner un motif quand il s'agit du sabbat, et n'en pas donner quand il est question de l'homicide ? Parce que le commandement concernant le jour du sabbat n'était pas un commandement de premier ordre, ayant sa racine dans la conscience et réclamé par elle, mais seulement secondaire, d'un caractère particulier et temporaire; c'est même pour cette raison qu'il a été changé. Les commandements nécessaires, ceux qui servent de fondement à toute la vie humaine, les voici : Tu ne tueras point, tu ne voleras point , tu ne commettras pas d'adultère. C'est pourquoi le législateur les énonce, sans addition de motif ni d'instruction, en se bornant à une défense pure et simple.

4. Que la science du bien soit innée en nous je vais essayer de vous le démontrer d'une autre manière encore. A peine Adam eut-il commis le premier péché, que, se sentant coupable, il se cacha aussitôt; s'il n'avait pas eu conscience du mal qu'il avait fait, pourquoi se serait-il caché? Il n'avait ni les Ecritures, ni la loi, ni Moïse pour l'avertir. D'où lui vient donc la connaissance de son péché pour qu'il se cache? Et non-seulement il se cache , mais, lorsqu'on l'accuse, il essaye de rejeter la faute sur un autre, et il dit : La femme que vous m'avez donnée m'a présenté elle-même du fruit de l'arbre, et j'en ai mangé (Gen. III, 12) ; et la femme à son tour fait retomber l'accusation sur le serpent. Et remarquez la sagesse de Dieu: Adam ayant dit : J'ai entendu votre voix et j'ai eu peur, et je me suis caché, parce que je suis nu (Gen. III, 10) ; Dieu ne le réprimande pas brusquement; il ne lui dit pas : pourquoi as-tu mangé du fruit défendu? Comment procède-t-il? Qui t'a fait voir que tu étais nu, si tu n'as pas mangé du fruit que je t'avais défendu de manger? Il ne garde pas un silence absolu sur ce qui s'est passé, il n'accuse pas non plus ouvertement. Il ne se tait pas, afin de provoquer Adam à la confession de son péché; il n'accuse pas non plus hautement, afin de lui laisser quelque chose à faire, afin de ne pas lui ôter l'occasion et le mérite de la confession, et le pardon qui en a été le fruit pour tout le genre humain. Voilà pourquoi Dieu ne déclare pas ouvertement la cause qui a ouvert les yeux à Adam sur sa nudité, et pourquoi sa parole prend la forme de l'interrogation, c'est un aveu qu'il provoque, une ouverture qu'il offre à la confession.

L'histoire de Caïn et d'Abel donne lieu à la même remarque. Ils offraient à Dieu les prémices de leurs travaux dès le commencement. Je tiens à démontrer par des exemples de vertu comme par des exemples de péché que la connaissance du bien et du mal est innée en nous. L'homme a toujours su que le péché est un mal; Adam nous l'a montré. Abel nous apprend à son tour que l'homme n'ignore pas que la vertu est un bien. Il n'avait reçu les leçons d'aucun maître, il ne connaissait pas la loi des prémices; et cependant, de son propre mouvement et par la seule inspiration de sa conscience, il faisait l'offrande des prémices. Je ne porte pas (56) mes recherches sur lés générations postérieures; je m'attache aux premiers hommes, à ceux qui vivaient antérieurement à toute Ecriture, à toute loi, à tous juges ou prophètes, à Adam et à ses enfants, afin de vous mieux convaincre que la connaissance du bien et du mal est un attribut inhérent à la nature humaine. Où Abel a-t-il appris qu'il est bon d'offrir à Dieu, bon de l'honorer, de lui rendre des actions de grâces? Et Caïn, direz-vous, est-ce qu'il faisait des offrandes? Il en faisait lui-même, mais autrement que son frère. Ici encore se montre le discernement de la conscience. Lorsque l'honneur accordé à son frère, le remplissant de jalousie, lui eut fait prendre la résolution de le tuer, il cacha son noir dessein. Sortons, lui dit-il, dans la campagne. (Gen. IV, 8.) Parole bienveillante destinée à déguiser une pensée fratricide. S'il ne comprenait pas la perversité de sa résolution, pourquoi la voilait-il? Après le meurtre exécuté, Dieu l'interroge et lui demande : Où est ton frère Abel ? et il répond : Je ne sais; suis-je le gardien de mon frère? (Gen. IV, 9.) Pourquoi nie-t-il? n'est-ce point parce qu'il ne peut avouer sans se condamner lui-même. La même raison qui avait porté le père à se cacher porte le fils à nier; et quand Dieu lui a reproché son crime : Ma faute, dit-il, est trop grave pour que j'en obtienne le pardon.

Mais ces preuves n'atteignent pas les païens. Naguère quand nous traitions de la création, pour vaincre la résistance que ces infidèles opposent à nos dogmes, nous ne nous sommes pas contenté des armes que nous fournissait la sainte Ecriture, et nous en avons emprunté aussi à la raison; c'est encore ce qu'il faut que nous fassions dans cette question de la conscience. Aussi bien saint Paul les a-t-il combattus de la même manière. Que disent-ils? Ils nient ce que nous soutenons; cette loi qui enseigne à chacun de nous le bien et le mal, et que nous portons écrite dans notre conscience, ils nient qu'elle existe, ils nient que Dieu l'ait gravée au fond de notre âme. Mais répondez-moi: ces lois sur le mariage, sur l'homicide, sur les testaments, sur les dépôts, sur le respect des droits d'autrui, et tant d'autres, à quelle source vos législateurs les ont-ils donc puisées? Je vous entends, ceux d'à présent les ont reçues des premiers, ceux-ci de leurs devanciers, et ceux-ci de leurs prédécesseurs; mais enfin nous voilà arrivés aux premiers législateurs, et je vous renouvelle ma question : à quelle école ont-ils appris? N'est-il pas évident que c'est à celle de la conscience ? — Ils ne diront pas qu'ils ont eu des relations avec Moïse, qu'ils ont écouté les prophètes; comment l'auraient-ils fait, étant païens? Non, il est clair que c'est de la loi que Dieu, en faisant l'homme dès le commencement, a déposée dans son coeur; il est clair, dis-je que c'est de cette loi qu'ils ont emprunté leurs lois, et tiré tous leurs arts: tout découle de cette source primordiale. Oui, les arts eux-mêmes ont commencé d'exister par l'action spontanée de la raison humaine instruite naturellement. C'est delà même manière que les jugements et les châtiments ont été établis.

        C'est le sentiment de saint Paul, allant au-devant de l'objection qui ne manquerait pas d'être faite par les gentils, savoir : Comment Dieu jugera les hommes qui furent avant Moïse? .Avant ce temps-là il n'avait pas envoyé de législateur, point porté de loi, point fait parler de prophète, ni d'apôtre, ni d'évangéliste? De quoi pourra-t-il demander compte aux hommes de ces premiers âges ? Ecoutez comment s'exprime saint Paul pour leur montrer qu'ils avaient la loi naturelle pour les instruire, et qu'ils savaient parfaitement ce qu'il fallait faire : Lorsque les gentils, qui n'ont point la loi, font naturellement les choses que la loi commande, n'ayant point la loi, ils sont à eux-mêmes la loi; et ils font voir que ce que la loi ordonne est écrit dans leurs coeurs. Et comment cela, s'ils ne possèdent aucune écriture ? Par le témoignage que leur rend leur propre conscience, et par les différentes pensées qui tantôt les accusent et tantôt les défendent au jour où Dieu, selon l'Evangile que je prêche, jugera par Jésus-Christ ce qui est caché dans le coeur des hommes. (Rom. II, 14,16.) Ajoutons encore ce passage: Ainsi tous ceux qui ont péché sans la loi périront sans la loi, et tous ceux qui ont péché dans la loi seront jugés par la loi. (Rom. II, 12.) Qu'est-ce à dire, périront sans la loi? Sans que la loi les accuse ils succomberont sous l'accusation de leur conscience et de leurs pensées: S'ils n'avaient pas eu la loi de la conscience, ils n'auraient pas péri, quelques péchés qu'ils eussent commis; mais, direz-vous, ils ont péché sans la loi; selon l'expression de saint Paul? Oui, mais cette expression de saint Paul sans la loi, ne veut pas dire qu'ils n'avaient aucune loi, elle signifié qu'ils n'avaient (57) aucune loi écrite, mais seulement la loi naturelle. Saint Paul dit encore sur le même sujet: Gloire et honneur, et paix à tout homme qui fait le bien, au juif premièrement, puis au gentil. (Ibid. 10.)

5. Toutes ces paroles de l'Apôtre concernent les temps antérieurs à la venue de Jésus-Christ. Et ce grec ou gentil dont il parle ici, ce n'est pas l'idolâtre, c'est celui qui adore le seul vrai Dieu, sans néanmoins être assujetti aux observances judaïques, telles que les sabbats, la circoncision, et les diverses purifications, c'est l'homme sage et pieux dans toute sa conduite. Le même apôtre dit encore toujours sur le même sujet: Colère et indignation, tribulation et angoisse pour l'âme de tout homme qui fait le mal, du juif premièrement, puis du gentil. (Ibid. 9.) Encore ici le terme de gentil veut dire un homme étranger aux observances judaïques. S'il n'a pas entendu la loi, s'il n'a jamais eu de commerce avec les juifs, pourquoi la colère et l'indignation tomberont-elles sur sa tête, même lorsqu'il aura fait le mal? Parce qu'il avait sa conscience qui lui parlait intérieurement, qui l'instruisait et lui enseignait toutes choses. Et qu'est-ce qui prouve, dira-t-on, l'existence de la conscience chez le gentil ? Je l'ai déjà dit, les peines qu'il inflige aux malfaiteurs, les lois qu'il porte, les tribunaux qu'il établit. C'est ce que dit positivement saint Paul, parlant des gentils qui vivaient dans le crime: Ayant connu la justice de Dieu, dit-il, et comprenant que ceux qui font ces choses sont dignes de mort, non-seulement ils les font, mais encore ils approuvent ceux qui les commettent. (Rom. I, 32.) Et d'où ont-ils su que la volonté de Dieu est que ceux qui vivent dans la dépravation soient punis ? A quelle source ont-ils puisé cette connaissance? à la même où ils ont appris à juger ceux qui font le mal. Si vous ne saviez que l'homicide est un mal, vous ne condamneriez pas celui qui le commet. Si vous n'avez pas même l'idée que l'adultère soit un mal, alors renvoyez absous l'homme qui en est accusé. Si, lorsqu'il s'agit du mal commis par les autres, vous êtes si bon législateur, si excellent juge et si exact à punir, comment, lorsqu'il sera question de vos propres fautes, viendrez-vous arguer de votre ignorance du devoir? Cet homme et vous, vous avez commis l'adultère l'un et l'autre; pouvez-vous lui infliger un châtiment et réclamer pour vous l'indulgence? Si vous ne saviez pas que c'est un mal de commettre l'adultère, il ne fallait pas punir cet homme si vous le punissez, et que vous ayez la prétention d'échapper au châtiment, comment nous expliquerez-vous que les mêmes fautes ne soient pas suivies des mêmes peines.

C'est là une inconséquence que saint Paul attaquait en disant: Vous donc, qui condamnez ceux qui commettent de tels crimes, et qui les commettez vous-mêmes, pensez-voies éviter la condamnation de Dieu? (Rom. II, 3.) Non, il n'en sera pas ainsi; Dieu portera contre vous la même sentence de condamnation que vous aurez portée contre un autre: si vous êtes juste, Dieu ne l'est pas moins. Si vous n'êtes pas indifférent à l'injure faite à un homme, comment Dieu le sera-t-il? Si vous corrigez les fautes des autres, comment Dieu ne corrigerait-il pas les vôtres? Que s'il ne vous punit pas sur-le-champ, n'en soyez pas plus confiant, mais plus craintif. C'est le conseil que vous donne saint Paul, lorsqu'il dit: Est-ce que vous méprisez les richesses de sa bonté, de sa patience et de sa longanimité? Ignorez-vous que la bonté de Dieu vous invite à la pénitence? (Rom. II, 4.) Il vous tolère, non pour que vous deveniez pire, mais afin que vous fassiez pénitence; si vous ne répondez pas à ses intentions, la longue tolérance de Dieu ne servira qu'à rendre votre châtiment plus sévère. Saint Paul le déclare encore: Par votre dureté, et par l'impénitence de votre coeur, vous vous amassez un trésor de colère pour le jour de la colère et de la manifestation du juste jugement de Dieu qui rendra à chacun selon ses oeuvres. (Rom. II, 5,6.) Ainsi Dieu rend à chacun selon ses oeuvres; il a mis en nous la loi naturelle, et plus tard il nous a donné la loi écrite, afin de punir les pécheurs et de couronner les justes; réglons donc avec grand soin notre conduite comme devant comparaître devant un tribunal redoutable, sachant que nous ne devons compter sur aucune indulgence, si, après l'enseignement si complet de la loi naturelle et de la loi écrite, après les continuels avertissements qui nous viennent de ces deux sources, nous négligeons néanmoins l'affaire si importante de notre salut.

6. Je veux vous parler encore des jurements; cependant je ne le fais pas sans éprouver quelque honte. Ce n'est pas que je me fatigue de vous dire jour et nuit les mêmes choses, mais je crains, en insistant si fort et durant tant de (58) jours sur le même sujet, de faire trop paraître votre négligence dans une affaire cependant si facile. Je fais plus que rougir, j'appréhende même pour vous. Utile et salutaire aux âmes attentives, une instruction assidue est nuisible et dangereuse à celles qui croupissent dans une lâche torpeur. Plus l'exhortation se réitère, plus on devient coupable en ne la mettant pas à profit. Dieu le disait avec reproche aux Israélites: J'ai envoyé mes prophètes, me levant dès le point du jour, et j'ai eu beau les envoyer, vous n'avez pas voulu écouter. Et moi aussi, je ne cesse de vous avertir, et l'intérêt que je vous porte ne me permet pas d'agir autrement; cependant je tremble que mes exhortations et mes conseils si souvent répétés ne vous nuisent en ce terrible jour des justices. Dès lors que la bonne action que je vous conseille est facile, et que je ne me lasse pas de vous la conseiller, quelle excuse vous restera? quelle raison vous exemptera du châtiment? Dites-moi, lorsque vous avez prêté de l'argent, est-ce que vous oubliez, chaque fois que vous rencontrez votre débiteur, de lui rappeler sa dette? Eh bien! faites de même, persuadezvous que votre prochain a contracté envers vous l'obligation d'accomplir ce précepte qui défend de jurer; quand vous le rencontrez, faites-le souvenir de s'acquitter, parce que sa négligence entraînerait pour ses frères les plus graves conséquences. C'est pour cette raison que je ne cesse pas de vous avertir; d'ailleurs je crains d'entendre le Seigneur me dire à ce dernier jour: Méchant et paresseux serviteur, il te fallait confier mon argent aux banquiers. (Matth. XXV, 26, 27.) Eh bien ! je l'ai confié non une fois, ni deux, mais fréquemment: à vous maintenant de le faire rapporter; or le fruit de l'audition, c'est la pratique; le prêt qui vous est fait est le bien du Seigneur. Ne recevez pas avec insouciance ce précieux dépôt, ruais occupez-vous avec activité de le faire fructifier,afin de le rendre en ce jour suprême avec de gros intérêts.

Si vous n'engagez pas les autres à s'acquitter de ce devoir, vous entendrez la même parole qu'entend celui qui avait enfoui son talent.

Mais non, puissiez-vous ne jamais entendre celle-là, mais bien celle que Jésus-Christ adressa à celui qui avait fait d'heureuses opérations: Bien, bon et fidèle serviteur, puisque tu as été fidèle en chose peu importante, je te confierai beaucoup. (Matt. XXV, 21 .)Cette parole, nous entendrons le Seigneur nous l'adresser, si nous montrons le même zèle; vous montrerez le même zèle, si vous faites ce que je vais dire. Au sortir d'ici, l'impression de la parole de Dieu étant encore toute récente et toute vive dans vos âmes, exhortez-vous les uns les autres, et lorsque vous vous saluerez réciproquement au moment de vous séparer pour rentrer chacun chez vous, que chaque fidèle dise à son frère prenez bien garde d'observer fidèlement le précepte, notre salut commun est à ce prix. Si chacun congédie son ami par cet avis; si, arrivé à la maison, chacun entend sa femme lui rappeler le même conseil; si le souvenir de mes paroles peut vous garder quand vous serez seuls, nous aurons bientôt secoué le joug de cette habitude funeste. Vous vous étonnez, je le sais, de me voir attacher tant d'importance à l'observation de ce .commandement; mais accomplissez ce qui vous est prescrit, et après je vous dirai mes raisons. En attendant je vous avertis que ce commandement est une loi de Dieu, et qu'il est dangereux de la transgresser; lorsque je vous aurai vu l'observer, il y a une autre raison non moins forte que je vous exposerai pour que vous sachiez que c'est à bon droit que je tiens tant à l'observation de cette loi. Il est temps de conclure cet entretien par une prière. Disons donc tous unanimement: O Dieu qui ne voulez pas la mort du pécheur, mais qu'il se convertisse et qu'il vive, faites qu'après avoir pratiqué et ce commandement et tous les autres, nous nous présentions devant le tribunal de Jésus-Christ avec une grande confiance, et que nous parvenions au royaume des cieux pour votre gloire, parce que la gloire vous appartient en propre, ainsi qu'à votre Fils unique et au Saint-Esprit, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

 

 

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