I TIMOTHÉE IX

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HOMÉLIE IX. QUE LA FEMME SE LAISSE INSTRUIRE EN SILENCE ET EN TOUTE SOUMISSION. JE NE PERMETS POINT A LA FEMME D'ENSEIGNER, NI D'AVOIR AUTORITÉ SUR L'HOMME ; MAIS QU'ELLE DEMEURE DANS LE SILENCE. CAR ADAM A ÉTÉ FORMÉ LE PREMIER, ÈVE ENSUITE; ET CE NE FUT POINT ADAM QUI FUT SÉDUIT, CHRIST. LA FEMME QUI FUT SÉDUITE ET PRÉVARIQUA ; MAIS ELLE SERA SAUVÉE PAR SA MATERNITÉ, SI ELLES DEMEURENT DANS LA FOI, LA CHARITÉ ET LA SANCTIFICATION, AVEC TEMPÉRANCE. (II, 11-45.)

 

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Analyse.

 

1. Profitant du texte de l'apôtre qui défend aux femmes de parler dans l'église, l'orateur blâme vivement les conversations aux. quelles les femmes se livraient de son temps pendant le service divin et pendant le sermon.

2. Importance de la bonne éducation des enfants.

 

1. Le bienheureux Paul demande aux femmes une grande pudeur, une grande réserve, non-seulement dans la tenue et les vêtements, mais jusque dans la voix. Qu'une femme, dit-il, n'élève pas la voix dans l'église; ce qu'il exprime dans l'épître aux Corinthiens, quand il dit : « Il est honteux qu'une femme parle dans l'église » (I Cor. XIV, 35) ; et aussi : « La loi dit qu'elles doivent être soumises. Si elles veulent apprendre quelque chose , qu'elles interrogent leurs maris chez elles ». (Ibid. 35.) Aujourd'hui au contraire, quel trouble, quelles clameurs, quelles conversations ! Nulle part on n'en entend de si bruyantes; on les voit causer comme elles ne le font pas sur une place publique, ni dans les bains; on dirait qu'elles viennent à l'église pour se récréer, tant elles s'y livrent toutes à des conversations inutiles. Aussi tout est-il bouleversé ; elles ne songent pas que, si elles ne gardent le silence, elles n'apprendront point ce qu'elles ont besoin de savoir. Si, en effet, le sermon vient au travers d'une conversation engagée et que personne n'écoute l'orateur, quel profit en peut-on tirer ? La femme doit si bien être silencieuse que, comme l'enseigne le texte, elle ne doit parler dans l'église ni des choses temporelles, ni même des choses spirituelles. Voilà sa gloire, voilà sa pudeur, voilà ce qui la parera mieux que ses vêtements; si elle se revêt de cette parure, elle pourra faire ses prières avec une parfaite décence. — « Je ne permets point à la femme d'enseigner », dit-il. Quelle conséquence a cette parole ? une grande assurément. L'apôtre parlait du silence, de la réserve, de la pudeur; il ne veut pas, dit-il, que les femmes bavardent; et, voulant leur enlever toute occasion de le faire, il leur défend d'enseigner, mais leur assigne le rôle de disciples; ainsi par leur silence elles témoigneront de leur soumission. Leur nature est parleuse ; il la réprime ainsi de toute façon.

« Adam », dit-il, « a été formé le premier, Eve ensuite ; et ce ne fut point Adam qui fut  trompé ; c'est la femme qui fut trompée et prévariqua ». Mais cela concerne-t-il donc les femmes d'aujourd'hui? Oui, l'homme jouit d'un plus grand honneur; il a été formé le premier; et ailleurs l'apôtre a montré cette supériorité quand il a dit : « L'homme n'a point été formé pour la femme, mais la  femme pour l'homme ». (I Cor. XI, 9). Et pourquoi dit-il cela? c'est que l'homme doit tenir le premier rang, pour ce motif d'abord, puis à cause de ce qui s'est passé. La femme un jour enseigna l'homme, elle bouleversa tout et le rendit coupable de désobéissance, aussi Dieu l'a-t-il assujétie, parce qu'elle avait fait mauvais usage de son autorité ou plutôt de l'égalité des rangs. « Tu seras soumise à ton mari », dit l'Ecriture (Gen. III, 16); parole qui n'avait point été dite avant le péché. Mais peut-on dire qu'Adam ne fut pas trompé? car autrement il n'eût pas désobéi. La femme dit : Le serpent m'a trompée (Ib. 13); mais Adam ne dit pas: « La femme m'a trompé»; il dit : « Elle m'a donné de ce fruit et j'en ai mangé ».(Ib. 12.) Ce n'est point un crime semblable d'être séduit par un être de même nature et de même race, ou de l'être par un animal, un esclave, un être inférieur par sa nature ; c'est là être vraiment trompé. L'apôtre dit donc qu'Adam ne fut pas trompé, par comparaison avec la femme, parce qu'elle se laissa tromper par un esclave, un être d'une nature inférieure, et qu'il le fut par un être libre. Et ce n'est point d'Adam qu'il est écrit: « Elle considéra que ce fruit était bon à manger ; mais c'est la femme qui en mangea et en donna à son mari » (Ib, 6); en sorte qu'il ne prévariqua point par mauvais désir, mais seulement par complaisance pour sa femme. La femme a enseigné une fois et a tout bouleversé; aussi l'apôtre dit-il « Qu'elle n'enseigne point ». Mais quelle conséquence tirer pour les autres femmes, s'il en fut ainsi d'Eve ? Une grande conséquence, (307) c'est que leur nature est faible et légère. Et ici il est question de leur nature, car le texte ne dit pas : Eve fut trompée, mais : « La « femme », ce qui est une désignation générale. Quoi donc ! Toute nature féminine a-t-elle prévariqué par elle ? De même que l'apôtre a dit : « Dans la similitude du péché d'Adam, qui est le type de l'avenir » (Rom. V, 14) ; de même ici il faut entendre que c'est la nature féminine qui a prévariqué.

Mais n'y a-t-il point de salut pour elle? Certes, il y en a. Et comment? Par sa postérité, car ce n'est pas d'Eve que le texte dit : « Si elles demeurent dans la foi, la charité et la sanctification, avec tempérance ». Quelle foi? quelle charité? quelle sanctification ? C'est comme s'il eût dit : Ne soyez point abattues, ô femmes, si vous êtes ainsi blâmées; Dieu vous a donné une autre occasion de salut, l'éducation de vos enfants ; en sorte que les femmes peuvent obtenir le salut, non-seulement par elles, mais par autrui. Considérez quelles grandes questions sont ici soulevées. La femme trompée prévariqua. Quelle femme? Eve. Est-ce donc elle seule qui sera sauvée par la maternité ? Non, mais ce moyen de salut appartient à toutes. La femme a prévariqué; mais, si Eve pécha, tout son sexe sera sauvé par .la maternité. Pourquoi, dira-t-on, n'est-ce pas par sa propre vertu ; car Eve n'a point fermé la voie aux autres femmes? Et qu'en sera-t-il des vierges ? qu'en sera-t-il des femmes stériles? qu'en sera-t-il des veuves qui ont perdu leurs maris avant d'être mères? sont-elles perdues ? n'ont-elles plus d'espérance? Et pourtant ce sont les vierges qui sont le plus en honneur. Que veut donc dire l'apôtre?

2. S'il a prescrit la soumission à tout le sexe féminin, par suite de son origine, à cause de l'histoire de la première femme, quand il dit qu'Eve a été formée la seconde et que désormais son sexe doit être soumis; est-ce par une raison toute semblable qu'il enseigne que parce qu'elle a prévariqué, tout son sexe est sous la prévarication? Cela n'est point admissible; car l'un de ces faits est simplement un don de Dieu, l'autre une faute de la femme. Mais il dit que tous sont morts à cause de la faute d'un seul, et qu'il en est de même pour la femme. Qu'elle ne se désole donc point, car Dieu lui a donné une grande consolation, celle de devenir mère. — Mais c'est un fait de l'ordre naturel. —L'autre aussi; mais ce n'est pas seulement l'enfantement naturel, c'est l'éducation de ses enfants qui lui est accordée. —« Si elles demeurent dans la foi, la charité et la sanctification, avec tempérance ». C'est-à-dire que, si, après leur avoir donné la vie, la femme les forme à ces vertus, elle en recevra une large récompense, parce qu'elle aura formé des athlètes pour le Christ. « Si elles demeurent dans la foi et la charité». C'est la vie, telle qu'elle doit être; et il mentionne aussi la tempérance et la régularité. « Cette parole est fidèle ». (III , 4.) C'est à cela que se rapportent ces mots, et non à ce qui suit : « Si quelqu'un désire l'épiscopat». On doutait de ce que l'apôtre vient de dire ; aussi ajoute-t-il : « Cette parole est fidèle » ; que les pères jouissent de la vertu des enfants, ainsi que les mères, quand ils les ont élevés comme ils le doivent. Mais qu'arrivera-t-il si la mère est perverse et pleine de vices? tirera-t-elle profit de l'éducation de ses enfants? N'est-il pas vraisemblable qu'elle les élèvera semblables à elle-même? L'apôtre parle ici de la femme vertueuse; et ce qu'il en dit, c'est qu'elle sera largement récompensée et rémunérée de ce qu'elle fait pour ses enfants.

Prêtez donc l'oreille, pères et mères; l'éducation de vos enfants ne sera point pour vous-mêmes une oeuvre stérile. L'apôtre dit plus loin : « Elle rend témoignage par ses bonnes  oeuvres, si elle a élevé ses enfants » ; et il joint cette vertu aux autres. Car ce n'est pas une petite chose que de consacrer au service de Dieu les enfants que l'on a reçus de Dieu. Si les parents jettent une base et un fondement solide, ils recevront une grande récompense, parce qu'ils ne négligent point de corriger leurs enfants. Car Héli a péri à cause des siens, qu'il devait réprimander. Il le faisait, mais non comme il l'aurait dû; ne voulant point leur faire de peine, il les a perdus et lui avec eux. Pères, prêtez donc l'oreille, instruisez vos enfants dans. la. discipline et l'admonition du Seigneur, avec un soin sévère et vigilant. La jeunesse est difficile à dompter;. elle a besoin de beaucoup de surveillants, de .précepteurs, d'instituteurs, de gardiens, de gouverneurs; et, avec tout cela, on doit s'estimer heureux de pouvoir la contenir. Elle est semblable à un cheval indompté, à un animal sauvage. Si donc de bonne heure et dès le premier âge, nous lui avons donné de fortes (308) barrières, nous ne serons point pour cela exempts par la suite de nombreuses peines; mais l'habitude prise deviendra désormais une loi. Ne leur permettons donc point de rien faire de séduisant et de pernicieux; ne les flattons point comme des enfants; prenons soin surtout de les maintenir dans la tempérance, car c'est par le vice opposé que la plupart du temps la jeunesse se corrompt. Là nous avons beaucoup à lutter, beaucoup à veiller. Marions-les de bonne heure, en sorte que leurs épouses les reçoivent chastes et purs; ce seront là les amours les plus vives. Celui qui est plein de réserve avant le mariage le sera bien davantage après; et celui qui, avant le mariage, a fréquenté les courtisanes, en fera de même quand il sera marié: « A l'homme débauché tout aliment est bon ». (Ecclésiast. XXIII, 24.) Les mariés portent des couronnes, symboles de la victoire, pour signifier qu'ils s'approclient du lit nuptial sans avoir été vaincus, et n'ont point cédé à la volupté. Mais celui qui s'y est lâchement abandonné, pourquoi porte-t-il une couronne, quand il est vaincu ?

Que les enfants donc soient exhortés, réprimandés, effrayés, menacés; employons avec eux tantôt un procédé, tantôt un autre. Nous avons en eux un grand dépôt. Pensons donc à eux et faisons tout pour que le démon ne nous les ravisse pas. Aujourd'hui nous faisons tout le contraire. Nous n'épargnons rien pour embellir un domaine et pour le confier à un homme fidèle; nous cherchons l'ânier, le muletier, le gérant, l'intendant le plus dévoué; mais, ce qui pour nous est le plus précieux, confier notre fils à un homme qui saura garder ses moeurs, nous ne nous en inquiétons point; pourtant c'est là ce que nous avons de plus précieux; c'est pour cela que nous avons reçu tout le reste. Nous pensons aux biens à acquérir pour nos enfants, et nous ne songeons point à eux-mêmes : comprenez donc quelle déraison? Formez l'âme de votre enfant, et le reste vous sera donné par surcroît, tandis que, si son âme n'est pas vertueuse, vos richesses ne lui serviront de rien; si au contraire elle est ce qu'elle doit être, la pauvreté ne lui portera nul préjudice. Voulez-vous le laisser riche après vous? Apprenez-lui à être honnête; car c'est ainsi qu'il pourra faire sa fortune, et s'il ne s'enrichit pas, il n'aura rien à envier aux riches. Mais, s'il est vicieux, quand vous laisseriez des millions, vous ne laisserez point un homme capable d'en être dépositaire, mais il resterait au-dessous de ceux qui sont descendus au dernier degré de la misère: pour des enfants sans frein, mieux vaut pauvreté que richesse. La pauvreté défendrait leurs mœurs, même malgré eux; la richesse, le voulussent-ils, ne leur permet point d'être sages, mais les entraîne, les fait tomber, les précipite dans un abîme de maux.

Mères, dirigez avec grand soin vos filles, la garde vous en est facile; veillez à ce qu'elles restent chez elles; avant tout apprenez-leur à être prudentes, retenues, à mépriser les richesses, à ne point aimer la parure, et préparez-les ainsi au mariage. Vous serez ainsi non-seulement leurs protectrices, mais celles des hommes qui doivent les épouser, et non-seulement d'eux, mais de leurs enfants, et même de leurs descendants. Si la racine est saine, les rameaux se développeront, comme ils le doivent, et de tout ce bien vous recevrez la récompense. Agissons donc ainsi toujours pour sauver non pas seulement une âme, mais plusieurs âmes par une seule. La jeune fille doit sortir de la maison paternelle pour se marier, comme un athlète sort de la palestre, formée et exercée; il faut que, par sa vertu, elle puisse transformer tout ce qui l'entoure, de même que le levain transforme toute la masse à laquelle on le mêle. Que ses enfants, encore une fois, méritent le respect par leur conduite régulière et sage, en sorte qu' ils soient loués de Dieu et des hommes. Qu'ils apprennent à dompter la gourmandise, à s'abstenir du luxe, à être économes et affectueux; qu'ils apprennent à obéir. C'est ainsi qu'ils pourront procurer une grande récompense à leurs parents; c'est ainsi que tout sera pour la gloire de Dieu et le salut de nos âmes, en Jésus-Christ Notre Seigneur, à qui gloire aux siècles des siècles. Ainsi soit-il.

 

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