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DE LA JALOUSIE ET DE LENVIE 1° Origine de ce vice; 2° Ses effets; 3° Supplice des envieux ; 4° Exhortation; 5° Remède. Être jaloux du bien que nous voyons, porter envie à ceux qui valent mieux que nous paraît, à certaines personnes, une faute légère; doù il suit quon ne la craint pas, quon la méprise,quon dédaigne de léviter et quelle devient, pour les âmes imprévoyantes, une cause secrète de ruine spirituelle. Pourtant. le Seigneur nous ordonne dêtre prudent, de veiller sans relâche, de peur que lennemi, qui veille de son côté et nous dresse de continuelles embûches, ne se glisse dans notre coeur. Là, il lui sera facile de transformer en incendie les étincelles du péché, de faire découler des plus petites causes les résultats les plus terribles, de communiquer à ce souffle enchanteur, dont il berce notre mollesse, la fureur de la tempête et dengloutir, dans un commun naufrage, notre foi, notre salut et notre vie. Nous devons donc veiller, mes frères bien-aimés, et travailler de toutes nos forces, pour résister à cet ennemi qui, dans sa fureur, lance ses traits sur les parties vulnérables de notre corps. Cest le conseil de lapôtre Pierre : Soyez sobres et vigilants, car le démon, votre ennemi, tourne autour de (3) vous comme un lion rugissant, cherchant quelquun à dévorer (I Pet., V.). Oui, il tourne sans cesse, et, semblable à lennemi qui assiège une ville, il explore les murs, cherchant un endroit faible pour pénétrer dans la place. Il offre aux yeux des formes séduisantes et des voluptés faciles, afin de détruire la chasteté par la vue. Il flatte les oreilles par les accords de la musique, afin damollir la vigueur chrétienne par des chants efféminés. Il provoque la langue par linjure ; il pousse la main au meurtre par la provocation; il entraîne lhomme à la fraude en lui offrant des profits injustes. Pour perdre une âme, au moyen de largent, il lui souffle des calculs frauduleux. Il promet les honneurs de la terre pour enlever ceux du Ciel; il montre lerreur pour ravir la vérité. Quand il ne peut tromper en secret, il menace ouvertement et suscite contre nous les fureurs de la persécution. Ainsi, il fait toujours la guerre aux serviteurs de Dieu, artificieux dans la paix, violent dans la guerre. Cest pour cela, mes frères bien-aimés, que nous devons toujours être armés, soit contre les embûches secrètes, soit contre les menaces ouvertes de lennemi. Il est toujours prêt à attaquer: soyons donc toujours prêts à résister. Comme la plupart de ses traits glissent dans lombre et que les attaques de ce genre font dautant plus de blessures quelles sont moins remarquées, étudions la nature des armes et veillons à les repousser. Au nombre de ces armes sont la jalousie et lenvie. Si on les examine attentivement, on verra quun chrétien doit surtout se tenir en garde contre elles; car, sil se laissait prendre dans les pièges du démon, si, cédant aux suggestions de lenvie, il tournait sa haine contre son frère, il se donnerait à lui-même le coup mortel. (5)
1° Pour mieux comprendre cette vérité, remontons à lorigine de lenvie; on évite plus facilement un fléau quand on sait doù il vient et quels ravages il cause. Dès lorigine du monde, lenvie perdit le démon et le porta à perdre lhomme. Il avait longtemps brillé parmi les choeurs angéliques, il avait longtemps joui de lamitié de Dieu; mais, un jour, lenvie le précipita du faîte de sa gloire. Lorsquil vit lhomme créé à limage de Dieu, sa jalousie senflamma de nouveau. Ainsi, déchu lui-même, il entraîna lhomme dans sa déchéance; captif, il lui fit partager sa captivité et lenveloppa dans sa ruine. Quel mal, mes frères bien-aimés, que celui qui a causé la chute dun ange; qui a porté le désordre dans la nature la plus noble sortie des mains du Créateur; qui a égaré le séducteur du genre humain! Lenvie se perpétue dans le monde par la malice de ces hommes qui veulent imiter la conduite du démon et marcher sur ses traces; mais ils seront punis les premiers, car, dit lÉcriture: La mort est entrée dans ce monde par lenvie du démon (Sap., II). Les envieux sont donc les imitateurs du démon. Voilà lorigine de cette haine qui, dès les premiers jours du monde, arma Caïn contre son frère. Il fut tellement aveuglé par la jalousie, quil oublia à la fois et lamour fraternel, et la grandeur du forfait, et la crainte de Dieu, et le châtiment suspendu sur sa tête. Ainsi le premier dentre les justes fut injustement mis à mort; celui qui ignorait la haine périt victime de la haine et, lorsque le sang coulait de ses plaies béantes, il ne repoussait pas même le bras de son meurtrier. Quel motif excita linimitié dEsaü contre Jacob son frère? lenvie. Jacob avait repu la bénédiction paternelle; Esaü résolut de sen venger, et devint pour lui un persécuteur. Pourquoi Joseph fut-il vendu par ses frères? parce quils étaient jaloux. (7) Il leur avait raconté, avec la simplicité dun frère qui parle à des frères, des visions qui annonçaient son élévation future, et eux conspirèrent sa perte. Pourquoi Saül haïssait-il David? pourquoi voulait-il lassassiner malgré son innocence, sa douceur, sa miséricorde, sa patience inaltérable? cest quil lui portait envie. David, avec laide de la puissance divine, avait tué Goliath, et le peuple, délivré dun ennemi si terrible, courait à sa rencontre en chantant ses louanges. Dès lors, Saül sentit sagiter dans son sein toutes les fureurs de lenvie. Sans nous arrêter à tant dexemples, fixons nos regards sur la ruine dun grand peuple. Est-ce que les Juifs ne périrent pas parce quils préférèrent porter envie au Christ que croire à sa parole? Toujours ils furent opposés à ses prodiges, et leurs yeux, aveuglés par la haine, ne purent voir sa divinité. Instruits par tant de leçons, veillons, mes frères bien-aimés, et affermissons, contre ce fléau, nos âmes qui appartiennent à Dieu. Que la perte des autres contribue à notre salut, et que le châtiment des insensés nous serve de remède. 2° Ne croyez pas que lenvie se présente sous une forme unique et que ses effets soient restreints; non : ce fléau est aussi multiple que fécond en désastres. Lenvie est la racine de tous les maux; elle est une source de calamités, une semence inépuisable de crimes et derreurs. Cest delle que naissent et la haine et lanimosité. Elle enflamme lavarice : comment se contenter de ce quon possède, quand un autre est plus riche? Elle excite lambition: comment conserver lempire sur soi-même, en présence dun homme plus honoré que nous? Ainsi on oublie la crainte de Dieu et les enseignements du Christ, et on ne pense pas au jour du jugement. De là lorgueil avec ses folies, la perfidie avec ses prévarications, la cruauté, limpatience, la discorde, la colère avec leurs emportements et leurs fureurs. Comment se contenir ou se diriger, quand on se trouve sous lempire dune puissance étrangère? aussi les liens de la paix se brisent; la charité disparaît; la vérité sefface; lunité (9) se déchire; on se jette dans lhérésie et dans le schisme. Pourquoi? Parce quon résiste aux prêtres; quon porte envie aux évêques; que les clercs se plaignent-ou de navoir pas été ordonnés plus tôt, ou de trouver un supérieur dans celui qui était autrefois un égal. Lenvie, telle est la cause de toutes ces résistances et de toutes ces rébellions; ce nest pas à lhomme quon en veut, mais à lhonneur dont il est revêtu. 3° Or, mes frères, quel ver rongeur pour lâme, quel ulcère pour le coeur! envier dans un autre ou la vertu ou le bonheur, cest-à-dire haïr en lui ou ses mérites ou les bienfaits divins; faire de la félicité dautrui un tourment pour soi-même; trouver son châtiment et son supplice dans la prospérité et dans la gloire des autres; attacher à son coeur, à ses sens, à ses pensées comme des bourreaux qui fouillent, déchirent et torturent sans pitié; non, cette existence nest pas possible. Dans cet état, la nourriture devient insipide; le temps sécoule dans les soupirs, dans les gémissements; dans la souffrance; et, comme on est obligé ,de renfermer le fatal secret au fond de son coeur, il se venge de sa captivité en déchirant jour et nuit sa prison. Les autres fautes ont un terme: quand laction coupable est consommée, tout est fini. Dans ladultère, le crime cesse avec lassouvissement de la passion; le voleur sarrête après avoir frappé sa victime; la cupidité du ravisseur séteint quand il est maître de sa proie; le faussaire voit triompher sa ruse et se tient pour satisfait. Mais lenvie ne connaît pas de bornes: cest un mal permanent, un péché sans fin. Plus un adversaire réussit, plus lenvieux sent brûler dans son sein la flamme qui le dévore. Voyez-vous ce visage menaçant, ces yeux hagards, cette face livide, ces lèvres tremblantes, ces dents qui sentrechoquent, cette bouche pleine de malédictions et dinjures, ces mains qui se lèvent pour frapper? En ce moment, elles ne portent pas de glaive, cest vrai; mais elles nen sont pas moins les instruments dune aveugle fureur. Cest pour cela que lEsprit-Saint nous dit dans les Psaumes: Ne portez pas envie (11) à celui qui marche dans la droite voie. Et ailleurs : Le pécheur observe le juste; il grince les dents contre lui; mais le Seigneur se rit de ses projets, car il sait que son jour est proche (Psal., XXXVI.). Lapôtre saint Paul parle des envieux en ces termes : Leurs lèvres distillent le venin des aspics; leur bouche est pleine de malédiction et damertume; leurs pieds sont prompts à répandre le sang; ils laissent sur leur passage le malheur et la. ruine; ils ne connaissent pas la voie de la paix, et la crainte de Dieu est bien loin deux (Rom. III). Les blessures du glaive sont moins graves et moins dangereuses que celles de lenvie. Quand on voit une plaie, il est facile dy apporter un remède et de la guérir; mais les blessures de lenvie sont secrètes; le remède ne peut les atteindre, puisquelles se cachent dans les profondeurs de la conscience. Vous donc, qui vous abandonnez aux fureurs de lenvie, poursuivez votre prochain de vos artifices, de vos persécutions, de vos fureurs, vous ne serez jamais lennemi de personne autant que de vous-même. Celui qui excite vos jalousies pourra toujours vous éviter; mais sous, vous ne pouvez vous fuir vous-même. Partout votre ennemi est avec vous; vous le portez dans votre poitrine: cest là quil exerce sa domination; il vous ravit votre liberté; il vous charge de chaînes, comme un captif, et ne vous laisse aucun repos. Porter envie à un homme que Dieu a placé au nombre de ses enfants est un supplice de tous les jours; haïr un homme heureux est un malheur sans remède. Aussi, mes frères bien-aimés, le Seigneur nous tient en garde contre un semblable danger. Un jour ses disciples lui demandaient quel était parmi eux le plus grand: Le plus petit dentre vous, répondit-il, sera le plus grand (Luc, IX.). Par cette réponse, il anéantit toute émulation; il enlève tout aliment à la (13) dent vorace de lenvie. Le zèle est permis au disciple du Christ, mais non lenvie. Entre nous, il ne peut être question de supériorité : cest lhumilité qui nous élève; cest elle qui nous rend agréables à Dieu. Lapôtre saint Paul nous exhorte aussi à fuir les ténèbres pour marcher sous les rayons lumineux du soleil de justice : La nuit est passée, dit-il, voici le jour; rejetons donc les oeuvres des ténèbres et revêtons-nous des armes de lumière; marchons avec honneur, comme en plein jour. Plus de débauche ni divrognerie;plus dimpuretés ni de dissolutions; plus de querelles ni de jalousies (Rom., XIII.). Si les ténèbres ont quitté votre coeur, si la nuit qui lenveloppait sest dissipée, sans laisser dobscurité, si la splendeur du jour illumine vos sens, si vous êtes devenu homme de lumière, accomplissez les oeuvres du Christ, car le Christ est pour nous et le jour et la lumière. 4° Pourquoi vous précipiter dans les ténèbres de lenvie? Pour-quoi, au sein de, ces vapeurs malsaines, éteignez vous le flambeau de la paix et de la charité? Pourquoi rentrer dans les liens du démon, après les avoir brisés, et devenir semblable à Caïn ? Jean, dans ses épîtres, déclare homicide quiconque hait son frère, et vous savez, ajoute-t-il, que lhomicide est privé de la vie spirituelle. Celui qui hait son frère, dit-il encore, a beau dire quil est dans la lumière, les ténèbres lenvironnent de toutes parts; il marche et il ne sait où il va, car la nuit obscurcit ses yeux (I Joan., III.). Où va-t-il donc, mes frères? Il va dans lenfer, sans le savoir; il se précipite, les yeux fermés, dans les supplices éternels, car il séloigne de celui qui a dit : Je suis la lumière du monde; celui qui me suit ne marche pas dans les ténèbres, mais il aura la clarté de la vie (Joan., VIII.). Pour suivre le Christ, il faut sattacher à ses préceptes, suivre ses enseignements, marcher sur ses traces, imiter ses (15) actions; cest ce que nous apprend Pierre : Le Christ a souffert pour nous; mais il vous a laissé son exemple, afin que vous le suiviez (I Pet., II). Rappelons-nous le nom que le Christ donne à son peuple. Il nous appelle ses brebis, parce que la douceur chrétienne doit être celle de la brebis; il nous appelle ses agneaux, parce que notre simplicité doit être celle de lagneau. Eh quoi donc! un loup se cacherait sous la toison de la brebis! un faux frère attirerait linfamie et la honte sur le troupeau du Christ! Porter le nom du Christ et ne pas suivre la route quil nous a tracée est-ce autre chose que forfaire à sa vocation et abandonner le chemin du salut? Le Seigneur nous dit que, pour arriver à la vie éternelle, nous devons observer ses commandements; il nous dit encore que le vraI sage est celui qui entend ses paroles et les met en pratique; il ajoute que le docteur le plus grand dans le royaume du Ciel est celui qui accomplit dabord la loi et lenseigne ensuite. Nous devons comprendre par là que la prédication nest utile à. celui qui la fait quautant quil met en pratique les leçons qui sortent de sa bouche. Or, quel est le précepte que Jésus-Christ a renouvelé le plus souvent et avec le plus dinsistance? nest-ce pas celui de la charité? Il veut que nous nous aimions les uns les autres, comme il nous a aimés lui-même., Mais comment conservera-t-il ce dépôt sacré, celui qui, en proie aux fureurs de lenvie, ne peut avoir ni la paix ni la charité? Cest pourquoi lapôtre saint Paul, faisant ressortir le mérite de la paix et de la charité, nous apprend que ni la foi, ni laumône, ni même le martyre ne peuvent servir, si on ne conserve dans leur inviolable intégrité les liens de la charité. Puis il ajoute: la charité est magnanime, bienveillante, exemple de jalousie (I Corint., XIII.). Daprès ces paroles, pour arriver à la charité, il faut la grandeur dâme, la bienveillance, mais surtout lexemption de la jalousie et de lenvie. Le même apôtre exhorte (17) ceux qui, par la régénération spirituelle, sont devenus les enfants de Dieu à. ne plus rechercher que les choses divines: Pour moi, mes frères, je nai pu vous parler comme à des hommes spirituels, mais comme à des hommes charnels, comme à des enfants que jai engendrés dans le Christ. Je vous ai donné du lait et non une nourriture solide; car vous nauriez pu la supporter : Vous ne le pouvez même pas encore, puisque vous êtes charnels. Je vois parmi vous des jalousies, des disputes, des dissensions : nest-ce pas parce que vous écoutez les inspirations de la chair et que vous marchez selon les vues humaines (Ibid., III.)? Étouffez, mes frères bien-aimés, les vices et les péchés de la chair; armez-vous de la vigueur spirituelle pour fouler aux pieds les convoitises dun corps né de la terre, de peur, quen reprenant les habitudes du vieil homme, vous ne tombiez dans un piège mortel. Cest dailleurs le conseil de lapôtre : Mes frères, dit-il, ne vivez pas selon la chair: si vous voulez satisfaire ses convoitises, vous mourrez; si, à laide de lesprit, vous mortifiez les oeuvres de la chair, vous vivrez; car ceux qui se laissent diriger par lesprit de Dieu sont fils de Dieu (Rom., VIII.). Si nous sommes les fils et les temples de Dieu, si, après avoir reçu lEsprit-Saint, nous vivons selon ses lumières, si nos regards se portent de la terre au ciel, si nous élevons vers les régions éternelles un coeur plein de Dieu et du Christ, que toutes nos actions soient dignes et de Dieu et du Christ. Si vous êtes ressuscités en Jésus-Christ, dit lapôtre, cherchez les choses den haut, là où le Christ est assis à la droite de Dieu; ayez du goût pour les choses du ciel et non pour celles de la terre, car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu. Mais quand le Christ, votre vie, apparaîtra de nouveau, vous aussi vous apparaîtrez avec lui dans la gloire (Col., III). Nous donc qui sommes morts et qui avons été ensevelis dans le (19) baptême, par suite du péché du premier homme, nous qui sommes sortis de la piscine céleste ressuscités en Jésus-Christ, pénétrons-nous de ses maximes et cherchons à les mettre en pratique. Le premier homme, dit encore lapôtre, est né du limon de la terre, le second du ciel. Les hommes terrestres, ressemblent au premier, les hommes célestes au second. De même que nous avons porté limage de lhomme de la terre, portons maintenant limage de lhomme du ciel (I Corint., XV.). Cette image, nous ne pouvons la porter, si notre vie ne reproduit celle du Christ. Commencez donc une vie nouvelle, si vous voulez que lhomme divin resplendisse en vous; que vos moeurs répondent à la sainteté de votre Père céleste; que Dieu se manifeste par la pureté et la gloire de vos actions. La récompense ne se fera pas attendre : Je glorifierai ceux qui me glorifient, dit le Seigneur, et celui qui me méprise sera méprisé. Cest pour réaliser en nous cette glorieuse ressemblance avec Dieu le père, que Jésus nous dit : Vous savez quil a été dit: Vous aimerez votre prochain et vous haïrez votre ennemi; et moi je vous dis: aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent, afin dêtre les fils de votre Père céleste qui fait lever son soleil sur les bons et sur les méchants et tomber sa pluie sur les justes et les pécheurs (Mat., V.). Si cest pour les hommes une joie et une gloire davoir des fils qui leur ressemblent, si un père est heureux davoir mis au monde un enfant qui reproduise ses traits, combien plus grande est la joie de Dieu le père, lorsquun de ses enfants reproduit dans ses actes sa bonté inépuisable ! Quelle palme, quelle couronne est réservée à cet enfant! Dieu ne dira plus : Jai engendré des fils, je les ai élevés, et ils mont méprisé (Is., I.); mais il le comblera déloges et il linvitera à la récompense par ces paroles : Venez les bénis de mon Père, (21) prenez possession du royaume qui vous a été préparé dès lorigine du monde (Mat., XXV.) 5° Que ces méditations fortifient nos âmes, mes frères bien-aimés; quelles soient comme un exercice où notre esprit se forme à la lutte contre le démon. Occupons nos yeux à la lecture de la sainte Écriture, nos mains aux bonnes oeuvres, notre esprit à la pensée de Dieu. Que notre prière soit continuelle. Travaillons constamment à notre salut. Occupons-nous sans cesse aux oeuvres de la grâce, afin que, si lennemi sapproche et renouvelle ses attaques, il trouve notre coeur fermé et prêt à la résistance. Pour le chrétien, il ny a pas seulement la couronne de la persécution : la paix a aussi ses couronnes; mais, pour les mériter, il faut avoir, dans de nombreux combats, terrassé lennemi du salut. Domptez les passions impures, et vous recevrez la palme de la continence. Résistez à la colère pardonnez les injures, et vous mériterez- la couronne de la patience. Méprisez largent, et vous triompherez de lavarice. Supportez les adversités de la vie par lespérance des biens à. venir, et votre foi aura droit à nos louanges. Évitez lorgueil dans la prospérité, et votre humilité vous couvrira de gloire. Soyez miséricordieux envers les pauvres, et vous vous préparerez un trésor dans le ciel. Évitez la jalousie; aimez vos frères; ne formez avec eux quun coeur et quune âme, et vous aurez droit à la couronne de la paix et de la charité. Chaque jour, nous courons dans ce stade des vertus chrétiennes.; chaque jour, nous pouvons recueillir les palmes et les couronnes de la sainteté. Si vous les désirez, vous qui naguère étiez dominé par lenvie et la jalousie, rentrez dans la route qui conduit à la vie éternelle. Arrachez de votre coeur les ronces et les épines, afin que la semence divine y croisse en liberté et vous enrichisse dune abondante moisson. Rejetez le fiel de la (23) haine, le poison de la discorde. Purifiez -cette âme que la malice du serpent avait infectée; adoucissez-en lamertume par la charité du Christ. Puisque le sacrifice de la Croix vous sert de nourriture et de breuvage, rappelez-vous que, près de Mara, il existait un arbre qui adoucissait lamertume des eaux. Vous possédez larbre véritable, dont celui de Mara nétait que la figure : que la croix du Christ rende à votre âme la charité et la douceur. La guérison ne se fera pas attendre et le remède naîtra de la blessure. Aimez ceux que vous haïssiez naguère. Hier, vous les poursuiviez de votre jalousie et de vos injures: aujourdhui, nayez pour eux que de la charité. Imitez les bons, si vous le pouvez. Si vous êtes trop faibles pour les suivre, soyez heureux de les voir meilleurs que vous. La charité, en vous unissant à eux, vous fera partager leurs mérites et vous donnera droit à la récompense qui leur est promise. Vos péchés seront pardonnés, quand vous aurez pardonné vous-mêmes; vos sacrifices seront acceptés, quand vous les offrirez à Dieu avec lesprit de charité; Dieu se chargera de diriger vos pensées et vos actes, lorsque la justice et la grâce auront pris possession de votre esprit. Que le coeur de lhomme, dit la sainte Écriture, soccupe de choses justes, afin que ses pas soient dirigés par le Seigneur (Prov., XVI.). Or, les pensées salutaires ne vous manqueront pas. Pensez au paradis doù fut exclu C~in qui, par jalousie, avait assassiné son frère. Pensez au royaume céleste, où le Seigneur nadmet que ceux qui ont persévéré, avec leurs frères, dans les liens de la concorde et de la charité. Pensez que Dieu ne reconnaît pour ses enfants q,ue ceux qui aiment la paix, ceux qui, régénérés par le baptême, sont unis à leurs frères comme le Christ lest à son Père. Pensez que nous sommes sous loeil de Dieu, que nous parcourons en sa présence la carrière de la vie, que, pour jouir de lui, nous devons par nos actes consoler son cur (25) paternel et nous montrer dignes de sa miséricorde et de son pardon. Puisque nous voulons jouir de lui dans le royaume céleste, cherchons à lui plaire pendant cette vie. (27) |