CANONISATION 1947
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CANONISATION 1947
13 MAI 1940
ACTUALITÉS

 

 

L’homélie de Sa Sainteté Pie XII à l'occasion de la canonisation de saint Nicolas de Flüe le 15 mai 1947


Voici la traduction de l’homélie du Saint-Père : Vénérables Frères et chers Fils,
Aujourd'hui, Notre-Seigneur Jésus-Christ triomphant de la mort monte victorieusement au ciel et indique, par son exemple, la voie par laquelle nous devons atteindre un jour la bienheureuse éternité. Le chemin que nous devons parcourir, vous le savez bien, avant d’arriver aux splendeurs de la vie surnaturelle, qui n’a pas de déclin, est âpre et difficile. Mais, si nous considérons la récompense qui nous attend, si nous levons avec vénération nos regards vers le divin Rédempteur et vers la foule innombrable de ses disciples qui nous ont précédés dans la patrie céleste, la montée nous semblera plus facile et même joyeuse. Nous expérimenterons alors la vérité de celte maxime : « Mon joug est bénin, et mon fardeau léger » (Matth. XI. 30).
A cette troupe glorieuse des saints; nous avons aujourd'hui agrégé Nicolas de Flue. Tous doivent éprouver envers lui un sentiment de profonde admiration en considérant ses nombreuses vertus, surtout s’ils tournent leur regard vers cet idéal d'ascète qu'il a suivi à la dernière période de son existence mortelle, en menant la vie d'un ange plus que celle d’un homme.
Citoyen intègre, Nicolas aima d'un grand amour sa patrie. Magistrat intelligent et prudent, il se lit remarquer par son habileté dans l’expédition des affaires publiques. Soldat, il ne songea qu’ à la liberté et à l’unité de son pays, toujours animé non par la haine et le ressentiment, mais par une conscience sereine de son propre devoir.
Il sanctifia sa vie dans un chaste mariage. La divine Providence lui ayant donné de nombreux enfants, il s’appliqua par son exemple plus encore que par son autorité à les éduquer à l’amour du travail et à l’accomplissement fidèle de leurs devoirs religieux, familiaux et civiques. Se sentant appelé à un genre de me supérieure par une mystérieuse inspiration surnaturelle, il abandonna tout de suite, avec promptitude et générosité, son épouse bien-aimée, ses chers enfants et tous ses biens. Vêtu d'une bure grossière, il saisit l’humble bourdon du pèlerin, dit adieu à tous et à tout pour répondre joyeusement à l'appel divin et s’abandonner complètement à la volonté de Dieu.
S’étant retiré dans la plus humble des solitudes, il détacha son esprit et son coeur des choses de la terre pour s'attacher uniquement à Dieu. Dans cet état, il semblait à ceux qui l’approchaient un ange plus qu’un homme. Il oublia et négligea non seulement les commodités de la vie, mais même les nécessités les plus élémentaires auxquelles les hommes, durant leur pèlerinage terrestre, doivent, bon gré mal gré, se soumettre. Par des mortifications volontaires, il dompta son corps et le réduisit à l’esclavage. Par un jeûne de plusieurs années, il l'exténua de telle façon qu’il ressemblait moins à un vase transparent de l’âme qu'à une enveloppe légère soutenue uniquement par les ailes de l’amour. Aussi put-il s'élever plus facilement et plus librement vers les- sphères du surnaturel et du divin. Pendant presque vingt ans, le saint anachorète vécut de prière, de contemplation et d'amour. Il pouvait à bon droit répéter la maxime sublime de l’apôtre des gentils : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi ». (Gai. fl. 20).
Attirés par la renommée de sa sainteté, beaucoup d'hommes venaient le voir du voisinage et même de l'étranger, individuellement ou en groupes. Bien qu’il souffrit de se voir privé de sa solitude et forcé d'interrompre sa conversation avec Dieu, il les recevait avec affabilité, et il cherchait, par ses sages conseils, par ses exhortations et par ses exemples, à élever leurs esprits. Ainsi son ermitage sauvage parut en Suisse comme un sanctuaire. Les visiteurs en emportaient des rayons de lumière qui éclairaient les intelligences obscurcies et des invitations solennelles à la paix, à la concorde, à la vertu chrétienne.
Un jour, les destinées même de l’Etat se trouvaient dans un péril pressant. Les peuples confédérés de ta Suisse divisés en deux factions allaient en venir aux mains. Il fut le seul qui put pacifier les esprits de ses concitoyens en leur indiquant les mesures opportunes pour éviter pareille catastrophe. Il sut maintenir ainsi d'une façon merveilleuse l’unité de la patrie. Aussi Nicolas de Flue brille-t-il avec éclat parmi les héros de la religion catholique qui non seulement s’occupent de leur salut éternel et donnent de salutaires conseils aux citoyens qui les consultent, mais sont encore une force et une défense pour leur pays, pour peu que dans le péril et l'adversité, on réponde à leur appel et suive leurs enseignements.
Après avoir, sous l'inspiration divine, couronné Nicolas de Flue de l’auréole de la sainteté, nous aimons â penser que tous se tourneront avec admiration vers lui. Tous, disons-nous, mais en particulier les citoyens de la chère Suisse, qui le vénèrent comme leur patron et leur protecteur.
Nous souhaitons et demandons à Dieu que cette admiration produise des fruits abondants et salutaires, car il importe aux chrétiens non seulement de célébrer les louanges des saints, mais encore et surtout d’imiter leurs vertus, chacun selon sa condition.
Cet anachorète sut pacifier et consolider la patrie divisée par des factions turbulentes et menacée de ruine. Puisse-t-il de même, par son exemple admirable, par son intercession, ramener la communauté des peuples et des nations à la concorde fraternelle et à une paix de bon aloi qui ne peut avoir d’autre fondement que les principes éternels du christianisme.
Fasse le Seigneur que tous les hommes, sans distinction de classes, se tournent avec vénération vers saint Nicolas de Flue et apprennent de lin à se servir des biens passagers de cette terre, qui trop souvent entravent et retardent l’élan de l'âme, comme d’une voie qui les mène vers les joies du ciel qui ne connaîtront point de déclin !


 

 

Article de la Liberté 16 mai 1947

LA CANONISATION

DE NICOLAS DE FLUE

Rome, 15 mai.

L’ermite du Ranft avait un très grand culte pour l’Eglise et le clergé. « En rencontrant des prêtres, a-t-il dit. je croyais me trouver devant des anges du Seigneur. »

Qu’eût-il dit. si, par une révélation divine, son ami le curé de Stans. Heimo am Grund, lui avait prédit qu un jour Brader Klaus serait l'objet de la vénération d’un millier de prêtres, d'une centaine d’évêques, d’une dizaine de cardinaux réunis sur le tombeau du prince des apôtres autour du Vicaire du Christ ? Qu'eût dit cet homme qui avait quitté le monde pour mieux servir sa patrie et son Dieu, si on lui avait prédit que des milliers de Confédérés, épiscopat suisse au complet, avec à sa tête, le Nonce apostolique, les gouvernements d'Obwald et Nidwald in corpore, les représentants des cantons de Fribourg. Uri, Schwyz, Lucerne, Zoug. Appenzell, Rhodes-Intérieures, Valais, Tessin, les conseillers municipaux de Sachseln, des membres du Tribunal fédéral, le recteur et des professeurs de l'université de Fribourg, des délégués de l’Association populaire catholique suisse, du Gesellverein et de l'Arbeiterbund, se rendraient à Rome pour assister à son exaltation sur les autels ? Qu’eût dit cet ermite qui fut peut-être le plus grand et le plus humble des Suisses, si on lui avait annoncé qu’un jour le Pape invoquerait publiquement son intercession dans la basilique vaticane ? Qu’eussent dit tant de générations de pèlerins de Sachseln, tant de Suisses qui, depuis des siècles, attendent la canonisation de Nicolas de Flue, s'ils avaient vu ce matin le Pape inscrire au catalogue des saints l’ermite du Ranft !

Le cortège papal

La cérémonie de la canonisation a commencé au Vatican même, à la Chapelle Sixtine, où Sa Sainteté Pie. XII s'était rendu pendant que les membres du clergé régulier cl séculier se rassemblaient dans la salle des bénédictions. Les cardinaux qui devaient prendre part à la procession papale portaient, sur leurs soutanes écarlates, la chape blanche cl étaient coiffés de la mitre de même couleur.

Le Saint-Père, après s’être revêtu des ornements sacrés dont la fulda, vêtement à traîne, réservé au Souverain Pontife, entonna l’Ane Maria Stella, repris par l’assistance. Il reçut ensuite des mains du cardinal Saloti, procureur de la canonisation, un cierge qu'il devait tenir dans la main gauche jusqu’à l’arrivée du cortège à l'autel de la Confession de Saint-Pierre.

Le Saint-Père prit place sur la sedia gestatoria qu’entouraient les deux « ilabelli », les grands éventaux ornés de plumes d'autruche blanches, emblème de la majesté suprême du ministère apostolique.

Le cortège était ouvert par les clercs réguliers des ordres mendiants et monastiques, un cierge à la main, psalmodiant les prières rituelles. Suivaient les membres des chapitres des basiliques mineures, majeures et patriarcales, précédés de leurs croix et escortés des massiers. Derrière eux s’avançait le groupe portant le grand étendard du nouveau saint. Puis venaient les dignitaires laïques et ecclésiastiques de la Cour pontificale, portant leurs vêtements de grand gala, depuis le prince assistant au trône pontifical jusqu’aux avocats consistoriaux et aux prélats. La Garde Suisse fermait la marche, rutilante dans ses cuirasses d’acier poli damasquiné. Par la Scala regia et le portique de Constantin, le cortège atteignit la basilique.

Les chœurs de la basilique chantaient les litanies des saints.

L’entrée triomphale à Saint-Pierre

Une longue ovation s’éleva sur la place de la basilique, où étaient massées des dizaines de milliers de personnes qui n’avaient pu pénétrer à l’intérieur, lorsque le Pape apparut derrière les grilles du Portique.

Le Tu es Petrus éclata sous les voûtes quand le. Saint-Père entra dans l'immense nef, où s'agitait une mer de têtes tournées vers le porche principal. Les trompettes d’argent unirent leur voix mélodieuse aux chœurs puissants de la Chapelle Sixtine, tandis que la procession s’avançait solennellement vers la Confession de saint Pierre et que de toutes les poitrines, jaillissaient, émue l’acclamation Evviva il Papa, Vive le Pape !

Le Souverain Pontife fut conduit processionnellement jusqu'au fond de l’abside principale, au trône papal. Celui-ci fait face à la Confession ; il est surmonté de la fameuse Gloire du Bernin, et a pour fond une tapisserie ornée d’une allégorie du Saint-Esprit.

Le Pape s’y installa pour y recevoir l’obédience des cardinaux, des patriarches et des archevêques, évêques et prélats.

La cérémonie de la canonisation

Le cardinal procureur de la canonisation, accompagné d’un maître des cérémonies et d’un avocat consistorial, s'avança alors devant le Saint-Père et formula la triple pétition instanter d’abord, puis instantius et enfin instantissime demandant au Chef de l'Eglise que soit proclamé saint le bienheureux Nicolas de Flue.

Après la première instance, on récita les litanies des Saints, après la deuxième, on chanta le Veni Creator : à la troisième le Pape se leva, tiare en tête, et prononça la formule latine proclamant Nicolas de Fine saint et l’inscrivant au Canon des saints de l'Eglise.

En l’honneur de la sainte et indivisible Trinité, pour l’exaltation de la foi catholique et pour l’accroissement de la religion chrétienne, par l’autorité de Notre-Seigneur Jésus-Christ, des vénérés apôtres Pierre et Paul et la Nôtre, après une mûre délibération et ayant souvent imploré le secours divin, de l’avis de nos vénérables Frères les cardinaux de la sainte Eglise romaine, les patriarches, archevêques et évêques présents dans la ville, nous décrétons et définissons saint et nous imprimons au catalogue des saints le Bienheureux Nicolas de Flue, statuant que sa mémoire devra être célébrée tous les ans au jour de sa nativité, c’est-à-dire le 21 mars, comme confesseur non pontife, avec une pieuse dévotion, dans l'Eglise universelle. Au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.

Pie XII, après avoir reçu les remerciements de l’avocat consistorial et du cardinal procureur qui lui baisa la main et le genou droit, entonna le Te Deum, que toute la basilique chanta avec une immense émotion pour remercier Dieu d’avoir comblé de ses dons Nicolas de Fine.

Sa Sainteté Pie XII prononça ensuite, en latin, l’homélie traditionnelle retraçant la vie du saint ermite et dégageant les enseignements que les fidèles doivent en tirer.

Pendant ce temps et durant une heure, les cloches de toutes les églises de Rome, répondant au signal donné par le bourdon de Saint-Pierre, saluèrent de leur son joyeux la canonisation de Nicolas de Flue.

L’homélie de Sa Sainteté Pie XII sur saint Nicolas de Flue

Voici la traduction de l’homélie du Saint-Père :

Vénérables Frères et chers Fils,

Aujourd'hui, Notre-Seigneur Jésus-Christ triomphant de la mort monte victorieusement au ciel et indique, par son exemple, la voie par laquelle nous devons atteindre un jour la bienheureuse éternité. Le chemin que nous devons parcourir, vous le savez bien, avant d’arriver aux splendeurs de la vie surnaturelle, qui n’a pas de déclin, est âpre et difficile. Mais, si nous considérons la récompense qui nous attend, si nous levons avec vénération nos regards vers le divin Rédempteur et vers la foule innombrable de ses disciples qui nous ont précédés dans la patrie céleste, la montée nous semblera plus facile et même joyeuse. Nous expérimenterons alors la vérité de celte maxime : « Mon joug est bénin, et mon fardeau léger » (Matth. XI. 30).

A cette troupe glorieuse des saints; nous avons aujourd'hui agrégé Nicolas de Flue. Tous doivent éprouver envers lui un sentiment de profonde admiration en considérant ses nombreuses vertus, surtout s’ils tournent leur regard vers cet idéal d'ascète qu'il a suivi à la dernière période de son existence mortelle, en menant la vie d'un ange plus que celle d’un homme.

Citoyen intègre, Nicolas aima d'un grand amour sa patrie. Magistrat intelligent et prudent, il se lit remarquer par son habileté dans l’expédition des affaires publiques. Soldat, il ne songea qu à la liberté et à l’unité de son pays, toujours animé non par la haine et le ressentiment, mais par une conscience sereine de son propre devoir.

Il sanctifia sa vie dans un chaste mariage. La divine Providence lui ayant donné de nombreux enfants, il s’appliqua par son exemple plus encore que par son autorité à les éduquer à l’amour du travail et à l’accomplissement fidèle de leurs devoirs religieux, familiaux et civiques. Se sentant appelé à un genre de me supérieure par une mystérieuse inspiration surnaturelle, il abandonna tout de suite, avec promptitude et générosité, son épouse bien-aimée, ses chers enfants et tous ses biens. Vêtu d'une bure grossière, il saisit l’humble bourdon du pèlerin, dit adieu à tous et à tout pour répondre joyeusement à l'appel divin et s’abandonner complètement à la volonté de Dieu.

S’étant retiré dans la plus humble des solitudes, il détacha son esprit et son coeur des choses de la terre pour s'attacher uniquement à Dieu. Dans cet état, il semblait à ceux qui l’approchaient un ange plus qu’un homme. Il oublia et négligea non seulement les commodités de la vie, mais même les nécessités les plus élémentaires auxquelles les hommes, durant leur pèlerinage terrestre, doivent, bon gré mal gré, se soumettre. Par des mortifications volontaires, il dompta son corps et le réduisit à ï esclavage. Par un jeûne de plusieurs années, il l'exténua de telle façon qu’il ressemblait moins à un vase transparent de l’âme qu'à une enveloppe légère soutenue uniquement par les ailes de l’amour. Aussi put-il s'élever plus facilement et plus librement vers les- sphères du surnaturel et du divin. Pendant presque vingt ans, le saint anachorète vécut de prière, de contemplation et d'amour. Il pouvait à bon droit répéter la maxime sublime de l’apôtre des gentils : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi ». (Gai. fl. 20).

Attirés par la renommée de sa sainteté, beaucoup d'hommes venaient le voir du voisinage et même de l'étranger, individuellement ou en groupes. Bien qu’il souffrit de se voir privé de sa solitude et forcé d'interrompre sa conversation avec Dieu, il les recevait avec affabilité, et il cherchait, par ses sages conseils, par ses exhortations et par ses exemples, à élever leurs esprits. Ainsi son ermitage sauvage parut en Suisse comme un sanctuaire. Les visiteurs en emportaient des rayons de lumière qui éclairaient les intelligences obscurcies et des invitations solennelles à la paix, à la concorde, à la vertu chrétienne.

Un jour, les destinées même de l’Etat se trouvaient dans un péril pressant. Les peuples confédérés de ta Suisse divisés en deux factions allaient en venir aux mains. Il fut le seul qui put pacifier les esprits de ses concitoyens en leur indiquant les mesures opportunes pour éviter pareille catastrophe. Il sut maintenir ainsi d'une façon merveilleuse l’unité de la patrie. Aussi Nicolas de Flue brille-t-il avec éclat parmi les héros de la religion catholique qui non seulement s’occupent de leur salut éternel et donnent de salutaires conseils aux citoyens qui les consultent, mais sont encore une force et une défense pour leur pays, pour peu que dans le péril et l'adversité, on réponde à leur appel et suive leurs enseignements.

Après avoir, sous l'inspiration divine, couronné Nicolas de Flue de l’auréole de la sainteté, nous aimons â penser que tous se tourneront avec admiration vers lui. Tous, disons-nous, mais en particulier les citoyens de la chère Suisse, qui le vénèrent comme leur patron et leur protecteur.

Nous souhaitons et demandons à Dieu que cette admiration produise des fruits abondants et salutaires, car il importe aux chrétiens non seulement de célébrer les louanges des saints, mais encore et surtout d’imiter leurs vertus, chacun selon sa condition.

Cet anachorète sut pacifier et consolider la patrie divisée par des factions turbulentes et menacée de ruine. Puisse-t-il de même, par son exemple admirable, par son intercession, ramener la communauté des peuples et des nations à la concorde fraternelle et à une pair de bon aloi qui ne peut avoir d’autre fondement que les principes éternels du christianisme.

Fasse le Seigneur que tous les hommes, sans distinction de classes, se tournent avec vénération vers saint Nicolas de Flue et apprennent de lin à se servir des biens passagers de cette terre, qui trop souvent entravent et retardent l’élan de l'âme, comme d’une voie qui les mène vers les joies du ciel qui ne connaîtront point de déclin !

Aussitôt après avoir prononcé son homélie, Sa Sainteté Pie XII impartit la bénédiction apostolique avec les indulgences qu’elle comporte.

L’office papal

La cérémonie de la canonisation proprement dite étant terminée, le Saint-Père s’apprêta à célébrer la messe. Il se dirigea vers le petit trône placé à droite de l’autel où il revêtit des ornements sacrés ; puis, accompagné des cardinaux qui devaient l’assister pendant l’office, il se rendit â l’autel papal.

L’épître et l’Evangile furent récités en latin et en grec.

A l’offertoire, eurent lieu les « oblations ». Le cardinal Salotti, procureur de la canonisation, auquel se joignirent les cardinaux Micara, Verde et Canali, représentant les trois ordres du Sacré Collège, et Mgr Krieg. aumônier de la Garde Suisse, postulateur de la cause, vinrent offrir au Pape les dons traditionnels : des pains bénits, deux barillets dorés et argentes contenant l’eau et le vin, des cages renfermant des colombes et des petits oiseaux.

Au Sanctus, huit prélats portant des torches s'agenouillèrent au pied de l’autel.

Le moment de l’élévation fut extrêmement solennel : au milieu du silence, les trompettes de la garde noble, installée au fond de la basilique â la hauteur des grandes baies vitrées, jouèrent une mélodie très douce pendant que les militaires présentaient les armes.

La communion se déroula suivant le rite prévu pour la messe papale. On apporta le calice au Saint-Père qui, après avoir absorbé â l’aide d’un chalumeau d’or une petite partie du vin consacré, communia de ses mains les cardinaux, les diacres et les sous-diacres.

Impression inoubliable

Il est difficile de décrire l’impression que les cérémonies de la canonisation firent sur les pèlerins suisses. Ils se trouvaient sans paroles, muets d’admiration en présence des honneurs que les splendeurs de la liturgie romaine rendaient au nouveau saint et, par lui, à Celui de qui descend tout don parfait, le Père des Lumières.

Si la liturgie de la canonisation a fait grande impression sur les pèlerins suisses, ceux-ci, à leur tour, édifièrent les fidèles italiens par leur tenue et leur recueillement. Rarement, la basilique vaticane a vue pareille piété lors d’une canonisation.

Comment décrire la joie qu’éprouvèrent nos pèlerins lorsqu’ils virent, la plupart pour là première fois, le Souverain Pontife ? Ils furent frappés par la pâleur et la maigreur de ses traits, par son visage profondément ridé où l'on retrouve les souffrances de six années de guerre. Ils furent frappés par cette étrange lumière qui se dégage de son front, par la flamme qui brille dans ses yeux, ces yeux pleins de pénétration et de bonté et que ne peuvent oublier les personnes qui ont le privilège de causer tête à tête avec Pie XII.

Malgré la fatigue visible qui se lisait sur le visage du Saint-Père — à la sortie de la basilique, il semblait lever avec peine la main sur les fidèles qui l’acclamaient —, il accomplit les gestes, liturgiques avec cette piété hiératique que tous lui connaissent. Une grande âme n’est-elle pas maître du corps qu’elle anime ? Durant les prières, le Pape était intensément recueilli. Il semblait abîmé dans la contemplation et comme absent de la basilique. Il priait comme s’il se trouvait seul dans sa chapelle privée.

Tous les pèlerins suisses présents à la canonisation connaissent la belle prière de-Nicolas de Fine, mais aujourd’hui ils comprennent mieux qu’hier la vie et l’esprit de l’ermite du Ranft ; ils saisissent mieux la grandeur de la sainteté chrétienne, et nous croyons qu’un des effets bienfaisants de ces saintes heures inoubliables qu’il leur fut donné de passer à la basilique de Saint- Pierre sera que chacun d’eux récitera désormais avec plus de ferveur les paroles de saint Nicolas qui résument cette ascension continuelle que fut sa vie :

Mon Seigneur et mon Dieu, enlevez-moi tout ce qui ni empêche d'aller à vous. Donnez-moi tout ce gui me conduira jusqu’à vous. Prenez- moi à moi et donnez-moi pleinement à vous.