Miracles III

Bibliothèque - Saints du Jura  - Chapelle Notre-Dame du Vorbourg - Hagiographie

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CHAPITRE III

Autres miracles et bienfaits survenus à l’époque du Moyen-Âge

 

17) Dans la congrégation de Sainte Vérène, il y avait un frère, d’origine noble, mais plus noble encore par sa dignité de vie. Il conservait toujours dans son cœur les voies de la justice et, autant qu’il le pouvait, il se dépensait au service des Frères. Il aimait tout le monde et tout le monde l’aimait. Mais, au bout d’un certain temps, une infirmité, héritée de l’enfance, se développa et devint très lourde, et l’habileté d’aucun médecin n’arrivait à le tirer de son mal. Il se mit à implorer l’aide de sainte Vérène  et bien souvent, il se rendait à son tombeau afin que par elle il puisse être libéré. Un certain jour, comme il s’y rendait, et qu’il se prosternait humblement dans sa prière, il s’endormit, puis se réveilla guéri. Avec une grande joie, il revint chez lui. Et, jusqu’à la fin de sa vie, il demeura sans ennui de santé.

Je vous ai raconté cela, Frères, et c’est bien peu de choses par rapport à tout ce qu’on pourrait dire. Ce sont quelques fleurs cueillies dans les prés, pour que, lors de la solennité de Sainte Vérène, votre dilection ait quelque chose à lire la nuit aux nocturnes, et que, le jour, les Frères aient de quoi nourrir leur esprit à la table du réfectoire. Qu’en tout lieu résonne dans nos oreilles la louange de Dieu, Trinité qui vit et règne, Dieu unique dans les siècles des siècles. Amen.

18) Le jour de la Purification de la Sainte Vierge Marie [la Chandeleur du 2 février], tous les habitants de la région se rassemblèrent avec leur offrande près de l’église et ils attendaient la messe solennelle et la procession de la sainte Croix. Au commencement de l’office de la louange divine, ayant accompli le rite des cierges, ceux-ci étant tous allumés, nous avançâmes jusqu’à l’église, chacun tenant son cierge à la main. Cependant à cause de la force du vent aucun ne restait allumé ; et comme nous étions encore à une centaine de pas de l’église, subitement il y eut une grande tempête et le vent du nord se précipita avec force. Il brisa de nombreux édifices dans les villages et jeta à terre de grands arbres dans les forêts, complètement déracinés. Et comme nous voyions une flamme ardente briller sur nos cierges, nous mîmes la main pour la protéger et aussitôt, nous la vîmes s’éteindre, et tous les gens observèrent le même phénomène. Encore et encore, nous mîmes la main devant la flamme ardente : par un signe divin elle s’éteignait et de nouveau, divinement, se rallumait. Chaque fois que nous mettions la main pour protéger la flamme, chaque fois par une spiration de Dieu elle s’éteignait, puis de nouveau se rallumait. La quatrième fois, faisant un retour sur nous-mêmes nous comprîmes que cela s’était produit au nom de la Sainte et Indivisible Trinité. Car le ‘trois’ et l’ ‘un’ font quatre (sic !). La qualité ternaire demeure pour la majesté de la Sainte Trinité et l’unitaire pour la déité de la Sainte Unité. Donc, sans protection de nos mains et avec une flamme bien droite, nous parvîmes au temple du Seigneur, puis avec une grande joie nous revîmes chez nous.

19) Un paysan ne voulait pas observer la solennité de Sainte Vérène en la fêtant comme il convient par une journée de repos, mais il alla dans son petit pré pour y retourner foin. Les bons prêtres lui dirent : « C’est aujourd’hui la fête de la vierge sainte. Il ne t’est pas permis en ce jour de faire aucune œuvre servile. » Mais lui n’en tint pas compte et ne réduisit en rien son travail. Les prêtres le maudirent en disant : « Ô sainte Vérène ! Rends-lui ce qu’il mérite. » Ce misérable tomba alors par six fois et il gisait à terre comme un lunatique. Il se mit à faire de la bile et souffrit d’une grave maladie pendant longtemps jusqu’à ce que la grâce de Dieu le guérisse.

20) Un homme qui devait tribut au pèlerinage de Sainte Vérène épousa une femme qui était tributaire elle aussi. Son bien s’accrut considérablement de multiples manières et en peu de temps il devint un homme considérable. Comme il avait des fils et des filles et qu’il rougissait de payer son tribut à la Sainte, alors qu’il aurait dû le faire car c’était lié à son héritage, il s’en libéra, lui et ses descendants, encourant ainsi la malédiction de la vierge : ce que la suite des évènements montra en effet. Car lui-même et sa femme moururent tous les deux d’une mort ‘inspirée’. Et leurs enfants qui vivent encore maintenant souffrent de paralysie, privés de l’usage de tous leurs membres, sauf des yeux. Qu’il en soit ainsi pour tous ceux qui critiquent les vertus de sainte Vérène.

21) Un jour, des familiers dépendant du pèlerinage de Sainte Vérène et demeurant sur la rive où était construit le monastère, reçurent l’ordre d’aller sur l’autre rive pour faire la moisson. Ils partirent donc ; certains passèrent outre devant l’église, d’autres y firent une humble adoration ; parmi eux, une pauvre femme, prostrée et priant intensément, se recommandait à Dieu et à la sainte. Et ainsi l’on arriva jusqu’à un petit bateau. Mais l’esquif était trop petit et ne pouvait porter beaucoup de monde ; ils s’embarquèrent quand même. Dans le naufrage qui s’en suivit, quelques-uns, ceux qui étaient passés devant l’église sans s’arrêter, périrent. Ceux qui s’étaient prosternés pour adorer en réchappèrent, grâce à la sainte. Quant à la petite femme, elle coula jusqu’au fond du Rhin et là, elle se mit à marcher de façon miraculeuse et fit ainsi la traversée. Voyant cela, les gens accoururent, stupéfaits. Remplis d’admi­ration, ils lui demandaient : « D’où viens-tu ? – Où vas-tu ? – Comment vas-tu ? » Elle répondit : « Une grande dame, dans les profondeurs, a posé sa main sur ma bouche, et l’autre sur ma chevelure, et, me tirant, elle m’a amenée au milieu de vous. » Alors tous, remplis de joie, autant qu’ils le purent, chantèrent hautement les louanges de Dieu et de la vierge Vérène.

22) Un récipient de pierre fut trouvé par des bergers dans une ville antique bordant le Rhin ; nous en reparlerons. Une pieuse femme, veuve, pleurait son mari et, en pleurant, perdit la vue, si bien que sans cesse elle implorait avec larmes la grâce de la sainte. Une nuit donc, cette vierge la réveilla et lui dit : « Il existe un récipient de pierre, dans lequel je versais de l’eau chaude mélangée avec de la cendre, je lavais la tête des lépreux et les habits d’autres malades. Si tu te laves ainsi en utilisant ce récipient, sans aucun doute tu recouvriras la vue. » Elle se leva promptement, se fit conduire par une voisine, à l’endroit où se trouvait le vase, se lava les yeux et recouvrit la vue. Après cela, au même endroit, fut élevée une belle église pour honorer la sainteté de la vierge et des saints martyrs thébains. Et là, des miracles du Christ furent vus et entendus. Entre autres : Comme par suite d’une négligence, l’éclairage nocturne faisait défaut, toute l’étendue de ladite ville rayonna d’une splendide lumière. Un saint prêtre qui habitait dans un bourg fortifié proche du Rhin observa le phénomène, et cela dura toute la nuit. Une autre fois, l’église étant privée de l’office des clercs, on entendit la voix des anges qui psalmodiaient, et cela était doux à l’oreille des auditeurs comme du miel dans la bouche. Mais les gardiens voulant approcher ne purent mettre un pied devant l’autre.

23) Hermann II, duc des Alamans (*), était aussi un homme de qualité, illustre en toutes les vertus. Il épousa la fille du roi Conrad. Comme il avait eu assez de filles et qu’il n’avait pas de fils, les deux époux vinrent demander à la sainte la grâce d’un garçon : ce qu’ils obtinrent aussitôt après. Celui-ci étant né, ils offrirent de grands présents en revenant avec l’enfant. Ils repartirent avec la grâce et la bénédiction de la vierge et revinrent tout joyeux chez eux.

Nous écrirons encore beaucoup de choses à ce sujet dans une autre occasion, si Dieu le permet, lui qui a tout créé de rien : A lui honneur et gloire pour tous les siècles des siècles. Amen.

 

(*) Il avait reçu son duché de l’empereur Otton III en 997

 

Zurzach : Monastère de Ste Vérène

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