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LA LITANIE MAJEURE ET LA LITANIE MINEURE (LES ROGATIONS)

 

Deux fois par an arrivent les litanies ; à la fête de saint Marc, c'est la litanie majeure, et aux trois jours qui précèdent l’ascension du Seigneur, c'est la litanie mineure. Litanie veut dire supplication, prière ou rogation. La première a trois noms différents, qui sont : litanie majeure, procession septiforme, et croix noires.

 

I. On l’appelle litanie majeure, pour trois motifs, savoir : à raison de celui qui l’institua, ce fut saint Grégoire, le grand pape; à raison du lieu où elle fuit instituée qui est Rome, la maîtresse et la capitale du Inonde, parce qu'à Rome se trouvent le corps du prince (70) des apôtres et le saint siège apostolique ; à raison de la cause pour laquelle elle ut instituée : ce fut une grande et très grave épidémie. En effet les Romains, après avoir passé le carême dans la continence, et avoir reçu à Pâques le corps du Seigneur, s'adonnaient sans frein à la débauche dans les repas, aux jeux et à la luxure ; alors Dieu provoqué leur envoya une épouvantable peste qu'on nomme inguinale, autrement apostume ou enfle de l’aine. — Or, cette peste était si violente que les hommes mouraient subitement, dans les chemins, à table, au jeu, dans les réunions, de sorte que, s'il arrivait, comme on dit, que quelqu'un éternuât, souvent alors il rendait l’âme. Aussi entendait-on quelqu'un éternuer, aussitôt on courait et on criait : « Dieu vous bénisse » et c'est là, dit-on, l’origine de cette coutume, de dire : Dieu vous bénisse, à quelqu'un qui éternue.

Ou bien encore, d'après ce qu'on en rapporte, si quelqu'un bâillait, il arrivait souvent qu'il mourait tout de suite subitement. Aussi, dès qu'on se sentait l’envie de bâiller, tout de suite, on se hâtait de faire sur soi le signe de la croix; coutume encore en usage depuis lors. On peut voir dans la vie de saint Grégoire l’origine de cette peste.

II. On l’appelle procession septiforme, de la coutume qu'avait établie saint Grégoire de partager en sept ordres ou rangs les processions qu'il faisait de son temps. Au premier rang était tout le clergé, au second tous les moines et les religieux, au troisième les religieuses, au quatrième tous les enfants, au cinquième tous les laïcs, au sixième toutes les veuves et (71) les continentes, au septième toutes les personnes mariées. Mais comme il n'est plus possible à présent d'obtenir ces sept divisions de personnes, nous y suppléons par le nombre des litanies; car on doit les répéter sept fois avant de déposer les insignes.

III. On l’appelle les croix noires, parce que les hommes se revêtaient d'habits noirs, en signe de deuil, à cause de la mortalité, et comme pénitence, et c'est peut-être aussi pour, cela qu'on couvrait de noir les croix et les autels. Les fidèles doivent aussi revêtir alors des habits de pénitence.

On appelle litanie mineure, celle qui précède de trois jours la fête de l’Ascension. Elle doit son institution à saint Mamert, évêque de Vienne, du temps de l’empereur Léon qui commença à régner l’an du Seigneur 458. Elle fut donc établie avant la, litanie majeure. Elle a reçu le nom de litanie mineure, de rogations et de procession. On l’appelle litanie mineure pour la distinguer de la première, parce qu'elle fut établie par un moins grand évêque, dans un lieu inférieur et pour une maladie moindre. Voici la cause de son institution : Vienne était affligée de fréquents et affreux tremblements de terre qui renversaient beaucoup de maisons et d'églises. Pendant la nuit, on entendait, des bruits et des clameurs répétés. Quelque chose de plus : terrible encore arriva ; le feu du ciel tombale jour de Pâques et consuma le palais royal tout entier. Il y eut un autre fait plus merveilleux. De même que par la permission de Dieu, des démons entrèrent autrefois dans des pourceaux, de même aussi par la permission de Dieu, pour (72) les péchés des hommes, ils entraient dans des loups et dans d'autres bêtes féroces et sans craindre personne, ils couraient en plein jour non seulement par les chemins mais encore par la ville, dévorant çà et là des enfants, des vieillards et des femmes. Or, comme ces malheurs arrivaient journellement, le saint évêque Mamert ordonna un jeûne de trois jours et institua des litanies; alors cette tribulation s'apaisa. Dans la suite, cette pratique s'établit et fat approuvée par l’Église ; de sorte qu'elle s'observe universellement. — On l’appelle encore rogations, parce qu'alors nous implorons les suffrages de tous les saints : et nous avons raison d'observer cette pratique en ces temps-ci, de prier les saints et de jeûner pour différents motifs : 1° pour que Dieu apaise le fléau de la guerre, parce que c'est particulièrement au printemps qu'il éclate; 2° pour qu'il daigne multiplier par leur conservation les fruits tendres encore ; 3° pour mortifier chacun en soi les mouvements déréglés de la chair qui sont plus excités à cette époque. Au printemps en effet le sang a plus de chaleur et les mouvements déréglés sont plus fréquents ; 1° afin que chacun se dispose à la réception du Saint-Esprit ; car par le; ,jeûne, l’homme se rend plus habile, et par les prières il devient plus digne. Maître Guillaume d'Auxerre assigne deux autres raisons : 1° comme Jésus-Christ a dit en montant au ciel : « Demandez et vous recevrez », l’Église doit adresser ses demandes avec plus de confiance; 2° 1'Eglise jeûne et prie afin de se dépouiller de la chair par la mortification des sens, et de s'acquérir des ailes à l’aide de l’oraison ; car (73) l’oraison, ce sont les ailes au moyen desquelles l’âme s'envole vers le ciel, pour ainsi suivre les traces de J.-C. qui y est monté afin de nous ouvrir le chemin et qui a volé sur les ailes des vents. En effet l’oiseau, dont le corps est épais et les ailes petites, ne saurait bien voler, comme cela est évident, par l’autruche.

On l’appelle encore procession, parce qu'alors l’Eglise fait généralement la procession. Or, on y porte la croix, on sonne les cloches, on porte la bannière ; en quelques églises on porte un dragon avec une queue énorme, et on implore spécialement le patronage de tous les saints. Si l’on y porte la croix et si l’on sonne les cloches, c'est pour que les démons effrayés prennent, la fuite. Car de même qu'à l’armée le roi a les insignes royaux, qui sont les trompettes et les étendards, de même J.-C., le roi éternel dans son Eglise militante, a les cloches pour trompettes et les croix pour étendards ; et de même encore qu'un tyran serait en grand émoi, s'il entendait sur son domaine les trompettes d'un puissant roi son ennemi, et s'il envoyait les étendards, de même les démons, qui sont dans l’air ténébreux, sont saisis de crainte quand ils sentent sonner les trompettes de J.-C., qui sont les cloches; et qu'ils regardent les étendards qui sont les croix. — Et c'est la raison qu'on donne de la coutume de l’Église de sonner les cloches, quand on voit se former les tempêtes; les démons, qui en sont les auteurs, entendant les trompettes du roi éternel, prennent alors l’épouvante et la fuite, et cessent d'amonceler les tempêtes : il y en a bien encore une autre raison, c'est que les cloches, en cette occasion, avertissent les (71) fidèles et les provoquent à se livrer à la prière dans le péril qui les menace. La croix est réellement encore l’étendard du roi éternel, selon ces paroles de l’Hymne

 

Vexilla regis prodeunt ;

Fulget Crucis mysterium

Quo carne carnis conditor

Suspensus est patibulo *.

 

Or, les démons ont une terrible peur de cet étendard, selon le témoignage de saint Chrysostome : « Partout où les démons aperçoivent le signe du Seigneur, ils fuient effrayés le bâton qui leur a fait leurs blessures. » C'est aussi la raison pour laquelle, en certaines élises, lors des tempêtes, on sort la croix de l’église et on l’expose contre la tempête, afin que les démons, voyant l’étendard du souverain roi, soient effrayés et prennent la fuite. C'est donc pour cela que la croix est portée à la procession, et que l’on sonne les cloches, alors les démons qui habitent les airs prennent l’épouvante et la fuite, et s'abstiennent de nous incommoder**. Or, on y porte cet étendard pour représenter la victoire de la Résurrection et celle de

 

* L'étendard du Roi apparaît; le mystère de la Croix éclate le créateur de l’homme, homme lui-même, est suspendu à un gibet.

Ce sont les paroles de la 1re strophe de l’hymne du temps de la Passion, telle qu'elle se récitait avant la correction exécutée avec plus ou moins de piété et de bonheur au XVIIe siècle.

**Saint Paul, au IIe chapitre de la Lettre aux Ephésiens, appelle le démon, le Prince de la puissance de l’air, Principent potestatis aëris hujus.

 

76

 

l’Ascension de J.-C. qui est monté aux cieux avec un grand butin. Cet étendard qui s'avance dans les airs, c'est J.-C. montant au ciel. Or, ainsi que l’étendard porté à la procession est suivi de la multitude des fidèles, ainsi J.-C. montant au ciel est accompagné d'un cortège immense de saints. Le chant des processions représente les cantiques et les louanges des anges accourant au-devant de J.-C. qui monte au ciel, et l’accompagnant de leurs acclamations puissantes et unanimes jusque dans le ciel.

Dans quelques églises encore, et principalement dans les églises gallicanes, c'est la coutume de porter, derrière la croix, un dragon avec une longue queue remplie de paille ou de quelque autre matière semblable, les deux premiers jours ; mais le troisième jour cette queue est vide : ce qui signifie que le, diable a régné en ce monde au premier jour qui représente le temps avant la loi et le second jour qui marque le temps de la loi, mais au troisième jour c'est-à-dire, au temps de la grâce, après la Passion de J.-C., il a été expulsé de son royaume. En cette procession nous réclamons encore le patronage de tous les saints.

Nous avons donné plus haut quelques-unes des raisons pour lesquelles nous prions alors les saints: Il y en a encore d'autres générales pour lesquelles Dieu nous a ordonné de le prier; ce sont : notre indigence, la gloire des saints et l’honneur de Dieu. En effet les saints peuvent connaître les voeux de ceux qui leur adressent des supplications; car dans ce miroir éternel, il aperçoivent quelle joie c'est pour eux, et quel secours c'est pour nous. La première raison donc (76) c'est notre indigence : elle provient ou bien de ce que nous méritons peu; quand donc ces mérites de notre part sont insuffisants, nous nous aidons de ceux d'autrui : ou bien cette indigence se manifeste dans la contemplation : Or, puisque nous ne pouvons contempler la souveraine lumière en soi, nous prions de pouvoir la regarder dans les saints : ou bien cette indigence réside dans l’amour : parce que le plus souvent l’homme étant imparfait ressent en soi-même plus d'affection pour un saint en particulier que pour Dieu même. La seconde raison, c'est la gloire des saints car Dieu veut que nous les invoquions pour obtenir par leurs suffrages ce que nous demandons, afin de les glorifier eux-mêmes et en les glorifiant de les louer. La troisième raison, c'est l’honneur de Dieu ; en sorte que le pécheur qui a offensé Dieu, honteux, pour ainsi dire, de s'adresser à Dieu personnellement, peut implorer ainsi le patronage de ceux qui sont les amis de Dieu, Dans ces sortes de processions on devrait répéter souvent ce cantique angélique : Sancte Deus, sancte fortis, sancte et immortalis, miserere nobis. En effet saint Jean Damascène, au livre III, rapporte que l’on célébrait des litanies à Constantinople, à l’occasion de certaines calamités, quand un enfant fut enlevé au ciel du milieu du peuple ; revenu au milieu de la foule, il chanta devant tout le monde ce cantique qu'il avait appris des anges et bientôt après cessa la calamité. Au concile de Chalcédoine, ce cantique fut approuvé. Saint Damascène conclut ainsi : « Pour nous, nous disons due par ce cantique les démons sont éloignés. » Or, il y a quatre motifs de louer et d'autoriser ce chant : 1° (77) parce que ce fut un ange qui l’enseigna ; 2° parce

qu'en le récitant cette calamité s'apaisa; 3° parce que le concile de Chalcédoine l’approuva; 4° parce que les démons le redoutent *. »

 

* Une lettre du pape Félix III; Marcel dans sa Chronique; Nicéphore, liv. IV, ch. XLVI ; le concile de C. P. racontent le même fait.

 

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