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I. — Réflexions préliminaires de l'auteur sur les fragments suivants.
II — Règle générale pour découvrir les mystères de la foi. Application de cette
règle à l'Ecriture sainte.
III. — Malheurs de ceux qui veulent écouter les raisonnements humains dans les
mystères de Dieu, et dans l'explication de son Ecriture.
IV. — Contradictions des prétendus réformés et de l'Anonyme en particulier.
Avantages qu'il donne aux sociniens.
V. — Conséquences de ce discours : le premier principe qu'il faut poser pour
entendre l'Ecriture sainte, c'est qu'il n'y a rien qu'il ne faille croire quand
Dieu a parlé.
VI. — Application de ce principe au mystère de l'Eucharistie.
VII — Intention de Jésus-Christ dans l'institution de l'Eucharistie. La loi des
sacrifices.
VIII. — Abus que l'Anonyme fait de cette parole de Jésus-Christ mourant : Tout
est consommé.
Il y a deux endroits de l'Exposition
où je me suis plus étendu que je n'avais fait dans les autres : l'un où il
s'agit de la présence réelle, l'autre où il s'agit de l'autorité de l'Eglise.
L'auteur de la réponse, qui ne veut pas prendre la peine de considérer mon
dessein et qui ne tâche que d'en tirer quelque avantage, sans se soucier d'en
expliquer les motifs, conclut de là que j'ai été fort embarrassé sur tous les
autres sujets; et que m'étant trouvé plus au large sur ceux-ci, j'ai donné plus
de liberté à mon style. Qu'il croie, à la bonne heure, que les matières les plus
importantes de nos controverses soient aussi celles où nous nous sentons les
plus forts et les mieux fondés. Mais il ne fallait pas dissimuler que la
véritable raison qui m'a obligé à traiter plus amplement celles-ci, c'est
qu'ayant examiné la doctrine des prétendus réformés sur ces deux articles, j'ai
trouvé qu'ils n'avaient pu s'empêcher de laisser dans leur catéchisme ou dans
d'autres actes aussi authentiques de leurs églises, des impressions manifestes
de la sainte doctrine qu'ils avaient quittée. J'ai cru que la divine Providence
l'avait permis de la sorte pour abréger les disputes. En effet comme parmi
toutes nos controverses la matière de la présence réelle est sans doute la plus
difficile par son objet, et que celle de l'Eglise est la plus importante par ses
conséquences, c'est principalement sur ces deux articles que nous avons à
désirer de faciliter le retour à nos adversaires : et nous regardons comme une
grâce singulière que Dieu fait à son Eglise d'avoir voulu que, sur deux points
si nécessaires, ses enfants qui se sont retirés de son unité trouvassent dans
leur croyance des principes qui les ramènent à la nôtre. C'est pour leur
conserver cet avantage que je leur ai
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remis devant les yeux leur propre doctrine, après leur
avoir exposé la nôtre. Mais pour le faire plus utilement, je ne me suis pas
contenté de remarquer les vérités qu'ils nous accordent; j'ai Toula marquer les
raisons par lesquelles ils sont conduits à les reconnaître, afin qu'on comprenne
mieux que c'est la force de la vérité qui les oblige à nous avouer des choses si
considérables, et qui semblaient si éloignées de leur premier plan.
C'est pour cela que j'ai
proposé, dans l'exposition de ces deux articles, quelques-uns des principaux
fondements sur lesquels la doctrine catholique est appuyée. On y peut remarquer
certains principes de notre doctrine, dont l'évidence n'a pas permis à nos
adversaires eux-mêmes de les abandonner tout à fait, quelque dessein qu'ils
aient eu de les contredire : et les réponses de notre auteur achèveront de faire
voir qu'il est absolument impossible que ceux de sa communion disent rien de
clair ni de suivi, lorsqu'ils exposent leur croyance sur ces deux points.
Nous parlerons dans la suite de
ce qui regarde l'Eglise; maintenant il s'agit de considérer la présence réelle
du corps et du sang de Jésus-Christ dans l'Eucharistie. Il ne s'agit donc pas
encore de savoir si le corps est avec le pain, ou si le pain est changé au
corps; cette difficulté aura son article à part : mais il est important, pour ne
rien confondre, de regarder séparément la matière de la présence réelle, sans
parler encore des difficultés particulières que les prétendus réformés trouvent
dans la transsubstantiation.
J'entreprends donc de faire voir
qu'après les réponses de notre auteur, on doit tenir pour certain que la
doctrine des prétendus réformés n'est pas une doctrine suivie; qu'elle se dément
elle-naême; et que, plus ils tentent de s'expliquer, plus leurs détours et leurs
contradictions deviennent visibles.
On verra au contraire en même
temps que la doctrine catholique se soutient partout; et que si d'un côté elle
se met fort peu eu peine de s'accorder avec la raison humaine et avec les sens,
de l'autre elle s'accorde parfaitement avec elle-même et avec les grands
principes du christianisme, dont personne ne peut disconvenir.
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Il y a ici deux choses à
considérer : 1° la règle générale qu'il faut suivre pour découvrir les mystères
de la religion chrétienne; 2° ce qui touche en particulier celui de
l'Eucharistie. On verra dans l'une et dans l'autre de ces deux choses, combien
les sentiments de l'Eglise catholique sont droits, et combien sont étranges les
contradictions des prétendus réformés.
La règle générale pour découvrir
les mystères de notre foi, c'est d'oublier entièrement les difficultés qui
naissent de la raison humaine et des sens, pour appliquer toute l'attention de
l'esprit à écouter ce que Dieu nous a révélé avec une ferme volonté de le
recevoir, quelque étrange et quelque incroyable qu'il nous paraisse.
Ainsi pour se rendre propre à
entendre l'Ecriture sainte, il fout avoir tout à fait imposé silence au sens
humain, et ne se servir de sa raison que pour remarquer attentivement ce que
Dieu nous dit dans ce divin Livre.
En effet il n'y a jamais que
deux sortes d'examen à faire dans la lecture d'un livre : l'un, pour entendre le
sens de l'auteur; l'autre, pour considérer s'il a raison et juger du fond de la
chose. Mais comme ce dernier examen cesse tout à fait lorsqu'on voit
certainement que Dieu a parlé, la raison ne doit plus servir de rien que pour
bien entendre ce qu'il veut dire.
Il est même vrai généralement de
tous les livres que lorsqu'il ne s'agit que d'en concevoir le sens, il faut se
servir de son esprit pour recueillir simplement sans aucune discussion du fond,
ce qui résulte de la suite du discours. Les livres qui sont dictés par le
Saint-Esprit ne doivent pas être lus avec moins de simplicité ; et nous devons
au contraire nous attacher d'autant plus à recueillir ce qu'ils portent sans y
mêler nos raisonnements, que nous sommes très-assurés que la vérité y est toute
pure.
Que si nous trouvons quelque
obscurité dans les paroles de l'Ecriture, ou que le sens nous en paraisse
douteux, alors comme l'Ecriture a été donnée pour être entendue, et qu'en effet
elle l'a
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été, il n'y aurait rien de plus raisonnable que de voir de
quelle manière elle a été prise par nos pères : car nous verrons en son lieu que
le sens qui a d'abord frappé les esprits et qui s'est toujours conservé, doit
être le véritable. Mais d'appeler la raison pour rejeter ou pour recevoir une
certaine interprétation, selon que la chose qu'elle contient paraîtra ou plus ou
moins raisonnable à l'esprit humain, c'est anéantir l'Ecriture, c'est en
détruire tout à fait l'autorité.
Aussi voit-on par expérience que
si peu qu'on veuille écouter les raisonnements humains dans les mystères de Dieu
et dans l'explication de son Ecriture, on tombe dans l'un de ces deux malheurs,
ou que la foi en l'Ecriture s'affaiblit, ou qu'on en force le sens par des
interprétations violentes.
Tant d'infidèles, qu'on voit
répandus même dans le milieu du christianisme, sont tombés dans ce premier
malheur : et les égarements effroyables des sociniens sont l'exemple le plus
visible du second. Ces hérétiques et les infidèles conviennent dans cette pensée
: c'est Dieu qui a donné la raison à l'homme, il faut donc que l'Ecriture
s'accorde avec la raison humaine, ou l'Ecriture n'est pas véritable. Mais après
avoir marché ensemble jusque-là, l'endroit où ils commencent à se séparer, c'est
que les uns ne pouvant accommoder l'Ecriture sainte à ce qu'ils se sont imaginés
être raisonnable, l'abandonnent ouvertement; et les autres la tordent avec
violence, pour la faire venir malgré elle à ce qu'ils pensent.
Ainsi ces derniers posant pour
principe que la raison ne peut souffrir ni la Trinité, ni l'Incarnation, ils
concluent que les passages où toute l'Eglise a cru voir ces vérités établies, ne
peuvent pas avoir le sens qu'elle y donne, parce que ces choses, disent-ils,
sont impossibles ; et ensuite ils tournent tous leurs efforts à imaginer dans
l'Ecriture un sens qui s'accorde avec leurs pensées.
Il n'y a personne qui ne voie
que ce n'est pas écouter l'Ecriture sainte que de la lire dans cet esprit; et
qu'au contraire s'il fallait
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suivre cette méthode pour l'interpréter, il n'y aurait
presque aucun livre qui fût plus mal entendu que celui-là, ni expliqué de plus
mauvaise foi. Car lorsqu'on examine les livres et les auteurs ordinaires, par
exemple Cicéron ou Pline, il n'arrivera pas, si peu qu'on soit raisonnable,
qu'on se mette dans l'esprit un certain sens qu'on veuille nécessairement y
trouver ; mais on est prêt à recevoir celui qui sort pour ainsi dire des
expressions et de la suite du discours. Au contraire si on lit l'Ecriture sainte
selon la méthode des sociniens, on viendra à cette lecture avec certaines idées
qui ne sont point prises dans ce livre, auxquelles on voudra toutefois que ce
livre s'accommode pour ainsi dire malgré qu'il en ait. Ces téméraires chrétiens
ne sont pas moins opposés à l'autorité de l'Ecriture que les infidèles déclarés,
puisque nous les voyons enfin recourir, aussi bien que les infidèles, à la
raison et au sens humain comme à la première règle et au souverain tribunal.
Il ne faut donc pas écouter ces
dangereux interprètes de l'Ecriture, qui n'y veulent rien trouver qui ne
contente la raison humaine, sous prétexte que c'est Dieu qui nous l'a donnée. Il
est vrai, Dieu nous l'a donnée pour notre conduite ordinaire; mais il a voulu
que la connaissance des mystères de la religion vînt d'une lumière plus haute,
dont nous ne serons jamais éclairés si nous ne soumettons toute autre lumière à
ses règles invariables.
Ce n'est pas que la droite
raison soit jamais contraire à la foi ; mais il n'a pas plu à Dieu que nous
sussions toujours le moyen de les accorder ensemble. Il faut avoir pénétré le
fond des conseils de Dieu pour faire parfaitement cet accord : et il dépend de
l'entière compréhension de la vérité, que Dieu nous a réservée pour la vie
future. En attendant, nous devons marcher sous la conduite de la foi, dans les
mystères divins et surnaturels; nous y appellerons la raison seulement pour
écouter ce que Dieu dit et faire qu'elle s'y accorde, non en contentant ses
pensées, mais en les faisant céder à l'autorité de Dieu qui nous parle.
Messieurs delà religion
prétendue réformée demanderont peut-être
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en ce lieu d'où vient le soin que je prends d'éclaircir une
vérité , dont ils sont d'accord avec nous. En effet aucune raison ne les a pu
empêcher de confesser la Trinité, l'Incarnation et le Péché originel, et tant
d'autres articles de la religion, qui choquent si fort le sens humain : et pour
venir à celui que nous traitons, il est vrai qu'après avoir exposé dans leur
Confession de foi « que Jésus-Christ nous y nourrit de la propre substance de
son corps et de son sang, ils ajoutent que ce mystère surpasse en sa hautesse la
mesure de notre sens, et tout ordre de nature ; » et enfin a qu'étant céleste il
ne peut être appréhendé c'est-à-dire conçu que par la foi (1)… »
Il (l'Anonyme) avait dit
auparavant, a qu'il ne s'agit pas ici de savoir si Jésus-Christ est véritable,
ou s'il est puissant pour faire ce qu'il dit ; ce serait la dernière impiété que
de balancer un moment sur l'un et sur l'autre ; il s'agit uniquement du sens de
ce qu'il dit (2) » Et encore, dans un autre endroit : « Il ne s'agit nullement
de ce que Dieu peut, car Dieu peut tout ce qu'il veut, mais du sens de ses
paroles seulement : il faut s'attacher à sa volonté, qui est la seule règle de
notre créance, aussi bien que celle de nos actions. S'il est vrai qu'il s'agisse
du sens de ses paroles seulement (3) ; » si c'est là uniquement ce que
nous avons à considérer, nous n'avons plus à nous mettre en peine de rechercher
par des principes de philosophie, si Dieu peut faire qu'un corps soit en divers
lieux, ou qu'il y soit sans son étendue naturelle, ou que ce qui paraît pain à
nos sens soit en effet le corps de Notre-Seigneur. Car si on nous peut forcer
d'entrer dans ces discussions, si l'intelligence des paroles de Notre-Seigneur
dépend nécessairement de la résolution de semblables difficultés, nous sortons
de l’état où l'auteur nous avait mis, et le sens des paroles de Notre-Seigneur
n'est plus seulement et uniquement ce que nous avons à considérer.
Mais qu'il est difficile à
l'esprit humain de se captiver entièrement sous l'obéissance de la foi. Ceux qui
disent que ce mystère passe en sa hauteur toute la mesure du sens humain,
veulent néanmoins nous assujettir à résoudre les difficultés que
1 Art XXXVI. — 2 Anon., p. 259. — 3
Ibid. p. 254.
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le sens humain nous propose. Notre auteur, qui donne pour
règle que nous avons à considérer seulement et uniquement le sens des paroles de
Jésus-Christ, abandonne dans l'application ce qu'il a posé en général, et rend
une règle si nécessaire absolument inutile.
Une si étrange contradiction se
peut remarquer en moins de deux pages. Il approuve ce que j'avais dit que pour
entendre les paroles de Notre-Seigneur, nous n'avions à considérer que son
intention. « C'est, dit-il, un bon principe, pourvu qu'il soit bien prouvé; car
Jésus-Christ peut tout ce qu'il veut, et tout ce qui veut se fait comme il veut
(1). » Il semble, selon ces paroles, que nous sommes tout à fait délivrés des
raisonnements humains sur la possibilité du mystère dont il s'agit. Mais il ne
faut que tourner la page ; nous nous trouverons rengagés plus que jamais dans
ces dangereuses subtilités. « Il ne s'agit pas, dit-il, si Dieu peut la chose,
mais si la chose est possible en elle-même, ou si elle n'implique pas
contradiction (2). » Si après nous être appliqués à connaître la volonté de Dieu
par sa parole sur l'accomplissement de quelque mystère, par exemple sur celui du
Verbe incarné, il nous faut encore essuyer une discussion de métaphysique sur la
possibilité de la chose en elle-même, c'est justement ce que demandent les
sociniens. Et certes il ne suffit pas de se plaindre, comme fait l'auteur, que
l'on compare ceux de son parti à ces hérétiques. Il ferait bien mieux de
considérer s'il ne favorise pas, sans y penser, leurs erreurs, et s'il ne les
aide pas à introduire la raison humaine dans les questions de la foi. En effet
que prétend l'auteur, lorsqu'il veut que dans les mystères de la religion on
vienne à examiner si la chose est possible en elle-même, ou si elle
n'implique pas contradiction? Faudra-t-il que le chrétien, après qu'il a
recherché dans les Ecritures ce qui nous y est enseigné sur la personne de
Notre-Seigneur, s'il trouve que cette Ecriture nous fait entendre qu'il est Dieu
et homme, tienne toutefois ce sens en suspens jusqu'à ce qu'en examinant si la
chose est possible en elle-même, il ait trouvé le moyen de contenter sa raison
humaine? C'est donner gain de cause aux sociniens, et renverser manifestement
1 Anon., p. 179. — 2 Ibid. p. 180.
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l’autorité de l'Ecriture. Il faut donc savoir établir la
foi par des principes plus fermes, et apprendre au chrétien qu'il trouve tout
ensemble par un seul et même moyen et la possibilité et l'effet, quand il montre
dans l'Ecriture ce que Dieu veut et ce qu'il dit. Ainsi le sens de cette
Ecriture doit être fixé immuablement, sans avoir égard aux raisons que l'esprit
humain peut imaginer sur la possibilité de la chose. On pourra entrer après, si
l'on veut, dans «cette discussion; et une telle discussion sera regardée
peut-être comme un honnête exercice de l'esprit humain. Mais cependant la foi
des mystères et l'intelligence de l'Ecriture sera établie indépendamment de
cette recherche.
Ce principe fait voir clairement
que tout ce que l'esprit humain peut imaginer sur l'impossibilité du mystère de
la Trinité, ou sur celui de l'Incarnation, ou sur la présence réelle, ne doit
pas même être écouté, quand il s'agit d'établir la foi : si nous sommes
solidement chrétiens, tout cela n'aura aucun poids pour nous porter à un sens
plutôt qu'à un autre, ni au figuré plutôt qu'au littéral. Et il faut uniquement
considérer à quoi nous portera l'Ecriture même.
Cependant quoique notre auteur
convienne avec nous de ce principe, et que lui-même nous donne pour règle que
nous avons à considérer seulement et uniquement le sens des paroles de
Jésus-Christ, il ne craint pas toutefois d'embarrasser son esprit de cette
discussion, si la chose est possible en elle-même; et ensuite il fait valoir
contre nous tous les arguments de philosophie qu'on oppose à notre croyance.
Tant il est vrai que le sens humain nous entraîne insensiblement à ses pensées,
et affaiblit dans l'application les principes dont la vérité nous avait touchés
d'abord.
En effet l'auteur s'était
proposé de nous expliquer les raisons qui le déterminent au sens figuré, et il
les voulait trouver dans l'Ecriture, « Qu'y a-t-il de plus naturel et de plus
raisonnable, dit-il, que d'entendre l'Ecriture sainte par elle-même (1)? » Il
rapporte après, entre autres passages, ceux qui disent que Jésus-Christ est
monté aux cieux ; et enfin il conclut ainsi : « Il est
1 Anon., p. 175.
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donc naturel de prendre ces paroles : Ceci est mon corps
dans un sens mystique et figuré, qui s'accommode seul parfaitement avec tous les
autres passages de l'Ecriture (1).» Mais il n'a pas voulu remarquer que ces
passages ne concluraient rien contre nous, « n'y avait mêlé, pour les soutenir,
cette raison purement humaine d’être au ciel corporellement et sur la terre par
représentation ne sont pas, dit-il, deux sens opposés : mais n'être plus avec
nous, ou être corporellement dans le ciel, et ne laisser pas d'être à toute
heure entre les mains des hommes, sont deux terni contradictoires et
incompatibles (2). » On voit que pour tirer quelque chose des passages de
l'Ecriture, qui disent que Jésus-Christ est au ciel, il est obligé de supposer
qu'il n'est pas possible à Dieu de faire qu'un même corps soit en même temps en
divers lieux. C'est ce que ni lui ni les siens n'ont pas même prétendu prouver
par aucun passage de l'Ecriture : c'est donc une opposition qui naît purement de
l'esprit humain, à qui ils nous avaient promis d'imposer silence.
Tel est le procédé ordinaire des
prétendus réformés. Ils nom promettent toujours d'expliquer l'Ecriture par
l'Ecriture, et d'exclure par cette méthode le sens littéral que nous embrassons
: mais on voit dans l'exécution que le raisonnement humain prévaut toujours dans
leur esprit : et on peut voir aisément que l'attachement invincible qu'ils y ont
les porte insensiblement au sens figuré.
En effet nous voyons sans cesse
revenir ces raisons humaines. L'auteur avait exposé les raisons tirées a de la
nature des sacrements et du style de l'Ecriture. Ces raisons suffisent,» dit-il
(3). Et ce sont certainement les seules qu'il faut apporter, parce que ce sont
les seules qui semblent tirées des principes du christianisme. Mais quoique nos
adversaires disent que ces preuves suffisent, il faut bien qu'ils ne se fient
pas tout à fait à de telles preuves qu'il nous est aisé de détruire, puisqu'ils
y joignent aussitôt, pour les soutenir, des arguments de philosophie. « On
pourrait ajouter ici, dit notre auteur, plusieurs autres raisons du fond, pour
montrer que le dogme de la présence réelle n'est pas seulement au-dessus
1 Anon., p. 176. — 2 Ibid. — 3 Ibid. 178.
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delà raison, comme les mystères delà Trinité et de
l'Incarnation, mais directement contre la raison (1). » Il est vrai qu'il
n'étend pas ces raisonnements, pour « ne pas entrer trop avant dans la question,
» comme il dit lui-même. Il montre toutefois l'état qu'il en fait, lorsqu'il les
appelle les raisons du fond. Mais voyons à quoi elles tendent. Est-ce que
toutes les fois que quelqu'un objectera qu'un point de la foi n'est pas
seulement au-dessus de la raison, mais directement contre la raison, il faudra
entrer avec lui dans cet examen? Si cela est, les Sociniens ont gagné leur cause
; nous ne pouvons plus empêcher que ces dangereux hérétiques ne réduisent les
questions de la foi à des subtilités de philosophie, et qu’ils n'en fassent
dépendre l'explication de l'Ecriture. Car ils prétendent que la Trinité et
l'Incarnation ne sont pas seulement au-dessus de la raison, mais directement
contre la raison. Ils ont tort, direz-vous, de le prétendre. Ils ont tort, je
l'avoue; mais il faut connaître tout le tort qu'ils ont. Car ils ont tort même
de prétendre que de tels raisonnements puissent être admis ou seulement écoutés,
lorsqu'il s'agit de la foi et de l'intelligence de l'Ecriture.
Quoi que les hérétiques puissent
jamais dire et de quelques raisons qu'ils se vantent, le fidèle n'aura jamais
autre chose à tore, selon vos propres principes, qu'à considérer seulement et
uniquement le sens de ce que Dieu dit. Donc les raisonnements humains ne seront
pas même écoutés ; et vous faites triompher les sociniens, si vous les
introduisez par quelque endroit dans les questions de la foi.
Vous le faites néanmoins. Vous
appelez ces raisons les raisons du fond, tant elles vous paraissent
considérables : mais elles sont du fond de la philosophie, et non du fond du
christianisme; du fond du sens humain, et non du fond de la religion. S'il faut
écouter de telles raisons dans la matière de l'Eucharistie, on ne peut plus les
bannir d'aucun autre endroit de la religion, et nous verrons régner partout la
raison humaine.
1 Anon., p. 178.
210
Il résulte de ce discours que le
premier principe qu'il faut poser pour entendre l'Ecriture, c'est qu'il n'y a
rien qu'il ne faille croire quand Dieu a parlé : de sorte qu'il ne faut pas
mesurer à nos conceptions le sens de ses paroles, non plus que ses conseils à
nos pensées, ni les effets de son pouvoir à nos expériences. Ainsi nous lirons
l'institution de l'Eucharistie avec cette préparation. Que si l'ordre des
conseils de Dieu et les desseins de son amour envers les hommes demandent que le
Fils nous donne son propre corps, sans y changer autre chose que la manière
ordinaire connue de nos sens, nous écouterons uniquement ce que Dieu dit; et
loin de forcer les paroles de l'Ecriture sainte pour l'accommoder à notre raison
et au peu que nous connaissons de la nature, nous croirons plutôt que le Fils de
Dieu forcera par sa puissance infinie toutes les lois de la nature, pour
vérifier ses paroles dans leur intelligence la plus naturelle
Et pour entrer dans nos
sentiments sur le mystère de l'Eucharistie, il ne faut que demeurer ferme dans
les maximes que nous avons déjà posées : c'est que nous n'avons point à nous
mettre en peine de la possibilité de la chose, ni de toutes les difficultés qui
embarrassent la raison humaine, et que nous n'avons à considérer que la volonté
de Jésus-Christ.
Nous devons supposer, selon ce
principe, « qu'il ne lui a pas été plus difficile, comme il a été dit dans l’Exposition,
de faire que son corps fût présent dans l'Eucharistie, en disant : Ceci est mon
corps, que de faire qu'une femme soit délivrée de sa maladie, en disant :
Femme, tu es délivrée de ta maladie (1); ou de faire que la vie soit
conservée à un jeune homme, en disant à son père : Ton fils est vivant
(2) ; ou de faire que les péchés du paralytique lui soient remis, en lui disant
: Tes péchés te sont remis (3) »
Il faut donc déjà qu'on nous
avoue que si le Fils de Dieu a
1 Luc, XIII, 12. — 2 Joan., IV, 50. — 3 Marc.,
II, 5 ; Expos., art. 10.
211
Voulu que son corps fût présent dans l'Eucharistie, il l'a
pu faire, en disant ces paroles : « Ceci est mon corps. » L'auteur de la Réponse
ne me conteste cette vérité en aucun endroit de son livre ; il demande seulement
qu'on lui fasse voir l'intention de Notre-Seigneur (1). Il est juste de le
satisfaire; et la chose ne sera pas malaisée, si on reprend ce que j'ai dit dans
l’Exposition.
J'ai demandé seulement qu'on
nous accordât que lorsque le Fils de Dieu a dit ces paroles : « Prenez, mangez;
ceci est mon corps donné pour vous, » il a eu dessein d'accomplir ce qui nous
était figuré dans les anciens sacrifices, où les Juifs mangeaient la victime en
témoignage qu'ils participoient à l'oblation, et que c'était pour eux qu'elle
était offerte.
Je ne répéterai pas ce que je pense avoir expliqué
très-nettement dans l’Exposition; mais je dirai seulement que c'est une
vérité qui n'est pas contestée, que les Juifs mangeaient les victimes dans le
dessein de participer au sacrifice, selon ce que dit saint Paul : « Considérez
ceux qui sont Israélites selon la chair : celui qui mange les victimes n'est-il
pas participant de l'autel (2)?» Toute la question est donc de savoir s'il est
vrai que Notre-Seigneur ait eu dessein d'accomplir dans l'Eucharistie cette
figure ancienne, et comment il l'a accomplie. Sur cela notre auteur nous répond
deux choses : il nie en premier lieu que Notre-Seigneur ait eu dessein
d'accomplir cette figure, quand il a dit : « Ceci est mon corps; » il dit
secondement qu'en tout cas die s'accomplit par une manducation spirituelle.
La première de ces réponses est
insoutenable; et il ne faut qu'écouter les raisonnements de l'auteur, pour en
découvrir la faiblesse. Il me reproche « qu'au lieu de raisons, je donne des
comparaisons ou des rapports et des convenances : comme si l'on ne savait pas,
poursuit-il, que les comparaisons et les exemples peuvent bien éclaircir les
choses prouvées, mais qu'elles ne prouvent pas (3). »
1 Anon., p. 179. — 2 I Cor., X,
18. — 3 Anon., p. 181.
212
Je ne sais pourquoi il n'a pas
compris qu'en parlant des sacrifices anciens, je ne lui apporte pas de simples
comparaisons, mais des figures mystérieuses de la Loi, dont Jésus-Christ qui en
est la fin nous devait l'accomplissement. Il ne peut désavouer que
Notre-Seigneur ne soit figuré par ces anciennes victimes, et ne dût être immolé
comme elles. Mais il croit dire quelque chose de considérable, quand il ajoute a
qu'il ne faut pas presser ces sortes de rapports au delà de ce qui est marqué
dans les Ecritures, pour en faire des dogmes de foi (1). » Je conviens de ce
principe; et j'avoue qu'il n'est pas permis d'établir la foi sur des convenances
imaginaires, qui ne seraient pas appuyées sur les Ecritures. Mais ne veut-il pas
ouvrir les yeux pour voir que ce n'est pas moi qui ai fait le rapport dont il
s'agit? Il est clairement dans la chose même, il est dans les paroles de
Notre-Seigneur : « Prenez, mangez, ceci est mon corps donné pour vous; » et il
n'est pas moins clair que nous devons manger notre victime, qu'il n'est vrai
qu'elle a été immolée. C'est pour cela que Notre-Seigneur a prononcé ces paroles
: « Prenez, mangez; ceci est mon corps donné pour vous.» Il ordonne lui-même que
nous le mangions comme ayant été immolé et donné pour nous : et on est réduit à
une étrange extrémité, quand il faut, pour se soutenir, nier une vérité si
constante…
Mais certainement il n'est pas
juste de faire dire tout ce qu'on veut à l'Ecriture ; et il est bon de remarquer
à l'occasion d'un passage dont les prétendus réformés abusent si visiblement, la
manière peu sérieuse avec laquelle ils appliquent l'Ecriture sainte dans les
matières de foi.
Je demande à l'Anonyme quel
usage il prétend faire de cette parole de Jésus-Christ mourant. Veut-il dire
qu'à cause que le Fils de Dieu a dit à la croix : « Tout est consommé, » tout ce
qui se fait hors de la croix ne sert de rien à l'accomplissement de ses
mystères; de sorte que c'est en vain que nous recherchons à la
1 P. 182.
213
sainte table quelque partie de cet accomplissement? Il n'y
a personne qui ne voie combien cette prétention serait ridicule. Est-ce donc
qu'il n'y a plus aucune partie du mystère de Jésus-Christ, qui doive s'accomplir
après sa mort? Quoi! ce qui avait été prédit de sa résurrection ne de voit-il
pas avoir sa fin, comme ce qui avait été prédit de sa croix ? Notre Pontife ne
devait-il pas entrer au ciel après son sacrifice, comme le pontife de la Loi
entrait dans le sanctuaire après le sien? Et l'accomplissement de cette
excellente figure, que saint Paul nous a si bien expliquée, ne regardait-il pas
la perfection du sacrifice de Jésus-Christ?
Il se faut donc bien garder
d'entendre que toutes les prédictions , toutes les figures anciennes, en un mot
tous les mystères de Jésus-Christ soient accomplis précisément par sa mort.
Aussi les paroles de Notre-Seigneur ont-elles un autre objet ; et lorsqu'un
moment avant que de rendre l’âme il a dit : « Tout est consommé, » c'est de même
que s'il eût dit : Tout ce que j'avais à faire en cette vie mortelle est
accompli, et il est temps que je meure.
Il n'y a qu'à lire le saint
Evangile pour y découvrir ce sens. « Jésus sachant, dit l'Evangile, que toutes
choses étaient accomplies, afin que l'Ecriture fût accomplie, dit : J'ai soif
(1). » Il vit qu'il fallait encore accomplir cette prédiction du Psalmiste :
« Ils m'ont présenté du fiel pour ma nourriture, et ils m'ont donné du vinaigre
à boire dans ma soif (2). » Après donc qu'on lui eut présenté ce breuvage amer,
qui devait être le dernier supplice de sa passion, et qu'il en eut goûté pour
accomplir la prophétie, saint Jean remarque qu'il dit : « Tout est consommé, et
qu'ayant baissé la tête, il rendit l'esprit (3). » C'est-à-dire manifestement
qu'il avait mis fin à tout ce qu'il devait accomplir dans le cours de sa vie
mortelle, et qu'il n'y avait plus rien désormais qui dût l'empêcher de rendre à
Dieu son âme sainte ; ce qu'il fit en effet au même moment, comme saint Jean le
rapporte : « Il dit : Tout est consommé; et ayant baissé la tête, il rendit
l'esprit. »
On voit donc que cette parole ne
doit pas être restreinte en particulier aux figures qui représentent son
sacrifice ; mais qu'elle
1 Joan., XIX, 28. — 2 Psal.
LXVIII, 22. — 3 Joan., XIX, 30.
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s'étend aux autres choses qui regardent sa personne ; et
que l’intention de Notre-Seigneur n'est pas de nous dire qu'il accomplit tout
par sa mort, mais plutôt de nous faire entendre que tout qu'il avait à faire en
ce monde étant accompli, il était temps qu’il mourût.
On voit par là un fils
très-obéissant et très-fidèle à son Père qui ayant considéré avec attention tout
ce qu'il lui a prescrit pour cette vie dans les Ecritures, l'accomplit de point
en point, et ne veut pas survivre un moment à l'entière exécution de ses
volontés (a).
Que si toutefois on veut
nécessairement que cette parole « Tout est consommé, » regarde l'accomplissement
des sacrifices anciens, nous n'empêcherons pas qu'on ne dise que Jésus-Christ y
mis fin par sa mort, et qu'il sera désormais la seule victime agréable à Dieu :
mais qu'on ne pense pas pour cela se servir de ce qu'il a accompli à la croix,
pour détruire ce qu'il accomplit à la sainte table. Là il a voulu être immolé,
ici il lui a plu d'être reçu d'une manière merveilleuse ; là il accomplit
l'immolation des victimes anciennes, ici il en accomplit la manducation.
Aussi faut-il à la fin
reconnaître cette vérité. Nos adversaires ne peuvent nier qu'il ne faille manger
notre victime ; et ils croient avoir satisfait à cette obligation, en disant
qu'ils la mangent par la foi. C'est leur seconde réponse où ils sont, s'il se
peut, encore plus mal fondés que dans la première. Mais écoutons sur quoi il
s'appuient : « Bien loin, dit l'auteur de la Réponse, qu'il faille entendre
littéralement tous les rapports » qui sont avec Jésus Christ et les victimes
anciennes, «nous savons que l'Apôtre oppose partout l'esprit de l'Evangile à la
lettre de Moïse; » d'où il conclut « qu'il faut que sous l'Evangile les
chrétiens prennent tout spirituellement, » et ensuite, qu'ils se contentent
d'une manducation spirituelle et par la foi (1).
Mais que ne poussent-ils leur
principe dans toute la suite; pourquoi ne disent-ils pas que Jésus-Christ devait
être immolé,
1 Anon., p. 183.
(a) Note marg. : Faire voir la vérité constante des
preuves par l'absurdité d réponses plutôt que de suivre les preuves dans toute
leur étendue.
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non par une mort effective, mais par une mort spirituelle
et mystique (1)? C'est sans doute que Notre-Seigneur nous a fait voir en mourant
aussi réellement qu'il a fait, qu'en tournant tout au mystique et au spirituel
on anéantit enfin ses conseils.
Pourquoi nos adversaires ne
veulent-Us pas que sans préjudice du sens spirituel, qui accompagne partout les
mystères de l'Evangile , il ait pu rendre la manducation de son corps aussi
effective que sa mort (2) ? Car il faut apprendre à distinguer l'essence des
choses d'avec la manière dont elles sont accomplies. Jésus-Christ est mort aussi
effectivement que les animaux qui ont été immolés en figure de son sacrifice :
mais il n'a point été traîné par farce à l'autel; c'est une victime obéissante
qui va de son bon gré à la mort; il a rendu l'esprit volontairement, et sa mort
est autant m effet de puissance que de faiblesse : ce qui ne peut convenir à
aucune autre victime. Ainsi il nous donne à manger la chair de ce sacrifice
d'une manière divine et surnaturelle, et infiniment différente de celle dont on
mangeait les victimes anciennes : mais, comme il a été dit dans l'Exposition,
en relevant la manière et lui ôtant tout ce qu'elle a d'indigne d'un Dieu, il ne
nous a rien été pour cela de la réalité ni de la substance.
Ainsi quand il a dit ces paroles
: « Prenez, mangez; ceci est mon corps, » ce qu'il nous ordonne de prendre, ce
qu'il nous présente pour le manger, c'est son propre corps ; et son dessein a
été de nous le donner non en figure, ni en vertu seulement, mais réellement et
en substance. C'est l'intention de ses paroles, et la mite de ses conseils nous
oblige à les entendre à la lettre. N'importe que le sens humain s'oppose à cette
doctrine : car il faut, malgré ses oppositions, que l'ordre des desseins de Dieu
demeure ferme. C'est cet ordre des conseils divins que Jésus-Christ veut Bons
faire voir en instituant l'Eucharistie; et que de même qu'il a choisi la croix
pour y accomplir en lui-même l'immolation des victimes anciennes, il a aussi
établi la sainte table pour en accomplir la manducation : si bien que malgré
tous les raisonnements humains la manducation de notre victime doit être aussi
réelle à la sainte table, que son immolation a été réelle à la croix.
1 Anon., p. 184.— 2 Ibid. p. 186.
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C'est ce qui oblige les
catholiques à rejeter le sens figuré pour tourner tout au réel et à l'effectif.
Et c'est aussi ce qui force les prétendus réformés à chercher ce réel autant
qu'ils peuvent. Car c'est ici qu'on m'objecte « que je me méprends
perpétuellement sur ce réel. La manducation, dit l'Anonyme, ou la participation
du corps de Jésus-Christ est très-réelle (1). » On a vu plus amplement en un
autre lieu combien fortement il s'explique sur cette réalité, et comme il se
fâche contre moi quand je dis que notre doctrine mène au réel plus que la sienne
: nous en parlerons encore ailleurs; mais il faut en attendant, qu'il nous
avoue, que si nous avons réellement dans l'Eucharistie le corps de
Notre-Seigneur, son objet a été réellement dans ce mystère de nous le donner :
et ensuite que quand il a dit : « Ceci est mon corps, » il faut entendre : Ceci
est mon corps réellement et non en figure, ni en vertu, mais en vérité et en
substance…
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