Avert. Réf. Cat.
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Conf. M. Claude Avert.
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Conférence M. Claude
Conférence Suite
Réflexions sur M. Claude

 

A MONSEIGNEUR
LE MARÉCHAL DE SCHOMBERG,

 

Duc d'Halluyn, pair de France, gouverneur et lieutenant général pour le Roi des ville et citadelle de Metz et pays Messin, évêchés de Metz et de Verdun colonel général des Suisses et Grisons, colonel des Landskenects, maréchal de camp général des troupes allemandes et liégeoises, etc.

 

Monseigneur ,

 

Puisque cette ville et cette province, que les guerres ont désolée, ne respire plus que par votre appui ; puisque les peuples que vous gouvernez ne trouvent de salut ni de sûreté que dans la protection de Votre Excellence, et que votre générosité se les est acquis par le titre du inonde le plus légitime : nous ne devons point avoir de plus grande joie que de témoigner hautement ce que nous sentons en nos cœurs ; et où l'on ne voit que de vos bienfaits, il est juste que rien n'y paraisse sans porter des marques de reconnaissance. C'est dans cette pensée, Monseigneur, que j'ose prendre la liberté de vous présenter cet ouvrage comme un fruit du repos que vous nous donnez au milieu de tant de périls qui nous environnent, et puisque l'étude est incompatible avec le tumulte et le bruit, il faut bien que je rende grâces de mon loisir particulier à l'auteur de la tranquillité publique. D'ailleurs je ne doute pas, Monseigneur, que vous ne regardiez d'un œil favorable un discours qui ne tend qu'au salut des âmes, puisque Dieu vous a fait la grâce de considérer les choses divines, comme celles qui sont les plus dignes d'occuper vos soins et d'entretenir votre grand génie. Et certes quand je contemple en moi-même toute la suite de vos actions immortelles, encore que je sache bien qu'elles vous égalent aux capitaines les plus renommés, et que la postérité la plus éloignée ne pourra lire sans étonnement les merveilles

 

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de votre vie, je ne vois rien de plus grand en votre personne que l'amour que vous avez pour l'Eglise, et que cette inclination généreuse d'appuyer la religion par votre autorité et par votre exemple. Que nos histoires vantent cette belle nuit qui est capable d'effacer la gloire des plus éclatantes journées, et qui a été tant de fois funeste à nos ennemis par le modèle que vous y donnâtes à nos généraux pour faire réussir de pareils desseins; qu'on publie qu'il n'appartenait qu'à votre courage de trouver une sortie glorieuse dans le désespoir des affaires ; qu'on joigne aux triomphes du Languedoc ceux de la Catalogne et du Roussillon, et les autres fameuses campagnes que vous avez si glorieusement achevées; que l'on dise que les honneurs ont été chercher votre vertu, et que lorsqu'elle se vit élevée à la plus haute des dignités de la guerre, il n'y avait que votre victoire qui sollicitât pour vous à la Cour ; qu'on ajoute à ces grands éloges que dans un siècle si désordonné, votre puissance ne s'emploie qu'à faire du bien, que vos mains ne sont ouvertes que pour donner, et que votre nom n'a jamais paru qu'en des actions dont la justice est indubitable ; enfin qu'on loue encore cet esprit si fort et ce sens si droit et si juste, cette invariable fidélité, cette humeur si généreuse et si bienfaisante, et toutes vos autres grandes et incomparables qualités : j'avoue que ces choses sont très-constantes et très-connues par toute la France. Mais je dis que ce n'est pas, Monseigneur, ce qui fonde solidement votre gloire. Votre piété, c'est votre couronne; la vraie lumière de votre raison, c'est qu'elle sait s'aveugler pour l'amour de Dieu; votre véritable justice, c'est que vous êtes soumis à ses lois ; votre libéralité se fait reconnaître en ce qu'elle s'étend sur Jésus-Christ même; et parmi toutes vos conquêtes, il n'y en a point de plus glorieuses que celles que nous voyons tous les jours, par lesquelles vous gagnez à Dieu les âmes qu'il a rachetées par un si grand prix. Je ne diffère donc plus, Monseigneur, de vous présenter ce discours, puisque votre zèle, votre religion, votre piété lui promettent une protection si

 

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puissante. Mais certes je serais peu reconnaissant de tant de bontés dont vous m'honorez, si je n'espérais l'appui de Votre Excellence que par des considérations générales. Tant d'honneurs que j'en ai reçus, et que j'ai si peu mérités; tant d'obligations effectives, tant de bienfaits qui sont si connus, tant de grâces que je ne puis expliquer, me persuadent qu'elle favorisera cet ouvrage, que je vous offre comme une assurance et de mes très-humbles respects, et de la perpétuelle fidélité qui m'attache inviolablement à votre service. Que si mon impuissance me rend inutile; si la grandeur de vos bienfaits ne me laisse pas même des paroles qui puissent exprimer ma reconnaissance : ma consolation, Monseigneur, c'est que Dieu écoute les vœux que la sincérité lui présente, et que je sens en ma conscience avec quelle passion je suis,

 

Monseigneur,

 

Votre très-humble, très-obéissant et très-fidèle serviteur

 

BOSSUET.

 

AVERTISSEMENT.

 

Comme il n'y a rien de plus remarquable dans le Catéchisme de notre adversaire, que le témoignage qu'il rend à la justice de notre cause, aussi mon dessein principal n'est pas tant de disputer et de contredire, que de faire voir au ministre les conséquences très-légitimes de quelques vérités qu'il a confessées, et d'instruire nos frères errans de la pureté de notre doctrine sur quelques points de notre créance qu'on leur a déguisés par tant d'artifices. C'est pourquoi j'ai laissé plusieurs choses qu« je pouvois justement reprendre, pour appliquer toutes mes pensées à ce qui est le plus utile au salut des aines. Je conjure nos adversaires de lire cet ouvrage en esprit de paix, et d'en peser les raisonneniens avec l'attention et le soin que méritent des matières de cette importance. J'espère que la lecture leur fera connaître que je parle contre leur doctrine sans aucune aigreur contre leurs personnes, et qu'outre la nature qui nous est commune, je sais encore honorer en eux le baptême de Jésus-Christ, que leurs erreurs n'ont pas effacé. Que si j'accuse souvent leur ministre d'altérer visiblement le sens des auteurs, et de nous imposer des sentiments que nous détestons, mes plaintes sont très-justes et très-nécessaires, et nous le pouvons vérifier ensemble sans autre peine que d'ouvrir les livres. Or encore que ce discours éclaircisse suffisamment sa pensée, j'ai cru qu'il ne serait pas inutile de faire mettre ici un peu plus au long quelques endroits de son Catéchisme, cotés en marge (a) de cette réponse, et dont la suite de cet ouvrage fera entendre les conséquences.

 

(a) Nous mettons ces indications au bas des pages.

 

 

EXTRAIT DU CATÉCHISME, p. 404.

 

Après avoir représenté dans les pages précédentes la manière en laquelle l'Eglise catholique exhortait les mourants en l'an 1543, il conclut ainsi : « Nous ne faisons point de doute que ceux qui mouraient en cette foi et confiance ès seuls mérites de Jésus-Christ, laquelle on exigeait d'eux et de laquelle on leur faisait faire confession, n'aient pu être sauvés, puisqu'ils embrassaient le vrai et unique moyen de salut proposé en l'Evangile, qui avait été appelé par les Conférants de la part de l'Eglise romaine au colloque de Ratisbonne : « Le plus grand article de tous, et le sommaire de la doctrine chrétienne, et ce qui fait véritablement le chrétien. » Ce que les curés y ajoutaient de l'invocation à autres qu'à Dieu n'étant pas, ainsi que j'ai dit, requis comme chose nécessaire, et pouvant être interprété en un sens tolérable, et devant en tout cas être pris pour le foin dont parle l'Apôtre, qu'ils édifiaient ou qu'ils entassaient sur le fondement qui est Jésus-Christ, et qui bien qu'il ne leur servît de rien et qu'ils en fissent perte, ne les empêchait pas d'être sauvés. »

P. 114 : « Tant s'en faut qu'en ne croyant pas qu'on se puisse sauver en la foi de l'Eglise romaine d'aujourd'hui, nous soyons obligés de douter de ce que sont devenus nos pères, ni d'être en peine de leur salut, c'est au contraire le moyen de nous en mieux assurer, puisqu'ils sont morts tout autrement qu'on n'est aujourd'hui obligé d'y mourir. »

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