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LETTRE LXIII.  A LA SOEUR CHEVRI. A Meaux, ce 7 novembre 1690.

 

Il n'y a pas eu moyen, ma Fille, de vous parler à Jouarre, ni même de vous y voir dans le mauvais temps qu'il faisait : je vous donnerai volontiers une paisible et une longue audience sur la difficulté et les désirs dont vous me parlez. Ce ne pourra être que dans l'Avent, puisque je pars samedi pour aller faire un tour à Paris, s'il plaît à Dieu. Il n'y a rien qui presse sur cette affaire, surtout Dieu vous faisant la grâce d'attendre sans inquiétude la déclaration de sa volonté. Si vous trouvez à propos de m'écrire sur ce sujet, vous le pouvez; mais il est bien pénible de s'expliquer par écrit suffisamment sur des choses de cette nature. Faites ce que Dieu vous inspirera : s'il vous donne le mouvement de m'écrire, j'espère qu'en même temps il me donnera la grâce de vous bien entendre. Je n'ai garde de rien dire de tout ceci.

 

1 Luc., X, 41.

 

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LETTRE LXIV.  A LA SOEUR ANDRÉ. A Meaux, ce 10 novembre 1690.

 

Soyez donc pauvre à jamais comme Jésus-Christ ; j'y consens, ma Fille, et j'en accepte le vœu. Ne craignez jamais ni de m'écrire, ni de me parler : je prendrai le temps convenable pour vous répondre, ou plutôt pour écouter Dieu qui vous répondra en moi. Dites souvent sans rien dire, dans cet intime silence et secret de l’âme : « Tirez-moi, nous courrons après l'odeur de vos parfums (1) ; » et encore : « Venez, Seigneur Jésus, venez (2) : » c'est la parole que l'esprit dit dans l'Epouse, selon le témoignage de saint Jean. Laissez les affaires du monde, et répétez souvent aux pieds de Jésus ce que Jésus dit de Marie étant à ses pieds : « Il n'y a qu'une seule chose qui soit nécessaire (3). » Fondez-vous en douleur, fondez-vous en larmes, arrosez les pieds de Jésus, et mêlez-y la consolation avec la tristesse. Ce composé est le doux parfum des pieds du Sauveur : essuyez-les de vos cheveux, sacrifiez-lui tous les désirs inutiles. Vous ferez la confession que vous souhaitiez, quand Dieu le permettra. Puisse Jésus vous dire encore : « Plusieurs péchés lui seront remis, parce qu'elle a beaucoup aimé (4). » Vous voyez bien que j'ai reçu votre lettre. Cachez-vous en Dieu avec Jésus-Christ ; entendez cette parole. Dieu soit avec vous.

 

LETTRE LXV.  A MADAME DE BERINGHEN. A Meaux, ce 18 décembre 1690.

 

J'arrive, et à ce moment je reçois, Madame, votre billet du 14. Vous pouvez vous servir du prédicateur à confesser vos religieuses. Quant à la paroisse, M. le curé a tort d'avoir si mal pourvu à son service. J'avais donné les permissions ; mais il était

1 Cant., I,3. — 2 Apoc., XXII, 20. — 3 Luc., X, 42. — 4 Ibid., VII, 47.

 

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chargé du reste. Je vous prie, Madame, en attendant qu'on y ait pourvu, de charger le prédicateur de ce soin, de ma part, et de l'assurer que je lui donne tous les pouvoirs nécessaires. On ne tardera pas à y donner ordre. Je suis, Madame, très-parfaitement à vous.

 

LETTRE LXVI.  A MADAME DE BERINGHEN. A Meaux, ce 3 janvier 1691.

 

Je suis bien aise, Madame, que M. de Gondon, que j'envoie desservir la cure de Farmoutiers, se présente à vous avec ce billet, et de vous assurer en même temps de la continuation de mes services durant cette année et toute ma vie. C'est un homme qui a du talent, au-dessus de ce qu'ont accoutumé d'en avoir les gens de cette sorte. On m'assure qu'il prêche très-bien, et vous pouvez, Madame, en essayer, si vous le trouvez à propos. Je salue de tout mon cœur Madame d'Arminvilliers.

 

LETTRE LXVII.  A MADAME DE BERINGHEN. A Paris, ce 14 mars 1691.

 

Il y a longtemps que j'ai donné l'ordre pour envoyer au P. de la Forge les pouvoirs que vous souhaitez pour le P. de la Forge. S'il ne les a pas encore reçus, cette lettre lui suffira pour lui permettre, non-seulement de prêcher, mais encore de confesser la communauté, et même les habitants de Farmoutiers et des lieux voisins, du consentement des curés, jusqu'à la Quasimodo inclusivement. Voilà, Madame, ce que vous souhaitez ; et il ne me reste plus qu'à vous assurer du plaisir que j'ai à vous contenter.

 

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LETTRE LXVIII.  A MADAME DE SAINT-ÉTIENNE, RELIGIEUSE URSULINE DE MEAUX. A Meaux, ce 19 mai 1691.

 

Le compte que vous me rendez, ma Fille, de la disposition de vos prétendantes et de vos novices, m'a donné beaucoup de consolation. Menez-les efficacement et doucement par la voie de l'obéissance, dont le fruit principal est de tenir l’âme en repos dans une parfaite conformité au gouvernement établi par les supérieurs.

Je suis bien aise qu'on sache profiter de la sage conduite de M. le grand-vicaire. L'obligation de me suivre ne le distraira guère du diocèse, où je suis toujours en esprit, et d'où je ne m'absente que le moins que je puis selon le corps : ainsi il n'y a point à douter que je ne le conserve à votre sainte communauté pour supérieur.

Pour vous, ma Fille, je n'ai à vous proposer que cette mort spirituelle qui, vous rendant semblable à ce mystérieux grain de froment dont la chute jusqu'au tombeau a été le salut du genre humain, vous rendra en vous-même féconde en vertus, et féconde à engendrer en Notre-Seigneur un nouveau peuple pour la sainte maison où vous êtes. Il faut tomber, il faut mourir, il faut être humble et renoncer à soi-même, non-seulement jusqu'à s'oublier, mais encore jusqu'à se haïr. Car sans cela on ne peut aimer comme il faut celui qui veut avoir tout notre cœur. Je le prie, ma Fille, qu'il soit avec vous.

 

LETTRE LXIX.  AUX RELIGIEUSES DE LA CONGRÉGATION A COULOMMIERS. A Germigny, ce 26 juin 1691.

 

Plusieurs de vous, mes Filles, m'ont demandé la permission de communier plus ou moins que ne portent vos constitutions.

 

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D'autres m'ont fait quelques plaintes de ce que M. votre confesseur les privait des communions extraordinaires que la Mère supérieure leur permettait, et les obligeait à prendre sa permission expresse. Il n'est pas possible, mes Filles, que j'entre dans les raisons particulières de priver de la communion, ou d'y admettre. Ainsi sans faire réponse sur ce sujet aux lettres particulières, je vous donnerai des règles que chacune pourra s'appliquer facilement.

Pour cela il faut distinguer le cas d'indignité, qui est l'état de péché mortel, où l'on mange sa condamnation, où l'on ne discerne pas le corps du Seigneur, où enfin on s'en rend coupable, d'avec les autres cas où sans cette indignité on peut être privé de la communion ou s'en priver soi-même.

Je n'ai rien à vous dire sur le cas d'indignité : tout le monde sait qu'en ce cas on ne peut approcher de la sainte table sans l'absolution du prêtre. Si l'on doutoit qu'un péché fût mortel ou véniel, il faudrait encore recourir à lui, parce qu'il est préposé pour discerner la lèpre d'avec la lèpre, et se reposer sur son avis.

Pour venir maintenant aux autres cas où cette indignité ne se trouve pas, le confesseur ne peut refuser la communion à celles qu'il a absoutes ; mais il peut la différer quelque peu de temps, s'il trouve qu'on ne s'y soit pas assez préparé.

Je n'approuverais pas régulièrement qu'on usât dans les grandes fêtes de cette sorte de délai, à cause du scandale; et parce que, absolument parlant, la disposition essentiellement requise se trouve dans ceux qui étant sincèrement convertis et suffisamment purifiés par la pénitence, sont hors du péché mortel par l'absolution.

Pour venir maintenant au cas de fréquenter plus ou moins la communion en état de grâce, il est certain que le confesseur étant, comme prêtre, le dispensateur établi de Dieu pour l'administration des sacrements, c'est principalement par son avis qu'il se faut régler, et ne point multiplier les communions contre sa défense au-delà des jours marqués par les constitutions.

Il peut même, pour de bonnes raisons, diminuer aux particules les communions ordinaires selon l'exigence des cas, et

 

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pour exciter davantage l'appétit de cette viande céleste en la différant : mais à moins de fortes raisons cela doit être rare, parce que les constitutions ayant pour ainsi dire arbitré le temps qu'on peut communier en religion, communément il s'en faut tenir à cette règle.

Le confesseur peut aussi imposer pour pénitence la privation de certaines communions plus fréquentes, s'il connaît par expérience que les âmes soient retenues du péché par la crainte d'être privées du don céleste, et qu'ensuite elles y reviennent avec une nouvelle ferveur.

Il paraît, mes Filles, par toutes ces choses qui ne souffrent aucun doute, qu'on ne doit point communier contre la défense du confesseur. S'il abusoit de cette défense, et qu'il privât trop longtemps ou trop souvent des communions ordinaires celles qu'il aurait reçues à l'absolution, on s'en pourrait plaindre à l'évêque, qui est préposé pour donner, tant au confesseur qu'aux pénitentes, les règles qu'il faut suivre. Pour ce qui regarde le détail, on voit bien que le secret de la confession ne permet pas à l'évêque d'y entrer, et qu'il doit seulement instruire le confesseur, en cas qu'il eût des maximes qui tendissent à éloigner trop légèrement de la fréquentation des sacrements, non-seulement les religieuses que leur vocation met en état d'en approcher plus souvent, mais encore le reste des fidèles.

Quand il n'y a point de défense du côté du confesseur, on est libre de demander à la Mère des communions de dévotion, et il n'est nullement nécessaire de demander pour cela le consentement du confesseur, puisque d'un côté il ne s'agit que de la liberté naturelle que Dieu donne à ses enfants, et que de l'autre la constitution suppose que la supérieure connaît assez ses religieuses, pour juger s'il est à propos de leur accorder ou refuser des communions extraordinaires. Elle peut aussi priver des communions ordinaires celles qu'elle jugera à propos, pour punir certaines désobéissances ou certaines dissensions entre les Sœurs, et enfin les autres fautes qui auront mal édifié la communauté.

Il faut sur toutes choses que le confesseur et la supérieure agissent avec concert, et conviennent des maximes de conduite

 

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dont ils useront envers les Sœurs pour les porter à la perfection de leur état, et déraciner leurs défauts et imperfections.

Je ne parle point des cas auxquels le confesseur peut suspendre l'absolution, même pour des péchés véniels dont on ne prend aucun soin de se corriger, parce qu'encore que le péché véniel ne rende pas les communions indignes ni sacrilèges, c'est la pratique ordinaire des Sœurs de s'abstenir par révérence de la communion, lorsque l'absolution leur a été différée.

Voilà, mes Filles, les règles que vous devez suivre, et la conciliation de vos constitutions avec l'autorité des confesseurs. Il ne faut rien craindre en suivant les constitutions, parce qu'elles ont été approuvées par les évêques.

Il ne me reste qu'à renouveler les défenses que j'ai faites si souvent de se juger les unes les autres sur le délai ou la fréquence des communions, et de faire la matière des conversations de ce qui se passe dans le tribunal, qui doit être enveloppé dans un mystérieux secret par respect pour un sacrement où le secret est si nécessaire, et pour ne point exposer le jugement prononcé par le prêtre, qui est celui de Jésus-Christ même, à la censure des Sœurs qui ne peut être que téméraire, puisque même le confesseur ne peut point rendre raison de ce qu'il fait, et ne la doit qu'à Dieu seul.

Au surplus, mes chères Filles, vivez en paix, ne laissez point troubler votre repos par celles qui semblent mettre la perfection à communier, sans se mettre en peine de profiter de la communion. Car je suis obligé de vous dire, et je le dis en gémissant, que celles qui crient le plus haut qu'on les excommunie, sont souvent les plus imparfaites, les plus immortifiées, les moins régulières. Ne faites pas ainsi, mes Filles, et qu'on voie croître en vous avec le désir de la communion, celui de mortifier vos passions et de vous avancer à la perfection de votre état.

Croyez-moi tout à vous, mes chères Filles, dans le saint amour de Notre-Seigneur. Je vous verrai sans manquer, s'il plaît à Dieu, au premier temps de loisir, et je réglerai en vous écoutant, autant qu'il sera possible, ce que je ne puis régler à présent qn en général, mais toutefois suffisamment pour mettre fin à vos

 

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peines, si vous apportez un esprit de paix à la lecture de cette lettre, et que vous en pesiez les paroles.

 

LETTRE LXX.  A MADAME DE  TANQUEUX.  A Germigny, ce 1er juillet 1691.

 

Je vous envoie, Madame, la minute de l'acte d'établissement de Madame de Beauvau, vous priant de faire remplir de son nom et du nombre des chapitres et articles des constitutions le blanc que j'ai fait laisser : aussitôt je renverrai l'acte signé et scellé pour être gardé dans vos archives.

Au reste il y a beaucoup à louer Dieu de nous avoir envoyé Madame de Beauvau, sous laquelle et par votre sainte et parfaite correspondance, la piété fleurit et la grâce fructifie dans notre chère maison.

Je n'ai pas encore bien examiné les livres des Sœurs, et je le ferai, s'il plaît à Dieu, au premier jour : en gros je n'y vois rien de suspect ; mais comme je n'ai fait que parcourir le mémoire, il faut attendre une dernière résolution après un examen exact. S'il y a quelque règlement pressant à faire, je vous prie de me le mander ; sinon il faudra remettre à la visite que je ferai dans le mois d'août, s'il plaît à Dieu. Cette lettre vous sera commune avec Madame de Beauvau, et il ne me reste qu'à vous assurer l'une et l'autre de mon estime et de ma confiance. Je suis, Madame, comme vous savez, etc.

 

LETTRE LXXI.  AUX SOEURS CHARITABLES DE LA COMMUNAUTÉ DE LA FERTÉ-SOUS-JOUARRE. A Germigny, ce let août 1691.

 

Je vous envoie, mes Filles, l'acte d'établissement de Madame de Beauvau pour votre supérieure, mis en bonne forme. J'ai

 

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sujet de rendre grâces à Dieu du choix qu'il m'a inspiré, puisque la paix, le bon ordre  et le service de Dieu, avec le soin d'acquérir la perfection chrétienne, s'augmente visiblement dans votre maison, depuis qu'elle en a pris en main la conduite. Vous savez que mon intention est que vous conserviez toujours à Madame de Tanqueux, votre chère Mère, le respect et la reconnaissance que vous lui devez en cette qualité : j'en ai dit ce qui convenait dans l'acte que vous recevez, et autant que Ta brièveté de ces sortes d'actes le pouvait souffrir. Je vous dirai en même temps qu'ayant appris qu'on reparlait de la Sœur Saint-Mars, je me suis très-bien souvenu qu'elle m'avait elle-même demandé de se retirer de la maison, et que je l'a vois accordé pour le bien commun ; en sorte qu'il ne reste plus qu'à procéder à la résolution du contrat, à quoi je consens. Au surplus, mes chères Filles, croissez en humilité et en douceur, et vivez en paix ; c'est le bien que je vous souhaite.

 

ACTE D'ÉTABLISSEMENT DE MADAME DE BEAUVAU, pour supérieure dans la communauté des Sœurs charitables de la Ferté-sous-Jouarre.

 

Nous, évêque de Meaux, désirant pourvoir autant qu'en nous est à l'avancement de nos chères Filles, les Filles charitables de Sainte-Anne de la Ferté-sous-Jouarre, ce que nous avons toujours cru dépendre de l'établissement d'une supérieure actuellement résidente avec elles, qui leur fît observer les règles et constitutions que nous leur avons données, et les unît ensemble plus étroitement sous le doux joug de l'obéissance : bien informés d’ailleurs de la piété, discrétion et capacité de notre chère Fille en Jésus-Christ, Dame Marie de Beauvau, nous l'avons appelée en cette maison ; et après avoir ouï la Dame de Tanqueux, ci-devant par nous préposée à la conduite de cette maison, établie et soutenue par ses soins, laquelle nous aurait déclaré que les soins qu’elle doit à sa famille  ne lui permettaient pas de vaquer autant qu’elle désirerait au bien spirituel et temporel de ladite maison de Sainte-Anne, et nous a requis pour ce sujet d'y établir ladite

 

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Dame de Beauvau, qu'elle juge la plus capable d'y accomplir l'œuvre et la volonté de Dieu : ouïes aussi en particulier nos-dites Filles de la communauté de Sainte-Anne, avons ladite Dame de Beauvau ordonné et établi, l'ordonnons et l'établissons pour supérieure de cette communauté, tant qu'il nous plaira ; lui enjoignons par l'autorité du Saint-Esprit, qui nous a établi évêque pour régir l'Eglise de Dieu, de leur faire exactement observer lesdites règles et constitutions, sans y rien changer ni altérer que de notre permission et ordre exprès ; et à elles de lui obéir comme à leur légitime supérieure établie de notre autorité, sans préjudice de l'élection que nous avons accordée à nos-dites Filles et communauté, par le chapitre xx, articles 53, 51 et 55 de leurs-dites constitutions, et pareillement sans préjudice des honneurs et préséances, que ladite Dame de Beauvau et nos-dites Filles nous ont requis vouloir conserver à ladite Dame de Tanqueux ; ce que nous aurions accordé à la commune satisfaction de ladite communauté. Donné à la Ferté-sous-Jouarre, en visite, le vendredi huitième jour de juin 1691.

 

LETTRE LXXII.  EXTRAITS DE DIFFÉRENTES LETTRES A MADAME DE TANQUEUX. A Meaux, ce 10 novembre 1690.

 

Comme je ne doute pas que la peine de M. de Fortia ne soit venue ou ne vienne jusqu'à nos Sœurs, je vous prie, Madame, de leur dire que l'humilité de ce saint prêtre à cédé à mes raisons et à mes prières : aidez-moi, Madame, à l'en remercier.

 

A Germigny, ce 1er juin 1691.

 

Je me réjouis, Madame, de l'heureuse arrivée de Madame de Beauvau. J'ai divers engagements qui ne me permettent pas de l'aller installer jusqu'à jeudi ; mais ce sera ce jour-là sans manquer, et je tâcherai d'arriver de bonne heure à la Ferté, après avoir néanmoins dîné ici.

 

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A Meaux, ce 17 juin 1691.

 

Je me réjouis avec vous, Madame, des heureux commence-niens de notre nouvelle supérieure : je ne doute point que ce ne soit Dieu qui nous l'ait adressée. Elle vous communiquera ce que je lui mande sur les communions.

 

A Germigny, ce 29 septembre 1692.

 

Je suis bien persuadé que vous serez toujours la Mère de vos Filles de laFerté-sous-Jouarre, et une bonne Mère; et je serais bien fâché que cela fût autrement. Rien ne peut altérer l'affection que j'ai pour cette communauté : j'espère y aller bientôt, et avoir l'honneur de vous y voir.

 

A Germigny, ce 8 novembre 1692.

 

M. l'abbé de Fortia me paraît assez content de la disposition de la visite : quand vous la serez, je le serai aussi. C'est toujours sur vos bontés que je compte pour ce qui touche cette communauté, dont j'espère toujours beaucoup, et que je favoriserai de tout mon pouvoir : je souhaite principalement d'y voir l'obéissance bien rétablie.

 

A Jouarre, mardi matin.

 

Je suis fâché, Madame, d'être si près de vous sans avoir la consolation de vous aller voir et la chère communauté ; les affaires de deçà m'en empêchent : pour vous, j'espère vous voir à Paris. Il faut que vous m'appreniez l'état où vous laisserez la communauté, et le profit qu'on y fait de la supérieure que vous lui avez procurée : il faudra aussi me dire comment elle s'y prend dans le gouvernement, s'il y a à l'avertir de quelque chose, et comment. Au fond tout roule sur vous et sur la confiance que j'ai a votre prudence et à votre bonté maternelle pour la maison. J’écris à Madame de Beauvau que s'il y a quelque chose à me dire de plus pressé, elle m'envoie quelqu'une des Sœurs avec ma  Sœur Cornuau que je mande ici. Je suis à vous, Madame, comme vous savez, avec toute l'estime possible.

 

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LETTRE  LXXIII.  A MADAME D'ÉPERNON, PRIEURE DES CARMÉLITES DU FAUBOURG SAINT-JACQUES, A PARIS.  Sur la fin de septembre 1691.

 

Nous ne la verrons donc plus cette chère Mère (a) ; nous n'entendrons plus de sa bouche ces paroles que la charité, que la douceur, que la foi, que la prudence dictaient toutes, et rendaient si dignes d'être écoutées ! C'était cette personne sensée qui croyait à la loi de Dieu, et à qui la loi était fidèle: la prudence était sa compagne, et la sagesse était sa sœur ; la joie du Saint-Esprit ne la quittait pas ; sa balance était toujours juste et ses jugements toujours droits. On ne s'égarait point en suivant ses conseils; ils étaient précédés par ses exemples. Sa mort a été tranquille, comme sa vie, et elle s'est réjouie au dernier jour. Je vous rends grâces du souvenir que vous avez eu de moi en cette triste occasion. J'assiste avec vous en esprit aux prières et aux sacrifices qui se feront pour cette âme bénie de Dieu et des hommes. Je me joins aux pieuses larmes que vous versez sur son tombeau, et je prends part aux consolations que la foi vous inspire.

 

LETTRE LXXIV.  A MADAME DE BERINGHEN.  A  Paris, 5 décembre  1691.

 

C'est, Madame, un effet de votre bonté dont j'ai beaucoup de reconnaissance, que d'avoir été attentive au gain du procès. La petite augmentation de mes soins qui me viendra de ce côté-là ne m'embarrassera guère, et ne m'empêchera pas d'avoir une attention particulière à Farmoutiers plus que jamais.

J'ai parlé et fait parler à la reine d'Angleterre ; mais il ne paraît pas encore de dénouaient.

 

(a) La mère de Bellefonds, ancienne prieure du couvent désigné dans le titre de la lettre.

 

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LETTRE LXXV.  A MADAME DE BERINGHEN. A Meaux, ce 9 décembre 1691.

 

J'avoue, Madame, que j'aurai beaucoup de joie de toutes les mesures que vous pourrez prendre pour rétablir à Farmoutiers la beauté du chant, qui est la seule chose qui manque au service tout plein d'ailleurs de piété.

LETTRE LXXVI.  A MADAME  DE BERINGHEN. A Versailles, 17 janvier 1692.

 

Je le vois bien, Madame, on ne vous fera jamais trop de bien à votre gré : vous voulez bien appeler justice ce qui n'est assurément qu'une pure grâce envers un ancien domestique devenu fort inutile. Je voudrais bien du moins ne l'être pas pour vous ni pour Farmoutiers.

M. Barrière peut confesser qui vous trouverez à propos, un an durant, dans votre maison.

Je suis bien aise d'entendre parler Madame de Menou ; et tout ce qui parlera par vos instructions, parlera toujours très-agréablement pour moi.

 

LETTRE LXXVII.  A MADAME DE BERINGHEN. A Paris, 7 février 1692.

 

La proposition de la religieuse dont vous m'écrivez, Madame, en elle-même est très-bonne ; le tout est de bien connaître la personne. Il n'y a point de meilleur moyen que celui que vous proposez, de la tenir un an comme pensionnaire avant que de

 

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parler d'association. Je crois qu'il faudra un noviciat; et c'est l'opinion commune, et l'usage des monastères, quand on passe à une observance étroite d'une mitigée ; mais c'est à quoi on avisera à loisir, et il faudrait commencer par où vous dites.

J'approuve le P. Irénée pour prédicateur et pour confesseur.

Vous ne devez point douter que votre recommandation n'ait tout pouvoir sur l'esprit de mon neveu, qui sait ce que mérite votre approbation.

Je salue de tout mon cœur Madame d'Arminvilliers et Mesdames de la Vieuville.

 

LETTRE LXXVIII.  A MADAME DE BERINGHEN. A Paris, ce 6 mars 1692.

 

Vous pouvez, Madame, dans les vêtures et professions, faire entrer les personnes que vous croirez ne pouvoir honnêtement refuser. Vous pourrez, quand il vous plaira, faire le petit voyage que vous deviez faire l'an passé, et aussi aller visiter votre nouvelle acquisition, où je ne doute pas que votre présence ne produise beaucoup de bien. J'espère m'approcher de vous, Madame, dans les premiers jours de la semaine prochaine.

 

LETTRE LXXIX.  A UNE COMMUNAUTÉ DE RELIGIEUSES. A Meaux, ce 29 mars 1692.

 

Mes Filles, j'ai invité Monsieur votre confesseur à venir ici par le désir que j'avais de conférer avec lui du progrès spirituel de la communauté. Le compte qu'il m'en a rendu me donne beaucoup de sujets de louer Dieu; et il me paraît qu'à l'extérieur il n'y a plus rien à désirer, sinon que toutes se rendent à l'ordre commun ; ce qui est même déjà accompli dans la plupart. Je vois quelques difficultés sur la communion : mais d'abord il n'y a nul

 

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doute que les prêtres étant par leur caractère les dispensateurs des sacrements, le confesseur, qui est le prêtre de la maison, ne puisse ordonner la communion ou la suspendre. Lequel des deux qu'il ait fait, une religieuse qui s'adresse à la Mère le lui doit auparavant déclarer ; et comme elle ne la peut accorder au préjudice de la défense du confesseur, elle ne la peut refuser au préjudice de son commandement, si ce n'est qu'il fût arrivé depuis la confession quelque chose qui y obligeât, ou que le cas qui donnerait lieu au refus de la supérieure fût si grief, qu'elle eût sujet de présumer que la religieuse ne l'aurait pas exposé au confesseur. En ce cas elle devra lui en parler et céder à son autorité, se réservant d'avertir les supérieurs majeurs, si la chose était d'une assez grande importance pour cela. Il faut grièvement châtier une religieuse qui s'adresserait à la Mère, sans lui dire l'ordre qu'elle aurait reçu du confesseur ; ou au confesseur, sans lui dire celui qu'elle pourrait avoir reçu de la Mère. Il en doit être de même pour les novices à l'égard de leur maîtresse ; et je me suis expliqué avec M. le confesseur de ce qu'il peut y avoir ici de particulier à observer : c'est qu'on doit leur accorder peu de communions extraordinaires, et que leur maîtresse étant appliquée à les observer de plus près, le confesseur doit avoir plus d'égard aux ordres qu'elle donnera, et ne les contrarier jamais ; mais toujours inspirer à la novice l'humilité et l'obéissance envers sa maîtresse, sauf à remontrer secrètement à la maîtresse elle-même ce qu'il trouvera convenable ; auquel cas la maîtresse doit céder.

Au surplus il n'y a nul doute que le confesseur ne puisse ordonner des communions extraordinaires, non point tant à mon avis par pénitence, ce qui me paraît peu convenable à la perfection d'un sacrement si désirable, mais par des raisons particulières du bien spirituel des âmes, dont le confesseur est le juge. Pour la communion journalière, il est vrai que c'est l'objet des vœux de l’Eglise dans le concile de Trente, et un des fruits de la demande que nous faisons dans l'Oraison dominicale, en demandant notre pain de tous les jours : mais en même temps il est certain que ce n’est pas une grâce qu'il faille rendre commune dans l'état où sont es choses, même dans les communautés les plus réglées; et il

 

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n'en faut venir là qu'après de longues précautions et préparations, et lorsqu'on voit que la chose tourne si manifestement à l'édification commune, qu'il y a sujet de croire que Dieu en sera loué. Comme il faut être sobre sur ce point, il faut d'autre part combattre celles qui mettent la perfection à se priver de la communion d'elles-mêmes, ou à chercher des directeurs qui les en privent sans des raisons suffisantes, puisqu'au contraire il est certain que c'est un des plus grands sujets de gémissement qu'une âme chrétienne puisse avoir, et que se priver de la communion sans en même temps se mettre en peine de se rendre digne d'une communion fréquente, c'est une illusion grossière, comme je vous l'ai dit souvent.

Voilà les maximes de Monsieur votre confesseur comme les miennes, et si on en a pensé autre chose, on ne l'aura pas entendu. Je suis obligé de vous dire aussi que lui ayant fait expliquer ses sentiments sur les dispositions nécessaires au sacrement de la pénitence, et en particulier sur les péchés d'habitude et les occasions prochaines, je l'ai trouvé dans les sentiments communs et droits que j'ai établis dans mon catéchisme ; de quoi il a fallu vous avertir, parce qu'on n'avait pas bien entendu ses sentiments sur ce sujet-là.

Il reste encore à vous dire que, loin de croire que les contraventions aux règles et constitutions ne puissent pas être matière de confession, il est d'avis au contraire avec tous les docteurs qu'elles le sont ordinairement à raison du scandale, ou du mépris, ou de la négligence tendante au mépris, qui les accompagne : ainsi tous les obstacles qu'on pouvait trouver au profit que vous tirerez de sa capacité et de ses instructions étant levés, il reste que vous jouissiez des lumières que Dieu lui donne, et du zèle qu'il lui inspire pour votre perfection.

Je prie Notre-Seigneur qu'il soit avec vous.

 

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LETTRE LXXX.  A MADAME DE BERINGHEN. A Meaux, ce 2 avril 1692.

 

Il n'y a, Madame, que les saints jours qui m'empêchent d'aller mêler mes douleurs avec les vôtres, et offrir à Dieu vos larmes. Toute la France regrette Monsieur votre père, et on ne se lasse non plus de louer sa belle vie et sa belle mort, que lui à faire paraître dans une carrière si glorieuse tout ce qu'on pouvait attendre de rares vertus d'une sagesse aussi consommée que la sienne. J'ai des raisons particulières de le regretter, par les extrêmes bontés dont il m'a toujours honoré: vous le savez, Madame ; et vous savez que quand je ne le regretterais pas au dernier point, je serais touché de sa perte jusqu'au vif pour l'amour de vous.

 

LETTRE LXXXI.  A MADAME D'ARMINVILLIERS,  RELIGIEUSE  A   FARMOUTIERS, ET SŒUR  DE  L'ABBESSE.

 

A Meaux, ce 2 avril 1692. Dieu vous donne une terrible occasion, Madame, de lui offrir durant ces saints jours un grand et douloureux sacrifice. Je le prie qu'il vous soutienne de ses grâces, et de faire que la profonde blessure d'un cœur aussi tendre que le vôtre, vous donne la part que vous souhaitez de prendre à la croix et aux plaies de Jésus-Christ. Je ressens, Madame, votre juste affliction, et je conserverai une éternelle vénération pour un homme qui a terminé la plus belle vie et la vieillesse la plus révérée qui fût jamais, par la mort la plus chrétienne et la plus sainte.

 

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LETTRE LXXXII.  A   MADAME DE  BERINGHEN  A  Meaux, ce 1er  mai  1692.

 

Je me sers, Madame, de la commodité de M. le Chantre et de M. Baubé, pour vous remercier de toute votre amitié, et vous renvoyer la lettre de Madame des Clairets. Vous m'avez fait grand plaisir de m'en faire part. Que nous serions heureux, si nous pouvions trouver cet unique confesseur qui sût prendre l'ascendant qu'il faut sur les esprits, pour les porter à la perfection chrétienne! Elle a raison d'admirer le dernier livre de M. l'abbé de la Trappe, et de dire que le vrai moine, c'est-à-dire le parfait chrétien, y est caractérisé d'une manière incomparable. Si jamais elle vous envoie les exhortations dont elle vous parle, je vous aurai une extrême obligation de me les communiquer.

Je serai ravi d'apprendre de vos nouvelles par ces Messieurs et rien ne me peut jamais être plus agréable. Je voudrais bien pouvoir imiter M. de la Trappe, et vous aider à sanctifier de plus en plus la sainte maison de Farmoutiers. Je salue de tout mon cœur Madame votre sœur.

 

LETTRE LXXXIII. A MADAME DE BERINGHEN. A Meaux, 22 mai 1692.

 

Je me souviens très-bien, Madame, du P. de l'Espinasse, et je suis bien aise que vous l'ayez pour confesseur : je consens aussi au P. gardien de Coulommiers. Au reste, Madame, vous avez un trésor en M. le théologal ; ce qu'il fera ou permettra sera bien fait et bien permis. Je satisferai au premier jour à l'acte que vous m'avez envoyé. Je me réjouis de l'espérance de vous voir bientôt. Ce n'est jamais, Madame, sans beaucoup d'édification de ma part.

 

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LETTRE LXXXIV. A LA SOEUR ANDRÉ. A Meaux, ce 27 mai  1692.

 

Les dispenses que vous demandez, ma Fille, n'ont aucune difficulté, parce que tous vos vœux, à la réserve de celui de la chasteté perpétuelle, dont aussi vous ne voulez point être déchargée, sont absolument remis à ma discrétion, et ont eu leur rapport à l'état où vous étiez dans notre maison. Ainsi Monseigneur de Troyes peut vous dispenser ou faire dispenser de tous ces vœux, sans les commuer en quoi que ce soit ; et cette lettre vous donne tout pouvoir de vous en faire relever par qui il voudra. Le vœu d'obéissance que vous m'avez fait ne peut pas plus subsister que les autres, parce qu'il était relatif à votre stabilité dans la maison, qui n'a été que conditionnelle; et je n'aurais accepté aucun de ces vœux, sans la réserve que je me faisais de vous en dispenser toutes fois et quantes que je le trouverais à propos. Le vœu de pauvreté, le vœu de renoncement à toute liaison avec vos parents, avait le même rapport et la même condition, aussi bien que celui d'obéissance aux supérieurs et supérieures, et aux règlements et constitutions de la maison. Si la divine Providence permet que vous retourniez dans ce diocèse, et qu'il soit utile que vous rentriez dans l'obéissance que vous m'avez vouée, pour vous déterminer davantage à la perfection de la vocation où vous étiez, nous pourrons faire alors ce qui sera le plus agréable à Dieu.

Demeurez donc, ma Fille, entièrement libre : aimez le silence et la retraite : ne vous attachez à aucune créature, et qu'aucune créature ne s'attache à vous : vivez dans un esprit d'humilité et de pauvreté. Ne faites jamais de vœux que de la manière de ceux que j'ai reçus, dont il ne puisse vous rester aucun scrupule ; car il faut éviter ces angoisses intérieures qui empêchent qu'on ne dilate son cœur par la confiance envers Dieu. N'oubliez pas l'oraison, et faites-la sans trop vous gêner. Il y a tout sujet de croire que la vie contrainte d'une communauté ne convient pas à votre

 

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santé. Souvenez-vous de moi dans vos prières, et croyez que je vous offrirai de bon cœur à Dieu. Je salue de tout mon cœur M. André : vous êtes heureuse de l'avoir trouvé. Tout à vous, ma Fille, en la charité de Notre-Seigneur.

 

LETTRE LXXXV.  A MADAME DE BERINGHEN. A Paris, 4 Juillet 1697.

 

Peut-on douter de vos bontés, quand on en a tant et de si sincères témoignages? Je n'ai qu'à vous en demander la continuation et à vous assurer, Madame, qu'il n'y a rien que je ne fasse pour le mériter par mes services.

 

LETTRE LXXXVI.  A MADAME DE BERINGHEN. A Paris, 19 juillet 1692.

 

Je cède, Madame, à vos obligeants reproches, et j'ai envie tout de bon de me corriger. Les méditations de nos missionnaires sur le Pater assurément ne seront pas aussi belles que celles de sainte Thérèse. Je trouve très-à-propos les entrées que vous souhaitez pour votre maître de musique. Rien ne manquera à Farmoutiers, si vous pouvez y établir ce chant. J'ai oublié de vous apporter ici votre nomination et vous prie d'attendre que je sois de retour pour vous continuer selon votre désir. Le P. Chassereau laisse cela. Que je suis touché de cet admirable et unique confesseur et que je plains Madame des Clairets! Vous pouvez joindre, Madame, aux permissions d'entrer, celle de Madame de Molac et de Mesdames Delagnette et Chapel Chastelain. Je salue de tout mon cœur Madame d'Arminvilliers. Madame de la Vieuville, Madame, vous souhaite une parfaite santé.

 

+ J. Bénigne, év. de Meaux

 

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LETTRE LXXXVII.  A UNE RELIGIEUSE. A Germigny,  ce 10 août 1692.

 

J'ai retrouvé, ma Fille, parmi mes papiers votre lettre du 22 juillet, que je craignais d'avoir laissée à Paris : elle était dans un porte-feuille que je n'avais pas encore bien visité. Quand il me viendra quelque chose sur l'endroit de saint Matthieu que vous me marquez, je vous en ferai part avec joie.

Vous faites bien de le choisir pour votre directeur ; vous avez en effet bien besoin de celte douceur et de cette humilité de Jésus-Christ. Vous ne sauriez vous trop dompter sur cela : vous faites bien de le faire principalement à l'égard de la personne dont je vous ai parlé et de ses nièces, et je suis bien aise de ce que vous me mandez là-dessus. J'ai toujours un peu sur le cœur ce que vous me dites sur celle que vous avez appelée d'un nom expressément défendu par l'Evangile : vous ne m'en paraissez pas assez touchée. Plus les personnes sont infirmes, plus on est obligé de les ménager. Je ne vous dis pas ceci pour vous donner du scrupule du passé, sur quoi vous m'avez dit que vous aviez fait votre devoir; encore moins pour vous obliger à me dire des raisons, car cela ne sert de rien ; mais pour vous rendre plus attentive sur vous-même et sur vos paroles : ce que je fais de moi-même, sans que personne m'ait parlé de vous, et par le soin particulier que votre confiance m'oblige à prendre de votre âme.

J'ai déjà répondu que je voulais bien dispenser ces deux religieuses de la discipline, supposé que leur confesseur jugeât qu'elle put leur nuire en l'état où elles sont; mais que je ne pouvais entrer dans ce détail, encore moins changer pour des cas ou sentiments de particulières ce qui est établi par une coutume universelle. Vous leur pouvez lire cet article, et pour en laisser prendre un extrait si elles veulent.

Domptez-vous, n'écoutez aucune excuse qui flatte votre hauteur ;

 

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aplanissez les voies, si vous voulez que le Seigneur vienne à vous. Je le prie d'être avec vous à jamais.

 

LETTRE LXXXVIII.  A MADAME DE BERINGHEN.   A Germigny, 24 septembre 1692.

 

Je vous dirai, Madame, par M. Daniel, que vous pouvez faire entrer la Demoiselle dont il m'a parlé de votre part, et qu'il m'a dit être votre filleule. Il m'a donné de la peine, en me disant que vous étiez indisposée. Je me rendrai à Farmoutiers le plus tôt qu'il me sera possible pour l'affaire que vous savez. Il faudra prendre une voie plus courte pour la terminer que celle d'ouïr de nouveaux témoins, et de recoller et confronter ceux qui ont été ouïs. Je suis, Madame, très-parfaitement à vous.

 

LETTRE LXXXIX.  A MADAME DE BEBINGHEN. A Meaux, ce 22 décembre 1692.

 

Vous pouvez, Madame, faire confesser la communauté par le P. vicaire des Capucins de Coulommiers. A l'égard des confesseurs que demande ma Sœur de Saint-Bernard, je les lui accorde avec peine. Car une personne qui a été si longtemps sans s'approcher des sacrements, devrait être mise en d'autres mains que celles d'un vieillard si occupé, et d'un Cordelier qu'on ne connaît pas. Cependant, Madame, comme tout le monde est occupé en ce saint temps, et que je serais fâché de le lui voir passer sans faire son devoir, je lui accorde ce qu'elle souhaite, et je lui conseille le Cordelier qui aura plus de loisir, plutôt que le curé qui n'en a point. Je loue. Madame, votre obéissance, et je vous assure qu'elle sera bénie de Dieu.

 

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LETTRE XC. A MADAME DE BERINGHEN.  A Meaux, ce 30 décembre 1692.

 

Je vous prie, Madame, de vouloir bien me mander ce qu'aura fait Madame de Saint-Bernard à ces fêtes, et ce qu'elle aura dit sur ma lettre, si vous lui avez montré l'article qui la regarde. Je vous prie aussi de m'écrire si j'ai quelque chose de plus à faire à ce sujet.

Voilà, Madame, une lettre que M. le curé de Bannots a remise à ma discrétion de vous envoyer; et je crois meilleur de le faire, parce que vous saurez bien que me dire sur cela, si vous trouvez à propos et qu'il soit utile que j'y entre.

Je vous enverrai bientôt quelque personne de créance sur les affaires de chez vous. Pour moi, je trouve à propos d'attendre encore une certaine conjoncture, qui facilitera la décision. Assurez-vous du moins, Madame, que je fais tout pour le mieux.

 

LETTRE XCI.  A MADAME DE  BERINGHEN. A  Paris, 15 février  1693.

 

Je suis dans mon tort, Madame, et je vous en demande pardon. Je croyais déjà avoir approuvé votre prédicateur pendant le temps de la station. Vous pouvez, Madame, le taire confesser, et M. Daniel aussi. Il faut tâcher de remettre Madame de Saint-Louis dans le train ordinaire. Vous pouvez aussi sortir, quanti il vous plaira, pour voir cette maison. J'ai mis ce matin votre lettre dans la place qui fait faire les réponses. Pour à présent, je suis environné de monde. Vous avez, Madame, raison de vous plaindre de moi, et je vous promets de vous faire bonne justice.

 

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LETTRE XCII. A MADAME DE BERINGHEN. A Meaux, ce 12 mars 1693

 

Je vous assure, Madame, que je mettais la main à la plume pour vous faire voir que je n'ai pas besoin d'être sollicité pour penser à vous. Vous avez la permission de M. Daniel ; vous avez celle du prédicateur, dont vous pouvez user ; je vous envoie celle de M. Lemarquant, dont j'ai bonne opinion : je souhaite qu'il vous contente.

Je songe beaucoup à vous, et je suis à vous de tout mon cœur.

 

LETTRE XCIII. A   MADAME  DE  BERINGHEN. A Paris, ce 3 avril 1693.

 

Vous voulez bien, Madame, que je vous dise que j'ai pourvu M. le curé de Farmoutiers d'une autre cure que la vôtre. Il m'a prié que cela n'empêchât pas que je ne lui fisse justice sur l'affaire qu'il a avec M. Raoul. Je lui ai dit que M. Raoul me demandait aussi la même chose et que je donnerais satisfaction à l'un et à l'autre, mais qu'il fallait attendre mon temps; au reste que je le prendrais le plus court qu'il serait possible, et que je ferais raison en même temps audit sieur Raoul de la dernière insulte qu'il prétendait lui avoir été faite. Sur cela, Madame, il s'en est retourné pour donner ordre à ses affaires. Il a résigné la cure de Farmoutiers à celui que j'y avais destiné, qui est assurément un des meilleurs prêtres et des plus paisibles du diocèse. Je crois, Madame, en tout cela avoir fait ce qu'il y avait de plus important pour votre maison, et ce que vous souhaitiez le plus : et il ne me reste plus qu'à vous demander pardon si je n'ai pas eu le loisir de vous écrire ces deux choses plus tôt, à cause, Madame, qu'elles se firent la veille de mon départ de Meaux, où j'étais fort occupé.

 

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LETTRE XCIV.  A MADAME DE BERINGHEN. A Paris, 19 avril  1693.

 

Vous pouvez, Madame, faire examiner votre novice par M. Lemarquant, votre confesseur, à qui vous prescrirez, s'il vous plaît, qu'il me rende compte de cet examen. Je n'hésite point, Madame, à vous donner le pouvoir de vous servir dans l'occasion des confesseurs approuvés dans le diocèse pour les religieuses ; et je suis bien persuadé que vous en userez avec la réserve nécessaire. Vous pouvez continuer à vous servir du vicaire des capucins. Quant à votre nouveau curé, il demande en grâce qu'on ne l'oblige point à voir le parloir, si ce n'est pour vous rendre ses devoirs. Ainsi, Madame, vous jugez bien qu'il n'y a pas à craindre que son prédécesseur lui résigne ses amies. Je reçois toujours avec joie, Madame, les témoignages de votre amitié, et personne ne souhaite plus de la conserver que je fais.

 

LETTRE XCV.  A MADAME DE BERINGHEN. A Meaux, ce 29 mai 1693.

 

Nous devons, Madame, commencer samedi, des prières publiques où l'on descendra la châsse de saint Fiacre, pour la porter en procession générale dimanche après vêpres. On fera une octave solennelle : tous les jours on viendra en procession à la cathédrale. Je voudrais bien faire quelque chose d'approchant pour sainte Fare, et faire moi-même l'ouverture de la cérémonie : mais avant que de rien déclarer, je vous prie, Madame, de me mander ce qui aura pu être fait en cas pareils, et ce que vous croyez qu'on pourra faire avec les communautés et paroisses du  voisinage. J'attends cela de votre piété, et suis, Madame, comme  vous savez, très-parfaitement à vous.

 

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Il faudra laisser passer la dévotion de la cathédrale ; après cela nous prendrons le temps qui sera plus convenable aux uns et aux antres.

 

LETTRE XCVI.  EXTRAITS DE PLUSIEURS LETTRES A MADAME DE TANQUEUX. A Meaux, ce 27 juin 1693.

 

J'apprends, Madame, en arrivant ici, que vous êtes à la Ferté, et que Madame de Miramion doit venir bientôt. J'espère que vous me donnerez part de son arrivée, et me marquerez ce qu'elle et vous souhaiterez que je fasse pour l'affaire de l'union, à laquelle je concourrai de tout mon pouvoir. Je me rendrai à la Ferté quand vous le jugerez nécessaire, et je vous prie d'inviter Madame de Miramion de passer à Germigny auparavant, pour disposer toutes choses.

Ma Sœur Cornuau vous aura mandé selon l'ordre qu'elle en avait de moi, la permission que je lui ai donnée de faire une retraite à Jouarre. L'exemple de ma Sœur Crespoil lui a inspiré cette pensée, à laquelle je n'ai pas cru devoir m'opposer. Du reste vous êtes maîtresse de la mander quand il vous plaira : elle vous rendra, comme elle doit, toute obéissance.

 

A Germigny, ce 5 août 1693.

 

Vous aurez su, Madame, de Madame de Miramion, qu'elle a été ici ce matin en allant à la Ferté-sous-Jouarre. Je ne vous répéterai pas ce que nous nous sommes dit l'un à l'autre, puisque vous le saurez d'elle, et je vous dirai seulement que j'ai été fort content de ses projets. Elle ne paraît pas disposée à conclure d'abord, mais seulement après que nos chères Filles auront passé quelques mois l'une après l'autre à sa communauté de Paris. Exhortez-les à se conformer à ses intentions. Je ne vous dis rien de ma Sœur Cornuau. Prescrivez-lui ce qu'elle aura à faire ; elle vous obéira.

J'ai reçu une lettre de Mademoiselle de Croze, qui se plaint que nous entrions dans une nouvelle union, au préjudice de celle

 

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que nous avions faite avec elle. Je me souviens de quelque chose, mais non pas de tout : ainsi je n'ai point encore fait de réponse. Il me semble que cette union n'a été suivie d'aucun effet. J'approuverai ce que vous ferez avec Madame de Miramion ; et si vous jugez nécessaire que je fasse un tour à la Ferté avant qu'elle en parte, je le ferai : mais je trouve qu'il sera meilleur que vous arrêtiez ensemble toutes choses.

Voici apparemment le moment d'accomplir l'œuvre que Dieu a commencée par vous. Donnez-vous à lui, afin qu'il vous inspire ce qui sera le plus avantageux à sa gloire.

A Versailles, mardi soir.

 

J'apprends, Madame, avec déplaisir, que Madame de Beauvau, qui m'avait comme promis qu'elle ne quitterait la maison que pour la remettre entre les mains de Madame de Miramion, n'avait pu exécuter ce projet, et que ses affaires l'avaient obligée de venir à Paris. J'ai peur que son départ ne cause quelque dérangement parmi nos Filles. Je vous prie de me mander ce que vous croyez qu'il y ait à faire ; à quoi je ne puis aussi bien pourvoir, qu'étant instruit de l'état où l'on en est avec Madame de Miramion. Pressez-la, Madame, si elle ne peut aller selon son premier dessein, d'envoyer quelque personne de confiance. Je vous prie, Madame, de dire à M. Ledieu ce qui regarde ces affaires, afin qu'il vienne ici m'en rendre compte. Je suis, comme vous savez, avec toute la confiance possible, Madame, votre très-humble serviteur.

 

LETTRE XCVII.  AUX SOEURS DE LA COMMUNAUTÉ DE SAINTE-ANNE,  À LA FERTÉ-SOUS-JOUARRE.  A Germigny, ce 5 août 1693.

 

Mes Filles,  je me réjouis avec vous de la charité que Madame de Miramion va témoigner à votre communauté, en la visitant même et en disposant les choses à cette union tant désirée.

 

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Je la crois très-nécessaire pour soutenir l'œuvre que Dieu a commencée en vous : tout se fera parfaitement bien et avec une commune satisfaction. Faites de votre côté, mes Filles, ce qu'il faudra pour cela, et conformez-vous aux bons sentiments de Madame de Tanqueux. Je prie Notre-Seigneur qu'il soit avec vous.

 

LETTRE XCVIII.  A MADAME DE BERINGHEN. A Meaux, ce 2 septembre 1693.

 

J'ai reçu, Madame, la lettre que M. le curé de Joui m'a rendue. Je ne doute pas que la demoiselle n'ait un peu de peine à se réduire : tout ce que j'ai dit là-dessus, c'est que, si quelqu'un était capable de la contenir et de la conduire, c'était vous. J'espère avoir bientôt l'honneur de vous voir. Voilà deux lettres de vieille date qui ont fait deux fois le voyage de Paris à Meaux, avec celui de Meaux à Paris. On a, comme de raison, beaucoup de reconnaissance de vos bontés.

 

LETTRE XCIX.  A  MADAME DE BERINGHEN. A Germigny, ce 29 septembre 1693.

 

Vous voulez bien, Madame, que j'aie l'honneur de vous dire que Madame la duchesse de Choiseul ayant souhaité une permission d'entrer chez vous, je n'ai pas trouvé à propos de l'accorder. Je vous dirai entre nous que Madame de la Vallière la Carmélite m'a prié d'en user ainsi; et vous pouvez, Madame, après cela mettre tout sur moi. Je dispose mes affaires à vous aller voir le plus tôt qu'il sera possible, et je sens que je me le promets comme quelque chose de bon depuis bien du temps.

 

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LETTRE C. A  MADAME  DE BERINGHEN. Germigny, 2 octobre 1693.

 

Je n'hésite point, Madame, à accorder la permission pour Madame de Montargis. Votre architecte est privilégié ; et il n'y a point de duchesse qui puisse contrebalancer vos intentions. Je manderai vos peines à Madame de la Vallière, j'y entre sincèrement, et j'espère que bientôt nous en parlerons.

 

LETTRE CI.  A UNE RELIGIEUSE. A Coulommiers, ce 20 novembre 1693.

 

Je loue, ma Fille, le désir que vous avez de vous vaincre à quelque prix que ce soit. Vous n'êtes pas de caractère à être chef de parti : mais comme vos vivacités y donnent lieu, il faut les amortir jusqu'à la dernière étincelle.

J'approuve fort le désir de faire en tout la volonté de Dieu ; mais le vœu pourrait causer beaucoup d'embarras. Vous ferez bien d'aller au confesseur, je lui donnerai les ordres qu'il faut : mais comme votre obéissance ne doit pas dépendre de ses dispositions, souffrez tout pour vous conformer à l'ordre commun ; prévenez ces personnes en toute douceur et humilité, et tâchez de les gagner, quoi qu'il vous en coûte. Ne dites jamais : J'ai fait ce que j'ai pu ; car c'est chercher sa propre justification ; mais : Je ferai ce que je pourrai et tout ce que je croirai utile pour ramener les esprits à la paix. Ne songez à vous justifier qu'aux yeux de Dieu qui voit le fond des cœurs, et qui vous jugera selon les règles de l'Evangile que je vous ai expliquées. Je prie Dieu, ma Fille, qu'il soit avec vous.

 

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LETTRE CII.  A MADAME DE BERINGHEN. A Meaux, ce 1er décembre 1693.

 

Si vos malades savent profiter, Madame, du remède que je leur ai présenté, leur santé est indubitable. Il est à souhaiter qu'elles aient vivement senti la piqûre, et que l'orgueil crève et s'exhale par là : mais je ne les crois pas assez heureuses pour cela. N'oubliez rien cependant pour les ramener : mais je pense qu'il leur sera bon d'être un peu laissées à elles-mêmes, pour leur donner le loisir de revenir de leur propre mouvement : après tout il en faudra venir à leur faire garder l’ Ordonnance. Leur erreur et celle des autres sur les grands couvents est pitoyable : le caractère des grands couvents est d'être fermes dans les observances, par un esprit ancien qui s'y soutient par l'antiquité même, et- auquel on est porté à revenir. Je vous renvoie l’Ordonnance avec les petites additions que vous avez souhaitées : vous n'avez qu'à renvoyer à moi pour les dispenses ; je ne crois pas qu'on ose m'en demander.

Vous pouvez faire entrer Madame de Roquepine et Madame de Maupertuis à l'ordinaire : elles entreront aisément dans l'esprit de l’Ordonnance ; et il importe qu'on voie que vous y veillez, pour ôter tout prétexte à celles qui en cherchent. Chargez-moi de tout ce que vous voudrez, je suis fait pour tout porter.

M. Fouquet par humilité a eu un peu de peine à se rendre : il a cédé par obéissance, et je lui ai fait regarder votre nomination comme un ouvrage du Saint-Esprit : c'est un très-saint prêtre.

Je garderai quelques jours votre Ordonnance : je vous verrai assurément, s'il plaît à Dieu, quand j'irai à Créci. Ma Sœur vous assure de ses respects : vous êtes présentement sa seule abbesse, après la perte qu'elle vient de faire de Madame de Notre-Dame de Soissons.

+ J. Bénigne, év. de Meaux.

 

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P. S. Je crois qu'on se moque avec la distinction des collations ; et pour donner l'exemple, dès à présent je me prive du café.

 

LETTRE CIII. A MADAME DE  BERINGHEN. A Meaux, ce 2 décembre 1693.

 

Je crois, Madame, comme vous que dans l'occasion de la maladie, vous ne pouvez refuser l'entrée et la demeure au dedans à Madame de la Vallière ni à Madame de Choiseul. Je souhaite à vos malades de meilleurs conseils, ce serait la guérison de leur vrai mal : l'humiliation leur est bonne ; si elles pouvaient revenir de bonne foi, il leur faudrait l'huile et le baume.

M. Dubois ne vous fait-il point de réponse? Les plaintes volent assurément beaucoup contre moi ; mais il était nécessaire de marquer à la communauté que les rebelles ne sont soutenues par aucun endroit. C'est, Madame, M. Morin le médecin qui m'a rendu votre lettre ; et il me fait souvenir qu'une des choses par où vous pouvez le plus gagner votre communauté, c'est en leur donnant le secours d'un médecin dans les maladies. Elles trouvent M. Morin fort éloigné : si Saint-Victor n'était pas un peu ami du vin, il serait bon de l'appeler quelquefois : on dit pourtant qu'il se corrige, et il m'a paru fort sobre à Coulommiers pendant que j'y ai été.

 

LETTRE CIV.  A MADAME DE BERINGHEN. Ce 23 décembre 1693.

 

Je ne croyais rien de plus certain, Madame, que mon voyage à Farmoutiers, et je me faisais même un honneur de vous mener votre visiteur: il n'y a pas eu moyen, quoique j'aie été à Créci ; et les affaires, plutôt que le mauvais temps, m'ont rappelé ici. Je suis bien aise qu'on entre en raison sur le sujet de Madame de Saint-Louis. Je n'ai jamais douté de M. Dubois : quant à moi,

 

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vous jugez bien que je n'étais pas en peine de ce qui me touche. Vous avez parlé dignement à Madame Saint-Bernard : Mesdames de Luynes ont fait ce qu'elles pouvaient pour l'apaiser, et plus même que je n'eusse voulu. Quand on m'a entretenu de cette affaire à Jouarre, j'ai répondu en trois mots que les choses en étaient venues à un point, que c'eût été autoriser la désobéissance que de la dissimuler dans une visite, qui arrivait dans ce temps-là même.

M. Fouquet, dont on se plaint sans le connaître, est assurément un des plus saints prêtres, des plus sages et des plus modérés qu'on puisse voir. Vous pouvez, Madame, essayer pour la confession, de ce prêtre dont vous me parlez.

Madame de la Vallière la Carmélite me mande que Madame la marquise de la Vallière pourra bien aller voir Mademoiselle sa fille, qu'elle me fait encore fort malade : en tout cas vous ne pouvez lui refuser l'entrée.

Je ne doute points Madame, que cherchant Dieu et la pureté de la règle, comme vous faites, vous ne receviez de grands secours : je me joindrai de tout mon cœur à vous pour les demander.

Je tarderai le moins que je pourrai à vous aller voir.

 

LETTRE CV.  A MADAME DE BERINGHEN. A Paris, ce 27 décembre   1693.

 

Je vous supplie, Madame, de vouloir bien prendre connaissance de l'affaire de la maîtresse d'école. Je ne comprends pas pourquoi on l'oblige à payer le loyer d'une maison, pendant qu'elle est obligée d'en louer et d'en payer une autre. Il me semble qu'une personne qui sert le public doit être plus considérée. J'ai promis de payer pour elle le loyer de la maison, mais c'est à condition qu'elle n'en payera pas deux. Je vous supplie donc, Madame, de vouloir bien lui faire faire justice.

 

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LETTRE CVI. A MADAME DE BERINGHEN. A Paris, ce 5 janvier 1694.

 

Je suis ici, Madame, d'hier au soir, et je n'ai encore vu ni Madame de la Vallière la Carmélite, ni personne. Sur les dispositions que vous me marquez de Mademoiselle de la Vallière (a) vous lui pourrez dire, quand vous le trouverez à propos, que je vous ai demandé compte d'un article de visite qui concernait les grandes pensionnaires, où je l'avais eue en vue comme les autres, ne croyant pas utile à la maison qu'elle y fasse un plus long séjour. C'est de quoi elle peut tenir pour assuré que je ne me départirai jamais ; et vous l'en devez avertir de bonne heure, afin qu'elle s'y prépare. Je vais aujourd'hui à Versailles, où je parlerai à Madame de la Roche et à M. Bontemps. Vous pouvez croire que ce sera selon les bons principes. Je vous rendrai compte de l'entretien. J'ai vu leurs lettres, dont je vous renverrai les copies quand elles me retomberont sous la main, ou plutôt je les brûlerai, si vous ne souhaitez autre chose.

C'eût été un beau discours à répéter que celui de Mademoiselle de la Vallière. Je n'ai pas seulement songé à en dire un mot ; et si l'on a su que la Demoiselle avait tenu de tels propos, c'est apparemment qu'elle en aura fait part à d'autres personnes, qui n'auront pas eu la même discrétion.

Je suppose que M. de la Vallière sera parti à présent hors de chez vous.

Il ne nous faut plus de gens qui disent qu'ils se veulent tuer, et donnent lieu de craindre, non pas cela, mais une suite d'emportements dont on se passe fort bien dans une maison réglée comme la vôtre.

Si Mademoiselle de Pons ne sait pas la mort de Madame de Chavigny,

 

(a)  Madame de la Valière la Carmélite, celle-là même qui donnait dans le cloître d’aussi beaux exemples, après avoir été dans la cour de Louis XIV un objet de scandale. — Mademoiselle de la Vallière, la nièce de la précédente.

 

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sa grand'mère ; je vous prie de la lui apprendre avec vos bontés ordinaires, et de lui donner en même temps vos consolations.

 

LETTRE CVII.  A MADAME DE BERINGHEN. A Versailles, ce 10 janvier 1694.

 

Il faut, Madame, vous avertir que sans y penser je vous ai fait une petite affaire avec M. Bontemps. Je crus bien faire de lui louer sa lettre qui en effet est excellente, et de lui dire que vous m'en aviez envoyé copie. En effet il parut très-content d'abord de ce que je lui en dis. J'ai vu aujourd'hui qu'il était un peu fâché, non pas que j'en eusse eu connaissance, mais que j'en eusse vu une copie. Je raccommoderai cela le mieux qu'il me sera possible, et je tâcherai de changer la copie en extrait. Quoi qu'il en soit, je vous donne avis de tout. Je verrai à Paris Madame de la Vallière la Carmélite, et je ferai ce que je pourrai pour vous délivrer, le plus tôt qu'il sera possible, de Mademoiselle sa nièce.

 

LETTRE CVIII.  A  MADAME DE BERINGHEN. A Paris, ce 15 février 1694.

 

Je vous plains, Madame, d'avoir à essuyer l'embarras que vous causera Mademoiselle de la Vallière, si elle contraint Madame la princesse de Conti à en venir à la violence. Elle y est entièrement résolue ; et si cette Demoiselle ne se laisse vaincre à la raison, il en faudra nécessairement venir à la force. Ce sera un grand point à délibérer entre nous, savoir s'il faudra permettre les entrées des pères et mères ou autres proches parents aux vêtures et professions. En attendant que nous nous soyons bien résolus sur ce point, vous pourrez recevoir à cette occasion qui il vous plaira.

J'espère vous voir dans les premières semaines du carême. Je prie Dieu sans cesse qu'il vous comble de ses grâces : elles vous

 

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sont bien nécessaires pour détruire cet esprit de raillerie nue Madame Saint-Bernard excite dans votre maison : c'est le de tous les esprits, et il faudra plus que toutes choses chercher les moyens de le déraciner.

 

LETTRE CIX.  A MADAME  DE BERINGHEN. A Meaux, ce 16 mars 1694.

 

Voilà, Madame, les permissions que vous souhaitez. Elles seront consommées par la première entrée. Comme bien assurément je vous irai voir, et s'il se peut dans ce carême, nous réglerons les permissions générales et celles de Madame de Roquepine. Si Madame de Maupertuis souhaite beaucoup coucher au dedans, et que vous croyiez l'offenser ou la contrister en la refusant, vous pouvez faire ce qu'il vous plaira. Je vous assure, Madame, que je désire beaucoup de vous entretenir sur tout ce qui s'est passé, et sur toutes choses. Croyez-moi à vous plus que jamais.

 

LETTRE CX.  A MADAME DE BERINGHEN. A Meaux, ce 21 mars 1694.

 

Je vous prie, Madame, de donner entrée à Madame de Montai dans votre monastère. C'est sur moi que roulera cette entrée; elle ne roulera pas moins sur vous, puisque vous savez que je ne veux rien que de votre consentement.

 

LETTRE CXI.  A MADAME DE BERINGHEN. A Meaux, ce 29  avril 1694.

 

 

Je n'ai pu refuser, Madame, à Madame de Notre-Dame la consolation qu'elle souhaitait de voir Mademoiselle de Pons. J'ai été

 

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bien aise aussi de mon côté de la voir ici avant qu'elle s'éloigne de vous. J'espère, Madame, que vous y donnerez votre agrément, et je vous le demande.

 

LETTRE CXII.  A MADAME DE BERINGHEN. A Germigny, ce 5 mai 1694.

 

Enfin, Madame, ce sera moi qui frapperai le dernier coup, et  qui vous arracherai Madame de la Vieuville : ma consolation est qu'elle fait la volonté de Dieu qu'elle a cherchée. J'espère que sa retraite loin de nuire à votre maison, y donnera peut-être des vues plus approchantes des vôtres; et si ce n'est d'abord, ce sera, s'il plaît à Dieu, avec le temps. Je ne puis cependant assez louer, ni votre bon cœur, ni la soumission que vous avez aux ordres de Dieu : votre vertu et votre modération sont en cela d'un grand exemple.

J'irai vers la Pentecôte prendre part à votre douleur, et vous consoler. Nous ferons, si vous l'avez agréable, les cérémonies du baptême de Mademoiselle votre nièce le mardi ou le mercredi, et je serai avec vous tout le temps que je pourrai. Si le jour de la Trinité était plus commode, j'arrangerais mes affaires pour cela; et je m'avise que ce serait ce qui me contraindrait le moins à cause de l'ordination. Je ne vous parle point de Mademoiselle de Pons, que Madame de Notre-Dame a retenue.

 

LETTRE CXIII. A MADAME DE BERINGHEN. A Germigny, ce 7 mai 1694.

 

Elles sont parties. Madame de la Vieuville est allée prendre Mademoiselle de Pons. Je n'ai plus rien à vous dire sur ce triste sujet : il n'y a que Dieu qui puisse vous consoler, et sa seule volonté qui puisse être votre règle. Le P. Le Roi ne gagnera rien ;

 

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je me souviens trop de ses lettres. Si je vais à la Cour, je presserai la reine d'Angleterre sur le sujet de Mademoiselle de Kynouille. Je suis à vous, Madame, de tout mon cœur.

 

LETTRE CXIV.  A MADAME DE BERINGHEN. A Germigny, ce 9 mai 1694.

 

Il est vrai, Madame, j'ai oublié ; je vous en demande pardon. Vous pouvez vous servir de M. le curé de Bannots, et du confesseur qu'il vous adresse; cette épreuve sera utile. Je n'ai point encore de nouvelles de nos voyageuses. Vous allez à la vraie et à la seule raison, qui est la volonté de Dieu : tout est bon de ce côté-là.

 

LETTRE CXV.  A MADAME DE BERINGHEN. A Paris, ce 26 mai 1694.

 

Comme je serai, s'il plaît à Dieu, à Farmoutiers le samedi de la Trinité, pour y faire en ce saint jour les cérémonies du baptême de Mademoiselle votre nièce ; il sera, Madame, agréable à Dieu et aux hommes que le public profite de mon séjour, et que nous fassions, si vous l'avez agréable, la descente de la châsse de sainte Fare avec une procession solennelle. Je ne manquerai pas d'envoyer les mandements nécessaires pour cela ; et comme il faudra quelque temps pour disposer les choses, je vous prie de trouver bon que je suppose votre agrément.

J'ai nouvelle de l'arrivée de Madame de la Vieuville à la Trappe. Mademoiselle de Pons partit hier pour aller aux Clairets, dans un équipage que lui donne Madame sa mère.

 

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LETTRE CXVI.  A  MADAME DE BERINGHEN. A Meaux, ce 31 mai 1694.

 

Je ne doute point, Madame, que vous n'ayez reçu à présent la résolution de vos doutes par le mandement qui a dû vous être rendu dès avant-hier. Vous aurez bien vu la raison pourquoi il a dû être adressé aux doyens qui y sont nommés, et à M. le curé de Farmoutiers. C'était par eux qu'il fallait faire savoir au peuple ce qui est supposé résolu entre vous et moi. Nous expliquerons le reste de vive voix samedi, s'il plaît à Dieu.

Je n'ai reçu aucune lettre de Madame de la Vieuville, mais seulement l'avis do son arrivée à la Trappe, dont j'ai eu l'honneur de vous faire part. Mademoiselle de Pons l'a rejointe à présent, et s'est expliquée de ses intentions à Madame sa mère, plus qu'elle ne l'avait fait à moi-même; en sorte qu'il n'y a presque plus à douter qu'elle ne demeure.

 

LETTRE CXVII.  A  MADAME  DE  BERINGHEN. A   Meaux,  13 juin 1694.

 

Le moyen, Madame, de se porter mal après tous les soins que vous avez eus de ma réception. Comment se porte ma filleule? Elle nous fit un beau régal le jour de son baptême. Je vous envoie la lettre pour M. le curé de Joui. Vous pouvez continuer les entrées à Madame de Roquepine, comme auparavant. Je rends un million de grâces à Madame votre sœur.

 

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LETTRE CXVIII.  A MADAME  DE  BERINGHEN.  A  Meaux, 14 juin 1694.

 

Voilà Madame de Pons, Madame, qui va vous rendre ce qu'elle vous doit, et vous marquer sa reconnaissance pour toutes les bontés que vous avez pour Mademoiselle sa fille. J'entre en part des obligations qu'elle vous a. Elle vous mène Madame de Fercourt sa sœur, et toutes deux souhaitant avec passion d'avoir l'honneur de vous voir au dedans, je vous prie de leur en accorder la grâce.

 

LETTRE CXIX.  A MADAME DE  BERINGHEN. A Marli, 24 juillet 1694.

 

A peu près en même temps, Madame, que j'ai reçu votre lettre du 23 juin, j'en reçus une en forme de justification de Madame de Saint-Bernard. Elle déguise un peu le fait; mais il y en a assez dans ce qu'elle dit pour lui donner un grand tort. Je ne lui ai point encore fait de réponse, et je n'en ferai point que je n'aie parlé à M. de Louville. Il faut tâcher de vous en défaire, et j'espère dans peu que tout s'y disposera doucement.

Je vous rendrai dans le commencement de la semaine prochaine une réponse précise sur le sujet du P. Séraphin.

Vous pouvez, Madame, faire examiner par M. le curé de Bannots les deux converses dont vous me parlez dans votre lettre du 5. Je serai, s'il plaît à Dieu, de lundi en huit jours à Meaux. Si cet ecclésiastique dont vous m'écrivez y passe, il sera le bienvenu; et je me remets à votre prudence de le faire servir, en attendant que nous le voyions. Je ressens, Madame, très-vivement peines que vous donne ce pernicieux esprit de raillerie. Il faut chercher le moyen de le déraciner. Je vous offre à Dieu de tout mon cœur.

 

+ J. Bénigne, év. de Meaux.

 

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P. S. J'ai donné la permission à Madame de Besmaux pour un an sans coucher, sous la promesse qu'elle n'abandonnera pas. Je vous prie de me procurer une copie de la lettre écrite de Madame des Clairets (à) à Madame votre sœur, sur la mort d'une religieuse.

 

LETTRE CXX. A  MADAME DE BERINGHEN. A Versailles, ce 30 juillet 1695.

 

J'ai, Madame, entretenu M. de Louville, et il me paraît que tout se dispose à consentir à la retraite, pour un temps, de Madame de Saint-Bernard. On la propose pour deux ans : il faut l'accepter pour cela, parce qu'après nous ne manquerons pas de raisons pour proroger l'obédience. Je lui dis qu'elle comptait sur deux cents livres de pension de sa famille, et qu'il faudrait tâcher de porter le monastère à faire le reste. Il répliqua que c'était bien peu, de ne faire à Farmoutiers que cent livres pour une fille qui avait porté huit mille livres. Je ne poussai pas plus avant. Afin de vous tout dire en une fois, elle propose le monastère de Mondenis, où est Mademoiselle Nisard, en s'expliquant bien fortement que ce n'est pas pour l'amour d'elle, mais par la facilité qu'elle a trouvée du côté de Madame de Richelieu. Régulièrement il faudrait un monastère de même observance : mais comme on serait longtemps à en chercher, je ne m'éloignerais pas de celui-là : je

 

(a) Les Clairets, abbaye de Filles de l'ordre de Cîteaux, au diocèse de Chartres. Elle fut mise dès sa fondation, en 1213, sous la dépendance et la conduite des abbés de la Trappe, et y demeura jusqu'à ce que cette dernière abbaye fût tombée en commende, sous le règne de François Ier. M. de Rancé étant devenu abbé régulier, le chapitre général de Citeaux, tenu en 1686, le remit dans son droit sur les Clairets, et l'engagea à prendre la direction de cette maison. L'abbé de la Trappe s'y refusa longtemps, ne voulant point sortir de son monastère. Mais enfin il ne put résister aux instances de l'abbesse et des religieuses. Il alla donc en 1690 faire une première visite aux Clairets. Le 4 juillet de la même année, ayant reçu une commission expresse de l'abbé de Citeaux, il bénit l'abbesse qui était alors Françoise-Angélique d'Estampes de Valençay. Il y fit encore deux visites en 1691 et 1692; et l'abbesse, du consentement des religieuses, établit dans son monastère la réforme de la Trappe. Elle donna sa démission en 1708, et mourut le 21 avril de l'année suivante. Voyez la Vie de Rancé, par Marsollier, liv. IV, chap. 17; et Gallia Christ., tom. VIII, col. 1324 et suiv.

 

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le puis permettre à cause des infirmités de Madame de Saint-Bernard, ne s'agissant de le faire que pour un temps. Notre véritable motif, qui est de nous défaire au plus tôt d'un esprit très-dangereux, est très-légitime. Je n'ai pourtant voulu m'engager à rien sans savoir votre sentiment : ainsi je ne m'explique de rien qu'en général dans la lettre que j'écris à Madame de Saint-Bernard. Vous lui pourrez dire ce que vous voudrez sur ce que j'ai l'honneur de vous écrire. Je pourrai recevoir de vos nouvelles à Meaux, où je serai lundi, s'il plaît à Dieu, pour dîner.

 

LETTRE CXXI.  A MADAME DE BERINGHEN. A Germigny, 6 août 1694.

 

J'aurais souhaité comme vous, Madame, que Madame de Saint-Bernard eût choisi un autre monastère que celui de Mont-Denis ; mais j'ai été au plus court, et votre décharge m'a plus occupé que tout le reste. Ainsi comme le reste ferait traîner la négociation, je persiste de mon côté; mais je vous laisse votre liberté toute entière. Si vous consentez à Mont-Denis, vous n'aurez qu'à rendre ma lettre, et lui dire que depuis j'ai donné mon consentement, à condition du vôtre, selon ma coutume. Je prendrai les meilleures mesures qu'il se pourra du côté de Mont-Denis. Quoi qu'il en soit, elle sera hors de chez vous, et sa famille prendra des mesures pour l'établir ailleurs, que je favoriserai de tout mon pouvoir. Je ne vois à présent rien de meilleur. Ce que m'a dit le P. prieur de l'hôpital m'a fait frayeur. Il faut songer aux moyens de donner un autre esprit à votre maison ; je gémis de tout mon cœur avec vous de celui qui y est.

 

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LETTRE CXXII.  A MADAME DE BERINGHEN.  A Germigny, ce 12 août 1694.

 

Je ne doute point, Madame, que la famille de Madame de Saint-Bernard n'ait des vues pour lui procurer quelque bénéfice ; mais ces choses durent bien longtemps avant que d'éclore : ainsi le remède est bien long. Pour moi, je souhaite qu'elle pense à une autre maison plus éloignée et plus régulière, mais s'il ne s'en trouve point d'autre je persiste à croire qu'il est mieux de la voir dehors que dedans. Il est plus aisé d'empêcher les lettres que les discours et les exemples ; et on peut prendre des mesures pour rendre l'écriture plus rare et plus difficile. Après cela, Madame, vous ferez par prudence ce que vous trouverez de plus à propos. Je ne me souviens point que M. le prieur de Chaage m'ait donné aucune lettre. Je salue de tout mon cœur Madame d'Arminvilliers. Je pourrai vous rendre réponse du P. Séraphin dans la semaine prochaine, mais je doute qu'on puisse l'avoir.

 

LETTRE CXXIII.  A MADAME DE LA VIEUVILLE, RELIGIEUSE DE FARMOUTIERS. A Germigny, ce 27 octobre 1694.

 

Je vous suis, Madame, très-obligé de la bonté que vous avez de me donner de vos nouvelles et de celles de Mademoiselle de Pons. Vous verrez par la lettre ci-jointe, que je vous prie de lui rendre, que j'assisterai en esprit au commencement de son sacrifice. On ne peut assez louer sa circonspection à considérer ce qu'elle allait faire, ni sa fidélité à l'exécuter, quand elle a vu par une première épreuve les marques de l'appel de Dieu. Le P. Touron est un digne prédicateur, et je n'ai qu'à me réjouir qu'il soit échu en partage à cette chère cousine, pour lui annoncer les voies de Dieu. Il n'y a qu'à louer Dieu en toutes manières

 

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des grâces qu'il donne à la conduite de votre sainte abbesse. Madame d'Ablois paraît toujours si déterminée à vous suivre, que je ne pense plus à la retenir, et que je commence à trouver son épreuve suffisante. Je prie Dieu, Madame, qu'il bénisse vos intentions et les siennes, et je vous prie de vous assurer pour tout le reste de mes jours d'une entière fidélité à me souvenir de vous devant Dieu.

 

LETTRE CXXIV.  A MADAME DE BERINGHEN. A Meaux, ce 5 novembre 1694.

 

Je suis obligé, Madame, contre mon intention, de partir d'ici sans vous voir. J'espère que mon audience étant marquée, le procès s'expédiera bientôt, et que je ne serai pas longtemps absent : ainsi j'aurai l'honneur de vous voir. Madame de Saint-Bernard m'écrit sur le refus de Mont-Denis, dont elle se plaint beaucoup. Je lui fais connaître nos raisons, et je l'exhorte à penser à une autre retraite. Je salue de tout mon cœur Madame d'Arminvilliers.

 

 

LETTRE CXXV.  A MADAME DE BERINGHEN.  A Paris, ce 15 janvier 1695.

 

J'ai, Madame, fait connaître vos sentiments, qui sont aussi les miens, à la reine d'Angleterre, qui vous demande encore un mois tout au plus pour prendre le temps de se dégager en quelque manière que ce soit de la Demoiselle.

Si Madame de Saint-Bernard voulait sérieusement se donner à Dieu, elle choisirait un confesseur plus vigoureux qu'un vieillard de cent ans, qui n'a pas assez de fermeté pour conduire sa famille, et réprimer les brutaux emportements d'un neveu qu'il cure. Le curé de Dammartin nous accommoderait mieux ;

 

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ou enfin quelqu'un qui sût un peu prendre d'autorité, et lui faire connaître le mal de l'esprit railleur qui la possède. Vous savez, Madame, combien je suis à vous.

P. S. Depuis tout ceci écrit, j'ai cru qu'il serait bon d'écrire ce que vous verrez à Madame de Saint-Bernard.

 

LETTRE CXXVI.  A MADAME DE BERINGHEN. A Versailles, 31 janvier 1695.

 

Je ne connais point du tout encore M. le curé de Saint-Denis, mais j'approuve ce qu'il a fait avec votre consentement. Je ne sais ce que vous pensez de lui ; je vous prie de me le mander. J'ai fait écrire à M. Doré conformément au désir de cette méchante fille, mais c'est à condition qu'elle deviendra meilleure. Je ferai, Madame, les derniers efforts pour vous délivrer de cette Demoiselle. Il me tarde que j'aie la joie de vous voir.

 

LETTRE CXXVII.  A  MADAME  DE   BERINGHEN. A Versailles, ce 2 mars 1695.

 

Je vous avoue, Madame, que j'ai beaucoup de peine à remettre la conscience de Madame de Saint-Bernard à ce vieillard; et c'est parce que je ne puis me déterminer à cela que j'ai tant tardé à faire réponse. Où va-t-on chercher ce bon homme pour lui faire une confession générale? Je ne puis, Madame, y consentir, et je vous prie qu'on me demande tout autre confesseur. Je n'ai pu encore voir la reine d'Angleterre : ce sera avant mon retour, et je la déterminerai absolument à vous défaire de cette Fille.

Madame d'Ablois n'a rien à demander à son abbesse, si ce n'est quand elle accomplira son grand dessein.

Je salue Madame d'Arminvilliers de tout mon cœur.

 

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LETTRE CXXVIII.  A MADAME DE BERINGHEN. A Versailles, ce 2 mars 1695.

 

Je vous prie encore, Madame, de faire tout votre possible pour faire choisir un autre confesseur à Madame de Saint-Bernard. Il n'y a qu'un seul cas qui puisse mettre ma conscience en repos sur cela; c'est, Madame, si l'on ne pouvait absolument en venir à bout : auquel cas il vaudrait mieux se confesser à ce bon homme que ne se confesser point du tout; et je vous envoie une permission dont je vous prie de n'user qu'en cas que vous ne puissiez faire autrement; car en vérité il nous faut une autre tête que celle-là.

 

LETTRE CXXIX.  A MADAME  DE  BERINGHEN. A Paris, 16 mars 1695.

 

Je serai bien aise, comme vous, Madame, de faire plaisir à M. le curé de Dammartin, votre voisin, que j'estime beaucoup. Si sa nièce a quelque inclination à se faire religieuse, il n'y a rien de contraire à nos règlements de la recevoir ; sinon, il faut lui faire trouver bon que nous demeurions dans nos règles, et je vous en prie. Je vous envoie la permission pour ces deux Dames, sœur et belle-sœur de Madame de Saint-Alexis.

 

LETTRE CXXX.  A MADAME DE BERINGHEN. A Meaux, ce 27 mars 1695.

 

Vous voulez bien, Madame, que j'aie l'honneur de vous dire que je ne me suis jamais mêlé de ces septièmes garçons, que pour les empêcher détromper le monde, en exerçant leur prétendue

 

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prérogative qui n'a aucun fondement. Le roi ne touche plus de ces sortes de gens que dans le ca qu'il touche les autres, c'est-à-dire dans le cas des écrouelles. Ainsi tournez, Madame, la charité que vous avez pour ce jeune homme, qui paraît un fort bon enfant, au soin de le consoler, et de le rendre capable de renoncer à une prétention qui n'est que superstition.

Je n'ai aucune réponse de ma Sœur de Saint-Bernard sur la lettre où je lui représentais fort sincèrement et fort charitablement, et je puis dire paternellement, ses besoins. Voici pourtant les jours salutaires et les temps de propitiation.

 

LETTRE CXXXI.  A  MADAME DE BERINGHEN. A Meaux, 29 mars 1695.

 

J'ai, Madame, reçu votre lettre, où vous me donnez avis du bon succès des confessions de M. le curé de Bannots. J'en témoigne ma joie à Madame de Saint-Bernard, par rapport à ce qui la touche, et je l'exhorte à profiter de cette grâce. Il me semble que Madame la prieure eût édifié la maison en allant à lui, puisque c'est un homme si parfait ; néanmoins il faut laisser la liberté.

Je salue Madame votre sœur, et Madame d'Ablois.

P. S. Votre confesseur peut venir dans toute cette quinzaine, et toujours confesser en attendant.

 

LETTRE CXXXII.  A  MADAME   DE  BERINGHEN. A Germigny, ce 13 mai  1695.

 

Je suis, Madame, très-content du P. Cordelier, et je le reconnais digne de la recommandation dont vous l'honorez. J'y aurai égard pour une autre fois ; car pour celle-ci il a pu voir que la

 

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chose était engagée. J'ai reçu une lettre de vous du 27 avril. Quelque inutile qu'on soit, on ne doit pas prodiguer sa santé, ni faire à Dieu des sacrifices qu'il ne demande pas.. Il me semble, quand je partis, que M. le Premier était disposé à lajsser venir M. le curé de Tournan ; mais il me semble que vous n'y êtes pas fort déterminée. Vous pouvez faire entrer Mademoiselle de Chéri, et la retenir à coucher. Pour Madame de Nemours, il n'y a nulle difficulté, ni pour elle, ni pour ses femmes. La reine d'Angleterre vous demande encore trois semaines. Je ne vous ai engagée à rien. J'espère vous voir dans la semaine de la Pentecôte. Je ne sais si Madame d'Ablois est comprise dans le décret capitulaire des Clairets, de ne recevoir des religieuses de dehors qu'après trois ans de séjour dans cette abbaye. Je salue Madame d'Arminvilliers, et suis à vous, comme vous savez.

 

LETTRE CXXXIII.  A MADAME DE BERINGHEN. A Meaux, 15 mai 1695.

 

Il n'y a point à hésiter, Madame, sur la réception de cet ecclésiastique chez vous, après les témoignages qu'il nous apporte. Ainsi vous pouvez en faire l'épreuve durant un temps, et lui de même de son côté : je lui donne pour cela mon approbation. Je suis très-aise, Madame, de l'arrivée de M. le curé de Bannots. J'espère toujours avoir l'honneur de vous voir la semaine de la Pentecôte. A l'égard de l’exeat de M. de Paris, il n'y a point d'autre expédient, sinon que vous et moi nous lui écrivions, et que vous engagiez M. le Premier à lui en parler dans le temps, qui sera après celui que vous destinerez pour l'épreuve. Je suis, Madame, à vous, comme vous savez.

Si la reine d'Angleterre ne finit pas, vous serez en droit d'agir comme vous voudrez.

 

 

+  J. Bénigne, év. de Meaux.

 

P.S. L'ordonnance contre les inquiètes serait peut-être plus

 

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difficile à exécuter que l'autre. J'espère beaucoup dans la retraite, et dans la bénédiction que Dieu donnera aux travaux de M. le curé de Bannots.

 

LETTRE CXXXIV.  A  MADAME DE  BERINGHEN. A Meaux, 24 mai 1695.

 

Il faut, Madame, me dédire malgré moi. Je devais aujourd'hui arriver chez vous, et je m'en faisais une joie. La famille de M. le chancelier me fait l'honneur de se prier demain chez moi, et Madame de Jouarre, qui va visiter ses terres, jeudi. Ce ne sera, s'il plaît à Dieu, qu'un court délai ; et je vous assure, Madame, que je suis avec vous en esprit et de tout mon cœur.

 

+ J. Bénigne, év. de Meaux.

 

P. S. Je salue Madame votre sœur, et vous prie toutes deux de prier pour moi.

 

LETTRE CXXXV.  A MADAME DE BERINGHEN.  A Germigny, 26 mai 1695.

 

J'ai, Madame, donné à M. le curé de Pomeuse l'audience qu'il souhaitait. Je vous prie de l'encourager à faire juger son affaire avec le curé de Saint-Augustin, et à n'écouter aucun accommodement avec cet homme, qu'absolument je ne veux point à Pomeuse, et qui n'aura jamais à lui proposer que des barbouilleries; il me déplaira tout à fait, s'il n'écoute rien. J'attends de moment à autre Madame de Jouarre ; et il ne tiendra pas à moi qu'elle n'aille faire ma paix à Farmoutiers : mais bien constamment, Madame, je l’irai faire moi-même.

 

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LETTRE CXXXVI.  A  MADAME  DE  BERINGHEN. A Meaux, 4 septembre 1695.

 

J'espère bientôt, Madame, d'avoir l'honneur de vous voir, et je m'en réjouis. Vous pouvez faire entrer les Dames dont vous me parlez, et Madame Robert, si elle revient. Après tout, il n'est pas mauvais que les abords de Farmoutiers se trouvent un peu difficiles. Il est vrai que Madame des Clairets me parla des eaux de Belesme comme utiles à votre santé, et que je fis la réponse qu'elle vous a mandée : c'est la matière d'un sérieux entretien. J'ai vu M. le curé de Bannots, qui m'a donné de la joie dans le récit qu'il m'a fait de si heureux commencements de ses soins. On m'a dit que vous souhaitiez de savoir quand Madame de Montespan et Madame de Fontevrault seraient en ce pays. On m'a mandé de Paris qu'elles dévoient aujourd'hui arriver à Fresnes ; je crois qu'elles me donneront avis de leur arrivée. Je salue de tout mon cœur Madame d'Arminvilliers, et je vous rends grâces à toutes deux de vos extrêmes bontés.

 

LETTRE CXXXVII.  A MADAME  DE  BERINGHEN. A Coulommiers, ce 27 octobre 1695.

 

Le P. de Riberolles vous sera, Madame, un bon témoin du déplaisir où je suis de m'en retourner d'un lieu si proche de vous sans avoir l'honneur de vous voir : il vous en fera mes justes et nécessaires excuses.

M. le curé est venu ici me représenter de la part des habitants, que la mission que nous avions résolu de leur donner incontinent après la Toussaint leur sera plus utile durant le carême, et j’ai cédé à leurs désirs. Ainsi je remettrai à ce temps la visite que je vous dois, et je vous promets aussi de la faire plus longue : je

 

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trouverai même, s'il plaît à Dieu, le loisir de vous voir auparavant, et je vous assure d« n'en perdre aucun. Je trouve partout des marquas de vos bontés et de celles de Madame d'Arminvilliers, dont Madame de Sainte-Avoye m'a fait les très-obligeantes recommandations. Nous allons donner une supérieure à ce monastère, et je prie Dieu que ce soit lui-même qui la choisisse.

Je vous envoie la permission d'entrer pour Madame de Besmana. Cette lettre vue de vous lui suffira pour cela : c'est pourquoi je vous l'envoie toute ouverte. Cette Dame me pardonnera si j'accorde trop tard ce que je voudrais pouvoir n'accorder jamais à qui que ce soit. Ce me serait une grande consolation de voir la maison de sainte Fare redevenir sous votre gouvernement, selon vos souhaits, inaccessible comme elle devrait être aux personnes séculières, même pieuses et modestes. Je ne puis m'empêcher pourtant, malgré la généralité de cette expression, d'y faire secrètement quelques exceptions, et surtout en faveur d'une personne aussi exemplaire et aussi retirée que Madame de Caumartin.

 

LETTRE CXXXVIII.  A   MADAME   DE BERINGHEN. A Meaux, 2 de l'an 1696.

 

Je reçois, Madame, avec reconnaissance, la continuation de vos bontés. L'affaire que vos frères me voulaient faire ne m'incommodera guère, et retombera sur eux. Madame de Druy peut entrer. Je vous souhaite une sainte et heureuse année.

 

LETTRE CXXXIX.  A MADAME DE BERINGHEN. A Paris, ce 19 mars 1696.

 

Je me rends, Madame, à toutes les raisons que M. le curé me mande, et que vous approuvez, de remettre le jubilé à la quinzaine

 

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de Pâques à Farmoutiers, et dans les lieux du voisinage qui sont à portée de profiter de la mission ; et je mande à M. le curé je le faire savoir à sa paroisse, comme je vous prie, Madame, de le déclarer à voire sainte communauté.

L'abbaye delà Trappe ne perdra rien à la mort de dom Zuzime, puisque le roi a nommé dom Armand (a), qui a été vingt ans et plus carme déchaux, professeur en philosophie et en théologie dans son ordre à Meaux, prieur dans son ordre plusieurs fois, et dans le fond un excellent homme.

Tout le inonde veut que j'aie des affaires à Rome, et il ne tient pas à certains moines qu'on ne le croie dans tout le royaume : cependant je n'en ai aucune, ni petite ni grande ; et le voyage de mon neveu n'est qu'un voyage comme celui de cent autres jeunes abbés, résolu il y avait déjà longtemps, et déterminé en ce temps par l'occasion du passage de M. le cardinal Cavallerini, sur les galères du grand-duc. On n'a pas seulement parlé à Rome de l'affaire de Rebais, et M. le cardinal de Janson me le mande positivement : cependant on n'en veut rien croire, et je vous supplie, Madame, de n'en pas douter. Ce n'est pas à vous que je voudrais donner du galimatias ; mais il n'y a rien, rien du tout, vous le pouvez croire. Le nonce même n'a rien trouvé à redire dans mon procédé : il s'est expliqué hautement sur la bulle du bénédictin de Rebais, comme d'une chose surprise. Si on savait le soin que je prends de vous expliquer tout cela, on croirait qu'il y a quelque chose : à tout autre qu'à vous je ne. répondrais qu'en riant ; mais à vous, il faut vous mettre l'esprit en repos, puisque voire bonté vous fait prendre tant d'intérêt à ce qui nous touche.

Je me réjouis d'avoir l'honneur et la consolation de vous voir.

(a) Ce dom Armand est le fameux P. François Gervaise, né à Paris en 1660; d’abord carme déchaussé, puis religieux et enfin abbé de la Trappe. Il donna sa démission en 1698, et mourut exilé à l'abbaye de Reclus, au diocèse de Troyes, le 21 septembre 1751. (Les édit.)

 

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LETTRE CXL.  A  MADAME DE BERINGHEN. A Meaux, 16 avril 1696.

 

Je vous dis adieu, Madame, en partant pour Rebais, d'où j'espère être de retour mardi. J'arrêterai aujourd'hui à Jouarre : j'attends pour vous le lundi de Pâques.

J'ai oublié, Madame, de vous écrire du compromis qu'on avait passé entre vous et M. le curé de Doui, que ce curé vous prie de ratifier ; à quoi je m'attends, et suis à vous, Madame, comme vous savez.

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