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LA PURIFICATION DE LA TRÈS SAINTE VIERGE.Enfin les quarante jours de la Purification de Marie sont écoulés, et le moment est venu où elle doit monter au Temple du Seigneur pour y présenter Jésus. Avant de suivre le Fils et la Mère dans ce voyage mystérieux à Jérusalem, arrêtons-nous encore un instant à Bethléhem, et pénétrons avec amour et docilité les mystères qui vont s'accomplir. La Loi du Seigneur ordonnait aux femmes d'Israël, après leur enfantement, de demeurer quarante jours sans approcher du tabernacle ; après l'expiration de ce terme, elles devaient, pour être purifiées, offrir un sacrifice. Ce sacrifice consistait en un agneau, pour être consumé en holocauste; on devait y joindre une tourterelle ou une colombe, destinées à être offertes selon le rite du sacrifice pour le péché. Que si la mère était trop pauvre pour fournir l'agneau, le Seigneur avait permis de le remplacer par une autre tourterelle, ou une autre colombe. Un second commandement divin déclarait tous les premiers-nés propriété du Seigneur, et prescrivait la manière de les racheter. Le prix de ce rachat était de cinq sicles, qui, au poids du sanctuaire, représentaient chacun vingt oboles. 556 Marie, fille d'Israël, avait enfanté; Jésus était son premier-né. Le respect dû à un tel enfantement, à un tel premier-né, permettait-il l'accomplissement de la loi ? Si Marie considérait les raisons qui avaient porté le Seigneur à obliger les mères à la purification, elle voyait clairement que cette loi n'avait point été faite pour elle. Quel rapport pouvait avoir avec les épouses des hommes, celle qui était le très pur sanctuaire de l'Esprit-Saint, Vierge dans la conception de son Fils, Vierge dans son ineffable enfantement; toujours chaste, mais plus chaste encore après avoir porté dans son sein et mis au monde le Dieu de toute sainteté? Si elle considérait la qualité sublime de son Fils, cette majesté du Créateur et du souverain Seigneur de toutes choses, qui avait daigné prendre naissance en elle, comment aurait-elle pu penser qu'un tel Fils était soumis à l'humiliation du rachat, comme un esclave qui ne s'appartient pas à lui-même ? Cependant, l'Esprit qui résidait en Marie lui révèle qu'elle doit accomplir cette double loi. Malgré son auguste qualité de Mère de Dieu, il faut qu'elle se mêle à la foule des mères des hommes, qui se rendent de toutes parts au Temple, pour y recouvrer, par un sacrifice, la pureté qu'elles ont perdue. En outre, ce Fils de Dieu et Fils de l'Homme doit être considéré en toutes choses comme un serviteur ; il faut qu'il soit racheté en cette humble qualité comme le dernier des enfants d'Israël. Marie adore profondément cette volonté suprême, et s'y soumet de toute la plénitude de son cœur. Les conseils du Très-Haut avaient arrêté que le Fils de Dieu ne serait déclaré à son peuple que par degrés. Après trente années de vie cachée à 557 Nazareth, où, comme le dit l'Evangéliste, il était réputé le fils de Joseph, un grand Prophète devait l'annoncer mystérieusement aux Juifs accourus au Jourdain, pour y recevoir le baptême de la pénitence. Bientôt ses propres œuvres, ses éclatants miracles, rendraient témoignage de lui. Après les ignominies de sa Passion, il ressusciterait glorieux, confirmant ainsi la vérité de ses prophéties, l'efficacité de son Sacrifice, enfin sa divinité. Jusque-là presque tous les hommes ignoreraient que la terre possédait son Sauveur et son Dieu. Les bergers de Bethléhem n'avaient point reçu l'ordre, comme plus tard les pêcheurs de Génésareth, d'aller porter la Parole jusqu'aux extrémités du monde ; les Mages, qui avaient paru tout à coup au milieu de Jérusalem, étaient retournés dans l'Orient, sans revoir cette ville qui s'était émue un instant de leur arrivée. Ces prodiges, d'une si sublime portée aux yeux de l'Eglise, depuis l'accomplissement de la mission de son divin Roi, n'avaient trouvé d'écho et de mémoire fidèle que dans le cœur de quelques vrais Israélites qui attendaient le salut d'un Messie humble et pauvre; la naissance même de Jésus à Bethléhem devait demeurer ignorée du plus grand nombre des Juifs; car les Prophètes avaient prédit qu'il serait appelé Nazaréen. Le même plan divin qui avait exigé que Marie fût l'épouse de Joseph, pour protéger, aux yeux du peuple, sa virginité féconde, demandait donc que cette très chaste Mère vînt comme les autres femmes d'Israël offrir le sacrifice de purification, pour la naissance du Fils qu'elle avait conçu par l'opération de l'Esprit-Saint, mais qui devait être présenté au temple comme le fils de Marie, épouse de Joseph. Ainsi, la souveraine Sagesse aime à 558 montrer que ses pensées ne sont point nos pensées, à déconcerter nos faibles conceptions, en attendant le jour où elle déchire les voiles et se montre à découvert à nos yeux éblouis. La volonté divine fut chère à Marie, en cette circonstance comme en toutes les autres. La Vierge ne pensa point agir contre l'honneur de son fils, ni contre le mérite glorieux de sa propre intégrité, en venant chercher une purification extérieure dont elle n'avait nul besoin. Elle fut, au Temple, la servante du Seigneur, comme elle l'avait été dans la maison de Nazareth, lors de la visite de l'Ange. Elle obéit à la loi, parce que les apparences la déclaraient sujette à la loi. Son Dieu et son Fils se soumettait au rachat comme le dernier des hommes ; il avait obéi à l'édit d'Auguste pour le dénombrement universel ; il devait « être obéissant jusqu'à la mort, et à la mort de la croix » : la Mère et l'Enfant s'humilièrent ensemble ; et l'orgueil de l'homme reçut en ce jour une des plus grandes leçons qui lui aient jamais été données. Quel admirable voyage que celui de Marie et de Joseph allant de Bethléhem à Jérusalem ! L'Enfant divin est dans les bras de sa mère ; elle le tient sur son cœur durant tout le cours de cette route fortunée. Le ciel, la terre, la nature tout entière, sont sanctifiés par la douce présence de leur miséricordieux créateur. Les hommes au milieu desquels passe cette mère chargée de son tendre fruit la considèrent, les uns avec indifférence, les autres avec intérêt ; mais nul d'entre eux ne pénètre encore le mystère qui doit les sauver tous. Joseph est porteur de l'humble offrande que la mère doit présenter au prêtre. Leur pauvreté ne leur permet pas d'acheter un agneau; et d'ailleurs 559 n'est-il pas l'Agneau de Dieu qui efface les péchés du monde, ce céleste Enfant que Marie tient dans ses bras ? La loi a désigné la tourterelle ou la colombe pour suppléer l'offrande qu'une mère indigente ne pourrait présenter : innocents oiseaux, dont le premier figure la chasteté et la fidélité, et dont le second est le symbole de la simplicité et de l'innocence. Joseph porte aussi les cinq sicles, prix du rachat du premier-né; car il est vraiment le Premier-né, cet unique fils de Marie, qui a daigné faire de nous ses frères, et nous rendre participants de la nature divine, en adoptant la nôtre. Enfin, cette sainte et sublime famille est entrée dans Jérusalem. Le nom de cette ville sacrée signifie vision de paix ; et le Sauveur vient par sa présence lui offrir la paix. Admirons une magnifique progression dans les noms des trois villes auxquelles se rattache la vie mortelle du Rédempteur. Il est conçu à Nazareth, qui signifie la fleur; car il est, comme il le dit au Cantique, la fleur des champs et le lis des vallons ; et sa divine odeur nous réjouit. Il naît à Bethléhem, la maison du pain, afin d'être la nourriture de nos âmes. Il est offert en sacrifice sur la croix à Jérusalem, et par son sang, il rétablit la paix entre le ciel et la terre, la paix entre les hommes, la paix dans nos âmes. Dans cette journée, comme nous le verrons bientôt, il va donner les arrhes de cette paix. Pendant que Marie portant son divin fardeau monte, Arche vivante, les degrés du Temple, soyons attentifs ; car une des plus fameuses prophéties s'accomplit, un des principaux caractères du Messie se déclare. Conçu d'une Vierge, né en Bethléhem, ainsi qu'il était prédit, Jésus, en franchissant le seuil du Temple, acquiert un nouveau titre à nos adorations. 560 Cet édifice n'est plus le célèbre Temple de Salomon, qui devint la proie des flammes aux jours de la captivité de Juda. C'est le second Temple bâti au retour de Babylone, et dont la splendeur n'a point atteint la magnificence de l'ancien. Avant la fin du siècle, il doit être renversé pour la seconde fois ; et la parole du Seigneur sera engagée à ce qu'il n'y demeure pas pierre sur pierre. Or, le Prophète Aggée, pour consoler les Juifs revenus de l'exil, qui se lamentaient sur leur impuissance à élever au Seigneur une maison comparable à celle qu'avait édifiée Salomon, leur a dit ces paroles, et elles doivent servir à fixer l'époque de la venue du Messie: « Prends courage, Zorobabel, dit le Seigneur; prends courage, Jésus, fils de Josedec, souverain Prêtre; prends courage, peuple de cette contrée; car voici ce que dit le Seigneur : Encore un peu de temps et j'ébranlerai le ciel et la terre, et j’ébranlerai toutes les nations ; et le Désiré de toutes les nations viendra ; et je remplirai de gloire cette maison. La gloire de cette seconde maison sera plus grande que ne le fut celle de la première; et dans ce lieu je donnerai la paix, dit le Seigneur des armées. » L'heure est arrivée de l'accomplissement de cet oracle. L'Emmanuel est sorti de son repos de Bethléhem, il s'est produit au grand jour, il est venu prendre possession de sa maison terrestre ; et par sa seule présence dans l'enceinte du second Temple, il en élève tout d'un coup la gloire au-dessus de la gloire dont avait paru environné celui de Salomon. Il doit le visiter plusieurs fois encore ; mais cette entrée qu'il y fait aujourd'hui, porté sur les bras de sa mère, suffit à accomplir la prophétie; dès maintenant, les ombres et les 561 figures que renfermait ce Temple commencent à s'évanouir aux rayons du Soleil de la vérité et de la justice. Le sang des victimes teindra encore, quelques années, les cornes de l'autel; mais au milieu de toutes ces victimes égorgées, hosties impuissantes, s'avance déjà l'Enfant qui porte dans ses veines le sang de la Rédemption du monde. Parmi ce concours de sacrificateurs, au sein de cette foule d'enfants d'Israël qui se presse dans les diverses enceintes du Temple, plusieurs attendent le Libérateur, et savent que l'heure de sa manifestation approche; mais aucun d'eux ne sait encore qu'en ce moment même le Messie attendu vient d'entrer dans la maison de Dieu. Cependant un si grand événement ne devait pas s'accomplir sans que l'Eternel opérât une nouvelle merveille. Les bergers avaient été appelés par l'Ange, l'étoile avait attiré les Mages d'Orient en Bethléhem ; l'Esprit-Saint suscite lui-même à l'Enfant divin un témoignage nouveau et inattendu. Un vieillard vivait à Jérusalem, et sa vie touchait au dernier terme ; mais cet homme de désirs, nommé Siméon, n'avait point laissé languir dans son cœur l'attente du Messie. Il sentait que les temps étaient accomplis ; et pour prix de son espérance, l'Esprit-Saint lui avait fait connaître que ses yeux ne se fermeraient pas avant qu'ils eussent vu la Lumière divine se lever sur le monde. Au moment où Marie et Joseph montaient les degrés du Temple, portant vers l'autel l'Enfant de la promesse, Siméon se sent poussé intérieurement par la force irrésistible de l'Esprit divin ; il sort de sa maison, il dirige vers la demeure sacrée ses pas chancelants, mais soutenus par l'ardeur de ses désirs. Sur le seuil de la maison de Dieu, 562 parmi les mères qui s'y pressent chargées de leurs enfants, ses yeux inspirés ont bientôt reconnu la Vierge féconde prophétisée par Isaïe ; et son cœur vole vers l'Enfant qu'elle tient dans ses bras. Marie, instruite par le même Esprit, laisse approcher le vieillard ; elle dépose dans ses bras tremblants le cher objet de son amour, l'espoir du salut de la terre. Heureux Siméon, figure de l'ancien monde vieilli dans l'attente et près de succomber ! A peine a-t-il reçu le doux fruit de la vie, que sa jeunesse se renouvelle comme celle de l'aigle ; en lui s'accomplit la transformation qui doit se réaliser dans la race humaine. Sa bouche s'ouvre, sa voix retentit, il rend témoignage comme les bergers dans la région de Bethléhem, comme les Mages au sein de l'Orient. « O Dieu ! dit-il, mes yeux ont donc vu le Sauveur que vous prépariez ! Elle luit enfin, cette Lumière qui doit éclairer les Gentils, et faire la gloire de votre peuple d'Israël. » Tout à coup survient, attirée aussi par le mouvement du divin Esprit, la pieuse Anne, fille de Phanuel, illustre par sa piété et vénérable à tout le peuple par son grand âge. Les deux vieillards, représentants de la société antique, unissent leurs voix, et célèbrent l'avènement fortuné de l'Enfant qui vient renouveler la face de la terre, et la miséricorde de Jéhovah qui, selon la prophétie d'Aggée, dans ce lieu, au sein même du second Temple, donne enfin la paix au monde. C'est dans cette paix tant désirée que va s'endormir Siméon. Vous laisserez donc partir dans la paix votre serviteur, selon votre parole, Seigneur ! dit le vieillard ; et bientôt son âme, dégagée des liens du corps, va porter aux élus qui reposent dans le sein d'Abraham la nouvelle de la 563 paix qui apparaît sur la terre, et leur ouvrira bientôt les cieux. Anne survivra quelques jours encore à cette grande scène ; elle doit, comme nous l'apprend î'Evangéliste, annoncer l'accomplissement des promesses aux Juifs spirituels qui attendaient la Rédemption d'Israël. Une semence devait être confiée à la terre ; les bergers, les Mages, Siméon, Anne, l'ont jetée ; elle lèvera en son temps : et quand les années d'obscurité que le Messie doit passer dans Nazareth seront écoulées, quand il viendra pour la moisson, il dira à ses disciples : Voyez comme le froment blanchit à maturité sur les guérets : priez donc le maître de la moisson d'envoyer des ouvriers pour la récolte. Le fortuné vieillard rend donc aux bras de la très pure Mère le Fils qu'elle va offrir au Seigneur. Les oiseaux mystérieux sont présentés au prêtre qui les sacrifie sur l'autel, le prix du rachat est versé, l'obéissance parfaite est accomplie ; et après avoir rendu ses hommages au Seigneur dans cet asile sacré à l'ombre duquel s'écoulèrent ses premières années, Marie toujours Vierge, pressant sur son cœur le divin Emmanuel, et accompagnée de son fidèle époux, descend les degrés du Temple. Tel est le mystère du quarantième jour, qui ferme la série des jours du Temps de Noël, par cette admirable fête de la Purification de la très sainte Vierge. De savants hommes, au nombre desquels on compte le docte Henschenius, dont Benoît XIV partage le sentiment, inclinent à donner une origine apostolique à cette solennité ; il est certain du moins qu'elle était déjà ancienne au cinquième siècle. L'Eglise Grecque et l'Eglise de Milan mettent cette fête au nombre des solennités de Notre-Seigneur; 564 mais l'Eglise Romaine Fa toujours comptée entre les fêtes de la sainte Vierge. Sans doute, l'Enfant Jésus est offert aujourd'hui dans le Temple et racheté ; mais c'est à l'occasion de la Purification de Marie, dont cette offrande et ce rachat sont comme la conséquence. Les plus anciens Martyrologes et Calendriers de l'Occident donnent cette fête sous le titre qu'elle conserve aujourd'hui ; et la gloire du Fils, loin d'être obscurcie par les honneurs que l'Eglise rend à la Mère, en reçoit un nouvel accroissement, puisque lui seul est le principe de toutes les grandeurs que nous révérons en elle. LES PREMIERES VEPRES DE LA PURIFICATION.La sainte Eglise chante dans cet Office, pour la L, dernière fois, les célèbres Antiennes de l'Octave de Noël, qui célèbrent le grand Mystère de l'Incarnation du Verbe et la fécondité de la Vierge. 1. Ant.
O commerce amirable!
le Créateur du genre humain, prenant un corps et une âme,
a daigné naître de la Vierge ; et nomme sans le concours de l'homme, il nous a
fait part de sa Divinité. Psaume CIX. Dixit Dominus, page 67. 2. Ant.
Quand vous naquîtes ineffablement d'une Vierge, alors s'accomplirent les
Ecritures ; comme la rosée sur la toison, vous descendîtes pour sauver le genre
humain : nous vous louons, ô notre Dieu ! Psaume CXII. Laudate pueri, page 71 3. Ant.
Le buisson enflammé, mais non consumé, qui apparut à Moïse, nous l'avons
reconnu dans votre virginité admirablement conservée: Mère de Dieu, intercédez
pour nous. Psaume CXXI. Laetatus sum, ci-après, page 590. 4. Ant.
La tige de Jessé a fleuri ; l'étoile est sortie de
Jacob ; la Vierge a enfanté le Sauveur : nous vous louons, ô notre Dieu ! Psaume CXXVI. Nisi Dominus, ci-après,page 591. 5. Ant.
Voici que Marie a enfanté le Sauveur, à la vue duquel Jean s'est écrié: Voici
l'Agneau de Dieu ; voici Celui qui ôte les péchés du monde, alleluia. Psaume CXLVII. Lauda Jérusalem, ci-après, page 592. Le Capitule est la prophétie de Malachie annonçant la venue du souverain Seigneur , de l'Ange de l'Alliance, qui vient visiter son Temple, oracle qui s'accomplit aujourd'hui. 566 CAPITULE. (Malach. III.)Voici que j'envoie mon Ange précurseur,
et il préparera la voie devant ma Face. Et aussitôt viendra à son saint Temple
le Dominateur que vous cherchez, et l'Ange de l'Alliance que vous désirez. HYMNE.Salut, astre des mers, Mère de Dieu féconde, Salut, ô toujours Vierge, Porte heureuse du ciel! Vous qui de Gabriel Avez reçu l’Ave, Fondez-nous dans la paix, Changeant le nom d'Eva. Délivrez les captifs, Eclairez les aveugles, Chassez loin tous nos maux, Demandez tous les biens. Montrez en vous la Mère, Vous-même offrez nos vœux Au Dieu qui, né pour nous, Voulut naître de vous. O Vierge incomparable, Vierge douce entre toutes ! Affranchis du péché, Rendez-nous doux et chastes Donnez vie innocente, Et sûr pèlerinage, Pour qu'un jour soit Jésus Notre liesse à tous. Louange à Dieu le Père, Gloire au Christ souverain ; Louange au Saint-Esprit; Aux trois un seul hommage. Amen. V/. Il avait été révélé à Siméon
parle Saint-Esprit, R/. Qu'il ne mourrait point
sans avoir vu le Christ du Seigneur. ANTIENNE DE Magnificat.Ant. Le vieillard portait l'Enfant ; mais l'Enfant
conduisait le vieillard ; vierge dans l'enfantement comme après l'enfantement,
la Vierge a adoré Celui qu'elle a mis au monde. ORAISON.Dieu tout-puissant et
éternel, faites, nous vous en supplions humblement, que comme votre Fils unique
a été présenté aujourd'hui dans le Temple, avec la substance de notre chair,
nous vous soyons aussi présentés avec la pureté de nos âmes. Par le même
Jésus-Christ notre Seigneur. Amen. 568 A TIERCE.L’ Hymne et les trois Psaumes dont se compose l'Office de Tierce se trouvent ci-dessus, pages 5o-55. Ant. Il avait été
révélé à Siméon par le Saint-Esprit
qu'il ne mourrait point avant d'avoir vu le Seigneur. CAPITULE. (Malach. III.)Voici que j'envoie mon Ange,
et il préparera la voie devant ma face. Et aussitôt viendra à son saint Temple
le Dominateur que vous cherchez, et l'Ange de l'Alliance que vous désirez. R/. Dans votre éclat, * Et
votre beauté. Dans votre éclat. V/. Avancez, triomphez et
régnez. * Dans votre beauté. Gloire au Père. Dans votre éclat. V/. Le Seigneur la protégera
de son regard. R/. Dieu est au milieu
d'elle; elle ne sera point ébranlée. Pour conclure, on dit l'Oraison Omnipotens, ci-après, à la Messe, page 58o. 569 LA BÉNÉDICTION DES CIERGES.Après l'Office de Tierce, l'Eglise pratique, en ce jour, la bénédiction solennelle des Cierges, que l'on compte pour une des trois principales qui ont lieu dans le cours de l'année : les deux autres sont celle des Cendres et celle des Rameaux. L'intention de cette cérémonie se rapporte au jour même de la Purification de la sainte Vierge; en sorte que si l'un des Dimanches de Septuagésime, de Sexagésime, ou de Quinquagésime, tombe le deux février, la fête est remise au lendemain ; mais la bénédiction des Cierges, et la Procession qui en est le complément, demeurent fixes au deux février. Afin de réunir sous un même rite les trois grandes Bénédictions dont nous parlons, l'Eglise a ordonné, pour celle des Cierges, l'usage de la même couleur violette qu'elle emploie dans la bénédiction des Cendres et dans celle des Rameaux ; en sorte que cette solennelle fonction, qui sert à marquer d'une manière inviolable le jour auquel s'est accomplie la Purification de Marie, doit s'exécuter tous les ans, le deux février, sans qu'il soit dérogé à la couleur prescrite pour les trois Dimanches dont nous venons de parler. L'origine de cette cérémonie est assez difficile à assigner d'une manière précise. Selon Baronius, Thomassin, Baillet, etc., elle aurait été instituée, vers la fin du V° siècle, par le Pape saint Gélase, pour donner un sens chrétien aux restes de l'antique fête des Lupercales, dont le peuple de Rome avait encore retenu quelques usages superstitieux. Il est du moins certain que saint Gélase abolit, à 570 cette époque, les derniers vestiges de la fête des Lupercales qui, comme l'on sait, était célébrée au mois de février, dans les siècles du paganisme. Innocent III, dans un de ses Sermons sur la fête de la Purification, enseigne que l'attribution de la cérémonie des Cierges au deux février est due à la sagesse des Pontifes romains, lesquels auraient appliqué au culte de la sainte Vierge les restes d'un usage religieux des anciens Romains, qui allumaient des flambeaux en mémoire des torches à la lueur desquelles Cérès avait, selon la fable, parcouru les sommets de l'Etna, cherchant sa fille Proserpine enlevée par Pluton ; mais on ne trouve pas de fête en l'honneur de Cérès, au mois de février, sur le Calendrier des anciens Romains. Il nous semble donc plus exact d'adopter le sentiment de D. Hugues Ménard, Rocca, Henschenius et Benoît XIV, qui tiennent que la fête antique connue en février sous le nom d'Amburbalia, et dans laquelle les païens parcouraient la ville en portant des flambeaux, a donné occasion aux Souverains Pontifes de lui substituer un rite chrétien qu'ils ont uni à la célébration de la fête dans laquelle le Christ, Lumière du monde, est présenté au Temple par la Vierge-mère. Le mystère de cette cérémonie a été fréquemment expliqué par les liturgistes depuis le VII° siècle. Selon saint Ives de Chartres , dans son deuxième Sermon sur la fête d'aujourd'hui, la cire des cierges, formée du suc des fleurs par les abeilles, que l'antiquité a toujours considérées comme un type de la virginité, signifie la chair virginale du divin Enfant, lequel n'a point altéré, dans sa conception ni dans sa naissance, l'intégrité de Marie. Dans la flamme du cierge, le saint Evêque nous apprend à voir le symbole du Christ qui est 571 venu illuminer nos ténèbres. Saint Anselme, dans ses Enarrations sur saint Luc, développant le même mystère, nous dit qu'il y a trois choses à considérer dans le Cierge : la cire, la mèche et la flamme. La cire, dit-il, ouvrage de l'abeille virginale, est la chair du Christ ; la mèche, qui est intérieure, est l'âme ; la flamme, qui brille en la partie supérieure, est la divinité. Autrefois, les fidèles s'empressaient d'apporter eux-mêmes des cierges à l'Eglise, le jour de la Purification, afin qu'ils fussent bénis avec ceux que les prêtres et les ministres portent à la Procession ; cet usage est encore observé en beaucoup de lieux. Il est à désirer que les Pasteurs des âmes recommandent fortement cette coutume, et qu'ils la rétablissent ou la soutiennent partout où il est besoin. Tant d'efforts que l'on a faits pour ruiner, ou du moins pour appauvrir le culte extérieur, ont amené insensiblement le plus triste affaiblissement du sentiment religieux, dont l'Eglise possède seule la source dans la Liturgie. Il est nécessaire aussi que les fidèles sachent que les cierges bénis au jour de la Chandeleur, car tel est le nom populaire de la fête de la Purification, emprunté à la cérémonie même dont nous parlons ; que ces cierges, disons-nous, sont bénis, non seulement pour servir à la Procession, mais encore pour l'usage des chrétiens qui, en les gardant avec respect dans leurs maisons, en les portant avec eux, tant sur la terre que sur les eaux, comme dit l'Eglise, attirent des bénédictions particulières du ciel. On doit allumer aussi ces cierges de la Chandeleur auprès du lit des mourants, comme un souvenir de l'immortalité que le Christ nous a méritée, et comme un signe de la protection de Marie. 572 Tout étant préparé, le prêtre commence la cérémonie de la Bénédiction des Cierges. V/. Le Seigneur soit avec
vous ; R/. Et avec votre esprit. PRIONS.Seigneur saint, Père
tout-puissant. Dieu éternel, qui avez créé toutes choses du néant, et avez
ordonné que la cire confectionnée par les abeilles devînt propre à former les cierges,
et qui, aujourd'hui, avez accordé la demande du juste Siméon: nous vous prions
humblement de daigner bénir et sanctifier, par l'invocation de votre saint Nom,
et par l'intercession de la bienheureuse Marie toujours Vierge, dont nous
célébrons dévotement la fête, et par les prières de tous vos Saints, ces
cierges, pour l'usage des hommes, et pour la santé des corps et des âmes, soit
sur la terre, soit sur les eaux; exaucez du ciel, votre sanctuaire, et du trône
de votre Majesté, les voix de votre peuple ici présent, qui désire les porter
honorablement dans ses mains, et vous louer par ses chants ; enfin soyez
propice à tous ceux qui vous implorent, puisque vous les avez rachetés par le
précieux sang de votre Fils qui, étant Dieu, vit et règne avec vous, en l'unité
du Saint-Esprit, dans tous les siècles des siècles. Amen. PRIONS.Dieu tout-puissant et
éternel, qui avez voulu que votre Fils unique, présenté aujourd'hui dans votre
Temple, fût reçu sur les bras de saint Siméon : nous supplions votre clémence
de bénir, de sanctifier, et d'allumer au feu de la céleste bénédiction, ces
cierges que nous, vos serviteurs, désirons porter allumés, après les avoir
reçus pour la gloire de votre saint Nom ; afin que, les offrant à vous, notre
Dieu et Seigneur, rendus dignes et enflammés du feu sacré de votre très douce
charité, nous méritions d'être présentés dans le Temple saint de votre gloire.
Par le même Jésus-Christ notre Seigneur. Amen. PRIONS.Seigneur Jésus-Christ, vraie
lumière qui illuminez tout homme venant en ce monde, répandez votre bénédiction
sur ces cierges, et sanctifiez-les de la lumière de votre grâce ; et de même
que ces luminaires, allumés à un feu visible, chassent les ténèbres, daignez
faire que nos cœurs, illuminés d'un feu invisible, c'est-à-dire de la splendeur
du Saint-Esprit, soient délivrés de l'aveuglement de tous les vices, afin que
l'œil de notre âme étant purifié, nous puissions voir les choses qui vous sont
agréables et utiles à notre salut, et mériter, après les ombres et les dangers
de ce siècle, d'arriver à Ta lumière qui ne s'éteint jamais: par vous, ô
Jésus-Christ, Sauveur du monde, qui, dans la Trinité parfaite, vivez et régnez Dieu,
dans tous les siècles des siècles. Amen. PRIONS.Dieu tout-puissant et
éternel, qui avez fait préparer par Moïse, votre serviteur,une
très pure liqueur d'huile pour fournir au luminaire qui devait brûler
continuellement devant votre Majesté : daignez répandre la grâce de votre
bénédiction sur ces cierges, afin que pendant qu'ils nous donneront la lumière
extérieure, la lumière de votre Esprit soit octroyée par vous intérieurement à
notre âme. Par notre Seigneur Jésus-Christ, votre Fils, qui, étant Dieu, vit et
règne avec vous en l'unité du même Saint-Esprit, dans tous les siècles des
siècles. Amen. 575 PRIONS.Seigneur Jésus-Christ, qui,
apparaissant aujourd'hui au milieu des hommes, dans la substance de notre
chair, avez été présenté au Temple par vos parents ; vous, que le vénérable
vieillard Siméon,tout rayonnant de la lumière de votre Esprit, a reconnu, a
reçu et a béni : faites que nous aussi, illuminés et instruits par la lumière
du même Saint-Esprit, nous vous reconnaissions avec vérité, et vous aimions
avec fidélité : vous qui , étant Dieu, vivez et régnez avec Dieu le Père, en unité
du même Saint-Esprit , dans tous les siècles des siècles. Amen. Après ces Oraisons, le Célébrant asperge d'eau bénite et encense les Cierges ; on procède ensuite à leur distribution. A ce moment, l'Eglise, émue à la vue des symboles glorieux qui lui rappellent les caractères de l'Emmanuel, s'unit aux transports du vieillard Siméon, qui, tenant en ses bras l'Enfant de la Vierge, le proclama la Lumière des nations. Elle emprunte son beau Cantique, répétant après chaque Verset une Antienne formée des dernières paroles dont il se compose. Ant. Il sera la Lumière qui éclairera les nations, et la gloire de
votre peuple d'Israël. 576 CANTIQUE DE SIMÉON.C'est maintenant, Seigneur,
que vous laisserez aller en paix votre serviteur, selon votre parole. Ant. Il sera la Lumière qui éclairera les nations, et la
gloire de votre peuple d'Israël. Parce que mes yeux ont vu
votre Salut. Ant. Il sera la Lumière qui éclairera les nations, et la
gloire de votre peuple d'Israël. Que vous avez destiné à être
exposé aux regards de tous les peuples. Ant. Il sera la Lumière qui éclairera les nations, et la
gloire de votre peuple d'Israël. Gloire au Père, et au Fils,
et au Saint-Esprit. Ant. Il sera la Lumière qui éclairera les nations, et la
gloire de votre peuple d'Israël. Comme il était au
commencement, et maintenant, et toujours, et dans les siècles des siècles.
Amen. Ant. Il sera la Lumière qui éclairera les nations, et la
gloire de votre peuple d'Israël. La bénédiction et la distribution des Cierges se terminent par l'Oraison suivante : PRIONSDAIGNEZ exaucer votre peuple
Seigneur, et opérer intérieurement dans nos âmes, par la Lumière de votre
grâce, les mystères que vous accordez a notre piété de
célébrer extérieurement, chaque année. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen. LA PROCESSION DES CIERGES.Remplie d'allégresse, illuminée de ces feux mystérieux, entraînée, comme Siméon, par le mouvement de l'Esprit-Saint, la sainte Eglise se met en marche pour aller à la rencontre de l'Emmanuel . C'est cette rencontre sublime que l'Eglise Grecque, dans sa Liturgie, désigne sous le nom d'Hjyapante, et dont elle a fait l'appellation de la fête d'aujourd'hui. L'Eglise veut imiter la merveilleuse procession qui eut lieu en ce moment même dans le Temple de Jérusalem, et que saint Bernard célèbre ainsi, dans son premier Sermon pour la Fête de la Purification de Notre-Dame : « Aujourd'hui la Vierge-mère introduit le Seigneur du Temple dans le Temple du Seigneur ; Joseph présente au Seigneur, non un fils qui soit le sien, mais le Fils bien-aimé du Seigneur, dans lequel il a mis ses complaisances. Le juste reconnaît Celui qu'il attendait; la veuve-Anne l'exalte dans ses louanges. Ces quatre personnes ont célébré pour la première fois la Procession d'aujourd'hui, qui, dans la suite, devait être solennisée dans l'allégresse de la terre entière, en tous lieux, et par toutes les nations. Ne nous a étonnons pas que cette Procession ait été si petite; car Celui qu'on y recevait s'était fait petit. Aucun pécheur n'y parut: tous étaient justes, saints et parfaits. » Marchons néanmoins sur leurs traces. Allons au-devant de l'Epoux, comme les Vierges sages, portant dans nos mains des lampes allumées au feu de la charité. Souvenons-nous du conseil que nous donne le Sauveur lui-même : « Que vos reins soient ceints comme ceux des voyageurs ; tenez dans vos mains des flambeaux allumés et soyez semblables à ceux qui attendent leur Seigneur. » (Luc. XII, 35). Conduits par la foi, éclairés par l'amour, nous le rencontrerons, nous le reconnaîtrons, et il se donnera à nous. La sainte Eglise ouvre les chants de cette Procession par l'Antienne suivante, qui se trouve mot à mot dans la Liturgie Grecque, en cette même Fête : Ant. Décore ta chambre nuptiale, ô Sion ! et reçois le Christ Roi : accueille avec amour Marie, qui
est la porte du ciel ; car elle tient dans ses bras le Roi de gloire, Celui qui
est la Lumière nouvelle. La Vierge s'arrête, présentant son Fils engendré avant
l'aurore ; Siméon le reçoit dans ses bras, et annonce aux peuples qu'il est le
maître de la vie et de la mort, et le Sauveur du monde. On ajoute l'Antienne suivante, tirée de l'Evangile, et dans laquelle est racontée la mystérieuse rencontre du vieillard Siméon : Ant. Siméon avait appris de l'Esprit-Saint
qu'il ne mourrait pas sans voir le Christ du Seigneur ; et au moment où
l'Enfant était introduit dans le Temple, il le prit dans ses bras, et bénissant
Dieu, il dit : C'est maintenant, Seigneur, que vous laisserez aller en paix
votre serviteur. V/. Comme les parents de
Jésus le présentaient, pour remplir à son égard la coutume de la Loi, il le
prit dans ses bras. En rentrant dans l'Eglise, le chœur chante le Répons suivant: R/. Ils offrirent pour lui au
Seigneur deux tourterelles, ou deux petits de colombes : * Selon qu'il est
écrit dans la Loi du Seigneur. V/. Les jours de la
Purification de Marie étant remplis, selon la loi de Moïse, ils le portèrent à
Jérusalem pour le présenter au Seigneur : * Selon qu'il est écrit dans la Loi
du Seigneur. Gloire au Père. * Selon qu'il est écrit. La Procession étant terminée, le Célébrant et les ministres déposent les ornements violets, et en revêtent de blancs pour la Messe solennelle de la Purification de Notre-Dame. Si cependant on était à l'un des trois Dimanches de Septuagésime, de Sexagésime ou de Quinquagésime, la Messe de la fête serait, comme nous l'avons dit, remise au lendemain. 580 A LA MESSE.Dans l'Introït, l'Eglise chante la gloire du Temple visité aujourd'hui par l'Emmanuel. Aujourd'hui, le Seigneur est grand dans la Cité de David, sur la montagne de Sion. Siméon, figure du genre humain, reçoit dans ses bras Celui qui est la miséricorde que Dieu nous envoie. INTROÏT.Nous avons reçu, ô Dieu,
votre miséricorde, au milieu de votre Temple. Comme votre Nom, ô Dieu ! ainsi votre gloire s'étend jusqu'aux extrémités de la terre
: votre droite est pleine de justice. Ps. Le Seigneur est grand et digne de toute louange, en
la Cité de notre Dieu, sur sa Montagne sainte. Gloire au Père. Nous avons reçu. Dans la Collecte, l'Eglise demande pour ses enfants la grâce d'être présentés eux-mêmes au Seigneur, comme l'a été l'Emmanuel; mais, afin qu'ils soient reçus favorablement par sa Majesté toute sainte, elle implore pour eux la pureté du cœur. COLLECTE.Dieu tout-puissant et
éternel, faites, nous vous en supplions humblement, que comme votre Fils unique
a été présenté aujourd'hui dans le Temple, avec la substance de notre chair,
nous vous soyons aussi présentes avec la pureté de l’âme. Par le même
Jésus-Christ notre Seigneur. Amen. ÉPÎTRE.Lecture du Prophète Malachie. CHAP. III. Le Seigneur Dieu dit : Voici
que j'envoie mon Ange ; et il préparera la voie devant ma face : et aussitôt
viendra à son Temple le Dominateur que vous cherchez, et l'Ange de l'Alliance
que vous désirez. Voici qu'il vient, dit le Seigneur des armées : et qui pourra
seulement penser au jour de son avènement ; ou qui pourra en soutenir la vue?
Car il sera comme le feu qui purifie les métaux, et comme l'herbe dont les foulons
se servent. Il s'asseyera comme un homme qui fait
fondre et qui épure l'argent, et il purifiera les enfants de Lévi, et il les
rendra purs comme l'or et l'argent qui ont passé par le feu, et ils offriront
des sacrifices au Seigneur dans la justice. Et le sacrifice de Juda et de
Jérusalem sera agréable au Seigneur, comme l'ont été ceux des siècles passés et
des années anciennes. Ainsi parle le Seigneur tout-puissant. Tous les Mystères de l'Homme-Dieu ont pour objet la purification de nos cœurs. Il envoie son 582 Ange, son Précurseur, devant sa face, pour préparer la voie ; et Jean nous criait du fond du désert : Abaissez les collines, comblez les vallées. Il vient enfin lui-même, l'Ange, l'Envoyé par excellence, sceller l'alliance avec nous ; il vient à son Temple ; et ce temple est notre cœur. Mais il est semblable à un feu ardent qui fond et épure les métaux. Il veut nous renouveler, en nous rendant purs, afin que nous devenions dignes de lui être offerts, et d'être offerts avec lui, dans un Sacrifice parfait. Nous ne devons donc pas nous contenter d'admirer de si hautes merveilles, mais comprendre qu'elles ne nous sont montrées que pour opérer en nous la destruction de l'homme ancien, et la création de l'homme nouveau. Nous avons dû naître avec Jésus-Christ ; cette nouvelle naissance est déjà à son quarantième jour. Aujourd'hui il nous faut être présentés avec lui par Marie, qui est aussi notre Mère, à la Majesté divine. L'instant du Sacrifice approche; préparons une dernière fois nos âmes. Dans le Graduel, l'Eglise célèbre de nouveau la Miséricorde qui a apparu dans le Temple de Jérusalem, et qui va bientôt se manifester avec plus de plénitude encore dans l'offrande du grand Sacrifice. GRADUEL.Nous avons reçu, ô Dieu ! votre miséricorde, au milieu de votre Temple; comme votre
Nom, ô Dieu! ainsi votre gloire s'étend jusqu'aux extrémités
de la terre. V/. Ce qui nous a été annoncé,
nous l'avons vu dans la Cité de notre Dieu, sur sa Montagne sainte. Alleluia, alleluia. V/. Le vieillard portait l'Enfant
; mais l'Enfant conduisait le vieillard. Alleluia. Si l'on est déjà dans le temps de la Septuagésime, l'Eglise chante, en place de l'Alleluia, le Trait suivant composé tout entier des paroles du vieillard Siméon. TRAIT.C'est maintenant, Seigneur,
que vous laisserez aller en paix votre serviteur, selon votre parole ; V/. Parce que mes yeux ont vu
votre Salut, V/. Que vous avez destiné à
être exposé aux regards de tous les peuples, V/. Pour être la Lumière qui
éclairera les nations, et la gloire de votre peuple d'Israël. EVANGILE.La suite du saint Evangile selon saint Luc. CHAP. II. En ce temps-là, quand les
jours de la Purification de Marie, selon la Loi de Moïse, furent accomplis, ils
portèrent Jésus à Jérusalem, pour le présenter au Seigneur, comme il est écrit
dans la Loi du Seigneur : Tout mâle premier-né sera consacré au Seigneur ; et
pour offrir en sacrifice, comme l'ordonne la Loi du Seigneur, deux
tourterelles, ou deux petits de colombes. Or, il y avait à Jérusalem un homme
appelé Siméon;et cet homme juste et craignant Dieu
attendait la consolation d'Israël ; et le Saint-Esprit était en lui. Et il lui
avait été révélé par le Saint-Esprit qu'il ne verrait point la mort sans voir auparavant
le Christ du Seigneur. Et par un mouvement de l'Esprit, il vint au Temple. Et
comme les parents de Jésus l'y apportaient, afin d'accomplir pour l’Enfant ce
qui était en usage selon la Loi, Siméon le prit dans ses bras, et il bénit
Dieu, et il dit : « C'est maintenant, Seigneur,que vous laisserez aller en paix
votre serviteur, selon votre parole ; parce que mes yeux ont vu le Sauveur que
vous avez destiné à être exposé aux regards de tous les peuples, pour être la
Lumière qui éclairera les nations, et la gloire de votre peuple d'Israël. » L'esprit divin nous a conduits au Temple comme Siméon; et nous y contemplons en ce moment la Vierge-mère, présentant à l'autel le Fils de Dieu et le sien. Nous admirons cette fidélité à la Loi dans le Fils et dans la Mère, et nous sentons au fond de nos coeurs le désir d'être présentés à notre tour au grand Dieu qui acceptera notre hommage, comme il a reçu celui de son Fils. 585 Hâtons-nous donc de mettre nos sentiments en rapport avec ceux du Cœur de Jésus, avec ceux qui s'élèvent du Cœur de Marie. Le salut du monde a fait un pas dans cette grande journée; que l'œuvre de notre sanctification avance donc aussi. Désormais, le mystère du Dieu Enfant ne nous sera plus offert par l'Eglise comme l'objet spécial de notre religion; la douce quarantaine de Noël touche à son terme ; il nous faut suivre maintenant l'Emmanuel dans ses luttes contre nos ennemis. Attachons-nous à ses pas; courons à sa suite comme Siméon, et marchons sans relâche sur les traces de Celui qui est notre Lumière ; aimons cette Lumière, et obtenons par notre fidélité empressée qu'elle luise toujours sur nous. Pendant l'Offrande, la sainte
Eglise célèbre la grâce que le Seigneur a mise sur les lèvres de Marie, et les
faveurs répandues sur celle que l'Ange a appelée Bénie entre toutes les
femmes. OFFERTOIRE.La grâce est répandue sur vos
lèvres ; c'est pourquoi Dieu vous a bénie pour 1 éternité, et pour les siècles
des siècles. SECRETE.Exaucez nos prières, Seigneur
; et afin que les dons que nous offrons soient dignes des regards de votre
Majesté, accordez-nous le secours de votre miséricorde. Par Jésus-Christ notre
Seigneur. En distribuant le Pain de vie, le fruit de Bethléhem qui a été présenté sur l'autel, et a racheté toutes nos iniquités, la sainte Eglise rappelle encore aux fidèles les sentiments du pieux vieillard. Mais, dans le Mystère d'amour, nous ne recevons pas seulement entre nos bras, comme Siméon, Celui qui est la consolation d'Israël; c'est notre cœur même qu'il visite, et dans lequel il vient prendre son habitation. COMMUNION.Il avait été révélé à Siméon
par le Saint-Esprit, qu'il ne mourrait point avant d'avoir vu le Christ du Seigneur. Demandons avec l'Eglise, dans la Postcommunion, que le remède céleste de notre régénération ne produise pas seulement un secours passager dans nos âmes, mais que, par notre fidélité, ses fruits s'étendent jusqu'à la vie éternelle. POSTCOMMUNION.Nous vous supplions, Seigneur
notre Dieu, de faire que ces saints et sacrés Mystères que vous nous avez
donnés pour notre défense et notre régénération, nous soient, par
l'intercession de la bienheureuse Marie toujours Vierge, un remède salutaire
pour le présent et pour l'avenir. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen. 587 A SEXTE.L'Hymne et les trois Psaumes dont se compose l'Office de Sexte se trouvent ci-dessus, pages 56-60. Ant. Siméon, prenant l'Enfant dans ses bras, rendit grâces
et bénit le Seigneur. CAPITULE. (Malach. III.)Le voici qui vient, dit le
Seigneur des armées ; et qui pourra seulement penser au jour de son avènement?
Qui pourra en soutenir la vue ? car il sera comme le feu qui purifie les métaux, et comme
l'herbe dont se servent les foulons. R/. br.
Il la soutiendra * De son regard divin. Il la soutiendra. V/. Dieu est au milieu
d'elle; elle ne sera point ébranlée. * De son regard divin. Gloire au Père, il
la soutiendra. V/. Dieu l'a élue et l'a
choisie d'avance ; R/. Il l'a fait habiter dans
son tabernacle. Pour conclure, on dit l'Oraison Omnipotens, ci-dessus, à la Messe, page 58o. 588 A NONE.L'Hymne et les trois Psaumes dont se compose l'Office de None se trouvent ci-dessus, pages 61-66. ANT. Ils offrirent pour lui
au Seigneur deux tourterelles, ou deux petits de colombes. CAPITULE. (Malach. III.)Et le sacrifice de Juda et de
Jérusalem sera agréable au Seigneur, comme l'ont été les sacrifices des siècles
passés et des années antiques, dit le Seigneur tout-puissant. R/. br.
Dieu l'a élue, * Et l'a choisie d'avance. Dieu l'a élue. V/. Il l'a fait habiter dans
son tabernacle, * Et l'a choisie d'avance. Gloire au Père. Dieu l’a élue. V/. La grâce est répandue sur
vos lèvres. R/. C'est pourquoi le
Seigneur vous a bénie à jamais. Pour conclure, on dit l'Oraison Omnipotens, ci-dessus, à la Messe, page 58o. 589 AUX SECONDES VÊPRES.Les secondes Vêpres de la solennité se composent des Psaumes employés dans l'Office de la Sainte Vierge ; et on les chante sur des Antiennes tirées de l'Evangile. Nous avons déjà exposé ailleurs l'intention de l'Eglise, en appliquant à Marie les cinq Psaumes qui reparaissent dans toutes ses fêtes. L'Hymne est la même qu'aux premières Vêpres, l’Ave maris Stella, toujours chère à la piété des peuples, et douce au cœur de notre grande Reine. Nous chanterons le Magnificat, en union avec les sentiments dont elle était remplie, quand elle le chanta elle-même, par l'inspiration de l'Esprit-Saint. 1. Ant
Siméon, juste et craignant Dieu, attendait la Rédemption d'Israël
, et l'Esprit-Saint était en lui. Psaume CIX. Dixit Dominus, page 67. 2. Ant.
Siméon connu par l’Esprit-Saint qu'il ne mourrait
point avant d'avoir vu le Seigneur. Psaume CXII. Laudate pueri, page 71. 3. Ant.
Siméon, prenant l’enfant dans ses bras, rendit grâces et bénit le Seigneur. 590 PSAUME CXXI.Je me suis réjoui quand on
m'a dit : Nous irons vers Marie, la maison du Seigneur. Nos pieds se sont fixés dans
tes parvis, ô Jérusalem ! notre cœur dans
votre amour, ô Marie ! Marie, semblable à Jérusalem, est bâtie comme une cité : tous ceux qui
habitent dans son amour, sont unis et liés ensemble. C'est en elle que se sont
donné rendez-vous les tribus du Seigneur, selon l'ordre qu'il en a donné à
Israël, pour y louer le Nom du Seigneur. Là, sont dressés les sièges
de la justice, les trônes de la maison de David ; et Marie est la fille des
Rois. Demandez à Dieu
, par Marie, la paix pour Jérusalem; que tous les biens soient
pour ceux qui t'aiment, ô Eglise ! Voix de Marie : Que la paix règne sur tes remparts, ô nouvelle Sion
! et l'abondance dans tes forteresses. Moi fille d'Israël, je prononce sur toi des paroles de paix, à cause de
mes frères et de mes amis qui sont au milieu de toi. Parce que tu es la maison du
Seigneur notre Dieu, j'ai appelé sur toi tous les biens. 591 Ant. Siméon , prenant l'Enfant
dans ses bras, rendit grâces et bénit le Seigneur. 4. Ant.
Il sera la Lumière pour éclairer les Gentils, et la gloire de votre peuple
d'Israël. PSAUME CXXVI.Si le Seigneur ne bâtit la
maison, en vain travaillent ceux qui la bâtissent. Si le Seigneur ne garde la
cité, inutilement veilleront ses gardiens. En vain vous vous lèverez
avant le jour : levez-vous après le repos, vous qui mangez le pain de la
douleur. Le Seigneur aura donné un
sommeil tranquille à ceux qu'il aime : des fils, voilà l’héritage que le
Seigneur leur destine; le fruit des entrailles, voilà leur récompense. Comme des flèches dans une
main puissante, ainsi seront les fils de ceux que l'on opprime. Heureux l'homme qui en a
rempli son carquois; il ne sera pas confondu, quand il parlera à ses ennemis
aux portes de la ville. Ant. Il sera la Lumière pour éclairer les Gentils, et la gloire
de votre peuple d'Israël. 5. Ant.
Ils offrirent pour lui au Seigneur deux tourterelles, ou deux petits de colombes. PSAUME CXLVII.Seigneur : chantez Marie, vraie
Jérusalem, chantez le Marie, sainte Sion, votre Dieu. C'est lui qui fortifie contre
tout péché les serrures de vos portes ; il bénit les fils nés en votre sein. Il a placé la paix sur vos
frontières ; il vous nourrit de la fleur du froment, Jésus le pain de vie. Il envoie par vous son Verbe
à la terre ; sa parole parcourt le monde avec rapidité. Il donne la neige comme des
flocons de laine ; il répand les frimas comme la poussière. Il envoie le cristal de la
glace semblable à un pain léger : qui pourrait résister devant le froid que son
souffle répand ? Mais bientôt il envoie son
Verbe en Marie, et cette glace si dure se fond à sa chaleur : l'Esprit de Dieu
souffle, et les eaux reprennent leur cours. Il a donné son Verbe à Jacob,
sa loi et ses jugements à Israël. Jusqu'aux jours où nous sommes , il n'avait point traité de la sorte toutes les
nations, et ne leur avait pas manifesté ses décrets. Ant. Ils offrirent pour lui au Seigneur deux tourterelles,
ou deux petits de colombes. Le Capitule, l'Hymne et le Verset, ci-dessus, page 566. ANTIENNE DE Magnificat.Ant. Aujourd'hui , la
bienheureuse Vierge Marie a présenté l'Entant Jésus au Temple, et Siméon, rempli
de l'Esprit-Saint, l'a pris dans ses ras, et il a
béni Dieu à jamais. ORAISON.Dieu tout-puissant et
éternel, faites, nous vous en supplions humblement, que comme votre Fils unique
a été présenté aujourd'hui dans le Temple, avec la substance de notre chair,
nous vous soyons aussi présentés avec la pureté de l'âme. Par le même
Jésus-Christ notre Seigneur. Amen. Réunissons maintenant la voix des diverses Eglises, pour célébrer le mystère d'aujourd'hui. Nous emprunterons d'abord au Bréviaire Mozarabe les cinq Oraisons suivantes, dans lesquelles l'Eglise Gothique d'Espagne présente à Dieu les sentiments que lui inspire l'exemple du saint vieillard Siméon. ORATIO.Dieu tout-puissant, Père et Seigneur , donnez la paix au peuple de vos croyants, afin
que nous puissions voir votre Salut dans votre temple : ce Sauveur que le juste
Siméon a reçu dans ses bras; faites que Celui qui a été la Lumière pour
éclairer les Gentils, se tasse sentir comme Celui qui remet les péchés à ceux
qui croient. Amen. ORATIO.Vous êtes, salut, et Seigneur,
le salut est à vous ; nous nous réjouissons de nous le voir octroyer; daignez
nous le donner jusqu'à la fin ; répandez, s'il vous plaît, votre bénédiction
sur votre peuple, afin que la malédiction de la peine disparaisse, et que la
justice fructifie en nous abondamment. Amen. ORATIO.Faites retentir en nous,
Seigneur, l'heureuse voix du juste Siméon, nous donnant une piété semblable à
la sienne, en sorte que nous aussi qui avons vu votre Salut, et qui avons cru
en lui, nous allions en paix, quand vous l'ordonnerez ; que nous ne soyons
point renvoyés par vous à la fin de notre vie; mais plutôt que nous possédions,
absous par vous de nos dettes, la paix éternelle à jamais. Amen. ORATIO.Nous avons vu, Seigneur,
votre gloire comme celle du Fils unique du Père, Fils unique en divinité,
premier-né en grâces : au ciel Fils unique du Père, sur la terre le principal
entre ses frères; au ciel une même substance avec le Père, sur la terre le
premier de ses frères; au ciel égal en nature et habitant au sein du Père, sur
la terre n'abandonnant point ceux auxquels il s'est fait semblable. Rendez donc
participants de votre royaume ceux dont vous avez été la propitiation en ce
monde; et soyez, au siècle à venir, le rémunérateur de ceux vers lesquels vous
êtes venu d'abord comme rédempteur. Amen. ORATIO.O Dieu, qui, pour la
purification des mères, avez commandé qu'on vous offrit deux tourterelles ou
deux petits de colombes, préparez-nous pour être une hostie vivante, vous qui
vous êtes fait notre hostie ; vous qui êtes venu accomplir la Loi, et non la
détruire, daignez développer en nous, dans toute sa richesse, la grâce de
l'Evangile. Amen. L'antiquité liturgique a produit peu d'Hymnes sur la Purification de la Sainte Vierge. Nous donnerons la suivante, qui ne manque pas de grandeur, et qui est de saint Paulin, Patriarche d'Aquilée. HYMNE.Le quarantième jour de la
jeune Mère étant arrivé, selon la Loi du Seigneur, Marie,cette
Vierge, présenta au Temple, sur ses bras sacrés, le saint Enfant Jésus, Fils
unique de la majesté du Père. L'heureuse Mère portait sur
ses chastes épaules un Dieu couvert du voile de la chair; ses lèvres avaient
imprimé de doux baisers sur le visage de ce Dieu, homme véritable, par l'ordre
duquel tout fut créé. Les parents portèrent deux
blanches et tendres colombes, au plumage pur comme le lait; ils offrirent pour
lui au Temple deux tourterelles; elles furent consumées dans un sacrifice,
comme le prescrivait la Loi. Un Prêtre de Dieu, homme
humble et doux, était dans la ville, un vieillard vénérable ,
l'heureux Siméon; rempli de l'Esprit-Saint aux
influences célestes, il arrive dans la sainte Maison, poussé par un mouvement
divin. Car dès longtemps l'Esprit-Saint lui avait répondu que la puissance de la mort
ne viendrait pas le séparer de son corps qu'il n'eût vu, de son vivant, le
Christ du Seigneur, envoyé par le Père du haut des cieux. Il prit donc l'Enfant dans
ses bras, il rendit grâces au Père céleste ; pressant sur sa poitrine ce
nouveau-né, il bénit le Seigneur; dans le transport de son amour, au milieu des
douceurs dont son cœur était inondé, il s'exprima ainsi à haute voix : « Laissez maintenant,
Seigneur, aller en paix votre serviteur; car j'ai pu voir de mes yeux le
Sauveur que vous envoyez, Celui que votre suprême bonté a préparé à la face de tous
les peuples. « Il est la Lumière qui brille
aux yeux des nations, la gloire du peuple d'Israël; il est placé pour être la
pierre sur laquelle plusieurs se heurteront à leur ruine ; pour être le salut
de ceux qui sont la fidèle race de Jacob, au jour où les secrets des cœurs se
révéleront. « Mais un glaive, ô sainte Mère , transpercera ton âme. » Et Marie conservait dans son
cœur de si hauts mystères, et, fidèle à croire les oracles célestes, elle
repassait constamment ces paroles en elle-même. Gloire au Père de Jésus, dans
sa majesté souveraine ; gloire à toi, Fils unique du Père, Dieu, puissance,
vertu, plus haut que les cieux; au saint Paraclet louange infinie, honneur et
empire à jamais ! Amen. Les Séquences pour la Purification sont aussi rares que les Hymnes dans les anciens livres liturgiques. Celle qui suit est de la composition de Notker, et elle est tirée de l'ancien Séquential de l'Abbaye de Saint-Gall. 599 SÉQUENCECe peuple n'a qu'une voix
pour te célébrer, ô Marie ! Tous ces cœurs pieux te vénèrent. De l'illustre Abraham tu es
la fille auguste, issue de la race royale de David. Très sainte dans ton corps,
très chaste dans ta vie, la plus belle de toutes, Vierge des vierges. Mère et Vierge glorieuse,
réjouis-toi : docile à l'oracle de l'Archange Gabriel, toujours intacte tu as
enfanté un Fils ; Un Fils dont le sang très
sacré purifie la race perdue tout entière, comme Dieu l'a promis à Abraham. C'est toi, ô Marie, que
figure la Verge d'Aaron desséchée, puis tout à coup ornée d'une belle fleur ;
il est la fleur, ce Fils que tu as enfanté contre les lois de la nature. Tu es la Porte toujours
fermée que célèbre la voix d'Ezéchiel : tu n'es accessible qu'à Dieu seul, ô
Marie ! Mais, aujourd'hui, voulant
nous donner un exemple digne de la mère des vertus, tu t'es présentée pour
l'expiation imposée aux mères que leur enfantement avait souillées. Tu portas au Temple. pour être purifié avec toi , le Dieu-Homme
dont la naissance a ajouté à ta pureté, ô Mère immaculée ! Réjouis-toi, ô sainte Marie !
toi que Celui qui sonde les reins et les cœurs a
trouvée la seule demeure digne de lui. Tressaille, ô Marie ! car il te sourit enfant, Celui qui seul donne à tous les
êtres de se réjouir et d'exister. Donc, nous qui célébrons la
fête du Christ, Enfant pour nous, et de Marie sa tendre Mère, Si notre faiblesse ne nous
permet pas d'atteindre à une si profonde humilité d'un Dieu, que du moins sa
Mère soit notre modèle. Louange au Père de gloire,
qui, révélant son Fils aux Gentils et à son peuple, daigne nous associer à
Israël. Louange à son Fils, qui, nous
réconciliant au Père par son sang, nous associe aux habitants des cieux. Louange aussi à l'Esprit-Saint à jamais. Amen. L'admirable Prose que nous donnons ci-après est d'Adam de Saint-Victor. Elle était demeurée inédite jusqu'à la publication qu'en a faite M. Léon Gautier, dans sa précieuse édition des œuvres poétiques de notre grand lyrique. Cette Séquence est cependant une des plus belles de son auteur, et l'un des plus gracieux hommages que le moyen âge ait offerts à la Vierge-Mère. 601 SEQUENCE.Ornons le temple intérieur ;
dans un cœur nouveau, renouvelons la joie nouvelle du saint vieillard, qui,
prenant sur ses bras l'Enfant divin, satisfait enfin les désirs qui le firent
soupirer tant d'années. Il est l'étendard qui
ralliera les peuples, cet Enfant dont la présence illumine le Temple, inspire
de si beaux cantiques, émeut les cœurs d'un si noble transport; aujourd'hui
c'est un enfant que l'on présente ; plus tard, sur la croix , ce sera un homme
offert comme hostie du péché. Là le Sauveur, ici Marie :
saint Enfant, sainte Mère, quels objets d'allégresse mais portons en nous avec
amour l'œuvre de lumière que représentent nos cierges allumés. Le Verbe du Père est la
lumière, la chair formée par la Vierge est la cire ; le cierge étincelant est
le Christ lui-même ; c'est lui qui éclaire nos cœurs de la vraie sagesse ; par
sa grâce, celui qui était le jouet de l'erreur et du vice s'élance dans le
chemin de la vertu. Celui qui par l'amour tient
le Christ dans ses bras, porte vraiment le flambeau de cire allumé, et remplit
pleinement le rite de la fête ; de même que le vieillard dont le cœur portait
déjà le Verbe du Père, serra dans ses bras ce même Verbe fait chair que lui
confiait l'auguste Mère. Mère d'un tel Fils,
réjouis-toi; pure au dedans, chaste au dehors, sans tache ni ride ; femme que
son Bien-Aimé a choisie d'avance, que l'amour d'un
Dieu a chérie avant les siècles. A qui contemple ta beauté,
toute autre beauté n'est que ténèbres et difformité qui repousse ; à qui goûte
ta saveur délicieuse, toute autre saveur n'est qu'amertume et objet de dégoût. A qui respire tes parfums,
toute autre senteur est nulle ou désagréable ; en celui qui cultive ton amour,
tout autre amour s'efface, ou n'obtient plus que le second rang. De la mer brillante Etoile,
honneur éternel de toutes les mères, ô Mère véritable de la Vérité, de la Voie,
de la Vie, de l'Amour, remède de ce monde languissant, canal de ce vin
délicieux qui est la source de vie dont tous doivent éprouver la soif; dont le
breuvage est doux à celui qui est sain comme à celui qui est malade : rends la
force et la santé à celui qui défaille. Fontaine scellée, verse tes
ruisseaux de sainteté ; fontaine des jardins spirituels, arrose de tes eaux nos
âmes desséchées. Fontaine abondante,
inonde-nous, lave nos cœurs coupables. Fontaine limpide, source toujours pure,
daigne purifier des souillures du monde, par ta pureté, le cœur de ton peuple.
Amen. L'Eglise Grecque vient à son tour nous prêter ses accents mélodieux, dans les strophes suivantes que nous empruntons à ses Menées. IN HYPAPANTE DOMINI.Aujourd'hui Siméon reçoit
dans ses bras le Seigneur de gloire que Moïse, sous la nuée, contempla jadis
sur le Sinaï visible, où il lui donna la Loi. C'est le Seigneur qui parle dans
les Prophètes , l'auteur de la Loi, c'est lui
qu'annonça David, c'est le Dieu terrible ; et c'est aussi Celui qui possède une
grande et très riche miséricorde. O trésor des siècles, vie
universelle ! toi qui autrefois as gravé la Loi sur des tables au Sinaï, tu
t'es fait enfant, tu t'es placé sous la Loi pour nous arracher tous à l'antique
servitude de cette Loi ; gloire à ta miséricorde, ô Sauveur ! gloire à ton règne ; gloire à ton divin conseil, ô seul ami
des hommes ! Marie, Mère de Dieu, pure de
tout commerce humain, porte dans ses bras Celui qui est assis sur les Chérubins
comme sur un char, et qui est célébré dans les cantiques des Séraphins, Celui
qui a pris chair en elle, le législateur qui accomplit le précepte de la Loi ;
elle le remet aux mains du prêtre vénérable par son grand âge. Siméon, portant ainsi
la Vie, implorait la grâce de ne plus vivre : « Seigneur, disait-il, laisse-moi
partir maintenant ; laisse-moi annoncer à Adam que j'ai vu, sous les traits d'un
enfant, le Dieu immuable, qui est avant les siècles, le Sauveur du monde. » Prosterné, et suivant en
esprit les pas de la Vierge et Mère de Dieu, le vieillard disait : « C'est un
feu que tu portes, ô très pure ! Tu soutiens sur tes bras tremblants le Dieu de
la lumière sans couchant, le Seigneur de la paix. » « Isaïe est purifié par le Séraphin qui touche
ses lèvres d'un charbon de feu, disait le vieillard à la Mère de Dieu; mais
toi, en me donnant de tes mains, comme d'un instrument, ce feu, tu m'embrases par
Celui que tu portes, et qui est le Seigneur de la lumière éternelle et de la
paix. » Hommes de bonne volonté,
courons à la Mère de Dieu pour voir son Fils qu'elle conduit vers Siméon. C'est
Celui que les Esprits célestes, dans leur étonnement ,
contemplent du haut du ciel, disant : « Nous voyons en ce moment des choses merveilleuses
qu'on n'eût pu croire, et qu'on ne saurait comprendre. Celui qui autrefois
forma Adam est porté comme un enfant ; Celui qui ne connaît pas l'espace est
déposé sur les bras d'un vieillard; Celui qui habite au sein ineffable du Père
daigne connaître les limites dans la chair, lui qui n'en connaît pas dans sa
divinité : il est l'unique ami des hommes ». O Emmanuel ! en ce jour où vous faites votre entrée dans le Temple de votre Majesté, porté sur les bras de Marie, votre ineffable Mère, recevez l'hommage de nos adorations et de notre reconnaissance. C'est afin de vous offrir pour nous que vous venez dans le Temple; c'est comme prélude de notre rachat, que vous daignez payer 6o6 la rançon du premier-né ; c'est pour abolir bientôt les sacrifices imparfaits, que vous venez offrir un sacrifice légal. Aujourd'hui vous paraissez dans cette ville qui doit être un jour le terme de votre course, et le lieu de votre immolation. Le mystère de notre salut a fait un pas ; car il ne vous a pas suffi de naître pour nous ; votre amour nous réserve pour l'avenir un plus éclatant témoignage. Consolation d'Israël, vous sur qui les Anges aiment tant à arrêter leurs regards, vous entrez dans le Temple ; et les cœurs qui vous attendaient s'ouvrent et s'élèvent vers vous. Oh ! qui nous donnera une part de l'amour que ressentit le vieillard, lorsqu'il vous tint dans ses bras et vous serra contre son cœur ? Il ne demandait qu'à vous voir, ô divin Enfant, objet de tant de désirs ardents, et il était heureux de mourir. Après vous avoir vu un seul instant, il s'endormait délicieusement dans la paix. Quel sera donc le bonheur de vous posséder éternellement, si des moments si courts ont suffi à combler l'attente d'une vie entière ! Mais, ô Sauveur de nos âmes, si le vieillard est au comble de ses vœux pour vous avoir vu seulement une fois, dans cette offrande que vous daignez faire de vous-même pour nous au Temple ; quels doivent être nos sentiments, à nous qui avons vu la consommation de votre sacrifice ! Le ! jour viendra, ô Emmanuel, où, pour nous servir des expressions de votre dévot serviteur Bernard, vous serez offert non plus dans le Temple et sur les bras de Siméon, mais hors la ville, et sur les bras de la croix. Alors, on n'offrira point pour vous un sang étranger; mais vous-même offrirez votre propre sang. Aujourd'hui a lieu le sacrifice du matin : alors s'offrira le sacrifice du soir. 607 Aujourd'hui vous êtes à l'âge de l'enfance ; alors vous aurez la plénitude de l'âge d'homme ; et, nous ayant aimés dès le commencement, vous nous aimerez jusqu'à la fin. Que vous rendrons-nous, ô divin Enfant, qui portez déjà, dans cette première offrande pour nous, tout l'amour qui consommera la seconde ? Pouvons-nous faire moins que nous offrir à vous pour jamais, dès ce jour ? Vous vous donnez à nous dans votre Sacrement, avec plus de plénitude que vous ne le fîtes à l'égard de Siméon ; nous vous recevons non plus entre nos bras, mais dans notre cœur. Déliez-nous aussi, ô Emmanuel ; rompez nos chaînes ; donnez-nous la Paix que vous apportez aujourd'hui ; ouvrez-nous, comme au vieillard, une vie nouvelle. Pour imiter vos exemples, et nous unir à vous, nous avons, pendant cette quarantaine, travaillé à établir en nous cette humilité et cette simplicité de l'enfance que vous nous recommandez ; soutenez-nous maintenant dans les développements de notre vie spirituelle, afin que nous croissions comme vous en âge et en sagesse, devant Dieu et devant les hommes. O la plus pure des vierges et la plus heureuse des mères ! Marie, fille des Rois, que vos pas sont gracieux, que vos démarches sont belles (1), au moment où vous montez les degrés du Temple, chargée de notre Emmanuel ! que votre cœur maternel est joyeux, et en même temps qu'il est humble, en ce moment où vous allez offrir à l'Eternel son Fils et le vôtre ! A la vue de ces mères d'Israël qui apportent aussi leurs enfants au Seigneur, vous vous réjouissez en songeant que cette 1. Cant. VII, 1. 6o8 nouvelle génération verra de ses yeux le Sauveur que vous lui apportez. Quelle bénédiction pour ces nouveau-nés d'être offerts avec Jésus ! Quel bonheur pour ces mères d'être purifiées en votre sainte compagnie ! Si le Temple tressaille de voir entrer dans son enceinte le Dieu en l'honneur duquel il est bâti, sa joie est grande aussi de sentir dans ses murs la plus parfaite des créatures, la seule fille d'Eve qui n'ait point connu le péché, la Vierge féconde, la Mère de Dieu. Mais pendant que vous gardez fidèlement, ô Marie, les secrets de l'Eternel, confondue dans la foule des filles de Juda, le saint vieillard accourt vers vous ; et votre cœur a compris que l'Esprit-Saint lui a tout révélé. Avec quelle émotion vous déposez pour un moment entre ses bras le Dieu qui porte la nature entière, et qui veut bien être la consolation d'Israël ! Avec quelle grâce vous accueillez la pieuse Anne ! Peut-être, dans vos jeunes années, avez-vous reçu ses soins, dans cette demeure sacrée qui vous revoit aujourd'hui, Vierge encore et cependant Mère du Messie. Les paroles des deux vieillards qui exaltent la fidélité du Seigneur à ses promesses, la grandeur de Celui qui est né de vous, la Lumière qui va se répandre par ce divin Soleil sur toutes les nations, font tressaillir délicieusement votre cœur. Le bonheur d'entendre glorifier le Dieu que vous appelez votre Fils, et qui l'est en effet, vous émeut de joie et de reconnaissance ; mais, ô Marie, quelles paroles a prononcées le vieillard, en vous rendant votre Fils ! quel froid subit et terrible vient tout à coup glacer votre cœur ! La lame du glaive l'a traversé tout entier. Cet Enfant que vos yeux contemplaient avec une joie si douce, vous ne le verrez plus qu'à travers des larmes. Il sera en butte à la 609 contradiction, et les blessures qu'il recevra transperceront votre âme. O Marie ! ce sang des victimes qui inonde le Temple cessera un jour de couler ; mais il faut qu'il soit remplacé par le sang de l'Enfant que vous tenez entre vos bras. Nous sommes pécheurs, ô Mère naguère si heureuse, et maintenant si désolée ! Ce sont nos péchés qui ont ainsi tout d'un coup changé votre allégresse en douleur. Pardonnez-nous, ô Mère ! laissez-nous vous accompagner à la descente des degrés du Temple. Nous savons que vous ne nous maudissez pas ; nous savons que vous nous aimez, car votre Fils nous aime. Oh ! aimez-nous toujours, Marie ! intercédez pour nous auprès de l'Emmanuel. Obtenez-nous de conserver les fruits de cette précieuse quarantaine. Les grâces de votre divin Enfant nous ont attirés vers lui ; nous nous sommes permis d'approcher de son berceau ; votre sourire maternel nous y invitait. Faites, ô Marie, que nous ne quittions plus cet Enfant qui bientôt sera un homme ; que nous soyons dociles à ce Docteur de nos âmes, attachés, comme de vrais disciples, à ce Maître si plein d'amour, fidèles à le suivre partout comme vous, jusqu'au pied de cette croix qui vous apparaît aujourd'hui. |