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SAMEDI V
PROPRE DES SAINTS

 

LE MERCREDI DE LA CINQUIÈME SEMAINE APRÈS PÂQUES.

 

 

V/. In resurrectione tua, Christe, alleluia,

 

R/. Cœli et terra laetentur, alleluia.

 

V/. A votre résurrection, ô Christ ! alleluia,

R/. Le ciel et la terre sont dans l'allégresse, alleluia.

 

 

La miséricorde du Rédempteur a donné naissance au quatrième Sacrement, dont nous contemplons aujourd'hui les merveilles. Jésus connaît la faiblesse de l'homme : il sait que, chez le plus grand nombre, la grâce reçue dans le Baptême ne se conservera pas, que le péché viendra le plus souvent flétrir cette plante que la rosée du ciel avait nourrie, et qui, après sa croissance et sa floraison, devait être transplantée dans les jardins de l'éternité. N'y aura-t-il plus d'espoir qu'elle revive, cette fleur autrefois si suave, maintenant fanée comme l'herbe des champs que la faux a coupée ? Celui-là seul qui l'avait produite pourrait lui rendre la vie. O prodige de bonté ! c'est ainsi qu'il a daigné agir. Plus jaloux du salut du pécheur que de sa propre gloire, il a préparé, comme disent les Pères, une seconde planche pour le second naufrage. Le saint Baptême avait été la première après le premier naufrage; mais le péché mortel est venu replonger rame dans l'abîme. Désormais retombée au pouvoir de son ennemi, elle gémit dans des

 

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liens qu'il n'est pas en son pouvoir de rompre, et ces liens l'enchaînent pour l'éternité.

Aux jours de sa vie mortelle, Jésus, qui était venu « non pour juger le monde, mais pour le sauver (1) », annonça, dans sa compassion pour les âmes qu'il venait racheter, que ces liens encourus par l'ingratitude du pécheur céderaient devant un pouvoir qu'il daignerait un jour établir. Parlant à ses Apôtres, il leur déclara « que tout ce qu'ils auraient délié sur la terre serait en même temps délié dans le ciel (2) ». Depuis cette parole si solennelle, Jésus a offert son Sacrifice sur la croix; son sang d'un prix infini a coulé pour l'expiation surabondante des péchés du monde. Un tel Rédempteur ne saurait oublier l'engagement qu'il a pris. Rien au contraire ne lui tient plus à cœur que de le remplir; car il connaît les redoutables périls que court notre salut. Le soir même de sa résurrection, il apparaît à ses Apôtres, et dès les premières paroles qu'il leur adresse, il s'empresse de dégager la promesse qu'il fit autrefois. On y sent comme une miséricordieuse impatience de ne pas laisser plus longtemps l'homme dans ces liens humiliants et terribles qu'il a encourus. A peine a-t-il répandu dans leurs âmes son Esprit-Saint en soufflant sur eux, que tout aussitôt il ajoute : « Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur sont remis (3) ». Et remarquez ici, avec toute l'Eglise, l'énergie de ces paroles : « ils leur sont remis. » Jésus ne dit pas : «ils leur seront remis ». Ce n'est plus la promesse, c'est le don lui-même. Les Apôtres n'ont pas fait usage encore du divin pouvoir que Jésus

 

1. JOHAN. XII, 47. – 2. MATTH. XVIII, 18.   3. JOHAN. XX, 2 3

 

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leur confère, et déjà toutes les sentences d'absolution qu'eux et leurs successeurs dans ce noble ministère rendront jusqu'à la fin des siècles, sont confirmées au ciel.

Gloire soit donc à notre divin Ressuscité qui a daigné abaisser toutes les barrières de sa justice, pour laisser passage au torrent de sa miséricorde ! Que toute créature humaine chante à son honneur ce beau cantique dans lequel David, entrevoyant les merveilles qui devaient apparaître dans la plénitude des temps, célébrait cette Rémission des péchés, dont les Apôtres devaient faire l'un des articles de leur Symbole. « O mon âme, s'écriait le Roi-Prophète, bénis le Seigneur; que toutes tes puissances s'unissent pour exalter son saint Nom ; car c'est lui-même qui te pardonne toutes tes iniquités, qui guérit toutes tes maladies, et qui rachète ton âme du trépas.

« Semblable à l'aigle, tu recouvres ta première jeunesse; car le Seigneur est miséricordieux jusqu'à l'excès, et sa colère n'est pas éternelle contre nous. Il a daigné ne pas nous traiter selon nos péchés, et maintenant nos iniquités sont aussi loin de nous que l'orient l'est du couchant.

«  Comme un père a pitié de ses enfants, ainsi le Seigneur a eu pitié de ceux qui le craignent; car il connaît l'argile dont nous sommes formés. Il sait que nous ne sommes que poussière, que la vie de l'homme est comme la durée de l'herbe des champs. Il sait que le souffle qui nous anime passe en un moment, et qu'après un peu de temps, on ne retrouve déjà plus la trace de l'homme ici-bas. Mais la miséricorde du Seigneur est en rapport avec son éternité ; et jusqu'à la fin, il daigne l'offrir à ceux qui le craignent. Bénis donc le Seigneur, ô mon âme (1) ! »

Mais nous, enfants de la promesse, nous connaissons mieux encore que David l'étendue des miséricordes du Seigneur. Jésus ne s'est pas contenté de nous dire que le pécheur recourant avec un humble repentir à la divine Majesté au plus haut dcscieux, pourra obtenir son pardon; car la réponse de miséricorde n'étant pas sensible, une anxiété terrible viendrait trop souvent traverser notre espérance ; ce sont des hommes qu'il a charges de traiter avec nous en son nom. « Afin que toute créature sache que le Fils de l'homme a le pouvoir de remettre les péchés sur la terre (2) », il a donné pouvoir à ses délégués de prononcer sur nous une sentence d'absolution que nos oreilles seront à même d'entendre, et qui portera jusqu'au fond de nos âmes repentantes la douce confiance du pardon.

O Sacrement ineffable par la vertu duquel le ciel, qui sans lui serait resté presque désert, est peuplé d'innombrables élus, « qui chanteront éternellement les miséricordes du Seigneur (3) » ! O puissance irrésistible des paroles de l'absolution, qui empruntent sa force infinie au sang de la Rédemption, et entraînent après elles toutes les iniquités qui vont se perdre dans l'abîme des divines miséricordes ! L'éternité des douleurs eût roulé sur ces iniquités toutes ses vagues brûlantes, sans leur apporter l'expiation ; et il a suffi de la parole sacerdotale : Je vous absous, pour les faire évanouir sans retour.

Tel est le divin Sacrement de la Pénitence, où, en retour de l'humble confession de ses péchés et

 

1. Psalm. CII. — 2. LUC. V, 24. — 3. Psalm. LXXXVIII.

 

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du regret sincère de les avoir commis, l'homme rencontre le pardon, et non une fois dans sa vie, mais toujours ; non peur un genre de péchés, mais pour tous. Dans son envie contre le genre humain racheté par un Dieu, Satan a voulu ravir un tel don à l'homme, en lui ôtant la foi à cet ineffable bienfait de Jésus ressuscité. Que n'a pas dit l'hérésie contre cet auguste Sacrement ? D'abord elle osa prétendre qu'il obscurcissait la gloire du saint Baptême, tandis qu'au contraire il l'honore en la renouvelant sur les ruines du péché. Plus tard, elle voulut exiger comme absolument nécessaires au Sacrement des dispositions tellement parfaites, que l'absolution trouverait l'âme déjà réconciliée avec Dieu : piège dangereux dans lequel le jansénisme sut prendre un si grand nombre de chrétiens, perdant les uns par l'orgueil, et les autres parle découragement. Enfin elle a produit ce dicton huguenot trop souvent répété dans notre société incroyante : « Je confesse mes péchés à Dieu » ; comme si Dieu offensé n'était pas maître de fixer les conditions auxquelles il veut bien remettre l'offense.

Les divins Sacrements ne peuvent être acceptés que par la foi ; et cela doit être, puisqu'ils sont divins ; mais celui de la Pénitence est d'autant plus cher au fidèle, qu'il humilie plus profondément son orgueil, en le contraignant de demander à l'homme ce que Dieu aurait pu directement accorder. « Allez, et faites-vous voir aux prêtres (1)», disait Jésus aux lépreux qu'il lui plaisait de guérir : nous devons trouver tout simple qu'il procède de même quand il s'agit de la lèpre des âmes.

 

1. LUC. XVII, 14.

 

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Offrons aujourd'hui à notre généreux Rédempteur l'hommage de cette Hymne pascale que la sainte Eglise emploie en ces jours à l'Office de la nuit.

 

HYMNE.

 

Eternel roi des habitants des Cieux, Créateur de l'univers, Fils de Dieu, qui avant tous les siècles fûtes toujours égal au Père ;

 

Lorsque le monde naquit à votre parole, artisan de l'homme, vous donnâtes à Adam vos propres traits, et votre puissance réunit en lui un noble esprit à un corps sorti de la poussière.

 

L'envie et l'artifice du démon entraînèrent bientôt la race humaine dans une dégradation honteuse ; revêtu de la chair, vous êtes venu rétablir l'œuvre perdue dont vous aviez été l’ouvrier.

 

Né d'abord de la Vierge, en ces jours vous naissez de nouveau du sépulcre ; et nous qui étions déjà ensevelis, vous nous commandez de nous lever d'entre les morts.

 

Pasteur éternel, vous lavez votre troupeau dan» l'eau baptismale ; cette eau est la fontaine où se purifient les âmes ; elle est le tombeau où disparaît le péché.

 

Attaché comme Rédempteur à la croix qui nous était due, vous avez prodigue votre sang, la rançon de notre salut.

 

Pour être à jamais, ô Jésus, la joie pascale de nos âmes, daignez sauver de la cruelle mort du péché ceux que vous avez fait renaître à la vie.

 

A Dieu le Père soit la gloire ! gloire au Fils ressuscité d'entre les morts! et gloire au Paraclet dans les siècles éternels !

Amen.

 

 

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