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appose sur la charte sa signature et la
porte de ses propres mains sur l'autel. Après l'y avoir placée, il revient entonner le
verset : Suscipe me, Domine, secundum eloquium tuum, et vivam ; et ne confundas me ab
expectatione mea. Toute la communauté reprend par trois fois ce verset, ajoutant à
la fin le Gloria Patri. Le nouveau profès se prosterne alors aux pieds de chacun
des frères, leur demandant de prier pour lui, et, à dater de ce jour, il est traité
comme membre de la communauté.
S'il a quelques biens, il lui faut, avant la
profession, les distribuer aux pauvres, ou en faire donation au monastère en bonne et due
forme, sans se rien réserver du tout ; il ne peut oublier, en effet, qu'à partir de ce
jour il ne possède même plus la libre disposition de son propre corps. Aussi se voit-il
sur-le-champ dépouiller des effets qu'il porte et revêtir des habits monastiques. Les
vêtements qu'il vient de quitter seront portés an vestiaire et mis en dépôt, car il
peut arriver, ce qu'à Dieu ne plaise ! que, le diable le poussant, il se laisse
entraîner à déserter la vie religieuse : il faudrait alors, en le congédiant, lui
enlever l'habit monastique, mais la cédule de pétition, retirée par l'abbé de dessus
l'autel, ne lui sera pas rendue : elle restera aux archives du monastère.
CHAPITRE LIX
DES FILS DE NOBLES
OU DE PAUVRES EN OBLATURE
Parfois, des personnes de condition voulant
offrir un fils à Dieu, le présentent au monastère : pour un enfant en bas âge, les
parents rédigeront la formule de pétition dont nous avons parlé ci-dessus. On
enveloppera tout ensemble l'oblation, la charte et la main de l'enfant dans le voile de
l'offrande portée sur l'autel : tel est le rite d'oblature.
Quant à leurs biens, ils s'engageront, par le texte même de cette
pétition et sous la foi du serment, à n'en jamais rien donner à l'enfant, ni
directement ni indirectement, ni par eux-mêmes ni par personne interposée, pas plus
qu'ils ne lui procureront jamais l'occasion d'y prétendre. Ils peuvent encore, s'ils
préfèrent ne pas le déshériter et qu'ils désirent offrir au monastère une aumône en
manière de reconnaissance, faire à la communauté donation de la part de patrimoine
fixée par eux, en s'en réservant, s'il leur plaît, l'usufruit. Grâce à ces
précautions, toutes les issues se ferment devant le jeune religieux, aucun vain mirage ne
subsiste, qui risque de l'égarer et de le perdre. Sur ce danger - que Dieu éloigne!
- l'expérience nous a beaucoup appris.
Les parents moins riches procéderont de la même
façon. Ceux qui ne possèdent rien du tout, écriront, sans plus, la pétition et, selon
le rite de l'oblation, voueront. à Dieu leur fils en présence de témoins. |
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