PRÉFACE
Accueil ] Suivante ]

PRÉFACE
HISTOIRE D'UNE ÂME
CONSEILS
PRIÈRES
LETTRES
POÉSIES
PLUIE DE ROSES
ÉPILOGUE
BENOIT XV
PIE XI
PRIÈRES
PLUIE DE ROSES

SAINTE THÉRÈSE DE L’ENFANT-JÉSUS

 

« O mon Dieu, vous avez dépassé mon attente » Thérèse.

 

AVIS

PRÉFACE

 

 

PERMIS D'IMPRIMER

 

+ THOMAS,

Evêque de Bayeux et Lisieux.

 

 

Office Central de Ste Thérèse de l'Enfant-Jésus

LISIEUX (Calvados).

 

Imprimerie St-Paul

36, Boulevard de la Banque

BAR-LE-DUC (Meuse).

Dépôt au Canada : M. Goyer, 1382, rue St-Hubert, Montréal.

 

 

AVIS

 

Le courant extraordinaire de popularité, qui se développe autour de Ste Thérèse de l'Enfant-Jésus, porte à rechercher, avec une sorte d'avidité, tous les faits et textes inédits qui la concernent.

Il devient nécessaire de mettre les écrivains en garde contre la publication indiscrète de certains détails touchant l'entourage de la Servante de Dieu, et en particulier sa famille et sa communauté.

Si la sainte Eglise permet la libre consultation du Summarium des procès instruits pour les Causes des Saints, elle ne dispense pas des règles de convenance et de discrétion dans l'usage qu'on fait de ces documents. Cinquante ans est le délai normal minimum pour la conclusion de tels procès. L'Eglise croit parfois devoir abréger ce temps, en vue de hâter la glorification d'une sainteté notoire, et de rendre légitimes les instantes démonstrations de la dévotion publique. Mais, dans ce cas, les détails intimes de la Vie des Serviteurs de Dieu, surtout quand l'intérêt ou la réputation des tiers y sont engagés, ne sauraient passer de sitôt dans le domaine de « l'Histoire » ; du fait de la survivance des contemporains, ils restent « de l'Actualité ». — La dispense du délai de cinquante ans, accordée à la Cause de Ste Thérèse de l'Enfant-Jésus, ne peut donc autoriser les écrivains à se départir d'une discrétion qu'imposent le seul bon sens et le tact, tant naturel que religieux.

Dans la publication des Lettres et textes divers joints à l'HISTOIRE D'UNE AME, on a tenu compte de cette opportunité. Quelques « informateurs » minutieux déplorent qu'on n'ait pas reproduit là, dans leur intégrité, toutes les lettres et tous les textes originaux de Ste Thérèse de l'Enfant-Jésus. On n'a pas prétendu, dans les appendices de l'HISTOIRE D'UNE AME, non plus que dans la brochure intitulée ESPRIT DE Ste THÉRÈSE DE L'ENFANT-JÉSUS, offrir au public une édition des Oeuvres complètes de la Sainte. On a voulu seulement donner une connaissance exacte de sa physionomie morale et de sa doctrine spirituelle, en vue d'éclairer la dévotion des fidèles et de procurer l'avancement des âmes dans la pratique de la perfection. Au fait, ces deux ouvrages, en laissant parler THÉRÈSE, nous livrent absolument son âme, et il est difficile, croyons-nous, de donner d'elle un portrait plus fini et plus vrai.

Les quelques suppressions ou retouches qu'on a cru sage d'opérer tendent, pour la plupart, à éviter des redites; quelques-unes ont été inspirées par un souci de discrétion à l'égard des tiers, ou par le respect des intimités de famille. Mais ces changements ne sont ni fréquents, ni considérables, et n'intéressent d'ailleurs ni la vérité substantielle du récit, ni le fond de la doctrine. Tous les textes originaux ont été versés au dossier du Procès où ils sont intégralement reproduits en copies authentiques collationnées par le tribunal. Ce même tribunal a comparé avec les textes originaux le texte des éditions imprimées, et reconnu que les très légères modifications de forme ou les quelques suppressions opérées n'affectaient pas la vérité foncière des textes publiés.

Enfin, il importe de noter que ces menues retouches ont été faites sur la demande formelle de Ste Thérèse de l'Enfant-Jésus. En effet, peu de temps avant sa mort, sachant qu'on se proposait de publier ses manuscrits, pour entraîner les âmes dans sa voie de confiance, elle dit à la Rde Mère Agnès de Jésus (sa soeur Pauline) : « Ma Mère, il faudra que vous revisiez tout ce que j'ai écrit. Si vous trouvez bon d'en retrancher quelque chose, ou d'ajouter ce que je vous aurais dit de vive voix, c'est comme si je le faisais moi-même. Rappel-vous cela dans la suite, et n'ayez aucun scrupule à ce sujet. » Et elle ajoutait encore : « Ma Mère, vous connaissez tous les replis de mon âme, vous seule !... » — Les juges ecclésiastiques reconnaissent que Mère Agnès de Jésus n'a usé de cette licence qu'avec une extrême réserve et une discrétion vraiment scrupuleuse.

Ces remarques suffiront, croyons-nous, pour guider tout esprit droit dans l'emploi à faire des documents, et pour le rassurer sur la valeur des textes édités par le Carmel de Lisieux.

 

+ THOMAS, év. de Bayeux et Lisieux.

 

Haut du document

PRÉFACE

 

L'autobiographie de S°B Thérèse de l'Enfant-Jésus se compose de trois parties. Par la première, Thérèse croyait répondre uniquement au désir de Mère Agnès de Jésus, sa soeur Pauline, alors Prieure du monastère, qui lui avait dit en 1895 : « Ecrivez pour moi seule les souvenirs de votre enfance. » De là, le ton très simple de ces Mémoires fraternels. Les IXe et Xe chapitres, d'un style plus retenu, furent adressés, en 1897, à la Rde Mère Marie de Gonzague qui, l'année précédente, avait succédé à Mère Agrès de Jésus dans la charge de Prieure, après avoir déjà exercé cette charge, lors de l'entrée au Carmel, de la Prise d'Habit et de la Profession de la Sainte.

Enfin, le XIe chapitre est écrit à Sr Marie du Sacré-Coeur - Marie - soeur aînée de la Servante de Dieu (1).

 

1 Le chapitre XII a été composé par les religieuses Carmélites, témoins des vertus et de la sainte mort de Thérèse.

 

Bien que ces divers manuscrits aient été rédigés . sans aucune division, il a été nécessaire, pour l'intelligence du texte, de les partager en chapitres. Mais avant d'en commencer la lecture, on aimera, sans doute, connaître les parents si chrétiens de notre héroïne Un épisode de leur jeunesse, pieuse et touchante idylle, mérite d'être cité, ainsi que plusieurs exemples de leur sainte vie.

Au mois de septembre 1843, un jeune homme de vingt ans gravissait, pensif et rêveur, la cime du Grand-Saint-Bernard : son regard profond et mélancolique brillait d'un pieux enthousiasme. Cette nature grandiose des Alpes faisait naître en son âme mille pensées généreuses, et, ne pouvant plus contenir le flot toujours croissant de son amoureuse louange, il s'arrêta longtemps et versa des larmes... Puis reprenant sa marche interrompue, il arriva bientôt au but de son voyage, au monastère béni qui, du haut de ces sommets, rayonne au loin comme un phare d'espérance et d'exquise charité.

Le vénérable Prieur, tout d'abord frappé de la beauté remarquable de son hôte, de l'expression loyale de ses traits, le reçut avec une particulière bienveillance. Il s'informa de ses parents, du lieu de sa naissance, et connut ainsi ses noms : Louis-Joseph-Stanislas Martin, né à Bordeaux, le 22 août 1823, alors que son père (1), type de foi et d'honneur, s'y trouvait en garnison, avec le grade de capitaine. Et maintenant sa famille habitait Alençon, où Louis était le préféré entre ses frère et soeurs.

Avait-il donc entrepris un tel voyage pour le seul motif de visiter en passant les beautés de ce pays enchanteur? Il était si long ce trajet de la Normandie à la Suisse, par les diligences et, plus souvent encore, le bâton à la main ! Non, ce n'était pas un asile pour une nuit seulement, qu'il venait solliciter en ces lieux, c'était un abri pour la nuit un peu plus longue de la vie...

« Mon bon jeune homme, lui dit alors le respectable religieux, vos études de latin sont-elles terminées? » Et sur la réponse négative de Louis :

« Je le regrette, mon enfant, car c'est une condition essentielle pour être admis parmi nos frères; mais ne vous découragez pas, retournez dans votre pays, travaillez avec ardeur, et nous vous recevrons ensuite à bras ouverts. »

Notre voyageur reprit donc, un peu désenchanté, le chemin de sa patrie : ce jour-là, ne l'eût-il pas nommé plutôt le chemin de l'exil? Cependant, il sentit bientôt que le monastère du Grand-Saint-Bernard ne serait, pour sa vie entière, qu'un doux

 

1 Chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis.

 

souvenir, parce que sur lui, le Seigneur avait d'autres desseins...

Dans la même ville d'Alençon, quelques années plus tard, une pieuse jeune fille au visage agréablement empreint d'une rare énergie, Mlle Marie-Zélie Guérin, se présentait, accompagnée de sa mère, à l'Hôtel-Dieu des Soeurs de Saint-Vincent de Paul. Elle voulait, depuis longtemps, y solliciter son admission ; mais dès la première entrevue, la Mère Supérieure, guidée par l'Esprii-Saint, lui répondit sans hésiter que telle n'était pas la volonté de Dieu. Zélie rentra donc sous le toit paternel, près de sa soeur aînée (1), et de son jeune frère dont il sera plus d'une fois question dans « l'Histoire d'une Ame ».

Or, depuis sa démarche infructueuse, la jeune fille faisait bien souvent dans son tueur cette naïve prière « Mon Dieu, puisque je ne suis pas digne d'être votre épouse comme ma soeur, j'entrerai dans l'état du mariage pour accomplir votre volonté sainte. Alors, je vous en prie, donnez-moi beaucoup d'enfants, et qu'ils vous soient tous consacrés. »

 

1. Celle-ci devenue bientôt après Sr Marie-Dosithée, au monastère de la Visitation du Mans, s'y livra constamment à l'exercice de toutes les vertus. De son propre aveu, jamais elle ne commit, de propos délibéré, la faute la plus légère. Dom Guéranger, qui l'avait connue, la citait comme un modèle de parfaite religieuse.

L'Evêque du Mans, Mgr d'Outremont, de pieuse mémoire, vint la visiter quelques jours avant sa mort et lui dit cette parole qui la combla de joie : « Ma fille, n'ayez aucune crainte, où l'arbre tombe il demeure : vous allez tomber sur le Cœur de Jésus pour y demeurer éternellement. » Elle mourut le 24 février 1877, dans sa 48e année.

 

Le Seigneur réservait à cette âme d'élite le vertueux jeune homme dont nous avons parlé, et, par un concours de circonstances providentielles, le 13 juillet 1858, se célébraient, dans l'église Notre-Dame d'Alençon, leurs noces bénies.

Le soir même de ce jour, une lettre intime nous l'a révélé Louis confia à sa jeune compagne son désir de la regarder toujours comme sa soeur bien-aimée... Mais après de longs mois, partageant le rêve de son épouse, il désira, comme elle, voir leur union porter de nombreux fruits, afin de les offrir à Dieu, et put redire, alors, l'admirable prière du chaste Tobie : « Vous le savez, mon Dieu, si je prends une épouse sur la terre, c'est par le seul désir d'une postérité dans laquelle soit béni votre nom dans les siècles des siècles. »

Neuf blanches fleurs germèrent de ce parterre choisi, dont quatre, dès l'aurore, s'ouvrirent aux jardins célestes, tandis que les cinq autres s'épanouirent plus tard, soit dans l'Ordre du Carmel, soit dans celui de la Visitation.

Toutes furent dès le berceau consacrées à la Reine des lis, la Vierge Immaculée. Nous donnons ici leurs noms, en faisant remarquer le neuvième et dernier comme privilégié entre tous, ainsi que l'on distingue au neuvième choeur des Anges, celui des Séraphins

Marie-Louise, Marie-Pauline, Marie-Léonie, Marie-Hélène, morte à 4 ans et demi, Marie-Joseph-Louis, Marie-Joseph-Jean-Baptiste, Marie-Céline, Marie-Mélanie-Thérèse, morte à trois mois, MARIE-FRANCOISE-THERESE.

Les deux enfants du nom de Joseph furent obtenus par la prière et les larmes. Après la naissance des quatre filles aînées, il avait été demandé à Dieu, par l'intercession de saint Joseph, un « petit missionnaire ». et bientôt parut ici-bas, plein de sourires et de charmes, le premier Marie-Joseph. Hélas! il ne fit que se montrer à sa mère... Après cinq mois d'exil, il s'envolait au sanctuaire des Cieux ! Suivirent alors d'autres neuvaines plus pressantes : à tout prix, il fallait obtenir à la famille un prêtre, un missionnaire. Mais « les pensées du Seigneur ne sont pas nos pensées, ses voies ne sont pas nos voies (1) » . Un nouveau petit Joseph arriva plein d'espérances, et neuf mois ne s'étaient pas écoulés qu'il s'enfuyait de ce :monde et rejoignait son frère aux Tabernacles éternels.

Alors, ce fut fini; on ne demanda plus de missionnaire. Ah ! si dès ce temps-là, l'avenir avait livré son secret, quel océan. de joie aurait inondé les coeurs ! N'a-t-on pas écrit avec vérité : « Thérèse est maintenant un remarquable missionnaire, à la parole puissante et irrésistible ; sa vie a un charme qui ne se perdra jamais, et toute âme qui se laissera prendre à cet hameçon ne restera ni dans les eaux de la tiédeur ni dans celles du péché. »

 

1. Is., LV, 8.

 

Ses parents eux-mêmes ne sont-ils pas aussi devenus missionnaires ?... Nous lisons aux premières pages de la traduction portugaise de l' « Histoire d'une Ame », cette touchante dédicace du R. P. Santana, religieux de la Compagnie de Jésus

A LA SAINTE ET IMMORTELLE MÉMOIRE DE LOUIS-JOSEPHSTANISLAS MARTIN ET DE MARIE-ZÉLIE GUÉRIN, BIENHEUREUX PARENTS DE SR THÉRÉSE DE L'ENFANT-JÉSUS, POUR SERVIR D'EXEMPLE A TOUS LES PARENTS CHRÉTIENS.

Ils ne soupçonnaient pas cet apostolat futur, et le préparaient cependant, à leur insu, par une vie toujours plus parfaite.

L'épreuve les visita bien des fois, mais une résignation pleine d'amour était leur seule réponse au Dieu, toujours Père, qui n'abandonne jamais ses enfants.

Chaque aurore les voyait au pied des saints autels. Ils s'agenouillaient ensemble à la Table eucharistique, observaient rigoureusement les abstinences et jeûnes de l'Église, gardaient avec une fidélité absolue le repos du dimanche et faisaient, des lectures saintes, leurs délassements préférés. Ils priaient en commun, à la façon touchante du vénérable aïeul, le capitaine Martin, qu'on ne pouvait, sans émotion, entendre réciter le Pater.

Les grandes vertus chrétiennes brillaient à ce foyer. L'aisance n'y introduisait pas le luxe, il y régnait une simplicité toute patriarcale.

« Dans quelle illusion vivent la plupart des hommes! disait sagement Madame Martin. Possèdent-ils des richesses? ils veulent aussitôt des honneurs; et, quand ils les obtiennent, ils sont encore malheureux, car jamais le coeur qui cherche autre chose que Dieu n'est satisfait. »

Toutes ses ambitions maternelles étaient orientées vers les Cieux : « Quatre de mes enfants sont déjà bien placés, écrivait-elle, et les autres, oui, les autres iront aussi dans ce royaume céleste, chargés de plus de mérites, puisqu'ils auront plus longtemps combattu... »

Consolant sa belle-soeur, Madame Guérin, qui pleurait un fils mort à sa naissance, elle dévoile ainsi les pensées qui fortifiaient son coeur en des deuils semblables :

« Quand je fermais les yeux de mes chers petits enfants, je ressentais une grande douleur, sans doute, mais une douleur résignée. Je ne regrettais pas ce que j'avais souffert pour eux. J'entendais dire : « Il vaudrait bien mieux ne les avoir jamais eus! » Je ne pouvais sou frir ce langage, ne trouvant pas que les peines et les soucis méritassent d'être mis en balance avec le bonheur éternel de mes enfants. Puis, ils ne sont pas perdus pour toujours. La vie est courte et remplie de misères, je les retrouverai là-haut. »

 

La charité, sous toutes ses formes, devenait l'écoulement de cette pureté de vie et de ces sentiments généreux. Les deux époux prélevaient chaque année, sur le fruit de leurs travaux, une forte somme pour l'Œuvre de la Propagation de la foi. Ils soulageaient les pauvres dans leur détresse et les servaient de leurs propres mains. On a vu le père de famille, à l'exemple du bon Samaritain, relever, sans honte, un ouvrier gisant ivre-mort dans une rue fréquentée, prendre sa boîte d'outils, lui offrir l'appui de son bras et, tout en lui faisant une douce remontrance, le reconduire à sa demeure.

Il en imposait aux blasphémateurs qui, sur une simple observation, se taisaient en sa présence.

Jamais les petitesses du respect humain ne diminuèrent les grandeurs de son âme. Quel que fût son entourage, il saluait toujours le Saint Sacrement en passant devant une église. Il saluait de même, par respect pour le caractère sacerdotal, tout prêtre qu'il rencontrait sur son chemin.

Citons enfin un dernier exemple de la bonté de son cœur :

Ayant rencontré dans une gare un malheureux épileptique mourant de faim, sans argent pour regagner son pays, M. Martin, ému de compassion, prit son chapeau, y déposa une première aumône, et s'en alla quêter auprès des voyageurs. Les pièces pleuvaient dans la bourse improvisée, et le malade, touché de tant de bonté, pleurait de reconnaissance. En récompense de si rares vertus, toutes les bénédictions de Dieu s'attachaient aux pas de son fidèle serviteur. Dès l'année 1871, il put quitter sa maison de bijouterie et se retirer dans sa nouvelle habitation, rue Saint-Blaise. La fabrication de dentelles, dites « Point d'Alençon », commencée par Madame Martin, fut alors uniquement continuée.

C'est dans cette maison de la rue Saint-Blaise que devait éclore notre céleste fleur ; nous l'appelons ainsi, parce qu'elle-même intitula le manuscrit de sa Vie : HISTOIRE PRINTANIÉRE D'UNE PETITE FLEUR BLANCHE. Elle ne devait pas, en effet, connaître d'automne, encore moins d'hiver avec ses nuits glacées... Mais elle apparaissait comme une messagère de paix et un gage d'espoir pour la France, après la guerre de 1870.

Un fait mystérieux qui précéda sa naissance semble révéler la rage du démon contre l'enfant prédestinée. Un soir où Madame Martin, restée seule à veiller, lisait la Vie des Saints, elle sentit tout à coup s'abattre sur son épaule « comme une griffe de bête féroce ». Après une première impression de terreur, son âme humble et confiante en Dieu recouvra sa sérénité, mais sans comprendre alors ce que pouvait bien signifier cette attaque de l'esprit de ténèbres.

 

C'est le 2 janvier 1873, à 11 heures et demie du soir, que la « petite Thérèse » fit son entrée en ce monde. Cette date tombait pendant les vacances, et les soeurs aînées, pensionnaires à la Visitation du Mans, se trouvaient à la maison paternelle. Quel ne fut pas leur bonheur lorsque, dans la nuit, M. Martin montant d'un pas léger jusqu'à- leur chambre, s'écria d'un ton joyeux « Enfants, vous avez une petite soeur! » On reçut cette dernière enfant comme un présent du Ciel. C'était le bouquet, disait plus tard son bien-aimé père. Il l'appelait souvent sa petite reine, ajoutant parfois ces titres pompeux : de France et de Navarre.

Les Anges de Noël chantèrent aussi sur le berceau de Thérèse ; ils empruntèrent pour cet office la voix d'un enfant pauvre (1) qui vint, ce jour-là même, sonner timidement à la porte de l'heureuse demeure, remettant un papier sur lequel étaient écrits ces vers

 

Souris et grandis vite,

Au bonheur, tout t'invite,

Tendres soins, tendre amour...

Oui, souris à l'aurore,

Bouton qui viens d'éclore,

TU SERAS ROSE UN JOUR !

 

Sous sa forme gracieuse, le présage était une réelle prophétie ; le bouton, en effet, devint une rose d'amour, mais ne devait fleurir ici-bas que pour de courts instants : l'espace d'un matin !

En attendant, il souriait à la vie, et tout le monde lui rendait ses sourires. Le 4 janvier, à l'église Notre-Dame, eut lieu la cérémonie du baptême. On

 

1 Le père de cet enfant, tombé dans le malheur, et soutenu en secret par la famille Martin, était l'auteur de ces vers.

 

donna pour marraine à l'enfant sa soeur aînée, Marie, avec les noms déjà désignés de Marie-Françoise-Thérèse. Jusque-là, tout était joie et bonheur, mais bientôt, sur sa tige délicate, le tendre bouton se pencha, et l'on devait s'attendre à le voir tomber et mourir... « Il faut invoquer saint François de Sales, écrivit la tante Visitandine, et promettre, si ma petite nièce guérit, de l'appeler de son second nom : Françoise. » Sa mère ne pouvait s'y résoudre. Auprès du berceau de sa Thérèse chérie, elle attendait en quelque sorte le dernier moment, se disant à elle-même : « Lorsque tout espoir me semblera perdu, alors seulement je ferai cette promesse de l'appeler Françoise. »

Le doux François de Sales déclina l'honneur l'enfant revint à la vie et se nomma définitivement THÉRÈSE. Il fallut néanmoins assurer sa guérison par un grand sacrifice : l'envoyer à la campagne et lui trouver une nourrice. Alors, le petit bouton de rose se redressa sur sa tige ; il devint fort et vigoureux, les mois d'exil passèrent vite, après lesquels on le remit, frais et charmant, dans les bras de sa vraie mère.

Hélas ! cette étreinte maternelle devait être bientôt brisée. Thérèse n'avait que quatre ans et demi, lorsque Madame Martin fut ravie à l'affection des siens par une douloureuse maladie.

Après la mort de sa femme, M. Martin résolut de se fixer à Lisieux près de M., Guérin, son beau-frère dont la pieuse épouse devait surveiller l'éducation des jeunes orphelines. Témoin, plus tard, du courage héroïque avec lequel ce père incomparable avait, de coeur ou de fait, offert au Seigneur toutes ses filles, M. Guérin résumait son admiration dans ces lignes enthousiastes adressées à l'une de ses nièces carmélites :

« Un jour, Dieu me montra un vieil arbre, chargé de cinq beaux fruits attendant maturité, et m'ordonna de le transplanter dans mon jardin. J'obéis, les fruits mûrirent successivement ; l'Enfant Jésus, comme il est raconté dans une légende de la fuite en Egypte, passa cinq fois et fit un signe ; le vieil arbre se courba amoureusement, et, chaque fois, sans murmurer, laissa tomber un de ses fruits dans les mains de l'Enfant-Dieu. Quel admirable spectacle que celui de ce nouvel Abraham ! Quelle grandeur d'âme ! Nous ne sommes que des pygmées à côté de cet homme-là ! »

 

Puisant sous le toit familial une telle sève d'édification, la sainte « petite Thérèse » s'initia de bonne heure à la pratique des vertus. Très fidèle dès l'enfance aux grâces divines, elle pourra se rendre à elle-même, dans toute la simplicité de son âme, le bien rare témoignage de n'avoir jamais rien refusé ait boit Dieu depuis l'âge de trois ans.

Une intelligence peu commune, une sûreté de jugement très précoce, et une expérience prématurée de la souffrance, la placèrent bien jeune dans une atmosphère tout autre que celle d'ici-bas. Et bientôt, à peine âgée de 15 ans, elle brisa avec une énergique ardeur les filets qui la retenaient dans le monde, pour s'envoler, avide de sainteté et de sacrifice, au Carmel de Lisieux.

 

Là, cette pure colombe « cachée dans le trou de la pierre (1) » nous fait la confidence de ses recherches actives et persévérantes, pour répondre au vouloir de Dieu qu'elle sent particulier sur son âme. Mais sa voie ne lui est pas montrée dans l'extase, c'est au sein des ténèbres les plus épaisses qu'elle doit la découvrir. Pour elle se vérifie la parole de l'Ecriture

« Comme celui qui laboure et qui sème, approche-toi de la Sagesse et attends avec patience ses bons fruits. » L'Esprit-Saint ajoute : « A la fin tu goûteras en elle ton repos (2). »

C'est ce qui arriva pour Thérèse.

Il semble, en effet, que le Seigneur, vaincu par sa constance dans la poursuite audacieuse d'une vérité trop méconnue, se retourna vers elle, le coeur ému, et lui dit, comme autrefois à l'humble Chananéenne : « Ta foi est grande ! qu'il te soit fait comme tu désires (3) ! » Alors lui fut ouverte, pour elle et pour des milliers

 

1 Cant., II, 14.

2 Eccli., VI, 19-29.

3 Matt., XV, 28.

 

d'âmes, sa vole, LA PETITE VOIE, alors l'amour divin embrasa son coeur, elle se fit sa victime et mourut consumée de ses divines flammes…………………

Le Seigneur fera pour moi des merveilles qui surpasseront infiniment mes immenses désirs, avait prédit Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus.

Ainsi, pénétrant l'avenir, elle le chantait le Magnificat de sa reconnaissance, et pouvait, comme la Très Sainte Vierge, souligner le secret de sa prédestination merveilleuse : Parce que j’étais petite, j'ai plu au Très-Haut (1).

Petite, elle l'avait été au sens mystique du mot, n'ayant d'autre ambition que cette décroissance méritoire, louée tant de fois dans l'Evangile par le Fils de Dieu lui-même.

Il faut le reconnaître, avoue un directeur d'âmes, cet esprit d'enfance surnaturelle tendait à s'altérer jusque dans les milieux fervents. Anxieuses et languissantes, beaucoup d'âmes cherchaient une perfection subtile, oubliant qu'autrefois Jésus-Christ, prenant un petit enfant, l'avait placé au milieu de ses disciples, leur disant avec insistance : Si vous ne vous convertissez et ne devenez comme de petits enfants, vous n'entrerez pas dans le Royaume des Cieux. Quiconque se fait petit comme cet enfant,

 

1 Office de la Ste Vierge, au jour de l'Annonciation.

 

celui-là est le plus grand dans le Royaume des Cieux (1). »

Evoquant cette scène pleine de mystères, un Supérieur d'Ordre écrit judicieusement :

« Nous qui nous appelons docteurs en Israël, nous enseignions au inonde une théologie très savante que les fidèles n'avaient pas le temps d'écouter. — Donnez-nous à manger, et à nos enfants de quoi se vêtir, alors nous écouterons vos longs discours, nous disaient-ils ; ou bien : — Donnez-nous quelques maximes toutes simples, que nous puissions entendre sans arrêter notre course et dont nous puissions facilement garder le souvenir.

« Et le Seigneur eut pitié de cette foule... Il prit une enfant, Thérèse, et la plaça au milieu de ses apôtres. Et cette enfant leur révéla des vérités si simples, si ravissantes, que les docteurs durent reconnaître leur ignorance, et se mirent à la suite de l'enfant pour enseigner sa doctrine au peuple. »

C'est ainsi que Dieu se plaît à faire surgir, selon la nécessité des temps, « des agents extraordinaires de son amour (2) ». Et Ste Thérèse de l'Enfant-Jésus nous apparaît investie de ce rôle de salut.

« A notre époque de résistance, Dieu a donné cette sainte d'abandon ; à notre époque de dureté, cette

 

1 Matth., XVIII, 1-4.

2 Mgr Bougaud.

 

sainte de tendresse ; à notre époque d'orgueil, cette sainte d'humilité (1). »

…………………………………..

« Chère petite Soeur, s'écrie en une sorte de prière le même auteur, chère petite Soeur, conduisez-nous dans cette voie de l'Enfance spirituelle qui est votre voie propre, et, si déconcertante qu'elle soit pour notre orgueil et notre inquiétude, montrez qu'elle est, vers Dieu, la plus directe et la plus sûre. »

D'une voix combien plus autorisée, le Cardinal della Chiesa, devenu peu de temps après le Pape BENOÎT XV, soulignait aussi cette importante leçon.

« Il semble que cette fille du Carmel, remarquait-il, ait voulu nous persuader de la facilité d'atteindre à la perfection chrétienne, et dans ce but, elle s'applique à nous indiquer sa voie d'enfance spirituelle. Rien ne devrait être plus aisé à l'homme que la confiance de l'enfant et le total abandon dans les bras de Dieu. »

Nous verrons plus tard le même Pontife, qui avait si bien discerné cette vocation spéciale de la Sainte, en faire un merveilleux commentaire doctrinal, lors de la Promulgation du Décret sur l'Héroïcité de ses Vertus.

Avant même que fussent brisées pour elle les chaînes de l'exil, Thérèse avait eu personnellement l'intuition de sa mission providentielle

 

1 Bulletin des Professeurs catholiques de l'Université. Avril 1913.

 

Je sens que ma mission va commencer, disait-elle, sur son lit de mort, ma mission de faire aimer le bon Dieu comme je l'aime, de donner ma petite voie aux âmes.

Maintenant que s'est ouvert pour elle le temps des conquêtes, son action se manifeste de jour en jour plus victorieuse, et l'Église, interprète fidèle des vouloirs divins, ratifie son mandat en l'exaltant sur nos autels.

Au Carmel d'abord, puis dans le monde entier, la « petite grande Sainte », comme beaucoup l'appellent, eut bientôt « ses disciples ».

« Jésus lui en donne, écrit un religieux franciscain, comme il s'en est donné à lui-même, comme il en a donné à ses apôtres. Astre éclatant de sainteté, elle s'attire une pléiade de satellites, et les fait resplendir de ses feux, les feux du Soleil de Justice dont elle est si près. »

Et, peu à peu, le grain de sénevé, qu'est sa « petite doctrine », devient un grand arbre, en sorte que déjà une multitude d'âmes trouvent le repos sous son ombrage. C'est l'accomplissement de la prophétie divinement poétique du Sage :

« Et moi j'ai coulé comme un petit canal dérivé d'un grand fleuve, comme une prise d'eau arrosant un jardin de plaisance. J'ai dit : J'arroserai mon jardin, j'abreuverai mon parterre. Et voilà que mon petit canal est devenu un fleuve, que mon fleuve est devenu une mer (1).

 

1 Eccli., XXIV, 41-43.

 

Serait-il encore nécessaire de prouver que cette doctrine n'est point innovée, qu'elle n'est point une conception puérile de la piété chrétienne, mais qu'elle s'appuie, au contraire, sur la parole irréfutable du Sauveur, et la ligne de conduite tracée par lui? En vérité, l'intérieur béni de la Sainte Famille à Nazareth n'offre pas d'autre sens à nos méditations. C'est par sa fidélité simple et soutenue à ses devoirs quotidiens, c'est en vivant d'abandon et d'humilité, en sanctifiant, par amour et dans la foi, ses moindres actions, que la Mère de Dieu mérite davantage notre admiration attendrie.

A cette école divine, l'enfant privilégiée de la Vierge Marie résolut de former son coeur. Prendre l'amour pour mobile, l'humilité pour base, et viser à la perfection dans les actes de la vie ordinaire, acquiescer en tout aux désirs de son Père céleste, tel fut l'unique programme qu'elle réalisa dans le secret.

Mais ce programme ne renferme-t-il pas la plus sûre conception de la sainteté ?

Un prêtre, essayant un jour de persuader au saint Pape PIE X qu'il n'y avait rien d'extraordinaire dans l'existence de Ste Thérèse de l'Enfant-Jésus, reçut la réponse suivante : « Ah ! ce qu'il y a de plus extraordinaire dans cette âme, c'est précisément son extrême simplicité... Consultez votre théologie (1). »

 

1 Plusieurs études ascétiques ont paru ces dernières années sur notre Sainte. Une âme sacerdotale, qui a pénétré très intimement sa doctrine, fait cette remarque opportune : « . . Les livres, revues, périodiques, s'occupent beaucoup d'elle en ce moment, mais dissèquent trop sa vie si simple, si une, si droite, posant à son sujet une foule de problèmes ascétiques. On oublie que Thérèse, sous l'inspiration de l'Esprit-Saint dont elle était remplie, a simplifié les méthodes. Elle est un moyen merveilleux que Dieu nous donne pour aller à lui. Que veut-on de plus, et pourquoi la passer au crible de cette critique savante ? Quand le Ciel nous offre une voie si droite et si directe, n'est-il pas superflu de venir tout compliquer? »

 

« Telle est mon unique ambition, avait dit auparavant le glorieux Pontife PIE IX : devenir petit enfant dans les bras de Dieu. »

Reprenant la pensée de ses prédécesseurs, le Pape BENOÎt XV n'hésita pas à proclamer solennellement que « dans l'enfance spirituelle est le secret de la sainteté ».

Enfin, S. S. PIE XI ne craint pas d'affirmer que Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus s'est faite pour nous une parole de Dieu, nous révélant en quoi consiste la perfection, à laquelle tous sont appelés. « Plaire au bon Dieu, aimer le bon Dieu, lui plaire et l'aimer en faisant sa volonté. Telle est la plus belle leçon que « la petite Thérèse » nous donne.

« Elle nous dit que tous peuvent se présenter ainsi devant Dieu, riches de la paix du cœur, en pratiquant le saint abandon à son vouloir adorable (1). Cet abandon amoureux, c'est bien celui de l'enfant dans les bras de son Père (2). »

De fait, c'était déjà la doctrine de saint François de

 

1 Discours de S. S. Pie XI, le 11 février 1923.

2 Id., 30 avril 1923.

 

Sales, qui se plaisait à répéter : « Dieu veut que nous soyons comme de petits enfants. »

Le Père Lacordaire voulant féliciter ses jeunes gens de leurs progrès dans l'abandon et l'esprit d'enfance, écrivait cette belle parole : « Vous voici redevenus enfants, jouant avec l'amour éternel dans la simplicité de votre âme. »

Mgr Gay insiste sur la même thèse

« L'abandon total est la cime de l'amour, et le dernier sommet de cette cime, c'est l'esprit d'enfance. » Embrassant ensuite d'un regard les évolutions morales et les besoins de notre époque, il continue : « Cette grâce de l'enfance spirituelle travaille beaucoup d'âmes, et je ne serais pas surpris que Dieu en préparât dans l'Eglise une nouvelle floraison. Il n'y a pas un vice de notre temps dont elle ne soit la contradiction, et partant, il n'y a pas un de nos maux dont elle ne soit le remède. »

Cette nouvelle floraison s'épanouit en effet, les âmes sont irrésistiblement attirées vers cette voie si évangélique, et il est consolant de recueillir des aveux comme ceux-ci : « La petite Thérèse » est une très grande sainte ; par elle, une ère nouvelle s'est ouverte dans l'orientation de la mystique; mais il faut confesser que le monde des petits aura pressenti Thérèse bien avant les théologiens. Pour moi, plus je descends dans la Petite Voie et plus je sens que c'est la Voie unique.

« Elle s'appelle petite, s'écrie l'un de ses éloquents panégyristes (1), mais elle est, en réalité, prodigieusement grande. Nouveau David, armée seulement de la pierre translucide et aiguë de son humilité, elle a frappé en plein front le colosse du monde moderne, ce néfaste Goliath, tout fait de sensualisme et d'orgueil. Oui, cette enfant, dans son apparente faiblesse, a remporté sur lui la plus belle, la plus profitable des victoires. »

« Qu'elle est grande cette petite! reprend à son tour un éminent Prélat (2). Et comme, auprès de sa gloire, pâlissent les gloires éphémères des grands de ce monde ! »

C'est qu'en effet, ainsi que l'observe très lumineusement un écrivain espagnol, « l'esprit d'enfance implique le sacrifice le plus coûteux à l'orgueil humain, car il est la plus totale négation de soi-même. O homme, rappelle-toi que ta condition éternelle devant' Dieu, c'est de t'humilier pour redevenir enfant. Thérèse de l'Enfant-Jésus l'a souverainement compris, et l'Eglise nous propose son imitation, qui est à la portée de tous. »

Et le Seigneur a voulu donner tant de charmes à son Elue, chargée de nous rappeler ces fortes leçons, qu'on a pu dire : « L'attrait qu'elle exerce est si prenant qu'il rappelle celui de  Jésus dans la Galilée. » Et encore :

 

1 R. P. FRANCESCO SAVERIO, Prieur des Carmes Déchaussés. Discours prononcé au Triduum de la Postulation : Rome, octobre 1923.

2 S. E. le cardinal LAURENTI, Préfet de la S. C. des Religieux. — Panégyrique au cours du même Triduum:

 

« Elle est la plus douce manifestation de l'amour de Dieu, et la plus proche de nous. Elle est comme l'incarnation de cet amour dans ce qu'il y a de plus persuasif, de plus attirant et de plus délicieux. »

Tout geste divin a une signification positive et actuelle. Celui de citer au monde Ste Thérèse de l'Enfant-Jésus, comme apôtre de l'esprit d'enfance, n'est-il pas une invitation explicite à suivre la route frayée par cette âme bénie, dont un religieux Passionniste, longtemps Supérieur, vénérable par son grand âge et ses vertus, écrivait dès l'année 1898 « J'en ai l'intime conviction , cette petite étoile deviendra de plus en plus radieuse dans l'Eglise de Dieu. Ce n'est encore que l'étoile du matin au milieu d'une petite nuée : stella matutina in medio nebulae. Mais un jour elle remplira la Maison du Seigneur : implebit domum Domini. »

Emouvante prophétie que devait ratifier solennellement le Vicaire de Jésus-Christ, S. S. Pie XI, se plaisant à nommer Thérèse « la chère Etoile de son Pontificat, miracle de vertus et prodige de miracles », plaçant sous son égide, non seulement sa Personne, mais l'Eglise tout entière (1).

Qu'elle éclaire donc maintenant « tous ceux qui sont dans la Maison (2) » et soit un gage d'espérance et de salut pour le monde entier ! Que sa légion de petites

 

1 Discours de S. S. Pie XI, le 11 février 1923.

2 Matt., V, 15.

 

âmes, victimes d'amour, directement placée sous son rayonnement, console la sainte Eglise, changeant en trésors de pardon et de miséricorde les arrêts de la Justice divine !

Que l'univers enfin chante avec le Roi-Prophète « Par la bouche des enfants, tu t'es fondé, Seigneur, une force victorieuse, pour confondre tes ennemis et imposer silence à l'adversaire et au blasphémateur (1)! »

 

LAUDATE PUERI DOMINUM !

 

1 Ps. VIII, 3.

 

Haut du document

 

 

 

Accueil Suivante