Interventions de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus  pendant la guerre

Céleste avertissement de la mort d'un soldat.

Amputation évitée et guérison d'un soldat mourant.

Comment Sœur Thérèse convertit un soldat et lui fait sentir jusqu'à la mort sa céleste influence.

TÉMOIGNAGE DE M. LE CURÉ DE BEAUMONT-LE-ROGER

Merveilleuses protections dues à Sœur Thérèse en faveur d'une famille des Vosges.

Un sous-lieutenant perdu par la philosophie allemande se convertit par l'intercession de Sœur Thérèse.

D'une ambulance de Lisieux.

« Céleste narcotique. »

Guérison d'un blessé mourant.

 

Interventions de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus
pendant la guerre

 

Céleste avertissement de la mort d'un soldat.

 

X. (France), 27 septembre 1914.

 

Notre petit ami, A. V., partit pour la guerre dès les premiers jours de la mobilisation. D'une foi ardente, d'une piété profonde, il était à vingt et un ans, un des modèles et des plus vaillants apôtres de la « Jeunesse catholique de X. » dont il était secrétaire.

Nous avions pour ce jeune homme si sérieux, si parfait, une très grande affection, et nous le mîmes sous la protection de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus. La famille V. à laquelle nous sommes très liés, connaît et aime beaucoup Sœur Thérèse et recourut aussi à son intercession.

Nous étions sans nouvelles du cher soldat lorsque, le 24 août, ma sœur, Mlle E. qui n'a rien d'une exaltée, ni d'une personne à imagination vive et qui ne croit pas facilement aux choses surnaturelles, fut fortement impressionnée par un fait qu'elle me confia, à moi seule.

A 11 heures du matin, entrant dans sa chambre, elle s'arrêta saisie d'émotion devant un spectacle mystérieux : Elle voyait distinctement, à quelques pas de distance, A. en soldat, dans les bras de Sœur Thérèse. La petite sainte était d'une beauté céleste et souriait.

 

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D'une main, elle soutenait le jeune homme, de l'autre, elle lui présentait une palme. Tous deux regardaient le ciel, ils avaient l'air radieux et triomphants.

Cette vision dura quelques secondes, instants inoubliables pour ma sœur qui, accourant vers moi, me dit : « A. est mort, ou il va mourir. Je viens de voir Sœur Thérèse auprès de lui. » Et elle me donna les détails qui précèdent.

En effet, après s'être conduit en héros et avoir été nommé sergent sur le champ de bataille, A. tomba quelques jours après, le 7 septembre, à La Fère Champenoise, frappé d'une balle au front.

Ce fut un deuil dans tout son régiment où il avait su conquérir très vite l'estime et l'affection de ses chefs et de ses camarades.

Ce fut aussi une perte très grande, et très sentie par la « Jeunesse catholique » de X. dont les membres assistèrent, en nombre, au service célébré pour lui. Ils donnèrent à cette cérémonie un caractère de patriotisme, déployant près de l'autel, voilé de noir, le drapeau que leur vaillant secrétaire avait porté lui-même à Rome, lors du récent pèlerinage du comité.

Le pauvre M. V. qui reste seul depuis la mort de son unique enfant, sera bien consolé d'apprendre ce que la chère petite sainte du Carmel a fait pour lui, et, déjà dans sa douleur, il pense, avec une pieuse et légitime fierté, que son fils est une des pures victimes choisies par Dieu pour le salut de la France.

Mme G.

Mme G. et Mlle E. sa sœur sont très connues au Carmel de Lisieux.

 

Amputation évitée et guérison d'un soldat mourant.

 

Saint-Blancard (Gers), 29 septembre 1914.

 

Le 9 septembre, on envoyait à notre ambulance un premier contingent de blessés — dix-sept en tout —. L'un d'eux, Pierre Bourdet (des Côtes-du-Nord) avait le mollet gauche entièrement emporté par un éclat d'obus; sa plaie n'ayant pas été pansée depuis trois jours, la gangrène s'y mit et elle répandait une odeur infecte, enfin l'état général du pauvre soldat était déplorable.

Inquiets, le Dr Cadéac, chirurgien, et le Dr Lafage, médecin traitant, projettent de faire l'amputation dès que l'état du malade le permettra. Les deux premiers pansements amènent une amélioration bientôt suivie d'une aggravation, et l'amputation est décidée pour le surlendemain.

Émue plus que je ne saurais le dire en voyant ce triste début d'ambulance, je mets la salle, et tout spécialement le blessé Bourdet, sous la protection de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus qui avait tant fait

 

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pour mon fils, il y a deux ans. Enfin nous épinglons une image de la petite sainte sur le malheureux soldat.

A partir de ce moment, l'amélioration fut telle qu'à chaque pansement on voyait la chair repousser. Aujourd'hui 29, le mollet est entièrement cicatrisée et, sous peu, il ne restera aucune trace de cette affreuse plaie. Le chirurgien et le médecin n'y comprennent rien.

Pour nous, nous ne doutons pas de la puissante intervention de la Servante de Dieu ; nous croyons et espérons que dimanche prochain, fête du Saint Rosaire, le jeune Bourdet ira à l'église remercier Dieu de l'insigne faveur qui lui a été accordée par l'intercession de l'angélique Sœur Thérèse.

Mardi dernier, 22 septembre, nous arriva un nouveau convoi de blessés, parmi lesquels s'en trouvait un, Georges Schoumacker, si malade qu'il ne pouvait garder aucune nourriture, pas même une cuillerée de bouillon; avec cela, diarrhée persistante, vomissements, abaissement de température. Le médecin déclara qu'il n'en avait pas pour trois jours.

Ma fille attacha alors au chevet de ce mourant une image de la petite Sœur Thérèse.

Quelle fut notre admiration quand, dix minutes après, voilà notre agonisant qui avale et garde une tasse de chocolat à l'eau, puis nous fait une série de repas composés de bouillon, lait, œufs, pain, sans qu'il y ait le moindre vomissement ni aucune trace de diarrhée !

Chère petite sainte si puissante, continuez-nous votre protection et soyez remerciée des bienfaits reçus.

 

Mise de Gontaut.

 

Une lettre de la même, à la date du 11 février 1915, confirme les bonnes nouvelles des deux soldats en question, et signale diverses autres grâces de protections, et deux guérisons d'enfants.

 

Comment Sœur Thérèse convertit un soldat et lui fait sentir jusqu'à la mort sa céleste influence.

 

Beaumont-le-Roger (Eure), 4 novembre 1914.

 

Madame la Supérieure,

 

Comme j'ai été vous le dire à Lisieux, le 21 octobre (1), je suis un privilégié de la petite Thérèse de l'Enfant-Jésus et j'ai en elle une grande confiance. J'étais allé sur sa tombe en mai 1914 et j'en suis revenu tout impressionné. Cependant, la guerre déclarée, je refusai

 

1. La Mère Prieure du Carmel avait recueilli, en effet, au parloir, à cette date, de la bouche du soldat privilégié, les détails de la grâce touchante relatée dans cette lettre.

 

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d'obéir aux instances de ma femme et je partis sans me confesser. C'est le respect humain qui me retenait dans l'accomplissement de mes devoirs de chrétien. Je m'étais éloigné de l'Église depuis ma première Communion. Cependant, j'acceptai une relique et une image de la petite Sœur, et chaque fois que, dans les combats, je me trouvais en danger, instinctivement je l'appelais à mon secours, remarquant que chaque fois aussi elle me protégeait, moi et mes camarades, car jamais je n'en ai vu de tués ou blessés tout près de moi.

Vers le milieu de septembre, nous étions couchés dans les tranchées du Gotha, près de Reims.

C'était à un moment difficile, car les deux artilleries ne faisaient que tonner.

Je pensais avec grande tristesse à ma petite famille et je disais à Sœur Thérèse : « Ma Sœur Thérèse, rendez-moi, je vous en supplie, à ma femme et à mes enfants, et je vous promets d'aller sur votre tombeau aussitôt rentré dans mon pays. »

A peine avais-je fait cette prière que je vis un nuage s'ouvrir et le visage de la sainte se détacher sur le ciel bleu. Je me crus le jouet d'une hallucination. Je me frottai les yeux, à plusieurs reprises, regardant de nouveau la vision, mais je ne pouvais douter aucunement car son visage était de plus en plus net et resplendissant. Je pus le contempler ainsi pendant une ou deux minutes. J'ai surtout remarqué ses yeux si beaux, levés au ciel comme pour prier. Depuis cette époque, j'ai toujours été courageux, je ne me sentais plus seul. J'avais aussi le plus ferme espoir de revoir les miens et je gardais en moi une résolution inébranlable de revenir au Dieu de mon enfance.

En effet, peu après, quand pour cause de maladie je fus évacué, et qu'à l'hôpital où je fus soigné, on demanda ceux qui voulaient communier, je n'ai pas eu peur de manifester mon désir et j'ai promis, dès ce moment, que toujours je ferais mes Pâques.

Usez de cette lettre à votre gré, Madame la Supérieure, je n'ai plus aucune honte, au contraire, je suis fier de publier la bonté de Dieu et de Sœur Thérèse pour un pauvre pécheur.

 

Auguste Cousinard,

réserviste, 5e régt. d'infanterie, de Falaise.

 

Suit une lettre de Mme Cousinard confirmant la relation de son mari.

 

TÉMOIGNAGE DE M. LE CURÉ DE BEAUMONT-LE-ROGER

 

L'abbé A. Dautresme, curé-doyen de Beaumont-le-Roger, atteste que M. et Mme Cousinard ses paroissiens lui sont bien connus, comme dignes et braves gens en qui on peut avoir toute confiance.

Après avoir vaillamment fait son devoir, sous l'égide de sa sainte Protectrice, « qui ne lui permettait pas un instant de découragement »,

 

 

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écrivait-il lui-même au Carmel, à la date du 18 juin 1915, le soldat Cousinard tomba glorieusement pour sa patrie à son poste de guetteur, le 14 juillet suivant, non loin du mont Saint-Éloi, à 12 kilomètres d'Arras. Par ordre de son lieutenant qui l'avait en particulière estime, l'humble héros fut relevé aussitôt, et enterré avec honneur dans le cimetière de la ferme de Berthonval, consolation très grande pour les siens, qui espèrent ainsi retrouver son corps après la guerre. Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus resta leur ange consolateur et en toutes circonstances cette chrétienne famille recourt à elle avec une dévotion touchante. En octobre 1915, Mme Cousinard attribuait encore à Sœur Thérèse, sa guérison d'une plaie variqueuse dont elle souffrait depuis six ans.

 

Merveilleuses protections dues à Sœur Thérèse en faveur d'une famille des Vosges.

 

Ménil-sur-Belvitte, 17 novembre 1914.

 

Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus a fait de nouveaux miracles en notre faveur; celui de la préservation de ma petite Anne demeurée intacte au milieu des flammes a été publié. Voici ce que nous venons encore d'obtenir par son intercession :

Le 20 août dernier, le canon tonnait à chaque seconde sur notre pauvre Lorraine, nos Vosges, principalement à partir de Ménil. Tous nos compatriotes s'enfuyaient. Le 24 août, à 4 heures du matin, j'allai trouver notre digne curé lui demandant ce qu'il comptait faire, en cas d'invasion ennemie dans sa paroisse. « Je reste », me répondit-il. Encouragée j'ajoutai : « Moi aussi, Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus nous protégera. »

Ce jour-là même, à 8 heures du matin, les obus commençaient à tomber sur le village, les soldats français se repliaient; les derniers habitants se sauvaient en hâte, abandonnant tout ce qu'ils possédaient; il n'y avait plus qu'une trentaine de personnes à Ménil. Notre habitation se trouvait en plein champ de bataille, nous étions entourés de blessés et de morts. J'installai alors la Croix-Rouge, et ma maison se remplit bientôt de blessés; on se serait cru dans une boucherie, le sang coulait sur les parquets, plus de sept cents soldats vinrent se faire panser; et d'autres portés sur des brancards, ne donnaient plus signe de vie! Un seul major prodigua quelques soins, mais hélas! à l'approche de l'ennemi, il abandonna son poste de dévouement.

J'en fus navrée et suppliai Sœur Thérèse de venir à mon secours. Je ne l'ai pas priée en vain, car elle m'assista d'une façon merveilleuse. J'ai fait les pansements aussi bien que le major, mes fillettes m'aidaient. (J'avais gardé mes six enfants avec moi, mes beaux-parents, la femme d'un pauvre ouvrier et ses trois enfants.)

 

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Sans interruption, les obus pleuvaient sur la maison, le toit était à moitié détruit, mes pauvres soldats me disaient à chaque instant : « Madame, nous allons être tués, ensevelis sous les ruines de votre maison. » Je les faisais prier et répéter cette invocation : « Petite Thérèse, sauvez-nous ! » Ils avaient tous confiance depuis que je leur avais raconté l'histoire de Sœur Thérèse et la préservation miraculeuse de ma petite Anne-Marie. Quand cela tonnait trop fort, ils criaient : La Petite Thérèse de la dame, sauvez-nous !

A 3 heures de l'après-midi, le bombardement était à son paroxysme, mes soldats et moi croyions notre dernière heure arrivée, un obus venait d'éclater, à quelques mètres de la maison, creusant un trou énorme. On ne s'entendait plus : le sifflement des projectiles, les mitrailleuses, le canon faisaient un bruit affreux. Je me sentis alors comme inspirée de dire à haute voix : « Chers amis, au nom de la petite Sœur Thérèse, je vous promets qu'il ne vous arrivera aucun mal. »

A peine avais-je prononcé ces paroles, qu'une secousse formidable ébranle tout le bâtiment, la porte derrière laquelle je me trouvais occupée à tenir un blessé atteint d'épilepsie, vole en éclats et me tombe sur le dos, des débris de pierres, de verre, la fumée emplissent l'appartement et nous empêchent de rien voir.

Pendant dix minutes qui parurent un siècle, c'était un bruit confus -de voix, on s'appelait les uns les autres.

— Est-ce que vous êtes tous là ?

— Oui, Madame.

— Il n'y en a point de tués ni de blessés ?

— Non, Madame.

Et tous de dire en chœur : Petite Thérèse de la dame, merci!

Une bombe venait de s'abattre sur ma Croix-Rouge, les montants de la porte en pierre, très solides, étaient entièrement démolis, le mur fendu, plus une fenêtre intacte, tous mes blessés couverts de pierres et de plâtre.

Cette bombe serait tombée seulement dix centimètres plus loin, à droite ou à gauche, la maison était incendiée et tous nous étions en miettes, car de chaque côté de la porte et tout autour de l'appartement, ce n'est que vitres.

Là ne s'arrête pas la miraculeuse protection.

Nous avions caché dans la maison un soldat non blessé qui n'avait pu s'en aller; les Allemands ayant demandé s'il n'y avait pas de soldats cachés, sur ma réponse négative, ils fouillèrent toute la maison; je dus les conduire, sous la menace de fusiller mes six enfants et moi-même s'ils trouvaient un Français. Ils ne découvrirent rien. Plus de cent fois ils passèrent à côté du soldat, sondant les moindres recoins avec leurs baïonnettes, ils n'aperçurent toujours rien.

Les Allemands ont incendié notre église dès le premier jour; le lendemain, ils me forcèrent de les éclairer pour entrer dans notre usine, ils me suivaient armes en mains. Arrivés là, ils l'incendièrent sous mes yeux, tout est brûlé, il n'en reste absolument rien. Pour

 

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nous, c'est la ruine. Mais j'avais demandé à Sœur Thérèse de me garder le pain quotidien pour mes pauvres petits, jusqu'ici j'ai été exaucée.

Ma maison d'habitation est intacte, et dans notre malheureux village elle est la seule épargnée, tout a été incendié, pillé, dévasté.

Au bout de huit jours, nos blessés français furent emmenés prisonniers en Allemagne, d'où ils m'écrivent maintenant leur reconnaissance envers la chère sainte qu'ils ne pourront jamais oublier.

Pendant les douze jours suivants, j'ai soigné les blessés ennemis, faisant pour eux ce que je faisais pour les nôtres. Je leur rendrai cette justice, c'est que je n'ai rencontré que de la reconnaissance.

Le bombardement a duré dix-huit jours et dix-sept nuits sans une heure d'accalmie. Pendant ce temps, je n'ai pas dormi dix-sept heures, et étant donnée ma position (j'allais avoir mon septième enfant), je n'ai pas été fatiguée pour ainsi dire.

Le quinzième jour, j'ai reçu un éclat d'obus à la tête, mais j'ai à peine souffert de ma blessure. Mes enfants n'ont aucun mal et Dieu sait ce que l'on a enduré !

Quand j'attendais mon bébé, j'avais prié ma petite sainte pour que mon mari soit auprès de moi à ce moment-là, ce qui n'était guère possible, car à l'époque on n'accordait pas encore de permissions. Eh bien ! il était présent, on lui avait accordé huit jours de permission sans qu'il le demande : ma petite fille, qui porte les noms de notre Bienfaitrice : Marie-Françoise-Thérèse, avait trois jours et était baptisée quand il est reparti.

Un article paru dans un journal de la région, se termine ainsi : C'est grâce à une dévotion nouvelle, dite à la Petite Thérèse de Lisieux, que la famille Henry a dû sa préservation et que sa maison est restée debout.

Un général de l'état-major, à Épinal, députa vers nous un colonel, pour recueillir de plus amples renseignements sur la protection merveilleuse dont nous avions été l'objet. Il dit à ma belle-mère, car alors j'étais absente : « Quelle est donc cette petite Thérèse que vous avez invoquée? » Il prit tout en note et exprima son admiration.

 

Denise Henry.

 

Dans son numéro du 12 décembre 1914, le journal La Croix, sous le titre : « Cœurs de Français et de Françaises », retraça dans ses colonnes l'attitude héroïque de Mme Henry lors de l'invasion allemande.

 

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Un sous-lieutenant perdu par la philosophie allemande se convertit par l'intercession de Sœur Thérèse.

 

Carmel de Tours, exilé à Jersey, 29 novembre 1914.

 

Mon frère, le sous-lieutenant André N., que Dieu a rappelé à Lui dans sa trentième année, le 25 octobre dernier, fut très bon et très pieux jusqu'à l'âge de dix-huit ans, où il perdit complètement la foi par l'étude des philosophes allemands.

Depuis son retour d'Allemagne, en 1905, il refusa de pratiquer notre sainte religion disant qu'en conscience il ne pouvait faire ce qu'il ne croyait pas. A toutes les demandes et prières, comme à tous les raisonnements, il n'avait qu'une réponse : « Je ne crois pas! »

Bien qu'il ne fût plus désormais qu'un matérialiste convaincu, Dieu eut l'infinie miséricorde de conserver à cette âme égarée les précieuses qualités dont il l'avait douée. Il resta honnête et bon, et, en véritable artiste, ami du beau et du bien.

Dès la première fois qu'il vit une photographie de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, il ne put retenir son admiration devant l'angélique expression de ce visage si pur.

Quand la guerre éclata, mon frère ne se réconcilia pas avec Dieu, mais il consentit à porter une petite relique de Sœur Thérèse et la garda fidèlement suspendue à son cou. Elle devait l'aider à mourir en chrétien après l'avoir aidé à souffrir en héros. En effet, épuisé par les privations, miné par la fièvre et les affreuses souffrances causées par une blessure où la gangrène commençait déjà ses ravages, il refusa de se faire porter malade, et, croyant qu'il était de son devoir de rester à son poste à l'heure où la mort fauchait tout autour de lui, il ne voulut point quitter ses hommes.

Cependant, vaincu par le mal, il dut à la fin consentir à se laisser emmener à l'ambulance. Hélas ! il était trop tard ! Envoyé à l'hôpital du Mans, il y mourait entre les bras de mon père et de ma mère, après treize jours d'un cruel martyre.

En proie à un continuel délire, les quatre derniers jours de sa vie, il recouvra sa connaissance pendant qu'un prêtre-soldat lui donnait l'Extrême-Onction ; le délire le reprit ensuite, mais peu de temps avant de rendre le dernier soupir, il revint à lui soudainement et prononça ces belles paroles : « Depuis longtemps je m'étais éloigné de Dieu... mais il m'a révélé sa toute-puissance ! Je crois en lui ! »

Ma mère m'écrit : « J'attribue la grâce de cette conversion absolument miraculeuse à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus dont la relique n'a pas quitté la poitrine de notre pauvre martyr. » C'est bien aussi, je le répète, ma conviction intime, et notre reconnaissance à tous envers la chère sainte est inexprimable.

Nous avons pensé qu'il devait à Sœur Thérèse cette révélation

 

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qui lui fut faite avant de mourir, de la puissance et de la bonté de Dieu.

 

Sr Marie-Germaine de Jésus,

 

Suivent les signatures des parents, témoins de cette précieuse mort.

 

D'une ambulance de Lisieux.

 

Décembre 1914.

 

« PARTAGE AVEC MOI »

 

Un militaire, en pleine bataille, portait ostensiblement la relique de Sœur Thérèse, et était préservé de tout projectile. « Je t'en prie, partage avec moi », lui dit un camarade. Et le petit sachet fut séparé aussitôt.

La protection de la Servante de Dieu couvrit les deux soldats, qui revinrent sains et saufs d'une très sanglante mêlée.

 

« MAHOMET DIRA CE QU'IL VOUDRA »

 

Un tirailleur algérien blessé, du nom de Djélida, avait bien en vue sur sa poitrine, à l'ambulance, une relique de Sœur Thérèse. Le médecin l'interpelle : « Que dira Mahomet de te voir cela? » Et le Turco de répondre : « Mahomet dira ce qu'il voudra, je garderai la sorelle toute ma vie. »

« Céleste narcotique. »

 

Néronde (Loire), le 11 décembre 1914.

 

Ma Révérende Mère,

 

J'ai à m'acquitter d'une dette envers Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, et je ne puis tarder davantage à le faire, car la chère petite sainte m'en voudrait.

Un de nos soldats ayant pris la fièvre typhoïde, la famille éplorée vint nous demander une image de votre aimable Thaumaturge, et commença de suite une neuvaine. Dix jours après, le malade était guéri, alors que ses camarades, atteints du même mal, n'avaient fait encore aucun progrès vers le mieux.

Un jeune homme de vingt ans, souffrant d'un phlegmon au bras, à la suite d'une blessure, endurait de terribles douleurs, et depuis deux semaines, ne pouvait fermer l'œil. Je lui mis une relique sur son traversin, lui recommandant de prier la sainte, et d'avoir confiance. Il sourit et murmura : « Ah ! que je serais content, si seulement elle me faisait dormir ! » Eh bien, je l'ai vu de mes yeux, un quart d'heure

 

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après, le blessé dormait d'un sommeil paisible, et ne s'éveilla qu'à trois reprises, pour boire et me dire : « Je ne sais pas si c'est votre sainte qui me fait dormir, mais je suis joliment bien !» Et ce fut ainsi jusqu'au matin.

Un autre, atteint de méningite, provoquée par une balle qui lui avait traversé les deux oreilles, souffrait horriblement, et lui aussi se lamentait de ses cruelles insomnies. La petite relique eut encore le même effet de céleste narcotique, et de plus, le lendemain, mon malade était déclaré hors de danger par le major. Qu'elle est compatissante, votre chère Sœur Thérèse !

Veuillez agréer, ma Rde Mère, etc.

Sr Saint-Alphonse,

religieuse de Saint-Charles de Lyon.

 

Guérison d'un blessé mourant.

 

Paris, 15 décembre 1914.

 

Ma Révérende Mère,

 

L'aimable petite Sœur Thérèse vient de faire un miracle éclatant en faveur de mon fils; je tiens à vous en faire part, afin d'en témoigner hautement ma reconnaissance.

Le 14 octobre dernier, mon fils Robert fut blessé à Flêtre, par une balle qui lui traversa la jambe, perforant le tibia et brisant le péroné. Transporté à l'hôpital de la Croix-Rouge installé dans le collège Saint-Jacques, à Hazebrouck, il y reçut immédiatement les soins les plus éclairés et les plus dévoués.

Cependant son état devint très grave, et j'en fus avertie, le 4 novembre. Je partis aussitôt et, dès mon arrivée à l'hôpital, je reçus la visite du docteur : « Votre fils est mal, très mal, me dit-il; hier, au moment de le panser, j'ai cru qu'il allait passer. » Telles furent les premières paroles qui me mirent au courant de la triste réalité, puis vint l'énumération des plus graves symptômes : infection du sang, hémorragies se renouvelant à chaque pansement, fièvre de 40° depuis vingt jours, faiblesse extrême. Le médecin conclut ainsi : « Il est perdu... hier, il a été administré, et ce n'est qu'avec des piqûres, de l'éther et du rhum qu'on l'a soutenu. Aujourd'hui, je supprimerai le pansement pour vous le conserver la journée, c'est l'affaire de quarante-huit heures! ! ! »

Je surmontai ma douleur pour me rendre auprès de mon enfant. Hélas! quel spectacle! La mort planait déjà sur ce pauvre visage émacié, au teint de cire, aux yeux démesurément agrandis, aux lèvres décolorées, aux narines amincies. Le médecin m'avait dit vrai : tout était humainement perdu !

Alors je glissai sous l'oreiller du cher mourant une relique de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, et je commençai près de lui une journée

 

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d'inexprimable anxiété, épiant ses moindres mouvements, et son souffle que je craignais à tout instant de voir s'éteindre pour toujours.

La nuit vint; mon pauvre blessé était calme, il reposa... Pendant les heures interminables de cette veillée douloureuse et presque funèbre, je priais... ma prière montait confiante et soumise, malgré l'angoisse qui me torturait.

Le lendemain matin, le médecin m'annonça qu'il était impossible de différer plus longtemps le pansement : c'était l'heure décisive, tous craignaient qu'elle ne fût fatale. Je me tins à la tête du lit et je regardai tout. Le docteur défit les bandages, pressa les plaies : point d'hémorragie; il contempla avec stupéfaction cette jambe, la veille encore tuméfiée et enflée, aux plaies infectées et violettes, elle n'était plus reconnaissable. Sœur Thérèse avait fait son œuvre. Le docteur déclara : « C'est un mieux inouï, inespéré. » Un major de passage qui assistait put dire avec son confrère : « Si l'hémorragie ne se reproduit pas et si votre fils triomphe de sa faiblesse, dans quatre ou cinq jours il sera sauvé. »

En effet, le médecin habituel constata le lendemain une amélioration si extraordinaire, un si bel aspect des plaies, une disparition tellement imprévue de l'hémorragie qu'il n'hésita pas à me dire : « C'est un miracle. » Ce miracle, tous les blessés de l'hôpital ont pu le constater, les prêtres qui sont enrôlés comme infirmiers se plaisent à en rendre témoignage, ainsi que les infirmières, et en particulier cette dame de la Croix-Rouge qui a été pour mon fils un ange de bonté et de dévouement. Je suis heureuse de proclamer ce bienfait, et de dire bien haut ma foi et ma reconnaissance.

Depuis, le mieux n'a fait que s'accentuer, le malade a pu s'alimenter, les forces sont revenues, et à l'heure présente, mon cher soldat est en pleine voie de guérison.

Gloire à Dieu ! honneur à sa fidèle Servante Thérèse de l'Enfant-Jésus !

 

Marie Labitte.

 

DIVERSES ATTESTATIONS

 

J'atteste la vérité de ce récit.

 

P.  HlDDEN, Supérieur de l'Institut Saint-Jacques d'Hazebrouck.

administrateur de l'hôpital.

 

Je déclare avoir vu M. Robert Labitte dans un état désespéré, la mort paraissait si imminente que je lui ai administré les derniers sacrements et que j'ai récité près de lui les prières des agonisants. J’atteste que l'amélioration de l'état du malade a commencé avec l’application de la relique de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus.

 

F. Mullié,

prêtre-infirmier.

 

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Je souscris volontiers à l'exactitude de ce récit.

 

G. Gars,

prêtre-infirmier.

 

Je me fais un devoir de joindre mon témoignage à celui de ces Messieurs.

M. Beberdt, infirmière.

 

TÉMOIGNAGE DU MÉDECIN-CHEF

 

Actuellement, je suis encore tout surpris de la marche des événements chez le blessé Labitte Robert. Gomment est-il encore en vie? Je ne puis me l'expliquer. Mais Dieu ayant aidé, tout s'arrange. En pareil cas nous comptons pour si peu !

Le Médecin-Chef,

Dr Senellad.

 

Mgr de Teil ayant visité le soldat privilégié, en convalescence à Paris, recueillit de sa bouche cet autre détail : Dès que sa mère qui portait la relique de Sœur Thérèse s'approcha de son lit, alors qu'il était mourant, il eut l'impression certaine qu'il serait guéri. A l'hôpital d'Hazebrouck on ne l'appelait plus que le « ressuscité ».