Conversion d'un brave soldat par l'intermédiaire de sa tante religieuse.

Un éclat d'obus arrêté par l'image de Soeur Thérèse.

« Petite Sœur Thérèse, sauvez-nous ! »

Belle protection dans une mission périlleuse.

L'ex-voto du 38e colonial.

Un trappiste-soldat guéri du mal de Pott et de tuberculose pulmonaire.

Lettre d'un soldat converti en lisant le petit opuscule:  « Thérèse de l'Enfant-Jésus — Sa vie — Après sa mort. »

Un prisonnier de guerre converti par la lecture de la Vie de Sœur Thérèse.

Un soldat est guéri subitement d'une plaie au pied, en pleine marche.

 

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Conversion d'un brave soldat par l'intermédiaire de sa tante religieuse.

 

PREMIÈRE LETTRE DE LA TANTE DU CONVERTI (Sr ST-CHARLES, FILLE DE LA CROIX)

 

Dissais (Vienne), 7 juillet 1915.

 

Ma Révérende Mère,

 

Je vous écrivais en mars pour vous envoyer l'honoraire d'une messe afin de remercier le bon Dieu des grâces accordées à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, et obtenir par sa puissante intercession diverses faveurs spirituelles et corporelles pour de pauvres soldats.

Or l'un des militaires, malade de corps et d'âme, s'est si bien converti qu'il est devenu non seulement un chrétien pratiquant mais un apôtre. Il prie continuellement Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus qui l'a « fasciné », dit-il. Voici la quatrième fois qu'il relit sa vie; c'est sa lecture favorite avec l'Évangile. De plus, grâce à l'application de son petit sachet de reliques il a pu éviter une redoutable opération dans l'oreille pour laquelle on ne voulait pas l'endormir. Cet enfant était doué d'une très bonne nature, malheureusement son éducation avait été toute laïque; il rachète maintenant le temps perdu, me dit-il, grâce à sa céleste Bienfaitrice, et il autorise à publier sa reconnaissance.

Il se recommande tout de nouveau aux prières, car il va recommencer une seconde campagne comme volontaire : sa faible santé l'en exemptait encore pour le moment.

 

Veuillez agréer, etc.

 

Sr Saint-Charles.

 

DEUXIEME LETTRE

 

Dissais, le 23 juillet 1915.

 

Ma Révérende Mère,

 

C'est de tout coeur que je viens satisfaire votre légitime désir en vous donnant tous les détails possibles sur mon cher Théodore.

Ainsi que je vous l'ai déjà dit, son éducation a été toute laïque. Cependant il n'a jamais été hostile, est resté fidèle aux sévères principes de la plus stricte honnêteté, déplorait les mesures prises contre les congrégations, aurait voulu justice et liberté pour tous.

Arrive la mobilisation, il avait vingt-huit ans. Ardent patriote, il part plein d'enthousiasme dès le premier jour, prend part aux rudes combats du côté d'Albert et autres, est blessé d'un coup de pied de cheval en courant au secours d'un camarade, reste évanoui sur le champ de bataille, se réveille couché sur un tas de cadavres, entouré d'agonisants. Il veut se lever, impossible ; il appelle à son secours, rien. Alors le pauvre enfant pensant à son père, à sa mère, à sa jeune femme loin desquels il va mourir, abandonné de tous, se met à sangloter. Le lendemain soir il voit arriver un bon paysan, qui l'enlève

 

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doucement, on le met dans une charrette et, finalement, il est transporté à Limoges. Il m'écrit. Je lui envoie un petit sac où étaient renfermés médailles, chapelet, etc. : puis je place dans ma lettre une image de N.-D. du Sacré-Cœur et celle de la petite Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, lui recommandant de bien les prier. Il me répond : « Le sachet ne me quitte jamais »; quant aux prières, trop franc pour me tromper, il ne m'en disait mot. Un mois après il était à « La Courtine » avec des débauchés qui, n'ayant jamais pu le gagner à leur infâme métier, l'appelaient « Tours ». Dans toutes mes lettres je lui demandais : « Pries-tu, mon petit Théo? » Il ne voulait pas me peiner en disant : Non; et ne voulait pas me tromper en disant : Oui; donc jamais de réponse là-dessus.

Son jeune cousin, un angélique jeune homme de vingt-deux ans, vint sur ces entrefaites au même camp. Jugez de leur bonheur, ils ne s'étaient à peu près jamais quittés, s'aimaient comme deux frères, malgré la différence sur le point de vue religieux. J'envoyais constamment à Emile des traits de protection de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus aux soldats; je les lui découpais du journal La Croix ou du Pèlerin. Je le priais de les faire lire à son cousin de ma part. Cette lecture lui plaisait beaucoup et le frappait, mais tout en restait là. Emile quitte « La Courtine », puis le dépôt, et retourne au front. Théodore devient plus malade et est envoyé à Limoges dans un dépôt où il a souffert horriblement de toutes les façons. J'écris au pauvre enfant, lui dis toute ma peine, le supplie de prier, l'assure que le bon Dieu lui viendra en aide; la Sainte Vierge, Sœur Thérèse se feront ses mères, pour remplacer celle qu'il pleure tant. Il me répond enfin : « Ma tante, ma nonne tante, je vais prier, je vous le promets, priez pour moi vous-même, aidez-moi de vos conseils. » J'adresse au malade une petite brochure : « Mes prières de soldat. » Il y place N.-D. du Sacré-Cœur et Sœur Thérèse. Arrive une congestion pulmonaire, une otite aiguë. Il est transporté d'urgence à l'hôpital. Il endurait d'atroces douleurs.

Le pauvre petit m'écrivait : « Je ne sais plus où jeter ma tête tant je souffre par moments; votre brochure pieuse est sous mon traversin, je la prends pour regarder N.-D. du Sacré-Cœur et la pelite Sœur; je les prie,soyez-en sûre, puisque je vous l'ai promis. Cependant je ne sais si c'est une idée de malade, mais la pelite Sœur à laquelle je n'ai fait d'abord nulle attention me fascine; je l'ai présente à l'esprit toute la journée, et le soir après l'avoir encore priée et remerciée, je ne puis ôter sa chère image de mon esprit. Oh ! ma bonne tante, j'aime beaucoup, beaucoup cette petite sainte, demandons-lui de me soulager, mon mal est insupportable quelquefois. »

La congestion guérie, on changea le pauvre malade d'hôpital pour l'envoyer à une clinique spéciale aux maux de la tête. On parla d'opération. Et c'est sur ces entrefaites que je vous écrivis, ma Rde Mère, vous demandant une messe en l'honneur de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, afin d'obtenir, par son intercession, la conversion et la guérison d'un soldat, plus quelques petits sachets.

 

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Vous m'envoyâtes les sachets, et la messe me fut promise. J'écrivis à Théodore de s'unir à cette messe demandée pour sa conversion et sa guérison. Or, quelle ne fut pas ma joie en lisant : « Merci, ma bonne tante,et réjouissez-vous avec moi;aujourd'hui Samedi Saint, je profite d'un moment d'accalmie pour aller à confesse, demain jour de Pâques, je recevrai mon Dieu. » Et depuis le cher enfant me disait : « Quel malheur, si j'étais mort sur le champ de bataille, je n'étais pas dans la voie véritable, j'étais perdu pour l'éternité ! » Il remercie toujours sa Protectrice, sa Bienfaitrice, son ange gardien. Il donne tous les noms à Sœur Thérèse.

Ces jours-ci, comme je lui rappelais toutes les faveurs dont le bon Maître l'entoure, de grosses larmes ont coulé sur ses joues et il me répondit : « Je n'y comprends rien, je n'ai rien fait pour mériter cela puisque j'étais éloigné de Dieu. »

 

Sr Saint-Charles,

fille de la Croix.

 

LETTRE DU SOLDAT CONVERTI

 

Limoges, 14 juillet 1915.

 

Madame la Supérieure,

 

Je suis très heureux d'avoir été mis en rapport avec vous par l'intermédiaire de ma bonne tante, Sœur Saint-Charles; je ne saurais trouver de termes assez complets pour vous exprimer toute la reconnaissance que je dois à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus; je ne méritais pas la protection bien grande dont je n'ai cessé d'être l'objet depuis le début de la guerre, étant donné que je n'étais pas pratiquant. C'est avec une joie bien vive que je vous donne des détails sur les bienfaits dont j'ai été comblé.

Après une malheureuse retraite de quatorze jours, durant laquelle nous avons laissé beaucoup de nos compagnons brisés par la fatigue et les privations, j'ai su, malgré ma faiblesse, résister jusqu'au bout sans souffrir comme eux; j'étais stupéfait de tant de résistance de ma part, lorsqu'un jour je fus blessé d'un coup de pied de cheval à la poitrine qui devait m'être fatal, et j'en fus quitte pour une côte fêlée, blessure qui aurait été vite guérie; mais les conséquences furent plus graves par la suite, car j'eus le sang empoisonné, ce qui me tint au lit plusieurs mois; néanmoins je me suis guéri sans souffrance. Étant alors à la Courtine (Creuse) où la température est très mauvaise l'hiver, je pris mal dans le côté et fus évacué à mon dépôt, à Limoges, (c'est alors que je me suis converti). Je n'y fus que trois semaines, puis j'entrai à l'hôpital, frappé d'une congestion pulmonaire et otite aiguë, et c'est encore à Sœur Thérèse que je dois d'avoir enrayé ma maladie et évité ainsi une intervention chirurgicale que le médecin avait crue inévitable.

 

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En juin encore, j'ai failli recevoir un coup de pied de cheval en pleine figure, je ne puis comprendre comment j'ai pu rejeter la tête assez, vivement en arrière pour éviter le coup, le bras de ma Bienfaitrice seul a pu faire ce prodige.

Me voici maintenant remis et je partirai sous peu comme engagé volontaire (chauffeur d'autos),et c'est encore à la bonne petite Sœur que je demande les forces nécessaires pour supporter les fatigues qu'exige la vie de campagne. C'est avec la foi la plus profonde que je garde confiance en sa protection.

A Elle aussi j'offre tous les êtres qui me sont chers, restés en pays envahis, afin qu'elle leur donne le courage de supporter jusqu'au bout la dure épreuve qui leur est imposée, et c'est le cœur plein d'espoir et de confiance que je partirai combattre pour la cause sacrée.

Aussi son image me suivra partout et toujours, ma vie ne saurait être assez longue pour m'acquitter de la grande dette que j'ai contractée envers Elle.»

En espérant que vous voudrez bien remercier ma Bienfaitrice pour moi, je vous prie d'agréer, Madame la Supérieure, avec toute ma reconnaissance, l'expression de mes sentiments les plus respectueux.

 

Théodore D.,
soldat au 43e rég. d'infanterie.

 

EXTRAIT D'UNE TROISIEME LETTRE DE LA Sr ST-CHARLES

 

Dissais, 27 septembre 1915.

 

Théodore D. est maintenant reparti sur le front, automobiliste. Il a baptisé sa voiture Marie-Thérèse, en l'honneur de la Sainte Vierge et de sa petite sainte carmélite qu'il aime tant. Pas une de ses lettres ne m'arrive sans me parler de sa céleste Protectrice; il ne quitte pas la chère relique que vous avez eu la bonté de lui envoyer.

Mon autre soldat, Emile, cycliste du colonel, est aussi rempli de la même confiance que son cousin; ils s'excitent l'un l'autre à prier, à espérer. Ils ont déjà échappé à de nouveaux dangers depuis que je vous ai écrit et veulent que je remercie et fasse remercier en leur nom leur petite sainte.

 

Veuillez agréer, etc.

 

Sr Saint-Charles,

Fille de la Croix.

 

Un éclat d'obus arrêté par l'image de Soeur Thérèse.

 

Aux Armées, 4 octobre 1915.

 

Madame la Supérieure,

 

Depuis que je suis au front, j'ai toujours porté sur moi avec une grande confiance l'image de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, et ayant

 

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été bien souvent très exposé, je crois sincèrement que cette dévotion m'a protégé, car je suis sorti indemne de tous les dangers.

Une première fois, une balle m'a effleuré le cou, laissant seulement une trace de brûlure, une seconde fois un éclat d'obus a traversé mes vêtements, mon portefeuille, les papiers qui s'y trouvaient, et s'est arrêté sur l'image de Sœur Thérèse dans laquelle il s'est incrusté.

Je vous envoie cette image comme pièce à conviction, et je rends grâce à Dieu et à ma chère Protectrice.

 

Veuillez agréer, etc.

 

Camille Moranges, sergent,
4e tirailleurs, Cie de mitrailleuses.

 

Le sergent Moranges, après avoir échappé à de nombreux dangers, revint sain et sauf de la guerre.

 

« Petite Sœur Thérèse, sauvez-nous ! »

LETTRE DE Mme LA COMTESSE DE ROMANET

 

Courbouzon (Loir-et-Cher), 10 octobre 1915.

 

Ma Révérende Mère,

 

Je reçois de mon fils aîné cette lettre que vous pourrez publier, car il faut que tous ceux qui n'ont jamais entendu parler de la chère petite Sœur Thérèse la connaissent, l'aiment et la prient. Jamais je ne saurais assez la remercier de veiller avec tant de sollicitude sur tous ceux qui me sont chers et que je lui ai confiés. J'envoie la copie de cette lettre à plusieurs journaux, afin qu'ils proclament la puissante intervention de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus. Comme je l'écris à l'instant à mon fils : « Ne cesse pas d'appeler la petite Sainte à ton aide. Grâce à cet appel si plein de foi et de confiance, tu as sauvé la vie de ceux qui étaient avec toi, et, qui sait, peut-être as-tu sauvé leurs âmes. Car, s'ils n'ont jamais pensé à prier, ils verront maintenant que le secours ne peut venir que d'en haut. »

Mon second fils aussi prie sans cesse la petite Sœur. La responsabilité qu'il a, à son poste de téléphoniste, l'effraie souvent, et lui cause même quelquefois des moments d'affolement. « A présent, m'écrit-il, quand j'ai un ennui, une grande difficulté à surmonter, j'appelle Sœur Thérèse à mon aide, et, tout de suite, tout s'arrange, et la chose si difficile se fait sans peine. »

 

Ctesse A. de Romanet.

 

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LETTRE DU SOUS-LIEUTENANT DE ROMANET

 

5 octobre 1915.

 

Ma chère Maman,

 

Je suis toujours en bonne santé, grâce à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus qui me protège de plus en plus, ainsi que ceux qui sont avec moi, lorsque je me trouve dans une passe difficile. Dernièrement, le 2 octobre, à 4 heures du soir, j'étais dans mon gourbi souterrain avec mon adjudant et un sergent de ma compagnie, lorsque les Allemands se sont mis à nous arroser de grosses « marmites». Une première, puis une seconde tombent en avant, mais une troisième touche juste la porte, et l'ébranlement défonce le gourbi; les gaz suffoquants que contenait l'obus rentrent dans notre abri, et nous voilà, tous les trois, à moitié ensevelis et asphyxiés. En entendant arriver le projectile, j'ai crié : « Petite Sœur Thérèse, sauvez-nous. » Et c'est bien grâce à Elle que nous avons pu nous en tirer sans aucune égratignure, et seulement avec quelques quintes de toux. Vous voyez, ma chère Maman, que je suis bien protégé. Nous ne sommes plus que cinq officiers au bataillon sur quinze, aussi maintenant, je fais fonctions de capitaine, et je commande la 3e compagnie, depuis le 26 septembre.

Nos fantassins sont merveilleux, et pour mon premier assaut à la baïonnette, qui est un des plus longs qui ait été donné depuis le début de la guerre (5 kilomètres), il a pleinement réussi, et tous les jours, je ne peux qu'admirer nos soldats, qui sont heureux comme des rois de courir la campagne à la poursuite des Allemands, qui filent devant eux comme des lapins.

J'ai perdu ma médaille de Sœur Thérèse, vous seriez bien bonne de m'en envoyer une autre.

Au revoir, ma chère Maman, je vous embrasse, etc.

Votre fils affectueux,

 

Louis de Romanet.

 

(Cet officier ayant promis d'offrir sa croix de guerre avec cinq citations à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, vint la déposer lui-même, sur sa tombe, à Lisieux, en juin 1917. Il continua jusqu'au bout, d'être merveilleusement protégé, ainsi que l'attestent bien des lettres de sa famille, jointes au dossier. Il échappa, en particulier, comme par miracle, à un péril imminent, le 27 mai 1918. Déjà en proie à l'asphyxie par les gaz et poursuivi par l'ennemi sur un parcours de 55 kilomètres qu'il dut faire à pied, au moment le plus critique, alors que les Allemands n'étaient plus qu'à 30 mètres de lui, il fit un vœu à la petite sainte et reprit sa fuite éperdue. Couché en joue, à bout portant, aucune balle ne l'atteignit, et après mille dangers, il sortit sain et sauf de cette rencontre. Sa foi méritait cette récompense. Quittant un jour un abri des tranchées, il fixa au mur une belle image de Sœur Thérèse, et écrivit : « Que celui qui me remplacera ici se mette sous sa protection. »

 

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Belle protection dans une mission périlleuse.

 

Communiquée par le Carmel de Compiègne (Oise).

Argelès, le 15 octobre 1915.

 

Le soldat X. a une grande confiance en Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, dont il porte avec foi la relique.

Un jour, dans son bataillon, on demanda qui voulait se dévouer pour une mission très périlleuse. Cinq jeunes gens se présentèrent et il fallut tirer au sort. Celui qui avait été désigné partit de la tranchée, mais à moitié chemin fut tué par l'ennemi, sous les yeux de ses camarades. On tira de nouveau au sort, et le second, en arrivant au même endroit, succomba pareillement; le troisième, idem, c'était donc aller à une fin certaine puisque la route à suivre se trouvait repérée par les Allemands. Le quatrième héros s'élança à son tour, et tomba, lui aussi, mais seulement blessé, bien qu'on le crût mort. Restait donc le cinquième, notre jeune ami, qui, avant de sortir du boyau, se recommanda à Soeur Thérèse. Il lui fallut marcher sur les cadavres de ses devanciers, et visé par les balles qui pleuvaient sur lui. En approchant du quatrième soldat qui l'avait précédé, celui-ci l'appela à voix basse : « Je ne suis que blessé, lui dit-il, mais ne t'arrête pas; accomplis ta mission, et si tu t'en sauves, reviens me chercher à la nuit tombante. »

Notre brave soldat atteignit son but sans avoir été touché par aucun projectile, et le soir, à la faveur des ténèbres, il retourna relever son camarade et le ramena à l'ambulance.

La petite Carmélite de Lisieux ne manque donc pas à sa promesse et opère des merveilles sur le champ de bataille. Elle a voulu a passer son Ciel à faire du bien sur la terre ». Certes, la besogne abonde pour elle en ce moment.

 

M. G. Dartnell.

 

L'ex-voto du 38e colonial.

 

Au repos, dans la Marne, le 21 octobre 1915.

 

Ma Très Révérende Mère,

 

L'heure du danger est momentanément passée, et j'ai hâte de venir proclamer la protection visible et constante que m'a témoignée Sœur Thérèse. Du 29 septembre au 12 octobre, mon régiment se trouvait en Champagne; vous connaissez les épisodes de cette lutte! Comme brancardier régimentaire, j'étais non dans les rangs, mais tout près des combattants, afin de transporter les blessés ou les morts jusqu'au poste de secours, situé à 2 kilomètres, dans un terrain découvert. De jour et de nuit, notre service fonctionna, et que de victimes, hélas! il nous fallut secourir! Avant chaque expédition

 

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périlleuse, je me confiais à notre chère sainte, et vraiment elle n'a pas trahi sa mission. Plusieurs de mes camarades, à qui je l'ai fait connaître, lui attribuent aussi leur préservation, et, en gage de gratitude, nous voudrions lui offrir un ex-voto du 38e colonial, une plaque de marbre commémorative. Dans ce but, je vais ouvrir une souscription, et chaque mois, ma Révérende Mère, je vous enverrai le montant des cotisations versées par nos soldats du 38e. Nous ne sommes pas riches, mais chacun apportera volontiers son obole, et, peu à peu, nous atteindrons le chiffre nécessaire. Ce sera notre merci à Sœur Thérèse, car le régiment lui doit beaucoup. Veuillez agréer, etc.

 

Vincent Desmurger, brancardier au 38e colonial,
en temps de paix frère mariste dans les missions de Syrie.

 

Ce pieux projet fut mis à exécution et même dépassé, car, avec les sommes recueillies au 38e colonial et d'autres offrandes de soldats faites dans le même but, une belle statue d'ange en bronze fut érigée, en 1916, dans le jardin du monastère du Carmel, près de l'infirmerie d'où la petite sainte prit son essor vers le Ciel. Le socle de la statue porte une grande plaque de marbre, avec cette inscription : Hommage de reconnaissance des soldats français et alliés a sœur Thérèse de l'Enfant-Jésus. 1914-1916.

 

Un trappiste-soldat guéri du mal de Pott et de tuberculose pulmonaire.

 

Abbaye de Notre-Dame-de-Thymadeuc. Bréhan-Loudéac (Morbihan), le 2 décembre 1915.

 

Très Révérende Mère,

 

Je laisse de côté la répugnance naturelle que j'éprouve à écrire, à cause de mon peu d'instruction, parce que je tiens à payer ainsi mon tribut de reconnaissance envers ma céleste Bienfaitrice, satisfaire au désir que vous avez exprimé à ma mère, et obéir à mon Révérend Père abbé.

J'étais sur le front depuis le mois de septembre 1914, aux environs d'Arras, où je suis resté jusqu'au 23 décembre. A cette époque, je souffrais déjà depuis trois semaines de douleurs aux reins. Mais, bientôt, je dus me laisser évacuer; j'avais perdu l'appétit et j'avais beaucoup de fièvre.

Envoyé à Vierzon (Cher), je croyais me rétablir promptement et retourner à la guerre, mais le bon Dieu en avait décidé autrement. Mon mal s'aggrava : ma jambe gauche pliée ne pouvait plus s'allonger qu'au prix de violents efforts, qui provoquaient de grandes douleurs

 

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dans les reins. On me mit alors un appareil que je gardai près d'un mois, sans succès. Mes souffrances augmentaient toujours, et je ne reposais la nuit qu'en absorbant une dose de morphine.

Me voyant en cet état, j'en écrivis à mon Révérend Père, qui eut la bonté de venir jusqu'à moi, et le médecin de la salle lui avoua que j'étais perdu. Outre le mal de Pott, j'avais la poitrine déjà prise. Pour moi, j'ignorais complètement quelle était ma maladie, quoique chaque semaine il vînt à l'hôpital beaucoup de médecins tout exprès pour m'examiner, mais ils parlaient très souvent à demi-voix ou dans leurs termes de médecine, auxquels je ne comprenais rien. Quelques-uns m'exhortaient à la patience, me disant que cette maladie serait très longue.

A sa visite, mon Révérend Père exprima au major le désir de m'emmener au monastère, pour me soigner. On lui répondit que ce n'était jamais permis, mais quelques jours après son départ on me réforma.

Je pouvais donc partir, mais c'était une grosse affaire, car il m'était impossible de me tenir ni debout ni même assis, et la moindre secousse du brancard me causait de fortes douleurs. Enfin, mon Révérend Père à qui j'avais appris ma réforme envoya l'un de nos Pères me chercher (1). Le voyage ne fut pas aussi pénible que je l'avais craint, et la joie que j'éprouvais à la pensée de revoir mon cher couvent et mes Frères me faisait oublier les fatigues du voyage.

J'arrivais à Notre-Dame-de-Thymadeuc le 15 mars. J'eus la visite du médecin quelques jours après. M'ayant ausculté et questionné sur mon état, il me trouva très malade, et déclara, lui aussi, que j'avais tous les symptômes du mal de Pott. Il dit même à mes Supérieurs que c'était une affaire de semaines, vu que, dans quelque temps, il devait se former à l'intérieur, assurait-il, un abcès nécessitant une opération que mon état de faiblesse ne me permettrait point de supporter.

Tout paraissant perdu aux yeux de la science, nous nous tournâmes vers le Ciel. Mon Révérend Père proposa à la Communauté de faire une neuvaine à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus. Nous la commençâmes le dimanche, et, le jeudi, quoique mes douleurs fussent toujours très grandes, il me vint, non pas à l'intérieur, mais extérieurement, une petite grosseur qui semblait l'abcès prédit par les médecins. Le Père infirmier en informa notre docteur qui n'y comprit rien, tant il était persuadé que cet abcès devait se former à l'intérieur et exiger une grave opération.

Il annonça néanmoins sa visite pour le mardi suivant. Quand il fut arrivé, il reconnut, à sa grande surprise, qu'il n'était nécessaire que de quelques ponctions. Il en fit une sur-le-champ, qui rendit un litre de pus. D'après ses prévisions, la petite ouverture produite par la ponction devait se refermer, mais Sœur Thérèse y avait déjà mis

 

1. Au moment du départ, le major dit au Père venu pour accompagner notre petit malade ; « Vous» emportez un mort. » (Note du R. Père Abbé.)

 

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la main, et le pus continua de couler tous les jours naturellement, sans qu'il fût besoin d'autre ponction.

Cependant mes souffrances ne diminuant pas, nous commençâmes une seconde neuvaine. Vers les derniers jours, je repris un appétit formidable et mes forces revinrent à vue d'oeil.

Quand le médecin me vit un mois après m'avoir fait la ponction, il fut tout surpris que je puisse m'asseoir sans aucune douleur; son étonnement fut à son comble, quand je lui assurai que je ne ressentais plus aucune souffrance. Il m'ausculta sur tous les points jadis sensibles et, après m'avoir fait plier et allonger les jambes et les reins (jusqu'à la limite du possible), il resta stupéfait de ne me voir montrer aucun signe de douleur. Enfin, il se retira, je crois, sans être convaincu que j'étais si bien guéri. C'était pourtant très vrai, et je n'ai plus du tout souffert depuis (1). Aujourd'hui, je suis en si parfaite santé que malgré toutes les prévisions des médecins, je me tiens aussi droit qu'avant ma maladie; je n'ai pas la moindre infirmité, je peux me livrer à n'importe quel genre de travail et suivre tous les exercices de la Communauté.

Au mois de juillet, un major de l'hôpital de Pontivy, venu visiter la maison, et ayant entendu parler de moi, demanda à me voir. Il m'ausculta et ne voulut pas croire que j'avais été atteint du mal de Pott. Pour moi, je m'en rapporte aux nombreux médecins qui m'ont examiné à Vierzon, et qui étaient tous du même avis. C'est Sœur Thérèse qui m'a guéri. J'attends d'elle maintenant une aussi grande protection pour mon âme. Si dans ces quelques jours qui me restent à vivre, je puis encore cueillir quelques fleurs pour ma couronne du Ciel, c'est à elle que j'en donnerai mes remerciements au Paradis.

Agréez, très Rde Mère, mes sentiments de respect et de reconnaissance.

 

Frère Marie trappiste convers.

 

ATTESTATION DU RD PÈRE ABBÉ

 

Voilà, ma Rde Mère, écrit par le petit malade lui-même, le récit de sa maladie et de sa guérison. Faites de ce récit l'usage que vous jugerez bon pour la plus grande gloire de Dieu et l'honneur de sa Servante.

Dom Brieuc, abbé.

 

En août 1919, le Rme Père Abbé de la Trappe de Thymadeuc vint en pèlerinage à Lisieux, remercier Sœur Thérèse d'avoir visiblement protégé ses religieux mobilisés. Il confirma de vive voix à la Mère Prieure du Carmel la guérison du frère Marie, et sa persévérance parfaite jusqu'à ce jour.

 

1. Notre bon petit frère omet un détail qui lui avait été caché, c'est que le médecin, à sa première visite, le déclara atteint de tuberculose pulmonaire, le poumon droit était entièrement pris, et le gauche déjà attaqué. A sa seconde visite. Il constata avec étonnement que les poumons étaient complètement dégagés. (Note du Rd Père Abbé.)

 

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Lettre d'un soldat converti en lisant le petit opuscule:
« Thérèse de l'Enfant-Jésus — Sa vie — Après sa mort. »

 

Paris, 2 janvier 1916.

Ma Révérende Mère,

 

Je ressens une grande joie de venir vous dire toute la reconnaissance que j'éprouve envers la petite Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus. J'aurais du vous écrire depuis le jour où j'ai eu en mains le petit livre : Thérèse de l'Enfant-Jésus, Sa Vie; Après sa mort, c'est-à-dire depuis le 10 août 1914. C'est une transformation complète qui s'est opérée en moi à cette lecture.

Jusque-là, je n'avais aucune croyance. En vingt ans, j'étais entré peut-être une dizaine de fois dans une église, et jamais pour entendre la Messe. Maintenant, c'est mon plus grand plaisir d'aller prier dans une église, et quand je puis entendre une Messe, ma joie est immense.

Après avoir lu la petite brochure, j'ai voulu en savoir plus long sur Sœur Thérèse, et je me suis procuré l'Histoire d'une Ame; que de larmes j'ai versées alors !

Je voudrais que ce livre fût connu de tous, car il est impossible, si mauvais soit-on, de lire cette merveille sans éprouver quelque chose qui vous donne la force de changer de vie.

Si tous ceux qui n'ont pas la foi ressentaient ce que j'éprouve rien qu'à prononcer le nom de Sœur Thérèse, ils se convertiraient. C'est incroyable, incroyable, ce qu'elle a fait pour moi.

Quel plaisir j'aurai, après la guerre, de communiquer encore à votre Carmel, ma Révérende Mère, toutes les grâces que j'ai obtenues à l'armée, et que j'ai fait obtenir à mes camarades, en leur conseillant d'invoquer la chère petite sainte.

Veuillez agréer, etc.

 

G. L.

 

Ce soldat, connu d'une personne amie du Carmel, est venu en pèlerinage à Lisieux le 4 janvier 1916. La Mère Prieure l’a entendu au parloir. Il revenait du cimetière, et avait été si ému de reconnaissance sur la tombe de Sœur Thérèse qu'il pleurait, disant : Oh! j'aurais voulu mourir sur cette tombe!

 

Un prisonnier de guerre converti par la lecture de la Vie de Sœur Thérèse.

 

Camp de Friedrichsfeld (bei Wesel), Allemagne, le 16 février 1916.

 

Ma Révérende Mère,

 

Je suis heureux de vous signaler la conversion d'un de mes compagnons de captivité, le soldat M. C.

 

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Dans le courant de novembre, il fut désigné pour venir habiter la chambre que j'occupe, avec vingt-cinq autres prisonniers de guerre, la plupart sans religion comme lui.

Mon nouveau camarade était sceptique et railleur. Un jour, la conversation tombant sur les faits surnaturels, je fus amené à lui parler de Sœur Thérèse et de ses miracles. Il m'écouta avec attention, car il m'aimait, et je le décidai même à lire la petite vie abrégée de la sainte. Intéressé par ces quelques pages, il me demanda bientôt une vie plus complète, et c'est alors que je lui confiai l'édition moyenne de l'Histoire d'une Ame.

Deux jours plus tard, il m'abordait, tout ému : « Vous allez me convertir », me dit-il avec un accent pénétré. De fait, mon compagnon, ayant achevé sa lecture, voulut étudier le catéchisme; M. l'abbé Gospen l'instruisit pendant trois semaines, et, le 22 janvier, il s'approchait de la Sainte Table avec une joie sans bornes. Depuis, il se confesse et communie tous les huit jours.

Voyez, ma Révérende Mère, quelle conversion merveilleuse !

Merci à genoux à Sœur Thérèse d'avoir arraché cette âme au démon pour la donner complètement à Dieu.

Veuillez agréer, etc.

 

André Ouillet,

sergent prisonnier.

 

J'atteste de toute mon âme la vérité de ce récit.

 

M. C,

prisonnier.

 

Un soldat est guéri subitement d'une plaie au pied, en pleine marche.

 

Du front de l'Yser, le 3 mars 1915.

 

Ma Révérende Mère,

 

C'est un privilégié de votre petite sainte qui vous écrit, mais si j'ai été trop lent à acquitter ma dette de reconnaissance, je puis du moins vous certifier l'exactitude du fait suivant que j'ai consigné sur mou carnet de route, à l'époque où il se produisit.

C'était le 16 septembre 1914. La bataille de la Marne était terminée, et celle de l'Aisne à son début. Fatigués par une exténuante retraite et de pénibles combats, nous avions passé la nuit à Coroy-lès-Hermonville, non loin du célèbre plateau de Craonne. Mais, dès le petit jour, il fallut faire les préparatifs du départ.

J'étais extrêmement fatigué et, pour comble de malheur, j'avais le pied droit tout écorché et même envenimé, à tel point que je ne pouvais supporter la chaussure. Je me trouvais donc dans l'impossibilité de poursuivre la marche.

 

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C'est alors que je songeai à la petite Sœur Thérèse, et, prenant son image, je l'appliquai sur la plaie, avec la plus grande confiance. Puis je me rechaussai, et me remis en route.

Chose extraordinaire, après quelques instants, je sentis mon pied tout mouillé, et plus la moindre souffrance ! En cinq à six minutes, et en pleine marche, ma plaie s'était cicatrisée ! Je vérifiai la chose, dès que je le pus; le membre était parfaitement sain et ne portait aucune trace du mal.

Certes, les fatigues de cette pénible journée n'avaient pu opérer cette guérison subite; humainement, elles la devaient, au contraire, différer. Mais la main de la petite sainte m'avait touché !

 

Fernand Ducom, ingénieur,
caporal au 2e génie, Cie 19/2.