Une maîtrise du front consacrée à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus.

Actions de grâces d'un religieux-soldat ancien prisonnier de guerre.

Conversion d'un petit mitrailleur au front d'Orient.

« Ils sont légion ceux qui bénéficient de sa bonté. »

« Je lui cause comme si elle était présente. »

Consécration d'un groupe d'artillerie au Sacré-Cœur, par les mains de Sœur Thérèse.

« Pas un homme de touché ! »

« Sœur Thérèse n'est insensible à aucune misère. »

« Je la vis à genoux. »

« A la gloire de la petite Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus. »

« N'est-il pas naturel que je lui sois reconnaissant et que je l'aime ? »

Un merci tonkinois.

« Elle ne m'a pas abandonné ! »

« Le chemin de Lisieux fut pour moi le chemin de Damas. »

« Entre deux factions au créneau. »

« Je me sentis tout changé. »

 

Une maîtrise du front consacrée à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus.

 

Longchamps-sur-Aire (Meuse), le 15 mars 1917.

 

Je fais connaître avec bonheur Sr Thérèse, de l'Enfant-Jésus autour de moi ; et dans ma petite paroisse, non loin de la ligne de feu, lorsque j'annonce une messe pour hâter sa béatification, je constate avec joie une assistance fort nombreuse, et surtout des communions multipliées.

Je profite en particulier des passages de troupes, pour parler de la chère sainte à nos combattants, et voici, à ce propos, quelques lignes écrites récemment des tranchées de Verdun, par un étudiant en droit, poussé depuis la guerre vers la sublime vocation du sacerdoce, par la petite Sœur.

« Notre régiment, cité pour la deuxième fois, porte la fourragère ; pour mon compte, je viens d'obtenir une quatrième citation. Il y a maintenant au bataillon une maîtrise de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, qui a déjà bien réussi dans les quelques chants qu'elle a pu donner à l'église; le nom de l'aimable sainte proposée pour patronne y a été acclamé. »

Ainsi donc, Sœur Thérèse est vénérée et même chantée au front ! Je me sens heureux d'avoir été pour quelque chose dans cette affaire touchante.

 

Abbé Paul Bertin,

curé.

 

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Actions de grâces d'un religieux-soldat ancien prisonnier de guerre.

 

Le Dorat (Haute Vienne), 17 mars 1917.

 

Si je voulais raconter par le menu détail toutes les grâces spirituelles et temporelles que je dois à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, je pourrais remplir un volume.

Entre autres choses, ce trait de ma longue captivité en Allemagne me revient souvent à la mémoire. Un matin, je me disposais à préparer l'autel pour la messe, quand impossible de trouver la clé de la commode aux ornements. Je cherche partout attentivement, je passe mes deux mains sur le dessus du meuble : toujours rien. Alors j'invoque Sœur Thérèse, et aussitôt j'aperçois la clé sur la commode, là où pourtant je suis certain qu'elle n'était pas auparavant. Ce secours extraordinaire m'a bien touché !

Encore au camp de Wesel, en Westphalie, j'eus la joie, en mai 1915, de réconcilier avec Dieu, à l'article de la mort, un de nos malheureux camarades. Son état inspirant de vives inquiétudes, je le visitais souvent, et lui rappelais ses devoirs religieux, mais il faisait la sourde oreille. Il ne pouvait se résigner à son triste sort !

Un autre soldat, fervent catholique, essaya à son tour de le persuader, et, apprenant qu'il était originaire de la Normandie, il lui parla de la petite sainte de Lisieux. Il réussit à faire répéter au moribond cette courte prière : « Sœur Thérèse, priez pour nous », et quelques Ave Maria. Dès lors, la place fut gagnée. A une nouvelle proposition de recevoir les sacrements, le pauvre garçon accepta, et quand le courage lui manquait de se voir mourir dans une baraque de prisonnier, et loin de sa mère, un recours à Sœur Thérèse lui rendait la force de faire son sacrifice. C'est ainsi qu'il s'éteignit pieusement, en la fête de la Pentecôte 1915. Chère et puissante sainte! Je lui attribue en outre d'avoir hâté mon rapatriement, et comme je l'en remercie ! Qu'elle fasse de moi un saint prêtre et religieux.

 

J.-Mario Boidin, religieux rédemptoriste,
1ère section. Infirmier militaire.

 

Conversion d'un petit mitrailleur au front d'Orient.

 

Front de Macédoine, le 2 février 1917.

 

Chère Sœur Supérieure,

 

Bien peu de soldats ignorent la petite Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus.

Je suis au front depuis le mois d'août 1914; j'ai été blessé à Reims et j'ai deux citations, mais cela n'est rien quand on a perdu l'amitié de Dieu.

 

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Il est arrivé pour moi que la longueur de la guerre, les misères nombreuses du métier, le mauvais temps, le travail pénible, l'éloignement de la patrie et la privation totale des nouvelles des miens restés en pays occupés, m'ont fait douter de la bonté de Dieu. Veuillez m'excuser et prier la Soeur Thérèse d'avoir pitié d'un pauvre petit mitrailleur, que sa mère a élevé bien chrétiennement. Hélas! elle me croit toujours fidèle!...

 

Un gars du nord de la France, J. B.,

… Cie de mitrailleuses, ... rég. d'infanterie.

 

DU MÊME

 

Le 19 mars 1917.

 

Chère Sœur Supérieure,

 

Je suis très heureux de vous annoncer qu'aujourd'hui, grâce à la Sœur Thérèse, je me suis réconcilié avec Dieu. J'ai fait cinq heures de marche dans la montagne pour aller me confesser, mais qu'est-ce que cela à côté du bonheur que j'ai ressenti ?

Je remercie la petite sainte de m'avoir arraché des griffes du démon, et je souhaiterais que tous les soldats la connussent, pour apprendre d'elle qu'on ne peut pas vivre heureux, sans aimer et servir Dieu fidèlement.

 

J. B.

 

« Ils sont légion ceux qui bénéficient de sa bonté. »

 

En convalescence à Saint-Jean-Cap-Ferrat (Alpes-Maritimes), 20 mars 1917.

 

Ma Révérende Mère,

 

Pendant la guerre, une personne me recommanda Sœur Thérèse comme Protectrice des soldats; depuis ce jour, je ne compte plus les faveurs dont je suis comblé. Voici le dernier trait de sa protection :

 

Le 11 mars, à 4 heures du matin, après un violent bombardement, les Boches nous ont attaqués; heureusement, ils furent repoussés avec pertes. Pour moi, je fus blessé dans le dos par un culot d'obus qui ne me fit qu'une petite plaie et quelques contusions, tandis qu'à mes côtés mon sergent tombait, tué sur le coup par le même, culot. Il est vrai que, pendant les rafales d'obus, je n'avais cessé de répéter : « Ma petite Sœur Thérèse, ne m'abandonnez pas. » Elle m'a exaucé, et je vais lui adresser ma croix de guerre en reconnaissance.

Laissez-moi aussi, ma Rde Mère, vous formuler un vœu. Nous, les poilus, ne pourrions-nous pas supplier respectueusement notre Saint-Père le Pape de hâter, si possible, l'heure de la béatification

 

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de notre chère Protectrice? Cette proposition serait accueillie avec enthousiasme par tous les soldats, car ils sont légion ceux qui bénéficient de la bonté de notre puissante avocate... Tous, nous prions de si bon cœur pour hâter l'heure de son triomphe dans l'Église ! Veuillez agréer, etc.

Votre dévoué serviteur,

 

Léon Robin. 5e R. I. T. 5e Cie.

 

« Je lui cause comme si elle était présente. »

 

Front d'Orient, le 23 mars 1917.

 

Je suis un petit sergent de la classe 14, au front depuis vingt-sept mois, et en Orient depuis trois mois.

Un jour, dans les Vosges, une bonne dame me montra le mémento de la Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus. « Voyez-vous cette petite sainte, me dit-elle; elle a protégé bien des soldats. » Je gardai ce souvenir dans mon cœur, et voilà qu'ici, par hasard, je trouvai un livre de prières, sans aucun nom. J'aperçus une image de la Sœur Thérèse. Alors je me rappelai ce que m'avait dit la dame, et je commençai à prier cette sainte et à me placer sous sa protection. Depuis, elle ne me quitte plus. Je lui cause comme si elle était présente à mes yeux; elle m'a protégé dans l'attaque, enfin je la devine toujours près de moi, comme un autre ange gardien. Ici, dans cet Orient perdu, à la merci des maladies et des dangers de la bataille, loin de toute affection, qu'on se sent heureux sous l'aile protectrice d'une petite Sœur qu'on aime tant ! Même quand je ne serai plus soldat, je ne veux pas me séparer d'elle. Aussitôt la campagne finie, je lui donnerai ma croix de guerre.

 

Léon Cellier,
sergent au 157e alpin, 2e Cie

 

Consécration d'un groupe d'artillerie au Sacré-Cœur, par les mains de Sœur Thérèse.

 

En campagne, le 9 avril 1917.

 

Hier, saint jour de Pâques, dans un modeste abri d'artillerie, sous le bombardement, et entouré de quelques officiers et canonniers du 2° groupe, j'ai, en ma qualité d'aumônier militaire, consacré officiellement le régiment en général, et le 2e groupe en particulier, au Sacré-Cœur de Jésus, par les mains de Sœur Thérèse.

Voici la formule de cette consécration, que je désire voir déposer sur la tombe de la Servante de Dieu, pour lui rappeler son rôle.

 

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« Le 2e groupe du ...e régiment d'artillerie se consacre officiellement au Sacré-Coeur de Jésus, par les mains virginales de l'angélique Thérèse de l'Enfant-Jésus. Il implore la protection de sa céleste Patronne et se confie en elle pour l'accomplissement de sa tâche et la conservation de tous ses membres. »

 

L'Aumônier militaire, J. C.

 

« Pas un homme de touché ! »

 

Aux Armées, 17 avril 1917.

 

Le 28 janvier dernier, mon bataillon tenait les lignes des Ch... Dès 7 heures du matin, un grand nombre d'obus de tout calibre s'abattait sur le secteur occupé par ma compagnie et une section de mitrailleuses. Nous étions postés dans des anciens trous d'obus, que l'on avait réunis entre eux par un semblant de tranchée.

Vers 2 heures de l'après-midi, le tir devenant de plus en plus intense et très précis, je conseillai de prier. Je sortis le fanion du Sacré-Cœur et l'image de Sœur Thérèse, et l'on se passa de main en main ces emblèmes sacrés; on pria.

A 5 heures du soir seulement, la canonnade s'arrêta. Les deux chefs de pièce mitrailleurs, et moi, parcourûmes alors le front de nos unités respectives; tout avait été bouleversé, mais, protection éclatante, pas un homme de touché !

J'attribue ce fait à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus.

A Dieu et à la sainte, je dis : Merci.

 

Adjudant Pascalini,
173e de ligne, 5e Cie

 

Suit le témoignage des deux sergents mitrailleurs certifiant « avoir vécu ces heures d'angoisses et attestant la vérité de ce récit ».

 

Bonnet Gabriel, Guérin.

 

« Sœur Thérèse n'est insensible à aucune misère. »

 

Le 22 avril 1917.

 

Par suite des fatigues de la guerre, je fus pris de grandes angoisses nerveuses, et me trouvant obligé, dernièrement, de coucher dans une carrière, je n'osais même pas y entrer, persuadé que j'y étoufferais. Aucun raisonnement ne pouvait me décider à vaincre ma peur, et la seule vue de cet abri me terrifiait.

Je me mis alors à prier Sœur Thérèse, et dès le lendemain, j'étais

 

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tout changé et n'avais plus aucune impression pénible pour entrer clans la carrière; depuis j'y demeure autant qu'il est nécessaire, bien souvent nuit et jour, sans seulement y penser.

Je désire faire savoir la grâce que j'ai reçue, afin que l'on sache bien que Sœur Thérèse n'est insensible à aucune misère. Je pourrais encore raconter bien des choses à sa louange : je conclus en affirmant que je ne l'ai jamais invoquée en vain.

 

I. V.

122e rég.  d'Inf., 34e Cie.

 

« Je la vis à genoux. »

 

Couvent des Capucins, Taggia (Italie), 25 avril 1917.

 

Je dois à la gloire de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus de publier toutes les grâces que j'en ai reçues.

Élevé chrétiennement par mes parents, j'eus le malheur en atteignant ma vingtième année, et en fréquentant de mauvais camarades, de me laisser dominer par le respect humain, et en 1913, je cessai de faire mes Pâques. Étant soldat quand la guerre survint, je partis de suite pour l'Est, où dès le 7 août 1914, en Alsace, je reçus de terribles blessures et fus évacué à l'hospice de la Charité de Lyon. Là, je fis la connaissance d'une religieuse infirmière qui essaya de changer mes dispositions intérieures, car la souffrance au lieu de me convertir m'avait aigri et éloigné de Dieu. Voyant ma tristesse, cette religieuse, Sœur D., voulut me consoler par des pensées de foi, et finit par gagner ma confiance; bientôt même, elle me décida à recevoir les sacrements pour la fête de l'Assomption de l'année 1915. C'est alors que le démon commença à me livrer de furieux assauts. J'ai enduré à cette époque un véritable martyre, et cependant, l'action divine continuant son œuvre, je me sentais pressé non seulement de persévérer dans l'accomplissement des commandements de Dieu, mais d'embrasser la vie religieuse. Cette idée, repoussée cent fois, me hantait sans répit. A ce moment, la chère Sœur pour laquelle je n'avais aucun secret, me fit connaître Sœur Thérèse, et de suite, en récitant les prières marquées sur son image, je me trouvai tout autre et rempli de force pour répondre à l'appel de Dieu. Depuis la petite sainte resta ma meilleure amie; dans les moments d'angoisse, je contemplais ses traits, et bientôt le calme m'était rendu.

Un jour, où j'étais affreusement tenté par le démon contre la sainte vertu, j'entrai à la chapelle, et là, agenouillé, je suppliai ma sainte Protectrice de me secourir. Alors, oh! quelle grâce pour moi! je la vis soudain à genoux, à l'extrémité du banc que j'occupais; elle ne me dit aucune parole, mais elle joignait les mains, et priait comme prient les anges. Et ma tentation s'apaisa, je fus pénétré d'une douce paix.

 

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Une autre fois encore, en proie à une lutte semblable, et près d'y succomber, son invocation me donna la victoire. Tandis que je courais à la chapelle pour remercier Dieu et ma sainte Protectrice, j'entendis une voix d'enfer me murmurer à l'oreille : « Tu as eu de la chance; sans elle, je te tenais; je veux te faire tout le mal possible. » Mais à cette menace haineuse, succéda bientôt la voix angélique de Sœur Thérèse : Ne crains rien, je te défendrai! Et il me semblait que ses bras me formaient une barrière toute-puissante contre les attaques du mauvais esprit. Grâce à elle, en effet, je sortis triomphant de plus d'une lutte encore, elle m'accorda dans sa bonté tous les signes que je lui demandais pour ma vocation, et finalement, le 25 octobre 1916, après avoir surmonté d'innombrables obstacles et être allé en pèlerinage à Lisieux, j'entrai au noviciat des Pères Capucins. Ma petite Sainte continue de m'aider en tout, et j'ai confiance qu'après tant de bienfaits, elle me fera atteindre mon but.

 

Frère X...,

 

Suit le témoignage du R. P. Gardien, certifiant la sincérité du frère X., postulant à l'âme simple et droite, et dont la conduite au noviciat donne pleine satisfaction.

Est jointe au dossier une lettre de la Sœur J. D., témoignant de la transformation opérée dans le soldat depuis qu'il s'est mis sous la protection de Sœur Thérèse, et relatant les deux manifestations rapportées par le frère X.

Une lettre de Mme P., sœur du soldat, confirme l'action de Sœur Thérèse sur l'âme de son frère. Cette dame signale encore la guérison de son bébé âgé de vingt mois, délivré subitement de crises cérébrales violentes, au contact d'un peu de terre de la tombe de Sœur Thérèse, rapportée peu de jours avant par son frère soldat. L'enfant saisit de lui-même le sachet attaché à son cou, se mit à le baiser avec ardeur, puis s'endormit paisiblement. Le lendemain, il était guéri et faisait ses premiers pas.

 

« A la gloire de la petite Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus. »

 

(Communiqué par le Carmel de Mons, en janvier 1919.)

 

Pensionnat Saint-Ferdinand, Jemapes-les-Mons (Belgique), le 27 avril 1917.

 

Pour des raisons que je ne puis exposer ici, j'avais été écroué à la prison de N., sous le joug allemand. Je croyais d'abord n'avoir à y rester que quelques jours, mais le temps passait, et l'on me tenait toujours en cellule, isolé de tout, et dans une grande souffrance morale.

Une neuvaine de messes avait été offerte à mon intention aux âmes du Purgatoire, d'autres prières ardentes suivirent sans succès, lorsque le dimanche 22 avril, vingt-sixième jour de ma détention.

 

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j'eus la pensée de recourir à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, en qui j'ai beaucoup de confiance. « Ma bonne petite Sœur, lui dis-je, voici pour vous une occasion de faire du bien sur la terre. Je suis presque désespéré, et rien n'annonce ma prochaine délivrance. Je vais vous commencer une neuvaine, et si vous m'obtenez la fin de ma captivité, je vous promets de publier le fait, et d'exposer votre portrait dans mon bureau. » Or, le lendemain, 23 avril, à 5 heures du soir, on vint m'annoncer que j'allais être libéré, et une demi-heure plus tard, je sortais de prison. J'en étais ému aux larmes! Grâces soient rendues à la chère petite sainte, si prompte à me secourir.

 

Frère M. Camille,
des Écoles chrétiennes.

 

« N'est-il pas naturel que je lui sois reconnaissant et que je l'aime ? »

 

Dôle (Jura), le 28 août 1916.

 

Dès mon arrivée à Dôle, je dus chercher un logement en ville faute de place dans le cantonnement. La première chambre que je trouvai, ne me convenant sous aucun rapport, je résolus bientôt de la quitter, et l'on m'adressa, à tout hasard, chez une vieille demoiselle.

Mon attention fut vite attirée par une pièce convenable, mais non meublée, que je pensais aménager sans grands frais. Comme j'ouvrais mon portefeuille pour prendre des références, la bonne demoiselle aperçut le portrait de Sœur Thérèse, qui ne me quitte pas, et à cette vue, elle s'écria : « Non, ce n'est pas ici que vous logerez, mais je vais vous donner gratuitement une belle chambre toute garnie. »

Et depuis ce temps-là, je suis confortablement installé et logé pour rien, grâce à la « Petite Sœur Thérèse ».

N'est-il pas tout naturel que je lui sois reconnaissant et que je l'aime !

 

Paul Étiévant,
Maréchal des logis fourrier,
fonctionnaire chef, 63e Btrie, 107e rég. d'artillerie lourde.

 

DU MEME :

 

11 mai 1917.

 

Je reste un gâté de ma petite Sœur du Ciel, « ma conscrite », comme je l'appelle, car elle est née la même année que moi. Chargé du ravitaillement des munitions, je cours souvent de grands dangers, en battant des routes où le marmitage est violent.

Le lundi 6 mai, j'arrive aux positions des échelons et du train régimentaire; ils étaient bombardés depuis le matin. « Ne viens pas », me crient les sous-officiers; mais mon service l'exigeait, et

 

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j'avance sans crainte. A mon arrivée, la mitraille cesse comme par enchantement !

Le lendemain, sur la route du Vieil Arey, embarras de voitures. L'une d'elles remplie de grenades est accrochée par une autre, d'où une formidable explosion; les hommes présents sont horriblement blessés, mais mon camion, qui porte l'insigne du Sacré-Cœur et l'image de Sœur Thérèse, ne reçoit aucune secousse; c'est miracle!

Je n'ai donc pas à me plaindre, car ma Protectrice vraiment veille sur moi. Elle me tient compagnie et je lui cause tout familièrement. Il me semble l'entendre me dire : Vois-tu, Paul, pourquoi s'attacher à la terre? Aime bien le bon Dieu, et pour lui ne marchande pas les sacrifices. Là est le bonheur.

 

P. Etiévant

 

 

Un merci tonkinois.

 

Aux Armées. 12 mai 1917.

 

Chère Mère,

 

Je suis un Tonkinois catholique, du grade de sergent. J'aime beaucoup la petite Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus et je sais qu'elle est toujours avec moi, car elle m'a bien sauvegardé. Un jour, j'étais dans la tranchée, un obus a éclaté juste au-dessus de ma tête, sur le parapet, et, par la puissance de cette vierge, il ne m'a fait aucun mal.

Aussi, je vous demande, ma chère Mère d'instantes prières pour que votre serviteur Nguyên-Van-Giam soit sauvé par la petite-Sainte, pour toujours.

 

Recevez, chère Mère, etc..

 

Nguyên-Van-Giam,

sergent 123 H à la 3e Cie du 7e Indochinois.

 

« Elle ne m'a pas abandonné ! »

 

Lisieux (Calvados), le 19 mai 1917.

 

Madame la Supérieure,

 

Pour répondre à votre demande, j'ai consigné par écrit les grâces obtenues de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus; excusez-moi de ne pouvoir m'exprimer en meilleur français, mais ça vient du cœur.

Je quitterai Lisieux à regret, emportant un souvenir inoubliable de Celle qui fut ma Protectrice, et je suis sûr qu'elle me guidera toujours dans la voie du bien. Ce jour de mon pèlerinage me semble aussi beau que celui de ma première Communion. Ci-joint, pour Sœur Thérèse, ma petite offrande. Que je voudrais être riche pour lui donner davantage !

Une âme reconnaissante de tant de bienfaits de Sœur Thérèse.

 

J. Lallement,

maréchal des logis, 3e rég. d'artillerie à pied. 4 Btrie.

 

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RELATION.

 

« Sur la foi du serment, j'affirme devoir la vie sauve à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus.

C'est le 14 mars 1916, qu'à la veille de repartir au front pour la deuxième fois, l'un de mes camarades me remit une image de la petite sainte, en me disant : « Il paraît qu'elle a déjà accompli beaucoup de miracles pour les soldats, et qu'elle les protège. » Jusque-là, je ne la connaissais pas, mais depuis ce jour, je n'ai cessé de la prier tous les soirs, récitant, en son honneur, le « Notre Père » et « Je vous salue Marie ». Bientôt après, le 30 avril, je pris part au combat sanglant du Mort-Homme, sous Verdun, et au milieu de la lutte terrible, tout en me battant, j'appelais Sœur Thérèse. Je l'invoquais non par peur, car je n'ai jamais eu peur, mais je lui demandais de soutenir mon courage, parce qu'à ce moment tragique, il en fallait ! Soudain, dans la mêlée, à 20 mètres de l'ennemi, je reçus un éclat d'obus en pleine poitrine. Je perdis connaissance, et quand je revins à moi, la bataille continuait de faire rage. Épuisé, et perdant mon sang, je n'avais pas la force de me traîner à l'écart, mais, me souvenant de ma sainte Protectrice, je m'écriai : « Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, ne m'abandonnez pas! » Elle entendit mon cri suppliant, car, sous les rafales de la mitraille, les brancardiers arrivèrent presque aussitôt me relever, et me transportèrent au premier poste de secours. Là, un brave aumônier, jugeant mon cas très grave, me donna, au son du canon, le Sacrement des mourants. Malgré mes souffrances, j'étais heureux et je pensais avec reconnaissance que ces secours religieux, je les devais à Sœur Thérèse. Chère petite Sainte, j'avais tant de confiance en elle, qu'une fois à l'abri des balles, je la priai de m'accorder un second miracle : celui de me guérir de ma blessure et de me guider sur sa tombe, à Lisieux. Et me voilà exaucé, car, grâce à elle, je me remis, puis, je fus changé d'arme et envoyé à Cherbourg. Ma première permission est pour venir aujourd'hui la remercier. Combien j'ai le cœur joyeux et ravi ! A genoux sur son tombeau, je l'ai conjurée de ne pas m'abandonner; cela m'a fait du bien de lui avouer toutes mes fautes, comme à un prêtre, elle me les fera pardonner par Dieu. Maintenant, je me sens prêt à tous les sacrifices, à toutes les souffrances, car la sainte m'a fait comprendre qu'ainsi j'expierai mes péchés, et que, d'ailleurs, le Christ Jésus avait enduré plus que tout cela pour nous. Aussi, je veux désormais gravir mon Calvaire sans une plainte !

Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, protégez-moi toujours, et aidez-moi ! »

Ce soldat, reçu au parloir par la Mère Prieure du Carmel, lui exprima, dans des termes plus touchants encore sa reconnaissance pour Sœur Thérèse. Sa voix tremblant d'émotion, il ne pouvait retenir ses larmes au souvenir surtout des grâces intimes qu'il attribuait à sa sainte Protectrice. De retour à la caserne, après son pèlerinage,

 

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il devint plus que jamais l'apôtre de sa dévotion, et c'est ainsi que quelques jours après, un jeune camarade du même régiment écrivait au Carmel :

 

Cherbourg (Manche).

 

Chère Supérieure,

 

Je vais vous écrire une lettre, quoique je ne vous connaisse pas, mais je suis un bleu de la classe 18, et chargé de faire la chambre des logis. C'est ainsi que l'un d'eux, nommé Lallement, m'a rapporté de Lisieux des images delà «bienheureuse» Thérèse de l'Enfant-Jésus, et j'en suis si heureux; aussi, je mets 1 franc dans ma missive, à l'intention de la petite sainte pour qu'elle me prenne sous sa protection, à partir de cette heure jusqu'à la fin de ma vie.

Je dois vous dire que le maréchal des logis Lallement me donne toujours de bons conseils. Jamais je ne l'ai vu en colère depuis son arrivée ici; il est toujours content de tout. Enfin, chère Supérieure, ne trouvant plus rien d'intéressant à vous mettre, je termine ma petite lettre, en vous donnant mon adresse :

 

François Le Roy,
3e rég. d'artillerie à pied, 104e Btrie

 

« Le chemin de Lisieux fut pour moi le chemin de Damas. »

 

C. (Oise), le 18 mai 1917.

 

Mon cœur déborde de reconnaissance envers notre bien-aimée Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus. Mon pèlerinage à Lisieux fait époque dans ma vie. La sainte petite Sœur m'attendait là, comme autrefois le divin Maître, au puits de Jacob, attendait la Samaritaine. Le chemin de Lisieux fut pour moi le chemin de Damas; c'est tout ce que je puis dire...

 

Daignez agréer, etc.

 

Sergent X.

 

« Entre deux factions au créneau. »

 

Aux Armées, le 24 mai 1917.

 

Je ne suis pas instruit, mais je vous trace ces lignes avec mon cœur, entre deux factions au créneau.

J'ai reçu de mon aumônier la belle image de la Sœur Thérèse. Combien de fois ai-je lu et relu les choses sublimes qui s'y trouvent et, enfin, j'ai compris...

Avant, j'étais un insouciant, un neutre, mais aujourd'hui, je suis

 

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tout autre, c'est la petite sainte qui m'a changé, et rien ne saurait désormais me faire retourner en arrière.

Je garde comme un souvenir l'image miraculeuse.

 

Votre tout obligé soldat.

S. B.

47e d'infanterie, 2e Btlon, 5e Cie.

 

« Je me sentis tout changé. »

 

Aux Armées, 24 mai 1917.

 

Madame la Supérieure,

 

J'ai une très grande reconnaissance envers ma chère petite Sœur Thérèse, qui m'a montré la bonne voie.

Grand pécheur, je me sentais isolé, et je m'éloignais de Dieu. Les durs tourments de la guerre m'avaient rendu neurasthénique; j'étais sombre et las.

C'est dans cet état qu'un soir, je franchis machinalement le seuil d'une de nos églises, non entièrement démolie par les obus.

En sortant, je vis quelques brochures éparpillées et j'emportai l'une d'elles, contenant la vie de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus. Dès les premières lignes, mon cœur fut ému, et, en achevant cette lecture, je me sentis tout changé. Ma décision était prise de suivre la voie et les principes de cette sainte; car, devant tant de pureté, je ne pouvais rester indifférent.

Depuis, toujours aux premières lignes, j'ai la plus grande confiance en notre chère petite Sœur. La joie est revenue, et l'énergie décuplée. A plusieurs reprises, ma Protectrice m'a inspiré le courage de me proposer comme volontaire pour les missions périlleuses. Toutes mes prières ont été exaucées. L'intervention de Sœur Thérèse s'est manifestée principalement au début de l'année 1917, dans une affaire militaire où je ne pouvais être sauvé que par miracle; je le fus. Depuis, j'ai échappé à tous les dangers, indemne de toute blessure. Je porte la relique de la sainte sur moi et, pour lui faire honneur, je demeurerai vaillant et bon chrétien.

Votre respectueusement dévoué,

 

E. L.,

14e territorial, G. M. R. I.

 

NOTRE SOUTIEN

 

Sœur de tous les soldats, sur les champs de bataille,

Thérèse est près de nous au milieu du combat.

De tous elle est aimée, et, malgré la mitraille,

L’homme marche sans peur, au-devant du trépas.

Enfant! subis l'assaut des vagues en furie,

Jésus veille sur toi, sur nous, sur la patrie.

 

E. L.

Vers Saint-Quentin (Aisne). 24 mai 1917.