« Thérèse, tu as vaincu !»

« Tu seras prêtre. »

CERTIFICAT DU R. P. CLERET DE LANGAVANT.

Touchantes leçons de Sœur Thérèse à un soldat irlandais.

Protection en rade de Tanger.

« Chaque fois, j'ai eu le courage de me vaincre. »

« Elle a dit : oui. »

« J'eus l'inspiration d'invoquer Sœur Thérèse. »

« Elle se tenait au pied du lit de mon fils. »

« Maman, nous n'avons plus peur. »

Mort d'un soldat anglais, annoncée mystérieusement à ses parents.

Deux lettres à Sœur Thérèse.

Lettre d'un petit soldat de la classe 19.

Dans un camp de prisonniers français. « Les dizainiers de Sœur Thérèse. »

« J'ai obtenu par elle le retour de mes chers absents... »

Sœur Thérèse inspire à un soldat de recevoir  le sacrement de Confirmation  et lui donne des preuves merveilleuses de sa protection.

 

« Thérèse, tu as vaincu !»

 

Front d'Orient, le 3 février 1918.

 

Élevé chrétiennement, j'avais eu le malheur, pendant ma jeunesse, de déserter mes devoirs et de chercher la vérité partout où elle n'est pas ! Pauvre épave, je voyais le Ciel se fermer pour moi, et je m'attachais désespérément à ce qui passe. Survint la guerre : Charleroi, la retraite de la Marne, puis, une nuit, je fus capturé et emmené en Allemagne. Quelques jours avant, j'avais entrevu, dans un livre, une image de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, et ressenti je ne sais quelle attraction pour ce visage séraphique; ce souvenir devint une grande force. Au camp d'exil, je me réconciliai avec Dieu, et, maintenant, une vie nouvelle a commencé pour moi. Mais, c'est seulement à mon retour en France, grâce à un échange de la Croix-Rouge, que je connus la vie de ma Bienfaitrice céleste. Ah ! cette histoire, elle me ravit ; j'y reviens sans cesse, et elle a sa place toujours dans mon sac de soldat. La seule pensée de Sœur Thérèse me garde de bien des fautes, et je m'efforce de l'imiter de mon mieux dans la voie qu'elle nous indique. Chaque jour, nous aussi, nous avons nos petites peines, nos humiliations, nos contrariétés, qui, acceptées « avec notre plus beau sourire », se transforment en petites joies. Continuellement, pour lui faire honneur et plaisir, je me propose la réforme de telle ou telle mauvaise tendance, je cherche à acquérir telle ou telle vertu, et je suis fier, au moment de la Communion, de dire à Notre-Seigneur :

 

151

 

« Mon Dieu, je ne suis point digne que vous entriez dans ma maison, qui, hier encore, était vide et délabrée, mais vous m'avez envoyé votre « petit tapissier » qui a tout remis en place pour vous recevoir. »

J'ai eu récemment une révélation providentielle qui me confirme, à n'en plus douter, l'action cachée, dès le début, de Sœur Thérèse dans cette transformation de mon âme. J'avais écrit à ma famille mon heureux changement, et ma pieuse sœur me répondit aussitôt : « A ton départ pour la guerre, j'ai cousu dans ton vêtement une relique de la petite sainte, et tu ne t'en étais jamais douté ! »

Ah ! je comprends aujourd'hui cette action mystérieuse et divine de ma grande Bienfaitrice. Thérèse, tu as vaincu ! et moi, ta conquête reconnaissante, je me livre à ta suite et sans réserve à l'amour du Christ.

 

H. D.

G. B.D.

Ce soldat fit deux fois le pèlerinage de Lisieux.

 

« Tu seras prêtre. »

 

Extrait des lettres d'un soldat favorisé de Sœur Thérèse.

 

Front d'Orient, les 27 décembre 1917 et 5 février 1918. Bien chères et dévouées Carmélites,

 

C'est un pauvre petit soldat combattant qui vous écrit. Grâce à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, je me suis décidé à quitter la religion orthodoxe à laquelle appartient toute ma famille, pour devenir catholique, et, le 3 mai 1917, j'ai fait ma première Communion dans l'église de Futeau, au front français de la Meuse. Je vous joins le certificat du prêtre-aumônier de la 65e division, le R. P. Cléret de Langavant, qui me donna le Sacrement de l'Eucharistie.

J'habitais, avant la guerre, à X..., où j'exerçais la profession d'électricien-radiographe. Je me suis engagé comme infirmier volontaire, le 5 septembre 1914, et c'est en avril 1915 que j'ai été appelé pour le service actif.

Le 11 novembre 1916, blessé au Mort-Homme, je fus évacué à l'hôpital de Troyes, où je rencontrai M. l'abbé Le Glencher, prêtre du diocèse de Bayeux. C'est lui qui m'a appris à connaître Sœur Thérèse.

Une fois guéri, le 31 janvier 1917, je quittai l'ambulance pour retourner au front, mais depuis, je ne cessai de prier la chère petite sainte et j'ai eu plusieurs visions d'elle dans les jours qui précédèrent ma première Communion ; je l'ai vue en tout quatre fois : la première, c'était le vendredi 27 avril 1917, le matin, et elle me dit : Vaillant petit soldat, sois pieux et prie beaucoup ; tu seras prêtre, mais, d'ici-là, tu auras de grands chagrins à supporter. Ne crains rien, quelqu'un

 

152

 

s'occupera de toi, et tu triompheras de tous les obstacles. O chères Sœurs, qu'elle était belle la petite sainte Thérèse, vêtue de blanc, et tenant à la main des roses dont les pétales se détachaient et tombaient sur ma couchette. Les trois autres fois, elle ne m'a pas parlé, et la dernière apparition que j'ai eue, ce fut le soir de nia première Communion, comme je me rendais à l'église pour remercier Dieu de la grande grâce reçue. Depuis que je suis en Orient, je ne l'ai pas revue, mais ce qu'elle m'a promis s'est déjà réalisé en partie, car j'ai rencontré, sur mon chemin, Mgr de Beaumont, coadjuteur de l'évêque de la Réunion, l'un des aumôniers de notre division, qui s'intéresse à moi, et il va se charger de mes études, car je suis pauvre et ma famille ne veut pas entendre parler du sacerdoce pour moi. Mais j'ai croyance dans la parole de ma petite Sœur Thérèse, et je suis certain que je serai prêtre un jour.

Voilà, chères Sœurs, tout ce que je peux vous dire sur les grâces que m'a faites Sœur Thérèse, et je vous affirme que tout cela est bien la vérité, car j'aimerais mieux la mort que de faire un mensonge.

 

F. P.

...e rég. d'inf.,

…Cie. Armée d'Orient.

 

CERTIFICAT DU R. P. CLERET DE LANGAVANT.

 

3 mai 1917.

 

Je certifie que le soldat F. P., au ...e rég. d'inf., a fait sa première Communion à l'église de Futeau.

 

F. Cleret de Langavant,

aumônier de la ...e division.

 

Touchantes leçons de Sœur Thérèse à un soldat irlandais.

 

Armées anglaises, le 18 février 1918.

 

Il y a deux ans, à Gallipoli, je connus pour la première fois la « Petite Fleur », au moyen d'une image que me remit un camarade. Sa vue me frappa beaucoup, et j'obtins très vite, par son intercession, une grâce que je sollicitais en vain depuis bien longtemps.

Mais ce qui est plus extraordinaire encore, c'est la présence surnaturelle de Sœur Thérèse qui ne me quitte presque pas, et me poursuit jour et nuit; elle m'instruit sans cesse, et surtout m'attire à la confiance en Dieu. Une fois, elle me dit entre autres choses : Je puis voler, parce que j'ai les ailes puissantes de la confiance. A vous, ces ailes manquent, car vous n'espérez pas assez du bon Dieu, mais si vous voulez, je vous porterai sur mes ailes, et vous comprendrez alors ce que j'entends par l'abandon et la confiance.

 

153

 

Une autre fois, elle me fit ce reproche parce que je cherchais trop de preuves.

Je suis triste, car il est des âmes à qui je veux révéler ma petite voie si simple, et qui discutent, exigent toutes sortes d'explications. Nous sommes tous des enfants aux yeux de Dieu, et nous devrions avoir la foi naïve des petits enfants pour aller à Lui.

Enfin, elle a triomphé de moi, et, dans mon âme, a comme infusé sa pure doctrine, d'autant plus que je me renouvelais dans l'innocence, et essayais d'imiter ses vertus.

 

Caporal C. J. Cleary,
c/o D.S.T. S. Office.

 

Protection en rade de Tanger.

 

Marseille (Bouches-du-Rhône), 1er mars 1918.

 

J'ai la plus grande confiance en Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, qui, depuis le début de la guerre, m'a accordé de nombreuses grâces.

Étant à X., le 30 janvier, rentrant du Maroc, je descendis à terre avec plusieurs officiers. Pour regagner le bateau, comme il n'y a pas de port, il faut prendre une barcasse à moteur contenant trente à quarante personnes. Nous y montâmes vers 10 heures, conduits par un pilote et un mécanicien espagnols et un marin arabe. Pour un motif inconnu, le pilote commit l'imprudence de piquer directement sur la barre très dangereuse en cet endroit, au lieu de la contourner comme le font d'ordinaire les embarcations; une grosse vague arriva, qui nous couvrit entièrement, noyant notre moteur, et le canot, n'ayant pas d'avirons, se trouvait à la dérive et sur le point de faire naufrage. D'autres lames s'avancèrent encore sur nous, et c'est dans cette situation périlleuse, que j'eus recours à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, en pleine confiance, la suppliant de nous sauver. Je surpris notre équipage dire en espagnol : « Nous coulons », et j'estime que c'est une protection miraculeuse, si l'eau ne pénétra pas dans notre barcasse et si nous pûmes tenir bon, jusqu'à l'arrivée d'un canot sauveteur qui nous remorqua au port. Humainement parlant, nous ne devions pas en revenir.

 

Baron de X.

 

« Chaque fois, j'ai eu le courage de me vaincre. »

 

Ferme de X., par B. (France), le 9 mars 1918.

 

Jamais je ne remercierai assez Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, pour le bien qu'elle vient encore de faire chez nous. Notre fils, de la classe 14, sur le front depuis le début de la guerre, nous revint en permission, il y a une quinzaine de jours. J'en profitai pour attacher

 

154

 

à son cou, avec sa médaille d'identité, une petite relique de Sœur Thérèse que j'avais rapportée de mon pèlerinage à Lisieux, et je glissai aussi dans son livret militaire quelques cartes de la chère sainte. Or, voici qu'après avoir regagné son régiment, notre soldat nous écrivait : « J'ai été assailli depuis que je vous ai quittés par de terribles et honteuses tentations, mais, chaque fois, je me suis mis à regarder l'image de la petite sainte que maman m'a donnée, et chaque fois, j'ai eu le courage de me vaincre.

N'est-ce pas beau de constater que la seule vue du portrait de Sœur Thérèse suffit pour arrêter sur la pente du mal !

 

Mme H.

 

« Elle a dit : oui. »

 

Château de Bourbon, Saint-Laurent d'Agny (Rhône), 28 septembre 1917.

 

Ma Révérende Mère,

 

Je viens solliciter vos prières pour obtenir, par l'intercession de votre petite sainte, « la Bienfaitrice aimée de notre foyer », le retour de mon mari, actuellement sous les armes, et qui, très secoué par une opération subie en juin, est réellement incapable de supporter la vie du front. Puisse-t-il au moins être incorporé dans l'auxiliaire ! D'activés démarches sont faites dans ce but, mais j'espère surtout dans l'aide surnaturelle que nous prêtera Sœur Thérèse dans cette affaire.

J'ai, vous le savez, une délicieuse enfant de deux ans et demi, que je dois à votre angélique Sœur, et qui, pour cette raison, porte son nom. Ma Thérèse aime beaucoup et prie sans cesse sa « céleste Marraine », qu'elle nomme, dans son naïf langage « Sa Mayaine ». L'autre jour, elle était allée devant l'image de la sainte, et là, avec une ferveur charmante, l'avait suppliée pour son papa, afin qu'il soit libéré. Puis, tout d'un coup, elle accourut vers moi, le visage tout joyeux : « Maman, maman. Elle a dit oui ! » Et comme je la questionnais pour avoir quelque précision, elle me répondit avec insistance : « Elle a dit : « Oui», Théyèse ! » Depuis, la mignonne mêle répète souvent, et ce mot me donne confiance. La candide enfant a de multiples délicatesses pour sa chère Protectrice. Elle lui apporte toutes sortes de présents : en été : fleurs, plumes d'oiseaux, cerises. Les premières violettes furent pour elle, et elle explique à sa poupée que « sa mayaine sera bien contente, car elle aime beaucoup les fleurs ».

Je m'excuse, ma Révérende Mère, de prendre votre temps par le récit de ces traits enfantins. Que la chère Sœur Thérèse forme elle-même à la piété cette petite âme innocente qui l'aime avec tendresse.

Veuillez agréer, ma Rde Mère, etc.

 

Bonne J. BABIN.

 

155

 

DE LA MEME

 

13 mars 1918.

 

La prophétie de ma petite fille s'est réalisée, et j'ai reçu hier soir la dépêche m'annonçant la toute prochaine libération de mon mari. Mille actions de grâces à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus dont l'intervention parut manifeste à plusieurs reprises, et qui avait daigné promettre à sa petite filleule qu'elle nous exaucerait.

 

Baronne J. BABIN.

 

« J'eus l'inspiration d'invoquer Sœur Thérèse. »

 

RÉCIT DE M. L. G., COMMANDANT LE PATROUILLEUR « D... » .

 

X. (France), 27 mars 1918.

 

Je suis heureux de vous faire part d'une très remarquable protection de votre petite sainte en ma faveur.

Je me suis trouvé dans une situation fort périlleuse, naviguant, tous feux éteints, par une nuit noire, où la pluie, le vent, la tempête faisaient rage.

Craignant que mon navire, poussé par la tempête et le courant, n'aille se briser sur les rochers, j'eus l'inspiration d'invoquer Sœur Thérèse, et aussitôt un calme étrange se produisit. Dans une éclaircie je vis distinctement les feux d'un phare en face de moi, puis la pluie, la tempête reprirent, mais je savais où j'étais, je pouvais nie diriger sûrement, j'étais sauvé.

Si l'affirmation de cette intervention miraculeuse de la petite sainte peut servir à la Cause de sa béatification, j'en serai très heureux, car je lui garde une grande reconnaissance.

Veuillez agréer, etc.

 

L. G.,

commandant le patrouilleur « D... »

 

« Elle se tenait au pied du lit de mon fils. »

 

Paris, 8 avril 1918.

 

Madame la Supérieure,

 

J'ai reçu dernièrement une grâce bien signalée de Sœur Thérèse et depuis je ne cesse de prier pour sa prompte béatification.

Les obus tombant souvent près de notre maison, je m'étais munie de son image, lorsque le soir du lundi de Pâques, après l'avoir conjurée

 

156

 

avec ferveur de veiller sur mon fils de trois ans et demi, je baisai sa relique et me couchai. Or, aussitôt, l'obscurité étant complète dans ma chambre, j'aperçus la chère petite sainte qui se tenait toute blanche et merveilleusement lumineuse, au pied du lit de mon fils. Je ne saurais dire l'impression de douceur, de bonté, de dévouement qui se dégageait de cette vision trop rapide à mon gré, car elle disparut bientôt, et, de ma vie, je n'avais goûté un tel bonheur et joui d'un pareil privilège; c'est toute la félicité céleste qui m'est apparue en cet instant. Oh ! quelle simplicité et quelle grandeur émanaient de Sœur Thérèse !

Je n'ai plus qu'un désir : vouer mon enfant pour toute sa vie à sa puissante Protectrice, et moi-même me mettre sous son égide afin de suivre sa voie d'amour.

Veuillez recevoir, etc.

 

Henriette Robin.

 

« Maman, nous n'avons plus peur. »

 

Paris, 10 avril 1918.

 

Madame la Supérieure, Je suis heureuse de vous écrire ce qui suit :

Pendant le dernier raid des avions ennemis sur la capitale, je ne savais comment rassurer mes trois enfants, tellement ils étaient effrayés. C'était le soir, je tenais sur mes genoux ma petite fille de vingt mois, et mes deux fils se pressaient contre moi. Tout à coup, le plus âgé qui a neuf ans me dit : « Maman, lis-nous donc le livre de la petite Sœur Thérèse, il me semble qu'on aurait moins peur. » Je pris le volume et pendant ma lecture, voilà que ma chère petite, qui portait sur elle un sachet de la sainte, se trouva embaumée d'un tel parfum de roses que bientôt elle n'était plus qu'un parfum. Alors, mes deux fils s'écrièrent : « Maman, nous n'avons plus peur, mais donne-nous aussi un sachet de la petite Thérèse. »

Je vous serai très reconnaissante, Madame la Supérieure, de m'envoyer ces deux reliques.

 

Veuillez agréer, etc.

 

M. Dimanche.

 

Mort d'un soldat anglais, annoncée mystérieusement à ses parents.

 

Londres (Angleterre), le 2 mai 1918.

 

En février dernier, ma femme, désirant mettre sous la protection de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus nos deux fils soldats, se procura le volume Histoire d'une Ame. La lecture de ce livre admirable nous

 

157

 

toucha beaucoup, et lorsque, le 23 du même mois, le plus jeune de nos deux combattants vint nous faire ses adieux avant de partir pour la France, sa mère lui remit la Vie de la « Petite Fleur », qu'il emporta avec lui.

La grande offensive commença le 21 mars, nous savions nos chers enfants très exposés, et jusqu'au 31, nous restâmes sans nouvelles. A cette date, ayant lu tant de merveilles dans la Pluie de Roses, j'eus l'inspiration de demander à la petite sainte de me faire savoir d'une manière quelconque ce qu'étaient devenus mes fils. Le lendemain, j'appris que l'aîné se portait bien, et, dans la nuit suivante, soit celle du 1er au 2 avril, ma femme m'appela, tout impressionnée. Elle venait de voir (elle ne saurait dire si elle était éveillée ou non), un jeune homme au visage brillant et céleste qui s'avançait vers elle en grande hâte. « Notre petit Clément est mort, et c'est lui qui vient de se montrer à moi ainsi transfiguré, m'assura-t-elle; je n'ai pu reconnaître ses traits trop lumineux, mais sa démarche et tout l'ensemble de sa personne ne me laissent aucun doute. » Je tâchai de calmer ses tristes appréhensions, bien que je fusse moi-même très frappé de l'incident.

De fait, cette vision était bien la réponse de la « Petite Fleur », car, le 5 avril, je reçus la nouvelle de la mort de notre fils cadet, tombé au champ d'honneur, le 25 mars. Les détails que cette lettre m'apportait sur sa fin édifiante restent la consolation de mon cœur de chrétien et de père. Notre enfant avait reçu les Sacrements de Pénitence et d'Eucharistie quelques jours auparavant, et, jusqu'au 25, il vécut dans l'intimité d'un camarade séminariste, s'entretenant avec lui des choses de Dieu et de la résignation à sa volonté sainte. Pouvions-nous ambitionner pour lui une mort plus belle?

Que Sœur Thérèse soit bénie des grâces dont elle l'entoura!

 

Edward Cassan.

 

Je connais M. Cassan et sa famille depuis plusieurs années, et je suis heureux de certifier que lui et tous les siens sont absolument dignes de foi. Tout ce qu'il raconte au sujet de la mort de son excellent fils cadet est l'exacte vérité.

 

Rev. Th. Carey.

 

Deux lettres à Sœur Thérèse.

 

Le Valdahon (Doubs), le 20 juin 1916.

 

Ma Révérende Mère,

 

Depuis longtemps je voulais vous écrire, mais toujours je retardais. Aujourd'hui, poussé par le besoin de me confier à Sœur Thérèse, je m'empresse de vous envoyer ce petit mot, avec deux lettres à ma Protectrice, dont l'une est écrite par l'un de mes camarades.

 

158

 

Je suis un bluet de la 17, qui a été arraché à sa chère école apostolique de Lanzo (Italie), et qui, en ce moment, voudrait servir la France, en attendant de servir une cause bien plus belle et bien plus héroïque. Je souhaiterais partir au front dès les premiers jours de juillet, et, tout le monde s'y refusant, je viens m'adresser à Sœur Thérèse pour m'obtenir cette faveur.

Veuillez agréer, etc.

 

Jean-Baptiste Baud,
futur missionnaire à l'Alaska.

 

PREMIÈRE LETTRE A SŒUR THÉRÈSE

 

Ma bien chère petite Sœur,

 

Vous connaissez les désirs qui m'animent et qui me font souhaiter mon prompt départ pour le front. Ce n'est pas par un sentiment de haine pour les Allemands. Oh ! non. C'est le désir de faire du bien plus abondamment qu'au dépôt : c'est l'apostolat, c'est l'amour pour mon prochain, c'est pour le consoler au milieu de ses souffrances. Vous qui êtes près de Jésus, vous connaissez tout; faites-le, je vous prie, agréer ma demande, et que, dès le commencement de juillet, mon désir soit exaucé.

 

Jean-Baptiste Baud.

 

DEUXIÈME LETTRE A SŒUR THÉRÈSE

 

Chère petite Sainte,

 

J'ai recours à vous, connaissant votre bonté, et je viens vous demander une grâce. Ah! accordez-moi cette faveur. Par votre sainte vie toute pure, demandez pour moi à Jésus l'insigne faveur de rester pur et fervent tout le temps de mon service militaire. Si je dois verser mon sang pour la France, que ce sacrifice soit présenté par vous à Jésus, et qu'il efface les fautes de ma vie. J'ai confiance en vous. Obtenez-moi la faveur que je vous demande.

 

H. Walter.

 

EXTRAIT DUNE AUTRE LETTRE DU JEUNE SOLDAT J.-B. BAUD

 

Le 9 mai 1918.

 

J'ai acheté, sur mes petites économies, deux livres de la vie de Sœur Thérèse, deux gros volumes de l'Histoire d'une Ame, et je les ai fait circuler par la caserne. Souvent, j'ai vu dans la chambrée ce livre céleste lutter contre les mauvais romans qui pullulent chez les jeunes soldats. Un de mes camarades a dessiné le portrait de notre petite Sœur sur une grande feuille qu'il garde jalousement, disant : « C'est pour ma chambre à moi. »

Elle m'a bien des fois sauvé, Sœur Thérèse, et je me rappelle un

 

159

 

jour, entre autres, aux Éparges, en avril 1917, je patrouillais en avant de mon groupe, quand nos compagnons, pris de panique, crièrent : « Voilà les Boches » et tirèrent sur nous. Un de mes meilleurs amis, me mettant le canon de son fusil contre la poitrine, fit feu; j'étais perdu, mais j'appelai : « Thérèse ». Le coup ne partit pas, et nul ne fut touché. Au retour, tous me félicitaient, en me disant : « Thérèse t'a encore protégé. » C'était vrai! Ces exemples gagnaient leur confiance et chacun voulait être muni de sa médaille.

 

J.-B. Baud.

 

Ce jeune soldat revint indemne de la guerre.

 

Lettre d'un petit soldat de la classe 19.

 

Dijon (Côte-d'Or), le 9 juin 1918.

 

Ma Révérende Mère,

 

C'est la lettre d'un petit soldat de la classe 1919 qui a tellement confiance en sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus qu'il vous demande son image avec un petit souvenir de la sainte.

C'est avant de partir soldat qu'étant immobilisé à la chambre, par un épanchement de synovie, j'ai pu lire la vie de sainte Thérèse. Cela m'a si tellement touché que, depuis que je suis soldat, je brûle du désir de porter sur ma poitrine l'image de la sainte.

Je n'ai pas pu le demander avant, car je devais changer de régiment; alors, maintenant que je suis fixé à Dijon, ma Révérende Mère, je vous le demande par cette lettre.

Ma Révérende Mère, je vous demande de bien vouloir prier pour moi, car je n'ai plus de mère.

Voici la prière que je fais deux fois par jour à sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus :

Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus, ayez pitié de celui qui n'ayant plus sa mère pour le guider vers le bien, tombera sûrement dans l'abîme si vous ne le soutenez. Guidez-le! Éclairez-le! Et à l'heure de sa mort, secourez-le encore plus que jamais!

Oh! sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus, comme il a confiance en vous !

 

Albert Battault,

48e d'art., 61e Bde.

 

160

 

 

Dans un camp de prisonniers français. « Les dizainiers de Sœur Thérèse. »

 

Paris, le 21 juin 1918.

 

Ma Révérende Mère,

 

Je vous suis très reconnaissante de l'envoi des souvenirs de Sœur Thérèse que vous avez bien voulu, à ma requête, adresser à Marcel Tiesset, prisonnier de guerre à Sprottau (Allemagne). Ce cher absent, dont la correspondance est très limitée, me prie de vous exprimer sa vive gratitude. Voici ce qu'il m'écrit : « J'ai bien reçu le colis de brochures et images de notre petite Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus. Veuillez remercier les religieuses du Carmel en mon nom et en celui de mes amis, en leur disant qu'elles ont fait des heureux! Pour ma part, j'ai pris plaisir à former parmi mes compagnons de captivité une ligue des Dizainiers de Sœur Thérèse, pour demander à Dieu la béatification de cette chère petite sainte. Tous les jours, nous récitons chacun la prière spécialement composée à cet effet, plus une dizaine de notre chapelet à la même intention, y ajoutant une communion par semaine. Tous mes associés sont fervents et fidèles et de plus en plus dévots de la petite sainte. Puisse le ciel combler nos vœux en exauçant les prières de pauvres exilés qui voudraient pouvoir faire davantage pour la gloire de l'aimable carmélite !»

Veuillez agréer, ma Rde Mère, etc.

 

Mlle Desroches.

 

LETTRE DU PRISONNIER AU CARMEL DE LISIEUX

 

Camp de Sprottau, 16 juillet 1918.

 

Ma Révérende Mère,

 

Je puis enfin vous écrire et vous remercier moi-même. Je le fais aujourd'hui de tout mon cœur.

J'avais rêvé, étant grand admirateur de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, de propager sa dévotion parmi mes amis de captivité. Mes vœux ont été comblés; car, ainsi que Mlle Desroches vous l'a écrit, j'ai eu la joie d'établir ici, dans notre petite paroisse d'exil, une ligue des Dizainiers de Sœur Thérèse.

Afin que notre petite sainte soit toujours sous nos yeux, j'ai fait faire un grand tableau, la reproduisant tenant son crucifix avec les roses, et je l'ai placé dans notre modeste chapelle, en attendant de pouvoir bientôt, espérons-le, élever un autel à la bienheureuse Thérèse de l'Enfant-Jésus. C'est lundi dernier qu'eut lieu l'inauguration de cette image, au milieu des fleurs et des lumières répandues, je n'ose dire à profusion, mais autant que nous l'avons pu en cette circonstance. Après la prière du soir, notre aumônier nous a fait une courte

 

 

161

 

instruction sur l'héroïne du jour, nous encourageant à imiter son exemple, puis nous avons chanté le cantique pour demander sa béatification. Enfin, le tableau a été porté processionnellement à la place préparée, et tous, à genoux, devant notre petite Sœur du ciel, nous avons encore récité à haute voix la prière pour obtenir sa prompte glorification.

Nous gardons de cette fête un inoubliable souvenir, et maintenant, dès qu'on entre à la chapelle, on aperçoit Sœur Thérèse présidant aux destinées de notre humble paroisse et nous encourageant à traverser en bons chrétiens cette rude épreuve.

Nous lui avons consacré le mardi de chaque semaine, et tous les dizainiers portent fièrement sa médaille. Que la sainte nous bénisse et nous fortifie !

 

Veuillez agréer, ma Rde Mère, etc.

 

Marcel Tiesset,

Président de la Jeunesse catholique,
prisonnier de guerre.

 

« J'ai obtenu par elle le retour de mes chers absents... »

 

Du Front, le 20 juillet 1918.

 

Madame la Révérende Mère,

 

Sous le coup d'une bien douce émotion, je viens vous faire connaître la faveur que m'a accordée Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus.

Mobilisé depuis le début de la guerre, j'avais eu la grande douleur d'être séparé de ma femme et de mes enfants demeurés en pays envahis. M'abandonnant en la miséricorde divine, je me suis efforcé de supporter avec résignation la lourde épreuve qui m'était imposée, mais je souffrais durement de cette incertitude sur le sort des miens, incertitude qui se prolongea pendant plusieurs années.

Dernièrement, un de mes camarades me parla de Sœur Thérèse, témoignant d'une immense confiance en son intercession. Dans le but d'intéresser la petite sainte à ma cause et d'obtenir, par elle, le retour de mes chers absents, j'écrivis au Carmel de Lisieux pour faire célébrer le saint Sacrifice à cette intention. On me répondit que la messe se dirait le mardi 16 juillet, fête de Notre-Dame du Mont-Carmel. Ce matin-là, j'ai assisté à la sainte Messe et supplié avec ferveur la petite sainte.

Quelles ne furent pas mon émotion et ma joie lorsque, après la cérémonie, le vaguemestre me remit l'heureuse dépêche, m'avisant du rapatriement de mes exilés. J'étais exaucé !

Gloire à Dieu, et actions de grâces à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus.

Veuillez agréer, etc.

 

F. Maudeul,

brigadier, section de repérage n° 7.

 

162

 

Sœur Thérèse inspire à un soldat de recevoir
le sacrement de Confirmation
et lui donne des preuves merveilleuses de sa protection.

 

LETTRE DE S. G. MONSEIGNEUR L'ÉVÊQUE DE X... A L'ÉVÊQUE DU DIOCÈSE DONT LE SOLDAT EN QUESTION EST ORIGINAIRE

 

Le 2 août 1918.

 

Cher et vénéré Seigneur,

 

Le nouveau Droit nous fait une obligation de notifier les confirmations de sujets étrangers. Comment me priverai-je de le faire dans un cas d'aussi naïve fraîcheur que celui-ci !

Un brave territorial de votre diocèse doit à son âge de remplir, dans un de nos bataillons, les paisibles fonctions de conducteur. La guerre n'a rien changé à ses bonnes habitudes de piété sérieuse, foncière; et ses yeux clairs, affectueux, trahissent la sincérité de sa piété.

Voici qu'un beau matin — c'est lui-même qui parle — petite Sœur Thérèse lui dit : C'est très bien de communier comme tu fais. Tout de même, tu n'es pas confirmé. Il faudrait bien y penser.

Et voilà qu'en descendant au groupe, pour se confesser à l'aumônier de son bataillon, il apprend qu'il y a près de là un évêque et il demande s'il ne pourrait pas être confirmé, précisément au prêtre que j'avais chargé de rechercher quelques confirmands !

Il arriva même, dans la soudaineté d'un départ pour la bataille, que les trois autres confirmands ne purent venir, et que lui, tout seul, avec une édification véritable, pénétrante, put recevoir le sacrement.

J'eus grand'peine à l'empêcher, dans la joie de sa reconnaissance, d'ouvrir et de vider tout son pauvre porte-monnaie dans le tronc de l'église.

La guerre multiplie devant moi les « histoires vraies » de confirmation. Celle-ci valait la peine de vous être contée; car le brave homme n'est pas, devant le bon Dieu, l'âme la moins belle que compte votre diocèse. Son nom est G. F.

Daignez agréer, cher et vénéré Seigneur, le meilleur hommage de ma bien respectueuse vénération.

Suit la signature de Mgr l'évêque de X.

 

RELATION DE LA MÈRE PRIEURE DU CARMEL

 

Le 14 octobre 1918, sur le conseil de Mgr l'évêque de X., le soldat G. F. profitait d'une permission pour se présenter au parloir du Carmel de Lisieux, et voici ce qu'il raconta à la Mère Prieure, dans des termes empreints de la plus franche simplicité.

Agé de trente-huit ans, et marié depuis 1908, il exerçait, avant la guerre, le métier de commissionnaire entre X. et Lisieux. Un jour

 

163

 

de l'année 1913, faisant des courses dans cette dernière ville, il remarqua à la devanture de la petite procure de Sœur Thérèse, en face du monastère, un portrait de la Servante de Dieu. Cette vue le charma, et il se mit à contempler avec admiration cette jolie petite Sœur sainte Thérèse, comme il l'appelait, et pour laquelle, dès ce moment, il conçut une dévotion extraordinaire. Bien souvent depuis, il alla prier sur sa tombe, lui portant des fleurs de son jardin, et il communiait souvent en son honneur.

Lorsque la guerre éclata, il se trouva mobilisé à Lisieux, et il partit au front le 25 septembre 1914. Pour se rendre à la gare, son régiment passa devant le Carmel, et lui, se tournant alors vers la chapelle, fit cette prière dans un élan de foi : « Bonne Sœur sainte Thérèse, j'ai confiance en vous, ne m'abandonnez pas, protégez-moi toujours! »

Depuis, continua le brave soldat, j'ai toujours vu son image aux heures du danger. Ainsi j'ai porté le fusil onze mois avant d'être conducteur, et quand j'étais dans les tranchées et que je regardais aux créneaux, si je voyais l'image de Sœur sainte Thérèse, c'était signe que les Allemands se disposaient à nous bombarder et qu'il fallait prendre ses précautions.

— C'est une image que vous voyiez sans doute, et non Sœur Thérèse elle-même? objecta la Mère Prieure.

Le soldat réfléchit un instant, comme pour chercher l'expression la plus propre à le faire comprendre, et répondit : « Mais non, ma Sœur Supérieure, c'est pas une image de papier. C'est Sœur sainte Thérèse vivante; enfin, c'est comme on voit les personnes dans le cinéma ! Je suis malheureux de ne pas être instruit, sans cela je vous raconterais mieux et même j'écrirais ce qui m'est arrivé, mais c'est ennuyant, je ne pourrais pas savoir les mots pour assez bien dire...

Le dimanche de la Passion de cette année, près de Saint-Mihiel, j'avais été à la messe et j'avais communié, quand, dans l'après-midi, il a fallu qu'on se rende en chemin de fer du côté de Bar-le-Duc. Le train était bondé de troupes, et voilà que des avions allemands se mirent à nous poursuivre et à nous bombarder. C'était une pluie de feu et d'obus. Alors j'ai invoqué la petite Sœur sainte Thérèse, et aussitôt, je l'ai vue au-dessus de nous, dans le Ciel, habillée tout en blanc; elle était comme un ange, et suivait le train comme pour le défendre. Bien des fois je me suis détourné pour voir si elle était toujours là; mais oui, elle nous suivait toujours, et on a atteint Bar-le-Duc sans être détruits.

— Mais votre confirmation, lui demanda la Mère Prieure, dans quelles circonstances l'avez-vous reçue?

— En effet, ma Sœur Supérieure, Monseigneur m'a dit surtout de ne pas manquer de vous raconter cela. Eh bien ! voilà. C'est dans un bois, à Jonquières, près de Compiègne, et c'est le 13 juillet dernier que j'ai encore vu Sœur sainte Thérèse, et elle m'a dit comme ça : « C'est bien de communier comme tu fais, mais, tout de même, tu n'es pas confirmé. II faudrait bien y penser. Va donc à la messe demain

 

164

 

et tu trouveras le nécessaire pour être bientôt parfait chrétien. » J'ai donc été me confesser et j'ai été à la messe le 14, dans la chapelle de campagne du bataillon, et c'est en sortant que l'aumônier (1) m'a dit tout à coup qu'il y avait là un évêque. Alors j'ai dit, bien content : « Voilà justement mon affaire, car Sœur sainte Thérèse m'a demandé de me faire confirmer bien vite. » L'aumônier parla à l'évêque, et je devais être confirmé lé lendemain, quand il est venu un ordre de partir en ligne. Quelques soldats qui devaient se faire confirmer avec moi, sans que je le sache avant, ont parti tout de suite; mais moi je ne voulais pas, car la sainte me disait très fort : Insiste pour être confirmé aujourd'hui! Alors j'ai tant insisté que Monseigneur m'a dit : « Eh bien ! compte sur moi, mon brave, je vais te confirmer ce soir, à 4 heures. » Et à 4 heures, assisté de l'aumônier et d'un soldat qui fut mon parrain, il m'a fait parfait chrétien et m'a donné en souvenir une image qu'il a signée lui-même; la voilà, je la garderai toujours.

Après je suis parti en ligne, et la petite Sœur sainte Thérèse m'a bientôt montré, par une nouvelle protection, qu'elle était contente de moi.

C'était le 18 juillet; je faisais partie du convoi de ravitaillement, et je conduisais un tonneau contenant 600 litres d'eau. La route était si terriblement bombardée que quelques camarades fuyaient et d'autres couraient en avant du plus fort qu'ils pouvaient. Alors, voyant que mon cheval se cabrait de peur, j'ai invoqué la sainte et je l'ai vue encore tout en blanc, qui m'a dit : « N'aie aucune peur, marche au pas, tranquillement, et fais ton devoir. » Puis voilà qu'elle prend de tout près la bride de mon cheval, tandis que de loin je tenais les rênes. Et je l'ai laissée conduire ma voiture; alors j'ai resté calme et j'ai pu remplir mon service jusqu'au bout, sans aucun mal.

O ma Sœur Supérieure, ajouta naïvement le soldat, si vous saviez comme je l'aime cette petite sainte; oh! oui, je l'aime beaucoup, beaucoup, et je vous le jure, avec son image sur mon cœur j'irais n'importe où, jusqu'en Amérique, s'il le fallait, sans la moindre frayeur !

J'en ai parlé aux camarades, et ceux même qui ne sont pas pour l'église, et des impies, sont gagnés à avoir confiance dès qu'ils voient son image, et il ne s'en trouve pas un seul pour la blâmer.

Avant la guerre, je ne pouvais pas aller toujours à la messe le dimanche, à cause de mon emploi ; mais j'ai bien dit à ma femme qu'à mon retour je laisserai mon premier métier et que j'étais résolu à mourir de misère plutôt que de manquer la messe le dimanche, jusqu'à ma mort. »

Avant de quitter le parloir, le brave homme fit un don de 20 francs au monastère. Et comme la Mère Prieure hésitait à l'accepter : « Oh ! si, prenez-le, je vous en prie, c'est un vœu que j'ai fait à ma Protectrice, et il y a déjà longtemps que je fais chaque jour mes petites

 

(1) R. P. Guyonnet, S. J.

 

 

165

 

économies pour remplir ma promesse. Me voilà si heureux d'être venu lui apporter ma dette ! »

Et la voix sympathique du soldat trahit son émotion et sa reconnaissance lorsqu'il dit, en s'éloignant : « Comme je suis content ce soir! »

Le soldat F. fut dans la suite décoré de la croix de guerre, et, rentré dans son foyer, il vint souvent à la chapelle du Carmel de Lisieux remercier sa sainte Protectrice.

Je serai toujours reconnaissant pour le bon Dieu et pour Sœur Thérèse. »

Ma Mère Prieure,

 

Aux Armées, 8 août 1918.

 

Je vous écris pour vous raconter ma guérison que j'ai obtenue en 1913 de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus.

J'étais malade depuis huit ans; j'avais la fièvre et une hernie qui me faisait bien mal. Je suis venu, ma Mère Prieure, à Lisieux, en 1913, je suis allé à votre chapelle, où Sœur Thérèse a tant prié, et j'ai été ému et plein de confiance. En même temps, j'ai senti un parfum extraordinaire, et aussitôt après j'ai été guéri.

J'ai toujours confiance en Sœur Thérèse. A la guerre, le 11 juin 1917, le jour que je suis monté à l'attaque pour la première fois, je me suis trouvé ensuite seul et perdu. Alors, j'ai fait ma prière à Sœur Thérèse, et, après, je n'étais plus dans l'inquiétude et j'ai retrouvé mon régiment le soir.

Ma Mère Prieure, je serai toujours reconnaissant pour le bon Dieu et pour Sœur Thérèse.

 

Votre petit soldat tout dévoué,

Letellier (Gustave),

 

297e rég. d'inf., 22e Cie.