« Elle me veilla ainsi tant que dura mon sauvetage.»

Double ex-voto d'un général.

Une rose d'or.

« Instantanément mon sang cessa de couler. »

Suprême consolation aux parents d'un soldat mort pour la Patrie.

« Je reste plein de confiance sous son manteau. »

Actions de grâces d'un lieutenant-colonel.

« En faveur d'une noble famille polonaise pendant la Révolution bolcheviste ».

Touchante annonce.

« Ces choses-là ne s'oublient pas... »

Témoignage d'un chef de bataillon.

Témoignage d'un officier de marine.

« Que la petite Thérèse le nourrisse ! »

« Je me laissai vaincre, guérir... »

« Va au couvent... »

« Sœur Thérèse a bien travaillé. »

« Tu reverras tes parents et ta douce France! »

 

« Elle me veilla ainsi tant que dura mon sauvetage.»

 

Au début d'août 1919, un soldat se présentait au Carmel de Lisieux se disant redevable à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus de bien grandes protections. Reçu au parloir, il raconta, entre autres faits, une grâce si particulière, que la Mère Prieure lui demanda de la mettre par écrit. « Je le veux bien, pour la gloire de Sœur Thérèse, répondit le soldat, et maintenant que j'ai rempli ma promesse de faire ce pèlerinage à Lisieux, je vais, dans quelques jours, réaliser mes désirs, en entrant chez les Franciscains de Paris comme frère convers. »

 

C'est de ce couvent qu'il écrivait, le 31 août, la lettre suivante, qu'accompagnait ce témoignage du Très Rd Père Gardien du couvent des Franciscains de Paris et Commissaire provincial.

 

Ma Révérende Mère,

 

Je me fais un pieux devoir et un bonheur de vous transmettre la lettre de M. Louis Jules, qui, le 8 septembre, sera le frère Joseph.

 

216

 

Ce jeune homme me paraît un esprit très positif, et je ne m'étonne pas qu'il ait été l'objet d'une protection vraiment miraculeuse de la chère petite Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus.

 

Rd Père Richard Deffrennes.

 

LETTRE DU PROTÉGÉ DE SŒUR THÉRÈSE

 

Couvent des Franciscains, Paris. 31 août 1919.

 

Ma Révérende Mère,

 

Je viens remplir la promesse que je vous ai faite le jour de mon pèlerinage à Lisieux.

J'appartenais, pendant la guerre, au 62e rgt d'artillerie, 5e brie. J'avais eu le bonheur d'entendre parler de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, et lorsque je partis pour le front, je me suis confié à elle, et je portais toujours sur moi sa relique.

Dans des circonstances particulièrement critiques, à Fleury-devant-Douaumont, je ne cessais plus de l'invoquer. Beaucoup des nôtres y restèrent, et, je redoublais mes supplications à la bonne petite sainte, lorsque, le 14 mars 1916 (je n'oublierai jamais cette date), la mitraille nous menaçait davantage encore. Alors, avec huit de mes camarades, nous nous étions réfugiés dans un trou d'obus, non loin de notre pièce; nous nous trouvions tellement entassés les uns sur les autres et à l'étroit, que nous ne pouvions nous tenir debout. Le bombardement redoublait de violence, chacun croyait sa dernière heure arrivée, et pour ma part, je priais de tout mon cœur la petite Thérèse. Tout à coup, un obus tombe près de notre abri, et nous enterre tous; mon voisin est coupé en deux, quant à moi, j'en suis quitte pour une fracture à l'épaule droite. Mais, ma Révérende Mère Supérieure, la petite sainte que j'invoquais avec tant de ferveur ne m'abandonna pas, d'abord le trou où nous étions ensevelis devint tout lumineux, et j'aperçus ma Sœur Thérèse entourée de petits enfants. Oh! comme elle était belle! Elle me souriait et joignait les mains comme pour prier. Pendant ce temps, les camarades travaillaient à me déterrer. Elle me veilla ainsi tant que dura mon sauvetage, puis elle disparut. Je me suis demandé ensuite ce que signifiaient ces enfants qui accompagnaient Sœur Thérèse; elle m'a fait comprendre que c'était une leçon, pour m'enseigner qu'il fallait avoir en Dieu une confiance égale à celle que les petits enfants ont en leur père.

Je me recommande à vos prières, ma Révérende Mère, car, le 8 septembre, conduit par ma grande Protectrice, je serai admis au noviciat où je n'aurai qu'une pensée, celle d'imiter ses vertus.

Veuillez agréer, etc.

 

Louis Jules.

 

217

 

Double ex-voto d'un général.

 

Aux Armées, le 18 novembre 1914.

 

Madame la Supérieure,

 

J'avais promis à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, après lecture de sa Vie, d'envoyer à son Carmel un témoignage écrit, si j'obtenais une grâce de santé qui m'était bien nécessaire, et si je revenais sain et sauf d'une colonne au Maroc. J'ai été immédiatement guéri, et j'ai échappé à tout danger dans ma mission sur le sol africain. Je suis trop heureux d'en remercier, selon mon vœu, la chère petite sainte.

Je repars pour une guerre autrement sérieuse, et me recommande à vos prières ainsi que mes fils, qui vont aussi au feu.

 

Veuillez agréer, Mme la Supérieure, etc.

 

Ct d'Anselme.

 

Du même, promu depuis général.

Paris, le 5 septembre 1919.

 

Madame la Supérieure,

 

Je vous avais écrit au début de la guerre, pour vous demander vos prières auprès de la petite Sœur Thérèse. Selon ma promesse, je tiens à la remercier aujourd'hui de sa protection, car mes enfants et moi, sommes rentrés indemnes de la Campagne. Personnellement, j'avais prié la Servante de Dieu de me préserver de toute défaillance physique et morale. Elle m'a visiblement exaucé, au delà même de ce que je pouvais espérer.

J'ai été, hier matin, la remercier dans la chapelle du Carmel de Lisieux. Je veux encore perpétuer ma gratitude en lui offrant deux plaques de marbre avec ces inscriptions :

 

Reconnaissance pour 1914 — 1919

 

Général d'Anselme.

 

Reconnaissance pour 1919 (Russie)

 

Général d'Anselme.

 

Veuillez agréer, Mme la Supérieure, etc.

Gal d'Anselme.

 

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Une rose d'or.

 

M. (France), 8 septembre 1919.

 

Ma Révérende Mère,

 

Au début de la guerre, j'avais promis à la petite Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, de lui envoyer une rose d'or, si mon mari, gardé par elle, me revenait sain et sauf.

J'ai été exaucée, mon cher officier, parti comme capitaine, en 1914, fut nommé commandant au 122e R1 territorial à Verdun, en 1916, et reçut, à ce moment effroyable, la croix de guerre et celle de la Légion d'honneur. J'ajoute qu'il porta pieusement sur lui, durant toute la campagne, le drapeau du Sacré-Cœur et la médaille de Sœur Thérèse.

J'accomplis aujourd'hui ma promesse, et je vous fais expédier, ma Révérende Mère, par un orfèvre d'Autun qui l'a exécutée d'après nos indications, la rose d'or promise à la chère petite sainte, en échange de celle qu'elle a fait tomber du Ciel sur notre foyer.

Veuillez agréer, etc.

 

M. D.

 

« Instantanément mon sang cessa de couler. »

 

Lisieux (Calvados), le 15 septembre 1919.

 

Dans la première année de la guerre, je fus blessé deux fois, et soigné, en dernier lieu, à l'hôpital auxiliaire n° 30, de Tessé-la-Ma-deleine (Orne).

C'est là que je connus Mme la Comtesse d'Andigné, et après mon retour au front, elle m'envoya, vers la mi-septembre 1915, une relique de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, me recommandant beaucoup de prier cette sainte, qui accomplissait des prodiges pour aider les soldats en détresse. J'allais bientôt moi-même en faire l'expérience.

Quinze jours plus tard, en effet, le 26 septembre, en partant pour l'attaque des tranchées ennemies, devant Angres (Pas-de-Calais), je reçus un éclat d'obus, qui me coupa l'artère humérale droite, presque à la hauteur de l'épaule. Aussitôt le sang jaillit avec une force effrayante, c'était comme une fontaine au jet plus gros que le pouce; mes yeux se voilèrent, je sentis bourdonner mes oreilles et compris que j'allais mourir. Alors, tout seul sur le champ de bataille, je m'écriai à haute voix : « Sœur Thérèse, sauvez-moi ! » Instantanément, le flot de sang cessa de couler. Je restai saisi et ému, me sentant mieux, quoique trop faible encore pour me relever. Quelque temps après on vint à moi, mais sans pouvoir me faire autre chose qu'un pansement sommaire par-dessus ma capote, et je demeurai sans plus de soins jusqu'à 2 heures du matin, soit quatorze heures

 

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depuis ma blessure. Néanmoins l'hémorragie ne se renouvela pas; ramassé enfin, et emmené en auto jusqu'à l'ambulance divisionnaire de Nœux-les-Mines (Pas-de-Calais), on m'y opéra pour extraire l'éclat d'obus, et ligaturer l'artère. Le major manifesta une surprise extrême, et après un solide pansement, m'obligea à attendre quarante-huit heures avant d'être évacué, tant il craignait que le cahot de la voiture n'occasionnât un nouvel accident.

Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus m'a donc sauvé la vie, je lui en garderai une reconnaissance éternelle. Je fais d'ailleurs ce pèlerinage à son tombeau, pour la remercier d'un tel miracle en ma faveur.

 

Joseph Martin,

Sergent au 149e d'infanterie,  6e Cie.

 

Ce sergent était accompagné, lors de son pèlerinage, par deux ecclésiastiques, dont l'un, revenu sain et sauf de la guerre, faisait ce voyage en actions de grâces; l'autre, M. l'abbé Choimet, professeur, comme son confrère, au séminaire de Nantes, avait soigné, en qualité d'infirmier militaire, le sergent Martin, à la suite de la blessure dont il est question dans ce récit. Il appuya pleinement la relation ci-dessus.

 

Suprême consolation aux parents d'un soldat mort pour la Patrie.

 

Entraigues-sur-la-Sorgue (Vaucluse), 26 septembre 1919.

 

Ancien secrétaire de la Sainte-Enfance, j'avais toujours eu à cœur d'insérer dans le Bulletin de l'Œuvre des articles ou des récits propres à faire connaître et aimer Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, pour laquelle, ma femme et moi, nous professons une particulière dévotion. La Servante de Dieu nous en a su gré, et nous a obtenu une immense consolation dans une bien dure épreuve.

Notre fils André, caporal au 146° de ligne, en garnison à Toul, était sur la frontière dès les premiers jours de la guerre. Le 12 août, afin que sa lettre arrivât avant le 15, il écrivit à sa mère, pour lui souhaiter sa fête. « Priez, disait-il, Sœur Thérèse pour moi... il n'y a pas de prêtres ici en ce moment...; écrivez-moi, et si je suis encore de ce monde, je vous répondrai. »

Depuis cette époque, et pendant près d'un an et demi, nous restâmes privés de nouvelles. Vers le milieu du mois de janvier 1916, on nous prévint officiellement qu'il était disparu, et enfin, un avis, daté du 28 février suivant, nous apprit qu'il avait été relevé mort, dans les lignes allemandes, le 20 août 1914, à la bataille de Chicourt (Lorraine), et qu'il était inhumé dans le cimetière des guerriers, à 140 mètres à l'est de ce village. Comment était-il mort? Nous l'ignorions.

 

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Or, dans le courant de 1915, sa mère eut un songe. Elle vit distinctement, debout, près de son lit, Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, avec son angélique sourire, et à côté d'elle, à une distance d'un mètre à peine, André, revêtu d'un uniforme entièrement neuf, le visage souriant et la tête entourée d'un bandeau blanc. Ma femme eut l'impression — ce sont ses propres paroles — que la Servante de Dieu venait consoler sa douleur et qu'elle semblait lui dire : « Regarde, il est là près de moi. Tu me l'as confié et je ne l'ai pas abandonné. » Et, avec toute l'ardeur de sa foi de Bretonne, la pauvre maman ne cessa de prier Sœur Thérèse, pour qu'elle lui fît connaître — si notre enfant était réellement mort — dans quels sentiments il avait consommé son sacrifice.

Or, le soir de la bataille de Chicourt, un habitant de ce pays, M. Fisch, avait tenu à honneur de veiller à l'ensevelissement de nos héros. Il trouva sur André les dernières lettres que sa mère et moi lui avions écrites, et un pli cacheté, avec ces mots tracés au crayon : « Pour remettre à mes parents après ma mort, s. v. p. »

M. et Mme Fisch — qu'ils nous permettent de leur témoigner ici notre inaltérable reconnaissance — conservèrent pieusement ces précieuses reliques, et, dès que l'armistice eut été signé, ils s'empressèrent de nous les envoyer à l'adresse qu'ils avaient trouvée sur nos lettres à André.

On devine avec quelle émotion nous ouvrîmes ce testament de notre fils. Il contenait ces simples lignes, écrites avant cette funeste bataille, alors que ces malheureux enfants se savaient irrévocablement perdus.

« Je viens de mourir pour la Patrie, en bon chrétien et en bon Français. Votre fils qui vous embrasse pour la dernière fois. »

 

A. Dupré.

 

Il demandait aussi que cette nouvelle fût annoncée au vénérable prêtre qui, pendant les quatre années qui précédèrent son service militaire, avait été son directeur. Il n'avait rien oublié, ni sa patrie, ni sa famille, ni son Dieu. Que pouvions-nous désirer de mieux, dans notre douleur, que ce témoignage nous arrivant pour ainsi dire de l'éternité? Thérèse récompensait la confiance que notre fils avait mise en elle, et que sa mère ne cessait de lui recommander.

Dans son rêve de 1915, alors que nous ne savions même pas ce qu'était devenu cet enfant, sa mère l'avait vu, je tiens à le redire, la tête enveloppée d'un bandeau blanc. Or, le 15 août dernier, une de nos filles a pu aller à Chicourt s'agenouiller sur la tombe de son frère.

M. Fisch l'a conduite à l'endroit qù André était tombé : « C'est là, a-t-il dit, que nous l'avons trouvé. Il avait les yeux ouverts, il regardait le Ciel, il souriait et il était blessé à la tête. » Depuis plus de quatre ans, Sœur Thérèse l'avait annoncé à sa mère.

M. Fisch a remis à notre fille une relique de Sœur Thérèse qu'André

 

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portait sur lui, au moment de sa mort. Nous venons de recevoir cette relique doublement précieuse; elle est propre et intacte. Au mois d'avril 1914, André vint en permission à Paris; la relique qu'il possédait était défraîchie et sa mère, en l'embrassant, hélas! pour la dernière fois, lui donna celle que nous possédons et qu'il portait sur son cœur en mourant pour la France.

Que tous ceux qui liront ces lignes s'unissent à nous pour remercier Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus de nous avoir ménagé, dans notre malheur, une si grande consolation, et demandent à Dieu de hâter le moment où l'auréole des Bienheureuses rayonnera au front si pur de l'angélique Carmélite de Lisieux.

 

Jules Dupré.

 

« Je reste plein de confiance sous son manteau. »

 

Aux Armées, 27 septembre 1919.

 

Madame la Prieure,

 

Depuis bien longtemps, je voulais vous faire savoir combien Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus est une Protectrice inlassable. Mais... pourquoi vous écrire un jour plutôt qu'un autre, puisque, visiblement et sans contestation possible, son intervention m'a paru être de toutes les minutes, depuis que j'ai remis mon sort entre ses mains!

Au début de novembre 1915, j'ai été exposé, pendant de durs combats, à des dangers sans nombre, j'ai senti, d'une façon indéniable, la miraculeuse protection qui m'enveloppait, car cent fois j'aurais dû être tué.

Plus tard, les 19 et 20 mars 1917, à la tête du groupe léger des escadrons à pied, ce même prodige s'est renouvelé, dans des conditions aussi merveilleuses, à en juger par les morts qui m'entouraient de tous côtés.

Pour résumer enfin mes motifs d'impérissable gratitude, j'affirme que je n'ai jamais éprouvé une seconde d'hésitation dans mes résolutions ni dans mes efforts, et pourtant, Dieu sait quelle variété de situations critiques se sont présentées à moi. il m'a fallu résoudre des problèmes dont je n'aurais jamais cru sortir, si j'avais pu les prévoir.

Je ne possède vraiment qu'un seul bijou précieux, c'est le reliquaire de la petite sainte, qui ne me quitte jamais; et je reste plein de confiance sous son manteau, où elle abrite les malheureux que nous serions sans elle!

J'ai fait vœu d'aller à Lisieux, dès mon retour en France, et j'espère alors, Madame la Prieure, pouvoir vous exprimer de vive voix les sentiments de dévotion qui remplissent mon cœur à l'égard de ma Protectrice fidèle.

Veuillez agréer, etc.

 

Colonel B. V.

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Actions de grâces d'un lieutenant-colonel.

 

Versailles (Seine-et-Oise), le 1er octobre 1919. Ma Révérende Mère,

 

J'ai la grande fierté de me croire l'un des protégés de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, car sa bienveillante sollicitude m'a suivi pas à pas, depuis mon entrée en campagne, à la tête du 22e régiment d'artillerie, le 6 août 1914, pendant la glorieuse avance en Belgique, puis à la tragique journée de Charleroi, à la terrible retraite vers le sud, à la victoire de la Marne, et durant toute la longue lutte des quatre années de guerre. J'ai frôlé la mort maintes fois, mais je portais sur moi l'image de Sœur Thérèse, à laquelle est attaché un fragment de bure ayant touché la Servante de Dieu; c'est à ces deux sauvegardes que je dois la vie.

Voici un trait concernant mon fils, téléphoniste au 103e régiment d'artillerie, depuis trois semaines à peine arrivé au front, comme appelé de la classe 1917. Son groupe était dans la forêt de Goucy, en plein combat avec l'ennemi. Le 3 mai, ainsi que me l'écrivit son commandant, Louis se porta plusieurs fois en avant, en dehors et loin de son abri, pour réparer les lignes téléphoniques rompues par le bombardement, et cela malgré la chute répétée des obus et les observations de son capitaine qui lui enjoignait de ne pas s'exposer ainsi. Notre enfant nous faisait part en ces termes de la façon « miraculeuse » dont il avait échappé à la mort.

« Il est 10 heures du matin, je rentre à l'instant avec C. de réparer toutes nos lignes qui se trouvaient coupées. C'est un miracle si nous en revenons sains et saufs; mais Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus était là, surtout au moment où trois obus sont venus s'abattre auprès de nous, et aucun n'a éclaté. Notre même réflexion fut celle-ci : « Dieu est pour nous ! » Sinon, en effet, il ne resterait rien de nous. Que maman offre, dès qu'elle le pourra, un cierge à la petite sainte. Vive Sœur Thérèse ! »

Et un brave canonnier, mon ancienne ordonnance, très indifférent en matièro religieuse, me racontait, le 12 mai 1917, un accident qui avait failli lui coûter la vie. Il ajoutait : « Je ne dois mon salut qu'à un petit livre de la Vie de Sœur Thérèse que m'avait donné ma belle-sœur. »

Enfin, ma Révérende Mère, j'aime à terminer ces modestes lignes sur le mot original, mais expressif, d'un soldat soigné par ma femme à l'hôpital. Il est sans foi ni loi, et je le suppose même non baptisé, mais l'infinie douceur de la future bienheureuse a touché son cœur. Voici donc le passage d'une de ses lettres :

« J'ai reçu aujourd'hui une petite médaille de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, qui m'a fait bien plaisir; je l'ai épinglée sur ma poitrine, et je vous prie de croire que celui qui voudrait la prendre de mon vivant, il faudrait qu'il y mette le prix! Je vous assure que cet

 

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objet-là, pour nous autres pauvres poilus, est mieux respecté que la croix de guerre. »

Que c'est beau, l'attrait irrésistible de cette âme virginale sur les natures les plus rustres !

Veuillez agréer, ma Rde Mère, etc.

 

Lieutenant-Colonel Poncet.

 

« En faveur d'une noble famille polonaise pendant la Révolution bolcheviste ».

 

(Communiqué par le Carmel de Cracovie.)

 

Cracovie (Pologne), le 17 octobre 1919.

 

Pendant l'abominable règne du Bolchevisme en Podolie, je m'adressais à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, en toutes circonstances, lui demandant de nous prendre sous sa protection que je savais bien puissante.

Je lui dois, à trois reprises, la libération miraculeuse de mon fils, Henri, emmené par les révolutionnaires pour être fusillé. En outre, au moment où la bande sauvage pillait sans merci notre château, un de nos serviteurs qui nous était jusque-là resté dévoué, vint tout tremblant me prévenir que les soldats avaient pénétré dans un réduit proche des écuries et dans lequel nous avions enterré des armes, ce qu'ils présumaient. « Ils y bêchent depuis une demi-heure, me dit le pauvre garçon, tout blême de frayeur, et s'ils découvrent les armes, nous sommes perdus. Que Dieu vous garde ! pour moi je fuis. »

Le cœur serré par une mortelle angoisse à cette annonce, je tombai à genoux et suppliai la petite Sœur Thérèse d'aveugler les brigands et de nous sauver. Pour la centième fois peut-être, nous répétions nos invocations pressantes, promettant de faire savoir le fait à Lisieux et à Rome, quand notre vieux caissier accourt et me crie dans une émotion indicible, que les Bolchevicks, après avoir retourné et fouillé la terre en tous sens, n'ont rien vu, et sont partis furieux !

Je me hâte aujourd'hui, étant à même d'acquitter ma promesse, de publier ce miracle, l'âme pénétrée de reconnaissance pour la petite sainte française.

 

Ctesse Sophie Grocholska.

 

TÉMOIGNAGE DE LA RDE MÈRE PRIEURE DU CARMEL DE CRACOVIE.

 

La pieuse et noble famille Grocholska ne dut sa préservation qu'à une série de merveilleuses protections qu'elle attribue à l'intervention de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, très particulièrement invoquée par elle durant cette période affreusement troublée. Le fils, Henri

 

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Grocholski, dut passer un mois entier caché dans une forêt, où une bonne vieille femme lui portait un peu de pain et de lait pour sa nourriture. Réfugié la nuit sur un sapin, il vit souvent passer les révolutionnaires et fut témoin des tortures qu'ils faisaient endurer à leurs victimes avant de les fusiller. Pendant ce temps, sa mère, se confiant, en Sœur Thérèse, vivait dans une pauvre cabane, marchant nu-pieds, et vêtue en villageoise, pour échapper aux recherches de ces bandits. Que notre sainte petite Sœur soit bénie d'avoir sauvé cette si chrétienne famille !

 

Sr Thérèse de Jésus,

Prieure.

 

Touchante annonce.

 

Paris, le 19 octobre 1919.

 

Madame la Supérieure,

 

Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus que j'invoque fréquemment, a non seulement ramené de la guerre mes deux fils, qui coururent cependant au front bien des dangers, mais elle a daigné visiter d'une façon sensible notre foyer.

Il faut dire d'abord que nous étions sans nouvelles et très inquiets de notre fils aîné, lieutenant, porté comme disparu depuis quarante-trois jours. Nous vivions, à son sujet, les plus mortelles angoisses que je confiais à Sœur Thérèse, quand, le dimanche 7 juillet 1918, vers 9 heures du matin, mon mari, docteur-médecin, constata, à l'entrée du couloir qui conduit à son cabinet de consultations, une odeur des plus agréables tenant de la rose et de la violette. Un peu sceptique, il n'y attacha pas d'importance, lorsque, arrivant quelques minutes après, je remarquai le même phénomène. Une heure plus tard, dans la salle à manger, je fus frappée d'un parfum très caractéristique de violettes. J'appelai mon mari qui ne put contester le fait, et, comme moi, en chercha vainement une explication naturelle. Il en demeura fort troublé, tandis que j'avais la conviction intime de la présence de Sœur Thérèse qui nous annonçait des nouvelles heureuses de notre pauvre enfant. Je dis au docteur : « Croiras-tu aux parfums de Sœur Thérèse, symboles de sa protection sur nous, si demain matin nous recevons de bonnes nouvelles de notre fils ? — Oui ! » me répondit-il, sans hésiter. Eh bien, Madame la Supérieure, le lendemain lundi, au premier courrier, nous recevions une lettre du cher enfant, nous annonçant qu'il était prisonnier, et sain et sauf. Mon mari resta très impressionné de cette coïncidence et ne douta plus que nous avions été l'objet d'une faveur spéciale du Ciel.

Encore un épisode de la vie militaire de notre aîné. Le 13 mars 1915, au fortin de Beauséjour, en Champagne, il échappa à la mort, alors que ses 60 hommes furent tués à côté de lui. Sa vaillance lui valut, ce jour-là, une citation à l'Ordre de l'armée et la Croix de

 

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la Légion d'honneur, à l'âge de dix-huit ans et demi. Voici le texte de sa brillante citation :

S'est porté à la tête de ses hommes avec entrain, le 13 mars 1915, à l'attaque des tranchées ennemies. Arrêté par un feu violent, est resté avec 3 hommes, à 20 mètres de l'ennemi, dans un trou d'obus, exécutant personnellement un tir précis sur les Allemands qui l'invitaient à se rendre. A rejoint sa compagnie à la nuit, seul survivant du groupe qu'il commandait.

Notre fds portait, cousues dans son vêtement, une image et une relique de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus; il ne cessa d'invoquer la sainte pendant les longues heures passées dans ce trou d'obus, de 11 heures du matin à 6 heures du soir, et il est persuadé de devoir la vie à sa protection.

Merci à Sœur Thérèse qui sut si bien garder ceux que nous lui avions confiés.

 

A. Freysselinard.
Dr L. Freysselinard.

 

M. le Dr Freysselinard et sa femme étaient venus en pèlerinage dans les premiers jours d'octobre 1919, et avaient raconté de vive voix, à la Mère Prieure du Carmel, la touchante intervention dont Sœur Thérèse les avait favorisés.

 

« Ces choses-là ne s'oublient pas... »

 

Bassanello (Italie), le 20 octobre 1919.

 

Vénérée Mère,

 

J'accomplis un devoir sacré pour mon âme reconnaissante. Depuis longtemps, la dévotion à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus était en grand honneur dans ma famille; mais quand vint la guerre, notre confiance et nos supplications à tous redoublèrent. Ma femme et mes enfants ne cessaient plus de prier pour moi la sainte, et je me sentis protégé dans mille occasions diverses, surtout au mont Freikoptel, au Mezli, et particulièrement au Mont Noir. Là, je crus rester sur le champ de bataille, mais au moment le plus périlleux, j'entendis la voix de la « Petite Thérèse » me dire qu'elle veillait sur moi, que je n'avais rien à craindre. Ces choses-là ne s'oublient pas.

Aujourd'hui que je suis rendu aux miens, je veux témoigner hautement ma gratitude à la Sainte des miracles. Vous pouvez donc publier ces humbles lignes avec ma signature.

 

Camillo Cessi.

 

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Témoignage d'un chef de bataillon.

 

Varsovie (Pologne), le 30 octobre 1919. Madame la Supérieure,

 

Je tiens à apporter mon témoignage de reconnaissance à la petite Sœur Thérèse, par l'intercession de laquelle j'ai été protégé pendant la guerre. C'est au début de 1915 que j'ai lu son histoire, et depuis ce moment, j'ai contracté l'habitude, chaque fois que je me suis trouvé dans une situation critique ou périlleuse, de solliciter sa protection. Toujours elle entendit mon confiant appel, et je suis arrivé à la fin de la campagne, à laquelle j'ai pris une part active, sans même avoir été blessé. En une circonstance, notamment, j'éprouvai la protection de la sainte. Je passai une semaine entière dans une maison sur laquelle l'artillerie allemande tirait jour et nuit, il tomba plusieurs milliers d'obus tout autour sans l'atteindre; c'est que j'avais, en y entrant, demandé à Sœur Thérèse de veiller sur cette maison.

Enfin, j'avais commis aussi à sa garde ma famille, qui résidait à Paris, au moment des bombardements par avions et par canons, et, bien que dans un quartier des plus éprouvés, elle n'eut rien à souffrir.

Puisse ce témoignage que je rends de grand cœur, servir à la glorification de la petite Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus !

 

J. Martin-Prével,
Chef de bataillon breveté,
Mission militaire française en Pologne.

 

Témoignage d'un officier de marine.

 

X... (France), 11 novembre 1919.

 

Ma Révérende Mère,

 

Ce m'est une joie et un devoir de parler de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus. Sa doctrine me ravit, sa voie me semble ouvrir une nouvelle ère dans l'Église. Dès la première fois que je lus cette sublime histoire, je compris que j'avais trouvé un port tout à fait sûr où m'abriter contre les tempêtes de la vio et les écueils suscités par l'enfer. Durant ces trois dernières années de campagne maritime, quand l'ennui, la tristesse ou l'abattement me menaçaient, je prenais ce livre précieux, et les lignes tirées au hasard m'offraient toujours le remède nécessaire, j'y retrouvais plus de paix et de force.

J'ai eu l'occasion, par moi-même ou par nos aumôniers, de distribuer un assez bon nombre d'exemplaires de l'Histoire d'une Ame, et chaque fois, les marins qui en bénéficièrent, se montrèrent ravis de leur trésor. Dans beaucoup de circonstances de ma vie de bord, j'ai

 

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invoqué le secours de ma sainte préférée : « Sœur Thérèse, calmez les flots, apaisez la tempête », répétais-je avec foi; et, d'une façon tangible, j'ai constaté que le vent « mollissait », ou la houle s'apaisait, et notre bâtiment pouvait atteindre son but. Sur mon journal, en mer, j'ai noté, au fur et à mesure, ces traits de sa protection évidente.

L'un de mes matelots, plein de bravoure, et d'un dévouement admirable, s'adonnait malheureusement à la boisson. Tous les moyens, de la persuasion à la sévérité, restaient sans succès, et la déchéance morale et physique guettait ce malheureux.

Sans en rien dire à personne, je fis une neuvaine à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, et j'obtins ce résultat inouï... Pendant quatre mois qu'il demeura encore sous mes ordres, cet homme ne me donna pas le moindre sujet de plainte, et deux mois après l'avoir quitté, j'appris, par son commandant, que sa conduite parfaite était un sujet d'étonnement pour tous.

Un de mes camarades attribue la grâce de sa vocation au Carmel à l'influence bénie de Sœur Thérèse. Un officier de mes amis, occupant un poste très lourd de responsabilités, me disait après que je lui eus offert la Vie de la sainte Carmélite: «Sœur Thérèse est ma compagne dans les peines et les joies de chaque jour. Je partage tout avec elle, et son appui m'aide à supporter les terribles fatigues qui me sont imposées. »

En un mot, ma Révérende Mère, cette étoile lumineuse est pour beaucoup de marins un phare attirant et sûr, les orientant dans la voie du bien.

Veuillez agréer, etc. X...,

 

Lieutenant de vaisseau.

 

Cet officier de marine vint en pèlerinage à Lisieux le 14 septembre 1919, et exprima au parloir du Carmel, en termes émus, sa dévotion pour Sœur Thérèse, et les grâces dont il lui est redevable.

 

« Que la petite Thérèse le nourrisse ! »

 

Ribeauville (Haut-Rhin), le 18 novembre 1919. Ma Révérende Mère,

 

Je viens m'acquitter d'une promesse envers Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, que je considère comme notre puissante Protectrice. Elle m'a obtenu une faveur bien touchante pour mon plus jeune fils, incorporé dans l'armée allemande au début de la guerre. Se trouvant cantonné en octobre 1914, dans les environs de Laon, il commit l'imprudence d'écrire à des parents, résidant en France non envahie, deux lettres où il manifestait ses sentiments français, et son projet de traverser les lignes, grâce à l'appui du Monsieur chez qui il logeait.

Sa correspondance fut ouverte, et une perquisition s'ensuivit dans

 

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cette maison où mon fils se trouvait. On le découvrit, et il passa au Conseil de guerre, pour être condamné à trois ans de travaux forcés. Il subit sa peine dans le Wurtemberg, où nous avions la permission d'aller le visiter à certaines époques. Trois mois avant sa libération nous allâmes le voir, il dépérissait à vue d'œil et nous dit même que lui et beaucoup de ses compagnons d'infortune souffraient, à force de privations, d'une enflure des membres inférieurs jusqu'au-dessus de la région stomacale. De retour chez moi, je consultai notre médecin de Strasbourg; il m'assura que ce mal provenait d'une alimentation plus qu'insuffisants et répugnante. C'est alors qu'une amie à qui je confiai ma peine me répondit : Que la petite Thérèse le nourrisse !

A partir de ce jour, ma bonne Mère, je priai sans cesse et avec une très grande confiance la chère sainte de nourrir, en effet, mon enfant. Eh bien ! lorsque trois mois plus tard, à l'expiration de sa peine, j'allai le chercher à sa sortie de prison, quel ne fut pas mon étonnement de le trouver tout autre et de l'entendre me dire que, depuis ma dernière visite, non seulement il n'avait plus souffert de la faim, mais ne pouvait s'expliquer comment la nourriture du camp était si bonne; que jamais il n'avait rien trouvé d'aussi exquis et appétissant à la maison, même aux plus grandes réceptions de famille. Et moi de m'écrier toute joyeuse : C'est la « petite Thérèse » qui a fait cela l

Depuis , j'ai invoqué cette si compatissante petite sainte en mille occasions diverses, et toujours je me suis sentie assistée par elle; aussi je lui voue une reconnaissance que je ne puis exprimer.

 

M. Metz Grad.

 

« Je me laissai vaincre, guérir... »

 

Hôpital de X. (France), le 20 novembre 1919.

 

Ma Révérende Mère,

 

Il y a deux mois et quelques jours, le nom de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus m'était encore absolument étranger.

Je ne crois pas qu'il soit un état d'âme plus désespérant que celui où je languissais depuis bien des années, quand, fortuitement, l'Histoire d'une âme me tomba sous la main. Piqué de curiosité, en quête d une distraction, j'en commençai la lecture.

Vous dire, ma Rde Mère, ce que j'ai éprouvé dès les premières pages, me serait impossible. Je me sens incapable de décrire cette force inconnue, mystérieuse, enveloppante, qui m'a pressé sans relâche pendant plusieurs jours, me faisant remonter ce l'abîme pour m'attirer vers des régions que je n'avais pas soupçonnées jusque-là. Je me laissai vaincre, guérir, porter vers la pure lumière où Sœur Thérèse m'a découvert cette fortune cachée qui s'appelle le bonheur, le vrai bonheur.

Avec la plus ferme confiance, je lui demandai alors d'être « ma

 

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petite Sœur du Ciel », la suppliant de ne plus me retirer sa chère et sûre petite main.

Je suis ici en convalescence à la suite d'un accident de chemin de fer qui m'a valu l'amputation d'une jambe, le 31 janvier dernier, accident survenu à mon retour d'une permission passée auprès de ma sœur mourante.

Je pensais quitter prochainement l'hôpital, mais une légère complication va retarder encore ma libération définitive.

Je me recommande instamment à vos prières, ma Rde Mère, et je vous prie d'agréer, etc.

 

R. I.

 

« Va au couvent... »

 

Communiqué par le Carmel de Nice (Alpes-Maritimes), 21 novembre 1919.

Vous lirez avec intérêt le récit d'une grâce touchante accordée au neveu de la doyenne de nos Sœurs converses, une bonne Alsacienne de 81 ans, dont plusieurs membres de la famille optèrent pour la France après 70. Les autres, quoique bien français de cœur, durent rester en pays annexé, comme cultivateurs.

Le jeune homme dont il s'agit, âgé de 19 ans, se trouvait mobilisé à Francfort pendant l'a guerre, et y respirait, hélas ! l'air malsain d'impiété de son entourage. Dans une lettre à sa bonne tante, il avouait même être pris d'indifférence pour notre sainte religion, et notre chère Sœur, préoccupée de son salut, priait sans relâche l'Ange de Lisieux.

Au mois de novembre 1918, le soldat vint en permission chez ses parents, à Hochfelden. Un beau jour, il eut entre les mains, sans savoir par qui ni comment, une image de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus. Cette angélique physionomie le frappa beaucoup, et il la contemplait sans pouvoir en détacher ses regards, quand il entendit une voix intérieure très forte qui lui disait: «Ne retourne pas à Francfort ni dans le tumulte du monde, car tu te perdrais. » Une seconde fois, les mêmes paroles lui furent dites; la voix, se faisant plus persuasive, ajouta : « Mais, va au Couvent. »

Dès ce jour, sous le coup de cette grâce puissante et se sentant tout autre, le brave enfant se mit en devoir d'obéir à cet ordre d'en haut. Il se confessa, reçut la sainte Communion, et, triomphant avec courage de toutes les oppositions, il entra, au début de cette année, au noviciat des Pères du St-Esprit, à Paris; il s'y montre très fervent, et nourrit une dévotion pleine de reconnaissance pour sa sainte Protectrice.

Sont jointes au dossier une relation personnelle du novice et une lettre de son Rd Père Maître au Noviciat.

 

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« Sœur Thérèse a bien travaillé. »

 

Hôpital mixte de Vesoul (Haute-Saone), le 28 novembre 1919.

 

Ma Révérende Mère,

 

Je vous apporte avec joie ma modeste pierre à l'édifice de gloire qui s'élève en l'honneur de votre chère Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus. Voici les faits, qui remontent à dix-huit mois au moins.

Un jeune soldat nommé Lechêne avait été mortellement blessé par un coup de pied de cheval. Cependant, par acquit de conscience, les docteurs tentèrent une laparatomie, mais ils découvrirent alors la rate complètement broyée, et une hémorragie si forte se produisit, qu'ils renoncèrent à poursuivre l'opération. Le chirurgien fit quelques points de suture et attendit, pensant que le malade ne pourrait même pas être transporté sur un lit, et expirerait là dans quelques instants.

J'avais donné à Lechêne une image-relique de Sœur Thérèse, et sur les instances du brave garçon, je la lui avais attachée à sa chemise. La petite sainte ne trompa pas la confiance du moribond; il se réveilla sur son lit quelques heures après, et sa première parole fut pour me réclamer la relique, car en changeant sa chemise pleine de sang on avait négligé de lui remettre le précieux souvenir. Sur ces entrefaites, le docteur entra et s'étonna fort de trouver son opéré en vie. « O ma Sœur, s'exclama-t-il en dépit de ses opinions ouvertement athées, vous pouvez lui rendre cette image; la Sœur Thérèse a bien travaillé! Je ne crois pas aux miracles, mais, enfin, voilà une guérison miraculeuse ! »

Et le « miraculé » se rétablit parfaitement.

Outre ce cas remarquable, voici encore, ma Rde Mère, une intervention bien touchante.

Nous avons eu à l'hôpital, en novembre 1916, un soldat nommé Thureau, réduit à un état désespéré, par une fracture très grave de la base du crâne. Les majors le condamnèrent et l'un d'eux prévint sa femme avec tous les ménagements possibles. Pour moi en face de la douleur inconsolable de celle-ci, je lui suggérai de demander force et courage à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus. Elle m'écouta et fit une neuvaine à la sainte. Le neuvième jour, en terminant cette neuvaine dans notre chapelle, Sœur Thérèse lui apparut, la regarda et lui sourit. Aussitôt, Mme Thureau eut la conviction que son mari serait sauvé, et pleine de joie, elle accourut me le dire. Ce gage d'espérance ne tarda pas à se réaliser, par la guérison très prompte du malade.

Puisse le Ciel hâter la Béatification de l'aimable sainte, qui déverse sur la terre une si magnifique « pluie de roses » !

 

Veuillez agréer, etc.

 

Sr Audergon,

Religieuse hospitalière.

 

Une relation personnelle de Mme Thureau est jointe au dossier.

 

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« Tu reverras tes parents et ta douce France! »

 

Grand Séminaire de philosophie de F. (France), 11-9 novembre 1919.

 

Ma Révérende Mère,

 

J'ai toujours eu une tendre dévotion pour Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, que je connais depuis 1911, et elle m'a protégé souvent au cours de la guerre.

Faisant partie du 150e régiment d'infanterie, 6e compagnie, je fus mortellement blessé à la poitrine, le 15 juillet 1918, au Bois-le-Roi, à quelques kilomètres de Reims. Ramassé par les Allemands, ils m'évacuèrent d'ambulance en ambulance au fur et à mesure de leur retraite, et finalement j'arrivai, à l'état de squelette, au camp de Laudan, puis à l'hôpital de Germersheim.

Dans ma détresse morale et physique, je me recommandai d'une façon plus spéciale à ma chère petite Sœur Thérèse, et malgré les pronostics concluants et désespérés des docteurs, je me sentais rempli de joie et de confiance, car la voix de la sainte me disait : Tu reverras tes parents, et ta douce France !

Ce fut vrai, et j'appris, en rentrant, que ma famille de son côté n'avait cessé d'implorer pour moi cet ange de bonté qu'est Sœur Thérèse.

Rapatrié avec la grippe espagnole mon cas redevint bientôt extrêmement grave. « En voilà un qui nous arrive pour finir de mourir », répétait à l'envi tout le personnel de l'hôpital militaire français, sur lequel on me dirigea. Mais cette fois encore, ma Protectrice du Ciel déjoua toutes les prévisions, et me voici rentré au Séminaire pour y reprendre le cours de mes études.

Vive donc notre nouvelle sainte française, l'une de nos plus pures gloires nationales!

 

F. N.

 

Suit le témoignage de M. le Supérieur du Séminaire de philosophie de F., en faveur du protégé de Sœur Thérèse. Il profite, ajoute-t-il, de cette occasion, pour signaler au Carmel deux grâces de guérisons surprenantes, obtenues par la Servante de Dieu, l'hiver dernier, en faveur de deux autres élèves de son Séminaire.