Air : O saint autel qu'environnent les Anges.
Je suis encor sur la rive étrangère;
Mais, pressentant le bonheur éternel,
Oh ! je voudrais déjà quitter la terre
Et contempler les merveilles du ciel !
Lorsque je rêve à l'immortelle vie,
De mon exil je ne sens plus le poids ;
Bientôt, mon Dieu, vers ma seule patrie
Je volerai pour la première fois!
Ah ! donne-moi, Jésus, de blanches ailes,
Pour que, vers toi, je prenne mon essor.
Je veux voler aux rives éternelles,
Je veux te voir, ô mon divin Trésor !
Je veux voler dans les bras de Marie,
Me reposer sur ce trône de choix,
Et recevoir de ma Mère chérie,
Le doux baiser pour la première fois !
Mon Bien-Aimé, de ton premier sourire
Fais-moi bientôt entrevoir la douceur;
Ah ! laisse-moi, dans mon brûlant délire,
Oui, laisse-moi me cacher en ton Coeur.
Heureux instant !... O bonheur ineffable !
Quand j'entendrai le doux son de ta voix...
Quand je verrai, de ta Face adorable
L'éclat divin, pour la première fois !
Tu le sais bien, mon unique martyre
C'est ton amour, Coeur sacré de Jésus !
Vers ton beau ciel, si mon âme soupire,
C'est pour t'aimer... t'aimer de plus en plus !
Au ciel, toujours m'enivrant de tendresse,
Je t'aimerai sans mesure et sans lois.
Et mon bonheur me paraîtra sans cesse
Aussi nouveau que la première fois!
12 juin 1896.