La volière de l'Enfant Jésus.

Air: Au Rossignol. (Gounod.)

 

Pour les exilés de la terre,

Le bon Dieu créa les oiseaux ;

Ils vont, gazouillant leur prière,

Dans les vallons, sur les coteaux.

Les enfants joyeux et volages,

Ayant choisi leurs préférés,

Les emprisonnent dans des cages

Dont les barreaux sont tout dorés.

 

…………………..

 

O Jésus, notre petit Frère,

Pour nous, tu quittas le beau ciel

Mais, tu le sais bien, ta volière,

Divin Enfant, c'est le Carmel.

Notre cage n'est pas dorée,

Cependant nous la chérissons ;

Dans les bois, la plaine azurée,

Plus jamais nous ne volerons !

Jésus ! les bosquets de ce monde

Ne peuvent pas nous contenter ;

Dans la solitude profonde,

Pour toi seul nous voulons chanter.

Ta petite main nous attire ;

Enfant, que tes charmes sont beaux !

O divin Jésus ! ton sourire

Captive les petits oiseaux.

 

Ici l’âme simple et candide

Trouve l'objet de son amour ;

Ici la colombe timide

N'a plus à craindre le vautour.

Sur les ailes de la prière,

On voit monter le coeur ardent,

Comme l'alouette légère

Qui, bien haut, s'élève en chantant !

La volière de l'Enfant Jésus.

Ici l’on entend le ramage

Du roitelet, du gai pinson.

O petit Jésus ! dans leur cage,

Tes oiseaux gazouillent ton Nom.

 

Le petit oiseau toujours chante ;

Son pain ne l'inquiète pas...

Un grain de millet le contente,

Jamais il ne sème ici-bas.

Comme lui, dans notre volière,

Nous recevons tout de ta main ;

L'unique chose nécessaire,

C'est de t'aimer, Enfant divin !

Aussi nous chantons tes louanges

Avec les purs esprits du ciel ;

Et, nous le savons, tous les Anges

Aiment les oiseaux du Carmel.

 

Jésus, pour essuyer les larmes

Que te font verser les pécheurs,

Tes oiseaux redisent tes charmes,

Leurs doux chants te gagnent des cœurs.

Un jour, loin de la triste terre,

Lorsqu'ils entendront ton appel,

Tous les oiseaux de ta volière

Prendront leur essor vers le ciel.

Avec les charmantes phalanges

Des petits chérubins joyeux,

Eternellement, tes louanges

Nous les chanterons dans les cieux !

 

25 décembre 1896.

 

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