Le divin petit Mendiant de Noël.

Récréation pieuse.

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Un ange apparaît portant l'Enfant Jésus dans ses bras et chante ce qui suit :

Air : SANCTA MARIA. — J'ai vu les séraphins en songe. (Faure.)

 

Au nom de Celui que j'adore,

Mes soeurs, je viens tendre la main,

Et chanter pour l'Enfant divin,

Car il ne peut parler encore !

Pour Jésus, l'Exilé du ciel,

Je n'ai rencontré dans le monde

Qu'une indifférence profonde ;

C'est pourquoi je viens au Carmel.

 

Toujours, toujours, que vos caresses,

Votre louange et vos tendresses,

Soient pour l'Enfant !

Brûlez d'amour, âme ravie ;

Un Dieu pour vous s'est fait mortel.

O mystère touchant ! Celui qui vous mendie

C'est le Verbe éternel !

 

O mes soeurs, approchez sans crainte

Venez, chacune à votre tour,

Offrir à Jésus votre amour ;

Vous saurez sa volonté sainte.

Je vous apprendrai le désir

De l'Enfant couché dans les langes,

A vous, pures comme des anges

Et qui, de plus, pouvez souffrir !

 

Toujours, toujours, que vos souffrances, Et de même vos jouissances

Soient pour l'Enfant !

Brillez d'amour, âme ravie;

Un Dieu pour vous s'est fait mortel.

O mystère touchant ! Celui qui vous mendie C'est le Verbe éternel !

 

L’Ange ayant déposé l'Enfant Jésus dans la crèche, présente à la Mère Prieure, puis à toutes les carmélites, une corbeille remplie de billets; chacune en prend un au hasard, et, sans l'ouvrir, le donne à l'Ange qui chante l'aumône demandée par le divin Enfant.

 

Les strophes suivantes se chantent sur l'air du Noël (d'HOLMÈS).

 

Un trône d'or.

 

De Jésus, votre seul trésor,

Ecoutez le désir aimable

Il vous demande un trône d'or,

N'en trouvant aucun dans l'étable.

L'étable est comme le pécheur

Où Jésus ne voit nulle chose

Qui puisse réjouir son Coeur,

Où jamais il ne se repose...

Sauvez, ma soeur, L'âme du pécheur !

Vers ce trône, Jésus soupire.

Mais, plus encor,

Pour son trône d'or,

C'est votre coeur pur qu'il désire.

 

Du lait.

 

Celui qui nourrit les élus

De sa sainte et divine essence,

S'est fait pour vous l'Enfant Jésus ;

Il réclame votre assistance !

Au ciel son bonheur est parfait ;

Mais il est pauvre sur la terre...

Donnez, ma soeur, un peu de lait

A Jésus votre petit Frère !

Il vous sourit,

Tout bas vous redit :

C'est la simplicité que j'aime.

Noël ! Noël !

Je descends du ciel ;

Mon doux lait d'amour, c'est toi-même.

 

Des petits oiseaux.

 

Ma soeur, vous brûlez de savoir

Ce que l'Enfant Jésus désire;

Eh bien ! je vous dirai ce soir

Comment vous le ferez sourire

Attrapez des oiseaux charmants,

Faites-les voler dans l'étable.

Ils sont l'image des enfants

Que chérit le Verbe adorable.

A leurs doux chants,

Leurs gazouillements,

Son visage enfantin rayonne.

Priez pour eux;

Un jour dans les cieux,

Ils formeront votre couronne.

 

Une étoile.

 

Parfois, lorsque le ciel est noir

Et couvert d'un nuage sombre,

Jésus est bien triste le soir,

Etant sans lumière, dans l'ombre.

Pour réjouir l'Enfant Jésus,

Comme une étoile scintillante,

Brillez par toutes vos vertus...

Soyez une lumière ardente !

Ah ! que vos feux,

Les guidant aux cieux,

Des pécheurs déchirent le voile.

L'Enfant divin,

L'Astre du, matin,

Vous choisit pour sa douce étoile.

 

Une lyre.

Ecoutez, ma petite soeur,

Ce que l'Enfant Jésus désire

Le divin petit Mendiant de Noël.

Il vous demande votre cœur

Pour sa mélodieuse lyre !

Il avait bien, dans son beau ciel,

L'harmonie et l'encens des Anges ;

Mais il veut que, sur le Carmel,

Comme eux, vous chantiez ses louanges.

Aimable soeur,

C'est de votre coeur

Que Jésus veut la mélodie...

La nuit, le jour,

En des chants d'amour,

Se consumera votre vie.

 

Des roses.

 

Votre âme est un lis embaumé

Qui charme Jésus et sa Mère;

Ecoutez votre Bien-Aimé

Dire tout bas avec mystère

Ah ! si je chéris la blancheur

Des lis, symboles d'innocence,

J'aime aussi la riche couleur

Des roses de la pénitence.

Lorsque tes pleurs

Arrosent les cœurs,

Quel charmant plaisir tu me causes !

Car je pourrai,

Tant que je voudrai,

A pleines mains, cueillir des roses!

 

Une vallée.

 

Comme, par l'éclat du soleil,

La nature est tout embellie ;

Qu'il dore de son feu vermeil

Et la vallée, et la prairie

Ainsi Jésus, Soleil divin,

N'approche rien qu'il ne le dore.

Il resplendit à son matin,

Bien plus qu'une brillante aurore.

A son réveil,

Le divin Soleil

Répand sur votre âme exilée,

Avec ses dons,

Ses plus chauds rayons Soyez sa riante vallée !....

 

Des moissonneurs.

 

Là-bas, sous d'autres horizons,

Malgré les frimas et la neige,

Déjà se dorent les moissons

Que le divin Enfant protège.

Mais, hélas ! pour les recueillir

Il faudrait de brûlantes âmes

Des Moissonneurs voulant souffrir,

Se jouant du fer et des flammes ; Noël ! Noël !

Je viens au Carmel,

Sachant que mes voeux sont les vôtres.

Au doux Sauveur

Enfantez, ma soeur,

Un grand nombre d'âmes d'apôtres...

 

Une grappe de raisin (1).

 

Je voudrais un fruit savoureux,

Une grappe toute dorée,

Pour rafraîchir du Roi des cieux

La petite bouche altérée.

Ma soeur, qu'il est doux votre sort !

C'est vous cette grappe choisie ;

Jésus vous pressera bien fort

Dans sa main mignonne et chérie.

En cette nuit,

Il est trop petit

Pour manger le raisin lui-même ;

Le jus sucré,

Par lui tout doré,

Voilà simplement ce qu'il aime !

 

1 Ce billet fut tiré par la Bienheureuse THÉRÈSE DE L'ENFANT-JÉSUS, et, trois mois après, le divin Maître lui faisait entendre son premier appel.

 

Une petite hostie.

 

Jésus, le bel Enfant divin,

Pour vous communiquer sa vie,

Transforme en lui, chaque matin,

Une petite et blanche hostie;

Avec bien plus d'amour encor,

Il veut vous changer en lui-même.

Votre coeur est son cher trésor,

Son bonheur, son plaisir suprême. Noël ! Noël !

Je descends du ciel,

Pour dire à votre âme ravie

L'Agneau si doux

S'abaisse vers vous ;

Soyez sa blanche et pure hostie !

 

Les strophes suivantes se chantent sur l'air : Au Rossignol. (Gounod.)

Un sourire.

 

Le monde méconnaît les charmes

De Jésus votre aimable Epoux,

Et je vois de petites larmes

Scintiller en ses yeux si doux.

Consolez, ô ma soeur chérie,

Cet Enfant qui vous tend les bras.

Pour le charmer, je vous en prie,

Souriez toujours ici-bas !

Voyez... son regard semble dire

Lorsque tu souris à tes soeurs,

O mon épouse, ton sourire

Suffit pour essuyer mes pleurs !

 

Un jouet.

 

Voulez-vous être sur la terre

Le jouet de l'Enfant divin ?

Ma soeur, désirez-vous lui plaire ?

Restez en sa petite main.

Si l’aimable Enfant vous caresse,

S'il vous approche de son Coeur,

Ou si, parfois, il vous délaisse,

De tout, faites votre bonheur !

Recherchez toujours ses caprices,

Vous charmerez ses yeux divins.

Désormais, toutes vos délices

Seront ses désirs enfantins.

 

Un oreiller.

 

Dans la crèche où Jésus repose,

Souvent je le vois s'éveiller.

Voulez-vous en savoir la cause ?

Il n'y trouve pas d'oreiller...

Je le sais, votre âme n'aspire

Qu'à le consoler nuit et jour;

Eh bien ! l'oreiller qu'il désire,

C'est votre coeur brûlant d'amour.

Ah ! soyez toujours humble et douce,

Et le plus chéri des Trésors

Pourra vous dire : Mon épouse,

En toi doucement je m'endors!...

 

Une fleur.

 

La terre est couverte de neige,

Partout règnent les durs frimas.

L'hiver et son triste cortège

Ont flétri les fleurs d'ici-bas.

Mais pour vous s'est épanouie

La ravissante Fleur des champs

Qui vient de la sainte patrie,

Où règne un éternel printemps.

Ma soeur, cachez-vous dans l'herbette,

Près de la Rose de Noël;

Et soyez aussi la fleurette

De votre Epoux, le Roi du ciel.

 

Du pain.

 

Chaque jour, en votre prière,

Parlant à l'Auteur de tout bien,

Vous répétez : O notre Père !

Donnez-nous le pain quotidien.

Ce Dieu, qui s'est fait votre Frère,

Comme vous souffre de la faim.

Ecoutez son humble prière

Il vous demande un peu de pain !...

O ma soeur, soyez-en bien sûre,

Jésus ne veut que votre amour.

Il se nourrit de l'âme pure; Voilà son pain de chaque jour.

 

Un miroir.

 

Tout enfant aime qu'on le place

Devant un fidèle miroir,

Alors il sourit avec grâce

A l'autre petit qu'il croit voir.

Ah ! venez dans la pauvre étable

Votre âme est un cristal brillant ;

Reflétez le Verbe adorable,

Les charmes du Dieu fait enfant...

Oui, soyez la vivante image,

Le pur miroir de votre Epoux ;

L'éclat divin de son Visage,

Il veut le contempler en vous !

 

Un palais.

 

Les grands, les nobles de la terre

Ont tous des palais somptueux ;

Des masures sont, au contraire,

Les asiles des malheureux.

Ainsi, voyez dans une étable

Le petit Pauvre de Noël

Il voile sa gloire ineffable

En quittant son palais du ciel.

La pauvreté, votre coeur l'aime,

En elle vous trouvez la paix ;

Aussi, c'est votre coeur lui-même

Que Jésus veut pour son palais !

 

Une couronne de lis.

 

Les pécheurs couronnent d'épines La tête aimable de Jésus.

Admirez les grâces divines

Que la terre ne connaît plus...

Oh ! que votre âme virginale

Lui fasse oublier ses douleurs ;

Et, pour sa couronne royale,

Offrez-lui les vierges, vos soeurs.

Approchez tout près de son trône...

Pour charmer ses yeux ravissants,

Devant lui, tressez sa couronne

Formez-la de beaux lis brillants!

 

Les strophes suivantes se chantent sur l'air du Passant. (MASSENET.)

 

Des bonbons.

 

Ma soeur, les petits poupons

Aiment beaucoup les bonbons

Remplissez-en donc bien vite,

De Jésus la blanche main.

A ce don, l'Enfant divin

Par son regard vous invite.

 

Les pralines du Carmel

Qui charment le Roi du ciel,

Ce sont tous vos sacrifices.

Ma soeur, votre austérité,

Votre grande pauvreté,

De Jésus font les délices !

 

Une caresse.

 

A vous le petit Jésus

Ne demande rien de plus

Qu'une très douce caresse.

Donnez-lui tout votre amour

Et vous saurez en retour

La charité qui le presse.

 

Si quelqu'une de vos soeurs

Venait à verser des pleurs,

Aussitôt, avec tendresse,

Suppliez l'Enfant divin,

Que, de sa petite main,

Doucement il la caresse.

Le divin petit Mendiant de Noël.

 

Un berceau,

 

Sur terre il est peu de coeurs

Qui n'aspirent aux faveurs

De Jésus, le Roi de gloire

Mais, s'il vient à s'endormir,

Ils cessent de le servir,

En lui ne voulant plus croire.

 

Si vous saviez le plaisir

Que l'Enfant trouve à dormir

Sans craindre qu'on le réveille,

Vous serviriez de berceau

A Jésus, le doux Agneau,

Souriant lorsqu'il sommeille !

 

Des langes.

 

Voyez que l'aimable Enfant,

De son petit doigt charmant,

Vous montre la paille sèche.

Ah ! comprenez son amour,

Et garnissez en ce jour,

De langes, la pauvre crèche.

 

Excusant toujours vos soeurs,

Vous gagnerez les faveurs

De Jésus, le Roi des Anges;

C'est l'ardente charité,

L'aimable simplicité

Qu'il réclame pour ses langes.

 

Du feu.

 

Ma soeur, le petit Jésus,

Le doux foyer des élus,

Tremble de froid dans l'étable...

Cependant, au beau ciel bleu,

Des Anges, flammes de feu,

Servent le Verbe adorable !

 

Mais, sur la terre, c'est vous

Le foyer de votre Epoux...

II vous demande vos flammes.

C'est vous qui devez, ma soeur,

Pour réchauffer le Sauveur,

Embraser toutes les âmes !

 

Un gâteau.

 

Vous savez que tout enfant

Préfère un gâteau brillant

A la gloire d'un empire.

Offrez donc au Roi des cieux

Un gâteau délicieux,

Et vous le verrez sourire.

 

Savez-vous, du Roi des rois,

Quel est le gâteau de choix ?

C'est la prompte obéissance !

Votre Epoux vous ravissez,

Lorsque vous obéissez

Comme lui, dans son enfance.

 

Du miel.

 

Aux premiers feux du matin,

Formant son riche butin,

On voit la petite abeille

Voltiger de fleur en fleur,

Visitant avec bonheur

Les corolles qu'elle éveille.

 

Ainsi, butinez l'amour

Et revenez chaque jour,

Près de la crèche sacrée,

Offrir au divin Sauveur

Le miel de votre ferveur,

Petite abeille dorée !

 

Un agneau.

 

Pour charmer le doux Agneau,

Ne gardez plus de troupeau ;

Et, délaissant toute chose,

Ne songez qu'à le ravir;

Désirez le bien servir,

Tout le temps qu'il se repose.

 

O ma soeur, dès aujourd'hui,

Abandonnez-vous à lui,

Et vous dormirez ensemble...

Marie, allant au berceau,

Verra près de son Agneau

Un agneau qui lui ressemble !

 

L'Ange, ayant pris de nouveau l'Enfant Jésus dans ses bras, chante ce qui suit :

Air : « AINSI SOIT-IL. » Chaque matin dans sa prière... (Rupès.)

 

L'Enfant divin vous remercie ;

II est charmé de tous vos dons.

Aussi, dans son Livre de vie,

Il les écrit avec vos noms.

 

Jésus a trouvé ses délices

En ce Carmel ;

Et pour payer vos sacrifices,

Il a son beau ciel !

 

Si vous êtes toujours fidèles .

A contenter ce doux Trésor,

L'amour vous donnera des ailes

Pour voler d'un sublime essor!

 

Un jour, dans la sainte patrie, Après l'exil,

Vous verrez Jésus et Marie

Ainsi soit-il!

 

Noël I895.

 

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