Sainte Rose-Philippine DUCHESNE
Nom: DUCHESNE
Prénom: Rose - Philippine
Nom de religion: Philippine
Pays: France - USA
Naissance: 29.08.1769 à Grenoble
Mort: 18.11.1852 à St
Charles (Louisiane)
Etat: Religieuse
Note: Entre chez les Visitandines (1787),
lesquelles sont dispersées à la Révolution - Rentre dans sa famille - En 1804
elle entre dans la Société du Sacré-Cœur que venait de fonder Sainte
Madeleine-Sophie Barat. Elle part pour les missions en 1817 - St Louis
(Mississippi), fonde des écoles, visite les malades - Chez les Indiens
Potawatimi au Kansas, appelée "la femme qui prie toujours".
Béatification: 12.05.1940 à Rome
par Pie XII
Canonisation: 03.07.1988 à Rome
par Jean Paul II
Fête: 18 novembre
Réf. dans l’Osservatore Romano: 1988 n.28
Réf. dans la Documentation
Catholique: 1988 p.847
Notice brève
Née à Grenoble en 1769, Rose-Philippine Duchesne renonça aux avantages que lui offrait une famille aisée et entra chez les visitandines à 19 ans, malgré l'opposition de son père. Le couvent ayant été dispersé par la Révolution, elle rencontra sainte Madeleine Sophie Barat en 1804 et entra dans la toute nouvelle société du Sacré Cœur. A l'âge de cinquante ans, elle part pour la Louisanne, et durant les trente-quatre dernières années de sa vie, imprégnée de l'amour de Dieu puisé dans le culte de la sainte Eucharistie, elle se donne aux enfants pauvres et aux familles démunies. Malgré la barrière de la langue, elle fait même une fructueuse tentative d'apostolat auprès des Indiens Potawatimi du Kansas qui l'appelle "la femme qui prie toujours". Elle meurt à 83 ans.
Rose-Philippine Duchesne
naît en 1769 à Grenoble (Dauphiné, France) dans une famille de la haute
bourgeoisie. Son père est un riche et brillant avocat, son oncle, Casimir
Perier, est un ministre célèbre. Si le père est voltairien, la mère heureusement
est très pieuse. Philippine est mise à l’école à Sainte-Marie-d’en-Haut, le couvent
des Visitandines de la ville. Puis elle entre chez celles-ci comme postulante à
dix-neuf ans, malgré l’opposition de son père qui sent la Révolution venir. En
effet, quand elle éclate, le couvent est dispersé. Rose-Philippine s’emploie
alors à soulager les pauvres et scolariser les enfants ; elle mène une vie
chrétienne de catacombes. Quand la liberté religieuse est rendue par le
concordat (1801), Philippine rachète le couvent abandonné et quelques anciennes
sœurs reviennent, mais finalement le rétablissement de la communauté échoue.
Elle rencontre alors, en 1804, Marie-Sophie Barat, fondatrice des Sœurs du
Sacré-Cœur. Elle entre dans cet institut. Elle a depuis l’enfance une grande
dévotion au Saint-Sacrement. Après sa profession religieuse, dans la nuit du
Jeudi-Saint 1806, en prière devant le tabernacle, elle a une vision qu’elle
décrit ainsi à sa supérieure : « O bénite nuit ! Toute la nuit, j'ai
été dans le nouveau continent, mais j'ai voyagé en bonne compagnie. D'abord
j'avais précieusement recueilli au Jardin, au Prétoire, au Calvaire, tout le
sang de Jésus ; je m'étais emparée de lui au Saint-Sacrement. Je le serrais
étroitement et je portais partout mon trésor, sans crainte de l'épuiser. Saint
François-Xavier s'intéressait encore à faire fructifier cette précieuse
semence, et il se tenait au pied du trône de Dieu pour demander l'ouverture de
nouvelles terres à éclairer. Saint François-Régis était le pilote des
voyageurs, et bien d'autres saints encore, jaloux de la gloire de Dieu. Les
douze heures de la nuit sont bien vites passées… La veille je ne croyais pas
pouvoir tenir une heure… Je me trouvais seule avec Jésus seul, avec des enfants
tout noirs, et j'étais plus contente au milieu de ma petite cour que tous les
potentats du monde. »
En 1817, Mgr Dubourg,
évêque de Louisiane, de passage en France, demande des religieuses.
Rose-Philippine qui, à 49 ans, est la plus âgées des Sœurs de Sacré-Cœur,
obtient cependant de partir avec trois autres. (Notons que Rose avait un nom
prédestiné, Rose de Lima étant la première sainte canonisée des Amériques). Les
début sont périlleux et très pauvres. Elle fait une première fondation à
Saint-Charles, près de Saint-Louis, et d’autres encore, accueillant dans ses
écoles des enfants d’Indiens déplacés. Chaque fois que Philippine fonde une maison,
elle se réserve les tâches les plus humbles : elle bêche le jardin, soigne
les bêtes, surveille le dortoir des pensionnaires. Elle s'occupe des malades,
elle mange les restes. Travail, pauvreté, prière tissent ses journées. Et c'est
dans ce contexte que grandissent les écoles et que les vocations religieuses
affluent. Enfin, à 72 ans, l’occasion lui est donnée d’aller vraiment en
mission, auprès des Indiens, dans leur propre territoire, au Kansas, situé aux
pieds des Rocheuses où les Jésuites ont une mission chez les Indiens Potawatimi.
Les Pères réclamaient leur présence, assurés du succès de leur mission si elle
était soutenue, ne fut-ce que par leurs prières. Les Indiens leur assurent un
accueil triomphal. Un Jésuite présente ainsi la Mère : « Voici une
dame qui depuis trente-cinq ans ne cesse de demander à Dieu de venir parmi
vous. » N’arrivant pas à maîtriser la langue, (déjà, pour l’anglais, les
résultats avaient été peu brillants) et la maladie s’en mêlant, elle doit
revenir après une année. Mais elle a beaucoup frappé les Indiens qu’ils
l’appellent ‘la femme qui prie toujours’.
De retour à Saint-Charles,
elle passe le reste de sa vie dans l’humilité et la contemplation. Ces dix
années d’apparente inactivité sont les plus fécondes ; les religieuses du
Sacré-Cœur fondent trois fois plus de maisons que dans la période précédente.
La fondatrice meurt le 18 novembre 1852, âgée de quatre-vingt-trois ans, et son
départ inspira aux Indiennes Patowatomies le poème suivant:
O grand Esprit
Elle arrive vers toi cette femme 'grande', qui est bien nôtre
Elle arrive vers toi sans tarder.
Conforte son esprit, et fais-lui le chemin.
Fais que prairies et collines murmurent
Tout au long de son retour à la maison,
Que le courant des eaux du Mississipi
Chante son retour vers toi.