Saint Philippe SMALDONE

Nom: SMALDONE

Prénom: Philippe (Filippo)

Pays: Italie

Naissance: 27.07.1848  à Naples

Mort: 04.06.1923  à Lecce (Pouilles)

Etat: Prêtre

Note: Prêtre en 1871. Apostolat dans le sud de l'Italie auprès des sourds-muets. Cofondateur des Sœurs Salésiennes des Sacrés Cœurs, vouées à cet apostolat.

Béatification: 12.05.1996  à Rome  par Jean Paul II

Canonisation: 15.10.2006  à Rome  par Benoît XVI

Fête: 4 juin

Réf. dans l’Osservatore Romano: 1996 n.20 p.1 - n.21 p.4-5  -  2006 n.42 p.1-4

Réf. dans la Documentation Catholique: 1996 n.12 p.551-553

Notice brève

Filippo Smaldone naît en 1848 à Naples dans le Royaume des Deux-Siciles, dont l’absorption par le Royaume d’Italie s’accompagne de persécutions pour l’Eglise. Il est ordonné prêtre en 1871 et se voue spécialement au service des sourds-muets. Pour cela il fonde à Lecce, dans les Pouilles, les Sœurs Salésiennes des Sacrés Cœurs. Il fonde aussi la Ligue eucharistique des Prêtres adorateurs et des Dames adoratrices. Avec une spiritualité sacerdotale intense, cette ‘perle du clergé méridional’ diversifie ses réalisations en faveur du prochain. Il meurt à Lecce en 1923.

Notice développée

Filippo (Philippe) Smaldone naît en 1848 à Naples, alors capitale du “Royaume des Deux-Siciles”, gouverné par une branche espagnole des Bourbon. C’est une époque troublée, 1848 voit “l’insurrection de Naples”. La famille de Philippe est pauvre et il est élevé très chrétiennement. Alors qu’il n’a que douze ans, a lieu la chute de la monarchie à laquelle cette famille est fortement liée. Garibaldi poursuit sa conquête de l’Italie et l’Église vit des moments très difficiles (expulsion de l’archevêque). L’enfant, au lieu de céder à la peur, décide au contraire de s’engager au service de cette Église persécutée. Attiré d’abord vers la vie missionnaire, il choisit le sacerdoce suite à une coïncidence dramatique : la rencontre à l’église d’un enfant sourd-muet, désespéré et inconsolable entre les bras de sa mère. Philippe décide que sa mission doit s’accomplir auprès des plus faibles, des sourds en particulier. Il n’a pas encore terminé ses études au séminaire qu’il se livre déjà au service des sourds-muets qui étaient alors fort négligés à Naples. Mais ses études pâtissent quelque peu de ce service absorbant. Ses notes étant jugées insuffisantes, il doit quitter le séminaire. Néanmoins, il peut poursuivre ses études, car l’archevêque de Rossano Calabro, Mgr Colento, qui l’admire, lui ouvre les portes de son séminaire. Philippe ne tarde pas à être réintégré dans son diocèse d’origine ; mais c’est Mgr Colento qui tient à l’ordonner personnellement sous-diacre puis diacre, dans la cathédrale de Naples. Quant à l’ordination sacerdotale, il la reçoit le 27 mars 1871, n’ayant pas atteint l’âge réglementaire de 25 ans. Son ministère de jeune prêtre est très fervent. Il catéchise avec des cours du soir, s’occupe beaucoup des malades qu’il visite chez eux ou à l’hôpital. Sa charité va jusqu’à l’héroïsme à l’occasion d’une épidémie de peste à Naples ; il tombe lui-même malade d’épuisement et échappe à la mort grâce à l’intercession de Notre-Dame de Pompéi, pour laquelle il nourrira une grande dévotion jusqu’à la fin de sa vie.

Il envisage un moment de partir comme missionnaire en Chine, mais son confesseur qui l’a suivi depuis son enfance lui déclare que, pour lui, la Chine, ce sont les sourds-muets. Il gardera toute sa vie cette flamme missionnaire. L’abbé Smaldone veut donc se consacrer à ces handicapés avec toute son énergie en employant des méthodes plus appropriées que celles de l’époque qui produisaient bien peu de fruits, malgré la bonne volonté des éducateurs. Souvent d’ailleurs, on considérait les sourds-muets comme des païens et ils étaient mis au ban de la société napolitaine. Au service de ces malades, don Smaldone acquiert une grande compétence pédagogique et il peut envisager de fonder une institution qui se consacrerait à leur éducation humaine et chrétienne. Il a l’intuition qu’il devra œuvrer en leur faveur dans toute l’Italie méridionale (Mezzogione). Le 25 mars 1885, il part avec un autre prêtre pour réaliser cette fondation à Lecce, dans les Pouilles. Il est secondé par quelques femmes que lui-même avait formées pour ce service. Elles seront les premières à former la Congrégation des “Sœurs Salésiennes des Cœurs sacrés”. Il y aura aussi une branche masculine. Le Père Smaldone est mal accueilli à Lecce, ville marquée par le laïcisme et il doit mener une lutte acharnée pour défendre son œuvre. Peu à peu, celle-ci se développe. Il fonde à Bari, puis à Salerne. Par ces réalisations sociales, il est en avance sur son temps. (Mais notons qu’en Suisse, la bienheureuse Marie-Thérèse Scherer 2  l’a devancé dans le soin des sourds-muets.) Sa charité ne se limite pas aux sourds-muets ; il répond à d’autres appels et s’occupe des filles aveugles, des orphelines, et du logement pour des étudiantes. Avant tout, il a le souci d’évangéliser suivant ce qu’il appelle “la pédagogie de l’amour”. Sa spiritualité sacerdotale intense et solide est marquée par la prière continuelle (notamment l’adoration du Saint Sacrement) et la pénitence. Il fonde la Ligue eucharistique des Prêtres adorateurs et des Dames adoratrices. En contact avec les Salésiens depuis son arrivée à Lecce, il est aussi supérieur de la Congrégation des Missionnaires de saint François de Sales pour les missions populaires. Il exerce une grande activité de directeur spirituel, confessant les séminaristes, les prêtres et les religieuses. Très entouré à ses derniers moments, il meurt à 75 ans, après avoir supporté avec sérénité un diabète, compliqué de maladie cardiaque, d’ennuis circulatoires et de sclérose.

Cinq mille sourds-muets seront là pour sa canonisation célébrée par Benoît XVI le 15 octobre 2006. Il déclare : « Tirons de son exemple l'invitation à considérer toujours comme indissociables l'amour pour l'Eucharistie et l'amour pour le prochain. Plus encore, la véritable capacité d'aimer nos frères ne peut nous venir que de la rencontre avec le Seigneur dans le sacrement de l'Eucharistie. »