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Esquisse historique, Laurent Auberson, p. 19. : « En supposant qu'en 884 - date du
reste singulièrement proche des événements qui ont mené aux origines de Cluny - Saint
Imier n'étant qu'un petit domaine rural ou un hameau que l'on donne à une abbaye,
Moutier-Grandval, d'où le recours à l'expression cella, on ne résout même pas la
moitié du problème, car nonobstant le fait que l'abbaye se voit aussi octroyer des
villae - qui sont sans doute des établissements laïques, un peu plus peuplés, dans
lesquels on mentionne parfois une chapelle - le saint auquel on se réfère, Himerius, n'a
pas pu être inventé pour cette circonstance au fond purement juridique. Si le récit de
la vie du saint tel qu'il nous est parvenu contient, nous l'avons vu, bien des éléments
suspects de travestissements à mettre au compte des luttes d'influence entre les
évêchés de Bâle et de Lausanne, nous ne voyons pas ce qui pourrait expliquer
l'apparition de ce saint sinon la mémoire d'une tradition locale non écrite. Cela
d'autant plus que son culte, nous le verrons, semble déjà répandu dans le Jura en cette
fin du IXe siècle et en dépit de l'ambivalence qui existe au lieu même du fondateur
entre les cultes des saints Martin et Imier.
(
) A la chronologie près, le même schéma (que celui de Saint-Lothain) peut
s'être réalisé à Saint-Imier et si le personnage n'a pas laissé de témoignage écrit
plus authentique que sa douteuse biographie, cela tient à la modestie de l'établissement
qu'il a fondé et au hasard de la conservation des documents concernant un ermitage
demeuré longtemps tranquille et sans histoire(s)
L'essentiel est ici de remarquer
la force de la tradition orale qui, relayée par la population sans doute peu à peu
formée autour de l'ermitage - la cella du Xe siècle ne peut être un endroit désert - a
perpétué le nom de l'ermite fondateur, reconnu comme saint et protecteur de
l'église locale.
(
) Ces données (apparitions de Sonceboz-Sombeval et de Courtelary au premier
millénaire, en 866 et 962) tendent à montrer l'apparition progressive de villages qui ne
doivent rien à des antécédents antiques, mais on au contraire peut-être quelque chose
à voir avec l'ermitage de Saint-Imier.
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