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solitude et le repos qu'il cherchait. Il
abandonna donc les murailles inachevées, ses parents, le château de son père, et
accompagné d'un fidèle serviteur, nommé Adalbert ou Elbert, il se dirigea vers le sud
du Jura actuel. Il cherchait un lieu désert où il put librement mener la vie austère et
pénitente des anachorètes. Il arriva dans la vallée de la Suze, alors appelée le
Suzingau. Il la trouva déserte et inhabitée, couverte de sombres forêts, de
broussailles, Himier y fixe sa demeure auprès d'une source. Aidé de son fidèle Elbert,
il défriche péniblement ce terrain sauvage, il lui confie les graines qui doivent
fournir plus tard à sa subsistance. Mais la récolte ne répondit pas à ses espérances
et notre saint comprit que Dieu voulait l'éprouver afin de rendre son sacrifice plus
parfait Cette seconde installation, d'après les traditions, aurait été la source qui se
trouve près de la vieille maison curiale de Corgémont.
Himier s'était établi dans cette vallée du consentement de l'Evêque d'Avenches, St
Maire, à qui appartenait la vallée de la Suze. St-Maire ou Marius, sortait des rangs de
la plus haute noblesse de la Franche Comté, et selon plusieurs, de la famille même des
rois de Bourgogne. Il a dû connaître la famille de St Himier, famille qui, probablement
avait le gouvernement de l'Elsgau. La vallée de la Suze appartenait à l'évêque
d'Avenches, et c'est du consentement de cet évêque, que St Himier s'y établit avec son
compagnon Elbert. Les deux solitaires y restèrent au moins un an, puisque les produits
des premiers travaux de défrichement et de culture ne répondirent qu'imparfaitement à
leurs peines.
C'est pendant cet intervalle que s'opéra la translation à Lausanne du siège épiscopal
d'Avenches, ville ruinée par les Huns et les Hongrois. St Himier qui avait déjà été
attiré dans le Suzingau par la grande réputation de St Maire, et voyant l'insuccès de
son premier établissement dans la valLée de la Suze, résolut de se rendre à Lausanne
pour « prier l'évêque de cette ville » de lui désigner dans le voisinage de
sa ville épiscopale, sur les terres de l'église de Notre Dame, un lieu solitaire où il
put se livrer à la vie contemplative et à la culture de la terre, promettant de donner
au clergé de Notre Dame, les deux tiers des fruits qu'il récoltera.
Sa demande est accueillie avec faveur, non pas comme à un inconnu ou à un étranger,
mais comme à un ami : honorabiliter
susceptus est, et on lui accorde tout ce qu'il désire. Il est aussi probable que
St-Himier était un aide et un collaborateur de l'évêque St Maire et que c'est la
principale raison qui le fit partir pour Lausanne au moment du transfert de ce siège.
C'est le sentiment du Dr Gelpke, professeur à Berne.
St-Maire ne survécut pas longtemps au transfert de son siège à Lausanne. Il mourut le
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