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De retour à Jérusalem, Himier, se voyant
l'objet de la vénération publique, résolut de se soustraire à ces honneurs qui
blessaient son humilité.
La durée du séjour de St Himier à Jérusalem a été de trois ans pendant lesquels eut
lieu l'histoire de l'île et du griffon. Il dit adieu à ces lieux témoins de tant de
prodiges et, chargé de la dépouille du griffon dans laquelle il avait caché le bras de
St Siméon et d'autres reliques, don du patriarche de Jérusalem, il reprit, avec son
fidèle Elbert, le chemin de l'Europe.
Arrivé à Jérusalem au commencement de l'année 598, il dut en repartir vers le
commencement de 601. La légende nous fournit la preuve qu'il revint par la Provence,
puisqu'il rapporte, à son retour, des reliques de ce pays : sacras reliquias secum ex Provincia attulerat, ce
qui implique qu'il revint par mer et débarqua en Provence. Il visita le célèbre
monastère de Lérins ; à Marseille, il reçut une affectueuse hospitalité au monastère
de St Victor, puis à la Ste-Beaume où, pendant 33 ans, coulèrent les larmes de Ste
Marie-Madeleine. Il fit le pèlerinage au tombeau de Ste Marthe, la sur de Lazare.
Notre pèlerin vint ensuite à Vienne, ville célèbre à cette époque et résidence du
primat des Gaules. Aux portes de la ville, il contempla le tombeau de Ponce Pilate, si
tristement célèbre.
Il arriva à Lyon, la métropole des Gaules. C'est de cette ville que partirent Sts
Ferréol et Ferjeux, les apôtres de Besançon et de I'Ajoie, les patrons de la paroisse
de Damphreux, dont fait partie Lugnez, lieu natal de St Himier. Que de saintes et douces
émotions ressentit dans cette ville de Lugdunum, l'enfant de Lugduniae (Lugnez) ! Ce
n'est qu'avec peine qu'il quitta cette ville où il se trouvait comme chez lui, d'où
vient, peut être apporté par Sts Ferréol et Ferjeux, le nom du château de ses pères.
Il visita ensuite très probablement Tours, pour vénérer le tombeau de St Martin. C'est
en l'honneur de ce grand thaumaturge qu'il édifia, plus tard, l'église qu'il construisit
à St-Imier, dans laquelle il plaça des reliques du grand évêque.
Quoi qu'il en soit, de toutes ses pérégrinations, il arriva, en dernier lieu, à
Cyriliacum ou Cyrthiacum: tandemque parvenit ad quemdam locum Ciriliacum nomine,
pour s'y établir: ubi coepit oedificare domum, disent les légendes. Les habitants
de ce pays, ne connaissant pas ses intentions, conçurent contre lui une injuste méfiance
et le contraignirent à quitter la région. Ce Cyriliacum, dont parle le manuscrit
d'Hauterive, n'est autre chose que Cerlier, sur le lac de Bienne, d'après les meilleurs
critiques. Plus tard, les gens de Cerlier, reconnaissant leur erreur, réparèrent leur
faute en élevant, en l'honneur de St-Imier, une chapelle qui disparut au XVIIIe siècle.
Elle servait de lieu de sépulture aux seigneurs et, plus tard, aux baillis |
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