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sa houlette, parmi lesquels on peut, avec
quelque vraisemblance, compter saint Fromond. Ces nouveaux anachorètes construisirent des
cellules et défrichèrent la terre tout en priant en commun, selon maxime des moines,
ora et labora, prière et travail. De toute parts
on amenait des malades auxquels le saint, par ses prières, rendait la santé et les
pauvres trouvaient au monastère d'abondantes aumônes.
Non loin de la retraite de Saint Ursanne, un manoir s'élevait sur une des
crêtes du Lomond. C'était le château d'Outremont. L'histoire nous a conservé le nom du
possesseur, d'origine grecque, c'était Euclion.
Le seigneur et sa famille avaient des sentiments qui contrastaient singulièrement avec la
piété des cénobites du Doubs. Ce seigneur résolut de détruire la réputation du saint
en le faisant tomber dans un piège habilement préparé. L'auteur de la Rauracia Sacra,
raconte ce fait en ces termes : « Jaloux des vertus de saint Ursanne et du bruit de sa sainteté, l'ennemi des
âmes voulut se servir de cet homme riche pour ternir l'éclat de l'auréole du saint et
mettre un terme au bien qu'il faisait autour de lui par sa parole et par son exemple. Le
prince du mal inspira une pensée digne de lui au riche de la montagne. Il poussa Euclion
à inviter le saint à sa table, et nous verrons dans quel but plein de malice. »
Saint Ursanne avait jugé bon d'aller trouver ce seigneur pour lui
adresser de charitables avertissements. Il monte au château où le seigneur l'invite à
sa table et lui sert des vins capiteux que le saint prend par convenance. Le saint
remarque un peu tard que le vin, auquel il n'était pas habitué, commence à se faire
sentir. Effrayé, il se lève, rompt brusquement la conversation et s'enfuit.
Le seigneur se réjouit de l'événement qu'il attendait. Tout le
monde se met à accabler l'humble invité et à lui prodiguer les noms d'ivrogne et
d'hypocrite.
Le saint supporte tout, garde le silence avec la plus parfaite charité. Il
comprend ensuite dans quel but diabolique le seigneur Euclion l'avait invité à sa table.
Saisi d'indignation, il retourne vers ce repaire du mal, et levant vers le château sa
main puissante, il s'écrie : « Que cette demeure soit à jamais déserte et
qu'elle soit inhabitable à qui que ce soit ». Sudan rapporte que Dieu confirma la
malédiction et que les reptiles se multiplièrent tellement dans ce château, que force
fut à ceux qui l'habitaient de l'abandonner. |



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