Miracles II

Bibliothèque - Saints du Jura  - Chapelle Notre-Dame du Vorbourg - Hagiographie

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Miracles-Appendice

 

CHAPITRE II

 

Bienfaits obtenus par l’action de la sainte.
Des gens travaillant le jour de sa fête, des blasphémateurs,
des voleurs, un pillard, sont punis,
mais certains, revenant à résipiscence
et invoquant la sainte, sont rétablis.

 

10) Un jour, une grande partie de l’église consacrée à la vénérable vierge, à cause de la fragilité du terrain gorgé d’eau, s’écroula du sommet jusqu’à la base, barrant ainsi l’entrée au peuple. Alors l’abbé (de cette église) ordonna qu’on se procure des pierres de fondation assez grandes pour qu’on n’ait plus besoin de faire de restauration à l’avenir. Aussitôt, les gens du lieu se rendirent dans un endroit où, à leur connaissance, il y avait un amoncellement de pierres sous l’eau ; ce lieu est appelé ‘Confluent’, car c’est là que l’Aar se joint au Rhin. Ils eurent cette sage pensée : bien qu’ils ne puissent les soulever, cependant ils commenceraient le travail, en chantant KYRIE ELEYSON, à l’instar des soldats chrétiens qui s’élancent au combat. D’un bond, ils entrèrent dans le Rhin. Dieu qui est l’auteur de tout bien, par les mérites de la vierge sainte, leur donna une ferme volonté, supprima le froid (on était en hiver), les remplit d’audace et leur donna une telle vigueur que, ce que vingt hommes n’auraient pu porter sur terre, cinq ou six hommes dans l‘eau l’amenèrent jusqu’à terre. En examinant ces pierres, ils virent, sculptées dessus, des lettres et des images d’hommes. Et ils en déduisirent qu’elles avaient été récemment immergées à la suite d’un naufrage. Certes, la main de celui qui écrit dans l’eau fait une oeuvre inutile, mais pour lors, avec un grand succès, ces pierres furent posées comme fondation, et par-dessus, on fit une belle construction. Louons la vénérable vierge Vérène pour qu’elle rende le Christ bienveillant à notre égard.

11) Il y a quelques années, en été, sous le gouvernement de je ne sais plus qui, il se produisit un grand miracle, lequel nous est bien connu, car nous l’avons vu de nos yeux ; aussi en sommes-nous les témoins. Le Rhin, ayant débordé à cause de l’abondance des eaux et ayant démesurément gonflé, recouvrit presque toutes les terres cultivées et, ôtant tout espoir de subsistance, il plongea les gens dans le désespoir. Comprenant cela, ceux-ci vinrent avant le lever du jour au monastère, implorant avec larmes la grâce de la vierge, afin qu’elle ne les abandonne pas et les délivre de ces eaux envahissantes. Puis, se relevant de leur prière, prenant la croix et portant les reliques, ils vinrent jusqu’aux champs, mais, par crainte des éléments, ils n’osèrent pas entrer dans les terrains plats cultivés. Alors, subitement, dans l’espace d’un moment, par un heureux mouvement de recul, le Rhin rentra dans son lit sans créer aucun dommage, et les moissons, qui étaient couchées le matin, se redressèrent aussitôt à midi. Alors, tous furent remplis de joie ; ils chantèrent et louèrent sainte Vérène en disant : Louons la vierge vénérable Vérène qui, par la fleur de sa chasteté, a mérité la louange dans les cieux.

12) Nous ne pensons pas pouvoir omettre cet épisode : Une femme négligente ne voulut pas observer la fête de la dédicace de l’église consacrée à la glorieuse vierge Vérène, mais saisissant le fuseau et la quenouille avec son écheveau de laine, elle s’acharna au travail des mains. Admonestée par ses voisines lui demandant de ne pas faire cela mais de les accompagner à l’église, elle ne consentit pas à les écouter, voulant plutôt achever le travail commencé. Les autres s’en allèrent, puis l’office étant achevé, après avoir reçu la bénédiction, elles s’en revinrent joyeusement chez elles. Mais, en entrant dans la maison de la femme, ils la virent gisant à terre, la bouche écumante, grinçant des dents, la quenouille adhérant fortement à la main gauche et le fuseau à la droite et les membres privés de tout mouvement. Sans retard, elles la mirent sur un chariot et portèrent ce corps inerte devant le saint autel. Longuement, les clercs, avec ceux qui étaient présents, firent des prières afin que par les mérites de la vierge sainte, la grâce du Sauveur vienne en aide à la femme négligente. Celle-ci, bien que tenue fermement en mains, s’élança sur l’autel avec une force divine, et ses membres débiles se relevèrent, guéris. Alors tous les clercs, chantant des psaumes de louange à Dieu, s’en retournèrent joyeusement chez eux.

Nous voyons les étoiles dans les hauteurs des cieux, le sable sur la plage, mais nous ne pouvons les compter. De même, nous ne pouvons pas décrire tous les miracles qui se produisent par les mérites de la glorieuse vierge Vérène, par la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ, qui vit avec le Père dans l’unité du Saint-Esprit pour les siècles des siècles. Amen.

13) Jusqu’à maintenant, vous avez entendu parler des douceurs de la piété ; maintenant, voici un fait décrivant la puissance de cette sainte. Dans le pays des Francs, il y avait un comte riche de multiples biens. Il avait passé toute sa vie avec sa femme sans avoir de fils. A plusieurs reprises, il avait reçu des conseils de notre part lui suggérant d’aller à Zurzach pour y prier, implorer la grâce de la vierge et y faire une petite offrande prélevée sur ses domaines afin d’obtenir des fils ; mais il n’écouta pas notre conseil et le tourna en ridicule. Les femmes, disait-il, sont fragiles, sans force et toujours inutiles en cas de guerre. De même sa femme, comme elle ne voulait pas croire et mettre sa confiance en la vierge, fut frappée d’un coup de foudre et finit sa vie misérablement ; quant à lui, il resta sans enfants.

14) Comme c’était la fête de la vierge Vérène, jour tant attendu chaque année, et que beaucoup de peuple se rassemblait de plusieurs régions, deux voleurs, comme s’ils voulaient vénérer la sainteté de la vierge, entrèrent à Zurzach en faisant chemin avec eux. Un soir, au crépuscule, ils dérobèrent des chevaux et, se retirant, ils errèrent à travers montagnes et forêts, par champs et marais, traversant ainsi beaucoup d’autres endroits mal commodes à l’heure dédiée au repos, et attendant péniblement l’aurore. L’un d’eux vint à cheval dans l’atrium de l’église, les vêtements déchirés, le visage défiguré, hors d’esprit et de sens et il tomba à terre comme mort. On rend le cheval à son maître et, par les mains du peuple, le voleur est porté au saint autel. Tous font une prière et celui-ci se relève en bonne santé, promettant qu’il ne ferait plus jamais rien de tel et qu’il s’enrôlerait au service de sainte Vérène. Ce qu’il accomplit fidèlement comme il l’avait promis. Quant à l’autre, hors de sens, il arrive sans le savoir avec la haridelle, au domaine de son propriétaire. Semblablement, il est libéré par les mérites de sainte Vérène et il repart sain et sauf. Et tous les deux eurent une fin de vie exempte de tout reproche.

15) Un campagnard, le jour de la dédicace de cette même église, entra dans une forêt pour couper du bois et voici que le manche qu’il tenait se mit à lui coller à la main. Conduit à l’autel, il priait, prosterné, devant tous les gens. Il repartit en bonne santé.

Un autre homme, pour le salut de son âme, donna une partie de son héritage aux Frères voué au service de Dieu et de sainte Vérène, et il y ajouta un moulin très nécessaire à la communauté. Mais un plus puissant que lui s’y opposa et, ce que l’autre avait donné en bon état, celui-là voulut lui ôter sa valeur en faisant le mal ; il changea le cours normal de la rivière, la faisant passer par un autre endroit, procédé illégal vis-à-vis du propriétaire. Alors, un jour, sans qu’il tombe une seule goutte de pluie et sans l’intervention d’aucun homme, mais par la seule puissance du Dieu de majesté, cette rivière gonfla étonnamment avec une abondance inouïe et elle franchit toute la structure de ses berges ; et ainsi elle revint dans son ancien lit. Grandement terrifié, l’homme vint prier la vierge et, ce qu’il avait détérioré avec désinvolture, il le rétablit avec empressement, puis il se corrigea.

16) Un homme faisait route avec une suite nombreuse. Il passa par Zurzach et s’arrêta pour la nuit dans les bâtiments de la vierge Vérène. L’un d’entre eux, qui s’occupait de l’intendance, s’opposa à notre communauté en faisant un mauvais usage de nos biens, ce qui fut prouvé par la suite des événements. En effet, avec une grande dureté, il demanda de la cire au sacristain pour en faire des cierges. Celui-ci lui donna ce qu’il put. L’autre contesta et exigea toujours plus ; mais le sacristain ne put donner, car il n’avait pas. Alors l’autre rempli de fureur, s’empara des cierges qui entouraient le saint autel et se retira. Le matin l’équipée commença à repartir, lorsque subitement le voleur tomba de sa monture et gisait sur le sol comme s’il était prosterné sur les dalles de la basilique. Les jambes brisées, il était comme mort. Et les siens, de leurs mains, le ramenèrent au logis. Il demeura longtemps retenu dans cette infirmité et il ne connut pas d’amélioration jusqu’à ce qu’il ait soin de se racheter.

Louons Sainte Vérène qui fait miséricorde à ceux qui se repentent, qui accorde sa grâce à ceux qui viennent vers elle, qui inspire l’effroi à ceux qui font le mal et qui distribue ses faveurs à ceux qui les demandent. Et cela, par la grâce de Notre Seigneur Jésus Christ qui vit et règne avec le Père dans l’unité du Saint Esprit. Amen.

 

Zurzach : Monastère de Ste Vérène

 

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