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Révolution Française
La chapelle du Vorbourg fût le théâtre d'un des épisodes de
l'invasion de la principauté épiscopale par les troupes françaises. Voici la
narration qu'en fait Louis Vautrey dans ses " Notices historiques sur les villes
et villages catholiques du Jura ", District de Delémont.
M. Jean Germain Bouvier fut curé de Montsevelier durant 35
ans. Il était né à Saint-Ursanne le 10 juillet 1731. Chapelain pendant 16 ans du
chapitre de St-Ursanne, il fut nommé en 1774 curé de Montsevelier. La révolution
le trouva à ce poste ; il ne quitta pas sa paroisse qui était du reste dans une
position exceptionnelle. Il se trouva mêlé, au commencement de la tourmente
révolutionnaire à une démonstration religieuse qui aurait pu avoir pour lui de
fâcheux résultats. Voici le récit qu'en fait le curé Koetchet, dans son histoire
de cette époque si agitée :
" En 1792, un événement remarquable eut lieu à la chapelle du
Vorbourg. Les habitants de la vallée de Delémont, voulant se débarrasser des
Français, entreprirent de se faire passer pour alliés des Suisses. Ils crurent
qu'en montrant les anciens titres de la vallée, ils pourraient en venir à bout.
Les maires s'entretinrent de cette affaire, lorsqu'ils se trouvèrent ça et là
ensemble. Mais comme tout rassemblement était alors défendu, ils n'osaient se
réunir dans un même lieu. En conséquence il fut convenu que le jour de la
Visitation de la Sainte Vierge, 2 juillet, tous les maires intéressés à la chose
se trouveraient avec les députés de chaque commune à la chapelle du Vorbourg,
qu'on y ferait dire une messe et que dans la suite on chômerait cette fête. Le
bruit se répandit bientôt partout, de sorte qu'au jour marqué, il y eut dans
cette chapelle une grande affluence de monde et ce fut le curé de Montsevelier,
vieillard de 60 et quelques années, nommé Bouvier qui y célébra la messe.
Les patriotes de Delémont qui étaient toujours aux aguets,
surent tout au matin ce qui se passait. Ils en allèrent d'abord prévenir
Michaud, comandant de la place. Ils lui firent entendre ce rassemblement était
dangereux, que tous les paysans de la vallée s'étaient réunis pour conspirer
contre les Français et les attaquer ; qu'il importait de disperser cette troupe
séditieuse. Le commandant s'étant laissé persuader par ce verbiage, fit battre
la générale, et conduisit quelques compagnies de ses gens derrière l'église de
la paroisse, leur ordonna de charger leurs armes, d'aller investir la chapelle
du Vorbourg et de fouiller tous ceux qui en sortiraient. Les soldats arrivèrent
sur la fin de la messe, et bientôt on le sut dans toute la chapelle. Ceux qui
étaient chargés de titres et papiers des communes se trouvèrent étrangement
embarrassés. Ils s'avisèrent de monter sur le plafond de la chapelle et de
cacher leurs papiers sur les poutres de la charpente. Les soldats qui étaient
aux portes de la chapelle, fouillèrent quelques individus, mais n'ayant rien
trouvé, ils se contentèrent d'arrêter le curé de Montsevelier, qu'ils
conduisirent au corps de garde à Delémont. On l'interrogea sur ce rassemblement,
mais n'ayant rien pu savoir de lui, on le laissa retourner dans sa cure. Bientôt
après l'affaire du Vorbourg, il fut défendu d'entrer
en ville avec, dans la ville et aux environs, même dans les villages voisins,
comme des tailleurs ; car avant cette époque, tous les messieurs, même les
écoliers ne sortaient jamais de chez eux qu'en canne. Les gens de métiers des
villes n'en portaient pas à la vérité aux jours ouvrables, mais ils en avaient
toujours aux fêtes et aux dimanches. "
Arthur Daucourt, Histoire de la ville de Delémont, p. 650-651:
La tempête révolutionnaire qui, à la fin du dernier siècle,
éclata en France, n'épargna pas l'évêché. Il fut envahi, vers la fin d'avril
1792, par une armée française et réuni de force à la France en 1793 (...).
Le 28 juin 1793, par ordre du Conseil général, les citoyens Joseph Métile et
Charles Marchand, municipaux et le Greffier se rendirent au Vorbourg et
emportèrent divers effets (...).
Il était temps de soustraire aux profanations et peut-être à la destruction la
statue miraculeuse de Notre-Dame du Vorbourg qui, durant des siècles, était
visitée par des milliers de pèlerins, et qu'on avait toujours regardée comme le
palladium de la ville et de la vallée. Le 23 novembre 1793, des mains fidèles et
dévouées emportèrent secrètement la statue de la Sainte Vierge et la déposèrent
dans une grotte à une certaine distance de la chapelle, où des personnes pieuses
venaient en secret la vénérer.
Plus tard, comme on craignait que ce refuge de l'image de l'Enfant Jésus et de
sa Mère ne fût découvert par les nouveaux Hérode, on porta le précieux dépôt
dans une grotte plus étroite et plus éloignée, où il se trouvait en parfaite
sûreté. On avait composé une prière à Notre-Dame du Vorbourg réfugiée dans sa
grotte. On y demandait au ciel par son intercession, la fin de la persécution et
le triomphe de la religion.
Le 8 thermidor an IV (22 jullet 1796) la chapelle du Vorbourg, déclarée domaine
national, avait été vendue par les administrateurs du département du Mont-
Terrible, au nom de la République française, à M. Wicka, médecin à Delémont.
Le 9 fructidor an VI (5 décembre 1798), Antoine Rais, de la première métairie du
Vorbourg, racheta le vénéré sanctuaire dudit WIcka, il y fixa sa demeure et en
fut lui-même le gardien jusqu'à sa mort arrivée le 16 avril 1827.
Il est consolant de voir deux bourgeois de Delémont faire l'acquisition de la
sainte chapelle, dans l'unique but de la préserver de la destruction ou de la
profanation, pour la rendre à son ancienne destination dès qu'il serait
possible.
On ignore la date précise où la Sainte Image fut replacée sur son autel, mais on
peut admettre comme certain qu'elle y était le 12 octobre 1800, puisque c'est ce
jour même, fête de saint Pantale, évêque et patron du diocèse de Bâle, que les
offices publics recommencèrent dans l'église paroissiale de Delémont.
On releva une partie des quinze croix du Rosaire, dressées sur le chemin du
Vorbourg et que le vandalisme révolutionnaire avait renversées.
En 1822, la ville de Delémont acheta, à Antoine Rais, la chapelle du Vorbourg et
ses dépendances.
P.S. Une des deux cloches de la
chapelle fut fondue lors de la Révolution. Elle a été remplacée par celle qui
porte le nom de Saint Pie IX.
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