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L'Enfer - Le Purgatoire -
Le Paradis
DANTE ALIGHIERI
PARIS ERNEST
FLAMMARION, ÉDITEUR
26, RUE
RACINE, 26
+/- 1880
Bibliothèque
Notice
Il faut redonner au mot « amour » sa splendeur d’origine :
BENOÎT XVI
"L’excursion cosmique à laquelle Dante veut convier le lecteur
dans sa « Divine Comédie » s’achève devant la Lumière éternelle qui est Dieu
lui-même, devant cette Lumière qui est dans le même temps « l’Amour qui meut le
soleil et les autres étoiles » (Par. XXXIII, v. 145). Lumière et amour sont une
seule chose. Ils sont la puissance créatrice primordiale qui meut l’univers. Si
ces paroles du Paradis de Dante laissent transparaître la pensée d’Aristote, qui
voyait dans l’eros la puissance qui meut le monde, le regard de Dante distingue
toutefois une chose totalement nouvelle et inimaginable pour le philosophe grec.
Non seulement que la Lumière éternelle se présente en trois cercles auxquels il
s’adresse avec ces vers denses que nous connaissons : « O Lumière éternelle qui
seule en toi reposes / Qui seule te connais et par toi connue / et te
connaissant, aimes et souris ! » (Par., XXXIII, vv. 124-126) ; en réalité, la
perception d’un visage humain – le visage de Jésus Christ – qui apparaît à Dante
dans le cercle central de la Lumière, est encore plus bouleversante, que cette
révélation de Dieu en tant que cercle trinitaire de connaissance et d’amour.
Dieu, Lumière infinie dont le philosophe grec avait perçu le mystère
incommensurable, ce Dieu a un visage humain et – nous pouvons ajouter – un cœur
humain. Dans cette vision de Dante on peut voir, d’une part, la continuité entre
la foi chrétienne en Dieu et la recherche développée par la raison et le monde
des religions ; mais dans le même temps apparaît également la nouveauté qui
dépasse toute recherche humaine – la nouveauté que seul Dieu lui-même pouvait
nous révéler : la nouveauté d’un amour qui a poussé Dieu à prendre un visage
humain, à prendre même chair et sang, l’être humain tout entier. L’eros de Dieu
n’est pas seulement une force cosmique primordiale ; c’est un amour qui a créé
l’homme et se penche vers lui, comme le bon Samaritain s’est penché sur l’homme
blessé et que l’on avait volé, gisant au bord de la route qui descendait de
Jérusalem à Jéricho." Benoît XVI discours à Cor Unum du 24 janvier 2006.
Le témoignage de Dante : PAUL VI
Cinq cents Pères du Concile se sont rendus les 13 et 14
novembre, à Florence, où se célébrait le VIIe centenaire de la naissance de
Dante. A cette occasion, S. S. Paul VI a adressé la lettre suivante au cardinal
Cicognani, secrétaire d'Etat, qui le représentait à ces cérémonies et qu'il
avait chargé de remettre une croix d'or destinée au baptistère où Dante reçut le
sacrement de baptême :
Texte Italien dans l'Osservatore Romano des 15-16 novembre
1965. Traduction de la Documentation Catholique du 5 décembre 1965 n°1460
A Notre Vénérable Frère,
Monsieur le cardinal Amleto Giovanni Cicognani,
secrétaire d'État.
A l'occasion du VIIe centenaire de la naissance de Dante
Alighieri, le digne cardinal-archevêque de Florence a organisé dans cette ville
historique une cérémonie qui mérite de Notre part un geste spécial, étant donnée
l'importance religieuse particulière qu'elle revêt dans le cadre des
célébrations qui ont eu lieu cette année en l'honneur de Dante.
Désirant donc être spirituellement présent à cette cérémonie, Nous voulons que
vous y participiez, monsieur le Cardinal, en qualité de Notre envoyé
particulier, pour porter à cette noble assemblée de personnalités du monde
religieux, civil et culturel italien l'expression de Notre satisfaction et de
Nos vœux.
Nous vous confions également un don symbolique qui rappellera cet événement
important dans le « bel San Giovanni » où Dante reçut le baptême et devint
chrétien. Ce don manifestera la fierté et la reconnaissance que toute l'Eglise,
par Notre humble personne, exprime au grand poète de la Divine Comédie.
En effet, par l'incomparable témoignage de son œuvre, Dante Alighieri a fait
honneur à son baptême d'une façon toute spéciale. En élargissant sans cesse les
horizons de sa vision poétique qui, progressivement, l'ont conduit à une
synthèse puissante et sûre de toute la création et de toute la vie humaine
considérées sous le regard de Dieu, il a vécu les solennels engagements de son
baptême dans un effort de cohésion entre la pensée et la vie, dans la lumière
des vertus théologales dignement célébrées en trois chants. Par son travail
ardu, soutenu par un grand souffle poétique, il a voulu confier à l'humanité le
message d'un profond renouveau intérieur qui part du danger d'une expérience
négative pour arriver à la possession définitive du Dieu un en trois personnes,
selon l'itinéraire de son poétique voyage dans l'au-delà.
Chez Dante, l'art devient une leçon de vie sévère, mais encourageante. La
culture, qui intègre toutes les sciences d'alors dans toute leur ampleur et leur
unité, transcende les dissensions apparentes en une vision de foi supérieure qui
fait voir dans la création une éternelle pensée d'amour : « Au plus profond,
j'ai vu réuni avec amour en un volume l'intériorité de ce qui se manifeste dans
l'univers. » (Par., XXXIII, 85-87.) Chez Dante, la puissance visuelle de la
fantaisie, l'expérience vécue de l'humain dans sa spontanéité concrète (c'est
pourquoi il a donné le nom de « Comédie » à sa plus grande œuvre), le sens
transfigurant et lumineux de la beauté, la richesse même de l'expression et du
style — qui lui a valu d'être appelé le père de la langue italienne, — tout
s'unit en un puissant souffle de foi, d'espérance et de charité, tout est
orienté selon une ferme direction surnaturelle. Aussi a-t-on pu dire que le
poète, dans la lumière de Dieu, « croit dans les valeurs suprêmes de l'esprit
comme nous dans le soleil » (L. Pietrobono, enc. Catt., IV, 1209), et juge
l'action des hommes selon les règles morales immuables données sur la doctrine
catholique. C'est toute l'Eglise avec ses saints, ses rites, ses sacrements que
l'on sent vivre dans les pages de ce poème rendues encore plus précieuses par la
tendre et virile dévotion mariale que l'on y sent.
Chacun voit la valeur spirituelle de ce grand témoignage qui, aujourd'hui
encore, nous est donné par l'Alighieri. C'est pourquoi Nous souhaitons que cette
célébration religieuse — à laquelle, monsieur le Cardinal, vous porterez Nos
sentiments d'admiration — contribue à affermir la foi dans l'âme des hommes de
notre temps. Nous souhaitons qu'elle stimule et invite spécialement le inonde de
la culture et des arts à approfondir cette foi, à toujours mieux connaître les
sources révélées, à vivre consciemment leur foi avec ses nobles exigences.
Celles-ci, en effet, n'humilient pas la libre dignité spirituelle de l'homme,
mais elles la garantissent et l'ennoblissent; elles sont les ailes des sublimes
et immortelles expressions du génie (1).
Nous exprimons Notre vive satisfaction à tous ceux qui sont ici présents,
particulièrement à monsieur le cardinal Florit, à Nos Vénérables Frères dans
l'épiscopat, aux autorités civiles, aux écrivains et aux artistes, au clergé et
à la population de Florence, tandis que de tout cœur Nous leur donnons Notre
Bénédiction apostolique, gage des meilleures faveurs célestes pour tout
l'archidiocèse de Florence.
Du palais apostolique du Vatican, le 5 novembre 1965, troisième année de Notre
pontificat.
PAULUS PP. VI.
(2) Dans l'allocution qu'il a prononcée de son balcon le
dimanche 14 novembre, à l'heure de l'Angelus, S. S. Paul VI a dit à propos de la
croix d'or qu'il a fait placer sur le baptistère de Saint-Jean :
[...] Nous avons voulu ainsi honorer religieusement le caractère chrétien et la
foi catholique du grand poète. Nous avons voulu encourager le monde des lettres
à retrouver dans les valeurs spirituelles, et spécialement dans notre religion
qui est l'expression de la vraie vie, la meilleure inspiration de leur pensée,
de leurs paroles, de leur poésie et de leur culture. « La vie était la lumière
des hommes », dit l'Evangile. Prions pour que cette lumière, loin de faiblir,
resplendisse dans le monde de la culture et de la littérature modernes. (L'Osservatore
Romano, 13-16 novembre.)
Une
traduction plus récente aux éditions du Cerf ;
Dante en italien
Mis en ligne le 14 février 2006, fête de
Saint Valentin !
A la Béa... et à toutes les Béatrice !
Numérisation : Abbaye Saint-Benoît de
Port-Valais
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