CINQUIÈME SÉRIE.
TRAITÉS SUR SAINT JEAN.
EVANGILE
ET EPÎTRE AUX PARTHES
In uvres complètes de Saint Augustin traduites pour la première fois en
français sous la direction de M. Poujoulat et de M.
labbé Raulx, Bar-Le-Duc 1864, aux tomes X et XI.
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TRAITÉS SUR LÉVANGILE
DE SAINT JEAN.
Traités
I - LXVI (chap. XIII, 36-38)
SUR CE TEXTE DE JEAN :
« AU COMMENCEMENT ÉTAIT LE VERBE ET LE VERBE ÉTAIT EN DIEU », JUSQUA CES MOTS : « ET LES TÉNÈBRES NE LONT POINT COMPRISE. » (Chap. I, 4-5.)
Pareil à une
montagne qui sélève jusquau ciel, Jean va y puiser la connaissance des
mystères supérieurs à lesprit humain ; puissions-nous, en le suivant,
arriver au même but ! Le Verbe est la parole de Dieu, parole intérieure,
immatérielle, éternelle ; par qui toutes choses ont été faites ; il est
larchétype, le principe vivifiant de toutes les créatures, et, en particulier, la
lumière de lhomme.
Haut du document
SAINT JEAN, PRÉCURSEUR DU CHRIST.
Lhomme ne
saurait, ni par lui-même, ni par un autre moyen humain, se faire une idée de la nature
du Verbe; mais pour linstruire, le Fils de Dieu sest fait chair et est mort
sur use croix. Il est la lumière véritable; néanmoins, afin de nêtre pas
méconnu, il a envoyé devant lui une lampe destinée à ménager la faiblesse de nos yeux
et à nous faire voir ce soleil qui éclaire le monde, ce maître qui le gouverne. Malgré
cela plusieurs ne lont pas reçu; pour ceux qui lui ont fait bon accueil, ils sont
devenus par la grâce de lincarnation les enfants adoptifs de Dieu, et ils ont
reconnu en Jésus-Christ le Fils de lEternel.
Haut du document
LOI ET GRÂCE.
Le médecin, venu jour
guérir ceux qui étaient sous la loi, cest le Verbe fait chair. Il était Fils de
Dieu, véritable lumière du monde : celui-ci ne la pas connu : aussi, Jean est-il
venu le montrer au monde, comme source de grâce et de bonheur. Par Adam, nous étions
condamnés à la mort éternelle; par le Christ, nous avons été amenés à avoir la foi
et à mériter la récompense des élus. La loi rendait les hommes coupables; la grâce et
la vérité du Christ nous ont donné linnocence. Les observateurs de la loi ne
recevaient quune récompense temporelle ; si nous accomplissons la loi nouvelle, la
vie éternelle sera notre partage.
Haut du document
Par son Incarnation le Fils de Dieu sétait si
profondément abaissé, que les Juifs le méconnurent néanmoins, comme ils attendaient le
Messie, et que la vertu de Jean les étonnait, ils envoyèrent des députés à celui-ci
pour lui demander qui il était : « Je ne suis pas le Christ; mais un autre, plus
grand que moi, vient après moi cest lagneau de Dieu, cest son
Fils ». Ainsi par ses paroles et son baptême Jean-Baptiste a-t-il rempli, pour le
premier avènement du Christ, le même rôle quElie pour le second, et fait
reconnaître notre Sauveur, malgré les abaissements de son humanité, pour le Messie
envoyé de Dieu.
Haut du document
LE BAPTÊME DU CHRIST.
Saint Jean était
véridique, puisquil s été envoyé par la Vérité même: comment donc, au moment
de baptiser le Christ, a-t-il pu dite quil devait être lui-même baptisé par le
Christ, tandis quun peu plus loin il ajoute : « Je ne le connaissais pas? »
Jean baptisait, mais en son propre nom : bien différent est le baptême du Christ;
ceux qui le donnent, le donnent en son nom seul; car sil a commandé à ses Apôtres
dadministrer le baptême, il sest réservé le pouvoir de le rendre efficace.
Jean savait que le Christ était le Seigneur, mais il ignorait que le baptême du Christ
ne porterait pas dautre nom et naurait de vertu que par lui.
Les Donatistes
lignorent aussi ou feignent de lignorer, puisquils réitèrent le
baptême conféré par les hérétiques, concluant des défauts du ministre à son
invalidité. La colombe a instruit Jean du contraire; en cela consiste notre foi et notre
tranquillité, et sil a fallu réitérer le baptême de Jean, parce quil
était celui de Jean, nous savons quil ne faut point réitérer celui du Christ,
quels quen soient les ministres, parce quil tire de lui seul toute son
efficacité.
Haut du document
LA COLOMBE.
Pourquoi
lEsprit-Saint a-t-il été figuré par une colombe au baptême de Jésus-Christ?
Comme le corbeau est limage de lorgueil, de la cruauté et de la discorde,
ainsi la colombe est lemblème de lhumilité, de la simplicité, de la douceur
et de la paix : et le est le signe de lunité en Dieu, dans le baptême, dans
lEglise, et, par conséquent de lunion des coeurs dans la charité. Hors de
là point de salut : le baptême est inutile et même nuisible: témoin celui de Simon le
Magicien La colombe rapportant un rameau dolivier dans larche est la preuve de
ce que nous disons : dailleurs la foi sans les oeuvres est stérile, et les oeuvres
sans la charité ne servent de rien pour le ciel; sur quoi alors les Donatiens peuvent-ils
sappuyer et se tranquilliser?
Haut du document
LES TÉMOINS DU CHRIST.
La colombe a fait
connaître à Jean lunité du baptême et lunion des coeurs dans le Christ par
la charité qui vivifie les oeuvres et même ta foi, et les rend dignes du ciel; aussi cet
Apôtre en a-t-il rendu témoignage et affirmé que Jésus est « lAgneau de Dieu
qui efface les péchés du monde ». A ces paroles du Précurseur, les deux disciples, qui
étaient là, sapprochèrent du Christ vers la dixième heure pour lui adresser une
question, et trouvèrent en lui lauteur et le docteur de la loi que nous devons
accomplir dans le sentiment de la charité, avec le secours et la grâce de notre maître.
Pierre vint ensuite, qui reçut de Jésus le privilège de figurer lEglise, cette
pierre sur laque le seule peut reposer solidement lédifice de notre sanctification.
Puis, Nathanaël lui succéda, homme docte et digne, à cause de sa droiture. dêtre
sinon choisi comme apôtre, du moins guéri par le céleste médecin. A la première
parole du Christ, il reconnut effectivement en lui le Fils de Dieu è cause de sa
miséricorde pour les pécheurs; il crut donc, mais sa foi devait saccroître encore
à la vue des vertus et des travaux des Apôtres.
Haut du document
LES NOCES DE CANA.
Tontes les oeuvres
visibles ou invisibles quopère la Verbe sont admirables. Néanmoins lhabitude
de les contempler affaiblit notre admiration nous ne laccordons quà celles
dont le spectacle soffre moins souvent à nos yeux. Aussi, le Fils de Dieu fait
homme a-t-il accompli des prodiges pour frapper nos sens et nous amener à la foi; il en
est de celui-ci comme des astres. Jésus est venu aux noces de Cana, comme par son
Incarnation il était venu célébrer les noces de sa divinité avec son humanité, de son
Eglise avec lui-même. De ces paroles à Marie: « Femme, quy a-t-il de commun entre
vous et moi?» Certains hérétiques concluent que le Christ navait pas un
véritable corps : le contexte les condamne; dailleurs on demandait un prodige que
le Sauveur ne pouvait opérer quen tant que Dieu : comme tel, il ne
reconnaissait pas Marie pour mère, puisquil nen avait pas; il ne devait la
reconnaître pour telle que sur la croix. Dautres infèrent de ces autres paroles
«Mon heure nest pas encore venue », que Jésus nétait pas libre; cette
interprétation est fautive, car il a dit : « Jai le pouvoir de quitter ma vie et
de la reprendre ». Son oeuvre nétant pas accomplie au moment des noces de
Cana, lheure nétait pas encore venue de reconnaître Marie pour sa mère.
Voilà le vrai sens de ces paroles.
Haut du document
LE MIRACLE DE CANA.
Tous les actes du
Sauveur ont leur signification, sa présence aux noces de Cana a la sienne comme les
autres circonstances de sa vie. Le prodige opéré en cette occasion a deux sens : 1°
Leau changée en vin figurait les prophéties relatives au Messie, lettre morte,
paroles sans vertu quil a vivifiées par son incarnation ; les six âges du monde,
tous prophétiques, étaient représentés par les six urnes pleines deau; et de
même que celte eau devait être changée en vin par le Christ ainsi tee prophéties
devaient recevoir toute leur valeur de leur application à sa personne; enfin par les deux
mesures contenues dans les urnes sentendent le Père et le Fils, et par les trois le
mystère de la sainte Trinité ; 2° Les prophéties des six âges venaient du peuple
Juif, mais elles avaient trait à toutes les nations dont se compose le peuple chrétien.
Ainsi lunion dAdam et dEve en une seule chair représentait lunion
de Jésus-Christ avec son Eglise : larche de Noé était limage du bois de la
croix réunissant près de lui et sauvant toutes les nations ; le sacrifice d'Abraham
préfigurait celui du Calvaire; les psaumes de David ont incessamment trait à
lempire de Dieu sur tous les peuples; ta pierre détachée de la montagne et
devenant elle-même une montagne qui remplit toute la terre, nest-ce pas
Jésus-Christ issu du peuple Juif par sa naissance virginale et exerçant sa puissance sur
le monde entier ? Et la conversion des Gentils à la foi nest-elle pas
laccomplissement des paroles adressées aux Juifs par Jean-Baptiste? Les deux
mesures représentent les circoncis et les incirconcis dont se compose le peuple
chrétien, elles trois mesures sont les trois races humaines dont les fils de Noé ont
été la source.
Haut du document
LE TEMPLE DE DIEU.
Jésus vint à
Capharnaüm avec sa mère, ses frères, cest-à-dire ses parents charnels; puis il
monta à Jérusalem. Arrivé au temple, il en chassa les vendeurs avec un fouet fait de
cordes. Ce fouet était une image de nos péchés, qui nous précipitent dans les
ténèbres extérieures ; les vendeurs de brebis et de colombes représentaient ceux qui
cherchent leur profit temporel dans la dispensation des dons du Saint-Esprit; les vendeurs
de boeufs figuraient ceux qui altèrent les oracles des Prophètes et des Apôtres pour
sattirer mie gloire humaine; à lexemple de Jésus nous devons être animés,
même dans nos il maisons, du zèle des intérêts de Dieu. Les Juifs lui demandèrent une
preuve du pouvoir en vertu duquel il agissait ainsi, et il
répondit : « Détruisez ce temple, et je le rebâtirai en trois
jours ». Il sagissait de son corps.
Haut du document
(Prêché un peu avant Pâques, daprès le
n° 1, et un Dimanche, daprès le traité suivant n° 1.)
LA SECONDE NAISSANCE.
Beaucoup croyaient au
Christ, mais il ne se fiait pas à eux; ils croyaient en lui à cause de ses miracles. De
ce nombre fut Nicodème, fidèle image des catéchumènes Cet homme vint de nuit à Jésus
pour être éclairé. il avait encore des pensées charnelles; cest pourquoi il ne
jugeait point sainement des choses spirituelles et ne comprenait pas quil pût y
avoir une seconde naissance puisée en Dieu et dans l'Eglise. Comme la naissance
corporelle, la naissance spirituelle est unique. Ainsi, parmi les enfants d'Abraham
dIsaac et de Jacob, il sen est trouvé pour recevoir la vie dune
esclave, et qui ont néanmoins hérité de leur père; dautres étaient nés
dune mère libre et nont eu aucune part à lhéritage paternel. De
même, parmi les enfants de lhérésie plusieurs seront sauvés, et parmi ceux de
lEglise catholique plusieurs seront condamnés Lhérétique et le catholique
doivent donc, pour parvenir au salut, non pas lutter avec celui qui a reçu le baptême
catholique et qui vit spirituellement, comme Israël luttait avec Isaac, et Esaü avec
Jacob; mais se rapprocher de lui par la soumission et sunir à lui par les liens de
la charité.
Haut du document
LA NAISSANCE SPIRITUELLE.
Lhomme ne peut
naître spirituellement quune seule, fois, comme il ne peut quune seule fois
naître corporellement, Quil reçoive le baptême dans lEglise catholique,
dans lhérésie ou le schisme, peu importe pourvu quil soit soumis à
Jésus-Christ. La naissance spirituelle est indispensable au salut, mais elle na
lieu quautant quon se rapproche du Sauveur par lhumilité. Pour
comprendre ce mystère, il faut croire à celui de lIncarnation du Verbe. Le Verbe
sest humilié jusquà la mort, afin de nous élever jusquà la vie
éternelle; mais tous ne participent point à sa rédemption, car il en est que leurs
péchés empêchent de croire. Reconnaissons et confessons nos fautes, et nous arriverons
à la foi et à la justification.
Haut du document
JEAN, TÉMOIN DU CHRIST.
Jusqu'alors Jean avait
rendu témoignage au Christ, sans néanmoins affirmer quil fut Dieu. Pour le voir
sous son enveloppe mortelle, il faut, comme les anges, le contempler des yeux de l'âme,
et se servir de son humanité afin de parvenir jusquà sa divinité. Jean baptisait
donc en Enon : Jésus aussi; de là, grande discussion entre les disciples de Jean et les
Juifs. Loin de se glorifier, le précurseur en prit occasion de shumilier : Je ne
suis pas le Christ, dit-il, je ne suis que lami de lépoux et je défends son
épouse par la pureté de ma charité et lunité de ma foi. Les hérétiques, qui
pensent avant tout à eux-mêmes, et prêchent la division imitent-ils Jean? Evidemment
non. Ne nous laissons donc séduire ni par leurs paroles, ni par leurs prodiges, et
conservons la simplicité de la foi dans l'union de la charité.
Haut du document
LE CHRIST, SOURCE DE TOUTE VÉRITÉ.
Saint Jean affirme
quil surabonde de joie, car il est uni au Sauveur par la foi et la charité; et,
continuant à professer lhumilité la plus profonde, il avoue que le Christ doit
être de plus en plus connu et glorifié, parce quil est la source de toute lumière
et de toute grâce, tandis que lui-même doit déchoir, chaque jour davantage dans
lopinion des hommes, parce quil nest rien et ne sait rien que par
lentremise du Verbe. En effet, le Verbe divin est seul pour avoir vu et entendu le
Père, pour avoir pu nous en parler. Les hommes, prédestinés à la damnation, ne
reçoivent point son témoignage; mais ses futurs élus savent quil est la vérité
même, puisque Dieu le Père lui a révélé tous les mystères de son essence infinie, et
quil la envoyé pour nous en instruire. Nul autre moyen de posséder la vie,
que de croire à sa parole.
Haut du document
LA SAMARITAINE.
Jésus, baptisant par
lui-même ou part ses disciples plus que Jean, et sachant que les Pharisiens prendraient
de là occasion de le persécuter, sen alla en Galilée et passa par Samarie. A six
heures, il se trouva près dun puits, et la fatigue du voyage ly fit asseoir.
Ce voyage figurait son Incarnation ; sa fatigue, la faiblesse où il sest réduit
pour nous rendre forts; lheure indiquait le sixième âge du monde, et te puits
marquait la profondeur de nos misères. Une femme, image de lEglise des Gentils,
vint puiser de leau et le rencontra. Après lui avoir demandé un peu deau
pour se rafraîchir, le Sauveur offrit à cette femme une eau qui étancherait sa soif
pour toujours ; mais, avec des idées toutes charnelles, elle ne pensait quà un
breuvage ordinaire, signe trop fidèle des voluptés mondaines, et non à cette boisson
spirituelle qui est la vérité. Alors le Christ lui dit dappeler son mari,
cest-à-dire demployer toute son intelligence à lécouter. Je nen
ai point. Cest vrai, car tu en as cinq, et celui que tu as nest pas le tien ;
en dautres termes, tu as eu pour guides tes sens corporels, et rien, sinon
lerreur, nest venu les remplacer. Appelle donc ton intelligence à ton aide.
Et elle lappela, et elle comprit quà la venue du Messie tonte séparation
cesserait entre es Juifs et les Samaritains ou Gentils, et elle reconnut le Messie dans
celui qui lui parlait, et elle crut en lui, et elle devint lapôtre des Samaritains
dont plusieurs crurent à ses paroles.
Haut du document
LE SERVITEUR DUN OFFICIER GUÉRI.
Après avoir séjourné
à Samarie, Jésus vint en Galilée, et alors se vérifia, une fois de plus, ce proverbe
« Un prophète nest jamais honoré dans son pays ». En effet, sans voir un
seul prodige, à sa seule parole, les Samaritains crurent au Christ. En Galilée on avait
sous les yeux ses miracles, et lon ne croyait pas en lui; un seul, un officier, eut
la foi, et encore, pour ly amener, fallut-il dabord guérir son serviteur. Les
Galiléens préfiguraient donc le peuple Juif, qui demeura incrédule en dépit des
merveilles opérées par le Sauveur; pour les Samaritains, ils étaient limage du
peuple chrétien, qui a embrassé la toi sans avoir été le témoin daucun de ses
miracles, et qui est devenu ainsi, par adoption, la race spirituelle dAbraham,
dIsaac et de Jacob.
Haut du document
GUÉRISON DU PARALYTIQUE.
Ce miracle est
limage de la guérison des âmes : de là son importance. La piscine figure le
peuple Juif, et les cinq portiques, la loi de Moïse qui ne justifiait aucun de ses
sujets. Il fallait que le Christ vint, par sa prédication, jeter le trouble parmi les
pécheurs; alors, quiconque croirait humblement en lui dans lunité de
lEglise, serait sauvé. Le paralytique, malade depuis trente-huit ans, représente
lâme pécheresse, qui nobserve point les deux préceptes de la charité, et
ne peut en conscience observer ni la loi ni lEvangile, figurés par le nombre
quarante. Pour le guérir, le Sauveur lui commande de prendre son lit sur ses épaules,
cest-à-dire daimer le prochain quil voit, et de marcher,
cest-à-dire den venir à aimer Dieu quil le voit pas. A sa voix, le
malade se lève, marche et finit par reconnaître son céleste médecin dans la solitude
du temple. Pour les Juifs, au lieu de voir en lui le Verbe, par qui Dieu fait toutes
choses, ils demeurent dans leur aveugle endurcissement.
Haut du document
LE VERBE ÉGAL AU PÈRE.
Les Juifs sirritaient de ce que le Christ
ségalait à Dieu, car ils ne voyaient en lui quun homme, et ny
apercevaient point le Verbe. Alors Jésus ajouta : « Le Fils ne peut rien faire
de lui-même que ce quil voit faire à son Père ». Les Ariens concluent de ces
paroles que le Fils est inférieur au Père; mais ils sont forcés davouer que le
Verbe est Dieu, quil est en Dieu, que tout a été fait par lui, et que, par
conséquent, les oeuvres du Père ne sont pas distinctes de celles du Fils. Mais comment
le Fils voit-il ce que fait le Père? Mystère inexplicable ! Servons-nous, toutefois,
dune comparaison tirée de la nature le notre âme. Il nen est pas delle
comme du corps: celui-ci peut exister sans voir ni entendre; pour celle-là, voir et
entendre par elle-même, cest lessence même de son être ; ainsi en est-il du
Verbe.
Haut du document
LES DEUX RÉSURRECTIONS.
Quiconque nhonore
pas le Fils, nhonore pas le Père, car il déclare par là ou que, par jalousie, le
Père na pas voulu engendrer son égal, on quil lui a été impossible de
lengendrer. Au contraire, le Fils étant le Verbe du Père, celui qui écoute le
Verbe et croit au Père, passe de la mort spirituelle à la vie de la grâce par la foi.
Cette vie, supérieure à celle du corps, le croyant la puise, non en lui-même, mais à
sa seule et véritable source, qui est Dieu, tandis que pour avoir été engendré par le
Père, le Fils a cette vie en soi, et la communique à ceux auxquels il veut la donner.
Comme Fils de Dieu, il ressuscite donc les âmes ; comme Fils de lhomme, il
ressuscitera aussi les corps, parce que son Père lui a donné le jugement. Il sera seul
à juger les vivants et les morts, afin que les méchants ne puissent voir en lui la forme
de Dieu, et aussi pour glorifier sa vie sainte.
Haut du document
UNITÉ DACTION DANS LA SAINTE TRINITÉ.
Quoiquil soit
dit, dans lEcriture, que Dieu se reposa le septième jour, cette parole du Sauveur
est vraie : « Le Père agit toujours ». En effet, si le Fils agit, cest
par le Père, car, en lui, voir et être, exister et pouvoir agir sont la même chose;
puisque le Père lui a donné lêtre, il lui a donc aussi donné ta puissance. De
là, néanmoins, il ne suit pas que le Fils soit inférieur au Père étant inséparables
lun de lautre, et tous deux éternels, loin dagir lun sans
lautre, ils agissent par ensemble et pareillement. Pour se faire, autant que
possible, une idée de ce mystère, il faut sélever par de là le monde des esprits
jusquà Dieu, comme lapôtre saint Jean.
Haut du document
LES OEUVRES DU CHRIST.
«Le Fils ne fait que ce quil a vu
faire à son Père, et le Père lui montre tout ce quil fait», cest-à-dire,
le Père est larchétype de toutes les créatures; il les voit en lui-même, et
cette vision et la science qui en résulte, ne sont autre chose que son Verbe : de là il
suit que, pour le Verbe, voir, apprendre, connaître, cest être. Quant au Christ
considéré comme homme et comme représentant de tous les membres de lEglise, Dieu
doit lui montrer à opérer des merveilles plus admirables que la guérison dun
paralytique. Comme Dieu, il ressuscitera les morts à la fin du monde. Comme homme, il les
jugera, afin que tous lhonorent de la même manière quils honorent le Père.
Haut du document
LE CHRIST, VIE ET RÉSURRECTION.
Ecouter le Sauveur et
croire à sa parole, cest la condition requise pour parvenir à la vie spirituelle,
qui est la véritable vie, et ne pas être soumis à un jugement de condamnation. La vie
spirituelle consiste dans la justice et la charité ; le moment dy arriver dure
depuis lavènement du Christ et durera jusquà la fin du monde. Jésus-Christ
en est la source, car il la possède en lui-même, et non par emprunt. Quant à la
résurrection des corps, il lopérera plus tard, et, alors, il jugera les hommes
suivant les règles de la justice éternelle, et la volonté de son Père.
Haut du document
LES OEUVRES DU CHRIST.
Saint Jean, les
Prophètes, les Apôtres, nétaient pas la véritable lumière, ils nétaient
que des lampes; leur témoignage en faveur du Christ avait donc moins de prix que celui du
Christ lui-même et de ses oeuvres. Les âmes trouvent leur vie uniquement en Dieu; le
Père les crée et les fait sortir du tombeau du péché par le Fils, car il lui montre ce
quil doit faire, le Fils le voit; de cette démonstration du Père et de cette
intuition du Fils, qui nont aucune analogie avec une démonstration et une intuition
humaines, résultent la création et la résurrection des âmes. Comme Dieu, le Christ
produit donc, dans le domaine des âmes, dadmirables opérations : comme
homme, il ressuscitera les corps, et, en ce pouvoir, il puise un droit imprescriptible à
notre foi et à notre respect.
Haut du document
LA MULTIPLICATION DES PAINS.
Les miracles procèdent du même
pouvoir divin que toutes les oeuvres quotidiennes du Très-Haut, mais ils nous étonnent
davantage parce quils sont plus rares, et ils reportent plus efficacement nos
pensées vers lui : ils sont dailleurs un livre où nous apprenons à connaître
leur auteur. En présence dune multitude affamée, Jésus demande à Philippe
comment on pourra la nourrir. « Il y a là », dit André, « cinq pains dorge
et deux poissons; mais quest-ce que cela pour tant de monde ? »Les cinq pains
représentaient les cinq livres de Moïse, les deux poissons figuraient le sacerdoce et la
royauté, tous deux symboles du Christ, prêtre et roi; leur multiplication signifiait la
lumière jetée par lEvangile sur la loi mosaïque; les cinq mille personnes
rassasiées étaient lemblème du peuple soumis à cette loi ; lherbe était
limage du sens charnel quil y attachait; les restes de ce repas signifiaient
les vérités que la foule ne peut comprendre et doit croire; enfin, le miracle lui-même
donnait la preuve que le Christ était un Prophète et le maître des Prophètes.
Haut du document
JÉSUS, SOURCE DE TRANQUILLITÉ ET DE VIE.
Jésus-Christ, comme Dieu, est roi de
lunivers; comme homme, il régnera sur les élus dans le ciel : mais, en le voyant
multiplier les pains, ses disciples et les Juifs voulaient lui donner une royauté
temporelle, ignorant quil dût sélever dabord sur le Calvaire ; il
senfuit donc sur la montagne. Pendant son absence, les Apôtres sen
retournèrent à Capharnaüm ; en traversant la mer ils furent assaillis dune
violente tempête. Leur barque était limage de lEglise ; la tempête, celle
des calamités qui doivent la tourmenter ici-bas sans pouvoir la faire périr. Enfin, le
Sauveur vint sur les eaux, la nacelle aborda au rivage, et la tranquillité se
rétablit. Avec Jésus, le chrétien foule aux pieds le monde et ses traverses, et il
arrive sain et sauf à la bienheureuse éternité. Le lendemain, ta foule retrouve le
Sauveur à Capharnaüm et sempresse autour de lui Ne me cherchez point pour le pain
matériel que je pourrais vous donner, mais pour la vie éternelle dont je suis la source,
comme Fils de Dieu : pour avoir la vie, croyez en moi. Quel signe nous
donnerez-vous pour nous aider à croire en vous ? Si Moïse vous a donné la manne,
Dieu vous donne un aliment bien supérieur, le vrai pain de vie, et ce pain, cest
moi, soyez, comme moi, humbles et soumis à la volonté de Dieu, et vous me serez unis, et
vous aurez toujours en vous le repos , et la vie.
Haut du document
LA FOI EN JÉSUS-CHRIST.
Parce que les Juifs
navaient pas soif de la justice, ils ne comprirent point que Jésus était le vrai
pain descendu du ciel ; ils murmurèrent donc en entendant ses paroles : en cela rien
détonnant. Pour croire au Christ, il faut être attiré h. la foi par la grâce
divine, qui, en nous instruisant, nous amène, dune manière efficace, mais
librement, au bien par lorgane le Jésus-Christ, Fils de Dieu incarné. Comme il est
le pain de vie, croire en lui, cest avoir la vie éternelle de lâme. La manne
du désert na pu la donner aux Israélites, parce quils manquaient de foi :
lEucharistie ne la pas davantage procurée fleurs descendants, pour la même
raison, car elle nest pain de vie que pour les croyants. Celui donc qui mange ce
pain dans les sentiments de la foi et de la charité, possède la vie éternelle de
lâme, et le principe de la résurrection de son corps.
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CEST LESPRIT QUI VIVIFIE.
Les adversaires de Jésus ne furent pas seuls à murmurer de ses paroles : ses
disciples en firent autant. Vous ne savez ce quest ma chair, ni ce quelle sera
un jour, leur dit le Sauveur, car vous en jugez dune façon matérielle et
grossière cest pourquoi vous en jugez faux mes paroles sont spirituelles, et quand
je dis quil faut manger ma chair, jentends quil faut faire un avec moi.
Vous ne croyez pas en moi, voilà pourquoi vous ne me comprenez pas; et, si vous ne croyez
pas en moi, cest que mon Père ne vous en a pas fait grâce. Beaucoup
séloignèrent alors de Jésus; mais les douze quil avait choisis, même Judas
malgré son indignité, restèrent avec lui, parce que la foi leur avait donné de saisir
le vrai sens de son discours. Puissions-nous entrer dans leurs sentiments et suivre leur
exemple!
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LE DIEU HOMME.
Jésus-Christ était en
même temps Dieu et homme; comme Dieu, possédant une puissance infinie; comme homme,
souffrant et donnant à ses membres fidèles lexemple de ce quils peuvent et
doivent faire. pour éviter les persécutions des Juifs, il s'était retiré en Galilée,
Au moment de la scénophagie, ses parents, hommes charnels, auraient voulu le décider à
se rendre à Jérusalem pour ly voir opérer des miracles et acquérir un renom.
Mais lheure de la gloire nétait pas encore venue pour lui; elle ne devait
sonner quaprès une vie dhumiliations et doublis; aussi ne monta-t-il au
temple que vers le milieu de la fête, et en secret, afin de ne pas mériter les éloges
des mondains. Ainsi doit-il en être de nous pendant le pèlerinage de cette vie : nous ne
devons chercher à être connus et glorifiés de personne ici-bas : la gloire du ciel est
la seule à laquelle nous devons tendre.
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LHOMME-DIEU.
En entendant le Christ,
les Juifs, qui ne voyaient en lui quun homme, ne pouvaient sexpliquer comment
il savait si bien lEcriture sans avoir rien appris. Sils avaient eu la foi,
ils auraient compris quil était Dieu et Verbe du Père, que, par conséquent, il en
était lorgane, et que de là venait sa science étonnante ; mais ils ne croyaient
pas en lui, ni la foi ni la charité ne les animait; aussi ses humiliations, au lieu de
leur faire reconnaître son infinie grandeur, ne leur laissaient-elles apercevoir que son
humanité.
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IMPARTIALITÉ.
A la vue du miracle
opéré par Jésus-Christ le jour du sabbat, les Juifs sétaient scandalisés.
Moïse, leur dit Jésus, vous a commandé la circoncision pour le huitième jour, et vous
la pratiquez sans scrupule le Jour du sabbat, et vous me défendez de guérir un homme La
circoncision était ta figure de la guérison spirituelle, et vous trouvez mauvais que je
délivre une âme du péché! Vous buvez et mangez pour lentretien de votre santé,
et il me serait interdit de rendre la santé à un malade! Jugez donc impartialement des
hommes et des choses.
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LE CHRIST-DIEU MÉCONNU DES JUIFS.
Le Christ était homme;
cest pourquoi ses ennemis connaissaient à peu près tout ce qui le concernait comme
tel, et voulaient lemparer de lui : il était aussi Dieu, mais ils ignoraient
quil le fût voilà néanmoins le motif qui les empêcha de semparer de lui
avant lheure quil avait librement fixée. Aujourdhui, ils le
méconnaissent malgré ses miracles; plus tard, après sa résurrection, ils devront le
chercher sans le reconnaître davantage : cette grâce est dabord réservée aux
Gentils lui devaient croire en lui, quoiquils neussent pas été les témoins
de ses oeuvres merveilleuses.
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LES DONS DU SAINT-ESPRIT.
Ce que nous aimons le
plus dans nos semblables, cest leur âme, parce quelle est supérieure au
corps ; mais Dieu qui est le maître de nos âmes, ne devons-nous pas laimer
par-dessus toutes choses? Si nous avons soif de lui, nous recevrons lEsprit-Saint,
et en lui nous trouverons lunion avec les autres membres de lEglise, et cette
précieuse charité qui fera notre bonheur ici-bas et dans le ciel.
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LA FEMME ADULTÈRE.
Au lieu de croire en
Jésus comme les émissaires quils avaient envoyés pour semparer de lui, ou
comme Nicodème, ses ennemis cherchaient toutes les occasions de le mettre en
contradiction avec lui-même et avec la loi, afin de le faire condamner par le peuple. Ils
lui amenèrent donc une femme surprise en adultère, voulant lui reprocher, sil la
condamnait, sa dureté; sil la renvoyait absoute, son impiété : sans blesser les
règles de la douceur, ni le respect dû à la loi, il leur rappela les imprescriptibles
exigences de la justice, qui refuse à des coupables le droit de punir dautres
coupables. Ne comptons point exclusivement sur ta bonté ou sur la sévérité de Dieu, et
en nous tenant éloignés de la présomption et du désespoir, nous resterons dans la
vérité.
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JÉSUS, LUMIÈRE DE VIE.
Jésus est la lumière
du monde, non pas une lumière matérielle, mais la lumière incréée qui est Dieu : il
est aussi source de vie; et comme, en Dieu, la lumière et la vie se trouvent réunies,
nous en jouirons au ciel pendant léternité. Pour y parvenir, il nous faut ici-bas
suivre Notre-Sauveur, imiter ses vertus, et quand nous aurons victorieusement lutté
coutre les ennemis de notre salut, nous entrerons en possession de la lumière et de la
vie éternelles, promises comme récompense à nos généreux efforts.
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LE CHRIST SE REND TÉMOIGNAGE.
Les Juifs récusaient
le témoignage du Sauveur ; mais ce témoignage nétait pas seul en sa faveur, il
était appuyé sur celui des Prophètes. Dailleurs, Jésus-Christ nétait-il
pas la lumière véritable ? Une lumière, en montrant les objets environnants, ne
peut-elle servir à se manifester elle-même ? Sil a envoyé les Prophètes devant
lui, cétait afin de sen servir comme de lampes, et de ménager la faiblesse
des yeux de notre âme. Un jour, dans le ciel, il nous apparaîtra tel quil est, et
nous contemplerons, sans ombre et sans nuage, la splendeur de ses rayons.
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LE CHRIST, UN AVEC LE PÈRE.
Il y a deux natures en
Jésus-Christ, mais les Juifs, qui jugent selon la chair, nen reconnaissent
quune. Le Sauveur ne les imite pas, il ne juge personne, il se montre
miséricordieux jusquà la mort de la croix, et sil juge il ne se trompe
nullement, car son Père est avec lui. Cest là un mystère puisé par saint Jean
dans le sein même de Dieu et quil est difficile de saisir; mais cest une
vérité catholique. Le Christ nest donc pas seul, car, sil est homme, il est
en même temps Dieu, et, comme tel, une même chose avec le Père, inséparable de lui,
quoique personne distincte; dès lors quil se rend témoignage, sa parole est vraie,
puisqu'elle est la parole du Père et loracle de lEsprit-Saint.
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LE CHRIST, SEMBLABLE AU PÈRE.
N'envisageant en
Jésus-Christ que son humanité, ses ennemis lui demandent où est ton Père. Le Sauveur
leur répond sévèrement que s'ils le connaissaient lui-même, ils connaîtraient par là
même son Père. En effet, il est semblable à lui, de même nature que lui, une seule et
même chose avec lui, en tant que Dieu ; quoique différents de personne, ils sont donc
tous deux pareils. Confondus, mais non convaincus par ces paroles, les Juifs se retirent
sans lui faire de mal, parce que le moment qu'il a librement choisi comme maître du
monde, des astres et des hommes, n'est pas encore venu pour lui de mourir en notre faveur.
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LE CHRIST, PRINCIPE.
Jésus avertit les
Juifs quils chercheront à le connaître, mais que leurs efforts naboutiront
point, parce quils ont, à son sujet, des idées charnelles, et quils mourront
dans leurs péchés parce quils nauront pas la foi La seule condition pour ne
pas mourir ainsi, cest de croire que le Christ est, en lui-même, sans changement
daucune sorte; en un mot, quil est le principe,la source de la vie pour toutes
choses.
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LA TRINITÉ, PRINCIPE.
Jésus se dit le
principe, mais il ne lest pas seul; car il partage avec les deux autres personnes de
la Trinité, et celles-ci partagent avec lui cette propriété. La paternité est propre
au Père, la filiation au Verbe, la Procession au Saint-Esprit; mais en tout le reste, les
trois personnes divines ont la même nature et ne font quun Dieu, un principe. Par
là même quil est inséparable du Père, et que le Père est véridique, les
jugements du Fils sont fondés sur la vérité même.
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LE CHRIST DIEU.
Le Sauveur proclamait
sa divinité, mais la gloire de sa résurrection et les prodiges qui devaient la suivre ,
étaient destinés à la faire briller dun vif éclat, à convertir un grand nombre
dhommes. Oui, de tous ces événements devait ressortir la preuve que le Christ est,
quil a été engendré avant tous les temps par le Père, quil est la vérité
même. Ces événements sont pour nous un puissant motif de persévérer dans la foi;
notre persévérance nous conduira des ombres de la foi à la claire vue de la vérité.
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LA LIBERTÉ.
Le Sauveur ayant dit
que la vérité affranchirait ceux qui croiraient en lui, ses interlocuteurs en prirent
occasion de sirriter, comme si le peuple juif navait jamais subi et ne
subissait pas encore le joug de létranger. Sils avaient été moins charnels,
ils auraient compris quil nétait nullement question dun esclavage
matériel. Jésus-Christ avait voulu parler de la servitude spirituelle du péché, car
dans létat de péché on ne sappartient plus, on est aux ordres de ses
passions, et lunique moyen dy échapper, cest de suivre la voie des
commandements et des exemples du Sauveur; à mesure quon savance dans le
chemin des vertus chrétiennes, on sémancipe on devient plus libre, mais la
liberté ne devient complète quau moment où lon contemple la vérité en
face dans le ciel.
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LES JUIFS, ENFANTS DU DÉMON.
Les Juifs se
prétendaient libres, parce quils descendaient dAbraham et quils
étaient les enfants de Dieu ; mais Jésus leur montre que sils tenaient
dAbraham et de Dieu leur existence matérielle, ils nen étaient pas
spirituellement les fils à cause de leurs désordres, de leur incrédulité et de leurs
vices : ils nétaient, à vrai dire, que les héritiers du démon, et
parce que le démon est le Père du mensonge, ils nécoutaient point le Sauveur, qui
est la Vérité, qui est de Dieu.
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JÉSUS, FILS DE DIEU.
Ne sachant que
répondre au Sauveur, les Juifs lui dirent : « Tu es un démon » . Non,
je nen suis pas un, car si je me rends témoignage à moi-même, ce nest point
par orgueil ; jai pour moi le témoignage non équivoque de mon Père, et si vous
croyiez en moi vous ne mourriez pas, car celui qui garde ma parole vivra toujours.
Voilà bien une preuve sans réplique, que tu es possédé du démon ! Non, je
dis la vérité. Si vous devez vivre toujours en gardant ma parole, cest que je vous
communiquerai la vie, car « Je suis ». Telle a été la cause des tressaillements de
joie qua ressentis Abraham. A ces paroles on voulut le lapider, mais il sen
alla.
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LAVEUGLE-NÉ.
Laveugle-né
était la figure du genre humain précipité dans les ténèbres spirituelles par le
péché dAdam; pour sortir de cet aveuglement de lâme, il lui faut
sapprocher du Fils de Dieu fait homme et croire en lui . à celte condition la vue
lui sera donnée; car si Jésus-Christ est venu pour épaissir les ténèbres où vivent
ceux qui ne veulent pas ouvrir les yeux à la lumière de la vérité, il est venu aussi
pour éclairer ceux qui avouent humblement avoir besoin de lui.
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LA PORTE ET LE PASTEUR.
Jésus-Christ est cette porte : si on ne passe point par
elle, les meilleures oeuvres sont inutiles. Par conséquent, ni les païens, ni les Juifs,
assez aveugles pour ne pas reconnaître le Fils de Dieu fait homme, ne pouvaient ni se
sauver eux-mêmes, ni sauver leurs disciples; de môme en est-il des hérétiques. Ses
brebis sont ceux qui ont écouté avec docilité le Sauveur, soit dans la personne des
prophètes, soit dans sa propre personne, qui ont été prédestinés, qui persévèrent
dans le bien jusquà la fin : ceux-là entrent parla porte dans lÉglise où
ils se sanctifient, et, plus tard, ils sortent encore par la porte pour être admis dans
le ciel.
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LE PORTIER, LE MERCENAIRE ET LE LOUP.
Jésus-Christ, tout à
la fois porte et pasteur, est aussi le portier ; cest. en effet, par sa grâce, que
nous le connaissons ; il souvre lui-même à nous en nous enseignant la vérité qui
est lui-même. Bien différents du bon Pasteur sont les mercenaires qui
soccupent de leurs intérêts propres avant de soccuper des intérêts de leur
troupeau. Il y a si peu de bons pasteurs, que les mercenaires sont indispensables: il faut
les écouter dans ce quils disent, sans les imiter dans ce quils font.
Quant au loup, cest le démon ; par la crainte, il met en fuite le mercenaire, mais
il ne peut faire trembler le bon pasteur.
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PASTEUR ET PORTE.
Jésus-Christ nourrit
ses brebis du pain de la vérité; cest par sa grâce que les prédicateurs ont
entrée dans lesprit des fidèles pour y porter la connaissance du bon Pasteur. Il y
entre donc par lui-même. Il est aussi exclusivement la porte qui nous conduit au Père,
car il a quitté son âme, il est mort pour nous; oeuvre dautant plus méritoire
quelle fut leffet de sa pleine liberté, bien que son Père la lui eût
commandée.
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LE CHRIST, FILS DE DIEU.
A loccasion de la
Dédicace, les Juifs rencontrèrent Jésus au temple, et voulant le surprendre dans ses
paroles, ils lui demandèrent sil était le Christ. En leur faisant dire ce
quils ne voulaient pas, il les amena jusquà leur parler de sa qualité de
Fils de Dieu, de sa puissance, de ses oeuvres ; puis, comme ils prenaient des pierres pour
les lui jeter, il se retira au-delà du Jourdain, et y trouva des hommes qui crurent en
lui.
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RÉSURRECTION DE LAZARE.
Le Christ a ressuscité
trois morts pour manifester sa puissance. La mort corporelle est limage de la mort
spirituelle, avec cette différence, néanmoins, quon redoute lune et
quon ne craint guère lautre : la résurrection des corps est aussi
lemblème de celle des âmes par la foi. Si la fille de Jaïre et le fils de la
veuve de Naïm figurent les pécheurs non invétérés de pensée et daction, Lazare
représente ceux qui se trouvent plongés dans la corruption de mauvaises habitudes. Sa
résurrection miraculeuse devait être une preuve de la divinité du Christ. En raison de
la mauvaise volonté des Pharisiens, les Apôtres voulaient le dissuader de se rendre à
Béthanie, mais Jésus, après les avoir rappelés au devoir, et leur avoir appris ce
quest la mort avant le jour du jugement, sen alla, et ils le suivirent. Avant
de ressusciter Lazare, il déclara à Marthe quil est principe de vie pour le corps
et pour lâme ; que quiconque croit, vivra toujours de la vie de la grâce. Arrivé
prés de Marie, il frémit et pleura pour donner au pécheur lexempte de ce
quil doit faire pour revenir à la vie de lâme. La suite indique comment les
esclaves des mauvaises habitudes parviennent à en obtenir le pardon et à en sortir. A la
suite de ce miracle eurent lieu et un grand émoi parmi les Pharisiens, et la prophétie
de Caïphe.
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LE VASE DE PARFUMS.
On se trouvait à la
fête de Pâques, figure de la vraie Pâque, et les Pharisiens incrédules voulaient se
saisir de Jésus pour le perdre et se perdre du même coup. Puissent leurs descendants
mériter par leur foi de le saisir pour se sauver ! Sur ces entrefaites, Jésus vint
souper à Béthanie, et Marie versa sur ses pieds un vase de parfums. Ces parfums étaient
lemblème des bonnes oeuvres du chrétien, qui portent la vie ou la mort dans
lâme de ceux qui en sont témoins, suivant les intentions quils apportent à
les voir : témoin Judas, qui prit scandale de laction méritoire de Marie. A ses
réflexions déplacées, Jésus fit une réponse qui dut lui donner occasion de rentrer en
lui-même.
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HOSANNA.
Après la résurrection
de Lazare, une foule de peuple vint au-devant de lui, le saluant du nom de Fils de David,
etc., et Jésus entra à Jérusalem sur une ânesse accompagnée de son ânon, figure de
ceux dIsraël qui ne croiraient pas et de ceux qui croiraient en lui. Alors
sapprochèrent de lui des Gentils qui étaient venus à la fête, et il en prit
occasion de parler de sa glorification précédée de sa passion. Promettant une
participation à sa gloire à ceux qui renonceraient même à leur vie pour le servir.
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PASSION ET GLOIRE.
Le Christ pour nous encourager à le suivre jusquà la mort, a bien voulu
emprunter à notre humanité sa faiblesse et ses craintes, et nous montrer, dans la
défaite du démon et la gloire qui devait lenvironner après sa passion, la
promesse de la gloire éternelle après sa passion, la promesse de la gloire éternelle
qui couronnera nos propres souffrances.
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INCRÉDULITÉ VOLONTAIRE.
Malgré ses miracles,
les Juifs ne croyaient pas en lui, et ainsi saccomplissait en eux cette prophétie :
A qui le bras de Dieu, cest-à-dire, son Fils, par qui il a fait toutes choses,
a-t-il été révélé ? Ainsi encore, ils recueillaient ce que Dieu avait prévu
comme devant être le fruit et la punition de leur mauvaise volonté. De même en est-il
encore aujourdhui des orgueilleux.
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LA DIVINITÉ DU CHRIST.
Dans la crainte de voir
ses auditeurs le regarder comme un simple homme, Jésus leur dit que qui croit en lui
croit en son Père ; et pour leur montrer quil est Dieu, il ajoute : Qui me voit,
voit mon Père ; aussi, je jugerai, à la fin, les hommes rebelles à mes paroles, puisque
ce ne sont pas mes paroles, mais celles que le Père ma enseignées en
mengendrant de toute éternité.
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LA PÂQUE.
La fête de Pâques, cest-à-dire, du passage des
Israélites dans la terre promise, était lannonce et la figure du passage de
Jésus-Christ de ce monde à son Père, de notre passage de létat du péché à
létat de la grâce. En cette fête, le Sauveur, qui devait donner à ses disciples
la preuve du plus sincère amour en mourant pour eux, se mit à laver leurs pieds, même
ceux de Judas, continuant ainsi à pratiquer lhumilité manifestée dans son
Incarnation.
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LE LAVEMENT DES PIEDS.
Sétant levé de
table et ceint dun linge, le Sauveur sapprocha de Pierre pour lui laver les
pieds; à cette vue, Pierre sécria: Non, Seigneur ! Alors, tu
nauras point de part avec moi. Lavez-moi donc aussi la tête et les
mains. Celui qui est pur na besoin que de se laver les pieds. En effet,
si pures que soient notre conscience et nos intentions, nous touchons au monde, au moins
par nos pieds, cest-à-dire, nos affections, et il est impossible que ce contact ne
nous communique pas quelque souillure.
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LA POUSSIÈRE DU MONDE.
LEglise craint
pour ses prédicateurs, car ils peuvent se laisser entraîner à lorgueil dans le
ministère de la parole ; elle craint que ceux qui les écoutent ne voient leur charité
saffaiblir et séteindre au contact du monde ; c est pourquoi elle
voudrait que les premiers prédicateurs de lEvangile, si purs et si saints, pussent
revenir en ce monde pour la conduire, exempte de souillures, à Jésus-Christ.
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JÉSUS NOTRE MAÎTRE ET NOTRE MODÈLE.
Quand le Sauveur eut
lavé les pieds de ses Apôtres, il leur dit quil était leur Maître et quils
devaient limiter. Il pouvait, sans péché, leur tenir ce langage, puisquil
était réellement leur Maître et quils avaient besoin de le savoir. Si nous
parlons de nos qualités, que ce soit dans la vérité et le Seigneur : et notre Maître
nayant pas dédaigné dexercer la charité à légard de ses disciples,
en leur lavant les pieds, pardonnons au prochain ses fautes et prions pour lui.
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IMITER JÉSUS-CHRIST.
Les paroles du Sauveur,
qui vont du v. 16 au v. 20, se résument en celles-ci : Si vous vous rappelez que vous
êtes mes disciples, vous suivrez mon exemple, et vous serez bienheureux, car vous serez
dautres moi-même, vous serez les représentants de mon Père.
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LE TROUBLE DE JÉSUS.
Au moment où Judas
allait sortir pour consommer son crime, le Sauveur tomba dans le trouble ; cétait,
chez lui, un effet, non de la faiblesse, mais de la volonté ; et ce trouble, il
léprouva soit par compassion pour le traître, soit afin de nous venir en aide dans
les circonstances où notre âme subit le contre-coup des épreuves de la vie.
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JUDAS.
Jésus ayant dit à ses
Apôtres : Un dentre vous, cest-à-dire, lun de vous, qui ne partage pas
vos sentiments, me trahira, ils se regardèrent tous, et sur un signe de Pierre, Jean le
bien-aimé demanda qui était celui-là. Cest celui à qui je vais donner du
pain trempé. Et le Sauveur en donna à Judas Iscariote.
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JUDAS POSSÉDÉ DU DÉMON.
Suivant quon y
apporte de bonnes dispositions ou de mauvaises, ce quon reçoit produit le bien ou
le mal : aussi, à peine Judas eut-il reçu, de la main du Sauveur, le pain trempé, que
Satan sempara définitivement de lui, et que, sur une parole de Jésus, il sortit du
cénacle pour aller le livrer à ses ennemis.
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GLORIFICATION DE JÉSUS.
Judas étant sorti du
cénacle, et ny ayant vu que les vrais apôtres, Jésus leur dit que des lors il
était glorifié; car la séparation du traître davec ses condisciples figurait la
séparation qui doit sétablir entre les bons et les méchants, quand lheure
de la glorification finale aura sonné pour lui ; et comme Dieu le Père se trouvait
honoré par la soumission de son Fils, au moment de la Passion, il devait le glorifier
bientôt lui-même par le prodige de sa résurrection.
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PERMANENCE ET DÉPART.
Le Sauveur annonce à
ses Apôtres, pour quils ne se désolent pas, que sil doit être bientôt
glorifié par son Père, il restera néanmoins encore un peu avec eux, mais quil
sen séparera ensuite pour aller dans le ciel, où ils ne le suivront que plus tard,
lorsquils lauront mérité.
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LE COMMANDEMENT NOUVEAU.
Jésus donne à ses
Apôtres un commandement nouveau, celui de saimer dun amour pur, spirituel,
pour Dieu, et, par là même, daimer Dieu : ce doit être le signe particulier
auquel on les reconnaîtra pour ses disciples.
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PRÉSOMPTION ET INCAPACITÉ.
Dans sa vivacité,
Pierre avait demandé à Jésus où il allait. Où tu ne peux venir maintenant.
Jirai partout avec vous. Avant que le coq chante, tu me renieras
trois fois. Reniant son Maître, Pierre pouvait-il le suivre ?
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UVRES COMPLETES TOME XI
TRAITÉS SUR L'ÉVANGILE DE SAINT JEAN.
TRANQUILLITÉ.
Les Apôtres étaient troublés a la pensée de la mort de leur
Maître et du sort qui leur était réservé. Tranquillisez-vous, leur dit Jésus, car si
je meurs comme homme, comme Dieu je ne puis mourir; sachez aussi que je vous préparerai
une place dans la maison de mon Père, où se trouvent plusieurs demeures, conformes aux
mérites de chacun des élus.
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LES DEMEURES DE LA MAISON DE DIEU.
Il y a plusieurs demeures dans la
maison de Dieu : préparées en droit par la prédestination, elles nous sont préparées
de fait par Jésus-Christ, puisque la maison de Dieu est son royaume, que nous sommes
nous-mêmes ce royaume, et que, par la grâce du Sauveur, nous nous préparons à en faire
partie ; mais nous ne pouvons y parvenir effectivement qu'autant que Jésus-Christ n'est
pas visible au milieu de nous, c'est-à-dire, qu'autant que nous vivons de la foi.
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LE CHRIST, VOIE, VÉRITÉ ET VIE.
Jésus-Christ la Voie, la Vérité et
la Vie ; c'est donc par lui que nous irons occuper la place qu'il nous prépare au ciel,
et c'est à lui que nous irons : de même son humanité sainte a été élevée au ciel
par là puissance du Verbe, et s'est trouvée unie à lui dans le séjour de la gloire.
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LE FILS SEMBLABLE AU PÈRE.
Il est la voie qui conduit au Père, et
comme il lui est en tout semblable, puisqu'il a la même nature divine, celui qui le
connaît connaît aussi le Père sans l'avoir vu.
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LE FILS ENGENDRÉ DU PÈRE.
Le Fils est
égal et semblable au Père, c'est pourquoi ils sont inséparables et l'un dans l'autre.
Néanmoins, comme le Fils n'est pas de lui-même, puisqu'il a été engendré par le
Père, les paroles qu'il dit et les oeuvres qu'il fait viennent du Père : ceux qui ont la
foi font des oeuvres en paroles et en actions aussi grandes et même plus grandes que
celles du Fils.
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D'après la parole infaillible de
Jésus-Christ, celui qui croit, fait des oeuvres aussi grandes et même plus grandes que
celles qu'opère le Fils de Dieu, puisque ses fidèles ont converti le monde, fait
pratiquer des vertus inouïes, et que ceux qui ont cru en lui se sont changés eux-mêmes,
mais avec sa grâce.
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CONDITIONS ET EFFETS DE LA PRIÈRE.
Si l'on a la foi, on obtient tôt ou
tard ce qu'on demande, parce qu'on le demande pour une bonne fin et au nom de
Jésus-Christ.
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LE DON DE L'ESPRIT-SAINT.
Pour accomplir le moindre devoir, il
faut l'assistance du Saint-Esprit; mais pour le posséder parfaitement, d'une manière
permanente et intime, pour le bien connaître, il est indispensable d'observer les
commandements de Jésus-Christ. Nous recevons donc le Saint-Esprit dans une mesure
proportionnée à notre fidélité à ses ordres.
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RÉCOMPENSE DE LA FIDÉLITÉ A JÉSUS-CHRIST.
Le Sauveur promet à ses Apôtres,
s'ils sont fidèles à ses commandements, non-seulement de se manifester à eux après sa
résurrection, mais aussi de leur communiquer la vie éternelle, et de se faire voir à
eux pendant l'éternité.
Haut du document
MANIFESTATION DE DIEU.
Jésus-Christ se manifeste à ceux qui
l'aiment, intérieurement en ce monde, et dans le ciel il se manifestera à eux pour
toujours, tandis que les mondains ne verront qu'un instant son humanité au jour du
jugement, et jamais ils ne le contempleront dans son essence divine, parce qu'ils ne
l'aiment pas.
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LE SAINT-ESPRIT ET LA PAIX.
En quittant ses Apôtres, le Sauveur
leur promet l'assistance du Saint-Esprit, qui les instruira à sa place, comme
distributeur de la grâce divine ; ensuite il leur donne la paix, autant qu'une âme
fidèle peut la posséder en ce monde, en attendant qu'elle jouisse, dans le ciel, de la
paix inaltérable qui est Dieu lui-même ; paix que les mondains ne peuvent goûter les
uns avec les autres, loin de Jésus-Christ.
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JÉSUS-CHRIST, DIEU ET HOMME.
Les Apôtres se troublaient de voir le
Sauveur s'éloigner d'eux ; mais il les console en leur rappelant que, s'il les quitte, ce
n'est pas comme Dieu, et que, en qualité d'homme, il va être glorifié pat son Père. Si
donc ils l'aiment, ils doivent plutôt se réjouir que se contrister.
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PROPHÉTIE DU CHRIST, SOURCE DE FOI.
Le Sauveur, voulant prémunir ses
Apôtres contre le scandale de sa passion et corroborer leur foi, leur avait prédit ce
qui devait lui arriver de la part du démon, quoiqu'il ne fût pas soumis à sa puissance
en raison de son impeccabilité, mais par la volonté du Père.
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JÉSUS-CHRIST, VIGNE ET VIGNERON.
Le Sauveur est, comme homme, la vigne,
c'est-à-dire le cher de l'Eglise, tandis que nous en sommes les branches ou les membres :
comme Dieu, il est, aussi bien que le Père, le vigneron qui retranche les bourgeons
improductifs et émonde par la parole de la foi ceux qui rapportent du fruit.
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LA VIGNE ET LES BRANCHES.
De même que les branches de la vigne
ne peuvent avoir de sève et porter de fruit qu'autant qu'elles adhèrent au cep, de même
nous ne pouvons rien faire dans l'ordre du salut sans l'union avec Jésus-Christ ; mais,
dès lors que nous sommes unis à lui par la grâce et la fidélité à ses commandements,
nous pouvons demander tout ce qui est vraiment utile à notre âme, et nous l'obtiendrons.
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GLOIRE DE DIEU.
Le Père est glorifié par nos bonnes
oeuvres et notre foi ; et c'est afin que nous puissions l'aimer et garder ses
commandements qu'il nous a aimés le premier, qu'il nous a donné son Fils ; aimons-le
donc, soyons-lui fidèles comme Jésus-Christ, notre médiateur, l'a aimé et lui est
resté fidèle.
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LA JOIE, FRUIT DE LA CHARITÉ.
La joie que Jésus-Christ ressent de
nous voir appelés existait en lui de toute éternité, en raison de sa prescience ; en
nous, elle n'a pu commencer qu'au baptême, elle ira en augmentant suivant nos mérites
jusqu'au moment où elle se consommera dans le ciel, mais, pour en, arriver là, il nous
faut observer le commandement du Sauveur qui est de nous aimer les uns les autres, et
quand nous aurons ainsi observé la plénitude de la loi, notre joie sera pleine.
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LE SACRIFICE DE LA VIE.
Le Sauveur nous a donné l'exemple, il
est mort pour nous : dès lors que nous vivons de lui, nous devons donc l'imiter et faire
pour nos frères le sacrifice de notre vie, avec cette différence, néanmoins, que
Jésus-Christ étant innocent, nous a sauvés du péché et de la mort éternelle, tandis
que, par notre mort, nous ne pouvons accorder â personne le pardon de ses fautes.
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LE SERVITEUR AMI.
Celui qui observe les commandements de
Dieu par l'effet d'une crainte chaste, perd son titre de serviteur pour prendre celui
d'ami, et il entre ainsi dans les secrets de son Maître , et il sait que son Maître est
l'auteur de tout bien.
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L'AMITIÉ DE JÉSUS-CHRIST.
En raison de son amitié pour nous,
Jésus-Christ nous fera connaître dans le ciel tout ce que son Père lui a dit; mais si
nous sommes ses amis, c'est un effet de sa grâce, mais non de notre foi ou de nos bonnes
oeuvres antécédentes.
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AMOUR D'AUTRUI.
Si Dieu nous a choisis, c'est afin que
nous produisions des fruits de salut, c'est-à-dire, et principalement, afin que nous nous
aimions les uns les autres, et même le monde, notre ennemi, non en tant que mauvais, mais
en tant que créé par Dieu.
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PERSÉCUTION DU MONDE.
Quiconque aime Dieu et le sert avec une
crainte pure, est en butte à la haine du monde, car le monde déteste Jésus-Christ et
ses serviteurs, et il les persécute à cause de leur justice, que ses vices ne sauraient
souffrir.
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L'INFIDÉLITÉ, CAUSE DE PERDITION.
Sous le nom de monde persécuteur,
Jésus-Christ entendait les Juifs opiniâtrement aveugles, qui l'avaient vu sans vouloir
le reconnaître, et qui ne pouvaient pas plus s'excuser de leur incrédulité, que ceux
qui périssent pour ne l'avoir pas du tout connu ou pour n'avoir pas eu le courage de se
soumettre à lui.
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LA VÉRITÉ HAIE SANS ÊTRE CONNUE.
Comment les Juifs ont-ils pu haïr le
Père, puisqu'ils ne le connaissaient pas ? Une comparaison va le faire comprendre. Nous
ne pouvons lire dans le coeur d'autrui, et si nous aimons la vertu et que nous haïssions
le vice, il peut se faire que nous aimions sans le savoir un homme bon que nous croyons
mauvais, ou que nous détestions un homme méchant qui nous semble bon. Ainsi les Juifs
détestaient les peines infligées à leur conduite blâmable par la Vérité, sans savoir
si c'était la Vérité qui les condamnait ; ils ne la connaissaient donc pas, et ils
baissaient, par conséquent, sans le connaître, le Père de la Vérité.
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LES MIRACLES DE JÉSUS-CHRIST.
Par leur incrédulité, les Juifs
rendaient irrémissibles leurs autres péchés : en effet, Jésus-Christ avait fait devant
eux par lui-même, en leur faveur, des miracles si nombreux et si merveilleux, qu'en
réalité ils étaient inexcusables de ne pas croire en lui et même de le haïr sans
sujet.
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LE TÉMOIGNAGE DU SAINT-ESPRIT.
Les Juifs avaient résisté au
témoignage des miracles de Jésus-Christ ; mais le Saint-Esprit devait, à la Pentecôte,
venir à la rescousse; les Apôtres eux-mêmes, Pierre en particulier, se déclareraient
publiquement pour lui et ouvriraient les yeux à beaucoup d'incrédules.
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PRÉDICTION DE MALHEURS.
Jésus-Christ ne voulait pas voir ses
Apôtres exposés, sans préparation, aux épreuves qui les attendaient : aussi, pour les
préserver de tout scandale, il leur annonce qu'on les chassera des synagogues, qu'on ira
jusqu'à les faire mourir: tant seront grands les succès de leur ministère! et que
quiconque les tuera croira encore travailler à la gloire de Dieu.
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L'ESPRIT CONSOLATEUR.
Pendant que Jésus-Christ était avec
ses Apôtres, il pouvait les consoler ; une fois éloigné d'eux, il devait leur envoyer
le Paraclet pour remplir cet office à leur égard : devenus alors moins charnels, ils
seraient plus à même d'avoir en eux le Père, le Fils et le Saint-Esprit, et d'en
éprouver la divine influence. L'Esprit-Saint, en les fortifiant au milieu de leurs
épreuves, devait aussi convaincre de péché les ennemis du Sauveur.
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LE MONDE CONVAINCU.
Jésus-Christ avait par lui-même
convaincu le monde de péché, mais le Saint-Esprit devait le faire plus spécialement par
les Apôtres, en les remplissant de charité et en les délivrant de toute crainte. Il
devait convaincre les Juifs et les infidèles à cause de leur incrédulité en elle-même
et comparée à la foi des justes qui croient sans voir Jésus-Christ homme. Il devait
aussi les convaincre que le démon et tous ses imitateurs sont jugés depuis longtemps et
condamnés de Dieu.
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IMPOSSIBILITÉ DE TOUT COMPRENDRE.
Jésus avait des choses à dire à ses
Apôtres; mais ils ne pouvaient encore les porter : était-ce parce qu'ils n'étaient pas
encore assez courageux pour mourir en faveur de la foi ? Quelles étaient ces choses
? Nous n'en savons rien, et ce serait de notre part une impardonnable témérité de
prétendre le deviner et le dire. Contentons-nous d'avoir en nous l'esprit de charité qui
nous disposera, pour la jour de l'éternité, à voir Dieu face à face dans le ciel, et
à contempler ce que nous ne pouvons porter maintenant.
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SE DÉFIER DES FAUX DOCTEURS.
Qui est-ce qui peut comprendre Dieu ?
Personne. Nous pouvons en approcher plus on moins,
mais nous ne le verrons tel qu'il est qu'au ciel. Par
conséquent, mettons-nous en garde contre les discours de gens gâtés, qui n'en savent
pas plus que nous et qui cherchent à porter atteinte à notre foi et à nos moeurs.
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LAIT ET ALIMENTS SOLIDES.
L'enseignement catholique est le même
pour tous, mais tous ne le saisissent pas de la même manière ; les uns le comprennent
mieux, les autres ne le comprennent pas aussi parfaitement. Ce que les uns comprennent
s'appelle la nourriture des spirituels, des parfaits : ce que les autres ne comprennent
guère se nomme le lait des enfants, des charnels ; à ce défaut d'intelligence, ils
suppléent par la foi. On leur dit des choses relevées pour leur prêcher la croyance
Catholique, mais on ne peut s'y appesantir dans la crainte de les surcharger, tandis
qu'aux spirituels on peut en parler à l'aise. Il n'y a donc aucune opposition entre un
enseignement moins haut et une doctrine plus élevée, si tous deux restent conformes à
la foi ce à quoi il faut faire attention de part et d'autre.
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PROCESSION DU SAINT-ESPRIT.
Jésus-Christ dit du Saint-Esprit : «
Il ne parlera pas de lui-même, mais il dira tout ce qu'il entendra ». Ces paroles ne
peuvent s'entendre dans le même sens que celles que le Sauveur prononçait sur lui-même
en tant qu'homme, puisque le Saint-Esprit ne s'est uni à aucune nature créée. Quoique
l'âme humaine ait des points de, ressemblance avec Dieu,, elle ne peut non plus servir de
terme de comparaison pour les opérations intérieures de la divinité. En Dieu:- la
science, c'est l'être, et comme le Saint-Esprit procède du Père, ce qu'il apprend, ce
qu'il sait, il le tient, non de lui-même, mais du Père. Mais pourquoi Jésus-Christ
dit-il que le Saint-Esprit procède du Père, sans dire qu'il procède aussi du
Fils ? C'est que le Fils a été engendré par le Père, et que le Père a donné au
Fils que le Saint-Esprit procède de lui comme du Père.
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LA VRAIE GLOIRE.
Le Saint-Esprit faisant connaître
Jésus-Christ et donnant aux Apôtres le courage de l'annoncer, le glorifiera
véritablement, car il ne peut se tromper ni sur la personne du Sauveur ni sur quoi que ce
soit : gloire pure et solide, bien différente de celle que peuvent se procurer les hommes
sujets à errer. Le Saint-Esprit ne se trompe pas, car, procédant du Père et du Fils, il
reçoit de l'un la science de l'autre.
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LA VIE PRÉSENTE ET LA VIE FUTURE.
Entre le moment de la mort du Christ et
celui de sa résurrection devaient déjà se vérifier ces paroles : « Encore un peu de
temps, etc. » Mais elles ont particulièrement trait, d'abord à la vie présente, où
nous gémissons, et ensuite à la vie éternelle, où nous saurons tout et où rien ne
nous manquera.
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L'HOMME SPIRITUEL.
Pour obtenir du Père ce qu'on lui
demande, il faut d'abord connaître Jésus-Christ tel qu'il est et ne rien demander qui ne
se rapporte au salut. Mais, pour cela, il faut être spirituel, et c'est ce que le Sauveur
promet è ses Apôtres de leur obtenir de la part du Père ; car il les aime.
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LA FOI DES APOTRES.
Les disciples de Jésus ne le
comprenaient pas encore et croyaient néanmoins le comprendre ; ils voyaient briller en
lui l'omniscience et, en conséquence, ils croyaient en lui. Cependant le Sauveur
leur prédit que, eu dépit de leur foi, ils le quitteront, mais seulement pour un temps.
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LES SOUFFRANCES, SOURCE DE GLOIRE.
Tout ce que Jésus avait dit, fait et
disposé à l'égard de ses Apôtres, n'avait pour but que de leur faire trouver la paix
en lui, même au milieu de leurs épreuves. Pour terminer, il s'adresse à son Père, et
il lui demande, puisque l'heure fixée par lui pour ses souffrances est venue, de donner
à son humanité la gloire qu'elles lui mériteront.
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GLORIFICATION DU FILS ET DU PÈRE.
Le Sauveur prie son Père de le
glorifier comme homme en le ressuscitant, afin que lui-même glorifie son Père, en
communiquant aux prédestinés la vie éternelle, c'est-à-dire, la connaissance de Dieu,
et qu'en conséquence le Père place son Verbe fait homme à sa droite dans le ciel, comme
il l'avait décidé de toute éternité.
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LA MANIFESTATION DU PÈRE.
Qu'il s'agisse des seuls disciples du
Sauveur ou de tous les fidèles, toujours est-il que, en qualité d'homme, Jésus les
avait reçus de Dieu et qu'il devait leur communiquer la connaissance de la sainte
Trinité, et la foi en ce que le Père avait dit au Fils en l'engendrant.
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REMISE DES APOTRES A LA GARDE DU PÈRE.
Le Sauveur prie pour ses disciples qui
sont1dans le monde, mais qu'en qualité d'homme il a reçus de la part de Dieu, du milieu
du monde. Le Père va le glorifier, il est sur le point de les quitter ; c'est donc au
Père de veiller sur eux et de leur communiquer la plénitude de la paix et de la joie.
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SANCTIFICATION DES APOTRES.
Notre-Seigneur prie son Père de
préserver du mal ses disciples et de les sanctifier dans la vérité, mais non de les
retirer du monde : ainsi pourra-t-il les envoyer dans le monde , comme il y a été
lui-même envoyé.
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JÉSUS PRIE POUR TOUS LES CROYANTS.
Le Sauveur prie pour tous ceux qui
doivent croire en lui, en acceptant la foi qu'il est venu apporter au monde, et que ses
Apôtres doivent prêcher.
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L'UNION ENTRE LES FIDÈLES.
Pour nous, comme pour les fidèles,
Jésus demande l'union avec Dieu par la foi, et entre nous par la charité, et comme fruit
de cette union, la connaissance de ce que nous croyons, la vue de la gloire de
Jésus-Christ. Afin de nous élever à ce degré de science, il nous faut la grâce qui
nous égale aux anges, et le Christ la demande aussi pour nous.
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LE CIEL ET LA VISION INTUITIVE.
Jésus, voie, vérité et vie, demande
le ciel pour ceux qu'il a reçus et choisis du monde, la conviction des choses qui ne se
voient point, et enfin, comme moyeu d'y parvenir, la foi et l'espérance.
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JÉSUS AU JARDIN DES OLIVES.
Arrivé au jardin des Olives, le
Sauveur y est bientôt suivi par les Juifs et Judas. D'un mot, il les renverse et guérit
Malchus que Pierre a blessé. Avant sa guérison, Malchus était la figure de la
servitude, et après, celle de la liberté, comme sa blessure était l'emblème du
renouvellement de l'intelligence.
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JÉSUS CHEZ ANNE ET CHEZ CAÏPHE.
Le Sauveur, trahi par Judas, traîné
chez Anne, y est renié trois fois, par Pierre : ensuite, on le conduit chez Caïphe, un
assistant le soufflette, et il répond à cette injure avec une dignité et un calme qui
doivent nous servir d'exemple.
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LE SAUVEUR AU TRIBUNAL DE PILATE.
On amène Jésus à Pilate, mais ses
ennemis n'entrent pas dans le prétoire. Les hypocrites ! Ils craignaient de se souiller
en pénétrant dans un tribunal étranger, et ils ne craignaient pas de se souiller par un
crime.
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BARABBAS PRÉFÉRÉ A JÉSUS.
Pilate dit à Jésus : « Es-tu roi ?
» « Oui », répond le Sauveur, « mais mon royaume n'est pas de ce monde
». Le gouverneur propose donc au périple d'acquitter le Christ: mais le peuple demande
Barabbas.
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JÉSUS CONDAMNÉ A MORT.
Pour assouvir la rage des Juifs, Pilate
fait flageller Jésus ; les Juifs redoublent de fureur : « Il s'est dit le Fils de
Dieu, il s'est fait roi : si tu l'acquittes, tu n'es pas l'ami de César ». A ces
mots, le faible gouverneur craint pour sa place, et il livre le Christ à ses ennemis.
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JÉSUS, ROI DES JUIFS.
Quoi qu'il en soit de l'heure précise
du crucifiement, toujours est-il que le Sauveur fut attaché à la croix sur le Calvaire
et entre deux voleurs, et que le titre refusé à Jésus par les Juifs, mais imposé par
Pilate, fut affiché à l'instrument du supplice pour leur instruction et leur confusion.
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LES VÊTEMENTS DU SAUVEUR.
Malgré la discordance apparente des
évangélistes, tous s'accordent à dire que les soldats firent quatre parts des
vêtements de Jésus, et qu'ils jetèrent les sorts pour savoir à laquelle échéerait la
robe sans couture. Les quatre parts symbolisent les quatre parties du monde, comme la robe
sans couture représente leur mutuelle union : les sorts figurent la grâce, et les
soldats eux-mêmes ont, en dépit de leur malice, un sens caché, de même que la croix,
malgré son ignominie, a le sien propre.
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LES DERNIERS MOMENTS DE JÉSUS.
Après le partage de ses vêtements,
Jésus légua sa Mère à l'apôtre Jean, pour donner aux enfants un exemple de piété
filiale, et Jean la reçut pour en prendre soin. Puis le Sauveur se plaignit de la soif,
et on lui tendit, au bout d'un roseau, une éponge imbibée de fiel, de vinaigre et
d'hysope. Le roseau était l'emblème de l'Ecriture; le fiel et le vinaigre, de la
méchanceté des Juifs ; l'hysope, de l'humilité du Christ. A peine Jésus en eut-il
goûté, qu'il mourut.
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APRÈS LA MORT DE JÉSUS.
Lorsque le Sauveur eut rendu le dernier
soupir, les soldats ne lui rompirent point les jambes, mais l'un deux lui perça le côté
: Adam et l'Arche d'alliance avaient été la figure du Christ. Sur la demande de Joseph
d'Arimathie, Pilate rendit le corps de Jésus : on le mit dans un sépulcre neuf, mais, le
premier jour de la semaine, Madeleine et quelques autres disciples ne l'y trouvèrent
plus.
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APRÈS LA RÉSURRECTION DE JÉSUS.
Pierre et Jean étant retournés chez
eux, Marie-Madeleine revint, en pleurant, au tombeau du Sauveur. Elle y vit deux anges,
et, en se retournant, elle aperçut le Christ sous la forme d'un jardinier. « Ne me
touche pas », lui dit Jésus : alors, elle figurait l'Eglise des Gentils, ou ceux qui ne
touchent pas spirituellement Notre-Seigneur. Ensuite, elle revint annoncer aux Apôtres ce
qu'elle avait vu, et Jésus lui-même leur apparut plusieurs fois pour les convaincre, eux
et Thomas surtout, de la réalité de sa résurrection.
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LA SECONDE PÊCHE MIRACULEUSE.
Quelques jours après l'apparition du
Sauveur à Thomas, les Apôtres allèrent pêcher : et en retournant ainsi à leur premier
métier, ils ne péchèrent pas; car c'était une occupation permise en elle-même, et,
d'ailleurs, s'il est permis aux prédicateurs de l'Evangile de vivre de l'Evangile, à
plus forte raison ne leur est-il pas défendu de ne pas grever leurs ouailles. Jésus se
présenta alors à eux ; sur son ordre, ils jetèrent leurs filets à droite de la barque,
prirent cent cinquante-trois gros poissons, et les amenèrent au rivage dans les filets,
sans que ceux-ci se rompissent. La première pêche miraculeuse était la figure de
l'Eglise du temps : pour bien des raisons, celle-ci symbolisait l'Eglise de l'éternité.
Le nombre des poissons indiquait l'accomplissement de la loi par l'opération du
Saint-Esprit, et leur grosseur, ceux qui enseignent et observent les commandements et qui
feront, à cause de cela, partie des élus.
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LE GRAND DEVOIR DES PASTEURS.
Après la pêche miraculeuse, Jésus se
mit à table avec les sept disciples : d'abord, on servit du poisson rôti et du pain,
emblèmes de l'aliment céleste qui fait notre nourriture à la sainte Table. Ensuite,
Jésus demanda par trois fois à Pierre, s'il l'aimait, et sur la réponse affirmative de
celui-ci, il lui confia ses brebis et ses agneaux. La triple protestation d'amour de
Pierre, était une réparation de son triple reniement : c'était aussi, pour tous les
pasteurs, une leçon ; car, pour paître réellement le troupeau du Christ qui leur est
confié, ils doivent aimer Dieu plus qu'eux-mêmes, et l'aimer, s'il le faut, jusqu'à
mourir pour lui.
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LES DEUX VIES.
A la fin de sa troisième apparition,
le Sauveur dit à Pierre : « Suis-moi », et, en parlant de Jean : « Je veux qu'il
demeure jusqu'à ce que je vienne ». Certains interprètes supposent, d'après ces
dernières paroles, et d'après certains faits plus ou moins avérés, que l'apôtre Jean
n'est pas mort et ne mourra pas avant la fin du monde. Mais l'explication la plus
plausible de ce passage est celle-ci . Pierre représenté la vie du temps, vie de peines
et de tourments, où l'amour de Dieu est plus vif; parce qu'on y désire plus ardemment
l'heure de la délivrance : Jean figure la vie du ciel, où l'on est heureux, et par ce
motif, moins aimant : de là, il suit que Pierre était moins aimé du Sauveur, et que
Jean l'était davantage.
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