MARDI

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PROPRE DES SAINTS

LE MARDI DE LA QUINQUAGESIME.

 

Le principe fondamental de  la conduite chrétienne consiste,  selon l'Evangile tout  entier , à  vivre  en  dehors du monde, à se séparer du monde,  à rompre avec le monde. Le monde est cette terre infidèle dont Abraham, notre  sublime modèle , s'est éloigné par  Tordre  de Dieu ; c'est cette Babylone qui nous retient captifs, et dont le séjour est pour nous si plein de dangers. Le Disciple bien-aimé nous crie : « N'aimez pas le monde et ce qui est dans le monde ; car celui qui aime le monde, l'amour du Père n'est pas en lui (1) ». Le Sauveur si miséricordieux, au moment d'aller offrir son Sacrifice pour tous,  dit cette terrible parole : « Je ne prie pas pour le monde (2) ». Nous-mêmes, nous n'avons été marqués du sceau glorieux et ineffaçable du chrétien, qu'après avoir renoncé aux œuvres et aux pompes du monde, et nous avons renouvelé plus d'une fois cet engagement solennel.

Que veut dire tout ceci ? Pour être chrétiens, nous faut-il donc fuir dans un désert, et nous isoler de la compagnie de nos semblables? Telle ne peut pas être pour tous l'intention de Dieu, puisque, dans le même livre où il nous ordonne de fuir le monde et de n'aimer pas le monde, il nous impose des devoirs  envers les hommes, il

 

1. I JOHAN.  II, 15. — 2. JOHAN. XVII,  6.

 

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sanctionne et bénit les liens que la disposition de sa Providence a établis entre eux et nous. Son Apôtre nous avertit d'user de ce monde comme n'en usant pas (1) ; l'usage de ce monde ne nous est donc pas interdit. Encore une fois, que veut dire ceci? Y aurait-il contradiction dans la doctrine céleste, et sommes-nous condamnés à errer dans les ténèbres sur les bords d'un précipice dans lequel il nous faut inévitablement tomber?

Il n'en est point ainsi, et tout s'éclaircira dès que nous voudrons considérer attentivement ce qui nous entoure. Le monde, si nous entendons par ce mot les objets que Dieu a créés dans sa puissance et dans sa bonté, ce monde visible, qu'il a fait pour sa gloire et pour notre service, n'est point indigne de son auteur; et si nous sommes fidèles, il n'est même qu'un ensemble de degrés pour remonter jusqu'à Dieu. Usons-en avec action de grâces ; traversons-le, sans y fixer nos espérances ; ne lui attachons point un amour que nous ne devons qu'à Dieu ; n'y oublions pas nos destinées immortelles, qui ne doivent pas s'y accomplir.

Mais le grand nombre des hommes n'a pas cette prudence; leur cœur s'arrête en bas, au lieu de s'élever en haut, en sorte que l'auteur du monde ayant daigné le visiter pour le sauver, le monde, n'a pas voulu le connaître (2). Alors le Seigneur a flétri les hommes ingrats, en les appelant le monde, leur appliquant ainsi le nom de l'objet de leur convoitise, parce qu'ils ont fermé leurs yeux à la lumière et qu'ils sont devenus ténèbres.

Le monde, dans ce sens maudit, est donc tout ce qui fait opposition  à  Jésus-Christ,  tout ce qui

 

1. I Cor. VIII, 31. — 2. .JOHAN. I, 10.

 

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refuse de le reconnaître, de se laisser conduire par lui. Le monde est cet ensemble de maximes qui tend à éteindre ou à comprimer l'élan surnaturel des âmes vers Dieu, à recommander comme avantageux ce qui captive notre cœur sous les liens de cette vie fugitive, à blâmer ou à repousser ce qui élève l'homme au-dessus d'une nature imparfaite ou vicieuse, à charmer ou à séduire notre imprudence par l'appât de ces satisfactions dangereuses qui, loin de nous avancer vers notre fin éternelle, ne font que nous donner le change et nous égarer de notre route.

Or, ce monde réprouvé est en tous lieux, et il a ses intelligences dans notre cœur. Parle péché, il a pénétré profondément ce monde extérieur que Dieu a fait ; il nous faut l'avoir vaincu et abattu sous nos pieds, si nous voulons ne pas périr avec lui. De toute nécessité, il nous faut être ses ennemis ou ses esclaves. Dans les jours où nous sommes, il triomphe ; il voit son empire assuré sur le grand nombre de ceux qui pourtant lui dirent anathème, au jour où ils furent enrôlés dans la milice de Jésus-Christ. Plaignons-les, prions pour eux, tremblons pour nous-mêmes, et, afin que notre cœur ne défaille pas, méditons, il en est temps, ces paroles consolantes du Sauveur au sujet de ses disciples, dans la dernière Cène. : « Mon Père, je leur ai donné votre parole, et le monde les a haïs, parce qu'ils ne sont pas du monde, et moi-même aussi je ne suis pas du monde. Je ne vous prie pas de les retirer du monde, mais de les garder du mal (1). »

 

1. JOHAN. XVII, 14.

 

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Terminons cette journée par cette formule liturgique de l'Eglise Ambrosienne, qui met en regard la funeste insouciance des mondains et l'attente formidable des jugements de Dieu.

 

(Dominica in Quinquagesima.)

INGRESSA.

 

La vie présente a ses plaisirs., mais elle passe ; votre jugement, ô Christ, est terrible, mais il demeure. Laissons donc cet amour que nous portons à ce qui est trompeur ; songeons plutôt à craindre un mal qui est infini, et crions : O Christ, ayez pitié de nous !

 

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